mercredi 24 avril 2024

Eglise de Saint André les Vergters

 

Eglise Saint-André de Saint-André-les-Vergers

 


Montier-la-Celle, Saint-Michaut "alias Saint-Michel" (l’église paroissiale de Saint-Michel, debout dès le IXe siècle, disparut dans le cours du XVIe, avec les habitants de la paroisse, dont le territoire est compris dans celui de la commune de Saint-André), Saint-André, sont trois noms inséparables. De la célèbre abbaye, de l’antique église et du village, c’est le village qui a survécu. Le vieil édifice primitif de Saint-Michel n’a laissé ni traces ni vestiges. Saint Frobert désirant se retirer dans un endroit solitaire à proximité de Troyes sa ville natale, choisit le lieu-dit "insula Germanic ", dit aujourd'hui l’Ile Germaine, avec la permission de Clovis II, et s’y installe avec ceux qui le suivent. Il fonde la glorieuse Abbaye de Montier-la-Celle en 650, dont relèvent 17 prieurés, 30 églises paroissiales. Mais, malgré sa célébrité, malgré les Patriarches, les Archevêques, les Evêques, les Abbés sortis de son sein, et le nombre de ces savants qui ont porté si haut la renommée scientifique des Bénédictins, elle s’écroule sous l’influence des temps et des événements (On peut citer : Saint-Robert de Molesme qui était prieur de Montier-la-Celle, fonde l'abbaye de Molesme, puis se rend à Citeaux où il fonde une abbaye qui donne naissance à l'ordre des Cisterciens. Saint-Remi de Reims, qui finit Archevêque de Chartres).

Châsses de l'Abbaye Montier-la-Celle

Saint-André rappelle un établissement dont nos ancêtres s’écartaient avec effroi : ils refusaient de passer par la petite porte à l'ouest de son église, car saint André donnait accès aux lépreux guéris de la Maladrerie des Deux-Eaux, connue sous le nom de Saint-Lazare, hospice établi depuis le XIIe siècle, à l’entrée de Bréviandes (sur le finage de Rosières qui dépendait de Saint-André), et détruit en 1733.

La paroisse sise dans la « Présentation » de l’abbaye, est donnée à celle-ci par Hugues évêque de Troyes. En 1071, Philippe 1er confirme cet acte. Mais, 7 siècles plus tard, la « manse abbatiale » est réunie à l’évêché. La Paroisse de Saint-André passe alors sous l’autorité directe de l’évêque de Troyes, Mgr Barral. L’Abbaye est vendue et détruite en 1791. Dans le même temps et dans les mêmes circonstances disparait l’Abbaye de Notre dame des Prés, fondée en 1231 par les Bernardines avec l’appui de saint Bernard, à 1 km de Montier-la-Celle.

Les dimensions de l’église de Saint-André-les-Vergers peuvent surprendre. C’est qu’elle était autrefois le cœur d’une paroisse encore plus étendue qu’aujourd’hui : limitée par le faubourg Croncels, où elle avait pour succursale l’irremplaçable chapelle Saint-Gilles, elle comprenait la contrée des Gayettes, les communautés de Laines-Bourreuses (lieu disparu), de Rosières, de Viélaines.

Vie de st André XVIe  
( cliché de nuit en extérieur alors que l'édifice est éclairé)


La construction de l’église paroissiale actuelle de Saint-André, indépendante de l’Abbaye, commence vers 1500, à partir d’une ancienne chapelle, existant en 1164, dédiée à Saint-André, vocable qui, à titre de paroisse, fut conservé à la collégiale. Elle se fait en 2 étapes : d’abord le sanctuaire et le chœur, puis la nef quelques années plus tard. Consacrée le 8 mai 1547, l’église n’est terminée qu’en 1549, par l’édification du grand portail ouest ou « Portail des Maraîchers ». Les maraîchers du village se préoccupent en effet de sa construction et y font sculpter des fruits et légumes, principales ressources du pays. Les visiteurs venaient de loin pour admirer ce chef-d’œuvre. En 1557, les 3 cloches sont baptisées.

