mardi 30 décembre 2025

Saint Sébastien patron des archers

 

C’est en 1439 que les Compagnies d’arcs de Brie, Champagne, Ile de France et Picardie établissaient un Concordat destiné à permettre la rotation de la cérémonie du Bouquet dans chacune de leurs villes. La Révolution de 1789, en portant l’interdit sur les Chevaliers de St Sébastien, interrompit cette tradition.

Il aura fallu presque deux siècles pour que cette cérémonie traditionnelle reparaisse dans notre province. Ceci grâce à la ténacité des Chevaliers de Champagne, à l’amitié qui les lie à tous ceux de France et à celle qui les unit à la confrérie de Marbais en Belgique.

Aujourd’hui le Jeu est ouvert. Qui tendra la main pour recevoir le Bouquet et poursuivre cette ronde de l’Amitié universelle ?

Aux origines des Compagnies

Les premières pointes de flèches, qui n’étaient pas des enferrons, mais des silex taillés, datent pour le moins de la période néolithique. C’est la preuve que l’arc était déjà utilisé il y a quelque 10 000 ans. Mais, si l’homme a eu idée de tailler une pointe de pierre, il parait évident que la flèche, donc l’arc, pré-existait car il semble absurde de supposer qu’un homme primitif ait d’abord fabriqué une pointe pour se demander ensuite à quoi cela pourrait servir !
Malheureusement pour nous, arcs et flèches à pointe durcie ne furent toujours que des armes en bois, matière périssable et il ne sera sans doute jamais possible de savoir à quelle époque précise ceux-ci furent inventés.

Plus près de nous, on connaît les arcs de l’Égypte ancienne, des Grecs et des Gaulois.

L’arc fut certainement à ses début une arme de chasse mais, un gibier en valant bien un autre, l’arc devint rapidement une arme de guerre.

Les légendes historiques nous ont conservé le souvenir des célèbres archers Scythes et Parthes qui, aussi bons cavaliers que fins tireurs, se retournaient sur leur monture pour décocher des traits sur leurs poursuivants. De là nous est venu l’expression « décocher une flèche de Parthe » pour caractériser un bon mot, un « trait » d’esprit inattendu et qui porte.

Les armées romaines disposaient, quant à elles, de « compagnies » d’archers mercenaires recrutés pour beaucoup chez les peuples celtes qui s’étaient ralliés à la cause de Rome.

En « France », au moins depuis les Gaulois et très tardivement – peut-être jusqu’au XIIe siècle – l’arc utilisé était un arc court à double courbure et de type oriental dont le bois se ploie en double spire lorsqu’il est détendu. Sa portée utile était d’environ 80 m.

De la période « barbare » jusqu’au début du XIVe siècle, les archers continuent de tenir leur rôle dans les batailles. Mais on en est aux guerres des chevaliers bardés d’armure montés sur des chevaux tout aussi caparaçonnés de fer et la force de pénétration des flèches reste insuffisante pour stopper les charges de ces « chars d’assaut » vivants…

Dès le XIIe siècle il y a bien l’arbalète (inventée en Chine) dont le « carreau » est meurtrier et porte entre 100 et 110 m. mais c’est une arme lourde à manier et dont la cadence de tir est lente. L’arbalétrier ne peut donc agir efficacement que s’il se trouve retranché. Sinon… il a intérêt à avoir de bonnes jambes ! Enfin, l’Église au second Concile de Latran de 1139, réprouve cette arme jugée trop meurtrière entre Chrétiens et, en France, depuis que Charlemagne a remis Léon III sur le trône de Rome, cette Église est particulièrement écoutée dans es « Conseils » de guerre.

Le premier « trait-à-feu » apparut vers 1470. Sa portée n’excédait pas celle de l’arbalète et son maniement était particulièrement ardu ; en effet, si l’engin n’était pas solidement retenu par un crochet à l’arçon de selle ou à un mur, le recul jetait le tireur au sol ! La précision de tir était pratiquement nulle mais la détonation effrayait les chevaux… et les hommes.  Le « fusil à plomb » qui lui succéda, bien que plus précis, avait les mêmes inconvénients de maniement d’où son nom de « Hackenbüchse », canon à croc, devenu « arquebuse » en français. C’était une arme encore plus lente que l’arbalète et, sous Louis XIII, malgré les perfectionnements apportés sa cadence de tir n’était encore que d’un coup à la minute…

Pour les archers français, tout va changer à l’arrivée des Anglais. Ceux-là ont mis au point un nouvel arc qui porte à 100 m, le « long bow ». Comme son nom l’indique il s’agit d’un grand arc droit. D’autre part les « Godons » ont également revu la stratégie de combat avec cette arme « modernisée ». Les résultats seront stupéfiants :

En 1340, à la Bataille de l’Écluse, la marine française est décimée par les archers anglais soutenus par des arbalétriers. Il y aurait eu 3 000 français tués.

 En 1346, à la Bataille de Crécy, la cavalerie française et les arbalétriers Génois, s’effondrent sous la pluie de traits que décochent les Anglais. 1 542 chevaliers français seront tués ainsi que 2 300 Génois et plusieurs milliers de miliciens.

Un orage ayant éclaté peu avant le combat, les Génois attendirent l’arme au pie tandis que les archers Anglais s’empressèrent de retirer les cordes des arcs. A l’instant de l’attaque les arbalètes mouillées avaient perdu tout ressort alors que les arcs avaient gardé leur pleine puissance.

En1355, à la Bataille de Poitiers, 15 000 cavaliers français ont à nouveau défait par 2 500 archers Anglais et 4 500 Gascons.

La technique de combat anglaise est à la fois simple et sûre. Les archers en grand nombre (parfois plus de 6 000), équipés de l’arc « longbow » à tir puissant et rapide (il décoche 3 flèches dans le même temps qu’il faut à l’arbalète pour tirer 1 carreau) font pleuvoir sur les Français une grêle de traits. Les chevaux touchés s’affolent, se cabrent, désarçonnent les chevaliers et sèment la panique dans les milices à pied. L’infanterie anglaise n’a plus qu’à abattre un à un ces hommes empêtrés dans leurs armures et incapables de se défendre. Les coutiliers les achèveront.

Il semble que 20 ans d’échecs désastreux ne firent nullement changer la tactique française. La noblesse continuait ses charges impétueuses tandis que l’infanterie n’était couverte que par quelque 4 000 archers apparemment sous-équipés.

En 1367, à Sens, le roi de France Charles V encourage, enfin, par Lettres royales la création de Compagnies d’archers et d’arbalétriers. Ceux-ci, également équipée du grand arc pourront répondre honorablement aux Anglais et, en 1382, le connétable Olivier de Clisson avec        30 000 archers et 10 000 cavaliers mettra en fuite les 40 000 hommes de Artevelde. 25000 Flamands seront tués à cette Bataille de Roosebeke.

Charles V (1403-1461) les récompensera par une ordonnance portant création des Compagnies de FRANCS-ARCHERS. Récompense qui, aujourd’hui encore serait bien accueillie car, être FRANC c’était d’abord être totalement exonéré d’impôt !

Mais, quel rapport avec notre Province ?

Jusqu’en 1789, Sens et le Sénonais étaient en Champagne !

Nous pouvons donc dire que les Compagnies d’Archers ont reçu leurs lettres de noblesse grâce à la Champagne et par Charles V et les Guerres de Cent Ans interposées…

Nous ne pouvons oublier que ces Lettres ne furent que des confirmations car ces Compagnies existaient officiellement en France depuis le IXe siècle. Elles avaient été créées, dit-on en l’an 825 par l’évêque de Soissons, la célèbre ville d’Isle de France, située à 5 lieues communes de nos anciennes « frontières ».

 

LE BOUQUET PROVINCIAL

 

Les manuels scolaires consacrés à l’Histoire de France ne manquent jamais, lorsqu’ils évoquent le Moyen-Âge, d’illustrer leurs propos par quelques gravures montrant des Tournois de chevaliers, magnifiquement harnachés. Parce que cette « Histoire » se cantonne trop souvent aux faits et gestes de la classe dirigeante, noble, aristocrate ou politique, elle fait oublier que ces esbats n’étaient pas seulement réservés aux cavaliers. Les « piétons » savaient, eux aussi, s’offrir des esbatements où chacun pouvait faire preuve d’adresse ou de force. Ces jeux guerriers des XIe, XIIe siècles se pratiquant avec des armes réelles, durent rapidement être contraints dans des règles strictes afin que les desports ne transforment les lices en arènes sanglantes.

C’est au moins de cette époque que datent les rencontres amicales entre compagnies. Rencontres où chacun s’efforçait d’être le meilleur. En ces temps d’« Amours courtois », il n’est pas impossible que le prix accordé au « Champion » ait déjà été une fleur ou un bouquet offert par une gente damoiselle. Toujours est-il que la tradition de remettre un bouquet était connue au XVe siècle et que ces rassemblements devaient attirer des foules considérables car les villes durent s’entendre entre elles pour supporter ces affluences. Ainsi, en 1439, les Compagnies d’Arc de Brie, Champagne, Ile de France et Picardie souscrivirent un Concordat destiné à assurer un roulement entre les villes pour la présentation du Bouquet.

Le tir dit au Beursault est le seul admis dans cette compétition. Au XIIe on disait le bersail. Un mot synonyme de tournoi puisqu’il semble dérivé du latin versare, tourner souvent. L’archer est effectivement astreint à aller d’une cible à l’autre en « tournant » par l’Allée des Chevaliers.

Le tir des assiettes est, quant à lui, beaucoup plus récent ; il fut innové en 1949 au Bouquet Provincial de Longueval en Picardie. Depuis il est devenu de tradition démettre pour ce jour une assiette armoriée qui fait, de plus, le bonheur des collectionneurs (ainsi vivent les tradition…).




Ordre de Saint Sébastien

 Les confréries de saint Sébastien ou des Chevaliers de l’Arc furent nombreuses en Champagne jusqu’à la Révolution. Le culte du saint se concrétise généralement par une bannière, un bâton ou une statue. On pourrait donc estimer que là où se trouve l’un de ces objets, une confrérie a pu, en un temps, exister. Ce serait généraliser un peu vite et oublier que le saint fut aussi le patron, en quelques lieux, des confréries de Charité ensevelissant les morts, qu’il fut aussi patron des marchands de ferraille et qu’enfin il fut invoqué contre la peste.

Si l’on comprend aisément qu’un saint percé de flèches patronne les archers, on s’explique moins ses autres fonctions, notamment son rapport avec les Confréries de Charité. Pour ce qui concerne les marchands de ferraille c’est, parait-il, parce que, avec toutes ces flèches dans le corps… il ne devait pas manquer de fer ! Le moins que l’on puisse dire est que le clerc qui offrit ce calembour à ses ouailles n’avait pas l’esprit très délié ! Son invocation contre la peste repose, heureusement, sur un fait plus acceptable. Anciennement la peste était signalée par des hiéroglyphes en forme de flèches. Une statue percée de flèches pouvait donc être comprise comme celle d’un homme touché par le fléau et en ayant guéri puisque « divinisé ».

Quelques confréries existaient dans l’Aube et dans le Marne. Voici deux extraits probants extraits des Archives de la Marne :


VIE ET OFFICE DE ST SEBASTIEN MARTYR

Avec des prières à l’usage des pèlerins qui viennent honorer les reliques dans l’Église de MERFY

Reims, Imprimerie Dubois Poplimont, rue de Vesle 220-1891. (Arch. Dep. Châlons Chp 5250)

 

CONFRERIE EN L’HONNEUR DE ST SEBASTIEN DANS L’ÉGLISE DE MERFY

Les habitants de la paroisse de Merfy se sont toujours signalés par leur dévotion envers St Sébastien à qui leur église est dédiée. C’est toujours avec une nouvelle confiance qu’ils invoquent sa puissante intercession : et c’est à juste titre car toujours aussi ils en ont ressenti la précieuse efficacité.

Pendant de longs siècles l’église de Merfy n’avait qu’un bâton sculpté surmonté d’une petite statuette de St Sébastien. Depuis 1714, elle possède une statue sculptée par un habitant du pays, François Culoteau.

Cette statue représentant le saint attaché à un arbre et percé de flèches est l’objet d’une vénération particulière, chaque année elle est confiée à la vénération d’une famille qui la recueille comme le gage d’une protection spéciales.

Depuis 1883, elle a le bonheur de posséder une châsse où sont renfermées des reliques de St Sébastien, une relique de St Roch également invoquée contre la peste et un ossement de sainte Anne, seconde patronne de la paroisse, modèle et patronne des mères chrétiennes.

Une confrérie qui compte toujours un grand nombre d’associés de toutes les paroisses voisines est établie dans la même église. La dévotion des co-associés consiste principalement à s’entraider par des secours mutuels de prières pendant la vie et après la mort.

 

NOTICE SUR LA VIE DE SAINT SÉBASTIEN et sur LA RELIQUE INSIGNE

de ce saint martyr conservée dans l’église de Jalons par M. l’Abbé P.J. Chapusot curé de Jalons


CONFRERIE DE ST SÉBASTIEN A JALONS

 Une confrérie nombreuse se forma dans la paroisse de Jalons en l’honneur du St martyr et le 15 octobre 1664 le pape Alexandre VII dont nous conservons la bulle, érigeait canoniquement ladite confrérie de St Sébastien et ouvrait en sa faveur le trésor des indulgences…

Aux dires des respectables vieillards ci-dessus désignés, cette confrérie avait pris une extension prodigieuse. Tous les pays d’alentour se faisaient un honneur d’y appartenir. Le jour de la fête de St Sébastien, comme le lundi de Pâques, les confréries des paroisses voisines arrivaient processionnellement au saint rendez-vous et les distances n’étaient pas un obstacle puisqu’il est certain que la procession d’Oger, à plus de trois lieues de là, venait grossir le nombre de pèlerins.

L’affluence des fidèles était immense, on commençait par s’acquitter des devoirs religieux commandés par la circonstance et disent les anciens, après avoir tiré de l’arc et collationné, chacun regagnait son pays. Ceci se passait avant 1793.

 

Sur les origines des confréries, un texte de 1867 en fournit un historique assez complet.

 Histoire des Ordres de Chevalerie et des distinctions honorifiques en France para F.F. Steenackers, membre de la Sociétés de l’Histoire de France. Paris 1867.

 

CONFRERIE DE ST SÉBASTIEN

ou

CHEVALIERS DE L’ARC ET DE L’ARBALETE

(date incertaine, vers 1260)

 

 On attribue à St Louis l’établissement d’une confrérie de St Sébastien, dans laquelle il se serait fait lui-même enregistrer, et qui parait être le type ou l’origine des chevaliers de l’Arc. Quelques auteurs ont assimilé cette institution à la plupart des mascarades du Moyen-Âge, parce que son organisation, ses réunions et son chef, que le peuple appelait papigot, patigot ou papegay (1), ont été souvent tournés en dérision mais c’est là une grave erreur, car les chevaliers de l’Arc ont rendu de grands services.

(1   C’est le nom qu’on donne en Allemagne aux perroquets. En France on désigne ainsi un oiseau de bois ou de carton, placé au bout d’une perche pour servir de but aux tireurs de l’arc ou de l’arbalète. Les formes papegai, papegay, papegaut, papegeai, papegail sont toutes attestées dans l’ancien français).

Les meilleurs chevaliers de France s’honoraient de faire partie d’une compagnie d’arbalétriers et du Guesclin était même roi du papegay dans celle de Rennes. Bayard avait reçu des chevaliers de l’arbalète le concours le plus utile lorsqu’il défendit Mézières contre Charles Quint. Ceux de Montdidier, commandés par la Trémouille, battirent les Anglais en 1523, ravitaillèrent Corbien en 1591, et repoussèrent les Espagnols commandés par le Grand Condé en 1653.

Sous le règne de François 1er et de Henri II, les compagnies furent très nombreuses ; on les retouve avec Henri IV, Louis XIII et Louis XIV, puis sous le règne de ce dernier roi, celles de Picardie prirent part aux sièges de St Omer, d’Arras et de Dunkerque.

On voit encore à Troyes, sur d’anciens vitraux, Louis XIII représenté en costume de chevalier de l’Arquebuse tirant de papegay.

Par décret de l’Assemblés Constituant du 12 juin 1790, les compagnies de l’Arc, de l’Arbalète et de l’Arquebuse furent réunies à la garde nationale. Napoléon essaya de les ressusciter, et nul doute qu’il ne fut parvenu à leur rendre leur ancienne force, si les événements n’avaient arrêté ce projet.

Quelques-unes de ces compagnies ont survécu en France, mais cependant, en très petit nombre.

Château d’Arc-en-Barrois (Haute-Marne) 1er février 1867

Les chevaliers portaient une croix émaillée, comme celle de l’ordre militaire de Saint-Louis. D’un coté est un St Sébastien en or sur fond d’émail bleu, et de l’autre, un arc et une flèche en sautoir et des flèches au lieu de fleurs de lys. Cette croix est suspendue à la boutonnière par un ruban ponceau liseré de blanc. Leur uniforme bleu de roi avec parements et revers de velours cramoisi, galonné d’or. Les boutons ornés de trois fleurs de lys, d’un arc et d’une flèche en sautoir (1).

(1)    Le chevalier Jacob. Recherches historiques sur les Croisades et les templiers. Paris 1828. In F.-F. Steenackers 1867

L’auteur repris par F.-F. Steenackers, nous entraine à commettre une erreur d’interprétation lorsqu’il écrit « les chevaliers portaient une croix émaillée comme celle de l’Ordre Militaire de Saint Louis ». Sa phrase laisse entendre que les chevaliers ont pris pour modèle celle de l’Ordre de St Louis alors qu’en fait, c’est l’inverse qui s’est produit, l’Ordre Militaire de St Louis n’ayant été institué par Luis XIV qu’en 1693.

Cette croix à huit pointes des Chevaliers de St Sébastien mérite que l’on y prête attention. « Officiellement » cette croix particulière apparaît pour la première fois portée par les « moines-guerriers » de l’Ordre de St Jean de Jérusalem créé vers 1048 et approuvé par le Pape Pascal II en 1113. En 1309, cet Ordre devint celui des Chevaliers de Rhodes et, à partir de 1530, Ordre de Malte. C’est avec ce qualificatif que cette croix est aujourd’hui désignée. L’Ordre Hospitalier et Militaire de St Lazare créé vers 1110 adopta également cette croix à huit pointes. Elle apparaitra ensuite sur les armes de l’Ordre du Temple créé vers 1118, notamment par Hugues de Payns [Payns est un village à environ 9 km de Troyes], seigneur de la famille des Comtes de Champagne. Il apparait inutile de préciser que les Templiers étaient également des « moines-guerriers ». Plus tardivement apparaitront d’autres ordres chevaleresques de moindre importance et souvent institués pour le bon plaisir des rois, ordres qui, à leur tour, adopteront cette croix pour marque. Il en sera ainsi pour l’Ordre de St Michel (1469), l’ordre du St Esprit (1578), l’Ordre Hospitalier du Mont Carmel (1607) et l’Ordre de St Louis (1693).

La première question qui vient à l’esprit est : Pourquoi un ordre chrétien implanté à Jérusalem n’a-t-il pas pris pour emblème la croix latine, symbole christique par excellence ?

La seconde question découle de la première : Où l’Ordre est-il allé chercher cette croix étrange ?

Enfin la troisième question pourrait être : Le puissant Ordre de Malte « inventeur » de cette croix a-t-il donné son accord pour que d’autres Ordres reprennent son emblème ?

Hélas, trois fois hélas ! Voici trois questions pour lesquelles il n’existe aucune réponse… Pourtant à une époque où les illettrés étaient légion, le signe, l’image aurait dû avoir un sens précis et véhiculer ce que le texte ne pouvait transmettre pour cause … ou bien, en un temps où l’ésotérisme avait valeur certaine, ce signe était un symbole dont le sens caché ne pouvait être connu que des initiés.

Parce que l’Ordre du Temple eut ses fondations en Champagne, parce que les Compagnies d’archers furent nombreuses dans notre Province et que, dans l’un et l’autre cas, la mémoire populaire en a conservé les souvenirs légendaires, nous allons émettre quelques hypothèses.

Prenons les questions à rebours. Il parait certain que l’Ordre de Malte « inventeur » de la croix a donné son accord – peut-être tacite – pour que les Ordres de St Lazare, des Templiers et St Sébastien portent le même emblème. Les seigneurs ont toujours été particulièrement jaloux de leurs armoiries et, s’approprier celles d’un voisin ou d’un concurrent entrainait réparations avec procès à l’appui. Il ne semble pas qu’un tel procès ait jamais eu lieu entre nos trois partenaires même si, à une certaine époque, Malte et les Templiers se firent de l’ombre.

Les deux questions paraissent moins aisées à résoudre mais elles pourraient être résolvantes l’une de l’autre.

Dans l’hypothèse ‘véhicule imaginaire’ qui peut parfois être dangereux lorsqu’il percute l’ésotérisme, voyons la symbolique. Comment peut-on tracer une croix de Malte ?

En partant d’un carré qui, comme chacun sait est l’une des faces d’un cube, diviser chacun des côtés en 3 parts égales que l’on relie entre elles de façon à obtenir 9 cases égales :

Réunir ensuite chacune de ces divisions en prenant pour raison le nombre 4

On obtient ainsi une croix à 8 points dont le tracé est infini. Pour s’en persuader, il suffit de suivre le trait avec un crayon. Parti d’un angle, il reviendra à son départ en en ayant emprunté tout le tracé. Voilà déjà un symbole bien connu des Compagnons (ni commencement ni fin)

Plaque cheminée 1657

 Si l’on rejoint maintenant les points diamétralement opposés de chaque traverse, on se retrouve devant une croix des Templiers



Replaçons le tout sur le carré de base et joignons les angles de l’octogone irrégulier. Nous obtenons deux grilles superposées. Ce tracé a été publié par robert Amblain dans son ouvrage « Jésus ou le mortel secret des Templiers » (Ed. R. Lafond) avec cette légende : « Croix, dite des "Huit Béatitudes", servant de grille de construction à l'alphabet secret des Templiers (Manuscrit du XIIIe siècle, BNF). Cette grille est elle-même montée sur une autre grille d'origine hébraïque, donnant naissance à un alphabet secret utilisé par les kabbalistes ».

Si nous repartons de la croix templière, il suffit de l'orler pour obtenir une croix de Malte

En la boutonnant, on obtient la croix dite de St Sébastien aux 8 pointes bien signalées



Pour tenter de saisir la raison de cette construction, nous devons plonger dans la tradition symbolique du Moyen-Âge en ayant soin de ne pas se laisser entraîner dans un hermétisme fumeux…

Il faut savoir que l'on a donné "dans la nuit de temps" une valeur ésotérique aux nombres. Certaines de ces valeurs ont profondément marqué nos croyances ; ainsi, le 3 (Trinité divine=, le 7 (Nains de Blanche-Neige), le 13 (Porte-bonheur ou porte-malheur), etc.). Les figures géométriques qui font nécessairement usage de ces nombres (carré, triangle…) ont, à leur tour pris des valeurs symboliques. A cet égard, il est intéressant de remarquer que les sens donnés à ces symboles se retrouvent de façon presque identique dans toutes les Religions et dans l'ensemble des "Croyance", sans distinction de races. Et c’est peut-être parce que cette “communion de l’imaginaire” les gêne que les hommes n’ont jamais cessé, en 2000 ans, de se battre pour leurs idéologies !

Le carré, base de la construction, représente la terre avec ses “4 horizons” cardinaux. En tant que face du cube il est la stabilité mais aussi l’achèvement. Selon Sainte Hildegarde, cette figue contient l’Homme. Les cisterciens, dont l’Ordre fut fondé par Bernard de Molesme au Xie siècle puis réformé par Saint Bernard de Clairvaux, établirent des églises ad quadratum (selon le carré).

Le premier tracé consiste à diviser chaque côté du carré en 3 parties égales. Universellement 3 exprime l’ordre intellectuel et spirituel. Un rituel de tirage au sort connu, entre autres des Arabes, consiste à utiliser 3 flèches divinatoires. La troisième flèche désigne l’élu ou, pour les nomades, la direction à suivre.

En reliant ces divisions entre elles, on obtient 9 carrés égaux. Neuf étant le nombre des sphères célestes, il est la perfection de la perfection, l’ordre dans l’ordre, l’unité dans l’unité. Ce sont les Trois Triades angéliques du Pseudo-Denys l’Aréopagite.

[Dans La Hiérarchie céleste, le Pseudo‑Denys organise les anges en neuf chœurs, répartis en trois triades (trois groupes de trois : Première triade — la plus proche de Dieu (Anges de la contemplation pure) Séraphins, Chérubins, Trône.  Deuxième triade — les puissances de gouvernement (Anges de l’ordre cosmique) Dominations, Vertus, Puissances. Troisième triade — les messagers proches des humains (Anges de l’action et de la médiation) Principautés, Archanges, Anges. C’est cette structure en trois triades qui a servi de base à toute l’angélologie médiévale, jusqu’à Thomas d’Aquin et au-delà.]

La figure ainsi formée constitue un carré magique où s’inscrivent les 9 premiers chiffres. Dans tous les côtés, leur somme donne 15. Appelé Sceau de Ghazali, ce carré était connu au Xe siècle dans le “Kitab-al-Mawazm”.

8   1   6

3   5   7

4   9   2

Sceau de Ghazali

خاتم الغزالي

L’opération suivante, consistant à relier diamétralement chaque division permet d’obtenir une première croix à 8 pointes dont le tracé est infini. 8 est universellement le nombre de l’équilibre cosmique. Il annonce l’ère future éternelle. Symbole gnostique, il est la promesse de résurrection de l’homme transfiguré par la grâce. Quant au diagramme ainsi constitué, il offre, par ses angles, la possibilité d’inscrire un alphabet secret similaire à celui des anciennes loges maçonnique (cf RFC n°90 page 30).

On peut maintenant en juger, ces religieux-guerriers, qu’ils soient de St Jean de Jérusalem, de Rhodes, de Malte ou du Temple, n’avaient nul besoin d’une croix latine pour affirmer leur idéologie. La croix à huit pointes contenait, en son sein, l’idéal auquel ces hommes aspiraient. On comprend aussi que les Chevaliers de Saint Sébastien aient été admis à prendre cet emblème puisqu’il y avait convergence de vues.

Puisque nous en sommes à nous promener dans les arcanes de l’ésotérisme des traditions, faisons un rapide petit tout dans les couleurs : la croix de Malte est rouge, celle du Temple blanche et celle de l’Ordre de St Sébastien, bleue !

Le rouge est la première fondamentale car liée au principe de vie, le sang. C’est aussi la couleur des initiés à la Connaissance ésotérique. Le blanc, parce que nous somme de toutes les couleurs, est l’absolu. C’est la couleur initiatique par excellence. Celle de l’aube et de la pureté. Enfin, le bleu est la couleur immatérielle la plus profonde, la couleur de la vérité. Ce bleu céleste, l’azur héraldique, formera le champ du blason de la maison de France afin de proclamer l’origine théologale des rois. Simple coïncidence, sans doute, le drapeau tricolore de France a été conçu le 27 juillet 1789 sur les conseils de La Fayette qui appartenait à une Loge maçonnique [il est initié à Metz en 1775 ; est nommé Vénérable Maître de “Les Amis de l’Humanité” (Rozoy‑en‑Brie)].

Cette brève ballade dans les symboles peut paraître quelque peu hermétique mais, nous n’en serions pas là si, il y a un petit millénaire, des hommes de France et particulièrement des Champenois, n’avaient rencontré des théologiens issus du pays des « mille et une Nuits ».


SAINT SÉBASTIEN SYMBOLE

 Pour comprendre le rôle de St Sébastien, il nous faut préalablement faire un petit retour aux origines de l’Église en Gaule.

C’est d’abord le sud de notre pays qui subit les influences de la nouvelle religion et il parait vraisemblable que les premiers chrétiens apparurent dans la province romaine dite « Narbonnaise ». La religion celtique étant, semble-t-il bien ancrée, le christianisme ne pénétra que très lentement. D’autre part, il faut garder en mémoire que les religions de l’époque se côtoyaient et s’acceptaient sans heurt, les Temples du moment pouvant aisément abriter sous un même toit les idoles des tenants de croyances diverses. Il en était ainsi dans tout l’Empire romain et les premiers chrétiens ne furent jamais persécutés pour leur croyance mais uniquement parce qu’ils s’opposaient fanatiquement à cette tolérance. Il semble également qu’en Gaule ce fanatisme fut moins rigoureux à ses débuts. Peut-être parce qu’il y avait déjà une similitude entre la religion soutenue par les Druides et celle des premiers chrétiens. Cette tolérance explique, entre-autre, que les édits de Dioclétien de 250 ap. J.-C. ne furent jamais appliqués en Gaule (sauf à Dèce et peut-être à Lyon) et qu’en conséquence la Gaule ne connut que très peu de martyres. D’autre part, il est à peu près certain aujourd’hui que l’évangélisation – et la conversion – des peuples celtes ne prit vraiment de l’extension qu’avec les moines de St Colomban à partir de 590 (pratiquement au VIIe siècle seulement).

Le culte des saints ne fut créé qu’au IXe siècle. C’est en 875 que fut rédigé le martyrologue d’Usuard et celui-ci adapta les actamartyrum d’Afrique, d’Orient et d’Italie aux croyances locales afin de “christianiser” les cultes locaux. Partant de cela il faut donc rester très prudent lorsque l’on se penche sur la “vie” d’un saint. L’Église elle-même a depuis quelques années pris un certain recul avec ces cultes puisqu’en 1969, le pape Paul VI a, dans son Mysterii Paschalis, purement et simplement, rayé de son calendrier 44 saints parmi les plus connus (Barbe, Christophe, Lucie, Ursule, notamment). Aucun n’est “décanonisé” : leurs cultes deviennent simplement facultatifs ou locaux. Il est à noter que Catherine d’Alexandrie a été rétablie en 2002. 

