Les Ordres Religieux,
Militaires, Hospitaliers eurent un impact au niveau de notre région, et nous
permettent d’apprécier la puissance, l’influence qui leur a été donné d’exercer
sur notre département de l’Aube.
L’instauration ou la restauration de la vie commune dans le clergé afin de lutter contre l’indiscipline, l’individualisme des clercs, furent à l’origine de la création des ordres monastiques occidentaux.
Près
de la grande famille communautaire bénédictine, se réclamant de la règle de saint
Benoît, le XIIe siècle vit surgir un nouveau type communautaire chrétien,
se réclamant de la règle d’Augustin d’Hippone : le
chevalier-moine. Ces moines-soldats fondent les ordres religieux
militaires. Ces ordres communautaires voués à la protection et à la défense des
pèlerins en Terre Sainte, sont d’abord les Templiers, puis
les Hospitaliers, et les Teutoniques. Au soutien militaire des
pèlerins croisés fait place une aide communautaire, proprement hospitalière,
suscitant le développement et la création des ordres charitables
comme les Antonins, les Hospitaliers du Saint-Esprit, ou de
rachat de chrétiens capturés en Terre Sainte comme l’Ordre
Hospitalier de la Trinité.
Les Templiers
Le rôle de l'historien est de livrer au présent notre passé. L'étude de la spiritualité templière est un défi, vu la rareté des documents et l'absence de témoignages fiables. La légende et l’énorme succès médiatique des Templiers, est une grande page de notre histoire auboise. En croisant toutes les sources existantes, dont les plus récentes, j’en ai fait le très petit résumé ci-dessous.
L’histoire
des templiers suscite palabres, contradictions, passions… dont on n’est pas
arrivé aujourd’hui à éclaircir complètement les mystères.
Le
premier Ordre reconnu en fonction, est l’Ordre des
Hospitaliers, consacré en 1113 par le pape Pascal II et concrétisé par une bulle
adressée au fondateur de ce qui n’avait été qu’une confrérie, le frère Gérard. Défendre le
tombeau du Christ, s'enquérir de moyens pour mener une telle action. C'est dans
le contexte de la croisade que naît le mouvement des Templiers.
Au
début de l’année 1115, une douzaine de moines venus de Cîteaux en Bourgogne,
s’établit dans le vallon de Clairvaux, où en 1118, Bernard fonde
l’abbaye.
Le comté de
Champagne, est un fief parmi les plus puissants du royaume de France. Notre comte de
Champagne Hugues est un des principaux feudataires du royaume, environ 4 à 5 fois plus
riche que le Roi de France. En 1093, il épouse Constance de France, fille du
roi Philippe 1er. Il part une 1ère fois en Terre
Sainte de 1104 à 1107, avec Hugues de Payns (originaire du village de Payns),
et à nouveau avec lui, de 1113 à 1116, attiré par la confrérie des Frères
Hospitaliers. Hugues de Payns, allié au Comte de Champagne, cousin de saint-Bernard,
emmène avec lui, huit autres chevaliers, Geoffroy de Saint-Omer (des Flandres),
deux Languedociens, Geoffroy Bisol et Hugues Rigaux, Archambaud de Saint-Aignan
issu d’une famille illustre du centre de la France, Payen de Montdidier de
Picardie, le frère Rossal, Bourguignon, Gondemare originaire du Portugal et un
oncle de Bernard de Clairvaux, André de Montbard, petit seigneur
champenois. C’est pendant ce séjour, que Hugues de Payns, chevalier de petite noblesse,
de la famille des comtes de Champagne, décide de fonder une société alternative
à celle de son temps, une société où l’on peut accéder au Sacré sans se séparer
du monde, comme le faisaient les clercs, mais en demeurant laïcs et guerriers.
Hugues
de Payns donne corps à un projet dont le comte s’est entretenu avec lui : la création d’une
milice du Christ, à l’imitation de l’Ordre de l’Hôpital, mais qui, au lieu
de soigner les pèlerins malades, aurait pour mission d’assurer leur sécurité
sur la route du Saint-Sépulcre. Ils s’engageraient par des vœux solennels
prononcés devant le patriarche de Jérusalem à protéger les pèlerins contre les
brigands, à protéger l’accès de la route de Jérusalem, à veiller sur les
citernes et à servir de chevalier au Souverain Roi dans la
pauvreté, la chasteté et l’obéissance. C’est là le début de l’Ordre du Temple.
A
Jérusalem, Hugues institue l’ordre sous le nom de Milice du Christ.
Les premiers Templiers n’ont pas encore d’habits religieux et portent les
cheveux courts et la barbe longue. Ils ne vivent alors que de dons et se parent
du titre de « Pauvres Chevaliers du Christ ». Ils adoptent le nom de
« templiers » lorsque Baudoin II, roi de Jérusalem, les installe dans
la mosquée Al’Aqsa, en laquelle les chrétiens voient le temple de Salomon. Ce
sont ces chevaliers du temple, que notre comte de Champagne Hugues va
rejoindre en 1126. Quand il arrive, ils sont déjà devenus assez nombreux et
assez conscients de leur originalité de moines chevaliers, pour éprouver la
nécessité d’une règle.
Pourquoi,
en 1116, le puissant Comte de Champagne, un des princes les plus riches du
royaume de France, répudie-t-il femme et enfants ? Pourquoi notre comte
Hugues, abandonne-t-il ses richesses et les siens pour surveiller les routes
sous les ordres de Hugues de Payns, son ancien vassal, même pour la Foi la
plus profonde ? Il doit y avoir autre chose. Ils sont partis chercher
quelque chose en Orient, quelque chose de primordial pour la religion de
Bernard, quelque chose ne pouvant se trouver que sur les Lieux Saints, quelque
chose de tellement secret que seul le Pape a dorénavant prise sur l'Ordre,
quelque chose de si fabuleux que seuls les liens du sang des fondateurs peut le
protéger...
La
raison invoquée jusqu’alors pour le retour de notre comte Hugues en Terre
Sainte, est qu’il est convaincu de l’infidélité de sa trop jeune épouse. Il
déshérite l‘enfant qu’elle a mis au monde (on raconte même que dans un moment
de colère, il aurait menacé de jeter le petit Eudes au feu), et remet sa succession
entre les mains de son neveu Thibaud de Blois.
En
1127, retour en
Champagne de Hugues de Payns et de cinq chevaliers, officialisant et accordant
à l'Ordre du Temple une totale indépendance vis à vis du clergé séculier et des
souverains temporels, sous la houlette de Bernard de Clairvaux. A la demande du
roi de Jérusalem, Hugues de Payns doit obtenir une règle officielle. L’abbé de
Clairvaux est alors un peu l’éminence grise du Saint-Siège. Hugues de Payns a
recours à lui, pour solliciter du pape Honorius II, la reconnaissance
officielle de l’Ordre du Temple. Bernard ne se fait pas prier et écrit un
vibrant panégyrique des Templiers : « Tous habitent dans la même
maison sans rien posséder en propre. Chacun, loin de suivre sa volonté personnelle
s’empresse d’obéir à celle du chef. Ils ne se plaignent point et se baignent
rarement. On les voit négligés, hirsutes, noirs de poussière, la peau brûlée
par le soleil et aussi bronzée que leur armure. Mais, quand sonne l’heure de la
guerre, ils se bardent au dedans de foi, au dehors de fer et non de dorures.
Rien ne les arrête, ni leur petit nombre, ni la crainte de la férocité
d’ennemis innombrables ». Précédés de cet éloge flatteur, André de
Montbard et Gondemar partent pour Rome où ils sont reçus à bras ouverts par le Pape, à l’automne 1127.
Honorius II, leur promet de réunir un concile à Troyes afin de faire
connaître l’Ordre, de leur assurer le soutien des grands et de les doter d’une
règle qui devrait leur permettre de se développer. Le 13 janvier
1128, un concile général s’ouvre à Troyes, capitale d’Hugues de Champagne, pour donner
leur constitution aux Templiers, présidé par Mathieu, cardinal d’Albano et
légat du pape Honorius II. Assistent à ce concile, Etienne, patriarche de
Jérusalem, notre comte de Champagne Thibaud, 13 évêques et archevêques, les
abbés de Cîteaux et de Pontigny, et bien entendu saint Bernard, l’illustre abbé de
Clairvaux. Ce dernier rédige lui-même la règle des Templiers. Ce sont donc les
Cisterciens qui guident les premiers pas de l’Ordre. L’organisation
hiérarchique y est décrite dans ses moindres détails. C’est celle d’une
confrérie très fermée, jouissant d’extraordinaires privilèges et où le pouvoir
est réservé à ceux qui sont nobles de naissance. L’Ordre est composé de
chevaliers, de chapelains, de sergents formant la masse des simples soldats, et
enfin d’une multitude d’artisans de tous métiers. Tous sont liés par la Règle,
mais seuls les premiers, réunis en Chapitre, exercent le gouvernement. Cette
loi de l’Ordre du temple comprend 72 articles. A partir de ce moment, l’ordre
du temple s’organise pour prendre la forme historique qui a perduré. La règle
la plus simple qui existe en Occident est choisie : la règle
augustinienne. Elle leur est donnée par un personnage qu’ils sollicitent afin
de recevoir sa bénédiction : l’évêque d’Ephèse, le patriarche Théoclétès.
