samedi 18 mai 2024

L'Hermine en Bretagne

 

L’HERMINE

emblème héraldique de la Bretagne

 

« Ego  Ælidis Ducissa Britanniæ et Comitissa Richemondie » (1)…. ainsi commence la lettre rédigée à Redon en mars 1213 pour la fondation créée par la duchesse Alix (2) et son époux Pierre de Dreux, en faveur du prieuré Saint-Martin de  Lamballe.

Pierre de Dreux paraphe ensuite le texte : « Ego Petrus Dux Britanniæ Comes Richemondiæ ».

Alix fait appendre en cire blanche, sur queue de parchemin, son grand sceau en amande  Pierre y ajoute son grand sceau équestre, en même cire.

Sur le premier sceau, la duchesse figure couronnée, vêtue d’un long manteau retroussé de vair. Elle porte sur sa main gauche un oiseau de chasse avec ses longes.

Sceau et contre-sceau d'Alix

Sur le second sceau, le duc (3) « pot en tête » tient son écu échiqueté de Dreux avec en quartier un « espèce de vair » (4).

sceau et contre-sceau de Pierre de Dreux

Cet « espèce de vair » et en fait la fourrure blanche d’hermine des clercs de Notre-Dame de Paris, fourrure réservée à l’époque aux gens d’Église.

Pierre de Dreux, fils cadet de rober II, comte de Dreux et de Yolande de Coucy, donc arrière-petit-fils de Louis VI le Gros, était destiné par rang de naissance à la prêtrise. Il avait toutefois renoncé à l’état ecclésiastique pour le métier des armes, d’où son surnom de Mauclerc ». Il fut armé chevalier à Compiègne le 17 mai 1209 par le roi Philippe-Auguste « en même temps que le dauphin Louis et deux cents autres jeunes gens » (5)

Pierre de Dreux brisait donc l’échiqueté des Dreux par un quartier d’hermine. Cette fourrure provenait d’Arménie ; la blancheur de ses peaux cousues côte à côte et alternées en hauteur, était rehaussée par de petites queues à pointe noires retenues par trois points cousus posés en croix, à la manière des pelletiers d’Italie. Durant le Quattrocento,  Piero della Francesca les peindra ainsi aux portraits des della Rovere.

Alix aurait dû apposer, au revers de son grand sceau, un sceau secret, le contre-scel, portant l’écu aux trois gerbes de blé d’or du feu duc Geoffroy Botterel.

Mais cet écu était dans la famille des comtes de Goëllo, dont le cadet Henri (de Penthièvre) venait d’être réfuté de fiançailles avec Alix par le roi Philippe Auguste, suzerain, au profit de Pierre de Dreux (6). Alix n’avait donc point de sceau et Pierre lui prêta le sien.

Ainsi, le « Mauclerc », « prince le plus spirituel et le plus habile de son siècle » (7), glissa-t-il dans un acte de famille le quartier d’hermine, symbole privé personnel qui deviendra par la suite blason de fiel.

« Capétien, il avait dans le sang la passion de l’accroissement indéfini de son pouvoir personnel » (8).

En ces temps troublés durant lesquels le roi de France s’attachait à hâter la désintégration de l’empire anglo-angevin en crise (9) afin de confirmer sa suzeraineté sur toutes les provinces de l’Ouest (10), le duc de Bretagne était fort soucieux de sauvegarder son autonomie entre les deux grandes puissances française et anglaise.

Pour ses sujets, Mauclerc était un étranger, « valet de roi de France » (11) ; aussi, pour se démarquer,  rassembler les barons et le peuple du duché, il était habile de créer un symbole héraldique fortement différencié.

Les lions anglais de Richard « cœur de lion » étaient odieux aux Bretons car le roi d’Angleterre avait tant ravagé la Bretagne en 1196 « que nulle grotte n’en fut épargnée » (12).

