C’est en 1439 que les Compagnies d’arcs de Brie, Champagne,
Ile de France et Picardie établissaient un Concordat destiné à permettre la
rotation de la cérémonie du Bouquet dans chacune de leurs villes. La Révolution
de 1789, en portant l’interdit sur les Chevaliers de St Sébastien, interrompit
cette tradition.
Il aura fallu presque deux siècles pour que cette cérémonie
traditionnelle reparaisse dans notre province. Ceci grâce à la ténacité des
Chevaliers de Champagne, à l’amitié qui les lie à tous ceux de France et à
celle qui les unit à la confrérie de Marbais en Belgique.
Aujourd’hui le Jeu est ouvert. Qui tendra la main pour
recevoir le Bouquet et poursuivre cette ronde de l’Amitié universelle ?
Aux origines des Compagnies
Les premières pointes de flèches, qui n’étaient pas des
enferrons, mais des silex taillés, datent pour le moins de la période
néolithique. C’est la preuve que l’arc était déjà utilisé il y a quelque 10 000
ans. Mais, si l’homme a eu idée de tailler une pointe de pierre, il parait
évident que la flèche, donc l’arc, pré-existait car il semble absurde de
supposer qu’un homme primitif ait d’abord fabriqué une pointe pour se demander
ensuite à quoi cela pourrait servir !
Malheureusement pour nous, arcs et flèches à pointe durcie ne furent toujours
que des armes en bois, matière périssable et il ne sera sans doute jamais
possible de savoir à quelle époque précise ceux-ci furent inventés.
Plus près de nous, on connaît les arcs de l’Égypte ancienne,
des Grecs et des Gaulois.
L’arc fut certainement à ses début une arme de chasse mais,
un gibier en valant bien un autre, l’arc devint rapidement une arme de guerre.
Les légendes historiques nous ont conservé le souvenir des
célèbres archers Scythes et Parthes qui, aussi bons cavaliers que fins tireurs,
se retournaient sur leur monture pour décocher des traits sur leurs
poursuivants. De là nous est venu l’expression « décocher une flèche de
Parthe » pour caractériser un bon mot, un « trait » d’esprit
inattendu et qui porte.
Les armées romaines disposaient, quant à elles, de
« compagnies » d’archers mercenaires recrutés pour beaucoup chez les
peuples celtes qui s’étaient ralliés à la cause de Rome.
En « France », au moins depuis les Gaulois et très
tardivement – peut-être jusqu’au XIIe siècle – l’arc utilisé était un arc court à double courbure
et de type oriental dont le bois se ploie en double spire lorsqu’il est
détendu. Sa portée utile était d’environ 80 m.
De la période « barbare » jusqu’au début du XIVe siècle, les archers
continuent de tenir leur rôle dans les batailles. Mais on en est aux guerres
des chevaliers bardés d’armure montés sur des chevaux tout aussi caparaçonnés
de fer et la force de pénétration des flèches reste insuffisante pour stopper
les charges de ces « chars d’assaut » vivants…
Dès le XIIe
siècle il y a bien l’arbalète (inventée en Chine) dont le « carreau »
est meurtrier et porte entre 100 et 110 m. mais c’est une arme lourde à manier
et dont la cadence de tir est lente. L’arbalétrier ne peut donc agir
efficacement que s’il se trouve retranché. Sinon… il a intérêt à avoir de
bonnes jambes ! Enfin, l’Église au second Concile de Latran de 1139,
réprouve cette arme jugée trop meurtrière entre Chrétiens et, en France, depuis
que Charlemagne a remis Léon III
sur le trône de Rome, cette Église est particulièrement écoutée dans es
« Conseils » de guerre.
Le premier « trait-à-feu » apparut vers 1470. Sa
portée n’excédait pas celle de l’arbalète et son maniement était
particulièrement ardu ; en effet, si l’engin n’était pas solidement retenu
par un crochet à l’arçon de selle ou à un mur, le recul jetait le tireur au
sol ! La précision de tir était pratiquement nulle mais la détonation
effrayait les chevaux… et les hommes. Le
« fusil à plomb » qui lui succéda, bien que plus précis, avait les
mêmes inconvénients de maniement d’où son nom de « Hackenbüchse »,
canon à croc, devenu « arquebuse » en français. C’était une arme encore
plus lente que l’arbalète et, sous Louis XIII, malgré les perfectionnements apportés sa cadence
de tir n’était encore que d’un coup à la minute…
Pour les archers français, tout va changer à l’arrivée des
Anglais. Ceux-là ont mis au point un nouvel arc qui porte à 100 m, le
« long bow ». Comme son nom l’indique il s’agit d’un grand arc droit.
D’autre part les « Godons » ont également revu la stratégie de combat
avec cette arme « modernisée ». Les résultats seront
stupéfiants :
En 1340, à la Bataille de l’Écluse, la marine française est
décimée par les archers anglais soutenus par des arbalétriers. Il y aurait eu 3
000 français tués.
En 1346, à la
Bataille de Crécy, la cavalerie française et les arbalétriers Génois,
s’effondrent sous la pluie de traits que décochent les Anglais. 1 542
chevaliers français seront tués ainsi que 2 300 Génois et plusieurs milliers de
miliciens.
Un orage ayant éclaté peu avant le combat, les Génois
attendirent l’arme au pie tandis que les archers Anglais s’empressèrent de
retirer les cordes des arcs. A l’instant de l’attaque les arbalètes mouillées
avaient perdu tout ressort alors que les arcs avaient gardé leur pleine
puissance.
En1355, à la Bataille de Poitiers, 15 000 cavaliers français
ont à nouveau défait par 2 500 archers Anglais et 4 500 Gascons.
La technique de combat anglaise est à la fois simple et sûre.
Les archers en grand nombre (parfois plus de 6 000), équipés de l’arc
« longbow » à tir puissant et rapide (il décoche 3 flèches dans le
même temps qu’il faut à l’arbalète pour tirer 1 carreau) font pleuvoir sur les
Français une grêle de traits. Les chevaux touchés s’affolent, se cabrent,
désarçonnent les chevaliers et sèment la panique dans les milices à pied.
L’infanterie anglaise n’a plus qu’à abattre un à un ces hommes empêtrés dans
leurs armures et incapables de se défendre. Les coutiliers les achèveront.
Il semble que 20 ans d’échecs désastreux ne firent nullement
changer la tactique française. La noblesse continuait ses charges impétueuses
tandis que l’infanterie n’était couverte que par quelque 4 000 archers
apparemment sous-équipés.
En 1367, à Sens, le roi de France Charles V encourage,
enfin, par Lettres royales la création de Compagnies d’archers et
d’arbalétriers. Ceux-ci, également équipée du grand arc pourront répondre
honorablement aux Anglais et, en 1382, le connétable Olivier de Clisson avec 30 000 archers et 10 000 cavaliers
mettra en fuite les 40 000 hommes de Artevelde. 25000 Flamands seront tués à
cette Bataille de Roosebeke.
Charles V (1403-1461) les récompensera par une ordonnance
portant création des Compagnies de FRANCS-ARCHERS. Récompense qui, aujourd’hui
encore serait bien accueillie car, être FRANC c’était d’abord être totalement
exonéré d’impôt !
Mais, quel rapport avec notre Province ?
Jusqu’en 1789, Sens et le Sénonais étaient en Champagne !
