Coutumes et Traditons dans l'aube
les Roulées
Symbole de l’éclosion,
l’œuf contenant le germe de la manifestation, est un symbole
universel. Les Celtes se représentaient la naissance
du monde à partir d’un œuf.
L’opinion,
généralement admise, rattache l’origine des œufs de Pâques au IV° siècle,
à l’établissement du carême pendant lequel l’Eglise a interdit l’usage des
œufs.
La
Semaine sainte est le temps de la récolte des œufs à l’état de nature, le
samedi ou le lundi de Pâques* est le jour de la récolte des œufs, appelés
roulées.
Le nom
des roulées vient de l’usage qui est fait de ces œufs dans un jeu jadis
très répandu. On faisait rouler, sur un plan incliné, des œufs qui, avant
de s’arrêter, devaient s’entrechoquer avec d’autres placés au repos et servant
de but.
Les
enfants des villages perpétuent la tradition des crécelles.
Durant
les 3 jours qui précèdent Pâques, du jeudi saint au samedi saint midi, le
clocher ne carillonne plus, les cloches, selon la tradition,
« étant parties à Rome ».
Les
roulées intéressaient particulièrement les enfants de chœur, qui allaient
de maison en maison, l’un portait un panier, un autre une bourse.
La
coutume était de faire « chanter » les crécelles pour
remplacer les cloches parties à Rome, habitude prise depuis le VIII° siècle.
Munis
de grands paniers pour recevoir les œufs, et de crécelles que chacun
agite avec énergie, et qu’ils appellent leur « bruant » les enfants
vont de maison en maison, de porte à porte « bruander » leur joyeux
passage. Le mot « bruant » vient de ce que le fait d’actionner une
crécelle produit beaucoup de bruit. C’est ce concept qui est à
l’origine de la seconde appellation de l’instrument : répandre du
bruit, bruire.
Quelquefois l’un des enfants tient une grande croix de bois, peinte en rouge, ornée du buis, fleurs et de rubans multicolores.
Ils
vont dans toutes les maisons du village, frappant à toutes les portes. Ceux
qui, pour des raisons diverses refusaient les roulées, entrouvraient seulement
la porte et montraient le balai ! Les enfants savaient ce que cela
signifiait et filaient !
Les
enfants prenaient tout ce qu’on leur donnait. Quelques fois, on leur
donnait du beurre, du lard, du jambon et là où les œufs n’abondent
pas, ils reçoivent quelques pièces de monnaie, du chocolat, des gâteaux ou
d’autres friandises.
De
retour au presbytère, le partage des œufs et de l’argent était
fait par le prêtre, le sacristain ou le plus âgé des quêteurs, à part
égale. Chaque enfant de chœur se hâtait de vendre une partie de ses œufs,
pour grossir son pécule.
A
Rumilly-les-Vaudes, à Géraudot, à Jully-sur-Sarce, les roulées annonçaient
la moisson. Le lundi de Pâques, en effet, le patron invitait les ouvriers à la
ferme. Ceux qui acceptaient d’y « manger les roulées », s’engageaient
par là, pour les travaux de la moisson.
Personnellement,
il y a plus de 80 ans, je faisais la tournée des roulées, avec les enfants de
choeur à La Villeneuve-au-Chêne, muni d’un panier à vendanges.
L’abbé
Charles Nioré, historien du XIX° siècle, écrit que du XVI° au XVIII° siècles,
dans l’Aube, on faisait la quête des œufs le vendredi saint au profit de
la « fabrique ». Elle produisait en général de 18 à 20 douzaines
d’œufs qui se vendaient 4 sols en moyenne la douzaine.
Cette
semaine de Pâques, dans certaines communes, les œufs étaient aussi souvent à
l’honneur, avec les facteurs qui faisaient la quête dans les maisons
du village et les pompiers, qui, après une manœuvre de la pompe,
frappaient à chaque porte et recevaient œufs, lard et pièce. Le tout servait
à la confection d’une omelette géante que les soldats du feu
dégustaient, bien arrosée, grâce aux pièces données.
Dans
certaines coutumes de l’Aube, l’œuf des jours saints, symbole de
prospérité, était consommé pieusement le jour de Pâques, parce qu’il avait
la vertu d’éloigner les fièvres pendant toute une année.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire