mardi 6 mai 2025

Le Pape Urbain IV

 






Jacques Pantaléon naît à Troyes, en 1185.

Son père est chaussetier. Il fait ses études aux écoles gratuites de la Cathédrale. L’Église de Troyes l’envoie à l’Université de Paris : " On choisissait des enfants de nature pie, douce, bénigne, accorte et généreuse, ayant aussi un bon esprit, pour les mettre à l’Eglise..."

Il devient Maître ès Arts, Docteur en Droit Canonique et Docteur en Théologie, il a " un talent décidé pour la chaire, une belle voix, le goût et l’art du Chant, des mœurs, l’amour de l’ordre et du travail, un esprit net, vif et souple; enfin dans un petit corps, un cœur mâle, une âme forte, un génie élevé: une figure agréable, une heureuse physionomie relevaient encore toutes ces qualités... "

A Paris, on le connaît sous le nom de Jacques de Troyes.

Après son sacerdoce, l’évêque lui demande de prêcher dans la cathédrale, et il y attire aussitôt les foules. Il devient ensuite vicaire de l’Évêque de Laon, chanoine de la cathédrale et archidiacre. L’évêque de Liège, en fait son archidiacre.

En 1245, Innocent IV conçoit de l’estime et de l’affection pour lui, et l’attache à la Cour par une Prélature. Il le nomme chapelain du Vatican, puis trésorier de la basilique Saint-Pierre.

En 1248, il l’envoie en Allemagne, auprès des Cercles de Poméranie, de Livonie, et de Prusse, pour obtenir des secours financiers. On le trouve en Pologne, dévastée par les Tartares, où il rend courage au duc Boleslas V. En Slovénie, il apporte des subsides aux chevaliers Porte-Glaive qui défendent héroïquement les nouveaux chrétiens contre les hordes barbares. En Poméranie, il combat les superstitions païennes et ranime la foi des néophytes. En Prusse, il inspecte les Chevaliers teutoniques et les seconde dans leur apostolat. En 1249, il réconcilie avec eux leur ennemi.

Innocent IV le nomme évêque de Verdun en 1252.


Détail de la liste des évêques de Verdun,  palais épiscopal 

Alexandre IV, en 1255, le consacre Archevêque de Jérusalem avec le titre de Légat de toute la Terre-Sainte « conquise et à conquérir. L’éminence de vos mérites vous a rendu cher à notre cœur. Aussi, après en avoir conféré avec nos frères, avons-nous décidé de vous remettre la légation de Terre Sainte ».

A la mort du pape en 1261, il est élu par le Sacré Collège à l’unanimité, alors qu’il n’est point cardinal.

La première lettre officielle d’Urbain IV est pour Louis IX, considéré comme le plus important des souverains catholiques : « Nos prédécesseurs les Pontifes romains ont toujours honoré particulièrement les rois de France, vos illustres ancêtres, car ils avaient en propre, pour ainsi dire, le privilège spécial de défendre la loi et les libertés de l’Église romaine. Nous, qui avons gardé le souvenir de la terre natale, nous nous sentons, plus encore que nos prédécesseurs, engagés naturellement à vous favoriser. Nous voulons rehausser encore les splendeurs de votre trône ; nous conjurons le Seigneur d’en augmenter l’éclat et la solidité ; nous nous proposons d’accomplir avec plus de diligence et d’efficacité, quand même vous ne nous en feriez pas la demande, les œuvres générales et singulières que nous saurions être agréables à votre magnificence ».

Thibaut V, comte de Champagne et roi de Navarre, gendre de Louis IX, se réjouit de l’élection du nouveau pontife, dit sa joie et sa fierté à son compatriote, et sollicite de lui une lettre à ses sujets pour les inciter à prier pour leurs souverains après leur mort.

La première tâche que s’impose Urbain IV est de reconstituer et de réorganiser les États pontificaux, envahis, spoliés, dévastés. Il somme les usurpateurs, sous peine d‘excommunication, de les rendre au Saint-Siège.

On doit à Jacques Pantaléon, la reprise des relations diplomatiques avec Constantinople.

C’est aussi ce Troyen qui institue la Fête-Dieu en 1264 : " Urbain IV séjournait à Orvieto. Et voici qu’à dix kilomètres de là se produisait un miracle étrange. Alors qu’il célébrait l’Eucharistie à Bolsène, un prêtre doutant de la présence du Christ vit des gouttes de sang jaillir de l’hostie et tacher les linges sacrés. Urbain IV se souvint alors de sa légation à Liège et de ces deux moniales cisterciennes qui avaient tant insisté pour l’institution d’une fête en l’honneur du Saint-Sacrement. Il fit venir le prêtre avec son corporel, en fut si bouleversé qu’il demanda à saint Thomas d’Aquin de composer un office pour la Fête-Dieu... Une cathédrale fut construite pour abriter le linge miraculé, où l’on voit encore les fresques de Fra Angelico et de Signorelli...".

Urbain IV confirme le miracle eucharistique de Bolsène. 
Fresque d’Ugolino di Prete Ilario (1357 à 1384)
Chapelle du saint Caporal de Bolsena,
Cathédrale d’Orvieto (Italie)


Il n’oublie pas la ville où il est né. Il remet 400 marcs à des négociants de Troyes, pour être distribués, en parts égales, à la cathédrale « nourrice de nos jeunes années et source première de notre élévation aux lettres », à la paroisse Saint-Jacques, où il a été baptisé, et où reposent les cendres de son père ; au monastère de Notre-Dame des Prés où sa mère est inhumée, et à la collégiale de «  bienheureux Urbain pape et martyr, dont on célébrait la fête le jour de notre installation dans la chaire du Sacerdoce suprême. Nous désirons que le souvenir de ce nom survive à la dissolution de notre corps dans la ville de Troyes... Pour rendre célèbre à jamais le lieu de notre naissance, nous avons résolu, sous l’inspiration de celui qui a glorifié ici-bas notre habitation, d’ériger, sur l’emplacement de la maison qui nous a reçu à notre entrée dans la vie, un temple au Dieu créateur en l’honneur de saint Urbain, afin que, dans ce temple, on offrit de perpétuelles actions de grâces en reconnaissance d’un si grand bienfait ».

Construite dès 1262, la collégiale est élevée en 1264 par le pape Paul VI à la dignité de Basilique.

C’est encore ce Troyen qui ajoute à l’Ave Maria : «  Jésus, le fruit de vos entrailles est béni. »

Durant son pontificat, Urbain IV, s’emploie à favoriser les sciences, les lettres et les arts. Il est soucieux de l’enseignement des universités. Il restaure le palais du Latran et la basilique Saint-Pierre au Vatican.

Les écrivains contemporains d’Urbain, parlent de la beauté et  "des agréments de sa voix, de son goût pour la musique et pour le chant, ce qui donne lieu de présumer qu’il influa, pour beaucoup, dans la composition du chant de l’office de la Fête-Dieu ".

Il émet à plusieurs reprises le vœu d’être enterré dans la basilique dédiée à son Saint Patron à Troyes.

Il décède le 2 octobre 1264 à Pérouse. C’est là qu’il fut enterré dans la cathédrale de San Lorenzo (1ère tombe). En 1901, à l’instigation de l’évêque Gustave-Adolphe de Pélacot de Troyes, ses ossements sont transférés dans sa ville natale. Ils y restèrent dans la chapelle épiscopale (2e tombe) jusqu’à ce que les travaux de restauration de l’église soient terminés. En 1905, Urbain trouve sa sépulture actuelle dans le chœur nord de Saint-Urbain (3e tombe). Sa dalle funéraire (1,13 x 2,25 x 0,10 m) est située sur le côté gauche du chœur.

Les plus grands historiens, les présidents de Sociétés Académiques sont unanimes :

  « Jacques de Troyes est l’une des plus pures gloires troyennes ».


Un arrêté municipal du 12 août 1851, donne à une rue de Troyes le nom d’Urbain IV


Pierre tombale du Pape Urbain IV en la Basilique Saint Urbain de Troyes - Aube (10)
Saint Urbain IV devant Jésus


voir l'aricle : Basilique Urbain IV




Que nous disent les archives du Vatican :

Début du pontificat    29.VIII, 4.IX.1261

Fin du pontificat        2.X.1264

Nom de naissance      Jacques Pantaléon

Naissance        Troyes (France)



URBAIN IV

BULLE

JE TRAVERSERAI CE MONDE

INSTITUATION DE LA FÊTE-DIEU

 

 

Aux vénérés frères patriarches, archevêques, évêques et autres prélats, salutations et bénédictions apostoliques.

Le Christ, notre Sauveur, étant sur le point de quitter ce monde pour monter vers le Père, peu de temps avant sa Passion, lors de la dernière Cène, a institué, en mémoire de sa mort, le sacrement suprême et magnifique de son Corps et de son Sang, nous donnant le Corps comme nourriture et le Sang comme boisson.

Chaque fois que nous mangeons ce pain et que nous buvons à cette coupe, nous proclamons la mort du Seigneur, parce qu’il a dit aux apôtres lors de l’institution de ce sacrement : « Faites ceci en mémoire de moi », afin que ce sacrement exalté et vénérable soit pour nous le souvenir principal et le plus distingué du grand amour dont il nous a aimés. Une mémoire admirable et prodigieuse, douce et douce, chère et précieuse, dans laquelle se renouvellent prodiges et prodiges ; en lui nous trouvons tous les délices et les saveurs les plus délicates, nous goûtons en lui la douceur même du Seigneur et, surtout, nous obtenons la force pour la vie et pour notre salut.

C’est un mémorial des plus doux, sacro-saint et salutaire, dans lequel nous renouvelons notre gratitude pour notre rédemption, nous nous détournons du mal, nous nous fortifions dans le bien et nous progressons dans l’acquisition des vertus et de la grâce, nous sommes réconfortés par la présence corporelle de notre Sauveur lui-même, parce que dans cette commémoration sacramentelle du Christ, il est présent au milieu de nous, sous une forme différente, mais dans sa vraie substance.

 En effet, avant de monter au ciel, il dit aux apôtres et à leurs successeurs : « Voici, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la consommation du monde », et il les consola en leur promettant avec grâce qu’il resterait aussi avec eux par sa présence corporelle.

Un monument vraiment digne d’être oublié, avec lequel nous nous souvenons que la mort a été vaincue, que notre ruine a été détruite par la mort de Celui qui est la vie même, qu’un arbre plein de vie a été greffé sur un arbre de mort pour produire des fruits de salut !

C’est un mémorial glorieux qui remplit de joie l’âme des fidèles, inspire la joie et apporte des larmes de dévotion. Nous sommes remplis de joie lorsque nous pensons à la Passion du Seigneur, par laquelle nous avons été sauvés, mais nous ne pouvons retenir nos larmes. À ce sacro-saint souvenir, nous sentons jaillir en nous des gémissements de joie et d’émotion, joyeux dans des larmes pleines d’amour, émus par une joie pieuse ; notre douleur est tempérée par la joie ; Notre joie se mêle aux larmes et notre cœur déborde de joie, se dissolvant dans les larmes.

Grandeur infinie de l’amour divin, piété immense et divine, abondante effusion céleste ! Dieu nous a tout donné au moment où il a soumis à nos pieds et nous a confié la domination suprême de toutes les créatures de la terre. Elle ennoblit et exalte la dignité des hommes par le ministère des esprits les plus choisis. Car ils ont tous été établis pour servir ceux qui ont reçu l’héritage du salut,

Et comme la magnificence du Seigneur pour nous était si vaste, et qu’il voulait nous montrer encore plus son amour infini, il s’est offert lui-même dans une effusion et, triomphant de la plus grande générosité et de toute mesure de charité, il s’est livré lui-même comme nourriture surnaturelle.

Une libéralité singulière et admirable, dans laquelle le donateur vient chez nous, et le don et le donateur sont la même chose ! En vérité, la générosité de celui qui se donne lui-même est infinie, et son tempérament affectueux augmente de telle sorte que celui-ci, distribué en une grande quantité de dons, finit par rejaillir et rend le donateur d’autant plus grand qu’il s’est répandu plus largement.

C’est pourquoi le Sauveur a été donné en nourriture ; Il a voulu que, tout comme l’homme a été enseveli dans la ruine par la nourriture interdite, il revive pour la nourriture bénite ; L’homme est tombé pour le fruit d’un arbre de la mort, il est ressuscité pour un pain de vie. De cet arbre était suspendu un aliment mortel, dans celui-ci il trouve un aliment de vie ; ce fruit a apporté le mal, celui-ci la guérison ; Un mauvais appétit a fait le mal, et une autre faim a engendré le profit ; la médecine arriva là où la maladie avait envahi ; D’où la mort est sortie la vie.

De ce premier aliment, il a été dit : « Le jour où tu en mangeras, tu mourras » ; de la seconde, il était écrit : « Celui qui mange de ce pain vivra éternellement. »

 C’est un aliment qui restaure et nourrit vraiment, satisfait au plus haut degré non pas le corps, mais le cœur ; non pas la chair, mais l’esprit ; Pas les viscères, mais l’âme. L’homme avait besoin de nourriture spirituelle, et le Sauveur miséricordieux a fourni, avec une pieuse attention, à la nourriture de l’âme avec la nourriture la meilleure et la plus noble.

La libéralité généreuse a été élevée au rang de nécessité et la charité a été assimilée à l’opportunité, de sorte que le Verbe de Dieu, qui est la délicatesse et la nourriture des créatures raisonnables, fait chair, s’est donné lui-même en nourriture aux créatures elles-mêmes, c’est-à-dire à la chair et au corps de l’homme. L’homme mange donc le pain des anges, dont le Sauveur a dit : « Ma chair est une vraie nourriture, et mon sang est une vraie boisson. » Cette délicatesse est prise, mais non consommée, elle est mangée, mais elle n’est pas modifiée, car elle n’est pas transformée en celui qui la mange, mais si elle est reçue dignement, elle rend semblable à Lui celui qui la consomme. Sacrement exalté et vénérable, bon et adoré, vous êtes digne d’être célébré, exalté par les louanges les plus émouvantes, par des chants inspirés, par les fibres les plus intimes de l’âme, par les dons les plus dévots, vous êtes digne d’être reçu par les âmes les plus pures !

Mémorial glorieux, il doit être conservé parmi les battements les plus profonds du cœur, indélébilement imprimé dans l’âme, enfermé dans l’intimité de l’esprit, honoré de la piété la plus assidue et la plus pieuse !

Tournons-nous toujours vers un si grand sacrement pour nous souvenir à chaque instant de Celui dont la mémoire parfaite aurait dû être, et il était (nous le savons). Car nous nous souvenons davantage de la personne dont nous contemplons constamment la maison et les cadeaux.

Quoique ce sacrement soit célébré tous les jours dans le rite solennel de la messe, cependant nous croyons utile et digne qu’une fête plus solennelle soit célébrée au moins une fois par an, surtout pour confondre et réfuter l’hostilité des hérétiques.

En effet, le Jeudi Saint, jour où le Christ l’a institué, l’Église universelle, occupée de la confession des fidèles, de la bénédiction du chrême, de l’accomplissement du commandement du lavement des pieds, et de beaucoup d’autres cérémonies sacrées, ne peut pas assister pleinement à la célébration de ce grand sacrement.

De même que l’Église s’occupe des saints, qui sont vénérés au cours de l’année, et bien que dans les litanies, dans les messes et dans les autres fonctions, leur mémoire soit renouvelée avec une grande fréquence, elle se souvient néanmoins de leur naissance certains jours, avec plus de solennité et avec des fonctions spéciales. Et parce qu’au cours de ces fêtes, les fidèles peuvent omettre certains de leurs devoirs par négligence ou occupations mondaines, ou aussi à cause de la fragilité humaine, la Sainte Mère Église établit un certain jour pour la commémoration de tous les saints, suppléant à ce qui a été négligé dans les fêtes particulières de cette fête commune.

 C’est pourquoi il est surtout nécessaire de remplir ce devoir avec l’admirable sacrement du Corps et du Sang du Christ, qui est la gloire et la couronne de tous les saints, afin qu’il puisse resplendire dans une fête et une solennité particulières, et que ce qui a peut-être été négligé dans les autres célébrations de la messe, en ce qui concerne la solennité, il est pourvu avec une diligence pieuse ; et pour que les fidèles, à l’approche de cette fête, entrant en eux-mêmes, pensant le passé avec attention, humilité d’esprit et pureté de conscience, supplèrent ce qu’ils n’auraient pas fait en assistant à la messe, peut-être occupés de leurs pensées dans les affaires du monde ou plus ordinairement à cause de la négligence et de la faiblesse humaines. Une fois, nous avons aussi entendu dire, alors que nous étions dans un bureau plus modeste, que Dieu avait révélé à certains catholiques que cette fête devait être célébrée dans toute l’Église ; C’est pourquoi nous avons jugé opportun de l’établir afin que, d’une manière digne et raisonnable, la foi catholique soit vivifiée et exaltée.

Célébrons donc chaque année une fête spéciale et solennelle d’un si grand sacrement, en plus de la commémoration quotidienne que l’Église en fait, et nous lui établissons un jour fixe, le premier jeudi après l’octave de la Pentecôte. Nous ordonnons aussi que le même jour des multitudes de fidèles s’assemblent dans ce but dans les églises, avec générosité d’affection, et que tout le clergé et le peuple chantent joyeusement des chants de louange, afin que les lèvres et les cœurs soient remplis d’une sainte joie ; que la foi chante, que l’espérance tremble, que la charité exulte ; que la dévotion palpite, que la pureté exulte ; que les cœurs soient sincères ; que tous s’unissent avec un esprit diligent et une volonté prompte, s’occupant de préparer et de célébrer cette fête. Et que le ciel accorde que la ferveur enflamme les âmes de tous les fidèles au service du Christ, afin que, par cette fête et d’autres œuvres de bien, augmentant de plus en plus leurs mérites devant Dieu, après cette vie, il se donne lui-même en récompense à tous, car il s’est offert à eux comme nourriture et comme prix de rançon.

C’est pourquoi nous vous recommandons et vous exhortons dans le Seigneur et, par le moyen de cette bulle apostolique, nous vous ordonnons, en vertu de la sainte obéissance, avec un précepte rigoureux, l’imposant comme une rémission de vos péchés, de célébrer avec dévotion et solennité cette fête très exaltée et glorieuse et de vous engager avec toute l’attention à la faire célébrer dans toutes les églises de vos villes et diocèses le jeudi susmentionné de chaque année, avec les nouvelles leçons, les répons, les versets, les antiennes, les psaumes, les hymnes et les prières qui lui sont propres, que nous incluons dans notre Bulle avec les parties propres à la messe ; Nous vous ordonnons aussi d’exhorter vos fidèles par des recommandations salutaires, directement ou par d’autres, le dimanche qui précède le jeudi susmentionné, afin que, par une confession vraie et pure, par des aumônes généreuses, par des prières attentives et assidues, et par d’autres œuvres de dévotion et de piété, ils se préparent de telle manière qu’ils puissent y participer. avec l’aide de Dieu, dans ce précieux sacrement et qu’ils le reçoivent avec révérence et obtiennent ainsi, avec son aide, un accroissement de grâce.

Et désireux d’encourager les fidèles par des dons spirituels à célébrer dignement une si grande fête, Nous accordons à tous ceux qui sont vraiment repentants et confessés de participer aux matines de cette fête, dans l’église où elle est célébrée, cent jours d’indulgence ; d’autres pour la messe, et, de même, à ceux qui participent aux premières vêpres de cette même fête et à la seconde ; et à tous ceux qui participent à l’office de Prima, Tierce, Sexta, Nona et Complies, quarante jours pour chaque heure. Enfin, à tous ceux qui assistent aux matines et aux vêpres, à la messe et à la récitation de l’office pendant l’octave, nous accordons cent jours d’indulgence pour chaque jour, confiants dans la miséricorde du Dieu tout-puissant et dans l’autorité de ses saints apôtres Pierre et Paul.