Plus douteux encore pour la vérité historique apparaît le culte des reliques.

A l’origine on célébrait le culte chrétien sur la tombe d’une victime des Romains. (D’où l’empressement de ces derniers à faire disparaitre les corps des persécutés). Lorsque les premières églises furent édifiées, l’autel fut, logiquement disposé sur une tombe. Par la suite des temps on se contenta d’y placer quelques ossements de « martyrs ».

Or, quand on dit “martyr” on a tendance à pense “saint”. Ce qui est faux car toute victime de sa foi meurt en martyr (du grec martur, témoin) de son Dieu et les catacombes en étaient pleines ! mais le goût du merveilleux aidant, chacun voulut obtenir les reste d’un individu célèbre et un commerce fructueux de “faussaire en reliques” s’établit à Rome du VIe au IXe siècle avant de devenir l’“industrie” principale de Constantinople après le IXe siècle. Par suite de ce trafic, aujourd’hui interdit par l’Église, on se retrouve avec un monceau de reliques. Ainsi, il existe 14 clous de la Crois, au moins 4 couronnes d’épine, des gouttes de lait de la Vierge, plusieurs prépuces de Jésus et une telle quantité de morceaux de la Sainte-Croix qu’en les réunissant on pourrait reconstituer un arbre ! Quant aux saints qui ont plusieurs têtes (!) on ne les compte plus… [dans la série télévisée “La petite histoire de France” le comte Honoré de la Roche saint Pierre achète à pris d’or le rare prépuce de Sainte Catherine… ah ah ah]

Concernant saint Sébastien, j’ai retenu deux textes rédigés au XIXe et dont voici quelques extraits. Le premier concerne le merveilleux de la vie du Saint :

 

NOTICE SUR LA VIE DE SAINT SEBASTIEN et sur LA RELIQUE INSIGNE

de ce saint martyr conservée dans l’église de JALONS

Châlons-sur-Marne, H. Laurent imprimeur de la Société académique, 1863. Approbation épiscopale donnée à Châlons par Jean Honoré Bara, Évêque de Châlons le 19.12.1862

 

Sébastien eut la France pour berceau, c’est un de ses plus glorieux enfants, un de ses saints les plus populaires.

Né vers l’an 260 à Narbonne dans le midi des Gaules d’un gentilhomme du pays et d’une dame de Milan, il quitta bientôt sa patrie pour suivre ses parents dans la capitale du Milanais, où les tendresses de sa famille maternelle l’attendaient impatiemment.

Issu d’une noble race, le jeune Sébastien fut élevé dès sa plus tendre enfance avec des soins exquis. Un naturel heureux, des maîtres habiles, une éducation choisie, tout contribuait à développer dans cette riche intelligence les plus beaux talents, les connaissances les plus variées.

Huit fois déjà les empereurs romains avaient répandu le sang des chrétiens fidèles ; la neuvième persécution commençait. Rome en était le foyer ; c’est à Rome que Sébastien va demander un aliment à sa foi et à son zèle. Il se sent peu d’attraits pour l’état militaire, mais il comprend que sous le casque, ses allures seront plus libres, ses entrées plus faciles, partout où le sort des chrétiens réclamera sa présence. Il s’enrôle en 283 dans l’armée de l’empereur Carin, qui ne monta sur le trône que pour être assassiné !

Zoé, l’épouse de Nicostrate a perdu depuis six ans l’usage de la parole, elle fait signe à Sébastien de la guérir et la croix imprimée sur ses lèvres lui rend l’usage de la voix…

Chromace, préfet de Rome, tourmenté par les douleurs aigües de la goutte apprend que Tranquillin a été guéri de cette affreuse maladie en recevant le baptême, à l’instigation du fervent Sébastien. Dans l’espoir d’une si précieuse faveur, Chromace se fait instruire par le courageux soldat qui le guérit et le baptise ainsi que son fils Tiburce et toute sa famille. 1400 soldats suivent leur exemple.

En 288, l’empereur Dioclétien reproche à Sébastien de favoriser la religion nouvelle mais Sébastien demeure inébranlable. Aussitôt les farouches soldats de Mauritanie, habiles à tirer de l’arc se saisissent du capitaine disgrâcié et font pleuvoir sur lui une grêle de flèches. On le croit mort, mais la pieuse Irène, la veuve du saint martyr Catule étant venue pour l’enterrer, s’aperçoit qu’il respire encore et le fait porter dans sa maison où il recouvre promptement la santé…

Il pénètre dans le palais de Dioclétien pour le traiter de tyran. Dioclétien le fait prendre et conduire dans l’hippodrome attenant au palais pour y être assommé à coups de massue. C’était le 20 janvier. On jeta son corps dans un cloaque de la ville pour le dérober aux recherches des chrétiens. Mais une vertueuse dame nommée Lucine ayant appris cette profanation fit secrètement retirer des égouts le corps de saint Sébastien.

De tout cela, les seuls éléments qui soient admis, bien que sans preuve, sont que Sébastien serait né à Narbonne, qu’il aurait été officier de la Garde prétorienne de l’Empereur et que reconnu chrétien il aurait été mis à mort vers 288 sous le règne de Dioclétien.

Voyons à présent les reliques qui se trouvent à Merfy et Jalons (Marne). Leur authenticité est évidemment plus que douteuse et il est à peu près certain qu’elles appartiennent aux célèbres fabrications des ateliers de Constantinople. Au XIXe cependant, certains prêtres n’admettaient pas que l’on puisse douter de leurs reliques.


St Sébastien église St Martin de Rumilly-lès-Vaudes (10)

Médaille de St Sébastien XIXe s



Dans notre département, l’on a souvent entendu vanter la relique de St Sébastien que Mgr de Prilly en 1824, avait tenu pour suspecte, parce qu’elle manquait de titres authentiques. L’opposition vive et hardie qu’il rencontra dans la paroisse de Jâlons, quand il voulut supprimer ce précieux trésor, était également connue. En effet, le 27 décembre 1824, fête de St Jean l’Évangéliste, Mgr Marie-Joseph François Victor Monyer de Prilly faisait à Jâlons sa première visite épiscopale.

Les deux marguilliers en charge de cette époque, Pierre Collard et Alexandre Henault, ont raconté l’examen attentif que fit Sa Grandeur de la châsse de St Sébastien. Mgr ne voyant aucun titre authentique, et trouvant le reliquaire et la relique dans un état flagrant de malpropreté observa, d’une manière assez accentuée qu’il valait mieux enterrer cette tête dans le cimetière, que de la laisser ainsi dans la pourriture. Mais l’évêque de Châlons comprit bientôt toutes les difficultés qu’il allait susciter, il se contenta de faire porter au presbytère la châsse du saint patron pour y remettre un peu d’ordre et de décence, et c’est pendant cette translation que deux ou trois personne du pays, pensant que Mgr voulait enlever la relique de St Sébastien, commencèrent à lancer des pierres…

…Peu de temps après cet évènement Mgr de Prilly eut l’extrême bonté d’envoyer à l’église de Jâlons une petite parcelle des relique authentiques de St Sébastien. Nous avons trouvé cette esquille dans un papier écrit de la main et scellé du sceau de Sa Grandeur…

… sur la fin de 1861, je rencontrai chez un de mes amis monsieur l’Abbé Aubert, curé de Juvigny, un livre de M. de Barthelemy (Edouard) traitant du vieux diocèse de Châlons et sur lequel je lus avec avidité les renseignements qui suivent :

« Un procès-verbal, du deuxième dimanche de septembre 1468 constate la visite faite du Chef de St Sébastien conservé dans l’église de Jaalons, en présence de Jean Lédigoix, abbé de Toussaint » …

… Si jusque là j’entendais avec plaisir les détails qu’on rappelait sur la relique de St Sébastien, maintenant je les demandais, je les provoquais partout. Ce fut un bonheur pour mes paroissiens d'entendre parler avec intérêt du saint que les aïeux ont vénéré et qu’ils vénèrent comme eux.  Chaque vieillard que j’interrogeais se faisait un plaisir, un bonheur de me dire ce qu’il avait vu, ce qu’il tenait de la tradition.

Avant de faire les premières démarches, j’ai dû visiter la châsse de St Sébastien pour savoir si la relique actuelle répondait à la description qui nous était donnée par le procès-verbal de 1468. En effet, grande fur ma satisfaction quand je trouvai la moitié d’une tête, un chef, comme le porte l’acte ci-dessus mentionné…

… Une merveilleuse fortune nous attendait à la bibliothèque de Châlons. Dans une histoire manuscrite du diocèse par Dom François, religieux bénédictin, on lit ce passage si précieux pour nous :

« Visite du chef de St Sébastien An 1442.

Sous Guillaume le Tur, 77ème évêque de Châlons, le grand vicaire et l’official de l’évêché furent députés avec deux chanoines et des notaires par le chapitre pour aller vérifier les reliques de St Sébastien en l’église de Jaalon. La visite s’en fit le premier jour de mai 1442 et il fut dressé procès-verbal comme quoi ces reliques étaient une partie du chef de St Sébastien. Elles furent solennellement transférées de l’ancien reliquaire dans un plus grand et plus magnifique en 1468 [Histoire du Diocèse de Châlons-s-Marne par Dom François, religieux bénédictin de la Congrégation de St Vannes, 1 vol, in fol manuscrit de la bibliothèque de Châlons p.397].