Nous pouvons donc dire que les Compagnies d’Archers ont reçu
leurs lettres de noblesse grâce à la Champagne et par Charles V et les Guerres
de Cent Ans interposées…
Nous ne pouvons oublier que ces Lettres ne furent que des
confirmations car ces Compagnies existaient officiellement en France depuis le
IXe siècle. Elles avaient été créées, dit-on en l’an 825 par l’évêque de
Soissons, la célèbre ville d’Isle de France, située à 5 lieues communes de nos
anciennes « frontières ».
LE BOUQUET PROVINCIAL
Les manuels scolaires consacrés à l’Histoire de France ne
manquent jamais, lorsqu’ils évoquent le Moyen-Âge, d’illustrer leurs propos par
quelques gravures montrant des Tournois de chevaliers, magnifiquement
harnachés. Parce que cette « Histoire » se cantonne trop souvent aux
faits et gestes de la classe dirigeante, noble, aristocrate ou politique, elle
fait oublier que ces esbats n’étaient pas seulement réservés aux cavaliers. Les
« piétons » savaient, eux aussi, s’offrir des esbatements où chacun pouvait
faire preuve d’adresse ou de force. Ces jeux guerriers des XIe, XIIe siècles se
pratiquant avec des armes réelles, durent rapidement être contraints dans des
règles strictes afin que les desports ne transforment les lices en arènes
sanglantes.
C’est au moins de cette époque que datent les rencontres
amicales entre compagnies. Rencontres où chacun s’efforçait d’être le meilleur.
En ces temps d’« Amours courtois », il n’est pas impossible que le
prix accordé au « Champion » ait déjà été une fleur ou un bouquet
offert par une gente damoiselle. Toujours est-il que la tradition de remettre
un bouquet était connue au XVe siècle et que ces rassemblements devaient
attirer des foules considérables car les villes durent s’entendre entre elles
pour supporter ces affluences. Ainsi, en 1439, les Compagnies d’Arc de Brie,
Champagne, Ile de France et Picardie souscrivirent un Concordat destiné à
assurer un roulement entre les villes pour la présentation du Bouquet.
Le tir dit au
Beursault est le seul admis dans cette compétition. Au XIIe on disait le bersail.
Un mot synonyme de tournoi puisqu’il semble dérivé du latin versare,
tourner souvent. L’archer est effectivement astreint à aller d’une cible à
l’autre en « tournant » par l’Allée des Chevaliers.
Le tir des assiettes est, quant à lui, beaucoup plus récent ;
il fut innové en 1949 au Bouquet Provincial de Longueval en Picardie. Depuis il
est devenu de tradition démettre pour ce jour une assiette armoriée qui fait,
de plus, le bonheur des collectionneurs (ainsi vivent les tradition…).
Ordre de Saint
Sébastien
Si l’on comprend aisément qu’un saint percé de flèches
patronne les archers, on s’explique moins ses autres fonctions, notamment son
rapport avec les Confréries de Charité. Pour ce qui concerne les marchands de
ferraille c’est, parait-il, parce que, avec toutes ces flèches dans le corps…
il ne devait pas manquer de fer ! Le moins que l’on puisse dire est que le
clerc qui offrit ce calembour à ses ouailles n’avait pas l’esprit très
délié ! Son invocation contre la peste repose, heureusement, sur un fait
plus acceptable. Anciennement la peste était signalée par des hiéroglyphes en
forme de flèches. Une statue percée de flèches pouvait donc être comprise comme
celle d’un homme touché par le fléau et en ayant guéri puisque
« divinisé ».
Quelques confréries existaient dans l’Aube et dans le Marne.
Voici deux extraits probants extraits des Archives de la Marne :
VIE ET OFFICE DE ST SEBASTIEN MARTYR
Avec des prières à l’usage des
pèlerins qui viennent honorer les reliques dans l’Église de MERFY
Reims, Imprimerie Dubois Poplimont,
rue de Vesle 220-1891. (Arch. Dep. Châlons Chp 5250)
CONFRERIE EN L’HONNEUR DE ST SEBASTIEN DANS L’ÉGLISE DE MERFY
Les habitants de la paroisse de Merfy se sont toujours signalés par leur
dévotion envers St Sébastien à qui leur église est dédiée. C’est toujours avec
une nouvelle confiance qu’ils invoquent sa puissante intercession : et
c’est à juste titre car toujours aussi ils en ont ressenti la précieuse
efficacité.
Pendant de longs siècles l’église de Merfy n’avait qu’un bâton sculpté
surmonté d’une petite statuette de St Sébastien. Depuis 1714, elle possède une
statue sculptée par un habitant du pays, François Culoteau.
Cette statue représentant le saint attaché à un arbre et percé de flèches
est l’objet d’une vénération particulière, chaque année elle est confiée à la
vénération d’une famille qui la recueille comme le gage d’une protection
spéciales.
Depuis 1883, elle a le bonheur de posséder une châsse où sont renfermées
des reliques de St Sébastien, une relique de St Roch également invoquée contre
la peste et un ossement de sainte Anne, seconde patronne de la paroisse, modèle
et patronne des mères chrétiennes.
Une confrérie qui compte toujours un grand nombre d’associés de toutes
les paroisses voisines est établie dans la même église. La dévotion des
co-associés consiste principalement à s’entraider par des secours mutuels de
prières pendant la vie et après la mort.
NOTICE SUR LA VIE DE SAINT SÉBASTIEN et sur LA RELIQUE
INSIGNE
de ce saint martyr conservée
dans l’église de Jalons par M. l’Abbé P.J. Chapusot curé de Jalons
CONFRERIE DE ST SÉBASTIEN A JALONS
Une confrérie nombreuse se forma dans la paroisse de Jalons en l’honneur du St martyr et le 15 octobre 1664 le pape Alexandre VII dont nous conservons la bulle, érigeait canoniquement ladite confrérie de St Sébastien et ouvrait en sa faveur le trésor des indulgences…
Aux dires des respectables vieillards ci-dessus désignés, cette confrérie
avait pris une extension prodigieuse. Tous les pays d’alentour se faisaient un
honneur d’y appartenir. Le jour de la fête de St Sébastien, comme le lundi de
Pâques, les confréries des paroisses voisines arrivaient processionnellement au
saint rendez-vous et les distances n’étaient pas un obstacle puisqu’il est
certain que la procession d’Oger, à plus de trois lieues de là, venait grossir
le nombre de pèlerins.
L’affluence des fidèles était immense, on commençait par s’acquitter des
devoirs religieux commandés par la circonstance et disent les anciens, après
avoir tiré de l’arc et collationné, chacun regagnait son pays. Ceci se passait
avant 1793.
Sur les origines des confréries, un texte de 1867 en fournit un
historique assez complet.
CONFRERIE DE ST SÉBASTIEN
ou
CHEVALIERS DE L’ARC ET DE L’ARBALETE
(date incertaine, vers 1260)
(1 C’est
le nom qu’on donne en Allemagne aux perroquets. En France on désigne ainsi un
oiseau de bois ou de carton, placé au bout d’une perche pour servir de but aux
tireurs de l’arc ou de l’arbalète. Les formes papegai, papegay, papegaut, papegeai, papegail
sont toutes attestées dans l’ancien français).
