Domaine du Temple d'Arcis-sur-Aube
On voyait au XVe siècle, en dehors de la ville
d'Arcis, sur le chemin conduisant à Villette, une maison qu'on croyait être un
ancien établissement du Temple, avec une chapelle qu'on nommait alors la
chapelle de la Belle-Dame d'Arcis, et aussi de la Belle-Dame de la Roize.
Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier -
Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)
Arcis-sur-Aube
Arcey-sur-Aulbe, 1604 (Charte de la commanderie de Troyes)
Sources: Dictionnaire topographique du département de l'Aube, par MM.
Théophile Boutiot et Emile Sogard. Imprimerie Nationale M. DCCC. LXXIV.
Arrentieres (10)
Les Templiers possédaient des droits de dîmes sur toute la paroisse et des forêts.
Les plus anciens seigneurs ecclésiastiques furent les Templiers de Thors au
XIIe siècle.
(6 parchemins, ADHM, avril 1249, mai 1295, septembre 1296, avril 1299, vid.
1241, sans date.)
Sources: De Delphine Marie; Les Templiers dans le diocèse de Langres, Des
moines entrepreneurs au XIIe et XIIIe siècle. Dominique Guéniot, éditeur.
Seigneurie d'Arrentières
A Aranthières, les Templiers possédaient des droits
de dîmes sur toute la paroisse et forêts.
Pocès des Templiers VILLA-SUPER-TERRAM (F. Arbetus DE), curatus de Arentoriis,
Lingonensis diocesis.
César Lavirotte - Mémoire Statistique sur les Etablissements des
Templiers et des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Bourgogne - Membre
de la Société française pour la conservation des Monuments - 1852.
Procès des Templiers, tome II, page 266
Alia illicita nonrecolit
affuisse in dicta sua recepcione nec post, credens quod eadem et non alia intervenirent
communiter et ubique in recepcionibus aliorum fratrum ordinis vel post, quia
per eundem modum vidit in dicta capella, sunt circiter VI anni, recipi fratrem
Falconem de Milli militem, qui aufugit in capcione aliorum consanguineorum
ejusdem testis; per fratrem Johannem de Mars militem quondam, presentibus fratribus
Arberto de Villa-super-terram serviente, et Arberto presbitero, curato de
Arenteriis Lingonensis diocesis et Viardo de la Telaria preceptore
domus Templi de la Telaria, qui fuerunt capti una cum aliis Templariis, de
quorum vita vel morte non habet certitudinem.
Sources: Procès des Templiers, publié par M. Jules Michelet, tome 1 et 2
- Imprimerie Nationale - Paris - M. DCCC. LI.
Aranterie en 1253 (Chapitre de Clairvaux)
Aranthieres en 1295 (Chapitre de Saint-Maclou)
Arentorie Procès des Templiers en 1309
Sources: Dictionnaire topographique du département de l'Aube, par MM.
Théophile Boutiot et Emile Sogard. Imprimerie Nationale M. DCCC. LXXIV.
Arrelles
Département: Aube, Arrondissement: Troyes, Canton: Bar-sur-Seine, Commune:
Villiers-sous-Praslin - 10
Seigneurie d'Arelles en toute justice, avec moulin et ferme, s'étendant sur les
villages de Villers et Balnot.
Probablement membre de la Maison du Temple de Valleur
Polisot
Département: Aube, Arrondissement: Troyes, Canton: Bar-sur-Seine, Commune:
Villiers-sous-Praslin - 10
Avec une partie de la seigneurie, des prés et des vignes.
Probablement membre de la Maison du Temple de Valleur
Levigny
Département: Aube, Arrondissement: Bar-sur-Aube, Canton: Soulaines-Dhuys -
10
Avec droits seigneuriaux en rentes et en cens.