Côté nord

En 1568, l’armée royale qui pousse devant elle les 2 armées calvinistes vient camper à Saint-André. L’artillerie et les Suisses causent de grands ravages durant le mois pendant lequel ils campent. Quelques années plus tard, quand Henri III succède à Charles IX, Saint-André souffre de la Ligue ce qu’il a déjà souffert à la naissance de la querelle calviniste. Saint-André est particulièrement victime des conséquences du séjour des troupes royales, lorsque le duc de Guise vient à Troyes en 1577, pour faire entrer la ville dans le camp des Ligueurs. Toutes les récoltes engrangées sont consommées, celles qui sont sur pied, saccagées, les vignes, les arbres sont coupés, 80 maisons disparaissent dans les incendies occasionnés par l’indiscipline des troupes et des bandes qui ont fait de la Ligue le prétexte de leurs brigandages, et traitent, en conséquence, la campagne en pays conquis. Une mortalité considérable est la suite de ces misères. L’abandon des cadavres détermine une peste qui enlève la plus grande partie de la population. 1578 est donc une année néfaste pour ce village. Saint-André obtient alors diverses compensations : il est dispensé de l’impôt du « gros-manquant » (1587). Il rachète la banalité du four du couvent de Montier-la-Celle, et en échange du droit de cuire leur pain à domicile, sans redevance à l’abbaye, les habitants concèdent leurs usages de Laines-aux-Bois. Ils possèdent encore à Troyes, rue de l’Epicerie, droit de marché pour leurs légumes, et place de la Belle-Croix, droit de vendre leurs lins.

Saint-André se ressent du voisinage de Montier-la-Celle, dont l’église est citée comme un beau monument. Les habitants font des sacrifices pour ne pas rester trop au-dessous de leurs puissants voisins. 

Christ aux liens XVIe

Depuis sa construction, l’église de St-André est l’objet de nombreuses restaurations, notamment quand la foudre met le feu au clocher et à la charpente (1816, 1888, 1901) et pendant la période 1839-1842.

L’église actuelle est de belles proportions (47,20 m sur 21,20, hauteur 10,50,  sur bas-côtés 7,70). Elle indique une reconstruction sur un plan ancien et régulier. Elle s’inscrit dans le 2° manteau blanc (1450-1550) dont les caractéristiques sont l’anse de panier, la nef centrale aveugle, les arcs-boutants remplacés par des pignons, les décors végétaux et herbier, crochets de choux, suppression du chapiteau, clé de voute pendante, présence de chandeliers Lombard, verrières en grisaille. Ses piliers mono cylindriques, ses voûtes en croisées d’ogives, sa nef sans fenêtres, sans arcs-boutants, indiquent une pensée d’économie. Toutefois, les détails des portes, la profusion des sculptures mobiles qui garnissent l’église, sont intéressantes. 

Le portail sud est remarquable par sa finesse d’exécution. C’est une porte à cintre très surbaissé, partagé par un trumeau. Malheureusement, les feuilles de pierres portent les stigmates de nombreuses mutilations. Deux niches avec dais tréflés, culs-de-lampes sont occupées par les statues de sainte Barbe (patronne des pompiers) et saint Loup en Evêque. Sur un piédestal au sommet, Saint robert, lequel partit de Montier-la-Celle pour fonder Saint Ayoul à Provins (1048) puis Molesmes (1075) et Citeaux (1098). La piéta fut ajoutée par la suite.

le portail sud est daté 1545

De nombreux objets meublent l’intérieur de l’église. 1 tabernacle en bois sculpté du XVIe siècle, un retable en pierre de la même époque, 2 châsses du XVIIe siècle, provenant de Saint-Gilles et de Montier-la-Celle, la chaire à prêcher en bois sculpté, le retable de la chapelle de la Vierge, le bas-relief du Christ au tombeau…

Chaire à prêcher


Autel de la Vierge


Vierge à l'Enfant XIVe


Des trois cloches, dont parlent les inscriptions du portail, deux sont descendues et fondues à la Révolution. Des panneaux peints représentent saint Jean-Baptiste, saint Lyé, saint Nicolas avec les 3 Enfants, saint-Adrien, une statue de saint Sébastien du XVIe s.

