jeudi 23 mai 2024

Pâques à Troyes autrefois

 



Le 2ème Concile, réuni à Troyes après 429, composé de 24 évêques, décide que les Juifs ne sortiraient pas de leurs maisons, depuis le Jeudi-Saint jusqu’au lendemain de Pâques et n’auraient pendant ce temps, aucune communication avec les chrétiens.

Charles II-le-Chauve se rend à Troyes pour y passer les fêtes de Pâques en 840. Le Samedi-Saint, il se passe un fait qui est considéré comme un heureux présage. Le roi arrive à Troyes sans bagages, et n’a avec lui que les vêtements qu’il porte. Au moment où il sort du bain, on lui apporte tous ses vêtements, sa couronne et autres signes royaux, dont il se pare pendant la célébration des fêtes de Pâques. L’arrivée des bagages royaux, protégée par un petit nombre d’hommes, qui avaient couru de grands dangers, en revenant d’Aquitaine, ranima le courage du roi. qui met en fuite l’armée de Lothaire. Louis de Bavière vient pour conférer avec lui.

La ville et le bailliage de Troyes avaient au XIVe siècle des artisans qualifiés royaux, tels que charpentiers, maçons… Comme les officiers du Roi, ils recevaient leurs robes d’été à Pâques.

En 1374, la Cour des Grands* Jours édicte dans ses statuts qu’aucune brebis ne peut être tuée depuis Pâques jusqu’à l’Ascension.

Le chapitre de Saint-Pierre, depuis un temps immémorial se rend en l’église de l’abbaye, le mardi de Pâques.

L’ouvrage de " limes " est interdit de la Saint-Remy jusqu’à Pâques, " après 8 h du soir, sonnées à l’horloge commune ", et de Pâques à la Saint-Remy", après l’heure de Complies, sonnée à Saint-Urbain, et le matin avant 4 heures.

Une bulle de Paul V, de 1452, porte rémission pleine et entière de leurs péchés à ceux qui visiteront dévotement l’église de Saint-Pierre, le jour de Pâques.

En 1464, les barbiers ne peuvent " saigner ni peigner " le jour de Pâques.

En 1482, les échevins sont élus chaque année, le mardi ou le mercredi de Pâques, par les conseillers de ville et 64 notables.

Le jeu de la Pelote, pratiqué le jour de Pâques dans un grand nombre d’églises est supprimé en 1506 dans la collégiale Saint-Etienne (en 1564 à Saint-Pierre). Le jour de Pâques " après None ", le chapitre allait chercher l’évêque processionnellement pour chanter les Vêpres. Le cortège se rendait dans la salle capitulaire. Le doyen apportait une balle et une toupie « avec une tiare aux armes de l’évêque ». Le cloîtrier plaçait la toupie sur une bancelle et 3 fois l’évêque lançait la balle sur la toupie. Cette balle passait ensuite aux assistants qui, chacun 3 fois, jetaient la pelote sur la toupie. Le jeu fini, l’évêque offrait du vin rouge, du vin blanc, des oublies et des pommes. Le cloîtrier présentait le verre au doyen, buvait après lui, et le verre lui appartenait.

Au XVIe siècle, le jour de Pâques, à la cathédrale, on représentait à l’office de Matines, la scène des Trois Marie au tombeau de Jésus Christ.

Les draps de Troyes ont un pli déterminé qui ne doit pas être imité pour la mise en vente de draps fabriqués ailleurs. Ces statuts, en 70 articles, sont donnés à Pâques 1510, par Louis XII, pendant son séjour à Troyes. Le roi donne aussi une ordonnance sur l’alignement des rues.

A Pâques 1562, Les 2 partis calvinistes et catholiques demeurent relativement calmes. Ces derniers s’abstiennent de faire comme de coutume, des processions fraternelles.

La tradition d’offrir des œufs décorés teints ou travaillés est bien antérieure au christianisme. L’œuf est sans doute le plus vieux et le plus universel symbole de vie et de multiples rituels lui ont été associés depuis la nuit des temps. Chez les catholiques, depuis le VIII° s., les cloches cessent de sonner à partir du Jeudi Saint. La tradition prétend qu’elles sont parties à Rome. Elles reviennent dans la nuit de Pâques, chargées d'œufs multicolores qu'elles déversent dans les jardins, où les enfants vont les découvrir.

Au XIIIe siècle, le jour de Pâques, à Troyes, les clercs des églises, les étudiants ainsi que les jeunes gens des différents quartiers s’assemblent sur les places et forment un long cortège en tête duquel on retrouve bannières, tambours et trompettes. Ils se rendent en chœur sur le parvis de la cathédrale, où ils chantent une partie de l’office appelée "Laudes" puis ils s’éparpillent dans les rues où ils font la quête des oeufs de Pâques.