Les lys de France représentaient un sérieux danger pour l’autonomie bretonne. Le duché voisin de Normandie réintégrait le domaine royal dès 1204 et Philippe Auguste faisait déjà battre à Guingamp, Nantes et Rennes de la monnaie d’argent portant à l’avers son effigie avec la légende «  Philipus Rex » et au revers la vieille croix celte avec mention «  Dux Britanie ».

Mauclerc, devenue Pierre 1er , fit graver l’écu de Dreux au franc-quartier d’hermine en avers sur les monnaies. L’écu du nouveau duc fit oublier l’effigie de roi de France.

Mauclerc conserva durant son règne son franc-quartier d’hermine, jusqu’à ce qu’il soit démis de sa charge de baillistre à la majorité de son fils, Jean 1er , en novembre 1237.

C’est en 1251 qu’apparait pour la première fois l’écu d’hermine plain : Jean Ier le Roux, fils de Mauclerc, scelle en cire brune – acte ecclésiastique – une confirmation ducale d’un échange entre le sire de Rezé et l’abbaye de Buzay. L’écu scutiforme compte dix mouchetures, 4, 3, 2 et 1, fines, avec cinq pointes et une petite croisette nettement gravée.

Sceau de Jean 1er le Roux 


Le suzerain français, en l’occurrence la régente Blanche de Castille (10) ne dut pas apprécier ce geste d’indépendance d’un grand vassal s’octroyant de nouvelles armoiries, durant dix ans on ne trouve plus trace du sceau ducal à l’écu d’hermine plain, les sceaux étant « perdus » ou « détruits ».

Jean 1er le Roux reprend d’ailleurs en 1262 l’usage du grand sceau équestre sur lequel le caparaçon du cheval est couvert de l’échiqueté de Dreux, borduré de gueules, ainsi qu’il figure sur un vitrail de la cathédrale de Chartres (1264).

Jean Ier le Roux 1276

Jean II (1286-1305) brise l’échiqueté des Dreux d’un franc-canton d’hermine et d’une bordure d’Angleterre (14).

Jean II 1289

Au début du XIVème siècle, les vicomtes de Limoges, cadets de Bretagne, écartèlent l’hermine d’un bandé de sang et or, mémoire des comtes de Barcelone.

Il faut attendre le règne de Jean III le Bon (1312-1341) pour retrouver l’écu d’hermine plain, tel qu’on le découvre sur son tombeau de Ploërmel.

tombeau de Jean III 

Durant la « guerre des deux Jeanne » (Jeanne de Penthièvre et jeanne de Flandre) pour la succession du duché (15), le prétendant Charles de Blois fait usage en 1351 d’un sceau à son nom portant l’écu d’hermine plain et comme contre-scel de l’écu aux trois gerbes d’or appartenant à son épouse Jeanne, comtesse de Penthièvre, descendante des comtes de Goëllo.

C’est dire combien était devenu évident le lien entre l’hermine (16) et le territoire ducal. Après moult péripéties, la mort de Charles de Blois à la bataille d’Auray mit fin au conflit en 1364. Le traité signé à Guérande le 12 avril 1365 régla la succession au profit de jean de Montfort qui dut prêter hommage à Charles V.

Jean IV, fils de Jean de Montfort, fera définitivement de l’hermine l’emblème héraldique du duché de Bretagne et obligera la famille de Penthièvre à renoncer solennellement aux armes plaines de Bretagne (26 janvier 1391)

sceau de Jean IV de Bretagne

Le duc en pied, en armes, vêtu d’un surcot herminé, tête nue, tenant à main droite une lance à penon herminé, à main gauche un écu de face à ses armes. A gauche, le buste d’un cheval caparaçonné d’hermine ; à droite timbrant l’écu, un heaume à cornes cimé d’un lion. Le champ orné d’entrelacs végétaux fleuris.