Cette citation et la note de M. de Barthelemy nous prouvent parfaitement la reconnaissance canonique des reliques de St Sébastien faites par deux évêques de Châlons. 1) Celle de Mgr le Tur, comme l’indique la citation ci-dessus. 2) Celle de Mgr Geoffroi de St Géran en 1468 date de la visite officielle faite en présence de Jean Ledigoix, abbé de Toussaint et de la translation du chef de St Sébastien dans un reliquaire nouveau et plus riche…

… dans un procès-verbal de visite épiscopale faite le 10 mai 1724 par Mgr Louis Nicolas II de Saulx-Tavannes il est dit à l’article relique « Il y a dans l’église de Jaalons une relique de St Sébastien que nous n’avons pu visiter, M. le curé nous ayant dit qu’il n’avait pas la clef du reliquaire. Il fera ses perquisitions pour l’avenir, afin qu’à notre prochaine visite nous puissions l’examiner…

… C’est plus tard, en 1747, le 3 juin que Mgr Claude Antoine de Choiseul-Beaupré son successeur fil de son côté une visite solennelle à la paroisse St Ephrem de Jâlons.

Monseigneur avait eu la délicate attention de se raire accompagner non plus par ses vicaires généraux, mais par deux anciens curés de cette paroisse, MM. Claude Frémuiet chanoine théologal de l’église cathédrale et promoteur général du diocèse et Léon François Maupas aussi chanoine de ladite église et ancien promoteur du doyenné de Châlons. Observons que les procès-verbaux de cette époque ne renferment plus dans leur questionnaire l’article relique. Il n’est donc pas fait mention du chef de St Sébastien dans le procès-verbal du 3 juin 1747. Il parait cependant certain que Mgr de Choiseul a vu le reliquaire et entendu parler de l’insigne relique ne fut-ce que par les deux chanoines anciens curés de Jalons. Suffisamment renseigné sur ce chapitre, Monseigneur se sera contenté de la reconnaissance faite par ses vénérables prédécesseurs sans rien ajouter sur sa feuille de visite. Il l’eut signalé, c’était son devoir rigoureux si le reliquaire n’eut pas été en règle…

 

Église de La Madeleine - Troyes


TÉMOIGNAGES DE LA TRADITION

La grande révolution n’était qu’à soixante ans de là, époque funeste, où tant d’objets religieux et les reliques en particulier furent affreusement profanés. J’interrogeai donc là-dessus des témoins dignes de foi et j’en reçus l’assurance formelle que la relique de St Sébastien n’avait subi aucun… ni aucune insultes pendant la Révolution… chef de St Sébastien était conservé dans un buste en cuivre, fermant à clef et placé sur l’autel dédié au saint martyr [Nul doute que cette châsse représentant le buste de St Sébastien ne soit le reliquaire plus grand et plus magnifique dont il a été parlé précédemment et dans lequel on transféra la relique en 1468 sous Mg de St Géran].

Ce buste en cuivre servant de reliquaire, et l’aigle du lutrin également en cuivre tous deux d’un travail remarquable, furent enlevés de l’église de Jâlons à la fin de 1793 et conduits à Châlons-sur-Marne pour être mis à la disposition du district et servir aux besoins de la nation.

MM. Remy Nottret, adjoint âgé de 77 ans et Collard Réaux, conseiller municipal âgé de 83 ans soussignés m’ont garanti les-dits renseignements et m’ont affirmé, sur leur honneur que le chef de St Sébastien avait été soustrait aux agents révolutionnaires par le marguillier de la confrérie le sieur Claude Hostomme dont la femme Marie Joseph Amé pieuse chrétienne de la paroisse de Jâlons garda religieusement ce dépôt sacré pendant tout le temps de la terreur.

Signé Nottret-Collard

 

Madame Félicité Michel, veuve Lemaire, propriétaire à Jalons nous a donné la description de la boîte dans laquelle a été conservée la relique pendant la Révolution et jusqu’en 1804. Elle a vu tirer le chef de St Sébastien de cette boite très modeste pour être déposée dans une châsse plus décente donnée par sa famille et faire sur le modèle du reliquaire de St Alpin de Châlons. Cette châsse en bois qui fut conservée dans la crypte jusqu’en 1862 malgré son état de délabrement, avait été remplacée en 1849 par le reliquaire actuel, en cuivre verni, don que fit M. Jean Nicolas Lemaire au nom de Louis Bertrand son petit-fils. M. Bertrand Lemaire a inséré dans le coussin sur lequel repose la relique, une feuille de parchemin qui donne la date et le motif pieux de cet hommage à St Sébastien.

Signé Félicien Lemaire Michel

 

Tous commentaires seraient superflus. Tout à sa démonstration, le brave abbé Chapusot ne s’est même pas aperçu qu’il s’apportait lui-même la contradiction lorsqu’il affirmai avoir vu en 1860 la châsse répondant à la description de 1468, lors même qu’il confirme ensuite, sur témoignage, que cette châsse a été réalisée en 1849…

L’abbé E. Defer, relatant la translation des reliques du saint, de Rome à l’église de Saint-Médard-lès-Soissons, signale un fait qui mérite notre attention :

[Vie des Saints du Diocèse de Troyes, Abbé E. Defer, 1865, Bibl. de Troyes STL60]

…Mais ce qui nous intéresse plus particulièrement c’est que le saint martyr honora notre contrée d’un éclatant miracle. Le pieux cortège s’étant arrêté près de Villenauxe-la-Grande, au Prieuré de Celle-sous-Chantemerle fondé par St Séverin… Le corps du saint devint d’une telle pesanteur qu’il fut impossible de le soulever… cette merveille fit comprendre à tous que le martyr de Jésus-Christ voulait qu’on déposât en ce lieu quelques reliques… On y laissa en effet une partie de son crâne.

On sait que lorsqu’une légende mentionne l’alourdissement d’un objet de vénération, cela signale systématiquement pour notre région, l’emplacement d’un culte pré-chrétien particulièrement célèbre (N.D. du Chêne à Bar-sur-Seine, Vierge noire de Montmorency-Beaufort, etc.). On peut donc se demander si cette relation ne serait pas précisément en rapport avec le culte d’une divinité gauloise ayant un arc pour attribut et vénérée en ce lieu ?


Que peut-on penser, aujourd’hui de notre St Sébastien, Patron des Archers ?

Qu’un homme nommé Sébastien soit né à Narbonne au IIIe siècle est possible. Qu’il soit devenu officier commandant un détachement d’archers, sans doute des mercenaires, dans la garde prétorienne n’est pas impossible non plus. Quand on sait l’acharnement de l’empereur Carin puis de Dioclétien à combattre les chrétiens considérés alors comme des “terroristes”, il n’est pas non plus impensable que Sébastien, séduit par la religion nouvelle ait été démasqué, emprisonné puis exécuté comme chrétien.

Il y a pourtant dans les relations de son martyr un certain nombre de concordances qui laissent à penser qu’elles ne sont pas le fruit du hasard. Coïncidences, peut-être : toutes les données qui concordent peuvent s’interpréter par rapport à la symbolique. 


Église St Sébastien de Crésantignes (10)

Sébastien en latin ecclésiastique Sebastianos, n’apparait pas comme étant un nom mais un qualificatif dérivé du grec Sebastos, honoré. Cet officier d’archers aurait donc été qualifié du titre d’homme honoré. Si on poursuit notre investigation sur la simple dénomination des personnages qui sont sensés l’environner, nous arrivons chaque fois à des résultats semblables.

Le premier miracle réalisé par Sébastien s’applique à Zoé. D’un signe, il réussit à lui rendre la parole. Zoe est également un surnom grec qui signifie vie et plus spécialement vie surnaturelle.

Meurtri de flèches et laissé pour mort, notre héros est recueilli et soigné par Sainte Irène, laquelle mourra également percée d’une flèche en l’an 304. Irène c’est Eiréné, déesse grecque des heures à laquelle s’attache le symbole de la Paix.

Flagellé, assommé et jeté dans un cloaque, le corps de Sébastien sera recueilli par une sainte femme, Lucine. Ce nom est un diminutif de Lucie, Luce, dérivé du latin lucis, lumière. Nous noterons au passage que Lucie a été rayée du calendrier en 1969. Son martyr n’était nullement probant et son nom rappelait de façon trop évidente une déesse de la Lumière.

En somme, l’Archer honoré se retrouve simultanément acteur et victime, ses archers le visant à son insu. Cela renvoie au Principe sacré du tir non intentionnel des taoïstes, rapporté dans le Lie‑Tseu, qui enseigne que la perfection n’est atteinte qu’en cessant de se préoccuper du but comme du tir. 

La flèche le foudroie mais il ne meurt qu’en apparence car il a atteint un niveau où la Paix (Eirêné (εἰρήνη)) lui permet d’entreprendre une nouvelle vie. Il est devenu l’Initié. Ce qui parait confirmé par la statuaire. Sébastien y est représenté nu avec un simple pagne (alors que les saints portent en général le vêtement de leur état). Les artistes lui ont administré un nombre de flèches variable mais, toujours une de celles-ci lui perce la cuisse. Or, si le genou découvert est bien un signe compagnonnique, la cuisse est, ici, un signe de la Connaissance. Signe encore accentué par le fait qu’une flèche perce cette cuisse. Si l’on veut bien admettre des théories de philosophes écoutons le Baralbin Gaston Bachelard dans “L’air et les songes” :

« Par l’image de la flèche nous sommes engagés maintenant, de tout notre être, dans la dialectique de l’abîme et des sommets ».

Mais l’initié Sébastien n’a pas encore atteint le niveau suprême. C’est le sens qu’il faut donner à la suite de son martyr. Il sera flagellé – le fouet étant un symbole de l’Énergie Créatrice – assommé puis jeté dans un cloaque. Par définition, c’est le lieu où se déversent les boues et les excréments. Or, la mythologie est assez universelle pour reconnaître que les excréments sont un réceptacle des puissances biologiques sacrées évacuées par l’homme et pouvant être magiquement récupérées. La Légende de Sébastien nous le confirme car son corps est recueilli par Lucine, la Lumière Divine.

Ainsi, notre héros a accompli le cycle qui devait le conduire à la Connaissance Divine !