Le
concile de Troyes rend les Templiers intouchables et les transforme
en armée de défense des Lieux Saints.
Mais,
qu’ont-ils cherché, trouvé ou cru trouver ? Le Saint-Graal ? Les secrets
architecturaux qui feront rayonner l'art gothique à partir de ce XIIe siècle ? L'Arche d'Alliance ? Quelque savoir
ésotérique en rapport avec l'Islam ? Nul ne le sait et ne peut être affirmatif...
Une chose demeure certaine : la création de l'Ordre du Temple ne s'est pas
faite dans le but un peu simpliste de protéger les pèlerins sur les routes mais répond à une démarche
longuement réfléchie voire une quête mystique plus ou moins
commanditée par les moines cisterciens et Bernard de Clairvaux.
L’ordre
du Temple étant reconnu par l’Eglise, Hugues de Payns devient le 1er Grand
Maître, élu par le Chapitre, et siège à Jérusalem. Il parcourt avec quelques
frères la Chrétienté, une chevauchée à travers le royaume de France et jusqu’en
Angleterre et en Ecosse pour recruter de nouveaux frères, recevoir des dons de
toutes natures et mettre en place le premier réseau de commanderies
occidentales destinées à fournir un soutien logistique aux combattants de Terre
Sainte. Lui-même prêche l’exemple, en faisant don de sa terre de Payns, qui
sera l’une des premières commanderies du temple en Occident. Le comte Thibaud
et ses vassaux l’imitent. Quand Hugues de Payns s’en retourne en janvier 1130
avec le comte Foulques V d’Anjou, auquel il est venu offrir de la part de
Baudoin II la main de Mélisende, héritière de la couronne de Jérusalem, il
laisse un peu partout en occident, des commanderies, qui assureront le
rayonnement en même temps que les bases financières de l’ordre. En 1146, le
pape Eugène III
autorise les Templiers à porter une croix rouge sur leur manteau blanc, placée
à hauteur de la poitrine. Depuis le début du XIIIe siècle, le Maître du
Temple, à Paris, est en fait, trésorier du roi.
En
1168, c’est Philippe de Milly, dit de Naplouse, appartenant à une noble famille
champenoise qui devient maître de l’Ordre du temple. En 1192, Henri II de
Champagne devient roi de Jérusalem. En 1209, c’est Guillaume, second fils de
Milon III, dernier comte de Bar-sur-Seine, qui est élevé à la dignité de grand
maître de l’Ordre. En 1210, Jean de Brienne devient roi de Jérusalem. En 1250,
c’est encore un champenois de naissance qui devient maître du Temple, Renaud de
Vichery.
A
partir du pontificat d’Alexandre III (1159-1181), les Templiers remplissent le
même genre de fonction qu’ils occupaient auprès des rois. Ce fut le plus
prodigue de tous les papes à accorder des privilèges à l’Ordre du temple, peut-être parce
qu’il leur empruntait de l’argent. Depuis cette époque, les Templiers sont chambellans et
aumôniers de la papauté. Ils sont aussi chargés de récolter les taxes sur les
croisades. Ils disposent d’une formidable puissance économique qui fait d’eux
d’incontestables financiers et d’évidents détenteurs de la plus grande partie du
réseau des châteaux forts sans lesquels l’établissement des croisés en Terre
Sainte n’aurait eu aucune chance de survie. Ils contrôlent non seulement d’importantes
sommes d’argent et diverses subventions venues d’Occident, mais encore, au
Proche-Orient, de substantiels biens immobiliers qui leur sont donnés par des
gouvernements participant aux croisades. La croissance de leurs responsabilités comme
castellans (gouverneurs), est lente, mais leurs ressources considérables les
rendent indispensables. Les Templiers sont autorisés à extraire une fois dans
l’année les quêtes de chaque église de la Chrétienté.
Les
Templiers créent en plein Moyen-Âge un système monétaire perfectionné dans lequel
figurent la plupart des opérations modernes : ouverture de comptes courants,
avances, cautions, gestion de dépôts, transferts internationaux de fonds... Les formes
diverses de spéculations financières qu’exercent alors les Templiers sont les
bases mêmes des opérations bancaires actuelles. Etant établie sur
des principes d’ordres religieux et militaires, la confiance des gens pour les
dépôts d’argent, mobiliers, joyaux, se porte sur le Temple. Le Temple est
synonyme de protection et de sécurité. Servant de dépositaire pour les pèlerins en
route pour les Terres Saintes, l’Ordre se voit confier de nombreux biens, et, possédant
des relais aussi bien en Occident qu’Outre-Mer, permet aux Croisés d’obtenir en
Terre Sainte des espèces contre attestation de versements opérés aux trésoriers
du Temple de Paris, Londres... Ce procédé n’est ni plus ni moins que ce que
l’on appelle aujourd’hui une lettre de change ou un chèque. Le Temple de
Paris, maison-mère de l’Ordre, fonctionne comme une banque centrale où
toutes les transactions financières passent. D’illustres
personnages y ont recours : Saint-Louis en 1250, le Roi d’Angleterre
Henri III en 1261, Philippe Auguste en 1290... et le roi Philippe Le Bel,
en personne, y entreposent des fonds. Il ne faut pas oublier que les Templiers
sont les instigateurs directs des deux cents cathédrales environ
construites en moins de deux cents ans. Ils les ont financées, ce qui
représente un effort budgétaire énorme dont les nations modernes ne seraient pas
capables. Des spécialistes ont calculé qu’au XIIIe siècle, l’Ordre du Temple
tirait de toutes ses activités bancaires, un revenu annuel moyen de 112
millions de livres, c’est-à-dire à peu près 196.000.000 €.
L’organisation
hiérarchique est celle d’une confrérie très fermée, jouissant d’extraordinaires
privilèges et où le pouvoir est réservé à ceux qui sont nobles de naissance.
L’Ordre est composé de chevaliers, de chapelains, de sergents formant la masse
des simples soldats, et enfin d’une multitude d’artisans de tous métiers. Tous
sont liés par la Règle, mais seuls les premiers, réunis en Chapitre, exercent
le gouvernement. A la tête se trouve le Grand Maître élu par le Chapitre et
siégeant à Jérusalem. Il a autorité souveraine sur l’ensemble des provinces de
l’Ordre, c’est-à-dire des pays où celui-ci est implanté. Comme il n’est pas
facile de vivre à la fois en moine et en soldat, la règle du Temple est souple
sur certains points. L’Ordre dit bien que périlleuse chose
est la compagnie des femmes par laquelle le diable a déjeté plusieurs du droit
sentier du paradis, mais sa règle permet dans certains cas à des hommes mariés de
se faire Templiers. De même, elle déconseille l’abstinence immodérée qui eut
rendu les Chevaliers inaptes au combat. On est intronisé Templier, avec des
épreuves à surmonter, et le double serment d’aider à conquérir et garder la
Terre Sainte, et de ne jamais quitter l’Ordre du Temple, ni pour plus fort, ni pour plus
faible, ni pour le pire, ni pour le meilleur.
Les
maisons du temple seront au nombre de 9.000, elles feront de l’Ordre la plus
puissante banque d’Europe, son trésor constituera la caisse centrale des
croisades.
Principales commanderies templières en
Europe : France 360, Italie 118, Espagne 59, Royaume Uni 45, Allemagne 20,
Portugal 15, Pologne 12, République d’Irlande 11, Ecosse 9, Belgique 9,
République Tchèque 5, Autriche 4.