Jean IV - 1391

Ses successeurs, Jeans V, Jean VI, François 1er, Pierre II, Arthur III, François II et Anne maintiendront le sceau d’hermine plain.

Jean V - 1417



Pierre II d'Alençon - 1454


François II


Un Ordre de l’Hermine et de l’Épi (18) fut créé par le duc François 1er en l’an 1450, avec pour devise « Malo mori quam fædari » ; cette devise déjà utilisée depuis deux siècles par la famille italienne della Rovere, sera transformée en « Potius mori quam fædori », puis remplacée par « A ma vie ».

Jean de Derval (à droite) avec le collier de l'Ordre de l'Épi 

« Compillation des Cronicques et ystores des Bretons, partie en III livretz » par Pierre Le Baud, secrétaire de Jean, sire de Derval. Gallica / Bibliothèque nationale de France. Folio 393 v.

Pierre Le Baud, à gauche, offre le livre d'histoire de Bretagne, à son commanditaire Jean de Derval et sa femme, Hélène de Laval. L’homme au bâton de commandement, est le maréchal de France et oncle d’Hélène, André de Lohéac, qui porta les armes aux côtés de Jeanne d’Arc. A gauche du sieur se tient debout, avec son épée et son bâton, Jean Raguenel qui est marié à Gillette de Derval, sœur de Jean reconnaissable à sa robe rouge comme le couple seigneurial


Dès son avènement en 1461, le roi Louis XI fit défense au duc François II de s’intituler « duc par la grâce de Dieu » (19)

La guerre froide de 1486, ultime révolte du duc François II contre la régente de France, Anne de Beaujeu, se termina par la déroute des Bretons à St Aubin-du-Cormier le 26 juillet 1488.

Le traité du Verger imposa au duc de ne marier ses deux filles qu’avec le consentement du roi de France. Les troupes royales poursuivirent leur occupation du duché. François II en mourra de chagrin le 9 septembre de la même année.

Pour sauvegarder l’autonomie du duché, on maria par procuration la jeune duchesse Anne (20) à l’archiduc Maximilien d’Autriche, roi des Romains, futur empereur germanique. Les troupes royales occupant le duché, investissant Nantes, Guingamp et assiégeant Rennes, la duchesse Anne dut capituler, annuler son mariage et épouser le roi de France Charles VIII. Le mariage fut célébré le 6 décembre 1491 à Langeais.

Les mariages successifs de la duchesse Anne avec Charles VIII (décédé en 1498) puis avec Louis XII,   l 8 janvier 1499 ; virent cohabiter lys et hermine sur les sceaux.

sceau de la duchesse Anne de 1489-1491

Le 14 février 1501, Louis XII donna ordre à son roi d’armes « Normandie » de se rendre auprès de tous les membres de la famille de Brosse pour leur interdire le port des « armes playnes de Bretagne »… assaveoir le champ d’argent semé d’ermynes.. celles de nostre tres chere et tres amée compagne la royne »(21)

En 1514, la fille ainée de Louis XII et d’Anne de Bretagne, Claude de France, héritière du duché, épousa François d’Angoulême, duc de Valois, qui deviendra en 1515 le roi de France (François 1er). A la mort de la reine Claude en 1524, son fils le dauphin François devint duc de Bretagne.

Armoiries Anne de Bretagne

Soucieux de consolider l’union du duché à la couronne de France, François 1er convoque les Etats de Bretagne à Vanne  en aout 1532. Particulièrement dociles, les membres de l’assemblée demandèrent eux-mêmes au roi de prononcer la réunion perpétuelle du duché à la couronne… de maintenir les droits,  libertés et privilèges de la province…  de défendre à tous ceux qui se prétendraient issus des anciens ducs de Bretagne par les femmes d’en porter les armes.. d’ordonner aux bâtards de barrer leur écusson… (22)

Le dauphin François, couronné duc en 1532, mourra empoissonné en Italie en 1536. Son frère Henri prendra le titre de duc jusqu’à son accession au trône de France en 1547 sous le nom de Henri II ; il réunit dès lors définitivement en sa personne les droits du royaume sur le duché. En 1567, il fit  interdire le port des armes et du nom de « Bretagne » à un compte de Vertus, descendant d’un fils naturel du duc François II.