Les meilleurs chevaliers de France s’honoraient de faire
partie d’une compagnie d’arbalétriers et du Guesclin était même roi du papegay
dans celle de Rennes. Bayard avait reçu des chevaliers de l’arbalète le
concours le plus utile lorsqu’il défendit Mézières contre Charles Quint. Ceux
de Montdidier, commandés par la Trémouille, battirent les Anglais en 1523,
ravitaillèrent Corbien en 1591, et repoussèrent les Espagnols commandés par le
Grand Condé en 1653.
Sous le règne de François 1er et de Henri II, les
compagnies furent très nombreuses ; on les retouve avec Henri IV, Louis
XIII et Louis XIV, puis sous le règne de ce dernier roi, celles de Picardie
prirent part aux sièges de St Omer, d’Arras et de Dunkerque.
On voit encore à Troyes, sur d’anciens vitraux, Louis XIII
représenté en costume de chevalier de l’Arquebuse tirant de papegay.
Par décret de l’Assemblés Constituant du 12 juin 1790, les
compagnies de l’Arc, de l’Arbalète et de l’Arquebuse furent réunies à la garde
nationale. Napoléon essaya de les ressusciter, et nul doute qu’il ne fut
parvenu à leur rendre leur ancienne force, si les événements n’avaient arrêté
ce projet.
Quelques-unes de ces compagnies ont survécu en France, mais
cependant, en très petit nombre.
Château d’Arc-en-Barrois (Haute-Marne) 1er
février 1867
Les chevaliers portaient une croix émaillée, comme celle de
l’ordre militaire de Saint-Louis. D’un coté est un St Sébastien en or sur fond
d’émail bleu, et de l’autre, un arc et une flèche en sautoir et des flèches au
lieu de fleurs de lys. Cette croix est suspendue à la boutonnière par un ruban
ponceau liseré de blanc. Leur uniforme bleu de roi avec parements et revers de
velours cramoisi, galonné d’or. Les boutons ornés de trois fleurs de lys, d’un
arc et d’une flèche en sautoir (1).
(1)
Le
chevalier Jacob. Recherches historiques sur les Croisades et les templiers.
Paris 1828. In F.-F. Steenackers 1867
L’auteur repris par F.-F. Steenackers, nous entraine à
commettre une erreur d’interprétation lorsqu’il écrit « les chevaliers
portaient une croix émaillée comme celle de l’Ordre Militaire de Saint
Louis ». Sa phrase laisse entendre que les chevaliers ont pris pour modèle
celle de l’Ordre de St Louis alors qu’en fait, c’est l’inverse qui s’est produit,
l’Ordre Militaire de St Louis n’ayant été institué par Luis XIV qu’en 1693.
Cette croix à huit pointes des Chevaliers de St Sébastien
mérite que l’on y prête attention. « Officiellement » cette croix
particulière apparaît pour la première fois portée par les
« moines-guerriers » de l’Ordre
de St Jean de Jérusalem créé vers 1048 et approuvé par le Pape Pascal II en
1113. En 1309, cet Ordre devint celui des Chevaliers
de Rhodes et, à partir de 1530, Ordre
de Malte. C’est avec ce qualificatif que cette croix est aujourd’hui
désignée. L’Ordre Hospitalier et
Militaire de St Lazare créé vers 1110 adopta également cette croix à huit
pointes. Elle apparaitra ensuite sur les armes de l’Ordre du Temple créé vers 1118, notamment par Hugues de Payns [Payns est un village à environ 9 km
de Troyes], seigneur de la famille des Comtes de Champagne. Il apparait
inutile de préciser que les Templiers étaient également des
« moines-guerriers ». Plus tardivement apparaitront d’autres ordres
chevaleresques de moindre importance et souvent institués pour le bon plaisir
des rois, ordres qui, à leur tour, adopteront cette croix pour marque. Il en
sera ainsi pour l’Ordre de St Michel
(1469), l’ordre du St Esprit (1578),
l’Ordre Hospitalier du Mont Carmel
(1607) et l’Ordre de St Louis
(1693).
La première question qui vient à l’esprit est :
Pourquoi un ordre chrétien implanté à Jérusalem n’a-t-il pas pris pour emblème
la croix latine, symbole christique par excellence ?
La seconde question découle de la première : Où l’Ordre
est-il allé chercher cette croix étrange ?
Enfin la troisième question pourrait être : Le puissant
Ordre de Malte « inventeur » de cette croix a-t-il donné son accord
pour que d’autres Ordres reprennent son emblème ?
Hélas, trois fois hélas ! Voici trois questions pour
lesquelles il n’existe aucune réponse… Pourtant à une époque où les illettrés
étaient légion, le signe, l’image aurait dû avoir un sens précis et véhiculer
ce que le texte ne pouvait transmettre pour cause … ou bien, en un temps où
l’ésotérisme avait valeur certaine, ce signe était un symbole dont le sens
caché ne pouvait être connu que des initiés.
Parce que l’Ordre du Temple eut ses fondations en Champagne,
parce que les Compagnies d’archers furent nombreuses dans notre Province et
que, dans l’un et l’autre cas, la mémoire populaire en a conservé les souvenirs
légendaires, nous allons émettre quelques hypothèses.
Prenons les questions à rebours. Il parait certain que
l’Ordre de Malte « inventeur » de la croix a donné son accord –
peut-être tacite – pour que les Ordres de St Lazare, des Templiers et St
Sébastien portent le même emblème. Les seigneurs ont toujours été
particulièrement jaloux de leurs armoiries et, s’approprier celles d’un voisin
ou d’un concurrent entrainait réparations avec procès à l’appui. Il ne semble
pas qu’un tel procès ait jamais eu lieu entre nos trois partenaires même si, à
une certaine époque, Malte et les Templiers se firent de l’ombre.
Les deux questions paraissent moins aisées à résoudre mais
elles pourraient être résolvantes l’une de l’autre.
Dans l’hypothèse ‘véhicule imaginaire’ qui peut parfois être
dangereux lorsqu’il percute l’ésotérisme, voyons la symbolique. Comment peut-on
tracer une croix de Malte ?
En partant d’un carré qui, comme chacun sait est l’une des
faces d’un cube, diviser chacun des côtés en 3 parts égales que l’on relie
entre elles de façon à obtenir 9 cases égales :
Réunir ensuite chacune de ces divisions en prenant pour
raison le nombre 4
On obtient ainsi une croix à 8 points dont le tracé est
infini. Pour s’en persuader, il suffit de suivre le trait avec un crayon. Parti
d’un angle, il reviendra à son départ en en ayant emprunté tout le tracé. Voilà
déjà un symbole bien connu des Compagnons (ni commencement ni fin)
Plaque cheminée 1657
Replaçons le tout sur le carré de base et joignons les
angles de l’octogone irrégulier. Nous obtenons deux grilles superposées. Ce
tracé a été publié par robert Amblain dans son ouvrage « Jésus ou le
mortel secret des Templiers » (Ed. R. Lafond) avec cette légende :
« Croix, dite des "Huit Béatitudes", servant de grille de
construction à l'alphabet secret des Templiers (Manuscrit du XIIIe siècle,
BNF). Cette grille est elle-même montée sur une autre grille d'origine
hébraïque, donnant naissance à un alphabet secret utilisé par les kabbalistes
».