— Levigneix, 1390 (Fonds de la commanderie de Troyes)
Probablement membre de la Maison du Temple de Thors
Avalleur (10)
Maison du Temple d'Avalleur
Département: Aube, Arrondissement: Troyes, Canton: Bar-sur-Seine - 10
Maison du Temple d'Avalleur
La maison du temple d'Avalleurs, qui était devenue le chef-lieu d'une commanderie des Hospitaliers, avait été fondée en 1172 par Manassès, comte de Bar et évêque de Langres, au village d'Avalleurs, qui est de la paroisse et tout à côté de la ville. Il est fait mention de cet établissement au commencement du procès, en 1307, par la déposition du frère servant Chrétien, de Bissey, diocèse de Langres, portant qu'il avait été admis dans l'ordre, en la chapelle de la maison du Temple de Valeur, au diocèse de Langres, en présence des frères Gérard, laboureurs, et Guillaume, gardien de pourceaux. La seigneurie d'Avalleurs avec un bon domaine et 200 arpents de bois, faisaient partie de la dotation de cette commanderie, dont voici les dépendances:
Arelles
Domaine du Temple d'Arelles
Arelles, seigneurie en toute justice, avec moulin et fermé, s'étendant sur
Villiers et Balnot.
César Lavirotte - Mémoire Statistique sur les Etablissements des
Templiers et des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Bourgogne - Membre
de la Société française pour la conservation des Monuments - 1852.
Chapelle d'Avalleur fondée en 1172 par Manassès, comte de Bar et évêque de Langres. La cinquième
grande commanderie de l'Aube, elle se trouve sur la commune de Bar-sur-Seine.
Avalleur a conservé la belle chapelle gothique des Templiers, du XIIe siècle.
La commanderie a été rebâtie par les Hospitaliers, elle date du XVIe siècle à
la suite d'un incendie. On ne sait que peu de choses au regard de notre corpus
concernant cette commanderie (2 pièces), les actes la concernant doivent être
conservés aux Archives nationales.
Commandeurs d'Avalleur
Radulphus, 1214
Robert, 1290
Sources: De Delphine Marie; Les Templiers dans le diocèse de Langres, Des
moines entrepreneurs au XIIe et XIIIe siècle. Dominique Guéniot, éditeur.
Cette maison « Aveleure », « Aurelaves »,
« Valoire », « Valeur », située en la commune de
Bar-sur-Seine, devait son origine à la libéralité d'un évêque de Langres, au
XIIe siècle (1172), « D'après le Dictionnaire topographique du département
de l'Aube, par MM. Boutiot et Socard. »
Il ne reste plus aucun document sur Avalleur, il y a eut un incendie au XVIIIe
siècle qui détruisit tout le donjon, là même où était conservé les précieuses
chartes de possessions des Templiers.
Au temps de Cassini, elle était encore connue sous le nom de Valeur, et la
commanderie, depuis longtemps aux Hospitaliers, était située tout près du
village de ce nom, au sud de Bar-sur-Seine.
Dans le Procès, Avalleur est aussi bien du diocèse de Troyes que de celui de
Langres; ce qui se comprend, la maison du Temple se trouvant à la limite des
deux diocèses.
Avalleur fut, au reste, une maison assez importante, puisqu'elle est parfois
désignée, dans le Procès, comme baillie du Temple, et son précepteur avait à
visiter les domaines compris dans cette petite baillie tels que Bonlieu et
Buxières.
Nous avons déjà dit, à propos du dernier précepteur de la Loge-du-Temple, qu'il
avait été reçu en 1280 à Bonlieu par le précepteur d'Avalleur, Humbert ou
Imbert, frère sergent; nous avons trouvé également le précepteur d'Avalleur à
une réception faite au Temple de Troyes en 1290.
Commanderie d'Avalleur
Cette intervention s'inscrit dans le cadre de la réalisation de travaux de
drainage réalisés autour de la chapelle du XIIIe siècle de la commanderie
d'Avaleur (commune de Bar-sur-Seine), ancienne maison des Templiers.
L'intervention s'est déroulée en deux étapes aux mois de mars/avril et de mai
1998 : elle a compris un suivi général du terrassement des tranchées et la
fouille d'un petit secteur funéraire.
Cette chapelle, située dans la paroisse d'Avaleur mentionnée au IXe siècle,
était détenue par les Templiers qui entre 1173 et 1204 ont bénéficié de
nombreuses donations concédées par les détenteurs de la seigneurie.
Aucun témoin archéologique antérieur à la période d'installation des templiers
n'a été formellement identifié. Cependant, une petite « enceinte » (diamètre
intérieur : 12 mètres), implantée en bordure d'un éperon situé à l'est de la
commanderie, pourrait correspondre à une habitation de type seigneurial. Elle
est entourée partiellement d'un fossé et d'un rempart intérieur, dont
l'importance du côté opposé à la rupture de pente le rapproche de la motte du
Châtelard (Chirens, Isère ; cf. DAF 40). Ce type d'enceintes est également
attesté en Normandie et en Belgique, où elles ont été observées sous le corps
de mottes (cf. Furnes, Warandemote ; Landen, Sint-Gitterdal).