Au XVIIème siècle, le papier timbré en usage pour les actes rédigés en Bretagne porte la moucheture d’hermine. Sous Louis XVI, les jetons de présence aux États de Bretagne sont frappés de fleurs de lys, des mouchetures et d’une hermine.

L'écu de France, couronné et accosté de deux hermines.


Jeton des Etats de Bretagne sous Louis XIV



Jeton des Etats de Bretagne sous Louis XVI


Hormis la Bretagne, parmi les provinces d’ancien régime, une seule porte d’hermine plain (brisé d’une brochure de gueules) : le Limousin… il est vrai que les vicomtes de Limoges furent princes bretons (23).

Le 15 janvier 1790, le démembrement de la province en cinq départements entrainera la disparition officielle du duché de Bretagne, sans toutefois abolir le Traité d’Union.

Depuis huit siècles, la fourrure d’hermine est l’emblème héraldique de la Bretagne, pour preuve, dans les départements bretons, sur 877 communes armoriées, 398 soit 45,4% portent la moucheture d’hermine (24) ou l’animal :

- Côtes d’Armor              54   sur 177           soit 30,5%

- Finistère                      100   sur 166           soit 60,2%

- Ile et Vilaine                 42   sur 174           soit 24,1%

- Loire Atlantique           97   sur 197           soit 49,2%

- Morbihan                    105   sur 163           soit 64,4%



L’actuel drapeau breton (Gwenn-ha-du), esquissé en 1923, arboré en 1937, universellement admis depuis les années 1970, comporte un quartier à onze mouchetures d’hermine (4, 3 et4) et neuf bandes correspondant aux quatre pays bretonnants (25) et cinq pays gallos (26).

 

Les Princes à l’hermine

 

Alix – Pierre 1er (dit Mauclerc)** 1213 – 1237

Jean 1er le Roux 1237 – 1286

Jean II 1286 – 1305

Arthur II 1305 – 1312

Jean III le Bon*** 1312 – 1341

Charles de Blois (†1364)                           Jean de Montfort

époux de                                       époux de

Jeanne de Penthièvre                        Jeanne de Flandre

Jean IV de Montfort 1365 – 1399

Jean V le Vaillant 1399

Jean VI 1399 – 1442

François 1er 1442 – 1450

Pierre II 1450 – 1457

Arthur III 1457 – 1458

François II 1458 – 1490

Anne 1490 – 1514

Claude de France 1514 – 1524

François, dauphin de France 1524 – 1536

Henri, dauphin de France **** 1536 – 1547

 

 


 

 

1.    (1)  « Moi Alix duchesse de Bretagne »

2.    (2)  Alix était fille de la duchesse Constance et de son troisième époux, Guy de Thouars. Elle avait dû épouser Pierre de Dreux, cousin du roi Philippe Auguste. Après l’assassinat du duc Arthur 1er , sa sœur Alix fut déclarée héritière du duché par Philippe Auguste, au dépens de sa demi-sœur Aliénor retenue en Angleterre sous la garde de son oncle Jean sans Terre.

3.   (3)   Duc ou comte : Pierre de Dreux (dit Mauclerc) n’était en fait que prince consort, mais il assuma l’administration du duché en qualité de baillistre*, à partir du décès d’Alix en 1221 à 21 ans) et jusqu’à la majorité de leur fils Jeans (1237)

4.    (4) Dom Lobineau, Histoire de la Bretagne

5.   (5)    J.L. Montigny, Essai sur les institutions du duché de Bretagne

6.  (6)  Le roi de France jugea « plus habile de placer la Bretagne sous la férule d’un prince capétien plutôt que de la livrer à la puissante et orgueilleuse maison de Penthièvre »

7. (7)   Dom Lobineau, Histoire de la Bretagne

8. (8)    La borderie, Histoire de la Bretagne

9.  (9)    Assassinat du duc Arthur 1er de Bretagne par le roi d’Angleterre, Jean sans Terre le 3 avril 1203.