 

Donné à Orvieto, le 11 août 1264, troisième année de notre pontificat.


Certificat d'institution de la Fête-Dieu dans le diocèse de Liège (29 décembre 1252).



J'ai traduit la bulle pontificale ci-dessus d'après l'original ci-dessous : 


Bulle Transiturus de mundo (11 août 1264)

URBANUS IV

BULLA

TRANSITURUS DE MUNDO*

11 aug. 1264

 

 ... patriarchae Jerosolimitano, Apostolicae Sedis Legato, et universis archiepiscopis et episcopis per patriarchatum Jerosolimitanum constitutis.

 

Transiturus de mundo ad Patrem, Salvator noster Dominus Jehsus Christus, cum tempus suae passionis instaret, sumpta coena, in memoriam mortis suae instituit summum et magnificum sui Corporis et Sanguinis Sacramentum, corpus in cibum et sanguis in poculum tribuendo. Nam quotienscunque panem hunc manducamus et calicem bibimus, mortem Domini nuntiamus. In institutione quidem huius salutiferi Sacramenti dixit ipse Apostolis: «Hoc facite in meam commemorationem» (Luc. 22, 19) ut praecipuum et insigne memoriale sui amoris eximii, quo nos dilexit, esset nobis hoc praecelsum et venerabile Sacramentum. Memoriale, inquam, mirabile ac stupendum, delectabile ac suave, carissimum et super omnia praetiosum, in quo innovata sunt signa et mirabilia immutata, in quo habetur omne delectamentum et omnis saporis suavitas ipsaque dulcedo Domini degustatur, in quo utique vitae suffragium consequimur et salutis. Hoc est memoriale dulcissimum, memoriale sanctissimum, memoriale salvificum, in quo gratam redemptionis nostrae recensemus memoriam, in quo a malo retrahimur, confortamur in bono et ad virtutum et gratiarum proficimus incrementa, in quo profecto reficimus ipsius corporali praesentia Salvatoris, quia in hac sacramentali Christi commemoratione ipse Christus praesens, sub alia quidem forma, sed in propria vere substantia est nobiscum. Ascensurus enim in coelum, dixit Apostolis eorumque sequacibus: «Ecce ego vobiscum sum omnibus diebus usque ad consummationem saeculi » (Mt 28,10); benigna ipsos promissione confortans, quod remaneret et esset cum eis etiam per praesentiam corporalem. O digna et nunquam intermittenda memoria, qua mortem nostram recolimus mortuam nostrumque interitum vitae obitu interisse ac lignum vivificum ligno mortis affixum, fructum nobis attulisse salutis! Haec est commemoratio gloriosa, quae fidelium animos replet gaudio salutari et cum infusione laetitiae devotionis lacrimas subministrat. Exultamus nimirum nostram rememorando liberationem et recolendo passionem dominicam per quam liberati sumus, vix lacrimas continemus. In hac itaque sacratissima commemoratione adsunt nobis suaviter gaudium simul et lacrimae, quia in ea et gaudemus pie lacrimantes et lacrimamus devote gaudentes, laetas habendo lacrimas et laetitiam lacrimantem. Nam et cor, ingenti perfusum gaudio, dulces per oculos stillat guttas. O divini amoris immensitas, divinae pietatis superabundantia, divinae affluentia largitatis! Dedit enim Dominus nobis sua, quia subiecit omnia sub pedibus nostris et super universas terrae creaturas contulit nobis dominii principatum. Ex ministeriis etiam spirituum supernorum nobilitat et sublimat hominis dignitatem; administratorii namque sunt omnes in ministerium propter eos qui hereditatem salutis capiunt destinati.

