Eglise
Saint-André de Saint-André-les-Vergers
Montier-la-Celle, Saint-Michaut "alias
Saint-Michel" (l’église paroissiale de Saint-Michel, debout dès le IXe
siècle, disparut dans le cours du XVIe, avec les habitants de la paroisse, dont
le territoire est compris dans celui de la commune de Saint-André),
Saint-André, sont trois noms inséparables. De la célèbre abbaye, de l’antique
église et du village, c’est le village qui a survécu. Le vieil édifice primitif
de Saint-Michel n’a laissé ni traces ni vestiges. Saint Frobert désirant se
retirer dans un endroit solitaire à proximité de Troyes sa ville natale,
choisit le lieu-dit "insula Germanic ", dit aujourd'hui l’Ile
Germaine, avec la permission de Clovis II, et s’y installe avec ceux qui le
suivent. Il fonde la glorieuse Abbaye de Montier-la-Celle en 650, dont relèvent
17 prieurés, 30 églises paroissiales. Mais, malgré sa célébrité, malgré les
Patriarches, les Archevêques, les Evêques, les Abbés sortis de son sein, et le
nombre de ces savants qui ont porté si haut la renommée scientifique des
Bénédictins, elle s’écroule sous l’influence des temps et des événements (On
peut citer : Saint-Robert de Molesme qui était prieur de Montier-la-Celle,
fonde l'abbaye de Molesme, puis se rend à Citeaux où il fonde une abbaye qui
donne naissance à l'ordre des Cisterciens. Saint-Remi de Reims, qui finit Archevêque
de Chartres).
Saint-André rappelle un établissement dont nos ancêtres s’écartaient avec effroi : ils refusaient de passer par la petite porte à l'ouest de son église, car saint André donnait accès aux lépreux guéris de la Maladrerie des Deux-Eaux, connue sous le nom de Saint-Lazare, hospice établi depuis le XIIe siècle, à l’entrée de Bréviandes (sur le finage de Rosières qui dépendait de Saint-André), et détruit en 1733.
La paroisse sise dans la « Présentation » de l’abbaye, est donnée à celle-ci par Hugues évêque de Troyes. En 1071, Philippe 1er confirme cet acte. Mais, 7 siècles plus tard, la « manse abbatiale » est réunie à l’évêché. La Paroisse de Saint-André passe alors sous l’autorité directe de l’évêque de Troyes, Mgr Barral. L’Abbaye est vendue et détruite en 1791. Dans le même temps et dans les mêmes circonstances disparait l’Abbaye de Notre dame des Prés, fondée en 1231 par les Bernardines avec l’appui de saint Bernard, à 1 km de Montier-la-Celle.
Les dimensions de l’église de
Saint-André-les-Vergers peuvent surprendre. C’est qu’elle était autrefois le
cœur d’une paroisse encore plus étendue qu’aujourd’hui : limitée par le
faubourg Croncels, où elle avait pour succursale l’irremplaçable chapelle
Saint-Gilles, elle comprenait la contrée des Gayettes, les communautés de
Laines-Bourreuses (lieu disparu), de Rosières, de Viélaines.
La construction de l’église paroissiale actuelle de Saint-André, indépendante de l’Abbaye, commence vers 1500, à partir d’une ancienne chapelle, existant en 1164, dédiée à Saint-André, vocable qui, à titre de paroisse, fut conservé à la collégiale. Elle se fait en 2 étapes : d’abord le sanctuaire et le chœur, puis la nef quelques années plus tard. Consacrée le 8 mai 1547, l’église n’est terminée qu’en 1549, par l’édification du grand portail ouest ou « Portail des Maraîchers ». Les maraîchers du village se préoccupent en effet de sa construction et y font sculpter des fruits et légumes, principales ressources du pays. Les visiteurs venaient de loin pour admirer ce chef-d’œuvre. En 1557, les 3 cloches sont baptisées.
En 1568, l’armée royale qui pousse devant elle les 2 armées calvinistes vient camper à Saint-André. L’artillerie et les Suisses causent de grands ravages durant le mois pendant lequel ils campent. Quelques années plus tard, quand Henri III succède à Charles IX, Saint-André souffre de la Ligue ce qu’il a déjà souffert à la naissance de la querelle calviniste. Saint-André est particulièrement victime des conséquences du séjour des troupes royales, lorsque le duc de Guise vient à Troyes en 1577, pour faire entrer la ville dans le camp des Ligueurs. Toutes les récoltes engrangées sont consommées, celles qui sont sur pied, saccagées, les vignes, les arbres sont coupés, 80 maisons disparaissent dans les incendies occasionnés par l’indiscipline des troupes et des bandes qui ont fait de la Ligue le prétexte de leurs brigandages, et traitent, en conséquence, la campagne en pays conquis. Une mortalité considérable est la suite de ces misères. L’abandon des cadavres détermine une peste qui enlève la plus grande partie de la population. 1578 est donc une année néfaste pour ce village. Saint-André obtient alors diverses compensations : il est dispensé de l’impôt du « gros-manquant » (1587). Il rachète la banalité du four du couvent de Montier-la-Celle, et en échange du droit de cuire leur pain à domicile, sans redevance à l’abbaye, les habitants concèdent leurs usages de Laines-aux-Bois. Ils possèdent encore à Troyes, rue de l’Epicerie, droit de marché pour leurs légumes, et place de la Belle-Croix, droit de vendre leurs lins.