 L’étude de saint Sébastien nous renvoie à la conjecture que nous avions avancée concernant l’origine de la croix de Chevalier. Il ne s’agit que d’hypothèses, mais les correspondances observées demeurent singulières.

St Sébastien est toujours représenté lié à un arbre ou à une colonne, un bras dans le dos et l’autre, le droit, fréquemment au-dessus de sa tête. Le bras, selon Pseudo-Denys l’Aréopagite, représente le pouvoir de faire, d’agir et d’opérer. Quant à l’arbre ou à la colonne, ils sont à la fois Arbre de Vie et Axe du Monde dans les traditions celtiques…


St Sébastien guérissant Zoé – auteur inconnu, XIXe







Bras reliquaire de Saint Sébastien

L’Archiconfrérie de St Sébastien possède une Relique authentique de Saint Sébastien. Comme toutes les grandes reliques européennes, elle est gardée par un corps de Chevaliers appelés Archers-Gardiens des Reliques de Saint Sébastien.

Elle se veut héritière des premiers Archers-Gardiens des Reliques de Saint Sébastien amenées de Rome à l’Abbaye Saint Médard de Soissons en l’an 826 par une compagnie d’archers armés chevaliers par Hilduin de Saint Denis, Abbé de Saint Médard, Archi-chapelain de la cour impériale de Louis le Pieux.

Saint Sébastien étant le Saint Patron des Archers, son domaine d’action est tout naturellement et particulièrement propre au monde de l’Archerie.

L’Archiconfrérie relève de son Grand Maitre l’Évêque de Soissons assisté par un Grand Aumônier. Elle est dirigée par un Connétable, lui-même assisté par un Vice-connétable.


St Sébastien, chêne polychrome XVIIe

St Sébastien, chêne polychrome, fin XVIe,  
provient de la chapelle Saint-Sébastien à Kermouster

Icône orthodoxe


St Sébastien soigné par Ste Irène, 
Georges de la Tour 1645, musée du Louvre

 

Saint Sébastien intercédant pour les pestiférés (1497-1499)
Josse Lieferinxe, Baltimore, Walters Art Museum.


Buste reliquaire de saint Sébastien,
 Ebersberg, Allemagne.

Martyr de St Sébastien,
Hans Holbein l'Ancien. Alte Pinakothek, vers 1516


St Sébastien gothique tardif, probablement Niklaus Weckmann (1481-1528), vers 1500.

Tilleul sculpté H 102 cm Coll. privée


Autel St Sébastien
 Retable : Martyr de St Sébastien,
 cathédrale St Gervais et St Protais de Soissons (02)


4ème Cantique

O glorieux Saint Sébastien,

Assistez le peuple chrétien ;

Grand Saint, daignez prier pour nous

Qui avons confiance en vous

 

Pour le servir fidèlement

Et le prêcher diligemment

Digne soldat du Dieu sauveur,

Bien grande était votre ferveur,

 

Il était votre unique appui,

Et vous, vous étiez tout à lui ;

Au ciel il mettait triomphants

Ceux qui devenaient vos enfants.

 

Quand ces enfants tout glorieux,

Devant vous ravissaient les cieux

Gd saint, combien désiriez-vous

Mourir pour le Dieu mort pour tous.

Votre désir est exaucé,

De flèches vous êtes percé,

Et vos blessures sont des voix

Qui célèbrent le Roi des rois.

 

Enfin, sous mille coups brisé,

Et du saint amour embrasé,

Vous tombez, mais victorieux,

Votre belle âme monte aux cieux.

 

Là-haut des pécheurs malheureux

Vous connaissez les maux affreux ;

O bienheureux Saint Sébastien,

A qui Dieu ne refuse rien,

Éloignez de nous les fléaux

Et le péché, source de maux.

 

Faites qu’en tout temps, en tout lieu,

Nous servions notre Dieu,

Et qu’un jour au ciel le bonheur

Couronne enfin notre ferveur.

Ainsi soit-il.

 _________ 

Autre refrain 

O notre tendre Père,

Du séjour des élus,

Entends notre prière

Conduis-nous à Jésus.

  

SAINT SÉBASTIEN NOTRE PROTECTEUR

PRIEZ POUR NOUS AUPRES DU SEIGNEUR

 

 




 

 

Transfert des reliques de saint Sébastien de Rome à Soissons
Hilduin Ier, abbé de Saint-Médard, est à l’origine de ce transfert.
de grands travaux sont prévus pour accueillir les reliques et les pèlerins.


Les vitraux de la nef de la cathédrale de Troyes : les baies n°133 et 233 : légende de saint Sébastien ; réalisée en 1501 par Lievin Varin, don de la confrérie de Saint-Sébastien.

 Donation par la confrérie de saint Sébastien et datation en 1501 : inscription au triforium et en baie 233.

 L'inscription qui court tout le long du registre inférieur des lancettes de la baie 233 indique :

 LA CONFRARIE DE SAINT SEBASTIAEN ONT DONNE CESTE VERRIERE LAN MIL CINQ CENT UN. DIEU LES GARD[E]

 Note : la graphie "confrarie Monsr Saint Sebastian" issue de l'ancien français (latin confratria) se retrouve dans les comptes de la confrérie en 1483-1486 (AD registre G2513). Elle comporte la liste de ceux "qui ont prins cierge"

 Attribution et datation : d'après les archives de la cathédrale.

 "Payé à un maçon pour aider Lyénin le verrier à refaire les escharfauds de la verrière de St. Sébastien"

 Selon D. Minois, la pose de la verrière en trois fois révèle sans doute la fréquence des versements effectués par les confrères, la date de 1501 qui est inscrite correspondant au dernier acompte

 Héraldique : Selon la notice de la base Palissy ; un écu armorié avait été mis en place en 1502/1503 par Jeançon Garnache et Nicolas Hulins, mais il a disparu.

 La baie 233, avec six lancettes réunies deux à deux sous deux mouchettes, et un tympan à treize ajours et écoinçons, mesure 10 m de haut et  6 m de large.

 La baie 133, en dessous, au triforium, avec ses six lancettes réunies deux à deux sous un tympan à deux mouchettes et un soufflet, mesure 3, 50 m de haut et 6 m. de large.

 La confrérie de saint Sébastien à Troyes.

 La confrérie de saint Sébastien de Troyes est présente dans les comptes de la fabrique dès 1380. Si les créations de confréries à Troyes datent de ces années 1380, elles explosent vers 1510 et leurs nombres passent de 25 à 81 (S. Simiz). Celle de Saint-Sébastien doit son développement aux épidémies de peste, et donc aux soins d'inhumation.

 Confrérie d'intercession ou de fonction ? Le rôle de l'intercession auprès de saint Sébastien contre la peste est clairement énoncé sur la verrière de la cathédrale, comme elle l'est à Saint-Nizier de Troyes. Une épidémie a frappé Troyes entre 1491 et 1499, donnant tous son sens à l'invocation du tympan : Saint Sébastien ami de dieu garde nous de tous lieux de peste.

 Dans les villes, la défense était confiée à des groupes d'archers et arbalétriers. Je n'ai trouvé que des documents insuffisants pour savoir si, à Troyes, la confrérie de saint Sébastien a été dès l'origine une confrérie d'archers, comme c'est attesté en 1520 sur la verrière du martyre de saint Sébastien de l'église Saint-Nizier de Troyes ("don de la confrérie des archers") qui comporte aussi des invocations contre la peste. La confrérie possédait aussi en 1515-1516 un autel en l'église Sainte-Madeleine de Troyes. Dans la cathédrale Saint-Pierre, leur autel se trouvait dans le transept méridional, et associé dès le XVe siècle à l'autel de Sainte-Hélène. Une messe y fut fondée dès 1340, des inhumations eurent lieu dans cette chapelle.

 La confrérie possédait certainement un bâton de procession à l'effigie du saint patron, et sa garde était attribuée au bâtonnier. À Troyes en 1502-1503 ou 1512-1513, il s'agissait d'une femme. Lors de sa prise de fonction, elle offrait du linge d'autel pour la chapelle. La procession faisait le tour de la ville lors de la fête du saint. Le jour de la Saint-Sébastien on allait, en magnifique cortège, tirer le papegai sur le pré. Celui qui abattait l’oiseau était proclamé roi ; l’abattait-on trois années de suite, on devenait empereur. Le soir, on dînait aux frais de la ville.

 Saint Sébastien et le collier de l'Ordre de Saint-Michel.

 Saint Sébastien porte, sur ces baies 133 et 233, le collier de l'Ordre de Saint-Michel, dans sa première version bien entendu (l'Ordre a été créé en 1469 mais François Ier a remplacé en 1515 les aiguillettes en double las du collier par une cordelière). Cette particularité se retrouve à la même époque dans la statuaire de l'Aube, et un bel exemple de statue en bois est conservé au Musée de l'Archerie et du Valois de Crépy-en-Valois, datant de la fin du XVe/début XVIe siècle.

 Laurent Hablot a étudié ces Sébastien au collier et souligne que, « en Champagne au moins, le port de ce collier par le saint patron des confréries d'archers permettait de faire le lien entre ces milices, avatars des francs archers de l'Ordonnance et le service du roi, une façon aussi d'ennoblir à travers son patron la confrérie comme personne morale à défaut que ses membres roturiers puissent prétendre à cette distinction royale réservée à la noblesse. Au XVIe-XVIIe, plusieurs de ces confréries décerneront au "roi du Papegai" un collier très proche formellement des colliers d'ordre de chevalerie (dans le Nord et en Flandres, quasi répliques de la Toison d'or). Peut-être qu'à Troyes au XVIe siècle déjà le roi du Papegai recevait un collier imitant celui du Saint-Michel ? ».  [J.P. Finot, in Les archers, arbalétriers et arquebusiers de Troyes (1858), décrit la cérémonie hebdomadaire du tir au joyau ou du tir à l'oiseau et les honneurs réservés au vainqueur, mais ne parle pas d'un collier.].

 


baie de saint Sébastien à l'église Saint-Nizier, par Charles Fichot 

baie 133 et 233 cathédrale de Troyes


Baie 133, Sébastien exhorte un chevalier (armure, bonnet à plume, épée) à se convertir 
puis viennent Dioclétien et Maximien.