Si nous repartons de la croix templière, il suffit de
l'orler pour obtenir une croix de Malte
En la boutonnant, on obtient la croix dite de St Sébastien
aux 8 pointes bien signalées
Pour tenter de saisir la raison de cette construction, nous
devons plonger dans la tradition symbolique du Moyen-Âge en ayant soin de ne
pas se laisser entraîner dans un hermétisme fumeux…
Il faut savoir que l'on a donné "dans la nuit de
temps" une valeur ésotérique aux nombres. Certaines de ces valeurs ont
profondément marqué nos croyances ; ainsi, le 3 (Trinité divine=, le 7 (Nains
de Blanche-Neige), le 13 (Porte-bonheur ou porte-malheur), etc.). Les figures
géométriques qui font nécessairement usage de ces nombres (carré, triangle…)
ont, à leur tour pris des valeurs symboliques. A cet égard, il est intéressant
de remarquer que les sens donnés à ces symboles se retrouvent de façon presque
identique dans toutes les Religions et dans l'ensemble des
"Croyance", sans distinction de races. Et c’est peut-être parce que
cette “communion de l’imaginaire” les gêne que les hommes n’ont jamais cessé,
en 2000 ans, de se battre pour leurs idéologies !
Le carré, base de la construction, représente la
terre avec ses “4 horizons” cardinaux. En tant que face du cube il est la
stabilité mais aussi l’achèvement. Selon Sainte Hildegarde, cette figue
contient l’Homme. Les cisterciens, dont l’Ordre fut fondé par Bernard de
Molesme au Xie siècle puis réformé par Saint Bernard de Clairvaux, établirent
des églises ad quadratum (selon le carré).
Le premier tracé consiste à diviser chaque côté du carré en
3 parties égales. Universellement 3 exprime
l’ordre intellectuel et spirituel. Un rituel de tirage au sort connu, entre
autres des Arabes, consiste à utiliser 3
flèches divinatoires. La troisième flèche désigne l’élu ou, pour les nomades,
la direction à suivre.
En reliant ces divisions entre elles, on obtient 9 carrés
égaux. Neuf étant le nombre des
sphères célestes, il est la perfection de la perfection, l’ordre dans l’ordre,
l’unité dans l’unité. Ce sont les Trois Triades angéliques du Pseudo-Denys
l’Aréopagite.
[Dans La Hiérarchie céleste, le Pseudo‑Denys organise les
anges en neuf chœurs, répartis en trois triades (trois groupes de trois :
Première triade — la plus proche de Dieu (Anges de la contemplation pure)
Séraphins, Chérubins, Trône. Deuxième
triade — les puissances de gouvernement (Anges de l’ordre cosmique)
Dominations, Vertus, Puissances. Troisième triade — les messagers proches des
humains (Anges de l’action et de la médiation) Principautés, Archanges, Anges.
C’est cette structure en trois triades qui a servi de base à toute
l’angélologie médiévale, jusqu’à Thomas d’Aquin et au-delà.]
La figure ainsi formée constitue un carré magique où s’inscrivent les 9 premiers chiffres. Dans tous
les côtés, leur somme donne 15. Appelé Sceau de Ghazali, ce carré était connu
au Xe siècle dans le “Kitab-al-Mawazm”.
8 1 6
3 5 7
4 9 2
Sceau de Ghazali
خاتم الغزالي
L’opération suivante, consistant à relier diamétralement
chaque division permet d’obtenir une première croix à 8 pointes dont le tracé
est infini. 8 est universellement le
nombre de l’équilibre cosmique. Il annonce l’ère future éternelle. Symbole
gnostique, il est la promesse de résurrection de l’homme transfiguré par la
grâce. Quant au diagramme ainsi constitué, il offre, par ses angles, la
possibilité d’inscrire un alphabet secret similaire à celui des anciennes loges
maçonnique (cf RFC n°90 page 30).
On peut maintenant en juger, ces religieux-guerriers, qu’ils
soient de St Jean de Jérusalem, de Rhodes, de Malte ou du Temple, n’avaient nul
besoin d’une croix latine pour affirmer leur idéologie. La croix à huit pointes
contenait, en son sein, l’idéal auquel ces hommes aspiraient. On comprend aussi
que les Chevaliers de Saint Sébastien aient été admis à prendre cet emblème
puisqu’il y avait convergence de vues.
Puisque nous en sommes à nous promener dans les arcanes de
l’ésotérisme des traditions, faisons un rapide petit tout dans les
couleurs : la croix de Malte est rouge, celle du Temple blanche et celle
de l’Ordre de St Sébastien, bleue !
Le rouge est la
première fondamentale car liée au principe de vie, le sang. C’est aussi la
couleur des initiés à la Connaissance ésotérique. Le blanc, parce que nous somme de toutes les couleurs, est l’absolu.
C’est la couleur initiatique par excellence. Celle de l’aube et de la pureté.
Enfin, le bleu est la couleur
immatérielle la plus profonde, la couleur de la vérité. Ce bleu céleste, l’azur
héraldique, formera le champ du blason de la maison de France afin de proclamer
l’origine théologale des rois. Simple coïncidence, sans doute, le drapeau
tricolore de France a été conçu le 27 juillet 1789 sur les conseils de La
Fayette qui appartenait à une Loge maçonnique [il est initié à Metz en 1775 ;
est nommé Vénérable Maître de “Les Amis de l’Humanité” (Rozoy‑en‑Brie)].
Cette brève ballade dans les symboles peut paraître quelque
peu hermétique mais, nous n’en serions pas là si, il y a un petit millénaire,
des hommes de France et particulièrement des Champenois, n’avaient rencontré
des théologiens issus du pays des « mille et une Nuits ».
SAINT SÉBASTIEN SYMBOLE
Pour comprendre le rôle de St Sébastien, il nous faut préalablement faire un petit retour aux origines de l’Église en Gaule.
C’est d’abord le sud de notre pays qui subit les influences
de la nouvelle religion et il parait vraisemblable que les premiers chrétiens
apparurent dans la province romaine dite « Narbonnaise ». La religion
celtique étant, semble-t-il bien ancrée, le christianisme ne pénétra que très
lentement. D’autre part, il faut garder en mémoire que les religions de
l’époque se côtoyaient et s’acceptaient sans heurt, les Temples du moment pouvant
aisément abriter sous un même toit les idoles des tenants de croyances
diverses. Il en était ainsi dans tout l’Empire romain et les premiers chrétiens
ne furent jamais persécutés pour leur croyance mais uniquement parce qu’ils
s’opposaient fanatiquement à cette tolérance. Il semble également qu’en Gaule
ce fanatisme fut moins rigoureux à ses débuts. Peut-être parce qu’il y avait
déjà une similitude entre la religion soutenue par les Druides et celle des
premiers chrétiens. Cette tolérance explique, entre-autre, que les édits de Dioclétien
de 250 ap. J.-C. ne furent jamais appliqués en Gaule (sauf à Dèce et peut-être
à Lyon) et qu’en conséquence la Gaule ne connut que très peu de martyres.
D’autre part, il est à peu près certain aujourd’hui que l’évangélisation – et
la conversion – des peuples celtes ne prit vraiment de l’extension qu’avec les
moines de St Colomban à partir de 590 (pratiquement au VIIe siècle seulement).
Le culte des saints ne fut créé qu’au IXe siècle. C’est en
875 que fut rédigé le martyrologue d’Usuard et celui-ci adapta les actamartyrum d’Afrique, d’Orient et
d’Italie aux croyances locales afin de “christianiser” les cultes locaux.