Saint-André se ressent du voisinage de
Montier-la-Celle, dont l’église est citée comme un beau monument. Les habitants
font des sacrifices pour ne pas rester trop au-dessous de leurs puissants
voisins.
Depuis sa construction, l’église de St-André est l’objet de nombreuses restaurations, notamment quand la foudre met le feu au clocher et à la charpente (1816, 1888, 1901) et pendant la période 1839-1842.
L’église actuelle est de belles proportions (47,20 m sur 21,20, hauteur 10,50, sur bas-côtés 7,70). Elle indique une reconstruction sur un plan ancien et régulier. Elle s’inscrit dans le 2° manteau blanc (1450-1550) dont les caractéristiques sont l’anse de panier, la nef centrale aveugle, les arcs-boutants remplacés par des pignons, les décors végétaux et herbier, crochets de choux, suppression du chapiteau, clé de voute pendante, présence de chandeliers Lombard, verrières en grisaille. Ses piliers mono cylindriques, ses voûtes en croisées d’ogives, sa nef sans fenêtres, sans arcs-boutants, indiquent une pensée d’économie. Toutefois, les détails des portes, la profusion des sculptures mobiles qui garnissent l’église, sont intéressantes.
Le portail sud est remarquable par sa
finesse d’exécution. C’est une porte à cintre très surbaissé, partagé par un
trumeau. Malheureusement, les feuilles de pierres portent les stigmates de
nombreuses mutilations. Deux niches avec dais tréflés, culs-de-lampes sont
occupées par les statues de sainte Barbe (patronne des pompiers) et saint Loup en Evêque.
Sur un piédestal au sommet, Saint robert, lequel partit de Montier-la-Celle pour fonder Saint Ayoul à Provins (1048) puis Molesmes (1075) et Citeaux (1098). La piéta fut ajoutée par la suite.
De nombreux objets meublent l’intérieur de l’église. 1 tabernacle en bois sculpté du XVIe siècle, un retable en pierre de la même époque, 2 châsses du XVIIe siècle, provenant de Saint-Gilles et de Montier-la-Celle, la chaire à prêcher en bois sculpté, le retable de la chapelle de la Vierge, le bas-relief du Christ au tombeau…
Les fonts baptismaux sont du XVIIe s, des panneaux y
représentent le Portement de croix, les Saintes femmes au tombeau, la
Résurrection du sauveur, l’Apparition de Jésus à Marie-Magdeleine, la Descente
aux limbes, l’Apparition à Marie.
Le Maître Autel, en marbre rouge est érigé en 1785. Trois verrières sont du XIXe s : « Vie de Saint André », « Vie de Notre Seigneur », « Vie de saint Frobert ».
Chapelle saint Quentin : statues du Saint ayant à ses pieds Saint Claude, Saint Jacques le Majeur, Saint Frobert. Châsses reliquaires : Saint Ursion (fondateur du prieuré d’Isle-Aumont), Saint Bobin (abbé de Montier-la-Celle, puis évêque de Troyes), Saint Maurèle abbé de Montier-en-l’Isle, Sainte Claire, Saint Mélain, évêque de Troyes (390-400), Saint Phal et Saint Frobert. Ces reliquaires proviennent de l’Abbaye de Montier-la-Celle où Pierre de Celle les trouve en 1154.
On peut encore remarquer un grand nombre de bâtons de corporations, tous en relation avec les métiers de la terre, plus un bâton de confrérie dédié à Saint Eloi.
Un bas-relief de la Mise au tombeau, une piscine
avec le nom de ses donateurs, la Vision de Saint Hubert, patron des chasseurs
et des forestiers, et invoqué contre la rage.
La base du portail dit des maraichers, est d’ordre corinthien. Il présente 5 colonnes avec piédestal, lesquelles portent une frise ornée de rinceaux. Un trumeau reçoit le piédestal surmonté d’une console qui porte saint André s’appuyant sur l’instrument de son supplice.