Et cum tam copiosa fuerit erga nos eius munificentia, volens adhuc ipse in nobis quam exuberantem caritatem praecipua liberalitate monstrare, semetipsum nobis exhibuit et transcendens omnem plenitudinem largitatis omnemque modum dilectionis excellens, tribuit se in cibum. Quam singularis et admiranda liberalitas, ubi donator venit in donum et datum est idem penitus cum datore! Quam laxa et prodiga largitas, cum tribuit quis se ipsum et sic largiendi superabundat affectio, quod amplis rerum sparsa donariis, in largitionem insuper effunditur largitatis, tanto plenius adimpleta quanto copiosius est effusa! Dedit igitur se nobis Salvator in pabulum ut, quia per cibum in mortem homo corruerat, et per cibum ipse relevaretur ad vitam; cecidit homo per cibum ligni mortiferi, relevatus est homo per cibum ligni vitalis, in illo pependit esca mortis, pependit in isto vitae alimentum; illius opus intulit laesionem, istius gustus attulit sanitatem; gustus sauciavit et gustus curavit indeque unde vulnus est ortum, prodiit et medela; et unde mors subiit, exinde vita venit. De illo siquidem gustu dicitur: «Quocumque die comederis, morte morieris» (Gen. 2,17); de isto autem legitur: «Si quis manducaverit ex hoc pane, vivet in aeternum» (Io 6,52). Hic est cibus qui plene reficit, vere nutrit summeque impinguat non corpus sed cor, non carnem sed animam, non ventrem sed mentem. Homini ergo, quia spirituali etiam alimonia indigebat, Salvator ipse misericors, de nobiliori et potiori huiusmodi alimento pro animae refectione pia dispensatione providit. Condecens quoque caritatis liberalitas extitit et convertens operatio pietatis, ut Verbum Dei aeternum, quod rationalis creaturae cibus est et refectio, factum caro, se rationalis creaturae, carni counitae, homini videlicet in edulium largiretur. Panem enim angelorum manducavit homo et ideo Salvator ipse ait: «Caro mea vere est cibus et sanguis meus vere est potus» (Io 6,56). Hic cibus sumitur, sed non consumitur, manducatur, sed non transmutatur, quia in edente minime transformatur, sed si digne recipitur, sibi recipiens conformatur. O excellentissimum Sacramentum, adorandum, venerandum, colendum, glorificandum, amandum et amplectendum, praecipuis magnificandum laudibus, summis praeconiis exaltandum, cunctis honorandum studiis, devotis prosequendum obsequiis et sinceris mentibus retinendum! O memoriale nobilissimum, intimis commendandum praecordiis, firmiter animo alligandum, diligenter in cordis reservandum utero et meditatione ac celebratione sedula recensendum! Huiusmodi memorialis continuam debemus celebrare memoriam, ut illius cuius ipsum fore memoriale vere cognoscimus, semper memores existamus, quia cuius donum vel munus frequentius aspicitur, hic in ventre memoriae strictius retinetur.

Licet igitur hoc memoriale Sacramentum in quotidianis Missarum sollemniis frequentetur, conveniens tamen arbitramur et dignum, ut de ipso semel saltem in anno, ad confundendum specialiter haereticorum perfidiam et insaniam, memoria celebrior et sollemnior habeatur. In die namque Coenae Domini, quo die ipse Christus hoc instituit Sacramentum, universalis Ecclesia pro poenitentium reconciliatione, sacri confectione Chrismatis, adimpletione mandati circa lotionem pedum et aliis plurimum occupata, plene vacare non potest celebritati huius maximi Sacramenti. Hoc enim circa Sanctos, quos per anni circulum veneramur, ipsa observat Ecclesia, ut quamvis et in letaniis et in Missis ac alias etiam ipsorum memoria saepius renovetur, nihilominus tamen eorum natalicia certis diebus per annum sollemnius recolat, festa propter hoc eisdem diebus specialia celebrando. Et quia forte in huiusmodi festis circa sollemnitatis debitum, aliquid a fidelibus per negligentiam vel rei saecularis occupationem aut alias ex humana fragilitate omittitur, statuit ipsa Ecclesia certam diem, in qua generalis omnium Sanctorum commemoratio fieret, ut in hac ipsorum celebritate communi, quod sic in propriis eorum festivitatibus ommissum existere, solveretur. Potissimum igitur id exsequendum est erga hoc mirificum Sacramentum Corporis et Sanguinis Jesu Christi, qui est Sanctorum omnium gloria et corona, ut festivitate ac celebritate praefulgeat speciali, quatenus in eo quod in aliis Missarum officiis circa sollemnitatem est forsan praetermissum, devota diligentia suppleatur et fideles, festivitate ipsa instante, infra se praeterita memorantes, id quod in ipsis Missarum sollemniis, saecularibus forsan agendis impliciti aut alias ex negligentia vel fragilitate humana minus plene gesserunt, tunc attente in humilitate spiritus et animi puritate restaurent.