Partant de cela il faut donc rester très prudent lorsque l’on se penche sur la
“vie” d’un saint. L’Église elle-même a depuis quelques années pris un certain
recul avec ces cultes puisqu’en 1969, le pape Paul VI a, dans son Mysterii
Paschalis, purement et simplement, rayé de son calendrier 44 saints parmi les
plus connus (Barbe, Christophe, Lucie, Ursule, notamment). Aucun n’est
“décanonisé” : leurs cultes deviennent simplement facultatifs ou locaux. Il est
à noter que Catherine d’Alexandrie a été rétablie en 2002.
Plus douteux encore pour la vérité historique apparaît le
culte des reliques.
A l’origine on célébrait le culte chrétien sur la tombe
d’une victime des Romains. (D’où l’empressement de ces derniers à faire
disparaitre les corps des persécutés). Lorsque les premières églises furent
édifiées, l’autel fut, logiquement disposé sur une tombe. Par la suite des
temps on se contenta d’y placer quelques ossements de « martyrs ».
Or, quand on dit “martyr” on a tendance à pense “saint”. Ce
qui est faux car toute victime de sa foi meurt en martyr (du grec martur,
témoin) de son Dieu et les catacombes en étaient pleines ! mais le goût du
merveilleux aidant, chacun voulut obtenir les reste d’un individu célèbre et un
commerce fructueux de “faussaire en reliques” s’établit à Rome du VIe au IXe
siècle avant de devenir l’“industrie” principale de Constantinople après le IXe
siècle. Par suite de ce trafic, aujourd’hui interdit par l’Église, on se
retrouve avec un monceau de reliques. Ainsi, il existe 14 clous de la Crois, au
moins 4 couronnes d’épine, des gouttes de lait de la Vierge, plusieurs prépuces
de Jésus et une telle quantité de morceaux de la Sainte-Croix qu’en les
réunissant on pourrait reconstituer un arbre ! Quant aux saints qui ont
plusieurs têtes (!) on ne les compte plus… [dans la série télévisée “La petite
histoire de France” le comte Honoré de la Roche saint Pierre achète à pris d’or
le rare prépuce de Sainte Catherine… ah ah ah]
Concernant saint Sébastien, j’ai retenu deux textes rédigés
au XIXe et dont voici quelques extraits. Le premier concerne le merveilleux de
la vie du Saint :
NOTICE SUR LA VIE DE SAINT
SEBASTIEN et sur LA RELIQUE INSIGNE
de ce saint martyr conservée dans
l’église de JALONS
Châlons-sur-Marne, H. Laurent
imprimeur de la Société académique, 1863. Approbation épiscopale donnée à
Châlons par Jean Honoré Bara, Évêque de Châlons le 19.12.1862
Sébastien eut la France pour berceau, c’est un de ses plus
glorieux enfants, un de ses saints les plus populaires.
Né vers l’an 260 à Narbonne dans le midi des Gaules d’un
gentilhomme du pays et d’une dame de Milan, il quitta bientôt sa patrie pour suivre
ses parents dans la capitale du Milanais, où les tendresses de sa famille
maternelle l’attendaient impatiemment.
Issu d’une noble race, le jeune Sébastien fut élevé dès sa
plus tendre enfance avec des soins exquis. Un naturel heureux, des maîtres habiles,
une éducation choisie, tout contribuait à développer dans cette riche
intelligence les plus beaux talents, les connaissances les plus variées.
Huit fois déjà les empereurs romains avaient répandu le sang
des chrétiens fidèles ; la neuvième persécution commençait. Rome en était
le foyer ; c’est à Rome que Sébastien va demander un aliment à sa foi et à
son zèle. Il se sent peu d’attraits pour l’état militaire, mais il comprend que
sous le casque, ses allures seront plus libres, ses entrées plus faciles, partout
où le sort des chrétiens réclamera sa présence. Il s’enrôle en 283 dans l’armée
de l’empereur Carin, qui ne monta sur le trône que pour être assassiné !
Zoé, l’épouse de Nicostrate a perdu depuis six ans l’usage
de la parole, elle fait signe à Sébastien de la guérir et la croix imprimée sur
ses lèvres lui rend l’usage de la voix…
Chromace, préfet de Rome, tourmenté par les douleurs aigües
de la goutte apprend que Tranquillin a été guéri de cette affreuse maladie en
recevant le baptême, à l’instigation du fervent Sébastien. Dans l’espoir d’une
si précieuse faveur, Chromace se fait instruire par le courageux soldat qui le
guérit et le baptise ainsi que son fils Tiburce et toute sa famille. 1400
soldats suivent leur exemple.
En 288, l’empereur Dioclétien reproche à Sébastien de
favoriser la religion nouvelle mais Sébastien demeure inébranlable. Aussitôt
les farouches soldats de Mauritanie, habiles à tirer de l’arc se saisissent du
capitaine disgrâcié et font pleuvoir sur lui une grêle de flèches. On le croit
mort, mais la pieuse Irène, la veuve du saint martyr Catule étant venue pour
l’enterrer, s’aperçoit qu’il respire encore et le fait porter dans sa maison où
il recouvre promptement la santé…
Il pénètre dans le palais de Dioclétien pour le traiter de tyran.
Dioclétien le fait prendre et conduire dans l’hippodrome attenant au palais
pour y être assommé à coups de massue. C’était le 20 janvier. On jeta son corps
dans un cloaque de la ville pour le dérober aux recherches des chrétiens. Mais
une vertueuse dame nommée Lucine ayant appris cette profanation fit secrètement
retirer des égouts le corps de saint Sébastien.
De tout cela, les seuls éléments qui soient admis, bien que
sans preuve, sont que Sébastien serait né à Narbonne, qu’il aurait été officier
de la Garde prétorienne de l’Empereur et que reconnu chrétien il aurait été mis
à mort vers 288 sous le règne de Dioclétien.
Voyons à présent les reliques qui se trouvent à Merfy et
Jalons (Marne). Leur authenticité est évidemment plus que douteuse et il est à
peu près certain qu’elles appartiennent aux célèbres fabrications des ateliers
de Constantinople. Au XIXe cependant, certains prêtres n’admettaient pas que
l’on puisse douter de leurs reliques.
St Sébastien église St
Martin de Rumilly-lès-Vaudes (10)
Dans notre département, l’on a souvent entendu vanter la relique de St Sébastien que Mgr de Prilly en 1824, avait tenu pour suspecte, parce qu’elle manquait de titres authentiques. L’opposition vive et hardie qu’il rencontra dans la paroisse de Jâlons, quand il voulut supprimer ce précieux trésor, était également connue. En effet, le 27 décembre 1824, fête de St Jean l’Évangéliste, Mgr Marie-Joseph François Victor Monyer de Prilly faisait à Jâlons sa première visite épiscopale.