Près de la porte latérale de la chapelle, huit tombes ont été repérées à faible
profondeur, sans qu'on ait pu préciser l'extension de cet espace funéraire.
L'étude archéologique et anthropologique (L. Bonnabel) met en évidence la
présence d'une quinzaine d'individus répartis sur trois niveaux sans lien de
parenté apparente. On dénombre une forte proportion d'enfants, dont 2
périnataux inhumés simultanément, dans cette population « défavorisée » (cf.
état sanitaire général). La sépulture la plus ancienne - du moins d'un point de
vue stratigraphique - s'appuie sur les fondations de la chapelle ; son
remplissage a livré une céramique datable du XVe ou XVIe siècle.
Par ailleurs, d'autres observations concernent les caractéristiques des
fondations de la chapelle, la reprise partielle de ses :
Pigeonnier
Ancienne sépultures
Logis
Citerne
souterrain-refuge
Commanderie d'Avaleur (Plan Geert Verbrugghe - AFAN)
Murs au niveau de la travée centrale et des murs rapportés (bâtiments ou murs
de clôture ?). Devant la chapelle, des fondations correspondent probablement à
une aile de bâtiment, connue dans les documents d'archives sous le nom de «
donjon » (info. F. Gilet) et figurant sur un plan de 1695. Dans la cour de la
commanderie (cf. puisard), une couche de remblais peu épaisse (maximum 0,50 m)
recouvre directement le sol géologique en place.
L'ensemble des vestiges architecturaux et archéologiques a été replacé sur le
plan cadastral récent, et confrontés au cadastre ancien. (Responsable de la
fouille : Geert Verbrugghe.)
Bar-sur-Seine (Aube). Commanderie d'Avaleur (Plan Geert Verbrugghe - AFAN)
Commanderie d'Avalleur -Plan
Sources : Verbrugghe Geert. Bar-sur-Seine. Commanderie d'Avalleur. 1999 - Persée
Procès des Templiers, tome I, page 434
Lectis autem et diligenter expositis sibi omnibus et singulis articulis,
respondit ad eos, et primo ad primos IIIIor se nescire si communiter
recipiebantur fratres ordinis sicut ipse fuit receptus per fratrem Hugonem de
Peraido, inter festa beatorum Remigii et Dyonisii erant XX anni vel circa, in aula domus
Templi Trecensis, presentibus fratribus Humberto quondam preceptore tunc de
Valoire Lingonensis diocesis, Nicolao de Serra, quondam preceptore dicte
domus Trecensis, Stephano le Nain, quondam servientibus, a quo petitum fuit si
volebat esse frater ordinis; quo respondente quod sic, dixerunt quod oporteret
eum multa sustinere et dimittere propriam voluntatem, et quod oporteret eum
abnegare Deum, et spuere super quamdam crucem, et quod hoc faceret ore non
corde et hoc dixit sibi dictus frater Nicolaus in una camera propinqua dicte
aule et erat presens dictus frater Humbertus, et ipse testis respondit quod
nullo modo faceret hoc.
Sources: Procès des Templiers, publié par M. Jules Michelet, tome 1 et 2
- Imprimerie Nationale - Paris - M. DCCC. LI.
Ce dignitaire, surnommé parfois « de Vianesio », était, d'après un
passage du « per fratrem Ymbertum de Vianesio, preceptorem ballivie
d'Aveleure », précepteur de la baillie du Temple d'Avalleur, et c'est
comme tel que nous le retrouverons à une cérémonie d'admission, en la maison du
Temple de Buxières.
Procès des Templiers, tome II, page 396
Item frater Johannes de Poissons bergerius etatis XXIX annorum vel circa, ut
dicebat, eodem modo constitutus, juratus et interrogatus, dixit per juramentum
suum quod fuit receptus in domo de Buxiere Lingonensis diocesis, per
fratrem Ymbertum de Vianesio preceptorem baillivie d'Aveleure, presentibus
fratribus Stephano,de Vianesio, Guillelmo de Gres et Guillelmo de Bures, et
quibusdam aliis de quorum nominibus non recolit.
Sources: Procès des Templiers, publié par M. Jules Michelet, tome 1 et 2
- Imprimerie Nationale - Paris - M. DCCC. LI.
Enfin, Gautier de Bure aurait été reçu, à quinze ans, à Avalleur, par le
visiteur de France (vers 1300).
Précepteur de la baillie d'Avalleur
En 1280-1290, Humbert ou Imbert, du Viennois, frère sergent.
Sources: Trudon des Ormes: Les possessions templières recueillent durant
les interrogatoires des templiers par les hommes de Philippe le Bel et les
commissions pontificales des diocèses de France. La plupart de ces informations
sortent des archives départementales, de la bibliothèque nationale et des
textes rédigés par Michelet sur le Procès des Templiers.
Procès des Templiers, tome I, page 522
Ipse autem receptus fuerat per fratrem Humbertum, quondam preceptorem
tunc de Valeure Trecensis diocesis, citra festum Omnium Sanctorum fuerunt
XXX anni vel circa, in capella domus Templi de Bono Loco ejusdem diocesis,
presentibus fratribus Petro Valence et Humberto, cujus cognomen ignorat,
servientibus, deffunctis, in hune modum nam cum peciisset, flexis genibus,
panem et aquam, societatem et pauperem vestitum ordinis, et obtulisset se velle
fieri servum esclavum ordinis, et paratum mori pro Deo ter, et ter ei responsum
fuisset quod grandem rem petebat, et quod bene deliberaret, quia oporteret eum
abdicare a se propriam voluntatem et subjicere aliene, esse ultra mare quando
vellet esse citra, et multa dura et aspera sustinere, et ipse respondisset quod
omnia sustineret, fecit eum vovere et jurare, super quemdam librum, castitatem,
obedienciam, et vivere sine proprio, et servare bonos usus et bonas
consuetudines ordinis qui tunc erant et qui in posterum inponerentur.
Sources: Procès des Templiers, publié par M. Jules Michelet, tome 1 et 2
- Imprimerie Nationale - Paris - M. DCCC. LI.
Avalleur - Manassès de Bar
« Manassès, dit M. Coutant, qui a essayé de concilier les généalogies,
Manassès étant trop jeune pour administrer lui-même, Pétronille reprend la
garde-noble pendant sa minorité.
Pétronille et Manassès figurent dans une charte de 1159 de Hugues, archevêque
de Sens; ce n'est qu'en 1161 que Manassès atteint sa majorité. » Ce
Manassès ne peut pas être celui que M. Coutant nomme dans la liste des enfants
de Guy et de Pétronille, car ce dernier était déjà majeur en 1138, où il
approuve un don de Guy, son père, au monastère de Saint-Michel de Tonnerre: M.
Coutant lui-même nous apprend ce fait et rapporte le titre. Il y a donc eu deux
Manassès, dont le plus jeune eut le comté de Bar-sur-Seine.
« L'administration du comté, continue M. Coutant, fatigua bientôt le jeune
comte, qui embrasse l'état ecclésiastique, pour lequel il a une vocation
marquée. Avant d'entrer dans les ordres, Manassès fonde, au profit des
Templiers, la riche commanderie d'Avalleur, près Bar-sur-Seine, qu'il dote de
grands revenus en 1107... Rien n'indique que le nouvel ecclésiastique abandonne
ses droits au comté de Bar, seulement il en confie l'administration à son frère
Thibaut, qu'il laisse comme tuteur de sa nièce (Pétronille, qui épousa Hugues
du Puiset, vicomte de Chartres). »
Mémoires de la Société historique et archéologique de Langres. Tome 3, N
1. Editeur: Musée Saint-Didier. Langres 1847
Avalleur
— Avalura, 1076 (Premier cartulaire de l'abbaye de Molème)
— Avalorrum, Valorium, 1101 (Ibidem)
— Avalura, 1104 (Ibidem)
— Avalorra, 1114 (Ibidem)
— Valuvria, 1147 (Cartulaire de l'abbaye de Clairvaux)
— Avolorrium, 1161-1179 (Ibidem)
— Avaloria, 1221 (L'Art de Vérifier les dates, tome II, page 591)
— Avallore, vers 1222 (Livres des Vassaux)
— Avalaria, 1269 (Charte de Thibaut IV, roi de Navarre)
— Domus Templi de Valleia, Valleya, Valeia, Valeure, Valeyre, Valoire, Avaleur,
1309 (Procès des Templiers)
— Avaleurs, Avaleurre, 1503 (Chartes de la commanderie de Troyes)
— Valleure, 1628 (Ibidem)
— Commanderie d'Avaleur, 1730 (Bail des dîmes de Villiers: archives de l'Aube)
— Avalloria (Annales de l'Yonne, 1845, troisième partie, page 187)
— Valeur, commanderie, XVIIIe siècle (Cassini)
— Acienne Maison du Temple, fondée en 1172 par Manassès, évêque de Langres,
puis après 1312, commanderie de Saint-Jean de Jérusalem.