Les fonts baptismaux sont du XVIIe s, des panneaux y représentent le Portement de croix, les Saintes femmes au tombeau, la Résurrection du sauveur, l’Apparition de Jésus à Marie-Magdeleine, la Descente aux limbes, l’Apparition à Marie.

Chapelle des fonts-bâptimaux
Vierge à l'Enfant et le monde XVIe
(le monde est représenté par le globe dans la main de la Vierge)

Il y a de très belles statues : la Vierge à l’Enfant (XVIe s.), Saint-Jean-Baptiste : « Voici l’Agneau de Dieu », Saint Michel (exposé au Mont St Michel en 1966), Saint Nicodème à genoux, Saint André, patron de la paroisse, Saint Roch et son chien, Saint Sébastien, Saint Adrien et son enclume, Saint Quirin, Sainte Marguerite.

St Sébastien XIVe

Le Maître Autel, en marbre rouge est érigé en 1785. Trois verrières sont du XIXe s : « Vie de Saint André », « Vie de Notre Seigneur », « Vie de saint Frobert ».

Abside et Maître-Autel

à gauche du Maître-Autel, la Tour Eucharistique en bois doré du XVIe

détails


D’autres statues : Saint Loup, Sainte Marguerite, Sainte Anne qui apprend à la Sainte Vierge à lire (l’Éducation), dans la chapelle sainte Catherine, les statues de la Sainte (exposée à Paris en 1959), avec à ses pieds, l’empereur Maximilien son persécuteur, la Vierge et Saint Jean, en bois, un banc d’œuvre en bois sculpté reprenant les fruits et légumes du grand portail, un saint évêque…

fin XVe

Chapelle saint Quentin : statues du Saint  ayant à ses pieds Saint Claude, Saint Jacques le Majeur, Saint Frobert. Châsses reliquaires : Saint Ursion (fondateur du prieuré d’Isle-Aumont), Saint Bobin (abbé de Montier-la-Celle, puis évêque de Troyes), Saint Maurèle abbé de Montier-en-l’Isle, Sainte Claire, Saint Mélain, évêque de Troyes (390-400), Saint Phal et Saint Frobert. Ces reliquaires proviennent de l’Abbaye de Montier-la-Celle où Pierre de Celle les trouve en 1154.

St Quentin et ses donateurs XVIe

On peut encore remarquer un grand nombre de bâtons de corporations, tous en relation avec les métiers de la terre, plus un bâton de confrérie dédié à Saint Eloi.

Un bas-relief de la Mise au tombeau, une piscine avec le nom de ses donateurs, la Vision de Saint Hubert, patron des chasseurs et des forestiers, et invoqué contre la rage.

Vision de st Hubert

La base du portail dit des maraichers, est d’ordre corinthien. Il présente 5 colonnes avec piédestal, lesquelles portent une frise ornée de rinceaux. Un trumeau reçoit le piédestal surmonté d’une console qui porte saint André s’appuyant sur l’instrument de son supplice.

Portails Ouest

A gauche de ce portail, se trouve la porte dite des « Lépreux ». Restaurée dans les années 1960,  une légende rappelle son passé historique : deux jeunes Dryats se marient, puis l’époux devient lépreux. Le curé procède à son enterrement fictif en lui mettant de la terre du cimetière sur la tête en disant, « à partir de ce jour tu te tiendras face au vent et tu ne parleras, à personne autrement. Tu ne quitteras ta maladrerie que pour te rendre à la messe et resteras avec les autres lépreux. Tu ne dépasseras pas ta borde » ; puis le mari est conduit à la ladrerie, suivie par son épouse qui devient sa chambrière. Un miracle ayant eu lieu, le mari est guéri et le couple retrouve le monde. La légende ici

Une inscription hébraïque existait sur le linteau de cette porte dite des lépreux,
malheureusement elle a disparu lors de la restauration de cette façade en 2005. 