Les deux marguilliers en charge de cette époque, Pierre
Collard et Alexandre Henault, ont raconté l’examen attentif que fit Sa Grandeur
de la châsse de St Sébastien. Mgr ne voyant aucun titre authentique, et
trouvant le reliquaire et la relique dans un état flagrant de malpropreté observa,
d’une manière assez accentuée qu’il valait mieux enterrer cette tête dans le
cimetière, que de la laisser ainsi dans la pourriture. Mais l’évêque de Châlons
comprit bientôt toutes les difficultés qu’il allait susciter, il se contenta de
faire porter au presbytère la châsse du saint patron pour y remettre un peu
d’ordre et de décence, et c’est pendant cette translation que deux ou trois
personne du pays, pensant que Mgr voulait enlever la relique de St Sébastien, commencèrent
à lancer des pierres…
…Peu de temps après cet évènement Mgr de Prilly eut
l’extrême bonté d’envoyer à l’église de Jâlons une petite parcelle des relique
authentiques de St Sébastien. Nous avons trouvé cette esquille dans un papier
écrit de la main et scellé du sceau de Sa Grandeur…
… sur la fin de 1861, je rencontrai chez un de mes amis
monsieur l’Abbé Aubert, curé de Juvigny, un livre de M. de Barthelemy (Edouard)
traitant du vieux diocèse de Châlons et sur lequel je lus avec avidité les
renseignements qui suivent :
« Un procès-verbal, du deuxième dimanche de septembre
1468 constate la visite faite du Chef de St Sébastien conservé dans l’église de
Jaalons, en présence de Jean Lédigoix, abbé de Toussaint » …
… Si jusque là j’entendais avec plaisir les détails qu’on
rappelait sur la relique de St Sébastien, maintenant je les demandais, je les provoquais
partout. Ce fut un bonheur pour mes paroissiens d'entendre parler avec intérêt
du saint que les aïeux ont vénéré et qu’ils vénèrent comme eux. Chaque vieillard que j’interrogeais se
faisait un plaisir, un bonheur de me dire ce qu’il avait vu, ce qu’il tenait de
la tradition.
Avant de faire les premières démarches, j’ai dû visiter la
châsse de St Sébastien pour savoir si la relique actuelle répondait à la
description qui nous était donnée par le procès-verbal de 1468. En effet,
grande fur ma satisfaction quand je trouvai la moitié d’une tête, un chef,
comme le porte l’acte ci-dessus mentionné…
… Une merveilleuse fortune nous attendait à la bibliothèque
de Châlons. Dans une histoire manuscrite du diocèse par Dom François, religieux
bénédictin, on lit ce passage si précieux pour nous :
« Visite du chef de St Sébastien An 1442.
Sous Guillaume le Tur, 77ème évêque de Châlons,
le grand vicaire et l’official de l’évêché furent députés avec deux chanoines
et des notaires par le chapitre pour aller vérifier les reliques de St
Sébastien en l’église de Jaalon. La visite s’en fit le premier jour de mai 1442
et il fut dressé procès-verbal comme quoi ces reliques étaient une partie du
chef de St Sébastien. Elles furent solennellement transférées de l’ancien
reliquaire dans un plus grand et plus magnifique en 1468 [Histoire du Diocèse de
Châlons-s-Marne par Dom François, religieux bénédictin de la Congrégation de St
Vannes, 1 vol, in fol manuscrit de la bibliothèque de Châlons p.397].
Cette citation et la note de M. de Barthelemy nous prouvent
parfaitement la reconnaissance canonique des reliques de St Sébastien faites
par deux évêques de Châlons. 1) Celle de Mgr le Tur, comme l’indique la
citation ci-dessus. 2) Celle de Mgr Geoffroi de St Géran en 1468 date de la
visite officielle faite en présence de Jean Ledigoix, abbé de Toussaint et de
la translation du chef de St Sébastien dans un reliquaire nouveau et plus riche…
… dans un procès-verbal de visite épiscopale faite le 10 mai
1724 par Mgr Louis Nicolas II de Saulx-Tavannes il est dit à l’article relique
« Il y a dans l’église de Jaalons une relique de St Sébastien que nous
n’avons pu visiter, M. le curé nous ayant dit qu’il n’avait pas la clef du
reliquaire. Il fera ses perquisitions pour l’avenir, afin qu’à notre prochaine
visite nous puissions l’examiner…
… C’est plus tard, en 1747, le 3 juin que Mgr Claude Antoine
de Choiseul-Beaupré son successeur fil de son côté une visite solennelle à la
paroisse St Ephrem de Jâlons.
Monseigneur avait eu la délicate attention de se raire
accompagner non plus par ses vicaires généraux, mais par deux anciens curés de
cette paroisse, MM. Claude Frémuiet chanoine théologal de l’église cathédrale
et promoteur général du diocèse et Léon François Maupas aussi chanoine de
ladite église et ancien promoteur du doyenné de Châlons. Observons que les
procès-verbaux de cette époque ne renferment plus dans leur questionnaire
l’article relique. Il n’est donc pas fait mention du chef de St Sébastien dans
le procès-verbal du 3 juin 1747. Il parait cependant certain que Mgr de
Choiseul a vu le reliquaire et entendu parler de l’insigne relique ne fut-ce
que par les deux chanoines anciens curés de Jalons. Suffisamment renseigné sur
ce chapitre, Monseigneur se sera contenté de la reconnaissance faite par ses
vénérables prédécesseurs sans rien ajouter sur sa feuille de visite. Il l’eut
signalé, c’était son devoir rigoureux si le reliquaire n’eut pas été en règle…
Église de La Madeleine
- Troyes
TÉMOIGNAGES DE LA TRADITION
La grande révolution n’était qu’à soixante ans de là, époque
funeste, où tant d’objets religieux et les reliques en particulier furent
affreusement profanés. J’interrogeai donc là-dessus des témoins dignes de foi
et j’en reçus l’assurance formelle que la relique de St Sébastien n’avait subi
aucun… ni aucune insultes pendant la Révolution… chef de St Sébastien était
conservé dans un buste en cuivre, fermant à clef et placé sur l’autel dédié au
saint martyr [Nul doute que
cette châsse représentant le buste de St Sébastien ne soit le reliquaire plus
grand et plus magnifique dont il a été parlé précédemment et dans lequel on
transféra la relique en 1468 sous Mg de St Géran].
Ce buste en cuivre servant de reliquaire, et l’aigle du
lutrin également en cuivre tous deux d’un travail remarquable, furent enlevés
de l’église de Jâlons à la fin de 1793 et conduits à Châlons-sur-Marne pour
être mis à la disposition du district et servir aux besoins de la nation.
MM. Remy Nottret, adjoint âgé de 77 ans et Collard Réaux,
conseiller municipal âgé de 83 ans soussignés m’ont garanti les-dits
renseignements et m’ont affirmé, sur leur honneur que le chef de St Sébastien
avait été soustrait aux agents révolutionnaires par le marguillier de la
confrérie le sieur Claude Hostomme dont la femme Marie Joseph Amé pieuse
chrétienne de la paroisse de Jâlons garda religieusement ce dépôt sacré pendant
tout le temps de la terreur.
Signé Nottret-Collard
Madame Félicité Michel, veuve Lemaire, propriétaire à Jalons
nous a donné la description de la boîte dans laquelle a été conservée la
relique pendant la Révolution et jusqu’en 1804. Elle a vu tirer le chef de St
Sébastien de cette boite très modeste pour être déposée dans une châsse plus
décente donnée par sa famille et faire sur le modèle du reliquaire de St Alpin
de Châlons. Cette châsse en bois qui fut conservée dans la crypte jusqu’en 1862
malgré son état de délabrement, avait été remplacée en 1849 par le reliquaire actuel,
en cuivre verni, don que fit M. Jean Nicolas Lemaire au nom de Louis Bertrand
son petit-fils. M. Bertrand Lemaire a inséré dans le coussin sur lequel repose
la relique, une feuille de parchemin qui donne la date et le motif pieux de cet
hommage à St Sébastien.