10(10) Divorcée de Louis VII le jeune, père de Philippe-Auguste, Aliénor d’Aquitaine  se remaria deux mois plus tard avec Henri Plantagenet, duc de Normandie, lui apportant en dot Anjou, Maine et Aquitaine, fiefs qui isolaient géographiquement la Bretagne et la France.

11(11) J.L. Montigny Essai sur les institutions du duché de Bretagne

12(12) Dom Morice Mémoires pour servir de preuves à l’histoire ecclésiastique et civile de Bretagne

13(13)  Louis IX, guerroyant en terres mahométanes de 1248 à 1254 (VIIème croisade), avait confié la régence du royaume à sa mère, blanche de Castille. Au cours de cette croisade, Mauclerc fut blessé à la bataille de Mansourah. Il décéda sur le bateau sui le ramenait en France (1250)

14.(14) Jean II avait épousé Béatrice Plantagenet, fille du roi Henri III d’Angleterre.

15(15)Deux compétiteurs s’affrontaient :

- Charles de Blois, époux de Jeanne de Penthièvre nièce du duc Jean III, était soutenu par le roi de France Philippe VI de Valois. Il fut tué à la bataille d’Auray à la St Michel en 1364

- Jean de Montfort, époux de Jeanne de Flandre, était demi-frère du défunt duc et bénéficiait du soutien du roi d’Angleterre Edouard III

16(16)  Il s’agit de  la fourrure et non de l’animal lui-même que l’on ne retrouve que dans quelques blasons de ville bretonnes (Vannes, Auray, Saint-Malo, Mernel, Bourseui, Savenay…) et pourtant ce petit carnassier décrit dans les bestiaires du Moyen-Age comme « particulièrement remuant.. changeant et versatile à l’excès », aurait fort bien pu illustrer la politique suivie par les ducs.

17(17)Jean VI confirme le 16 février 1420 l’interdiction pour les Penthièvre de porter les armes plaines de Bretagne.

18(18)  Encyclopédie de Diderot et d’Alembert – Art héraldique, planche XXVI, n°66

19(19) M. Daru, Histoire de la Bretagne

20(20)  Anne, à l’âge de 12 ans, avait été fiancée au Prince de Galles, (fils du roi d’Angleterre Edouard IV). Promise ensuite au sire d’Albret, elle épousa par procuration Maximilien d’Autriche, en violation du Traité du Verger.

21(21)Cité par Rémy Mathieu dans « Le Système Héraldique français »

22(22) M. Daru Histoire de la Bretagne

23(23) Donation du Guy XV de Limoges à son genre Arthur II, duc de Bourgogne.

24(24)  En France, hors Bretagne, seuls St Pierre et Miquelon portent un quartier d’hermine

25(25)  Léon, Trégor, Cornouaille, Vannetais – Raoul Philippe,  les drapeaux bretons

26(26)  Pays Rennais, Nantais, Dolois, Malouin et Penthièvre

 

*Baillistre : Vassal remplaçant l'héritier d'un fief.

**Mauclerc vit régner trois rois de France : Philippe-Auguste, Louis VIII le Lion et Louis IX et deux rois d’Angleterre (Jeans sans Terre et Henri II Plantagenet).

*** Le duc Jean III connût six rois de France : Philippe IV le Bel, Louis X le Hutin, Jean 1er le Posthume, Philippe V le Long, Charles IV le Bel et Philippe VI de Valois.

****Le dauphin Henri deviendra Henri II, roi de France et de Navarre en 1547.

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