A gauche de ce portail, se trouve la porte dite des
« Lépreux ». Restaurée dans les années 1960,
une légende rappelle son passé historique : deux jeunes Dryats se
marient, puis l’époux devient lépreux. Le curé procède à son enterrement fictif
en lui mettant de la terre du cimetière sur la tête en disant, « à partir
de ce jour tu te tiendras face au vent et tu ne parleras, à personne autrement.
Tu ne quitteras ta maladrerie que pour te rendre à la messe et resteras avec
les autres lépreux. Tu ne dépasseras pas ta borde » ; puis le mari
est conduit à la ladrerie, suivie par son épouse qui devient sa chambrière. Un
miracle ayant eu lieu, le mari est guéri et le couple retrouve le monde. La légende ici
Côté sud, un cadran solaire révolutionnaire indique
les événements de l’année 1789. Il indique la parallèle que décrit le soleil le
5 mai 1789 : « Ce jour on a fait à Versailles l’ouverture des séances de
l’auguste Assemblée Nationale ». « La 14 juillet, la Bastille a été prise
d’assaut par les Parisiens et les Gardes françaises ». Le « 6 octobre
correspond au jour que fut transportée l’Assemblée de Versailles à Paris où
immédiatement nos chers et augustes représentants ont siégé ». Et enfin la
parallèle que décrit le soleil le « 30 novembre jour de la saint André ».
L’auteur signe « Thévenot l’aîné ».
Les cloches fondues à la Révolution, sont remplacées
en 1982, grâce à une souscription de l’association Tempus-Edax-rerum. Le fin
clocher de 50 m, abrite une cloche de 1552, provenant de l’Abbaye de
Montier-la-Celle.
St-André-près-Troyes reçoit le nom de
St-André-les-Vergers en 1919. Anciennement, les habitants étaient nommés Les
Gousses d'Ail et Têtes d'Ail ! Aujourd'hui ils se nomment les Dryats et les Dryates.
Elle fut fondée par Saint-Frobert et des moines qui
suivirent la règle des bénédictins : la prière, le travail manuel et le travail
spirituel. Au cours des siècles, les moines procédèrent à l’assainissement du
territoire par la canalisation des Viennes. Ils fondèrent une première église
aujourd’hui disparue, l’église Saint-Michau. Ce n’est qu’au XVIe siècle que fut
construite l’église actuelle avec son portail sud "le portail des
maraîchers" offert par les habitants de Saint-André.
La terre humide autour des Viennes rendit prospère la culture maraîchère.
Les habitants vendaient alors leurs produits au
marché de Troyes sur des barques (ou nacelles), par les Viennes qui
traversaient les fortifications près de la porte de Croncels. Plus tard et
jusqu’à une période récente, c’est à l’aide de voitures à bras que les femmes
d’agriculteurs assuraient leurs livraisons de légumes et de fromages.
Une sentence de l'échevinage de la ville de Troyes
voisine accorda aux habitants, le 28 janvier 1559, le droit de marché dans la
rue de l'épicerie pour leurs légumes.
Les-Vergers a été autorisé par décret du 4 février
1919, Saint-André est devenu
Saint-André-les-Vergers. Ses habitants sont appelés "Dryats". Le
cadastre de 1828 présente au territoire : le Petit-Aulnay, le champ de l'Aumône,
les Barres, la Bouverie, la Briqueterie, les Bruyères, le Buisson-Joffrin, le
Champ-des-deux-Eaux, Champrond, Chantecoq, la Chapelle-aux-Blés, la
Charme-saint-Michaud, les Charmes, le Chemin-de-la-Reine-Blanche, Cliquat, les
Bas et les Hauts-Clos, les Côtes Saint-Bernard et Sebert, Montier-la-Celle,
Notre-Dame-des-Prés, les Ormeaux, l'Orme-saint-Frobert, la Planche-au-Maillet.
L’ail produit par les maraîchers était très
recherché pour ses qualités médicinales et culinaires.
La voie romaine, de Troyes à Auxerre passe par la
commune.
Dans les années 1950, un industriel Daniel
Petitjean, implanta à
Saint-André-les-Vergers une petite entreprise de fabrication de garde-boue.
Quelques années plus tard, il crée le candélabre. Grace à son génie et à son usine
de fabrication, des candélabres éclairent des villes dans le monde entier.
Aujourd’hui, autour de l’abbaye détruite au moment
de la Révolution, une école, une crèche et une polyclinique moderne ont été
construites. Les marécages ont été asséchés, permettant la construction d’un
grand centre commercial et de coquets pavillons. Les vergers ont cédé la place
à des zones industrielles.
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