Signé Félicien Lemaire Michel
Tous commentaires seraient superflus. Tout à sa
démonstration, le brave abbé Chapusot ne s’est même pas aperçu qu’il
s’apportait lui-même la contradiction lorsqu’il affirmai avoir vu en 1860 la
châsse répondant à la description de 1468, lors même qu’il confirme ensuite,
sur témoignage, que cette châsse a été réalisée en 1849…
L’abbé E. Defer, relatant la translation des reliques du
saint, de Rome à l’église de Saint-Médard-lès-Soissons, signale un fait qui
mérite notre attention :
[Vie des
Saints du Diocèse de Troyes, Abbé E. Defer, 1865, Bibl. de Troyes STL60]
…Mais ce qui nous intéresse plus particulièrement c’est que
le saint martyr honora notre contrée d’un éclatant miracle. Le pieux cortège
s’étant arrêté près de Villenauxe-la-Grande, au Prieuré de
Celle-sous-Chantemerle fondé par St Séverin… Le corps du saint devint d’une
telle pesanteur qu’il fut impossible de le soulever… cette merveille fit
comprendre à tous que le martyr de Jésus-Christ voulait qu’on déposât en ce
lieu quelques reliques… On y laissa en effet une partie de son crâne.
On sait que lorsqu’une légende mentionne l’alourdissement
d’un objet de vénération, cela signale systématiquement pour notre région,
l’emplacement d’un culte pré-chrétien particulièrement célèbre (N.D. du Chêne à
Bar-sur-Seine, Vierge noire de Montmorency-Beaufort, etc.). On peut donc se
demander si cette relation ne serait pas précisément en rapport avec le culte
d’une divinité gauloise ayant un arc pour attribut et vénérée en ce lieu ?
Que peut-on penser, aujourd’hui de notre St Sébastien, Patron des
Archers ?
Qu’un homme nommé Sébastien soit né à Narbonne au IIIe
siècle est possible. Qu’il soit devenu officier commandant un détachement
d’archers, sans doute des mercenaires, dans la garde prétorienne n’est pas
impossible non plus. Quand on sait l’acharnement de l’empereur Carin puis de
Dioclétien à combattre les chrétiens considérés alors comme des “terroristes”,
il n’est pas non plus impensable que Sébastien, séduit par la religion nouvelle
ait été démasqué, emprisonné puis exécuté comme chrétien.
Il y a pourtant dans les relations de son martyr un certain
nombre de concordances qui laissent à penser qu’elles ne sont pas le fruit du
hasard. Coïncidences, peut-être : toutes les données qui concordent
peuvent s’interpréter par rapport à la symbolique.
Église St Sébastien de
Crésantignes (10)
Sébastien en
latin ecclésiastique Sebastianos, n’apparait pas comme étant un nom mais un
qualificatif dérivé du grec Sebastos, honoré. Cet officier
d’archers aurait donc été qualifié du titre d’homme
honoré. Si on poursuit notre investigation sur la simple dénomination des
personnages qui sont sensés l’environner, nous arrivons chaque fois à des
résultats semblables.
Le premier miracle réalisé par Sébastien s’applique à Zoé. D’un signe, il réussit à lui
rendre la parole. Zoe est également
un surnom grec qui signifie vie et plus spécialement vie surnaturelle.
Meurtri de flèches et laissé pour mort, notre héros est
recueilli et soigné par Sainte Irène,
laquelle mourra également percée d’une flèche en l’an 304. Irène c’est Eiréné,
déesse grecque des heures à laquelle s’attache le symbole de la Paix.
Flagellé, assommé et jeté dans un cloaque, le corps de
Sébastien sera recueilli par une sainte femme, Lucine. Ce nom est un diminutif de Lucie, Luce, dérivé du latin lucis,
lumière. Nous noterons au passage que Lucie a été rayée du calendrier en
1969. Son martyr n’était nullement probant et son nom rappelait de façon trop
évidente une déesse de la Lumière.
En somme, l’Archer honoré se retrouve simultanément acteur
et victime, ses archers le visant à son insu. Cela renvoie au Principe sacré du
tir non intentionnel des taoïstes, rapporté dans le Lie‑Tseu, qui enseigne que
la perfection n’est atteinte qu’en cessant de se préoccuper du but comme du
tir.
La flèche le foudroie mais il ne meurt qu’en apparence car
il a atteint un niveau où la Paix (Eirêné (εἰρήνη)) lui permet d’entreprendre
une nouvelle vie. Il est devenu l’Initié. Ce qui parait confirmé par la statuaire.
Sébastien y est représenté nu avec un simple pagne (alors que les saints
portent en général le vêtement de leur état). Les artistes lui ont administré
un nombre de flèches variable mais, toujours une de celles-ci lui perce la
cuisse. Or, si le genou découvert est bien un signe compagnonnique, la cuisse
est, ici, un signe de la Connaissance. Signe encore accentué par le fait qu’une
flèche perce cette cuisse. Si l’on veut bien admettre des théories de
philosophes écoutons le Baralbin Gaston Bachelard dans “L’air et les
songes” :
« Par l’image de la flèche nous sommes engagés
maintenant, de tout notre être, dans la dialectique de l’abîme et des
sommets ».
Mais l’initié Sébastien n’a pas encore atteint le niveau
suprême. C’est le sens qu’il faut donner à la suite de son martyr. Il sera
flagellé – le fouet étant un symbole de l’Énergie Créatrice – assommé puis jeté
dans un cloaque. Par définition, c’est le lieu où se déversent les boues et les
excréments. Or, la mythologie est assez universelle pour reconnaître que les
excréments sont un réceptacle des puissances biologiques sacrées évacuées par
l’homme et pouvant être magiquement récupérées. La Légende de Sébastien nous le
confirme car son corps est recueilli par Lucine,
la Lumière Divine.
Ainsi, notre héros a accompli le cycle qui devait le conduire à la Connaissance Divine !
L’étude de saint Sébastien nous renvoie à la conjecture que
nous avions avancée concernant l’origine de la croix de Chevalier. Il ne s’agit
que d’hypothèses, mais les correspondances observées demeurent singulières.
St Sébastien est toujours représenté lié à un arbre ou à une
colonne, un bras dans le dos et l’autre, le droit, fréquemment au-dessus de sa
tête. Le bras, selon Pseudo-Denys l’Aréopagite, représente le pouvoir de faire,
d’agir et d’opérer. Quant à l’arbre ou à la colonne, ils sont à la fois Arbre
de Vie et Axe du Monde dans les traditions celtiques…
St Sébastien guérissant
Zoé – auteur inconnu, XIXe
L’Archiconfrérie de St Sébastien possède une Relique authentique de Saint Sébastien. Comme toutes les grandes reliques européennes, elle est gardée par un corps de Chevaliers appelés Archers-Gardiens des Reliques de Saint Sébastien.
Elle se veut héritière des premiers Archers-Gardiens des
Reliques de Saint Sébastien amenées de Rome à l’Abbaye Saint Médard de Soissons
en l’an 826 par une compagnie d’archers armés chevaliers par Hilduin de Saint
Denis, Abbé de Saint Médard, Archi-chapelain de la cour impériale de Louis le
Pieux.
Saint Sébastien étant le Saint Patron des Archers, son
domaine d’action est tout naturellement et particulièrement propre au monde de
l’Archerie.