Jusqu’à sa fin, l’histoire du temple restera
étroitement liée à la vie politique et économique de la Champagne. En quelques
années, l’organisation templière devient une extraordinaire machine, regroupée
en commanderies, réparties en 9 provinces, qui va recouvrir la
quasi-totalité de l’Europe occidentale, la France, l’Allemagne, l’Italie,
l’Angleterre, l’Espagne, la Sicile, le Portugal, l’Irlande, le Danemark et même
la Suède et la Pologne. A travers leurs milliers de commanderies ainsi
réparties, les templiers ont tenté de réaliser les Etats-Unis d’Europe. Leur puissance
tient en grande partie à leur richesse, qui résulte notamment des apports faits
par les postulants lorsqu’ils demandent à entrer dans l’ordre, chacun d’eux
apportant, la plupart du temps, ses biens dont il fait don à la communauté. Ce
sont les Templiers qui accordent les premières franchises aux communes, aux
confréries, aux compagnons. Les templiers sont également les inventeurs des
Etats Généraux. L’ordre, malgré sa hiérarchie, se révèle démocratique, puisque
cette hiérarchie est exclusivement fondée sur la valeur des hommes. Ce sont également
les templiers, qui, pour des raisons pratiques d’identification, sont à
l’origine des noms propres. Jusqu’alors chacun ne portait qu’un prénom, affublé
parfois d’un sobriquet, que l’on trouve souvent d’ailleurs dans le nom.
En
1264, les Templiers sont battus, dispersés ou faits prisonniers en Palestine,
et leur indocilité nuit aux affaires de la Terre Sainte. Etienne de Sissi,
maréchal de l’Ordre, résiste face au pape troyen Urbain
IV, qui se plaint de la conduite des chevaliers. Le Pontife, par une entreprise
jusqu’alors inouïe, le destitue de sa charge. Sissi ne peut souffrir
tranquillement cet affront, et prétendant que les papes ne se
sont jamais mêlés des affaires de l’Ordre, il fait à Urbain de très vives
remontrances. Les papes alors, n’aiment pas à être contredits. Urbain croit la
dignité pontificale outragée par cette audace, et il ne donne, pour toute
réponse, qu’une excommunication lancée contre l’auteur des remontrances. L’affaire
devient plus sérieuse. Sissi intéresse en sa faveur tout l’Ordre des Templiers
qui prend son parti contre le Pape.
Pendant
presque 200 ans, ces hommes sont pratiquement les maîtres du monde. Puis vient le
drame. Leurs richesses immenses excitent la convoitise des princes et suscitent
des légendes malveillantes, parfois immondes.
Dernier
grand maître des Templiers, Jacques de Molay, est admis en 1265, dans l'ordre
des Templiers et reçu dans la chapelle du Temple, à Beaune. A peine arrivé en
Palestine, il se distingue contre les infidèles. A la mort de Guillaume de
Beaujeu, quoique Molay ne fût pas en Orient, une élection unanime le nomme 22ème
grand maître. Il se trouve en 1299 à la
reprise de Jérusalem par les Chrétiens. Forcé ensuite de se retirer dans l'île
d'Arad et de là dans l'île de Chypre, il se prépare à rassembler de nouvelles
forces pour venger les revers des armes chrétiennes, lorsque le pape l'appelle
en France (1305). Arrivé avec 60 chevaliers et un trésor très
considérable, il est reçu avec distinction par Philippe le Bel qui le choisit
pour parrain d'un enfant. En rappelant le grand maître, la politique, qui
prépare la destruction de l'ordre, a donné pour prétexte le projet de réunir
l'ordre du Temple et celui de l'Hôpital.
Le
plan de la destruction de
l'Ordre du Temple, concertée par le roi Philippe IV le Bel et ses
agents, est caché avec tant d'adresse, que le vendredi 13 octobre 1307,
tous les Templiers sont arrêtés à la même heure dans toute la France.
L'opération a été conduite par Guillaume de Nogaret, qui arrête lui-même les
140 Templiers de Paris, accompagné de gens d'armes. Ce même matin, une
troupe de 40 hommes d’armes se présente à la commanderie de Payns, sur ordre du
bailli de Troyes. Le commandeur Ponsard de Gisy est arrêté, jeté en prison. C’est l’origine du
dicton qui veut que le vendredi 13 porte malheur. Le 29 novembre
1309, le commandeur est appelé à déposer immédiatement après le maître du
Temple, Jacques de Molay, devant la commission ecclésiastique instituée par le
pape Clément V sous la pression du roi. Il est l’un de ceux qui ont le courage
de dénoncer les tortures auxquelles ses frères et lui ont été soumis, assurant
que s’il était encore mis à la torture, il nierait tout ce qu’il vient de dire
et dirait tout ce que l’on voudrait. Il se trouve parmi les 54 templiers brûlés
comme relaps près de la porte Saint-Antoine à Paris, le 12 mai 1310.
S'assurant
habilement le soutien de l'opinion publique, le roi de France calme également
les scrupules du pape Clément V, qui prononce
l'abolition de l'Ordre lors du concile de Vienne en 1312. Lorsque Jacques
de Molay nie publiquement ses prétendus aveux le 18 mars 1314, il est jeté
au bûcher, sur lequel il aurait, selon la légende, maudit le pape, ainsi que
les rois de France « jusqu'à la treizième génération ». Le procès
dure 6 ans, 6 années pleines de revers, de difficultés, de rebondissements.
L’Inquisition créée de fraîche date pour régler le problème cathare, se charge
également des interrogatoires. Soumis à la question, les templiers subissent
les pires supplices. Par la torture, l’Inquisition arrache des aveux de toutes
sortes que les templiers s’empressent de rétracter immédiatement après. Mais,
selon la juridiction, qui rétracte ses aveux est relaps et de ce
fait passible du bûcher. Par le maniement de la torture, des aveux et du
relaps, l’Inquisition dispose d’une arme infaillible. Légalement, le roi ne
peut intervenir contre les templiers car ceux-ci dépendent de la seule autorité
du Pape. Mais, Clément V, ancien évêque de Bordeaux, doit son élection à Philippe le
Bel qui, malgré toutes les règles en vigueur, est intervenu en sa faveur,
lors de l’élection papale. Malgré cela, Clément V s’aperçoit de l’erreur qu’il
a faite. En accord avec les souverains étrangers, il tente de réagir. Deux
conciles réunis à Trèves et à Mayence déclarent les templiers innocents. Mais
il est trop tard.
C'est
donc seulement le 22 décembre 1312 que Clément V, de concert avec
Philippe le Bel, appointe trois cardinaux français, Arnaud de Farges son neveu,
Arnaud Novelli moine de Cîteaux, et Nicolas de Fréminville frère prêcheur, pour
examiner ces grands chefs. Ils sont chargés d'entendre la dernière déposition
de Jacques de Molay, et celle des trois chefs détenus avec lui, dont Geoffroy
de Charnay. Le 18 mars 1314, les quatre chevaliers sont amenés au portail
de Notre-Dame pour écouter leur sentence (ils sont en prison depuis sept
ans). Le soir du même jour, est dressé un bûcher sur une petite île de la
Seine, face aux jardins royaux, à l’endroit où se trouve la statue du roi Henri
IV. Les deux chevaliers, Molay et Charnay, montent sur le bûcher, et sont
brûlés à petit feu. L'histoire du concile de Vienne est mal connue. Mais on
devine des intrigues du roi de France pour forcer la main du pape pour escamoter
la sentence du concile. Clément V disposé à en finir dit : « Si
l'ordre ne peut pas être détruit per viam justitiae, qu'il le soit per viam
expedientiae, pour que notre cher fils le roi de France ne soit pas
scandalisé ». Mais il ne se sent pas maître des 300 pères assemblés :
il n'est sûr que des évêques français. Ceux d'Allemagne, d'Aragon, de Castille
et d'Italie, qui ont presque tous acquitté les Templiers de leurs
circonscriptions diocésaines, inclinent à instituer une discussion en règle. On
comprend alors autour de Philippe le Bel qu'il y a lieu de sortir l'ultima
ratio de la force. De Lyon, d'où il surveille le concile, et où il a convoqué
une nouvelle assemblée des prélats, nobles et communautés du royaume
« pour la défense de la foi catholique », le roi se rend à Vienne en
mars 1312, avec une armée. Il s'assoit à côté du pape. Celui-ci, raffermi,
s'empresse de faire lire, devant les pères, une bulle qu'il a élaborée en
accord avec les conseillers royaux. C'est la bulle Vox in excelso, du
3 avril 1312 : le pape avoue qu'il n'existe point contre l'ordre de
quoi justifier une condamnation canonique, mais il considère que
l'ordre n'en est pas moins déshonoré, qu'il est odieux au roi de France, que
personne n'a « voulu » prendre sa défense, que ses biens sont et
seraient de plus en plus dilapidés au grand dommage de la Terre Sainte pendant
la durée d'un procès dont on ne saurait prévoir la fin. De là, la nécessité
d'une solution provisoire. Il supprime donc l'ordre du Temple, non par voie de
« sentence définitive », mais par voie de provision ou de règlement
apostolique, « avec l'approbation du Saint Concile ». La bulle laisse
en suspens deux questions difficiles : le sort des templiers prisonniers, le sort des
biens du Temple supprimé. La curée des biens du Temple commence pendant le
procès, en dépit de la vigilance des administrateurs. En théorie, toutes les
propriétés de l'ordre sont transférées au Saint-Siège, qui les remet aux
hospitaliers, mais ce transfert fictif n'empêche pas la Couronne de retenir
la meilleure part. D'abord les dettes du roi envers l'ordre sont
éteintes, car les canons défendent de payer leur dû aux hérétiques. En outre, il saisit tout le
numéraire accumulé dans les banques du Temple. Il va plus loin
lorsque les dépouilles des Templiers sont officiellement attribuées à
l'Hôpital : il prétend que ses anciens comptes avec le Temple n'ayant pas
été réglés, il reste créancier de l'ordre pour des sommes considérables, dont
il est d'ailleurs hors d'état de spécifier le montant. Les hospitaliers,
substitués aux droits et aux charges du Temple, sont obligés de consentir, pour
ce motif, à une transaction : ils payent deux cent mille livres tournois,
et ce sacrifice ne les délivre même pas des réclamations de la Couronne, car
ils plaident encore, à ce sujet, au temps de Philippe le Long. Quant aux biens
immobiliers, Philippe le Bel en perçoit paisiblement les revenus jusqu'à sa mort, et plus tard les
hospitaliers, pour en obtenir la délivrance, doivent indemniser la
Couronne de ce qu'elle a déboursé pour l'entretien des Templiers emprisonnés de
1307 à 1312 : frais de geôle et de torture. Il paraît avéré, en résumé,
que les hospitaliers furent plutôt appauvris qu'enrichis par le cadeau fait à
leur ordre. Le grand maître de l'Ordre du Temple a toujours réclamé son
jugement, que le pape s'est réservé personnellement. Mais le pontife, craignant
la présence du grand maître, nomme trois commissaires pour le juger à Paris,
ainsi que trois autres chefs de l'ordre.
