dimanche 4 mai 2025

Les ordres religieux, Militaires, Hospitaliers dans l'Aube

 

Les Ordres Religieux, Militaires, Hospitaliers eurent un impact au niveau de notre région, et nous permettent d’apprécier la puissance, l’influence qui leur a été donné d’exercer sur notre département de l’Aube.

 L’instauration ou la restauration de la vie commune dans le clergé afin de lutter contre l’indiscipline, l’individualisme des clercs, furent à l’origine de la création des ordres monastiques occidentaux.

 Près de la grande famille communautaire bénédictine, se réclamant de la règle de saint Benoît, le XIIe siècle vit surgir un nouveau type communautaire chrétien, se réclamant de la règle d’Augustin d’Hippone : le chevalier-moine. Ces moines-soldats fondent les ordres religieux militaires. Ces ordres communautaires voués à la protection et à la défense des pèlerins en Terre Sainte, sont d’abord les Templiers, puis les Hospitaliers, et les Teutoniques. Au soutien militaire des pèlerins croisés fait place une aide communautaire, proprement hospitalière, suscitant le développement et la création des ordres charitables comme les Antonins, les Hospitaliers du Saint-Esprit, ou de rachat de chrétiens capturés en Terre Sainte comme lOrdre Hospitalier de la Trinité.

 

Les Templiers 



Le rôle de l'historien est de livrer au présent notre passé. L'étude de la spiritualité templière est un défi, vu la rareté des documents et l'absence de témoignages fiables. La légende et l’énorme succès médiatique des Templiers, est une grande page de notre histoire auboise. En croisant toutes les sources existantes, dont les plus récentes, j’en ai fait le très petit résumé ci-dessous.

L’histoire des templiers suscite palabres, contradictions, passions… dont on n’est pas arrivé aujourd’hui à éclaircir complètement les mystères.

Le premier Ordre reconnu en fonction, est l’Ordre des Hospitaliers, consacré en 1113 par le pape Pascal II et concrétisé par une bulle adressée au fondateur de ce qui n’avait été qu’une confrérie, le frère Gérard. Défendre le tombeau du Christ, s'enquérir de moyens pour mener une telle action. C'est dans le contexte de la croisade que naît le mouvement des Templiers.

Au début de l’année 1115, une douzaine de moines venus de Cîteaux en Bourgogne, s’établit dans le vallon de Clairvaux, où en 1118, Bernard fonde l’abbaye.

Le comté de Champagne, est un fief parmi les plus puissants du royaume de France. Notre comte de Champagne Hugues est un des principaux feudataires du royaume, environ 4 à 5 fois plus riche que le Roi de France. En 1093, il épouse Constance de France, fille du roi Philippe 1er. Il part une 1ère fois en Terre Sainte de 1104 à 1107, avec Hugues de Payns (originaire du village de Payns), et à nouveau avec lui, de 1113 à 1116, attiré par la confrérie des Frères Hospitaliers. Hugues de Payns, allié au Comte de Champagne, cousin de saint-Bernard, emmène avec lui, huit autres chevaliers, Geoffroy de Saint-Omer (des Flandres), deux Languedociens, Geoffroy Bisol et Hugues Rigaux, Archambaud de Saint-Aignan issu d’une famille illustre du centre de la France, Payen de Montdidier de Picardie, le frère Rossal, Bourguignon, Gondemare originaire du Portugal et un oncle de Bernard de Clairvaux, André de Montbard, petit seigneur champenois. C’est pendant ce séjour, que Hugues de Payns, chevalier de petite noblesse, de la famille des comtes de Champagne, décide de fonder une société alternative à celle de son temps, une société où l’on peut accéder au Sacré sans se séparer du monde, comme le faisaient les clercs, mais en demeurant laïcs et guerriers.

 Hugues de Payns donne corps à un projet dont le comte s’est entretenu avec lui : la création d’une milice du Christ, à l’imitation de l’Ordre de l’Hôpital, mais qui, au lieu de soigner les pèlerins malades, aurait pour mission d’assurer leur sécurité sur la route du Saint-Sépulcre. Ils s’engageraient par des vœux solennels prononcés devant le patriarche de Jérusalem à protéger les pèlerins contre les brigands, à protéger l’accès de la route de Jérusalem, à veiller sur les citernes et à servir de chevalier au Souverain Roi dans la pauvreté, la chasteté et l’obéissance. C’est là le début de l’Ordre du Temple.

A Jérusalem, Hugues institue l’ordre sous le nom de Milice du Christ. Les premiers Templiers n’ont pas encore d’habits religieux et portent les cheveux courts et la barbe longue. Ils ne vivent alors que de dons et se parent du titre de « Pauvres Chevaliers du Christ ». Ils adoptent le nom de « templiers » lorsque Baudoin II, roi de Jérusalem, les installe dans la mosquée Al’Aqsa, en laquelle les chrétiens voient le temple de Salomon. Ce sont ces chevaliers du temple, que notre comte de Champagne Hugues va rejoindre en 1126. Quand il arrive, ils sont déjà devenus assez nombreux et assez conscients de leur originalité de moines chevaliers, pour éprouver la nécessité d’une règle.

 Pourquoi, en 1116, le puissant Comte de Champagne, un des princes les plus riches du royaume de France, répudie-t-il femme et enfants ? Pourquoi notre comte Hugues, abandonne-t-il ses richesses et les siens pour surveiller les routes sous les ordres de Hugues de Payns, son ancien vassal, même pour la Foi la plus profonde ? Il doit y avoir autre chose. Ils sont partis chercher quelque chose en Orient, quelque chose de primordial pour la religion de Bernard, quelque chose ne pouvant se trouver que sur les Lieux Saints, quelque chose de tellement secret que seul le Pape a dorénavant prise sur l'Ordre, quelque chose de si fabuleux que seuls les liens du sang des fondateurs peut le protéger...

 La raison invoquée jusqu’alors pour le retour de notre comte Hugues en Terre Sainte, est qu’il est convaincu de l’infidélité de sa trop jeune épouse. Il déshérite l‘enfant qu’elle a mis au monde (on raconte même que dans un moment de colère, il aurait menacé de jeter le petit Eudes au feu), et remet sa succession entre les mains de son neveu Thibaud de Blois.

 En 1127, retour en Champagne de Hugues de Payns et de cinq chevaliers, officialisant et accordant à l'Ordre du Temple une totale indépendance vis à vis du clergé séculier et des souverains temporels, sous la houlette de Bernard de Clairvaux. A la demande du roi de Jérusalem, Hugues de Payns doit obtenir une règle officielle. L’abbé de Clairvaux est alors un peu l’éminence grise du Saint-Siège. Hugues de Payns a recours à lui, pour solliciter du pape Honorius II, la reconnaissance officielle de l’Ordre du Temple. Bernard ne se fait pas prier et écrit un vibrant panégyrique des Templiers : « Tous habitent dans la même maison sans rien posséder en propre. Chacun, loin de suivre sa volonté personnelle s’empresse d’obéir à celle du chef. Ils ne se plaignent point et se baignent rarement. On les voit négligés, hirsutes, noirs de poussière, la peau brûlée par le soleil et aussi bronzée que leur armure. Mais, quand sonne l’heure de la guerre, ils se bardent au dedans de foi, au dehors de fer et non de dorures. Rien ne les arrête, ni leur petit nombre, ni la crainte de la férocité d’ennemis innombrables ». Précédés de cet éloge flatteur, André de Montbard et Gondemar partent pour Rome où ils sont reçus à bras ouverts par le Pape, à l’automne 1127. Honorius II, leur promet de réunir un concile à Troyes afin de faire connaître l’Ordre, de leur assurer le soutien des grands et de les doter d’une règle qui devrait leur permettre de se développer. Le 13 janvier 1128, un concile général s’ouvre à Troyes, capitale d’Hugues de Champagne, pour donner leur constitution aux Templiers, présidé par Mathieu, cardinal d’Albano et légat du pape Honorius II. Assistent à ce concile, Etienne, patriarche de Jérusalem, notre comte de Champagne Thibaud, 13 évêques et archevêques, les abbés de Cîteaux et de Pontigny, et bien entendu saint Bernard, l’illustre abbé de Clairvaux. Ce dernier rédige lui-même la règle des Templiers. Ce sont donc les Cisterciens qui guident les premiers pas de l’Ordre. L’organisation hiérarchique y est décrite dans ses moindres détails. C’est celle d’une confrérie très fermée, jouissant d’extraordinaires privilèges et où le pouvoir est réservé à ceux qui sont nobles de naissance. L’Ordre est composé de chevaliers, de chapelains, de sergents formant la masse des simples soldats, et enfin d’une multitude d’artisans de tous métiers. Tous sont liés par la Règle, mais seuls les premiers, réunis en Chapitre, exercent le gouvernement. Cette loi de l’Ordre du temple comprend 72 articles. A partir de ce moment, l’ordre du temple s’organise pour prendre la forme historique qui a perduré. La règle la plus simple qui existe en Occident est choisie : la règle augustinienne. Elle leur est donnée par un personnage qu’ils sollicitent afin de recevoir sa bénédiction : l’évêque d’Ephèse, le patriarche Théoclétès.    

Le concile de Troyes rend les Templiers intouchables et les transforme en armée de défense des Lieux Saints.

Mais, qu’ont-ils cherché, trouvé ou cru trouver ? Le Saint-Graal ? Les secrets architecturaux qui feront rayonner l'art gothique à partir de ce XIIe siècle ? L'Arche d'Alliance ? Quelque savoir ésotérique en rapport avec l'Islam ? Nul ne le sait et ne peut être affirmatif... Une chose demeure certaine : la création de l'Ordre du Temple ne s'est pas faite dans le but un peu simpliste de protéger les pèlerins sur les routes mais répond à une démarche longuement réfléchie voire une quête mystique plus ou moins commanditée par les moines cisterciens et Bernard de Clairvaux.

L’ordre du Temple étant reconnu par l’Eglise, Hugues de Payns devient le 1er Grand Maître, élu par le Chapitre, et siège à Jérusalem. Il parcourt avec quelques frères la Chrétienté, une chevauchée à travers le royaume de France et jusqu’en Angleterre et en Ecosse pour recruter de nouveaux frères, recevoir des dons de toutes natures et mettre en place le premier réseau de commanderies occidentales destinées à fournir un soutien logistique aux combattants de Terre Sainte. Lui-même prêche l’exemple, en faisant don de sa terre de Payns, qui sera l’une des premières commanderies du temple en Occident. Le comte Thibaud et ses vassaux l’imitent. Quand Hugues de Payns s’en retourne en janvier 1130 avec le comte Foulques V d’Anjou, auquel il est venu offrir de la part de Baudoin II la main de Mélisende, héritière de la couronne de Jérusalem, il laisse un peu partout en occident, des commanderies, qui assureront le rayonnement en même temps que les bases financières de l’ordre. En 1146, le pape Eugène III autorise les Templiers à porter une croix rouge sur leur manteau blanc, placée à hauteur de la poitrine. Depuis le début du XIIIe siècle, le Maître du Temple, à Paris, est en fait, trésorier du roi.

En 1168, c’est Philippe de Milly, dit de Naplouse, appartenant à une noble famille champenoise qui devient maître de l’Ordre du temple. En 1192, Henri II de Champagne devient roi de Jérusalem. En 1209, c’est Guillaume, second fils de Milon III, dernier comte de Bar-sur-Seine, qui est élevé à la dignité de grand maître de l’Ordre. En 1210, Jean de Brienne devient roi de Jérusalem. En 1250, c’est encore un champenois de naissance qui devient maître du Temple, Renaud de Vichery.

A partir du pontificat d’Alexandre III (1159-1181), les Templiers remplissent le même genre de fonction qu’ils occupaient auprès des rois. Ce fut le plus prodigue de tous les papes à accorder des privilèges à l’Ordre du temple, peut-être parce qu’il leur empruntait de l’argent. Depuis cette époque, les Templiers sont chambellans et aumôniers de la papauté. Ils sont aussi chargés de récolter les taxes sur les croisades. Ils disposent d’une formidable puissance économique qui fait d’eux d’incontestables financiers et d’évidents détenteurs de la plus grande partie du réseau des châteaux forts sans lesquels l’établissement des croisés en Terre Sainte n’aurait eu aucune chance de survie. Ils contrôlent non seulement d’importantes sommes d’argent et diverses subventions venues d’Occident, mais encore, au Proche-Orient, de substantiels biens immobiliers qui leur sont donnés par des gouvernements participant aux croisades. La croissance de leurs responsabilités comme castellans (gouverneurs), est lente, mais leurs ressources considérables les rendent indispensables. Les Templiers sont autorisés à extraire une fois dans l’année les quêtes de chaque église de la Chrétienté.

Les Templiers créent en plein Moyen-Âge un système monétaire perfectionné dans lequel figurent la plupart des opérations modernes : ouverture de comptes courants, avances, cautions, gestion de dépôts, transferts internationaux de fonds... Les formes diverses de spéculations financières qu’exercent alors les Templiers sont les bases mêmes des opérations bancaires actuelles. Etant établie sur des principes d’ordres religieux et militaires, la confiance des gens pour les dépôts d’argent, mobiliers, joyaux, se porte sur le Temple. Le Temple est synonyme de protection et de sécurité. Servant de dépositaire pour les pèlerins en route pour les Terres Saintes, l’Ordre se voit confier de nombreux biens, et, possédant des relais aussi bien en Occident qu’Outre-Mer, permet aux Croisés d’obtenir en Terre Sainte des espèces contre attestation de versements opérés aux trésoriers du Temple de Paris, Londres... Ce procédé n’est ni plus ni moins que ce que l’on appelle aujourd’hui une lettre de change ou un chèque. Le Temple de Paris, maison-mère de l’Ordre, fonctionne comme une banque centrale où toutes les transactions financières passent. D’illustres personnages y ont recours : Saint-Louis en 1250, le Roi d’Angleterre Henri III en 1261, Philippe Auguste en 1290... et le roi Philippe Le Bel, en personne, y entreposent des fonds. Il ne faut pas oublier que les Templiers sont les instigateurs directs des deux cents cathédrales environ construites en moins de deux cents ans. Ils les ont financées, ce qui représente un effort budgétaire énorme dont les nations modernes ne seraient pas capables. Des spécialistes ont calculé qu’au XIIIe siècle, l’Ordre du Temple tirait de toutes ses activités bancaires, un revenu annuel moyen de 112 millions de livres, c’est-à-dire à peu près 196.000.000 €. 

L’organisation hiérarchique est celle d’une confrérie très fermée, jouissant d’extraordinaires privilèges et où le pouvoir est réservé à ceux qui sont nobles de naissance. L’Ordre est composé de chevaliers, de chapelains, de sergents formant la masse des simples soldats, et enfin d’une multitude d’artisans de tous métiers. Tous sont liés par la Règle, mais seuls les premiers, réunis en Chapitre, exercent le gouvernement. A la tête se trouve le Grand Maître élu par le Chapitre et siégeant à Jérusalem. Il a autorité souveraine sur l’ensemble des provinces de l’Ordre, c’est-à-dire des pays où celui-ci est implanté. Comme il n’est pas facile de vivre à la fois en moine et en soldat, la règle du Temple est souple sur certains points. L’Ordre dit bien que périlleuse chose est la compagnie des femmes par laquelle le diable a déjeté plusieurs du droit sentier du paradis, mais sa règle permet dans certains cas à des hommes mariés de se faire Templiers. De même, elle déconseille l’abstinence immodérée qui eut rendu les Chevaliers inaptes au combat. On est intronisé Templier, avec des épreuves à surmonter, et le double serment d’aider à conquérir et garder la Terre Sainte, et de ne jamais quitter l’Ordre du Temple, ni pour plus fort, ni pour plus faible, ni pour le pire, ni pour le meilleur.

Les maisons du temple seront au nombre de 9.000, elles feront de l’Ordre la plus puissante banque d’Europe, son trésor constituera la caisse centrale des croisades.

 Principales commanderies templières en Europe : France 360, Italie 118, Espagne 59, Royaume Uni 45, Allemagne 20, Portugal 15, Pologne 12, République d’Irlande 11, Ecosse 9, Belgique 9, République Tchèque 5, Autriche 4.

 Jusqu’à sa fin, l’histoire du temple restera étroitement liée à la vie politique et économique de la Champagne. En quelques années, l’organisation templière devient une extraordinaire machine, regroupée en commanderies, réparties en 9 provinces, qui va recouvrir la quasi-totalité de l’Europe occidentale, la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Angleterre, l’Espagne, la Sicile, le Portugal, l’Irlande, le Danemark et même la Suède et la Pologne. A travers leurs milliers de commanderies ainsi réparties, les templiers ont tenté de réaliser les Etats-Unis d’Europe. Leur puissance tient en grande partie à leur richesse, qui résulte notamment des apports faits par les postulants lorsqu’ils demandent à entrer dans l’ordre, chacun d’eux apportant, la plupart du temps, ses biens dont il fait don à la communauté. Ce sont les Templiers qui accordent les premières franchises aux communes, aux confréries, aux compagnons. Les templiers sont également les inventeurs des Etats Généraux. L’ordre, malgré sa hiérarchie, se révèle démocratique, puisque cette hiérarchie est exclusivement fondée sur la valeur des hommes. Ce sont également les templiers, qui, pour des raisons pratiques d’identification, sont à l’origine des noms propres. Jusqu’alors chacun ne portait qu’un prénom, affublé parfois d’un sobriquet, que l’on trouve souvent d’ailleurs dans le nom.

En 1264, les Templiers sont battus, dispersés ou faits prisonniers en Palestine, et leur indocilité nuit aux affaires de la Terre Sainte. Etienne de Sissi, maréchal de l’Ordre, résiste face au pape troyen Urbain IV, qui se plaint de la conduite des chevaliers. Le Pontife, par une entreprise jusqu’alors inouïe, le destitue de sa charge. Sissi ne peut souffrir tranquillement cet affront, et prétendant que les papes ne se sont jamais mêlés des affaires de l’Ordre, il fait à Urbain de très vives remontrances. Les papes alors, n’aiment pas à être contredits. Urbain croit la dignité pontificale outragée par cette audace, et il ne donne, pour toute réponse, qu’une excommunication lancée contre l’auteur des remontrances. L’affaire devient plus sérieuse. Sissi intéresse en sa faveur tout l’Ordre des Templiers qui prend son parti contre le Pape.

Pendant presque 200 ans, ces hommes sont pratiquement les maîtres du monde. Puis vient le drame. Leurs richesses immenses excitent la convoitise des princes et suscitent des légendes malveillantes, parfois immondes.

Dernier grand maître des Templiers, Jacques de Molay, est admis en 1265, dans l'ordre des Templiers et reçu dans la chapelle du Temple, à Beaune. A peine arrivé en Palestine, il se distingue contre les infidèles. A la mort de Guillaume de Beaujeu, quoique Molay ne fût pas en Orient, une élection unanime le nomme 22ème  grand maître. Il se trouve en 1299 à la reprise de Jérusalem par les Chrétiens. Forcé ensuite de se retirer dans l'île d'Arad et de là dans l'île de Chypre, il se prépare à rassembler de nouvelles forces pour venger les revers des armes chrétiennes, lorsque le pape l'appelle en France (1305). Arrivé avec 60 chevaliers et un trésor très considérable, il est reçu avec distinction par Philippe le Bel qui le choisit pour parrain d'un enfant. En rappelant le grand maître, la politique, qui prépare la destruction de l'ordre, a donné pour prétexte le projet de réunir l'ordre du Temple et celui de l'Hôpital.

Le plan de la destruction de l'Ordre du Temple, concertée par le roi Philippe IV le Bel et ses agents, est caché avec tant d'adresse, que le vendredi 13 octobre 1307, tous les Templiers sont arrêtés à la même heure dans toute la France. L'opération a été conduite par Guillaume de Nogaret, qui arrête lui-même les 140 Templiers de Paris, accompagné de gens d'armes. Ce même matin, une troupe de 40 hommes d’armes se présente à la commanderie de Payns, sur ordre du bailli de Troyes. Le commandeur Ponsard de Gisy est arrêté, jeté en prison. C’est l’origine du dicton qui veut que le vendredi 13 porte malheur. Le 29 novembre 1309, le commandeur est appelé à déposer immédiatement après le maître du Temple, Jacques de Molay, devant la commission ecclésiastique instituée par le pape Clément V sous la pression du roi. Il est l’un de ceux qui ont le courage de dénoncer les tortures auxquelles ses frères et lui ont été soumis, assurant que s’il était encore mis à la torture, il nierait tout ce qu’il vient de dire et dirait tout ce que l’on voudrait. Il se trouve parmi les 54 templiers brûlés comme relaps près de la porte Saint-Antoine à Paris, le 12 mai 1310.

S'assurant habilement le soutien de l'opinion publique, le roi de France calme également les scrupules du pape Clément V, qui prononce l'abolition de l'Ordre lors du concile de Vienne en 1312. Lorsque Jacques de Molay nie publiquement ses prétendus aveux le 18 mars 1314, il est jeté au bûcher, sur lequel il aurait, selon la légende, maudit le pape, ainsi que les rois de France « jusqu'à la treizième génération ». Le procès dure 6 ans, 6 années pleines de revers, de difficultés, de rebondissements. L’Inquisition créée de fraîche date pour régler le problème cathare, se charge également des interrogatoires. Soumis à la question, les templiers subissent les pires supplices. Par la torture, l’Inquisition arrache des aveux de toutes sortes que les templiers s’empressent de rétracter immédiatement après. Mais, selon la juridiction, qui rétracte ses aveux est relaps et de ce fait passible du bûcher. Par le maniement de la torture, des aveux et du relaps, l’Inquisition dispose d’une arme infaillible. Légalement, le roi ne peut intervenir contre les templiers car ceux-ci dépendent de la seule autorité du Pape. Mais, Clément V, ancien évêque de Bordeaux, doit son élection à Philippe le Bel qui, malgré toutes les règles en vigueur, est intervenu en sa faveur, lors de l’élection papale. Malgré cela, Clément V s’aperçoit de l’erreur qu’il a faite. En accord avec les souverains étrangers, il tente de réagir. Deux conciles réunis à Trèves et à Mayence déclarent les templiers innocents. Mais il est trop tard.

C'est donc seulement le 22 décembre 1312 que Clément V, de concert avec Philippe le Bel, appointe trois cardinaux français, Arnaud de Farges son neveu, Arnaud Novelli moine de Cîteaux, et Nicolas de Fréminville frère prêcheur, pour examiner ces grands chefs. Ils sont chargés d'entendre la dernière déposition de Jacques de Molay, et celle des trois chefs détenus avec lui, dont Geoffroy de Charnay. Le 18 mars 1314, les quatre chevaliers sont amenés au portail de Notre-Dame pour écouter leur sentence (ils sont en prison depuis sept ans). Le soir du même jour, est dressé un bûcher sur une petite île de la Seine, face aux jardins royaux, à l’endroit où se trouve la statue du roi Henri IV. Les deux chevaliers, Molay et Charnay, montent sur le bûcher, et sont brûlés à petit feu. L'histoire du concile de Vienne est mal connue. Mais on devine des intrigues du roi de France pour forcer la main du pape pour escamoter la sentence du concile. Clément V disposé à en finir dit : « Si l'ordre ne peut pas être détruit per viam justitiae, qu'il le soit per viam expedientiae, pour que notre cher fils le roi de France ne soit pas scandalisé ». Mais il ne se sent pas maître des 300 pères assemblés : il n'est sûr que des évêques français. Ceux d'Allemagne, d'Aragon, de Castille et d'Italie, qui ont presque tous acquitté les Templiers de leurs circonscriptions diocésaines, inclinent à instituer une discussion en règle. On comprend alors autour de Philippe le Bel qu'il y a lieu de sortir l'ultima ratio de la force. De Lyon, d'où il surveille le concile, et où il a convoqué une nouvelle assemblée des prélats, nobles et communautés du royaume « pour la défense de la foi catholique », le roi se rend à Vienne en mars 1312, avec une armée. Il s'assoit à côté du pape. Celui-ci, raffermi, s'empresse de faire lire, devant les pères, une bulle qu'il a élaborée en accord avec les conseillers royaux. C'est la bulle Vox in excelso, du 3 avril 1312 : le pape avoue qu'il n'existe point contre l'ordre de quoi justifier une condamnation canonique,  mais il considère que l'ordre n'en est pas moins déshonoré, qu'il est odieux au roi de France, que personne n'a « voulu » prendre sa défense, que ses biens sont et seraient de plus en plus dilapidés au grand dommage de la Terre Sainte pendant la durée d'un procès dont on ne saurait prévoir la fin. De là, la nécessité d'une solution provisoire. Il supprime donc l'ordre du Temple, non par voie de « sentence définitive », mais par voie de provision ou de règlement apostolique, « avec l'approbation du Saint Concile ». La bulle laisse en suspens deux questions difficiles : le sort des templiers prisonniers, le sort des biens du Temple supprimé. La curée des biens du Temple commence pendant le procès, en dépit de la vigilance des administrateurs. En théorie, toutes les propriétés de l'ordre sont transférées au Saint-Siège, qui les remet aux hospitaliers, mais ce transfert fictif n'empêche pas la Couronne de retenir la meilleure part. D'abord les dettes du roi envers l'ordre sont éteintes, car les canons défendent de payer leur dû aux hérétiques. En outre, il saisit tout le numéraire accumulé dans les banques du Temple. Il va plus loin lorsque les dépouilles des Templiers sont officiellement attribuées à l'Hôpital : il prétend que ses anciens comptes avec le Temple n'ayant pas été réglés, il reste créancier de l'ordre pour des sommes considérables, dont il est d'ailleurs hors d'état de spécifier le montant. Les hospitaliers, substitués aux droits et aux charges du Temple, sont obligés de consentir, pour ce motif, à une transaction : ils payent deux cent mille livres tournois, et ce sacrifice ne les délivre même pas des réclamations de la Couronne, car ils plaident encore, à ce sujet, au temps de Philippe le Long. Quant aux biens immobiliers, Philippe le Bel en perçoit paisiblement les revenus jusqu'à sa mort, et plus tard les hospitaliers, pour en obtenir la délivrance, doivent indemniser la Couronne de ce qu'elle a déboursé pour l'entretien des Templiers emprisonnés de 1307 à 1312 : frais de geôle et de torture. Il paraît avéré, en résumé, que les hospitaliers furent plutôt appauvris qu'enrichis par le cadeau fait à leur ordre. Le grand maître de l'Ordre du Temple a toujours réclamé son jugement, que le pape s'est réservé personnellement. Mais le pontife, craignant la présence du grand maître, nomme trois commissaires pour le juger à Paris, ainsi que trois autres chefs de l'ordre.

La commanderie du Temple de Paris

L’ordre du Temple disposa d’une commanderie à Paris, sur la rive droite le long de la Seine, un peu avant le milieu du XIIe siècle. Très tôt, l’essor du Temple entraîna la construction d’une nouvelle maison en-dehors de l’enceinte érigée sous le règne de Philippe Auguste (1180-1223), dans une zone marécageuse (« Le Marais »). L’Enclos du Temple disposait d’une église en forme de rotonde, d’une grosse tour ou donjon érigée en 1240 et haute d’une quarantaine de mètres, de maisons et de jardins protégés par sa propre muraille. Le maître de France y résidait, ainsi que le trésorier des provinces qui recueillait chaque année les responsions envoyées par les maisons des provinces de France et d’Angleterre avant d’être transférées en Orient. C’est également le trésorier du Temple qui, à partir du début du XIIIe siècle et jusqu’à l’arrestation de 1307, fut en charge de la garde et de la gestion du trésor royal. Ironie de l’histoire, c’est là que les frères de l’Ordre, venus de toute la France, furent emprisonnés et auditionnés lors de leur procès. Transmis en 1327 à l’ordre de l’Hôpital, l’enclos devint à son tour le chef-lieu du prieuré de France.

Ce vaste ensemble délimitait un quartier de 6 ha dont la toponymie parisienne conserve encore la trace dans le 3e arrondissement (rue du Temple, rue Vieille-du-Temple, boulevard du Temple, rue des Blancs-Manteaux, etc.). Il fut progressivement démantelé entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle. En 1792-1793, c’est à l’intérieur de la tour du Temple que la famille royale fut enfermée dans l’attente de son exécution. En 2011, des fouilles archéologiques réalisées à l’emplacement du Carreau du Temple permirent de retrouver une partie des vestiges de l’église et du cimetière du Temple, ainsi que du prieuré de France (XIVe-XVIIIe siècles).


Les templiers pressentant l’imminence de l’intervention de Philippe le Bel, ont débarrassé les commanderies de tous les documents, comptes, archives diverses en leur possession. Que sont devenus ces documents ? Nul ne le sait. C’est de là qu’est née la légende du trésor des templiers. A ce trésor de documents s’ajoute le trésor constitué par les importantes sommes d’argent déposées dans leurs coffres. Le trésor des Templiers aurait-il un caractère spirituel et initiatique ? Que sont devenues les richesses amassées par les Chevaliers de l’Ordre du Temple ? Il semble que le premier à en avoir profité soit le roi Philippe-le-Bel, puisqu’il fit mettre tous leurs biens sous séquestre. Mais il reste dans l’imagination de chacun que le véritable trésor des Templiers, est caché quelque part ! Nul jusqu’à présent n’a pu le découvrir. Il y eut bien au début de 1960 ce que l’on a appelé l’affaire de Gisors. Le château de Gisors, construit par les Templiers, est la dernière prison de Jacques de Molay. En 1946, le gardien fait une découverte extraordinaire : une grande crypte gothique de 30 mètres sur 8 qui contient 12 statues, 19 sarcophages, et 30 coffres de fer cadenassés. Les autorités ne donnent pas suite, font combler les fouilles, licencient le gardien. En 1959, ce gardien nommé Lhomoy en parle à un journaliste qui publie un livre. La presse, la radio, la télévision s’en mêlent. Il y a les pour et les contre. André Malraux, alors ministre ordonne l’ouverture d’une campagne de fouilles qui commence en 1963. En 1970, des ouvriers mettent à jour un grand bassin de bronze contenant un véritable trésor : 11 359 pièces de monnaies anciennes frappées au XIIe siècle, époque où le château était aux mains des Templiers. Acheté plusieurs millions de francs par l’Etat, ce trésor est au Cabinet des Médailles de la Bibliothèque Nationale. En 1976, on découvre encore à Gisors, une crypte de 6 mètres sur 5, et 25 mètres de souterrains orientés vers le château. Mais, l’immense réseau de galeries qui s’étend sous la ville reste pour la plus grande partie inexploré. Là encore, demeure le mystère.

Il y a aussi une autre légende, je veux parler de lieux que les Aubois connaissent bien : la Forêt d’Orient ! C’était autrefois une gastine de quelque vingt mille hectares (gastine = terre impropre à la culture). Tout le site était inextricable, formant de véritables labyrinthes. Perceval, le roman de Chrétien de Troyes, s’amalgame curieusement à cette partie du territoire, Forêt du Temple, la Loge Lionne, la Loge-aux-Chèvres, Maurepaire... La légende dit que le trésor des Templiers est caché dans ce lacis d’eau, de chemins, de gués et de buttes, dans ce qui forme un espace triangulaire entre Troyes, Payns, Clairvaux. Nous savons que le Temple acheta 2 500 arpents de bois près d’Amance. Cette donation, faite par Raoul le gros, dit Crassus, est relatée dans l’acte établi par l’Evêque de Troyes Hatton, au Concile de Troyes de 1128. Elle constitue la 1ère donation au Temple et situe la date d’établissement des Templiers en France. De nombreuses commanderies se situent dans les environs de la forêt d’Orient : 2 abbayes (Larrivour et Basse-Fontaine) et 2 baylies (Payns et Thors) à l’ouest et à l’est, font de ce secteur un haut lieu templier. La forêt, Saint Bernard, les Templiers, Perceval… La forêt d’Orient serait-elle au cœur ou plutôt le secret du Temple ne serait-il pas au cœur de la forêt d’Orient ?

De nombreux mystères non encore éclaircis sont nés de cet Ordre des Templiers, et parmi eux, il y a la mystique des nombres. Le chiffre 3 était un nombre symbolique de l’Ordre. Le triangle (repris par les francs-maçons), parait dans toutes les figures que les Templiers nous ont laissées et on est frappé par leur prédilection pour le chiffre 3 :

- lors de sa réception, le postulant devait se présenter 3 fois avant d’être admis par le Chapitre,

- il faisait 3 vœux,

- les Chevaliers prenaient 3 repas par jour,

- ils mangeaient de la viande 3 fois par semaine,

- ils observaient 3 grands jeûnes dans l’année,

- ils étaient tenus de communier 3 fois,

- au cours de 3 adorations de la Croix,

- dans toutes les Commanderies ou Maisons de l’Ordre, l’aumône se faisait 3 fois par semaine,

- chaque Templier avait 3 chevaux,

- il y avait 3 façons de punir les coupables,

- jetés au cachot, ils étaient flagellés 3 fois,

- un Templier se devait d’accepter le combat seul contre 3,

- et de subir 3 fois l’assaut de son adversaire en combat singulier, avant de prendre à son tour l’offensive....

En agissant de la sorte, les Templiers honoraient la Très Sainte et Indivisible Trinité, les 3 hypostases : Père, Fils et Saint-Esprit, mais aussi les 3 Logos, les 3 âmes de Platon, la manifestation parfaite de l’unité.

Symbole du Mystère de la Trinité, le chiffre 3 multiplié par lui-même donne 9, nombre de l’accomplissement. C’est ainsi que les fondateurs de l’Ordre

- sont au nombre de 9,

- qu’ils prennent l’habit religieux au bout de 9 ans,

- que le nombre des Provinces fut fixé à 9,

- lors du procès, les Templiers choisirent 9 des leurs pour présenter la défense de l’Ordre,

- et ce fut encore 9 Templiers qui se présentèrent dans le même but devant le Concile de Vienne.

 Ont récemment été découverts, des textes fondateurs de l’ordre des « Pauvres chevaliers du Christ et du Temple de Salomon », contenus dans les 9 manuscrits actuellement subsistants.

 Mais vous pouvez toujours profiter de vos temps libres, muni d’un détecteur, pour parcourir la «  Forêt du temple » entre La Villeneuve-au-Chêne et la Loge-aux-Chèvres pour y rechercher et pourquoi pas y trouver le « Trésor des templiers » !!!

En novembre 2015, le Conseil Général, qui avait racheté à des propriétaires privés, en 2008, la Commanderie templière d'Avalleur, fait la réhabilitation du corps de logis de ce site exceptionnel. Ce corps de logis porte les armes de Jean de Choiseul, commandeur d'Avalleur de 1510 à 1526. Il y a des fresques du XIIIe siècle sur un pignon et une cheminée du XVIe siècle. La Commanderie d'Avalleur est l'un des rares ensembles Français conservés de l'époque templière. Elle se compose entre autres, d'une chapelle du XIIe siècle classée au titre des monuments historiques en 1921. 

 Francs-maçons et néotempliers : le mythe d’une survie secrète du Temple prend forme au XVIIIe siècle, au moment de l’apparition de la franc-maçonnerie, dans le contexte d’un imaginaire chevaleresque encore vivace. L’idée d’une convergence entre les idéaux de la chevalerie médiévale et ceux de la franc-maçonnerie se précise, en 1736, lorsque le chevalier écossais Ramsay établit une filiation entre croisés et francs-maçons. Le lien avec les templiers est fait, vers 1760, par des maçons allemands qui introduisent dans les statuts de leurs loges des hauts grades d’origine soi-disant templière, afin d’en renforcer le caractère hiérarchique : ils revendiquent en outre l’héritage de la sagesse des constructeurs du Temple de Salomon, reçu jadis par les templiers et transmise depuis, secrètement, par une chaîne ininterrompue de grands maîtres. Ce « bobard templier » (selon l’historien de l’ésotérisme Antoine Faivre) est à l’origine du courant « néotemplariste » qui prospéra au XIXe siècle, à partir des initiatives et des faux forgés par deux maçons, le docteur Ledru et Fabré-Pellaprat, en 1804 : le second se proclama grand maître d’un ordre du Temple jamais disparu, que le premier légitima en fabriquant une charte de transmission qui le reliait à Jacques de Molay. L’ordre de Fabré-Pélaprat se détache ensuite de la franc-maçonnerie, connaît divisions et schismes pour aboutir à une floraison de sectes de tout genre, qui ont été « inventoriées » de façon humoristique par Umberto Eco dans son « Pendule de Foucault ».


 Le pectoral du Grand Prêtre Aaron

 

Les PIERRES du PECTORAL (et de la nouvelle Jérusalem) ?

URIM   THUMMIM, le jugement de Dieu dans la Bible ?

Une marque sacrée imprimée dans notre Culture !


"Ce pectoral serait donc d'origine égyptienne de l’époque Amenhotep III, où nous retrouvons l'organisation en triptyque.

Sachant que ce bijou est très précisément décrit dans le livre Exode XXVIII, verset 15-30, nous suspectons très fortement que les chevaliers (futurs templiers) l'ont reconstruit lors de leur premier séjour de fouilles à Jérusalem.

De retour en France, ils offrent le pectoral au Pape (pouvoir spirituel) et au Roi (pouvoir temporel) et ils sont autorisés à créer l'ordre de Templiers avec St Bernard.

Nous retrouverons ensuite les représentations du Grand-Prêtre (statues, vitraux) avec le pectoral sur les façades des cathédrales, comme celle de Reims, mais le pectoral est tourné d' 1/4 de tour avec 4 colonnes, 3 lignes  alors que l'original est 3 colonnes, 4 lignes.

Il reste cependant un mystère concernant ce qui accompagne le pectoral lorsque le Grand-Prêtre demande le jugement divin, il s'agit de l'Urim et le Tumim...


voir : Grand pectoral d'Aaron



Les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem :




 Ceux-ci, ont été créés en 1120, pour recueillir et soulager les pèlerins dans cette ville. Ils comprennent des chevaliers, des frères-sergents ou servants, des frères prêtres ou chapelains et des religieuses. A partir du XIVe siècle, les religieuses hospitalières vivront complètement à part dans des monastères qui leur étaient spécialement affectés, mais soumises à la direction des grands maîtres. Après leur repli de Terre Sainte, les hospitaliers s’établirent à Chypre, puis Rhodes en 1310, et enfin à Malte en 1530. Ils abandonnent Malte en 1798, après une capitulation signée sous l’œil de Bonaparte. Cet ordre parait avoir eu le plus grand rayonnement hospitalier dans l’Aube. Noël Brûlart de Sillery Commandeur du Temple de Troyes pendant 40 ans (son portrait sur bois est au trésor de la cathédrale) est un des principaux personnages de la France sous Louis XIII (son frère Nicolas fut un des hommes de confiance de Henri IV, dont il négocia le mariage avec Marie de Médicis, Garde des sceaux, chancelier de France, un des principaux membres du gouvernement de la régente). Sa demeure était La Commanderie, rue du Temple (Général Saussier).

 Aujourd’hui, les hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem devenus l’ordre de Malte, poursuivent encore leur action hospitalière séculaire.


L’Ordre Teutonique :


 Vers 1190, des chevaliers allemands fondent « l’Ordo Sanctus Mariae Teutonicorum ». Ils établissent leur maison mère à Saint-Jean d’Acre. Voués à la Vierge, ils portaient un manteau blanc à croix noire sur l’épaule gauche. Les frères de Sainte-Marie des teutoniques se divisaient en chevaliers, tous nobles, et en prêtres, les uns et les autres de langue allemande. Dès le XIIIe siècle, la nouvelle mission des teutoniques sera de conquérir la Prusse païenne et d’étendre la pénétration allemande vers l’Est. De Terre Sainte, le siège de l’ordre sera transféré à Vienne, puis en 1309, à Marienburg. Les teutoniques posséderont des établissements et des biens en Italie, en Sicile et en Champagne.

 

L’ordre de la Sainte-Trinité, des Mathurins ou des Trinitaires :




L’ordre de la Sainte-Trinité fondé en 1198, a pour mission, de racheter les captifs, tombés aux mains des Maures et des Sarrasins. Il put apprécier dès sa fondation, la bienveillance des Comtes de Champagne. L’un des deux fondateurs est saint Félix de Valois (1127-1212), neveu du comte Thibaut II. En 1239, Simon le Trinitaire était chapelain de Thibaut IV. Le grand maître fut toujours un français. Les Troyens sont témoins de leurs actions, avec des processions solennelles (aux XVIe  et XVIIe siècles) au cours desquelles figurent des prisonniers libérés. De nos jours, les trinitaires sont environ 600, dont 400 prêtres, qui se consacrent à des activités caritatives, dont l'accueil des prisonniers. Cet ordre avait une branche féminine possédant deux établissements (Perpignan et Paris).

 

Les Antonins :


Les Antonins sont un ordre hospitalier de création française. A la fin du XIe siècle, un gentilhomme bâtit un hôpital à la Motte-Saint-Didier, près de Vienne, proche d’une église dédiée à saint Antoine. Les Antonins doivent leur installation à Troyes en 1264 à Troyes, au comte Thibaut V. Le pape troyen Urbain IV approuve cette société et encourage l’action hospitalière de son premier grand maître et fondateur des pèlerins, des malades et des pauvres. En 1298, Boniface VIII érige le prieuré en abbaye. Les antonins, chanoines réguliers, vivent alors sous la règle de saint Augustin.  Leur maison de Tonnerre fut unie à la commanderie de Troyes en 1545. L’ordre fut réformé par son 23ème  abbé, au XVIIe siècle, Antoine Tolosain. L’ordre fut supprimé et incorporé à celui de Malte par bulle du 17 septembre 1776. Les antonins du faubourg Saint-Martin à Troyes, furent réunis à l’ordre de Malte au mois de juillet 1777. Lors de la Révolution française, ils étaient encore 66 dans leur communauté.

 

Les Hospitaliers de Roncevaux :



Un vaste monastère « La Royale Collégiale de Roncevaux » en Navarre, fut la maison-mère de cet ordre hospitalier militaire. L’église actuelle, du XIIIe siècle, renferme les restes mortels des preux de Charlemagne. Les Hospitaliers de Roncevaux possèderont un temps la maison-Dieu le Comte à Bar-sur-Seine. Un mandement de Philippe le Bel les nomme en cet endroit en 1298.  Ils administreront la maison-Dieu de Braux, doyenné de Margerie, fondée par Régnault, frère du comte de Bar. Thibaut V donne à l’Hôpital de Braux « 200 livres de rente ». Pierre de Roncevaux était aumônier et vice-chancelier de notre comte Thibaut V en 1259. Thibaut V date d’ailleurs une de ses libéralités de Roncevaux en Navarre, le 13 janvier 1256.

 

Les Hospitaliers du Saint-Esprit :



Cette communauté charitable fut  créée en 1160, pour l’assistance aux infirmes et aux malades de l’hôpital de Montpellier. Il fut constitué en ordre religieux militaire et hospitalier composé de clercs et de laïcs. Il abandonna très vite son orientation militaire pour ne se consacrer qu’à la vie hospitalière. Le pape autorisa son grand maître à recevoir dans l’ordre des chevaliers laïcs, même mariés. En 1672, Louis XIV unit les biens de différents ordres dont celui des hospitaliers du Saint-Esprit, à l’ordre des chevaliers de Notre-Dame du Mont-Carmel et de Saint-Lazare.

 

L’Ordre militaire et hospitalier de Saint-Lazare :



Fondé à Jérusalem vers 1120, il serait le plus ancien ordre religieux militaire et hospitalier. Ses premières années de fondations charitables l’orientèrent principalement pour l’assistance aux pèlerins et le secours médical aux lépreux. Implanté en France par Louis VII, protégé par Louis IX, l’ordre fonda de nombreuses léproseries en occident. Son grand maître fut un lépreux jusqu’en 1244. On a parlé de 15.000 lépreux séquestrés en France, sur un total de 100.000au XIIIe  siècle. Des documents du XIVe siècle signalent l’établissement en France de 1.500 léproseries, maladrerie. L’ordre de Saint-Lazare possédait de par le monde, près de 300 établissements hospitaliers avant le XVe siècle. L’ordre fut incorporé à celui de Notre-Dame du Mont-Carmel en 1608. Ces deux ordres réunis absorbèrent celui de Saint-Esprit sous le gouvernement de Louvois, son grand maître.

 Pour le seul département de l’Aube, on dénombrait en 1855, plus de 60 anciens établissements hospitaliers. 

 Les finances de ces ordres caritatifs, l’intelligente gestion de leurs biens ruraux et citadins, donnèrent à notre département, une impulsion permanente, de la période médiévale à celle de l’ancien régime. De nombreux privilèges étaient attachés aux fondations charitables des ordres hospitaliers. Chaque établissement était patron d’une chapelle ou d’une église. La destination charitable de la fondation était perpétuelle. Un droit d’asile et d’inviolabilité lui était reconnue. Chaque hôpital possédait un campanile indiquant ainsi son droit de cloche. La mise en valeur, par ces différents ordres hospitaliers de leurs riches propriétés immobilières, terres, vignes, fut très souvent remplacée par un faire-valoir leur permettant d’en retirer des rentes.

 Dans un monde médiéval enfiévré d’idéaux en conflits, ce fut une des gloires de la Champagne de comprendre la valeur de l’appel hospitalier.

 Nous pouvons dire, que nos ordres hospitaliers ont largement anticipé sur notre « aide médicale », et furent un facteur de progrès médical et pharmaceutique.

 

 Localisations auboises des Ordres Religieux, Militaires, Hospitaliers :

 

A = Antonins, H = Hospitaliers de St-Jean de Jérusalem, R = ordre hospitalier de Roncevaux, SE = Hospitaliers du Saint-Esprit, SL = Hospitaliers de Saint-Lazare, T = Templiers, TM = Trinitaires Mathurins, Tt = Teutoniques.

 Attelles T, Arrentières T, Avalleur T, Bar-sur-Aube T H SE SL, Bar-sur-Seine R TM SE, Beauvoir (Chaumesnil) Tt, Beauvoir (Fontette) T, Bonlieu (Piney) T, Bouilly T, Braux RH, Brienne-le-Vieille SL Tt, Brienne-le-Château SL Tt, Buxières-sur-Aube T, La Chapelle-Vallon T, Chappes T, Chaumesnil T, Chaussepierre T, Cormost TM, Errey (Messon) T, Espincey T, Essoyes SL, La-Forêt-Chenue (Saint-Phal) T, Fresnay T, La Gloire-Dieu RM, Gerbau (Rigny-le-Feron) T, Herbisse SL, L’Hopitau Maison d’Orient (Géraudot) H, La Loge-Bazin (Amance) T, La Loge-Lione Loge d’Orient (Brevonnes) T, Marigny-le-Châtel H, Menois T, Mesnil-Saint-Loup T, La Milly (Brevonnes) T, Le Pavillon T,  Le Perchois (Saint-Phal) H, Petit-Volours (Nogent-en-Othe) T, La Picarde (Géraudot) T H, Resson (La Saulsotte) T, Rigny-le-Feron T, Rosnay-l’Hôpital H, La Rothière T, Sancey (St-Julien-les-Villas) T, Savières T, Serres-les-Montceaux T, Sivrey (Auxon) T, Saint-Phal T, Troyes T HA TM, Vallée (Bercenay-en-Othe) T, Villemaur SL, Ville-sur-Terre T, Le Temple de Villiers (Verrières) T.



Porte Saint Antoine et le fort Chevreuse, près de l'ancien couvent des Antonins -Troyes


Pierre tombale : Jean de Nanteuil de Géraudot (10) 
Chevalier de l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem, XIVe siècle. 
Musée des beaux-arts de Troyes



L’Ordre Teutonique




C’est d’après des documents inédits, conservés aux Archives de l’Aube, que nous pouvons parler de l’Ordre Teutonique en France.

L’institution de l’Ordre Teutonique remonte à la troisième croisade et à l’année 1190. Il fut initialement un hôpital fondé en Terre Sainte, devant les murs de Saint-Jean-d’Acre, pour soigner les pèlerins germaniques, originaires de Brême et de Lübeck.

L’Ordre est reconnu comme ordre hospitalier, en 1191, par le pape Clément III, et réorganisé en ordre militaire en 1197-1198, reconnu officiellement par le pape Innocent III en février 1199.

C’est de la cinquième croisade, des années 1218 et 1219, et des relations établies alors sur les bords du Nil, entre cet ordre et quelques chevaliers français, que paraissent dater les actes les plus anciens par lesquels des biens situés en France aient été donnés à cet Ordre.

Les auteurs de ces libéralités furent : Milon III, comte de Bar-sur-Seine, et Gauthier son fils, Erard, seigneur de Chassenay, André de Montbard seigneur d’Epoisses, Eudes de Chatillon et Jean d’Arcis.

Ces hauts barons faisaient partie d’une armée chrétienne qui, sous le commandement de Jean de Brienne, assiégea Damiette et le prit après de longs efforts, pour le perdre presque aussitôt. Le débarquement sur les côtes d’Egypte eut lieu le 12 mai 1218.

Le 24 août les croisés s’emparèrent d’un ouvrage avancé et d’une tour. Le légat arriva avec des renforts à Pâques suivant, le 7 avril 1219. Le 29 août, les chrétiens allèrent attaquer les Sarrasins dans leur camp et se firent battre. Damiette se rendit au début novembre. Cette ville retomba au pouvoir des Musulmans en 1221.

Milon III, comte de Bar-sur-Seine, André de Montbard, seigneur d’Epoisses et Jean d’Arcis, furent du nombre des chevaliers qui débarquèrent sous les murs de Damiette à Pâques suivant, en avril 1219.

Dans la bataille du 29 août, André de Montbard, Eudes de Chatillon et Jean d’Arcis, restèrent prisonniers aux mains des Sarrasins. Jean d’Arcis est mort en captivité, peu de temps après. André de Montbard et Erard de Chassenay furent plus heureux et revinrent en France.

Milon III, comte de Bar-sur-Seine, était en même temps seigneur du Puiset (Eure-et-Loir). Devant Damiette, peu de temps avant de mourir, avant le 17 août 1218, il donna des biens, de concert avec son fils, à l’Ordre Teutonique, ou, comme on disait alors, à « la maison de l’Hôpital des Teutoniques dans Jérusalem ». Sa veuve y ajouta des biens à Saint-Maur.

 En échange de tous ces biens, Simon, seigneur de Rochefort et du Pariset, céda, en 1225, à l’Ordre Teutonique ce qu’il possédait à Neuvy-en-Beauce.

La même année, Marguerite dame d’Apremont et Hugues, son fils, approuvaient cet échange. En même temps, l’Ordre Teutonique acquérait dans une paroisse voisine de Neuvy-en-Beauce, l’ermitage de Saint-Michel. Cet ermitage avait été fondé par Milon III, comte de Bar-sur-Seine, au commencement du XIIIe siècle.

Une confirmation de Regnauld de Bar, évêque de Chartres, date de mars 1201. Sévin, premier et dernier supérieur des ermites de Saint-Michel, fit en 1225, abandon à l’Ordre Teutonique de ses droits sur cette maison.

La donation faite par Erard, seigneur de Chassenay, à l’Ordre Teutonique, suivit celle du comte de Bar-sur-Seine à près d’un an d’intervalle. Elle eut lieu en juillet 1219. Erard donnait 20 livres de rente à prendre sur ses biens. Prisonnier des Sarrasins à la désastreuse bataille devant Damiette, le 29 août 1219, André de Montbard donna à l’Ordre Teutonique 20 livres de rente à prélever sur les revenus de ses terres. La charte originale, écrite et scellée au camp des Musulmans, existe encore aux Archives de l’Aube.

Dans le diocèse de Troyes, une donation de Jean d’Arcis fut le point de départ des acquisitions de l’Ordre. Jean d’Arcis, beau-père d’André de Montbard, fait comme lui prisonnier dans la même bataille, donna comme lui 20 livres de rente à l’Ordre Teutonique. Cela est confirmé dans une charte donnée par Marie, dame de Turny, veuve de Jean d’Arcis, le 6 décembre 1222. Les rentes données par Jean d’Arcis, lui étaient dues sur les foires de Troyes.

Le second bienfaiteur de l’Ordre teutonique dans le diocèse de Troyes, fut Gautier IV, comte de Brienne, neveu de Jean de Brienne, roi de Jérusalem. Il donna à l’Ordre Teutonique, en 1224, la grange de Boiennès (aujourd’hui Bugney), près de Brienne-la-Vieille, en 1231, l’Hôtel-Dieu de Brienne-le-Château et 300 arpents de terre à défricher dans son bois de Chaumesnil.

L’Ordre Teutonique défricha  une partie de ces terrains et y fit bâtir la commanderie de Beauvoir, qui fut longtemps le chef-lieu de ses possessions en France. Beauvoir, dans le diocèse de Troyes, était un des quatre points centraux de l’Ordre Teutonique en France. Beauvoir est situé dans l’Aube, arrondissement de Bar-sur-Aube, canton de Soulaines, commune de Chaumesnil.

Sa fondation date des donations faites par Gautier IV, comte de Brienne en 1231. En 1255, frère Barthélemy était « maître de l’hôpital de la bienheureuse Vierge des Teutoniques dans le royaume de France », et donna une vigne située près de Brienne et dépendant de la commanderie de Beauvoir.

En 1270, le comte Hugues de Brienne affranchit du droit de moulin banal, le moulin à vent construit par les religieux de l’Ordre Teutonique. Au XIIIe et au commencement du XIVe siècle, cette maison posséda une communauté de frères ou religieux de l’Ordre Teutonique.

En 1390, un acte dit « qu’il n’y a pas dans la maison un nombre de religieux suffisant pour faire le service divin, et l’église tombe en ruines ». La commanderie de Beauvoir est la seule que l’Ordre Teutonique possédait en France, et « les maisons qui en dépendent, sont séparées d’elle, par des distances considérables ». De là des frais d’administration beaucoup trop considérables, eu égard à la modicité des revenus. D’ailleurs, la guerre a détruit une partie des bâtiments, et les autres tombent en ruine. Le 23 avril 1501, il est dit que « L’Ordre Teutonique a intérêt à se défaire de propriétés onéreuses », et le nom de « France » ne paraît plus dans les titres portés par les supérieurs dans les actes de l’Ordre Teutonique.     

 

  

Bons-Hommes, Trinitaires ou Mathurins



La communauté des Trinitaires ou Mathurins, est d’abord connue sous le vocable de prieuré de Saint-Jacques, dans le faubourg qui porte toujours son nom aujourd’hui. Ce prieuré conventuel de l’ordre de Saint Benoît est créé en 910. Il est réuni à la Trinité de la Rédemption des Captifs, et son supérieur est nommé par le général des Mathurins. C'est la plus ancienne institution officielle de l'Église catholique romaine consacrée au service de la rédemption sans armes à la main.

 Du temps de notre comte, Henri le Libéral (1151-1181), gendre du roi Louis VII (1137-1180), ils sont en 1168, dans la forêt d‘Aumont.     

 En 1198, des Champenois participent aux combats sur le sol de la Palestine, pour la délivrance du Saint-Sépulcre, dont les 2 fils de la comtesse Marie de Champagne, Henri II et Thibaud III. Les batailles sont meurtrières et laissent de nombreux combattants prisonniers et souvent malades.

 C’est alors qu’apparaissent deux hommes exceptionnels qui proposent aux autorités religieuses la création d’un ordre pour « le rachat des captifs tombés aux mains des infidèles » : saint Félix de Valois (neveu de notre comte Thibaud II),  et saint Jean de Matha. Ce dernier avait eu une vision : celle d’un cerf blanc, venant se désaltérer, muni d’une croix rouge et bleue, semblable à celle déjà entrevue à une fontaine lors d’une apparition antérieure au cours de laquelle  l’ange du seigneur, porté par un nuage, avait à ses pieds dans une posture de suppliant, deux esclaves chargés de chaînes, l’un maure, l’autre chrétien. « Les vêtements de l’ange étaient blancs comme la neige, il portait sur la poitrine une croix aux 2 couleurs, rouge et azur ». Elle deviendra l’emblème de l’ordre des Trinitaires.

 Cet ordre prend le nom de la sainte Trinité, « parce que Dieu lui-même en avait provoqué la fondation par des visions miraculeuses ». 

 Les premières règles de l’ordre sont approuvées par le Pape Innocent III (1198-1216), ancien condisciple de Jean de Matha à l’université de Paris, en novembre 1198. L’ordre a pour mission le rachat des prisonniers tombés aux mains des corsaires maures et les soins à donner aux malades.

 Le triple but exigé des religieux est abnégation, obéissance, désintéressement, de là 3 vœux de pauvreté, chasteté, obéissance.

 Protégés par Philippe Auguste (1182-1223), les Trinitaires viennent s’installer à Paris en 1209, près d’une chapelle placée sous le vocable de saint Mathurin, d’où ils prennent alors le nom de Mathurins.

 Les Trinitaires sont des chanoines suivant la règle de saint Augustin. A leur tête, il y a un directeur général, désigné sous le nom de Ministre et plusieurs supérieurs provinciaux soumis au Ministre, mais ayant eux-mêmes, sous leur autorité, des supérieurs locaux pour chaque maison de l’ordre.

 Les ressources sont divisées en 3 parties : la rédemption des captifs, le soulagement des pauvres, l’entretien des religieux, d’où les prescriptions touchant la nourriture, le vêtement et les voyages. D’après ce dernier point, on les appelait les « frères aux ânes », parce qu’il leur était défendu (tout au moins au début), de voyager à cheval.

 Pour entrer dans l’ordre, il fallait avoir 20 ans révolus. Les couleurs de leurs habits étaient le blanc de la soutane (représentant le Père Eternel), le bleu (personnifiant le fils de Dieu dans sa Passion) et le rouge (pour le Saint-Esprit qui embrase les cœurs). Ainsi tout rappelant la Trinité, ils en prirent le nom.

En 1213, un premier couvent est créé dans l’Aube, à Neuville-sur-Seine. Les Trinitaires se transporteront ensuite à Courteron, sur le site de la Gloire-Dieu, entre 1234 et 1240.

 En 1259, sept de ces religieux, connus sous le nom de Bons-Hommes, Trinitaires ou Mathurins, ordre créé pour qu'ils vivent en ermites dans de petites cabanes en une vie très mortifiée, viennent établir leur maison à l’entrée du faubourg de Preize, à un emplacement occupé anciennement par les Cordeliers.

 Le comte Thibaud V (1253-1270), gendre du roi Saint Louis (1226-1269) les dote de biens : prébende sur l’église de Saint-Etienne, vignes à Buxeuil... Il leur donne des bois dépendant de la forêt d’Ile Aumont, qu’ils défrichent et y établissent une grange connue sous le nom de Trinité ou des Bons-Hommes, et ils ont le droit de prendre dans la forêt, le bois nécessaire, tant pour le chauffage de leur maison, que pour la construction et la réparation de leurs bâtiments situés tant à Troyes qu’à leur grange.

 En 1261, l’évêque de Troyes, Nicolas de Brie (1233-1269) autorise les Trinitaires à recevoir des offrandes. Thibaud V concède aux Bons-Hommes un droit de pêche dans les fossés de la ville.

 Le troisième prieuré est à Bar-sur-Seine, en 1303.

 Dans leur église, située hors des fortifications, les tisserands de toiles de Troyes ont leur confrérie.

 Lors de la guerre engendrée par la Ligue, le couvent est détruit en 1590, pour la défense de Troyes, contre les troupes d’Henri IV (1572-1610).

 Les chanoines sollicitent alors le maire et les échevins pour s’installer dans l’hôpital du Saint-Esprit, mais cela leur est refusé le 9 mai. Cependant, ils obtiennent un logement à l’hôpital de la Trinité (Hôtel de Mauroy). Ils sont autorisés d’en percevoir les revenus, à condition « d’en acquitter les fondations et les charges », c’est-à-dire de pourvoir à l’instruction des enfants recueillis à l’hôtel de l’Aigle, autre appellation de cet hôtel. En 1593, les Trinitaires disent que l’air qu’ils respirent dans cette demeure est contagieux. Ils sont autorisés d’en sortir en 1594 pour se retirer au prieuré Saint-Jacques, de l’ordre de Cluny, sous réserve de l’accord du pape Clément VIII (1592-1605), qui leur est donné en novembre 1594. Ils en auront la jouissance jusqu’à la Révolution.

 En 1735, l’état de vétusté des bâtiments (très humides, un plafond bas menaçant ruine), incite le prieur à solliciter du Général de l’ordre, l’autorisation de les reconstruire. Mais pour cela, il faut attendre l’acte capitulaire de 1775. L’architecte choisi est celui de la Princesse de Monaco, pour qui il construisit un hôtel particulier. Le nouvel édifice, d’une longueur de 24 mètres « sera construit en pierre de Savonnière et craie. Les voûtes devront être recouvertes d’ardoises, et il y aura la place de 5 stalles pour les chanoines, de chaque côté de la nef ». Les bâtiments sont bénis par l'évêque de Troyes, Claude-Mathias-Joseph de Barral (1761-1790), ministre de cette maison, le 30 mars 1783.

 Comme toutes les Maisons religieuses, le couvent des chanoines réguliers de l’Ordre de la Sainte-Trinité pour la Rédemption des captifs, situé au faubourg Saint-Jacques, est vendu à la Révolution. Les bâtiments sont adjugés pour 50.000 livres. Le clocher est rapidement sacrifié et démoli. Les 3 cloches avaient été transportées à la Monnaie de Paris et le mobilier dispersé en 1791.

 Après différents acquéreurs, les bâtiments achetés en 1884 pour une filature de laine, seront repris en 1891, par Monsieur Rebours « La chocolaterie de l’Est » et les produits seront vendus avec la devise des comtes de Champagne : « Passavant le Melior » (je suis allé en classe et fait du scoutisme avec ses petits-fils pendant 20 ans et leurs parents étaient amis de mes parents). Les bâtiments seront détruits par le bombardement aérien, le matin du 14 juin 1940. Ainsi disparaîtront sous les décombres, les derniers souvenirs des Trinitaires à Troyes, et l’emplacement deviendra la place de l’Europe.      

 Les habitants de Troyes sont témoins des actions des Trinitaires pour les captifs, durant les années 1660, 1720, 1730, avec des processions solennelles au cours desquelles figurent des prisonniers libérés. Pour donner un caractère plus dramatique à ces manifestations publiques, les captifs sont maintenus enchaînés et conduits par deux enfants « habillés en ange », comme sur le tableau de l’église Saint-Jean.

 Le 19 avril 1720, une procession eut lieu à Troyes, avec 46 « esclaves » rachetés à Alger.

 Ils sont accueillis à la cathédrale par l’évêque de Troyes, Jacques-Bénigme Bossuet (1716-1742), neveu et filleul du Grand Bossuet.

 Le soir de leur arrivée, le maire M. Toussaint-Nicolas Gouault (1719-1724) leur envoie le « présent de ville doublé », soit 24 bouteilles de très bon vin, et le dimanche au soir « un mouton entier qui pesait tout vide qu’il était, 70 livres, et des poulets, poulardes, pigeonneaux, lapereaux, jambon, gâteaux… ».

 En 1792, les religieux Mathurins refusent de prêter le serment imposé par le décret du 27 novembre 1791 (sur les 27 religieux, 15 sont restés fidèles, et sur les 59 ecclésiastiques, il y eut 38 refus). 

 Le rachat des captifs était onéreux. Aussi, pour répondre aux besoins  des Trinitaires, ceux-ci obtenaient la permission de quêter. Il existe aux archives départementales de l’Aube un document daté du 18 janvier 1737, donnant permission aux Trinitaires de solliciter la charité publique.

 La présence des Trinitaires au prieuré de la Gloire-Dieu remonte au XIII° siècle. Ce prieuré, ainsi que celui de Bar-sur-Seine, dépendait hiérarchiquement de celui de Troyes. Les bâtiments de la Gloire-Dieu furent vendus comme biens nationaux, à la Révolution, en 1791, et sont les seuls en 2016 à rappeler dans l’Aube le souvenir de l’ordre pour la Rédemption des prisonniers en Barbarie.

 L’histoire de l’Ordre des Trinitaires à Bar-sur-Seine se confond avec celle de la Maison-Dieu ou hôpital Saint-Jean-Baptiste, fondée en juin 1210, par Milon IV Du Puiset, comte de Bar-sur-Seine. Ce denier avait aboli le servage en 1195. Il mourut à Damiette en juin 1219. Un de ses fils, Guillaume, Grand-maître de l’ordre du Temple, était mort avant, au même siège. Le prieuré de la Gloire-Dieu, ainsi que celui de Bar-sur-Seine, dépendait hiérarchiquement, de celui de Troyes. A la Révolution, les bâtiments furent vendus comme biens nationaux. A la Chapelle, dite l’église de la Maison-Dieu, l’on fabriqua du salpêtre pour la Nation, puis elle fut démolie et sur son emplacement fut édifiée au XXe siècle, l’église du nouvel hôpital.

 Au temps de leur splendeur, les Trinitaires comptaient 250 maisons. En 1768, il n’en existait plus que 93.

 Aujourd’hui, il n’y a plus de religieux à Troyes, mais cet ordre aide toujours les prisonniers et les captifs de toutes sortes. 600 religieux sont disséminés dans les pays suivants : Madagascar (où ils sont particulièrement dynamiques), Inde, Canada, Italie, Espagne, France (où il y a une douzaine de religieux en 2018), États-Unis, Mexique, Corée du sud, Porto-Rico, Colombie, Brésil, Pérou, Bolivie, Chili, Argentine, Pologne, Congo, Gabon et Autriche.

 

 

Pour aller plus loin voir : Château des Comtes de Champagne à Troyes

                                       : Les Comtes de Champagne

                                       : Maison Templière à Verrières

                                       : Possessions Templières dans le département de l'Aube (10)








































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