L’Archiconfrérie relève de son Grand Maitre l’Évêque de
Soissons assisté par un Grand Aumônier. Elle est dirigée par un Connétable,
lui-même assisté par un Vice-connétable.
St Sébastien, chêne polychrome
XVIIe
Tilleul sculpté H 102
cm Coll. privée
4ème Cantique
O glorieux Saint Sébastien,
Assistez le peuple chrétien ;
Grand Saint, daignez prier pour nous
Qui avons confiance en vous
Pour le servir fidèlement
Et le prêcher diligemment
Digne soldat du Dieu sauveur,
Bien grande était votre ferveur,
Il était votre unique appui,
Et vous, vous étiez tout à lui ;
Au ciel il mettait triomphants
Ceux qui devenaient vos enfants.
Quand ces enfants tout glorieux,
Devant vous ravissaient les cieux
Gd saint, combien désiriez-vous
Mourir pour le Dieu mort pour tous.
Votre désir est exaucé,
De flèches vous êtes percé,
Et vos blessures sont des voix
Qui célèbrent le Roi des rois.
Enfin, sous mille coups brisé,
Et du saint amour embrasé,
Vous tombez, mais victorieux,
Votre belle âme monte aux cieux.
Là-haut des pécheurs malheureux
Vous connaissez les maux affreux ;
O bienheureux Saint Sébastien,
A qui Dieu ne refuse rien,
Éloignez de nous les fléaux
Et le péché, source de maux.
Faites qu’en tout temps, en tout lieu,
Nous servions notre Dieu,
Et qu’un jour au ciel le bonheur
Couronne enfin notre ferveur.
Ainsi soit-il.
_________
Autre refrain
O notre tendre Père,
Du séjour des élus,
Entends notre prière
Conduis-nous à Jésus.
SAINT
SÉBASTIEN NOTRE PROTECTEUR
PRIEZ POUR
NOUS AUPRES DU SEIGNEUR
Les vitraux de la nef de la cathédrale de
Troyes : les baies n°133 et 233 : légende de saint Sébastien ; réalisée en
1501 par Lievin Varin, don de la confrérie de Saint-Sébastien.
Saint Sébastien porte, sur ces baies 133 et 233, le collier de l'Ordre de Saint-Michel, dans sa première version bien entendu (l'Ordre a été créé en 1469 mais François Ier a remplacé en 1515 les aiguillettes en double las du collier par une cordelière). Cette particularité se retrouve à la même époque dans la statuaire de l'Aube, et un bel exemple de statue en bois est conservé au Musée de l'Archerie et du Valois de Crépy-en-Valois, datant de la fin du XVe/début XVIe siècle.
baie de saint
Sébastien à l'église Saint-Nizier, par Charles Fichot
La Légende : Jacques de Voragine La
Légende dorée (1261-1266)
Saint
Sébastien, en commandeur, nimbé, vêtu d'un manteau écarlate brodé d'hermines et
portant le collier de l'Ordre de Saint-Michel, bénit Zoé, qui fléchit le genou,
mains jointes. Derrière elle, son mari Nicostrate, en la maison duquel les
chrétiens étaient gardés, et un homme tenant une croix.
Inscription
S~ct POLIC[A]RPE.
Policarpe,
tonsuré, vêtu d'une robe rouge d'un surplis blanc et d'une chape rouge, et armé
d'un sabre, pénètre dans la chambre du préfet de Rome Chromace, et brise de son
arme une idole en or placée sur une colonne. La tête de l'idole ainsi que son
étendard tombent. En effet, Sébastien a refusé de guérir Chromace qui était
très malade, tant que les idoles ne seraient pas détruites.
Sébastien,
qui avait été nommé centurion par Dioclétien et Maximien, est martyrisé par ses
propres archers.
Inscription
Scta LVCIANA / S POLICARPE
Inscription
Sct SEBASTIE[N]
Note :
qu’est‑ce que la “sagittation” ?
Le terme
sagittation vient du latin sagitta (« flèche »).
Il désigne l’action de transpercer quelqu’un de flèches, ou plus largement le supplice infligé par des archers. C’est un mot rare, utilisé surtout en hagiographie et en iconographie religieuse, notamment pour décrire le martyre de saint Sébastien, traditionnellement représenté attaché à un arbre ou à un poteau et criblé de flèches.
→ on ne
parle pas d’une simple blessure, mais d’un supplice codifié, devenu un motif
iconographique à part entière.
Alors les
empereurs le firent frapper de verges jusqu’à ce que mort s’ensuivît."
Là encore,
la danse des bourreaux est caractéristique, rejoignant celle des soldats
flagellant le Christ dans les innombrables représentations de sa Passion.
TYMPAN
Une
inscription est répartie en plusieurs phylactères :
Ce que nous
dit le Vatican sur saint Sébastien :
Nous ne
disposons pas de beaucoup d’informations sur la vie de saint Sébastien. Dans la
Passio Santi Sebastiani Martyris, un texte longtemps attribué à saint Ambroise
de Milan (340-397), il est indiqué qu’il naquit vers 250 et grandit à Milan,
d’un père originaire de Narbonne et d’une mère milanaise. Éduqué dans la foi
chrétienne, il s’installa à Rome en 270 et s’enrôla vers 283, devenant tribun
de la première cohorte de la garde impériale. Ne soupçonnant pas sa foi, les
empereurs Maximien et Dioclétien lui confièrent des postes de responsabilité.
_________
Il est sans
doute l'un des plus célèbres martyrs romains. Officier dans l'armée de
Dioclétien, il était chrétien, et lors que cela fut découvert, il fut mis en
demeure de sacrifier à l'empereur, sinon c'était un acte de rébellion. Saint
Sébastien et les flèches, peinture de « Il Sodoma », vers 1525. Lié
nu à un arbre, il servit de cible aux tirs de ses propres soldats et enfin tué
par bastonnade.
Son culte
date du IVe siècle. Saint Ambroise en parle dans ses commentaires du psaume 118
et saint Damase lui fit construire une église au-dessus de sa tombe. Cette
basilique est d'ailleurs l'une des sept principales églises de Rome. Malgré
cela, les détails que rapportent les 'actes' de son martyre n'ont été rédigés
qu'au Ve siècle.
Catacombes
de saint Sébastien à Rome : Avec le temps, saint Sébastien - l'un des martyrs
ensevelis en ce lieu - a fini par donner son nom au cimetière... (Catacombe di
San Sebastiano, Via Appia Antica à Rome)
De nombreuses œuvres d'art évoquent son martyre. Debussy a créé en 1911 une œuvre musicale appelée « le martyre de Saint Sébastien ».
___________
Les Archers Troyens
1ère Compagnie de Tir à l'Arc de Troyes
La compagnie
des archers du Val de Barse regroupe les villes de Vendeuvre/Barse et de Lusigny/Barse
Réf :
BEAUCHAMP (Louis A. Marquis de) mon aïeul, archives familiales
BONNARD (Mgr J. Dieudonné) mon parrain, archives des diocèses de Troyes-Langres
COFFINET
(Abbé Jean-Baptiste), 1858, Les peintres-verriers de Troyes pendant trois
siècles depuis 1375 jusqu'à 1690 "Peintres-verriers. Nomenclature des
peintres-verriers de Troyes depuis 1375 jusqu'à 1690". Annales
archéologiques, 1858.