Plus tard, les cloches sont remplacées par des crécelles, et les enfants de chœur parcourent le village en les faisant tourner, et remplissant des paniers à vendanges d’œufs, qu’ils se partagent. C’est ce que l’on appelle les roulées. Cette coutume existe encore dans de nombreux villages aubois.

A cette époque, lors du carême, l'Église interdit la consommation d'œufs pendant cette période de quarante jours. Il s'agissait donc à l'issue du jeûne de consommer les œufs qui s'étaient accumulés pendant le carême, en les mangeant normalement pour les plus récents et en les cuisant puis en les décorant pour les plus vieux.

Avant la démocratisation du chocolat, les œufs étaient naturels et décorés par les enfants. À l'œuf est associée la poule, qu'on trouve maintenant sous forme de statuette en chocolat. Les confiseries ne sont maintenant plus limitées, à la forme de l'œuf mais peuvent être de véritables sculptures de chocolat et de sucre et représentent parfois des personnages ou des objets qui n'ont aucun lien avec le modèle d'origine.

La "chasse aux œufs " est une tradition ancienne. A Troyes, c’est dans les petits jardins que cela se produisait, de même que dans la plupart des villages aubois ! Il faut découvrir le maximum d'œufs avant une heure donnée. 



FABERGÉ


Les œufs impériaux

La célèbre série de 50 œufs de Pâques impériaux a été créée pour la famille impériale russe de 1885 à 1916, lorsque l'entreprise était dirigée par Peter Carl Fabergé. Ces créations sont inextricablement liées à la gloire et au destin tragique de la dernière famille Romanov. Elles constituent l'ultime réalisation de la célèbre maison de joaillerie russe et doivent également être considérées comme les dernières grandes commandes d'objets d'art. Dix œufs ont été produits de 1885 à 1893, sous le règne de l'empereur Alexandre III ; 40 autres furent créés sous le règne de son fils dévoué, Nicolas II, deux chaque année, un pour sa mère, la douairière, le second pour son épouse.

La série a commencé en 1885 lorsque l'empereur Alexandre III, par l'intermédiaire de son oncle, le grand-duc Vladimir, commanda à Fabergé un œuf de Pâques comme cadeau de Pâques pour son épouse, l'impératrice Maria Feodorovna. Initialement prévue par Fabergé pour contenir une bague en diamant, la version finale, suivant les instructions spécifiques de l'Empereur, comprenait un pendentif en rubis de grande valeur. Après la première commande, Fabergé fut nommé « orfèvre spécialement nommé à la couronne impériale », et la légende se poursuivit au cours des 31 années suivantes. Selon la tradition de la famille Fabergé, l'entreprise disposait d'une totale liberté pour les futurs œufs de Pâques impériaux. Même l’Empereur ne savait pas quelle forme ils prendraient. La seule condition était que chacun contienne une surprise.

L'œuf de poule, 1885

Inspiré d'un original du XVIIIe siècle, l'œuf de poule possède une « coquille » extérieure émaillée blanc opaque, qui s'ouvre par torsion pour révéler une première surprise : un jaune d'or jaune mat. Celui-ci contient à son tour une poule en or ciselé émaillée qui contenait autrefois une réplique de la couronne impériale avec un précieux œuf pendentif en rubis à l'intérieur. La goutte à elle seule a coûté plus de la moitié du prix total de l’œuf (les deux étant perdus, n’étant connus que par une vieille photographie).


Œuf de couronnement, 1897

Cet œuf, peut-être le plus emblématique de Fabergé, a été offert par l'empereur Nicolas II à son épouse, l'impératrice Alexandra Feodorovna, en souvenir de son entrée à Moscou le 26 mai, jour de leur couronnement dans la cathédrale Ouspenski. Sa coque extérieure est en or multicolore, agrémentée d'émail guilloché jaune translucide et d'aigles à deux têtes en émail noir sertis de diamants, un motif rappelant la lourde robe en Drap d'Or qu'elle portait lors de la cérémonie. Le monogramme bijou de l’impératrice apparaît au sommet de l’œuf sous un diamant portrait, avec la date à la base. L'œuf s'ouvre pour révéler une surprise sous la forme d'une réplique miniature en or émaillé sertie de diamants du carrosse original du XVIIIe siècle de Buckendahl qui contenait autrefois une goutte d'émeraude, remplacée plus tard par un diamant briolette jaune (tous deux perdus). Il a fallu 13 mois à l'artisan Georg Stein pour réaliser l'autocar de 9,4 cm (3 11/16 po).



C'est quoi Pâques pour les chrétiens ?

Le dimanche de Pâques, les chrétiens célèbrent la Résurrection de Jésus. La fête de Pâques survient juste après la Semaine sainte, qui s’achève par la mort de Jésus et sa mise au tombeau.

 « Nous vous annonçons la Bonne nouvelle : la promesse faite à nos pères, Dieu l’a accomplie en notre faveur à nous, leurs enfants : il a ressuscité Jésus » (Ac 13, 32-33)

Pour les chrétiens, la Résurrection de Jésus est la vérité culminante de leur foi dans le Christ. Elle symbolise la victoire de la vie sur la mort et l’entrée, pour tout chrétien, dans une nouvelle ère. Les catholiques la célèbrent lors d’une messe. La recherche des œufs de Pâques en chocolat relève, elle, d’une tradition folklorique culturelle.



 Quelle est la différence entre Pâque et Pâques ?

« Pâques » vient de l’hébreu pesah, signifiant « passage », et qui a été traduit en grec (paskha) et en latin (pascha).

 La Pâque juive (au singulier) commémore le passage du peuple hébreu à travers la mer, alors qu’il est poursuivi par l’armée de Pharaon. Selon le père Yves Combeau, dans l’imaginaire biblique, la mer symbolise la mort. La Passion, la mort et la résurrection de Jésus se déroulent pendant la fête juive. Il fait alors son propre passage, de la mort vers la vie.

L’ajout d’un « s » à la fin de Pâques sert donc à différencier la Pâque juive de celle chrétienne. Cette différence permet aussi d’évoquer les différents moments commémorés, dans le christianisme, à ce moment de l’année : la Cène, la Passion, la mort du Christ puis sa Résurrection.

Que signifie le mot "Pâques" ?

Aux origines de Pâques

Récit de la Résurrection du Christ

Trois jours après la mort de Jésus, des femmes puis quelques disciples se rendent au tombeau pour « achever d’embaumer le corps de Jésus » (Mc 16, 1; Lc 24, 1). En effet, celui-ci avait été déposé rapidement dans un linceul le vendredi soir, car le sabbat juif commençait et on ne pouvait plus travailler ni s’occuper des morts (Jn 19, 31-42). Mais ils voient que quelqu’un a roulé la lourde pierre : le tombeau est vide.

Ses amis, les Apôtres et Marie, sa mère, tous ensemble font éclater leur joie dans Jérusalem : « Jésus le crucifié, Dieu l’a ressuscité, il est vivant. » (Mt 28, 1-10).

Ces témoins courent chercher Pierre et Jean qui constatent eux aussi que le tombeau est vide (Jn 20, 1-10). Jean, dans son Évangile, note qu’ils trouvent posé à terre dans le tombeau les linges qui couvraient le corps. Pour Jean, c’est à la fois un indice et un signe. En effet, si on avait volé le corps, on aurait pris les linges qui recouvraient le cadavre, donc ce n’est pas un vol. Ensuite, les linges de la mort sont restés dans le tombeau, mais lui, Jésus n’est pas là. Alors Jean comprend que ce que Jésus avait annoncé ; « il vit et il crut » (Jn 20, 8) : Jésus est vainqueur de la mort.

Le témoignage des apôtres

Saint Paul (1Co 15) raconte que la Résurrection n’est pas juste une sorte de croyance, mais qu’elle a bel et bien eu lieu devant témoins. La foi de la première communauté de croyants est fondée sur le témoignage d’hommes et de femmes, connus des chrétiens et, pour la plupart, vivant encore parmi eux.

Parmi ces « témoins de la Résurrection du Christ », Marie-Madeleine est la première à qui Jésus est apparu, devant le tombeau vide. Apparaissant également aux apôtres, Paul précise qu’en réalité plus de 500 personnes auraient vu Jésus. Par exemple, deux disciples partant vers Emmaüs le reconnaissent pendant leur repas, à la fraction du pain (Lc 24, 13-35).

Comment reconnaissent-ils que c'est bien lui ? Jésus les mène surtout à constater que son corps ressuscité est celui qui a été martyrisé et crucifié, il porte encore les traces de la Passion du Christ (Lc 24, 40 ; Jn 20).

Les tablettes de la foi – La résurrection

Diffuser la Bonne nouvelle

Ces journées pascales engagent chacun des apôtres, et Pierre particulièrement, dans la construction d’une ère nouvelle. Comme témoins du Ressuscité ils demeurent les pierres de fondation de son Église. La Résurrection accomplit l’adoption filiale car les hommes deviennent frères du Christ, par don de la grâce. Cette filiation adoptive procure une participation réelle de l’homme à la vie du Christ, comme Jésus appelle ses disciples après sa Résurrection : « Allez annoncer à mes frères » (Mt 28-10, Jean 20-17).

Le mystère pascal

Pâques est au cœur de la foi chrétienne. Elle est l’accomplissement des promesses de l’Ancien Testament (Lc 24, 26-27) et elle confirme la divinité de Jésus. Jésus n’est pas simplement revenu à une vie terrestre comme cela avait été le cas de Lazare (Jn 11-44). Elle est liée au mystère de l’Incarnation du fils de Dieu.

Il y a un double aspect dans le mystère pascal : par sa mort, Jésus libère l’homme du péché, par sa Résurrection il lui ouvre l’accès à une nouvelle vie. Elle consiste en la victoire sur la mort du péché (Ep 2-4, 5). Elle s’est faite par l’œuvre de Dieu le Père et par l’œuvre de l’Esprit sur le Fils ; elle est donc l’œuvre de la Sainte Trinité. Enfin, la Résurrection du Christ est principe et source de la Résurrection future de l’homme. Dans l’attente de cet accomplissement, le Christ vit dans le cœur de ses fidèles. C’est le cœur de la Foi et de l’Espérance chrétienne.

 Les tablettes de la foi - Le temps pascal

Si nous connaissons bien l’avant Pâques, le Carême, qu’en est-il de l’après Pâques, le temps Pascal ?

Ces cinquante jours n’ont apparemment pas beaucoup d’importance dans notre temps liturgique. Autant le carême et ses quarante jours d’austérité sont soulignés avec la couleur violette, autant le temps Pascal semble bien pâle avec sa couleur blanche ! Et pourtant, l’Eglise, régénérée par la Pâque du Christ, donne à ses fidèles ces cinquante jours pour quitter le temps de la pénitence du Carême et celui de la Passion.

Le temps pascal est comme la revanche de la Vie sur la mort. A grand renfort d’Alléluia, c’est donc le temps de la joie par excellence.

Depuis le jour de Pâques jusqu’à la Pentecôte, les chrétiens sont invités, à la suite du Ressuscité, à quitter leurs vêtements de carême pour revêtir ceux de la lumière de Pâques et montrer leurs visages de ressuscités. Le temps Pascal est donc ce temps missionnaire où tout notre être devrait exprimer le cœur de notre foi : oui, le Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité.


Une artiste en Pologne

Œuf peint à la main pour les Pâques Orthodoxes 


La Résurrection du Christ, Geerart Seghers (Anvers 1591-1651)  en 1620

Traditionnelle iconographie du Christ ressuscité, en soldat vainqueur de la Mort et du Mal, brandissant l’oriflamme rouge et blanche décorée d’une croix (comme au temps des croisades).

Sans doute peint encore en Italie, juste avant le retour de l’artiste à Anvers à l’automne 1620, Seghers s’affirmant ici dans une spectaculaire démonstration de grande peinture baroque italo-flamande.

Armoiries b.d., non identifiées.

Huile sur toile : Hauteur : 3,24 m ; Largeur : 2,4 m

Peint pour le maître-autel de l’église des Jésuites de Courtrai (devenu paroissiale en 1785 sous le vocable de Saint-Michel) aux frais de Jeanne van Balberghem, veuve de Gerard van Kerckhoven, 1620 (voir le document d’archives cité par Coekelberghs, qui ne comporte pas, il est vrai, de nom de peintre) ; toujours en place en 1769 (cf. Descamps, comme Seghers) ; prévu pour figurer dans les ventes des biens des Jésuites à la suppression de la Compagnie de Jésus, en 1776, mais resté finalement en place pour des raisons matérielles ; présenté sans succès dans une vente publique à Courtrai en 1800 (cf. Debrabandere) ; toujours en place en 1824 et 1876 (inventaires de l’église Saint-Michel) ; vendu en 1885-1886 lors de la rénovation gothicisante de l’église ; De Foere, marchand d’art à Bruges ; déposé dans un couvent de Bruges où De Foere avait une fille religieuse ; acquis par le Dr Goossens (1882-1950), médecin des religieuses de ce couvent, Bruges, 1928 ; déposé par ses descendants à l’église Notre-Dame de Courtrai de 1984 à 1989 ; vendu par ces derniers à la Galerie d’Arenberg (Ph. Carlier et D. Coekelberghs), Bruxelles, 1989 ; acquis de cette galerie avec le concours des Amis du Louvre, 1990.

Musée du Louvre – Paris 




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Des symboles de l’église catholique

  L’agneau  : symbole de Jésus dans le Nouveau Testament. L’immolation de l’agneau pascal, représentant la pureté et l’innocence, préfigure ...