La commanderie du Temple de Paris
L’ordre du Temple disposa d’une
commanderie à Paris, sur la rive droite le long de la Seine, un peu avant le
milieu du XIIe siècle. Très tôt, l’essor du Temple entraîna la construction
d’une nouvelle maison en-dehors de l’enceinte érigée sous le règne de Philippe
Auguste (1180-1223), dans une zone marécageuse (« Le Marais »). L’Enclos du
Temple disposait d’une église en forme de rotonde, d’une grosse tour ou donjon
érigée en 1240 et haute d’une quarantaine de mètres, de maisons et de jardins
protégés par sa propre muraille. Le maître de France y résidait, ainsi que le
trésorier des provinces qui recueillait chaque année les responsions envoyées
par les maisons des provinces de France et d’Angleterre avant d’être
transférées en Orient. C’est également le trésorier du Temple qui, à partir du
début du XIIIe siècle et jusqu’à l’arrestation de 1307, fut en charge de la
garde et de la gestion du trésor royal. Ironie de l’histoire, c’est là que les
frères de l’Ordre, venus de toute la France, furent emprisonnés et auditionnés
lors de leur procès. Transmis en 1327 à l’ordre de l’Hôpital, l’enclos devint à
son tour le chef-lieu du prieuré de France.
Ce vaste ensemble délimitait un quartier
de 6 ha dont la toponymie parisienne conserve encore la trace dans le 3e arrondissement
(rue du Temple, rue Vieille-du-Temple, boulevard du Temple, rue des
Blancs-Manteaux, etc.). Il fut progressivement démantelé entre la fin du XVIIIe
et le début du XIXe siècle. En 1792-1793, c’est à l’intérieur de la tour du
Temple que la famille royale fut enfermée dans l’attente de son exécution. En
2011, des fouilles archéologiques réalisées à l’emplacement du Carreau du
Temple permirent de retrouver une partie des vestiges de l’église et du
cimetière du Temple, ainsi que du prieuré de France (XIVe-XVIIIe siècles).
Les
templiers pressentant l’imminence de l’intervention de Philippe le Bel, ont
débarrassé les commanderies de tous les documents, comptes, archives diverses
en leur possession. Que sont devenus ces documents ? Nul ne
le sait. C’est de là qu’est née la légende du trésor des templiers. A ce trésor de
documents s’ajoute le trésor constitué par les importantes sommes d’argent
déposées dans leurs coffres. Le trésor des Templiers aurait-il un caractère
spirituel et initiatique ? Que sont devenues les richesses amassées par
les Chevaliers de l’Ordre du Temple ? Il semble que le premier à en avoir
profité soit le roi Philippe-le-Bel, puisqu’il fit mettre tous leurs biens sous
séquestre. Mais il reste dans l’imagination de chacun que le véritable
trésor des Templiers, est caché quelque part ! Nul jusqu’à
présent n’a pu le découvrir. Il y eut bien au début de 1960 ce que l’on a
appelé l’affaire de Gisors. Le château de Gisors, construit par les Templiers,
est la dernière prison de Jacques de Molay. En 1946, le gardien fait une
découverte extraordinaire : une grande crypte gothique de 30 mètres sur 8 qui
contient 12 statues, 19 sarcophages, et 30 coffres de fer cadenassés. Les
autorités ne donnent pas suite, font combler les fouilles, licencient le
gardien. En 1959, ce gardien nommé Lhomoy en parle à un journaliste qui publie
un livre. La presse, la radio, la télévision s’en mêlent. Il y a les pour et
les contre. André Malraux, alors ministre ordonne l’ouverture d’une campagne de
fouilles qui commence en 1963. En 1970, des ouvriers mettent à jour un grand
bassin de bronze contenant un véritable trésor : 11 359 pièces de monnaies
anciennes frappées au XIIe siècle, époque où le château était aux mains des
Templiers. Acheté plusieurs millions de francs par l’Etat, ce trésor est au
Cabinet des Médailles de la Bibliothèque Nationale. En 1976, on découvre encore
à Gisors, une crypte de 6 mètres sur 5, et 25 mètres de souterrains orientés
vers le château. Mais, l’immense réseau de galeries qui s’étend sous la ville
reste pour la plus grande partie inexploré. Là encore, demeure le mystère.
Il
y a aussi une autre légende, je veux parler de lieux que les Aubois connaissent
bien : la Forêt d’Orient ! C’était autrefois une gastine de quelque vingt mille
hectares (gastine = terre impropre à la culture). Tout le site était
inextricable, formant de véritables labyrinthes. Perceval, le roman de Chrétien
de Troyes, s’amalgame curieusement à cette partie du territoire, Forêt du
Temple, la Loge Lionne, la Loge-aux-Chèvres, Maurepaire... La légende dit que le trésor des
Templiers est caché dans ce lacis d’eau, de chemins, de gués et de
buttes, dans ce qui forme un espace triangulaire entre Troyes, Payns,
Clairvaux. Nous savons que le Temple acheta 2 500 arpents de bois près
d’Amance. Cette donation, faite par Raoul le gros, dit Crassus, est relatée
dans l’acte établi par l’Evêque de Troyes Hatton, au Concile de Troyes de
1128. Elle constitue la 1ère donation au Temple et situe la
date d’établissement des Templiers en France. De nombreuses commanderies se
situent dans les environs de la forêt d’Orient : 2 abbayes (Larrivour et
Basse-Fontaine) et 2 baylies (Payns et Thors) à l’ouest et à l’est, font de
ce secteur un haut lieu templier. La forêt, Saint Bernard, les Templiers,
Perceval… La forêt d’Orient serait-elle au cœur ou plutôt le secret du Temple ne
serait-il pas au cœur de la forêt d’Orient ?
De
nombreux mystères non encore éclaircis sont nés de cet Ordre des Templiers, et
parmi eux, il y a la mystique des nombres. Le chiffre 3 était
un nombre symbolique de l’Ordre. Le triangle (repris par les francs-maçons),
parait dans toutes les figures que les Templiers nous ont laissées et on est
frappé par leur prédilection pour le chiffre 3 :
-
lors de sa réception, le postulant devait se présenter 3 fois avant d’être
admis par le Chapitre,
-
il faisait 3 vœux,
-
les Chevaliers prenaient 3 repas par jour,
-
ils mangeaient de la viande 3 fois par semaine,
-
ils observaient 3 grands jeûnes dans l’année,
-
ils étaient tenus de communier 3 fois,
-
au cours de 3 adorations de la Croix,
-
dans toutes les Commanderies ou Maisons de l’Ordre, l’aumône se faisait 3 fois
par semaine,
-
chaque Templier avait 3 chevaux,
-
il y avait 3 façons de punir les coupables,
-
jetés au cachot, ils étaient flagellés 3 fois,
-
un Templier se devait d’accepter le combat seul contre 3,
-
et de subir 3 fois l’assaut de son adversaire en combat singulier, avant de
prendre à son tour l’offensive....