Côté sud, un cadran solaire révolutionnaire indique les événements de l’année 1789. Il indique la parallèle que décrit le soleil le 5 mai 1789 : « Ce jour on a fait à Versailles l’ouverture des séances de l’auguste Assemblée Nationale ». « La 14 juillet, la Bastille a été prise d’assaut par les Parisiens et les Gardes françaises ». Le « 6 octobre correspond au jour que fut transportée l’Assemblée de Versailles à Paris où immédiatement nos chers et augustes représentants ont siégé ». Et enfin la parallèle que décrit le soleil le « 30 novembre jour de la saint André ». L’auteur signe « Thévenot l’aîné ».

Les cloches fondues à la Révolution, sont remplacées en 1982, grâce à une souscription de l’association Tempus-Edax-rerum. Le fin clocher de 50 m, abrite une cloche de 1552, provenant de l’Abbaye de Montier-la-Celle.     

St-André-près-Troyes reçoit le nom de St-André-les-Vergers en 1919. Anciennement, les habitants étaient nommés Les Gousses d'Ail et Têtes d'Ail ! Aujourd'hui ils se nomment les Dryats et les Dryates.

 La commune de Saint-André, qui n’était qu’un marécage à l’ouest de Troyes, doit son origine à la fondation d’une abbaye au VIIe siècle : l’abbaye de Montier-la-Celle sur un lieu-dit, l’île germanique.

Elle fut fondée par Saint-Frobert et des moines qui suivirent la règle des bénédictins : la prière, le travail manuel et le travail spirituel. Au cours des siècles, les moines procédèrent à l’assainissement du territoire par la canalisation des Viennes. Ils fondèrent une première église aujourd’hui disparue, l’église Saint-Michau. Ce n’est qu’au XVIe siècle que fut construite l’église actuelle avec son portail sud "le portail des maraîchers" offert par les habitants de Saint-André.

Saint Frobert  et un donateur XVIe

La terre humide autour des Viennes rendit prospère la culture maraîchère.

Les habitants vendaient alors leurs produits au marché de Troyes sur des barques (ou nacelles), par les Viennes qui traversaient les fortifications près de la porte de Croncels. Plus tard et jusqu’à une période récente, c’est à l’aide de voitures à bras que les femmes d’agriculteurs assuraient leurs livraisons de légumes et de fromages.

Une sentence de l'échevinage de la ville de Troyes voisine accorda aux habitants, le 28 janvier 1559, le droit de marché dans la rue de l'épicerie pour leurs légumes.

Les-Vergers a été autorisé par décret du 4 février 1919,  Saint-André est devenu Saint-André-les-Vergers. Ses habitants sont appelés "Dryats". Le cadastre de 1828 présente au territoire : le Petit-Aulnay, le champ de l'Aumône, les Barres, la Bouverie, la Briqueterie, les Bruyères, le Buisson-Joffrin, le Champ-des-deux-Eaux, Champrond, Chantecoq, la Chapelle-aux-Blés, la Charme-saint-Michaud, les Charmes, le Chemin-de-la-Reine-Blanche, Cliquat, les Bas et les Hauts-Clos, les Côtes Saint-Bernard et Sebert, Montier-la-Celle, Notre-Dame-des-Prés, les Ormeaux, l'Orme-saint-Frobert, la Planche-au-Maillet.

L’ail produit par les maraîchers était très recherché pour ses qualités médicinales et culinaires.

La voie romaine, de Troyes à Auxerre passe par la commune.

Dans les années 1950, un industriel Daniel Petitjean,  implanta à Saint-André-les-Vergers une petite entreprise de fabrication de garde-boue. Quelques années plus tard, il crée le candélabre. Grace à son génie et à son usine de fabrication, des candélabres éclairent des villes dans le monde entier.

Aujourd’hui, autour de l’abbaye détruite au moment de la Révolution, une école, une crèche et une polyclinique moderne ont été construites. Les marécages ont été asséchés, permettant la construction d’un grand centre commercial et de coquets pavillons. Les vergers ont cédé la place à des zones industrielles.



Retable de la chapelle st André XVIe


Marie-Madeleine repentante XVIIe

St Michel XVIe

St Quirin XVIe

st Roch, l'Ange et son chien XVIe

Ste Catherine XVIe

Vierge au bouquet et l'Enfant XVIe






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