Baie 133, Sébastien (qui porte le collier de l'Ordre de Saint-Michel) invite les deux frères jumeaux Marc et Marcelin (qui ont été condamnés à être décapités en raison de leur foi chrétienne) à proclamer leur foi.   Zoè femme de Nicostrate, retrouve la parole et voit un ange notant sur un livre les paroles du saint.


La Légende : Jacques de Voragine La Légende dorée (1261-1266)

 "Sébastien, originaire de Narbonne et citoyen de Milan, était animé d’une foi chrétienne très ardente. Mais les empereurs païens Maximien et Dioclétien avaient pour lui une telle affection qu’ils l’avaient nommé chef de la première cohorte, et l’avaient attaché à leur personne. Et lui, il ne portait la chlamyde militaire que pour pouvoir aider et consoler les chrétiens persécutés.

 "Or comme, un jour, deux frères jumeaux, Marcellin et Marc, allaient être décapités pour s’être refusés à abjurer la foi du Christ, leurs parents vinrent les trouver pour les engager à se laisser fléchir. Leur mère, d’abord, se présenta devant eux, les cheveux dénoués, les vêtements déchirés, la poitrine nue, et leur dit : « Ô mes fils chéris, une misère inouïe et un deuil affreux s’abattent sur moi ! Malheureuse que je suis, je perds mes fils de leur propre gré ! Si l’ennemi me les avait enlevés, je serais allée les lui reprendre au plus fort du combat ; si des juges s’étaient emparés d’eux pour les mettre en prison, je me serais fait tuer pour les délivrer. Mais ceci est un nouveau genre de mort, où la victime prie le bourreau de la frapper, où le vivant aspire à ne plus vivre, et invite la mort au lieu de l’éviter. Ceci est un nouveau genre de souffrance, où la jeunesse des fils, spontanément, se perd, tandis que la vieillesse des parents est condamnée à survivre ! » Ensuite arriva le père, conduit sur les bras de ses esclaves ; et ce vieillard, la tête couverte de cendres, s’écria : « Je suis venu dire adieu à mes fils, qui, de leur plein gré, ont voulu nous quitter ! Ô mes fils, bâton de ma vieillesse et sang de mon cœur, pourquoi avez-vous ainsi soif de la mort ? Que tous les jeunes gens viennent pleurer sur ces jeunes gens obstinés à périr ! Que tous les vieillards viennent pleurer avec moi sur la mort de mes fils ! Et vous, mes yeux, éteignez-vous à force de larmes, pour que je ne voie pas mes fils tomber sous le glaive ! » Puis arrivèrent les femmes des deux jeunes gens, tenant dans leurs bras leurs fils, et gémissant, et disant : « À qui nous confiez-vous, qui prendra soin de ces enfants, qui se partagera vos biens ? Avez-vous donc des cœurs de fer, vous qui dédaignez vos parents, repoussez vos femmes, reniez vos fils ? » Et déjà le courage des deux jeunes gens commençait à mollir, lorsque saint Sébastien, qui assistait à la scène, s’avança et dit : « Braves soldats du Christ, que ces flatteries et ces prières ne vous fassent pas renoncer à la couronne éternelle ! » Puis, se tournant vers les parents, il leur dit : « Soyez sans crainte ! Ils ne seront pas séparés de vous, mais, au contraire, ils iront vous préparer au Ciel des demeures durables ! » Et pendant que saint Sébastien parlait ainsi, il se trouva entouré d’une grande lumière descendue du ciel, et on le vit soudain revêtu d’un manteau étincelant de blancheur, avec sept anges debout devant lui."

 Et Zoé, la femme de Nicostrate, dans la maison de qui les deux gens étaient gardés, vint se prosterner aux pieds de Sébastien, et l’implora par signes, car elle avait perdu l’usage de la parole. Alors le saint dit : « Si je suis le serviteur du Christ, et si les choses que j’ai dites sont vraies, ô toi qui as ouvert la bouche du prophète Zacharie, ouvre la bouche de cette femme ! » Et la femme, retrouvant la parole, s’écria : « Béni soit ton discours, et bénis ceux qui croient à ce que tu dis ! car j’ai vu un ange debout devant toi et tenant un livre où il inscrivait toutes tes paroles ! »

Lancette Baie 233. Sébastien rend la parole à Zoé, femme de Nicostrate

Saint Sébastien, en commandeur, nimbé, vêtu d'un manteau écarlate brodé d'hermines et portant le collier de l'Ordre de Saint-Michel, bénit Zoé, qui fléchit le genou, mains jointes. Derrière elle, son mari Nicostrate, en la maison duquel les chrétiens étaient gardés, et un homme tenant une croix.

 Inscription : Sct SEBASTIAEN. N rétrograde. La graphie Sebastiaen, déjà notée dans l'inscription de donation, est attestée en Flandres, ce qui pourrait être un indice sur l'origine du verrier Lièvin Varrin.


Lancette Baie 233. Saint Policarpe baptise les chrétiens devant saint Sébastien.

 Saint Sébastien porte la même tenue et le même collier de l'Ordre de Saint-Michel.

Inscription S~ct POLIC[A]RPE.

 La Légende : « Et telles étaient la grâce et la vertu divines de la parole de saint Sébastien que non seulement il fortifia Marcellin et Marc dans la constance du martyre, mais qu’il convertit aussi leur père Tranquillin, et leur mère, et d’autres personnes, qui toutes furent baptisées par le prêtre Polycarpe. »


Lancette Baie 233. Policarpe et Saint Sébastien brise les idoles.


Policarpe, tonsuré, vêtu d'une robe rouge d'un surplis blanc et d'une chape rouge, et armé d'un sabre, pénètre dans la chambre du préfet de Rome Chromace, et brise de son arme une idole en or placée sur une colonne. La tête de l'idole ainsi que son étendard tombent. En effet, Sébastien a refusé de guérir Chromace qui était très malade, tant que les idoles ne seraient pas détruites.

 Les idoles détruites, Chromace ne guérit pas, car il avoue alors qu’il possédait chez lui une chambre où était représenté tout le système des étoiles, qui lui permettait de prédire l'avenir. La chambre est détruite, et Chromace est guéri. Il se convertit, ainsi que son fils Tiburce et 4000 personnes.

 Saint Sébastien porte toujours le collier de l'Ordre de Saint-Michel. Il lève la main sur deux idoles encore intactes.

Lancette Baie 233. Comparution de Sébastien devant Dioclétien.

 La Légende indique comment le préfet Fabien fait supplicier les chrétiens convertis, dont Tiburce, Zoé, Marcellin et Marc. Puis, il va dénoncer Sébastien à l'empereur Dioclétien.

 Sébastien porte toujours le collier de l'Ordre de Saint-Michel.

 "Après cela, ce préfet dénonça Sébastien à l’empereur Dioclétien, qui, l’ayant appelé, lui dit : « Ingrat, je t’ai placé au premier rang dans mon palais, et toi tu as travaillé contre moi et mes dieux ! » Et Sébastien : « Pour toi et pour l’État romain j’ai toujours prié Dieu, qui est dans le Ciel. » "



Lancette baie 233. Sébastien est criblé de flèches par deux archers.

Sébastien, qui avait été nommé centurion par Dioclétien et Maximien, est martyrisé par ses propres archers.

 "Après cela, ce préfet dénonça Sébastien à l’empereur Dioclétien, qui, l’ayant appelé, lui dit : « Ingrat, je t’ai placé au premier rang dans mon palais, et toi tu as travaillé contre moi et mes dieux ! » Et Sébastien : « Pour toi et pour l’État romain j’ai toujours prié Dieu, qui est dans le Ciel. » Alors Dioclétien le fit attacher à un poteau au milieu du champ de Mars, et ordonna à ses soldats de le percer de flèches. Et les soldats lui lancèrent tant de flèches qu’il fut tout couvert de pointes comme un hérisson ; après quoi, le croyant mort, ils l’abandonnèrent."

 Cette scène a été représentée de très nombreuses fois, elle s'impose à toute la statuaire du saint. L'allure de bel éphèbe nu et blond, le bras droit levé au-dessus de la tête, la colonne et ses liens, ainsi que le nombre des flèches répondent à des codes éprouvés. De même, la posture chorégraphique des archers, et leurs tenues exubérantes et marginales proches de celles des Lansquenets, sont retrouvés partout.



Lancette baie 233. Sainte Lucine et Policarpe retirent les flèches


Inscription Scta LVCIANA / S POLICARPE

 La Légende dorée est un peu différente ; selon Charles Fichot, c'est ici "une erreur du peintre verrier" car c'est une veuve nommée Irène, dont le mari saint Castule était mort pour la foi, qui recueillit le corps, le soigna et rétablit la santé de Sébastien.

 

Lancette baie 233. Sébastien survit à sa sagittation et comparait à nouveau devant Dioclétien

Inscription Sct SEBASTIE[N]

 Le collier de l'Ordre de Saint-Michel est bien visible avec ses coquilles Saint-Jacques.

 "Et voici que peu de jours après, saint Sébastien, debout sur l’escalier du palais, aborda les deux empereurs et leur reprocha durement le mal qu’ils faisaient aux chrétiens. Et les empereurs dirent : « N’est-ce point-là Sébastien, que nous avons fait tuer à coups de flèches ? » Et Sébastien : « Le Seigneur a daigné me rappeler à la vie, afin qu’une fois encore je vienne à vous, et vous reproche le mal que vous faites aux serviteurs du Christ ! »

Note : qu’est‑ce que la “sagittation” ?

Le terme sagittation vient du latin sagitta (« flèche »).

Il désigne l’action de transpercer quelqu’un de flèches, ou plus largement le supplice infligé par des archers. C’est un mot rare, utilisé surtout en hagiographie et en iconographie religieuse, notamment pour décrire le martyre de saint Sébastien, traditionnellement représenté attaché à un arbre ou à un poteau et criblé de flèches.

 Dans un contexte artistique ou historique, parler de « sagittation » permet d’être précis :

→ on ne parle pas d’une simple blessure, mais d’un supplice codifié, devenu un motif iconographique à part entière.

 Exemple d’usage :  « Sébastien survit à sa sagittation et comparait à nouveau devant Dioclétien. »


Lancette baie 233. Sébastien est condamné à être bastonné à mort.


Alors les empereurs le firent frapper de verges jusqu’à ce que mort s’ensuivît."

Là encore, la danse des bourreaux est caractéristique, rejoignant celle des soldats flagellant le Christ dans les innombrables représentations de sa Passion.

 Saint Sébastien a retrouvé son collier de l'Ordre de Saint-Michel.

 Dans les têtes de lancette se trouvent des branches de chêne nouées.

 

Lancette baie 233. Saint Sébastien est jeté dans un égout afin que son corps ne soit pas découvert

 Inscription : DIOCLETIEN / S SEBASTIEN

 "...et ils firent jeter son corps à l’égout, pour empêcher que les chrétiens ne le vénérassent comme la relique d’un martyr. Mais, dès la nuit suivante, saint Sébastien apparut à sainte Lucine, lui révéla où était son corps, et lui ordonna de l’ensevelir auprès des restes des apôtres : ce qui fut fait. Il subit le martyre vers l’an du Seigneur 187."

 

TYMPAN

 

Baie 233

Une inscription est répartie en plusieurs phylactères :

 SC~TSSE SEBASTIAN / SAINT SEBASTIAN AMI ED DIEV

 SAINT SEBASTIAN /GARDE NOUS EN TOVS LIEVX DE PESTE

 Et dans les écoinçons :

 LA CONFRARIE DE SAINT SEBASTIEN ONT FAIT FAIRE CETTE VERRIERE

 



Tympan baie 233. Sainte Lucine retire le corps de la fosse. 
Une effigie de saint Sébastien assiste à la scène, dans des nuées, tenant la flèche de son martyre.


Sainte Lucine ensevelit le corps de Sébastien aidée de Policarpe, devant saint Pierre et saint Paul 
(patrons de la cathédrale de Troyes)



Ce que nous dit le Vatican sur saint Sébastien :

 « 20 janvier : Saint Sébastien, martyr

 Il ne craignit pas ceux qui peuvent tuer le corps mais pas l’âme.

Nous ne disposons pas de beaucoup d’informations sur la vie de saint Sébastien. Dans la Passio Santi Sebastiani Martyris, un texte longtemps attribué à saint Ambroise de Milan (340-397), il est indiqué qu’il naquit vers 250 et grandit à Milan, d’un père originaire de Narbonne et d’une mère milanaise. Éduqué dans la foi chrétienne, il s’installa à Rome en 270 et s’enrôla vers 283, devenant tribun de la première cohorte de la garde impériale. Ne soupçonnant pas sa foi, les empereurs Maximien et Dioclétien lui confièrent des postes de responsabilité.

 En tant que prétorien, il avait la possibilité d’aider discrètement les chrétiens emprisonnés, de s’occuper de leur sépulture et de convertir les soldats et les nobles de la cour impériale. Il intervint lorsque les frères jumeaux Marcellianus et Marc, cédant aux supplications de leurs parents, de leurs femmes et de leurs enfants, s’apprêtèrent à sacrifier aux idoles et à renier ainsi leur foi. Frappés par les paroles du saint, ils acceptèrent le martyre, et leurs parents se convertirent rapidement, ainsi que leur gardien Nicostrate, dont la femme muette Zoé avait été guérie par l’intercession du saint.

 Averti de ce miracle, le préfet de Rome, Chromace, qui était très malade, fit venir saint Sébastien à son chevet et, guéri, il se convertit avec son fils Tiburtius et toute leur famille.

 Selon la tradition, il fut arrêté alors qu’il enterrait les saints martyrs Claude, Castorius, Symphorien et Nicostrate, connus sous le nom des Quatre Couronnés, sur la Via Labicana. Maximien le conduisit devant Dioclétien, qui était déjà furieux des rumeurs selon lesquelles des chrétiens se cachaient également parmi les prétoriens du palais impérial.

 Le préfet Fabien fit immédiatement exécuter tous ces nouveaux convertis, baptisés par le prêtre Polycarpe, et dénonça Sébastien comme chrétien à Dioclétien lui-même. L’empereur, furieux de ce qu’il considérait comme une trahison, le fit attacher à un pieu et transpercer de flèches par ses propres soldats, dans une zone de la colline du Palatin appelée « campus ». Les soldats le crurent mort et il fut abandonné aux bêtes sauvages. Bien que couvert de blessures, il ne mourut pas, et une pieuse veuve chrétienne, sainte Irène, le soigna et le guérit.

 Sébastien se rendit ensuite au Palais et reprocha aux deux empereurs l’injustice et la férocité de leur persécution des chrétiens. Il fut immédiatement arrêté, battu à mort, puis son corps fut jeté dans le grand égout de Rome, le Cloaca Maxima. Mais sainte Lucine, alertée par une vision, retrouva son corps et le déposa dans les catacombes de la voie Appienne. En 680 après J.-C., on attribua à son intercession la fin d’une grave épidémie de peste à Rome.

 Fêté le 20 janvier, il est le patron de nombreuses villes d’Europe et, en tant que soldat, des fantassins et de la confrérie des archers. Il est également invoqué contre la peste et les épidémies. »

 

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 Martyrologe romain

 Saint Sébastien  Martyr à Rome (+ v. 284)

Il est sans doute l'un des plus célèbres martyrs romains. Officier dans l'armée de Dioclétien, il était chrétien, et lors que cela fut découvert, il fut mis en demeure de sacrifier à l'empereur, sinon c'était un acte de rébellion. Saint Sébastien et les flèches, peinture de « Il Sodoma », vers 1525. Lié nu à un arbre, il servit de cible aux tirs de ses propres soldats et enfin tué par bastonnade.

Son culte date du IVe siècle. Saint Ambroise en parle dans ses commentaires du psaume 118 et saint Damase lui fit construire une église au-dessus de sa tombe. Cette basilique est d'ailleurs l'une des sept principales églises de Rome. Malgré cela, les détails que rapportent les 'actes' de son martyre n'ont été rédigés qu'au Ve siècle.

 En France un grand nombre de lieux de culte sont placés sous son patronage...

Catacombes de saint Sébastien à Rome : Avec le temps, saint Sébastien - l'un des martyrs ensevelis en ce lieu - a fini par donner son nom au cimetière... (Catacombe di San Sebastiano, Via Appia Antica à Rome)

 

Saint Sébastien par Il Sodoma, vers 1525

De nombreuses œuvres d'art évoquent son martyre. Debussy a créé en 1911 une œuvre musicale appelée « le martyre de Saint Sébastien ».

 Saint Sébastien, une figure inspirante pour les sportifs : ...de son histoire, sa grande résilience mais aussi, ironie du sort, ses très grandes qualités en tant qu'archer nourrissent donc la figure du saint Patron des athlètes. Une dévotion qui daterait des années 1920, quand les sportifs commencèrent à concourir à titre professionnel. C'est ce qu'explique Filippo Fonio, maitre de conférences en Littérature à l'université de Grenoble le 18 août 2016.

 Mémoire de saint Sébastien, martyr, en 305. Originaire de Milan, comme le rapporte saint Ambroise, il partit pour Rome quand les persécutions bouillonnaient avec violence et c'est là qu'il a souffert. C'est là, dans la ville où il était venu en étranger, qu'il établit le domicile définitif de son immortalité. Il fut inhumé en ce jour aux Catacombes, sur la voie Appienne.

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 On donne le nom de martyr à ceux qui ont souffert le supplice ou la mort pour la défense de la foi de Jésus-Christ. C’est par le sang des martyrs que la religion chrétienne a été cimentée. Les empereurs romains, pendant l’espace de trois cents ans, firent de vains efforts pour la détruire. On fit, par leurs ordres, dans toutes les provinces de l’empire, un affreux carnage des chrétiens ; mais plus on en faisait périr, plus il en paraissait. On eût dit qu’ils renaissaient de leurs cendres. Enfin, la patience invincible de ces héros de Jésus-Christ triompha de la rage et de la puissance des maîtres du monde. Le Christianisme, étendu et affermi par les mêmes moyens qui devaient le détruire, devint enfin la religion des empereurs ; et l'Église de Jésus-Christ, après avoir été inondée du sang de ses enfants, vit enfin fleurir dans son sein la paix et la liberté.

 



Les Archers Troyens

1ère Compagnie de Tir à l'Arc de Troyes




La compagnie des archers du Val de Barse regroupe les villes de Vendeuvre/Barse et de Lusigny/Barse


archers du XIe siècle - tapisserie de Bayeux

arcs à poulies XXe s.

Vitrail du XVIe s. représentant un Arquebusier, cité du Vitrail de Troyes









Réf :

BEAUCHAMP (Louis A. Marquis de) mon aïeul, archives familiales

BONNARD (Mgr J. Dieudonné)  mon parrain, archives des diocèses de Troyes-Langres

COFFINET (Abbé Jean-Baptiste), 1858, Les peintres-verriers de Troyes pendant trois siècles depuis 1375 jusqu'à 1690 "Peintres-verriers. Nomenclature des peintres-verriers de Troyes depuis 1375 jusqu'à 1690". Annales archéologiques, 1858.

 FICHOT (Charles), 1889, Statistique monumentale du département de l'Aube.

 JUBAINVILLE (Henri d'Arbois de), 1862, "Documents relatifs aux travaux de construction faits à la cathédrale de Troyes pendant les XIIIe, XIVe et XVe siècles".

 LEDIT (Charles-J. Abbé) 1948, Les Hautes verrières de la cathédrale de Troyes, préfacées par Mgr Julien Le Couedic.

 











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Saint Sébastien patron des archers

  C’est en 1439 que les Compagnies d’arcs de Brie, Champagne, Ile de France et Picardie établissaient un Concordat destiné à permettre la ro...