En
agissant de la sorte, les Templiers honoraient la Très Sainte et Indivisible Trinité,
les 3 hypostases : Père, Fils et Saint-Esprit, mais aussi les 3 Logos, les 3
âmes de Platon, la manifestation parfaite de l’unité.
Symbole
du Mystère de la Trinité, le chiffre 3 multiplié par lui-même donne 9,
nombre de l’accomplissement. C’est ainsi que les fondateurs de l’Ordre
-
sont au nombre de 9,
-
qu’ils prennent l’habit religieux au bout de 9 ans,
-
que le nombre des Provinces fut fixé à 9,
-
lors du procès, les Templiers choisirent 9 des leurs pour présenter la défense
de l’Ordre,
-
et ce fut encore 9 Templiers qui se présentèrent dans le même but devant le
Concile de Vienne.
Ont récemment été découverts, des textes fondateurs de l’ordre des « Pauvres chevaliers du Christ et du Temple de Salomon », contenus dans les 9 manuscrits actuellement subsistants.
Mais vous pouvez toujours profiter de vos temps libres, muni d’un détecteur, pour parcourir la « Forêt du temple » entre La Villeneuve-au-Chêne et la Loge-aux-Chèvres pour y rechercher et pourquoi pas y trouver le « Trésor des templiers » !!!
En
novembre 2015, le Conseil Général, qui avait racheté à des propriétaires
privés, en 2008, la Commanderie templière d'Avalleur, fait la réhabilitation du
corps de logis de ce site exceptionnel. Ce corps de logis porte les armes de
Jean de Choiseul, commandeur d'Avalleur de 1510 à 1526. Il y a des
fresques du XIIIe siècle sur un pignon et une cheminée du XVIe siècle. La
Commanderie d'Avalleur est l'un des rares ensembles Français conservés de
l'époque templière. Elle se compose entre autres, d'une chapelle du XIIe
siècle classée au titre des monuments historiques en 1921.
Francs-maçons et néotempliers : le mythe d’une
survie secrète du Temple prend forme au XVIIIe siècle, au moment de
l’apparition de la franc-maçonnerie, dans le contexte d’un imaginaire
chevaleresque encore vivace. L’idée d’une convergence entre les idéaux de la
chevalerie médiévale et ceux de la franc-maçonnerie se précise, en 1736,
lorsque le chevalier écossais Ramsay établit une filiation entre croisés et
francs-maçons. Le lien avec les templiers est fait, vers 1760, par des maçons
allemands qui introduisent dans les statuts de leurs loges des hauts grades
d’origine soi-disant templière, afin d’en renforcer le caractère
hiérarchique : ils revendiquent en outre l’héritage de la sagesse des
constructeurs du Temple de Salomon, reçu jadis par les templiers et transmise
depuis, secrètement, par une chaîne ininterrompue de grands maîtres.
Ce « bobard templier » (selon l’historien de l’ésotérisme
Antoine Faivre) est à l’origine du courant « néotemplariste » qui
prospéra au XIXe siècle, à partir des initiatives et des faux forgés par deux
maçons, le docteur Ledru et Fabré-Pellaprat, en 1804 : le second se
proclama grand maître d’un ordre du Temple jamais disparu, que le premier
légitima en fabriquant une charte de transmission qui le reliait à Jacques de
Molay. L’ordre de Fabré-Pélaprat se détache ensuite de la franc-maçonnerie, connaît
divisions et schismes pour aboutir à une floraison de sectes de tout genre, qui
ont été « inventoriées » de façon humoristique par Umberto Eco
dans son « Pendule de Foucault ».
Le pectoral du Grand Prêtre Aaron
Les PIERRES du PECTORAL (et de la nouvelle
Jérusalem) ?
URIM
THUMMIM, le jugement de Dieu dans la Bible ?
Une marque sacrée imprimée dans notre Culture !
Sachant que ce bijou est très précisément décrit
dans le livre Exode XXVIII, verset 15-30, nous suspectons très fortement que
les chevaliers (futurs templiers) l'ont reconstruit lors de leur premier séjour
de fouilles à Jérusalem.
De retour en France, ils offrent le pectoral au Pape
(pouvoir spirituel) et au Roi (pouvoir temporel) et ils sont autorisés à créer
l'ordre de Templiers avec St Bernard.
Nous retrouverons ensuite les représentations du
Grand-Prêtre (statues, vitraux) avec le pectoral sur les façades des cathédrales,
comme celle de Reims, mais le pectoral est tourné d' 1/4 de tour avec 4
colonnes, 3 lignes alors que l'original
est 3 colonnes, 4 lignes.
Il reste cependant un mystère concernant ce qui accompagne le pectoral lorsque le Grand-Prêtre demande le jugement divin, il s'agit de l'Urim et le Tumim...
voir : Grand pectoral d'Aaron
Les Hospitaliers de Saint-Jean de
Jérusalem :
Ceux-ci,
ont été créés en 1120, pour recueillir et soulager les pèlerins dans cette
ville. Ils comprennent des chevaliers, des frères-sergents ou servants,
des frères prêtres ou chapelains et des religieuses. A partir du XIVe siècle,
les religieuses hospitalières vivront complètement à part dans des monastères
qui leur étaient spécialement affectés, mais soumises à la direction des grands
maîtres. Après leur repli de Terre Sainte, les hospitaliers s’établirent à
Chypre, puis Rhodes en 1310, et enfin à Malte en 1530. Ils abandonnent Malte en
1798, après une capitulation signée sous l’œil de Bonaparte. Cet ordre
parait avoir eu le plus grand rayonnement hospitalier dans l’Aube. Noël
Brûlart de Sillery Commandeur du Temple de Troyes pendant 40 ans (son
portrait sur bois est au trésor de la cathédrale) est un des principaux
personnages de la France sous Louis XIII (son frère Nicolas fut un des
hommes de confiance de Henri IV, dont il négocia le mariage avec Marie de
Médicis, Garde des sceaux, chancelier de France, un des principaux membres du
gouvernement de la régente). Sa demeure était La Commanderie, rue du Temple
(Général Saussier).
Aujourd’hui,
les hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem devenus l’ordre de Malte,
poursuivent encore leur action hospitalière séculaire.
L’Ordre Teutonique :
Vers 1190, des chevaliers allemands fondent « l’Ordo Sanctus Mariae Teutonicorum ». Ils établissent leur maison mère à Saint-Jean d’Acre. Voués à la Vierge, ils portaient un manteau blanc à croix noire sur l’épaule gauche. Les frères de Sainte-Marie des teutoniques se divisaient en chevaliers, tous nobles, et en prêtres, les uns et les autres de langue allemande. Dès le XIIIe siècle, la nouvelle mission des teutoniques sera de conquérir la Prusse païenne et d’étendre la pénétration allemande vers l’Est. De Terre Sainte, le siège de l’ordre sera transféré à Vienne, puis en 1309, à Marienburg. Les teutoniques posséderont des établissements et des biens en Italie, en Sicile et en Champagne.
L’ordre de la Sainte-Trinité, des
Mathurins ou des Trinitaires :
L’ordre de la
Sainte-Trinité fondé en 1198, a pour mission, de racheter les
captifs, tombés aux mains des Maures et des Sarrasins. Il put apprécier dès sa
fondation, la bienveillance des Comtes de Champagne. L’un des deux
fondateurs est saint Félix de Valois (1127-1212), neveu du comte Thibaut
II. En 1239, Simon le Trinitaire était chapelain de Thibaut IV.
Le grand maître fut toujours un français. Les Troyens sont témoins de leurs
actions, avec des processions solennelles (aux XVIe et XVIIe siècles) au cours desquelles figurent
des prisonniers libérés. De nos jours, les trinitaires sont environ 600,
dont 400 prêtres, qui se consacrent à des activités caritatives, dont l'accueil
des prisonniers. Cet ordre avait une branche féminine possédant deux établissements
(Perpignan et Paris).