Nos itaque, ad coroborationem et exaltationem catholicae fidei, digne ac rationabiliter duximus statuendum, ut de tanto Sacramento, praeter quotidianam commemorationem quam de ipso facit Ecclesia, specialior et sollemnior annuatim memoria celebretur, certum ad hoc designantes et describentes diem, videlicet feriam quintam proximam post dominicam festum Pentecosten primo sequentem, ut in ipsa quinta feria, devotae turbae fidelium propter hoc ad ecclesiam affectuose concurrant, ut tunc cleri et populi pariter congaudentes, in cantica laudis surgant, tunc omnium corda et vota, ora et labia hymnos personent laetitiae salutaris, tunc psallat fides, spes tripudiet, exultet caritas, devotio plaudat, iubilet puritas et sinceritas iucundetur, tunc singuli alacri animo promptaque voluntate conveniant, sua studia laudabiliter ad exequenda tanti festi sollemnia transfundentes et utinam ad Christi servitutem sic eius fideles ardor dilectionis inflamment, ut per haec et alia proficientibus ipsis meritorum cumulo apud eum, ipse qui se pro illis dedit in pretium tribuitque in pabulum, tandem post huiusmodi vitae decursum eis se in praemium largiatur.

Ideoque universitatem vestram monemus et hortamur in Domino, per apostolica vobis scripta mandantes, quatenus tam excelsum et tam gloriosum festum praedicta quinta feria singulis annis, cum novem lectionibus, cum responsoriis, versiculis, antiphonis, psalmis, hymnis et orationibus ipsi festo specialiter congruentibus, quae cum proprio Missae officia vobis sub bulla nostra mittimus interclusa, devote ac sollemniter celebretis et faciatis studiose per universas ecclesias vestrarum civitatum et dioecesium celebrari, subditos vestros in praefata dominica, dictam quintam feriam proxime praecedente, salutaribus monitis sollicite per vos et per alios exhortantes, ut per veram et puram confessionem, elemosynarum largitionem, attentas et sedulas orationes ac alia devotionis et pietatis opera, taliter se studeant praeparare quod huius praetiosissimi Sacramenti, largiente Domino, mereantur fieri participes possintque ipsum dicta quinta feria suscipere reverenter ac eius virtute augmentum consequi gratiarum. Nos enim christifideles, ad colendum et celebrandum venerabiliter tantum festum, donis volentes spiritualibus animare, omnibus vere poenitentibus et confessis, qui matutinali officio festi eiusdem in ecclesia in qua illud celebrabitur interfuerint, centum; qui vero Missae, tot idem; qui autem in primis ipsius festi vesperis intererint, similiter centum; qui vero in secundis, totidem; illis quoque, qui Primae, Tertiae, Sextae, Nonae ac Completorii officii interfuerint, pro qualibet horarum ipsarum quadraginta; eis autem, qui per octavas ipsius festi, matutinalibus, vespertinis, Missae ac praedictarum horarum officiis intererint, centum dies singulis octavarum ipsarum diebus, de omnipotentis Dei misericordia et beatorum Petri et Pauli, Apostolorum eius, auctoritate confisi, de iniunctis sibi poenitentiis misericorditer relaxamus.

 

Datum apud Urbem veterem, II idus augusti, anno tertio.

 

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* Volumen V, Tomus I: Acta Urbani IV, Clementis IV, Gregorii X (1261-1276), Typis Polyglottis Vaticanis, 1953, pp. 43-47.

 


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