Les Antonins :
Les Antonins sont un ordre hospitalier de création française. A la fin du XIe siècle, un gentilhomme bâtit un hôpital à la Motte-Saint-Didier, près de Vienne, proche d’une église dédiée à saint Antoine. Les Antonins doivent leur installation à Troyes en 1264 à Troyes, au comte Thibaut V. Le pape troyen Urbain IV approuve cette société et encourage l’action hospitalière de son premier grand maître et fondateur des pèlerins, des malades et des pauvres. En 1298, Boniface VIII érige le prieuré en abbaye. Les antonins, chanoines réguliers, vivent alors sous la règle de saint Augustin. Leur maison de Tonnerre fut unie à la commanderie de Troyes en 1545. L’ordre fut réformé par son 23ème abbé, au XVIIe siècle, Antoine Tolosain. L’ordre fut supprimé et incorporé à celui de Malte par bulle du 17 septembre 1776. Les antonins du faubourg Saint-Martin à Troyes, furent réunis à l’ordre de Malte au mois de juillet 1777. Lors de la Révolution française, ils étaient encore 66 dans leur communauté.
Les Hospitaliers de Roncevaux :
Un vaste monastère « La Royale Collégiale de Roncevaux » en Navarre, fut la maison-mère de cet ordre hospitalier militaire. L’église actuelle, du XIIIe siècle, renferme les restes mortels des preux de Charlemagne. Les Hospitaliers de Roncevaux possèderont un temps la maison-Dieu le Comte à Bar-sur-Seine. Un mandement de Philippe le Bel les nomme en cet endroit en 1298. Ils administreront la maison-Dieu de Braux, doyenné de Margerie, fondée par Régnault, frère du comte de Bar. Thibaut V donne à l’Hôpital de Braux « 200 livres de rente ». Pierre de Roncevaux était aumônier et vice-chancelier de notre comte Thibaut V en 1259. Thibaut V date d’ailleurs une de ses libéralités de Roncevaux en Navarre, le 13 janvier 1256.
Les Hospitaliers du Saint-Esprit :
Cette communauté charitable fut créée en 1160, pour l’assistance aux infirmes et aux malades de l’hôpital de Montpellier. Il fut constitué en ordre religieux militaire et hospitalier composé de clercs et de laïcs. Il abandonna très vite son orientation militaire pour ne se consacrer qu’à la vie hospitalière. Le pape autorisa son grand maître à recevoir dans l’ordre des chevaliers laïcs, même mariés. En 1672, Louis XIV unit les biens de différents ordres dont celui des hospitaliers du Saint-Esprit, à l’ordre des chevaliers de Notre-Dame du Mont-Carmel et de Saint-Lazare.
L’Ordre militaire et hospitalier de
Saint-Lazare :
Fondé à Jérusalem vers 1120, il serait le plus ancien ordre religieux militaire et hospitalier. Ses premières années de fondations charitables l’orientèrent principalement pour l’assistance aux pèlerins et le secours médical aux lépreux. Implanté en France par Louis VII, protégé par Louis IX, l’ordre fonda de nombreuses léproseries en occident. Son grand maître fut un lépreux jusqu’en 1244. On a parlé de 15.000 lépreux séquestrés en France, sur un total de 100.000au XIIIe siècle. Des documents du XIVe siècle signalent l’établissement en France de 1.500 léproseries, maladrerie. L’ordre de Saint-Lazare possédait de par le monde, près de 300 établissements hospitaliers avant le XVe siècle. L’ordre fut incorporé à celui de Notre-Dame du Mont-Carmel en 1608. Ces deux ordres réunis absorbèrent celui de Saint-Esprit sous le gouvernement de Louvois, son grand maître.
Pour
le seul département de l’Aube, on dénombrait en 1855, plus de 60 anciens établissements hospitaliers.
Les
finances de ces ordres caritatifs, l’intelligente gestion de leurs biens ruraux
et citadins, donnèrent à notre département, une impulsion permanente, de
la période médiévale à celle de l’ancien régime. De nombreux privilèges étaient
attachés aux fondations charitables des ordres hospitaliers. Chaque
établissement était patron d’une chapelle ou d’une église. La destination
charitable de la fondation était perpétuelle. Un droit d’asile et d’inviolabilité
lui était reconnue. Chaque hôpital possédait un campanile indiquant ainsi son
droit de cloche. La mise en valeur, par ces différents ordres hospitaliers de
leurs riches propriétés immobilières, terres, vignes, fut très souvent
remplacée par un faire-valoir leur permettant d’en retirer des rentes.
Dans
un monde médiéval enfiévré d’idéaux en conflits, ce fut une des gloires de la Champagne
de comprendre la valeur de l’appel hospitalier.
Nous
pouvons dire, que nos ordres hospitaliers ont largement anticipé sur notre
« aide médicale », et furent un facteur de progrès médical et
pharmaceutique.
Localisations
auboises des Ordres Religieux, Militaires, Hospitaliers :
A = Antonins, H = Hospitaliers de
St-Jean de Jérusalem, R = ordre hospitalier de
Roncevaux, SE = Hospitaliers du Saint-Esprit, SL =
Hospitaliers de Saint-Lazare, T = Templiers, TM =
Trinitaires Mathurins, Tt = Teutoniques.
Attelles T, Arrentières T, Avalleur T, Bar-sur-Aube T H SE SL, Bar-sur-Seine R TM SE, Beauvoir (Chaumesnil) Tt, Beauvoir (Fontette) T, Bonlieu (Piney) T, Bouilly T, Braux RH, Brienne-le-Vieille SL Tt, Brienne-le-Château SL Tt, Buxières-sur-Aube T, La Chapelle-Vallon T, Chappes T, Chaumesnil T, Chaussepierre T, Cormost TM, Errey (Messon) T, Espincey T, Essoyes SL, La-Forêt-Chenue (Saint-Phal) T, Fresnay T, La Gloire-Dieu RM, Gerbau (Rigny-le-Feron) T, Herbisse SL, L’Hopitau Maison d’Orient (Géraudot) H, La Loge-Bazin (Amance) T, La Loge-Lione Loge d’Orient (Brevonnes) T, Marigny-le-Châtel H, Menois T, Mesnil-Saint-Loup T, La Milly (Brevonnes) T, Le Pavillon T, Le Perchois (Saint-Phal) H, Petit-Volours (Nogent-en-Othe) T, La Picarde (Géraudot) T H, Resson (La Saulsotte) T, Rigny-le-Feron T, Rosnay-l’Hôpital H, La Rothière T, Sancey (St-Julien-les-Villas) T, Savières T, Serres-les-Montceaux T, Sivrey (Auxon) T, Saint-Phal T, Troyes T HA TM, Vallée (Bercenay-en-Othe) T, Villemaur SL, Ville-sur-Terre T, Le Temple de Villiers (Verrières) T.
L’Ordre
Teutonique
C’est d’après des documents inédits, conservés aux
Archives de l’Aube, que nous pouvons parler de l’Ordre Teutonique en France.
L’institution
de l’Ordre Teutonique remonte à la troisième croisade et à l’année 1190. Il fut
initialement un hôpital fondé en Terre Sainte, devant les murs de
Saint-Jean-d’Acre, pour soigner les pèlerins germaniques, originaires de Brême
et de Lübeck.
L’Ordre
est reconnu comme ordre hospitalier, en 1191, par le pape Clément III, et
réorganisé en ordre militaire en 1197-1198, reconnu officiellement par le pape
Innocent III en février 1199.
C’est
de la cinquième croisade, des années 1218 et 1219, et des relations établies
alors sur les bords du Nil, entre cet ordre et quelques chevaliers français,
que paraissent dater les actes les plus anciens par lesquels des biens situés
en France aient été donnés à cet Ordre.
Les
auteurs de ces libéralités furent : Milon III, comte de Bar-sur-Seine, et
Gauthier son fils, Erard, seigneur de Chassenay, André de Montbard seigneur
d’Epoisses, Eudes de Chatillon et Jean d’Arcis.
Ces
hauts barons faisaient partie d’une armée chrétienne qui, sous le commandement
de Jean de Brienne, assiégea Damiette et le prit après de longs efforts, pour
le perdre presque aussitôt. Le débarquement sur les côtes d’Egypte eut lieu le
12 mai 1218.
Le
24 août les croisés s’emparèrent d’un ouvrage avancé et d’une tour. Le légat
arriva avec des renforts à Pâques suivant, le 7 avril 1219. Le 29 août, les
chrétiens allèrent attaquer les Sarrasins dans leur camp et se firent battre.
Damiette se rendit au début novembre. Cette ville retomba au pouvoir des
Musulmans en 1221.
Milon
III, comte de Bar-sur-Seine, André de Montbard, seigneur d’Epoisses et Jean
d’Arcis, furent du nombre des chevaliers qui débarquèrent sous les murs de
Damiette à Pâques suivant, en avril 1219.
Dans
la bataille du 29 août, André de Montbard, Eudes de Chatillon et Jean d’Arcis,
restèrent prisonniers aux mains des Sarrasins. Jean d’Arcis est mort en
captivité, peu de temps après. André de Montbard et Erard de Chassenay furent
plus heureux et revinrent en France.
Milon
III, comte de Bar-sur-Seine, était en même temps seigneur du Puiset
(Eure-et-Loir). Devant Damiette, peu de temps avant de mourir, avant le 17 août
1218, il donna des biens, de concert avec son fils, à l’Ordre Teutonique, ou,
comme on disait alors, à « la maison de l’Hôpital des Teutoniques dans
Jérusalem ». Sa veuve y ajouta des biens à Saint-Maur.
En échange de tous ces biens, Simon, seigneur
de Rochefort et du Pariset, céda, en 1225, à l’Ordre Teutonique ce qu’il
possédait à Neuvy-en-Beauce.
La même année, Marguerite dame d’Apremont et Hugues,
son fils, approuvaient cet échange. En même temps, l’Ordre Teutonique acquérait
dans une paroisse voisine de Neuvy-en-Beauce, l’ermitage de Saint-Michel. Cet
ermitage avait été fondé par Milon III, comte de Bar-sur-Seine, au commencement
du XIIIe siècle.
Une confirmation de Regnauld de Bar, évêque de
Chartres, date de mars 1201. Sévin, premier et dernier supérieur des ermites de
Saint-Michel, fit en 1225, abandon à l’Ordre Teutonique de ses droits sur cette
maison.
La donation faite par Erard, seigneur de Chassenay,
à l’Ordre Teutonique, suivit celle du comte de Bar-sur-Seine à près d’un an
d’intervalle. Elle eut lieu en juillet 1219. Erard donnait 20 livres de rente à
prendre sur ses biens. Prisonnier des Sarrasins à la désastreuse bataille
devant Damiette, le 29 août 1219, André de Montbard donna à l’Ordre Teutonique
20 livres de rente à prélever sur les revenus de ses terres. La charte
originale, écrite et scellée au camp des Musulmans, existe encore aux Archives
de l’Aube.
Dans le diocèse de Troyes, une donation de Jean
d’Arcis fut le point de départ des acquisitions de l’Ordre. Jean d’Arcis,
beau-père d’André de Montbard, fait comme lui prisonnier dans la même bataille,
donna comme lui 20 livres de rente à l’Ordre Teutonique. Cela est confirmé dans
une charte donnée par Marie, dame de Turny, veuve de Jean d’Arcis, le 6
décembre 1222. Les rentes données par Jean d’Arcis, lui étaient dues sur les
foires de Troyes.
Le second bienfaiteur de l’Ordre teutonique dans le
diocèse de Troyes, fut Gautier IV, comte de Brienne, neveu de Jean de Brienne,
roi de Jérusalem. Il donna à l’Ordre Teutonique, en 1224, la grange de Boiennès
(aujourd’hui Bugney), près de Brienne-la-Vieille, en 1231, l’Hôtel-Dieu de
Brienne-le-Château et 300 arpents de terre à défricher dans son bois de
Chaumesnil.
L’Ordre Teutonique défricha une partie de ces terrains et y fit bâtir la
commanderie de Beauvoir, qui fut longtemps le chef-lieu de ses possessions en
France. Beauvoir, dans le diocèse de Troyes, était un des quatre points
centraux de l’Ordre Teutonique en France. Beauvoir est situé dans l’Aube,
arrondissement de Bar-sur-Aube, canton de Soulaines, commune de Chaumesnil.
Sa fondation date des donations faites par Gautier
IV, comte de Brienne en 1231. En 1255, frère Barthélemy était « maître de
l’hôpital de la bienheureuse Vierge des Teutoniques dans le royaume de France
», et donna une vigne située près de Brienne et dépendant de la commanderie de
Beauvoir.
En 1270, le comte Hugues de Brienne affranchit du
droit de moulin banal, le moulin à vent construit par les religieux de l’Ordre
Teutonique. Au XIIIe et au commencement du XIVe siècle, cette maison posséda
une communauté de frères ou religieux de l’Ordre Teutonique.
En 1390, un acte dit « qu’il n’y a pas dans la
maison un nombre de religieux suffisant pour faire le service divin, et
l’église tombe en ruines ». La commanderie de Beauvoir est la seule que l’Ordre
Teutonique possédait en France, et « les maisons qui en dépendent, sont séparées
d’elle, par des distances considérables ». De là des frais d’administration
beaucoup trop considérables, eu égard à la modicité des revenus. D’ailleurs, la
guerre a détruit une partie des bâtiments, et les autres tombent en ruine. Le
23 avril 1501, il est dit que « L’Ordre Teutonique a intérêt à se défaire de
propriétés onéreuses », et le nom de « France » ne paraît plus dans les titres
portés par les supérieurs dans les actes de l’Ordre Teutonique.
Bons-Hommes, Trinitaires ou Mathurins
La communauté
des Trinitaires ou Mathurins, est d’abord connue sous le vocable
de prieuré de Saint-Jacques, dans le faubourg qui porte toujours son nom
aujourd’hui. Ce
prieuré conventuel de l’ordre de Saint Benoît est créé en 910. Il est réuni à la Trinité de la
Rédemption des Captifs, et son supérieur est nommé par le général des
Mathurins. C'est la
plus ancienne institution officielle de l'Église catholique romaine consacrée
au service de la rédemption sans armes à la main.
Du
temps de notre comte, Henri le Libéral (1151-1181), gendre du roi
Louis VII (1137-1180), ils sont en 1168, dans la forêt
d‘Aumont.
En 1198, des
Champenois participent aux combats sur le sol de la Palestine, pour la
délivrance du Saint-Sépulcre, dont les 2 fils de la comtesse Marie de
Champagne, Henri II et Thibaud III. Les batailles sont
meurtrières et laissent de nombreux combattants prisonniers et souvent malades.
C’est
alors qu’apparaissent deux hommes exceptionnels qui proposent aux autorités
religieuses la création d’un ordre pour « le rachat des captifs
tombés aux mains des infidèles » : saint Félix de Valois (neveu de notre comte Thibaud II), et saint Jean de Matha. Ce dernier
avait eu une vision : celle d’un cerf blanc, venant se désaltérer, muni
d’une croix rouge et bleue, semblable à celle déjà entrevue à une fontaine lors
d’une apparition antérieure au cours de laquelle l’ange du seigneur,
porté par un nuage, avait à ses pieds dans une posture de suppliant, deux
esclaves chargés de chaînes, l’un maure, l’autre chrétien. « Les vêtements
de l’ange étaient blancs comme la neige, il portait sur la poitrine une croix
aux 2 couleurs, rouge et azur ». Elle deviendra l’emblème de l’ordre des
Trinitaires.
Cet
ordre prend le nom de la sainte Trinité, « parce que Dieu lui-même en
avait provoqué la fondation par des visions miraculeuses ».
Les
premières règles de l’ordre sont approuvées par le Pape Innocent III
(1198-1216), ancien condisciple de Jean de Matha à l’université de Paris, en
novembre 1198. L’ordre a pour mission le rachat des prisonniers
tombés aux mains des corsaires maures et les soins à donner aux malades.
Le
triple but exigé des religieux est abnégation, obéissance,
désintéressement, de là 3 vœux de pauvreté, chasteté, obéissance.
Protégés
par Philippe Auguste (1182-1223), les Trinitaires viennent s’installer à Paris
en 1209, près d’une chapelle placée sous le vocable de saint Mathurin,
d’où ils prennent alors le nom de Mathurins.
Les
Trinitaires sont des chanoines suivant la règle de saint Augustin. A leur tête,
il y a un directeur général, désigné sous le nom de Ministre et plusieurs
supérieurs provinciaux soumis au Ministre, mais ayant eux-mêmes, sous leur
autorité, des supérieurs locaux pour chaque maison de l’ordre.
Les
ressources sont divisées en 3 parties : la rédemption des captifs, le
soulagement des pauvres, l’entretien des religieux, d’où les prescriptions
touchant la nourriture, le vêtement et les voyages. D’après ce dernier point,
on les appelait les « frères aux ânes », parce qu’il leur était défendu
(tout au moins au début), de voyager à cheval.
Pour
entrer dans l’ordre, il fallait avoir 20 ans révolus. Les couleurs de leurs
habits étaient le blanc de la soutane (représentant le Père Eternel),
le bleu (personnifiant le fils de Dieu dans sa Passion) et le rouge
(pour le Saint-Esprit qui embrase les cœurs). Ainsi tout rappelant la
Trinité, ils en prirent le nom.
En 1213, un premier
couvent est créé dans l’Aube, à Neuville-sur-Seine. Les Trinitaires se
transporteront ensuite à Courteron, sur le site de la
Gloire-Dieu, entre 1234 et 1240.
En
1259, sept de ces religieux, connus sous le nom de Bons-Hommes,
Trinitaires ou Mathurins, ordre créé pour qu'ils vivent en ermites dans de
petites cabanes en une vie très mortifiée, viennent établir leur maison à l’entrée du faubourg de Preize, à un
emplacement occupé anciennement par les Cordeliers.
Le
comte Thibaud V (1253-1270), gendre du roi Saint Louis (1226-1269) les dote de biens : prébende sur l’église de Saint-Etienne,
vignes à Buxeuil... Il leur donne des bois dépendant de la forêt
d’Ile Aumont, qu’ils défrichent et y établissent une grange connue sous le nom
de Trinité ou des Bons-Hommes, et ils ont le droit de prendre
dans la forêt, le bois nécessaire, tant pour le chauffage de leur maison, que
pour la construction et la réparation de leurs bâtiments situés tant à Troyes
qu’à leur grange.
En 1261, l’évêque de Troyes, Nicolas de Brie (1233-1269) autorise les Trinitaires à recevoir des offrandes. Thibaud V concède aux Bons-Hommes un droit de pêche dans les fossés de la ville.
Le
troisième prieuré est à Bar-sur-Seine, en 1303.
Dans
leur église, située hors des fortifications, les tisserands de toiles de Troyes
ont leur confrérie.
Lors
de la guerre engendrée par la Ligue, le couvent est détruit en 1590,
pour la défense de Troyes, contre les troupes d’Henri IV (1572-1610).
Les
chanoines sollicitent alors le maire et les échevins pour s’installer dans
l’hôpital du Saint-Esprit, mais cela leur est refusé le 9 mai. Cependant, ils
obtiennent un logement à l’hôpital de la Trinité (Hôtel de Mauroy).
Ils sont autorisés d’en percevoir les revenus, à condition « d’en
acquitter les fondations et les charges », c’est-à-dire de pourvoir à
l’instruction des enfants recueillis à l’hôtel de l’Aigle, autre
appellation de cet hôtel. En 1593, les Trinitaires disent que l’air qu’ils
respirent dans cette demeure est contagieux. Ils sont autorisés d’en sortir en
1594 pour se retirer au prieuré Saint-Jacques, de l’ordre de Cluny, sous
réserve de l’accord du pape Clément VIII (1592-1605), qui leur est donné en
novembre 1594. Ils en auront la jouissance jusqu’à la Révolution.
En
1735, l’état de vétusté des bâtiments (très humides, un plafond bas
menaçant ruine), incite le prieur à solliciter du Général de l’ordre,
l’autorisation de les reconstruire. Mais pour cela, il faut attendre l’acte
capitulaire de 1775. L’architecte choisi est celui de la Princesse de Monaco,
pour qui il construisit un hôtel particulier. Le nouvel édifice, d’une
longueur de 24 mètres « sera construit en pierre de Savonnière et craie.
Les voûtes devront être recouvertes d’ardoises, et il y aura la place de 5
stalles pour les chanoines, de chaque côté de la nef ». Les bâtiments
sont bénis par l'évêque de Troyes, Claude-Mathias-Joseph de Barral (1761-1790),
ministre de cette maison, le 30 mars 1783.
Comme
toutes les Maisons religieuses, le couvent des chanoines réguliers de l’Ordre
de la Sainte-Trinité pour la Rédemption des captifs, situé au faubourg
Saint-Jacques, est vendu à la Révolution. Les bâtiments sont adjugés pour
50.000 livres. Le clocher est rapidement sacrifié et démoli. Les 3 cloches
avaient été transportées à la Monnaie de Paris et le mobilier dispersé en 1791.
Après
différents acquéreurs, les bâtiments achetés en 1884 pour une filature de
laine, seront repris en 1891, par Monsieur Rebours « La chocolaterie de
l’Est » et les produits seront vendus avec la devise des comtes de
Champagne : « Passavant le Melior » (je suis allé en classe et
fait du scoutisme avec ses petits-fils pendant 20 ans et leurs parents étaient
amis de mes parents). Les bâtiments seront détruits par le bombardement
aérien, le matin du 14 juin 1940. Ainsi disparaîtront sous les
décombres, les derniers souvenirs des Trinitaires à Troyes, et
l’emplacement deviendra la place de l’Europe.
Les habitants de Troyes sont témoins des actions des Trinitaires pour les captifs, durant les années 1660, 1720, 1730, avec des processions solennelles au cours desquelles figurent des prisonniers libérés. Pour donner un caractère plus dramatique à ces manifestations publiques, les captifs sont maintenus enchaînés et conduits par deux enfants « habillés en ange », comme sur le tableau de l’église Saint-Jean.
Le 19
avril 1720, une procession eut lieu à Troyes, avec 46 « esclaves »
rachetés à Alger.
Ils
sont accueillis à la cathédrale par l’évêque de Troyes, Jacques-Bénigme Bossuet
(1716-1742), neveu et filleul du Grand Bossuet.
Le
soir de leur arrivée, le maire M. Toussaint-Nicolas Gouault (1719-1724) leur
envoie le « présent de ville doublé », soit 24 bouteilles de très bon
vin, et le dimanche au soir « un mouton entier qui pesait tout vide qu’il
était, 70 livres, et des poulets, poulardes, pigeonneaux, lapereaux, jambon,
gâteaux… ».
En
1792, les religieux Mathurins refusent de prêter le serment imposé
par le décret du 27 novembre 1791 (sur les 27 religieux, 15 sont restés
fidèles, et sur les 59 ecclésiastiques, il y eut 38 refus).
Le
rachat des captifs était onéreux. Aussi, pour répondre aux
besoins des Trinitaires, ceux-ci obtenaient la permission de
quêter. Il existe aux
archives départementales de l’Aube un document daté du 18 janvier 1737, donnant
permission aux Trinitaires de solliciter la charité publique.
La
présence des Trinitaires au prieuré de la Gloire-Dieu remonte au
XIII° siècle. Ce prieuré, ainsi que celui de Bar-sur-Seine, dépendait
hiérarchiquement de celui de Troyes. Les bâtiments de la Gloire-Dieu
furent vendus comme biens nationaux, à la Révolution, en 1791, et
sont les seuls en 2016 à rappeler dans l’Aube le souvenir de l’ordre pour
la Rédemption des prisonniers en Barbarie.
L’histoire
de l’Ordre des Trinitaires à Bar-sur-Seine se confond avec celle de la
Maison-Dieu ou hôpital Saint-Jean-Baptiste, fondée en juin 1210, par Milon IV
Du Puiset, comte de Bar-sur-Seine. Ce denier avait aboli le servage en 1195. Il
mourut à Damiette en juin 1219. Un de ses fils, Guillaume, Grand-maître de
l’ordre du Temple, était mort avant, au même siège. Le prieuré de la
Gloire-Dieu, ainsi que celui de Bar-sur-Seine, dépendait hiérarchiquement, de
celui de Troyes. A la Révolution, les bâtiments furent vendus comme biens
nationaux. A la Chapelle, dite l’église de la Maison-Dieu, l’on fabriqua du
salpêtre pour la Nation, puis elle fut démolie et sur son emplacement fut
édifiée au XXe siècle, l’église du nouvel hôpital.
Au
temps de leur splendeur, les Trinitaires comptaient 250 maisons. En 1768, il
n’en existait plus que 93.
Aujourd’hui,
il n’y a plus de religieux à Troyes, mais cet ordre aide toujours les
prisonniers et les captifs de toutes sortes. 600 religieux sont disséminés dans les pays
suivants : Madagascar (où ils sont particulièrement dynamiques), Inde,
Canada, Italie, Espagne, France (où il y a une douzaine de religieux en
2018), États-Unis, Mexique, Corée du sud, Porto-Rico, Colombie, Brésil, Pérou,
Bolivie, Chili, Argentine, Pologne, Congo, Gabon et Autriche.
Pour aller plus loin voir : Château des Comtes de Champagne à Troyes
: Maison Templière à Verrières
: Possessions Templières dans le département de l'Aube (10)
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