Sources: Dictionnaire topographique du département de l'Aube, par MM.
Théophile Boutiot et Emile Sogard. Imprimerie Nationale M. DCCC. LXXIV.
Bar-sur-Aube (10)
Chapelle du Temple de Bar-sur-Aube
(19 parchemins, de 1173 à 1306), ils auraient élevé
la chapelle Saint-Jean, qui daterait du XIIe ou du XIIIe siècle et qui passa
aux mains des chevaliers de Malte.
Les Templiers sont propriétaires, en 1215, d'immeubles à Bar-sur-Aube, à
Urville, dans le cours du XIIIe siècle.
La commanderie d'Avalleur étendait son pouvoir sur plusieurs terres alentour.
On peut citer :
Balnot-sur-Laignes
Arrelles
Les bois de Fiel
Buxières
Chapelle Saint-Jean de Bar-sur-Aube
Cette chapelle, qui présente des détails de
styles différents, est très simple et presque réduite aux quatre murs. A
l'intérieur, on voit encore des colonnes dont les chapiteaux sont à peine
recouverts de quelques feuilles et à la voûte, l'écu de France aux trois fleurs
de lys à l'extérieur une porte cintrée soutenue par deux colonnes cannelées et
une façade percée de deux fenêtres de forme et de grandeur différentes l'une
très-simple, l'autre plus grande et plus riche, et ornée de filets et de moulures
elle est divisée en deux parties, surmontée d'une rose à cinq feuilles le tout
couronné par une large bande appuyée sur deux têtes de jeunes hommes coiffés de
longs cheveux comme au temps de Louis XII.
Le haut de cette jolie fenêtre a été brisé pour donner passage aux bottes de
paille et de foin, car cette chapelle, vendue en 1792, est maintenant convertie
en écurie, comme l'indiqua pendant longtemps cette inscription : « Ecurie
à Corneux », placée au-dessus de la porte, et que, depuis peu, on a eu
le bon esprit de faire disparaître.
Une troisième fenêtre, peu élevée et sans ornement, est ouverte au-dessus de
l'autel.
Cette chapelle dépendait de la commanderie de Thors et de Corgebin. Dans
l'origine, elle appartenait aux Templiers, dont saint Jean-Baptiste était le
patron mais en 1312, époque de la suppression de cet ordre militaire et
religieux, elle fut donnée par Philippe-le-Bel aux Chevaliers de Malte qui la
possédèrent jusqu'à nos jours.
On voit encore, dans la chapelle Saint-Joseph de l'église Saint-Pierre, une
vieille statue de saint Jean-Baptiste, avec un chevatier du Temple, couvert de
son grand manteau blanc, agenouillé à ses pieds. Près de lui est son bouclier
sur lequel, à côté de la croix à huit pointes, est posée une chouette, symbole de la prudence, et
sur le socle sont les initiales T.P. (Templum). Cette statue provient de
la chapelle Saint-Jean.
A part cette chapelle, les Templiers possédaient encore de grands biens dans
les environs. Les seigneuries de Thors et de Maisons de vastes prairies, le
bois de Beauregard, la forêt d'Orient, dite aussi du Temple, etc., dont le roi
s'empara lors de leur suppression, dépendaient aussi de cet ordre.
Le cimetière Saint-Jean ou des Templiers, placé vers la promenade du Jarre,
servit à inhumer les habitants de Bar-sur-Aube pendant la peste qui désola
cette ville en 1236.
Vendu au commencement de ce siècle, il est maintenant converti en promenade et
en jardins.
Bar-sur-Seine (10)
Ce lieu fut un fief de Guillaume de Chartres, grand
maître du Temple, mort à Damiette en 1219.
Nous n'avons aucun renseignement à ce jour sur d'éventuels biens Templiers à
Bar-sur-Seine. On peut supposer, que Guillaume de Chartres, a fait un don au
Templiers, mais ce don fut peut-être le fief d'Arrelles.
Fief d'Arrelles
Au sud d'Avalleur, le fief d'Arrelles appartenait
aux Templiers.
Beauvoir (Aube) (10)
Maitérie du Temple de Beauvoir
— Fontette, fontestae, caput fontium, est situé au
milieu de vastes terres labourables et fertiles.
— Aube, canton d'Essoyes.
— Ce village est ancien, mais on ne peut rien indiquer sur son origine.
— Il faisait autrefois partie du diocèse de Langres et du doyenné de
Bar-sur-Seine, était du ressort du Parlement de Paris.
— Baillage et maîtrise de Troyes.
— Généralité de Chalons, élection et subdélégation de Bar-sur-Aube.
— Décimateur, le grand prieur de Champagne.
Chapelle Saint-Gengoul
— Ce pays possède une ancienne chapelle de
Saint-Gengon ou Gengoul qu'on croit avoir été fondée par le cardinal de Givry,
évéque de Langres ; mais il nous parait plus probable qu'il en fut seulement un
des bienfaiteurs. Cette chapelle était jadis un ermitage ; on y disait trois
fois la messe par an ; quelques journaux de terre et une vigne étaient employés
à son entretien et à sa décoration.
— L'on voit sur le finage les ruines de l'ancienne métairie de Beauvoir, qui
dépendait de la commanderie d'Epailly ; une justice haute, moyenne et basse y
était établie.
— L'église paroissiale, que rien ne recommande à l'attention du voyageur, a été
reconstruite en ces derniers temps sur l'emplacement de l'ancienne qui menaçait
ruine. Elle est sous le vocable des saints Cyprien et Corneille, et placée au
milieu du cimetière, qui rappelle si puissamment le néant de la vie, l'espoir
d'un avenir plus heureux et le souvenir de ceux qui nous étaient chers et qui
maintenant ne sont plus. Dans une charte de 936, il est fait mention d'un
seigneur de Fontette, qui fit quelques donations à une abbaye du diocèse de
Langres, appelée Sainte-Marie de Coconville. Le village possède un ancien
château, à épaisses murailles, qui a été vendu nationalement en 1790. Le
dernier seigneur auquel il appartenait, a été messire Orseau, baron, intendant
de la généralité de Caen. Le grand chemin des Romains, venant de Bar-sur-Seine
et gagnant la cité des Lingons, passe à quelques pas de Fontette.
1196. Avril
Blanche comtesse de Champagne, constate une transaction entre Pierre, Hugues,
Robert et Gui de Fontette, frères d'une part, et Guillaume Putemonoye,
commandeur du Temple, d'autre part.
H, Cartulaire de la commanderie du Temple de Troyes, folio 85 vº - 86 rº.
Fontette, conton d'Essoyes.
— Fontectum, XIIe siècle (Cartulaire de l'abbaye de Clairvaux)
— Fontetes, 1121 (Ibidem)
— Fonteit, 1146-1169 (Cartulaire de l'abbaye de la Rivour)
— Fonteta, 1159 (Gallia Christiana, tome IV, page 177)
— Fontetum, 1162 (Cartulaire de l'abbaye de Clairvaux)
— Fontoite, 1173 (Charte de l'abbaye de Boulencourt)
— Fontettum, 1179 (Charte de l'abbaye de Clairvaux)
— Funtete, 1180 (Cartulaire de l'abbaye de Clairvaux)
— Fontoites, 1274 (Charte de l'abbaye de Saint-Loup)
— Fontette, 1379 (Dén., gén., des fiefs, reg., 10, 396, coll., Delamare,
Bibiothèque Nationale, tome III, manuscrits Vignier)
— Fonteittes, Fonteitte, 1581 (Charte et titres de l'abbaye de Clairvaux)
— Fontete, 1665 (Chron., Ling., page 73)
— Fontestae, caput Fontium, XIXe siècle (Tynturié, Notice sur Cunfin)
— Diocèse ancien de Langres; coutumes et baillage de Troyes; châtellenie
comprenant le Charmoy et Fontette; gouvernement général de Champagne: élection
de Bar-sur-Aube.
— Château fort, détruit en grande partie; il ne reste plus que les communs.
— La seigneurie dépendait du domaine royal avant 1789, époque à laquelle elle
fut rendue à la famille de Valois de Saint-Remy, son ancien propriétaire.
Beurville (10)
Seigneurie du Temple de Beurville
Les Templiers arrivent à Thors et à Beurville
Vers le milieu du XIIe siècle vivait à Beurville Ancherus, qui possédait une
partie de la seigneurie ; il avait pour femme Grossa, dont il eut trois fils,
Aimon, Ancherus et Guillaume ; ils sont nommés comme seigneurs de Beurville et
comme fondateurs de la commanderie de Thors par le Père Vignier dans le Chronicon
lingonense dans lequel on lit ces mots : Ferventibus per illa
tempora studiis peregrinantium Templariis concessa vallis Taurorum ab Aimone
Anchero et Guillelmo Burreville Dominis (1).
1. Chronicon lingonense, par le Père Vignier, page 120.
Je n'ai point trouvé l'acte même de la fondation. Cette fondation, qui eut lieu
en 1193, fut faite en faveur de l'ordre du Temple. A partir de cette époque,
les Templiers agrandirent leurs domaines par des acquisitions et des donations
de droits et de propriétés, qui d'année en année venaient se rattacher à la
commanderie de Thors.
De ces trois frères, Ancherus paraît seul avoir été marié, sa femme se nommait
Aleta ; au mois de septembre 1230, prenant le titre de chevalier (miles), il
fait donation aux Templiers (Fratribus militiae Templi) de ce qui lui
appartient dans la dîme de Beurville, et leur abandonne le blé qu'ils lui
devaient annuellement pour la dîme et le ferrage de la ferme de Chânet (Chanel)
; il leur donne le droit d'acheter tout ce qui leur conviendra des terres dont
le ferrage lui est dû, et d'en jouir sans lui payer de terrage ; ses deux
frères donnent leur approbation à ces donations (1). On voit par cet acte que
déjà la ferme de Chânet appartenait à la commanderie de Thors (2).
1. Pièce des archives de la Haute-Marne.
2. Je n'ai point trouvé l'acte de donation ou de vente de cette ferme à la
commanderie de Thors, elle était nécessairement antérieure à 1230. Peut-être
Chânet fut-il donné à la commanderie de Thors lors de sa fondation.
Au mois de septembre 1234, Guiard, fils de Chantoine de Beurville, avec
l'approbation de sa femme Aremburge, donne aux Templiers sa maison de Beurville
avec ses dépendances ; il leur vend diverses pièces de terres et ce qui lui
appartenait dans un bois que le titre latin nomme Nemus liberorum (3).
3. Pièce des archives de la Haute-Marne.
Au mois d'avril 1265, on voit Vauthier ou Gauthier Boichot, petit seigneur
(domicellus) de Beurville, et Androuin de Brétenay (de Bretenaio), aussi
domicellus de Beurville, fils de Huon, chevalier de Beurville. Androuin vend,
avec l'approbation de Vauthier Boichot, qui est dit seigneur féodal, aux
Templiers une pièce de terre sur le territoire de ce village.
Androuin de Brétenay était oncle de Vauthier ; ce qu'il possédait à Beurville
était mouvant du fief de Vauthier.
En 1269, Vauthier, appelé cette fois Galtherus Boochez, écuyer, et
Guillemette ou Guillermette, sa femme, font aux Templiers donation de tout ce
qu'ils possèdent dans l'Atrait de Beurville (4), mouvant du fief du Temple (de
feodo Templi) ; le fief, c'est-à-dire probablement les droits de fief qu'ils
avaient sur ce qu'y possédait Androuin de Bretenay ; enfin le fief qu'ils
avaient, lui et sa femme, comme seigneurs de Beurville, en justice, hommes,
terres, maisons, vignes, cens, coutumes, etc., sur le dit Atrait. — Telle est
sans doute l'origine de la possession par les Templiers de Thors d'une partie
de la seigneurie de Beurville.
4. Il est difficile de dire ce que signifiait cette expression Atrait que
l'on trouve aussi écrite Atraie, et en latin Atractum.
Un ancien vitrail de l'une des résidences des seigneurs laïcs de Beurville,
datant du XVIIe siècle, nous fait connaître un personnage du nom de Pierre de
Beurville, qui en 1270 était chevalier du Temple (5).
5. Vitraux d'un ancien manoir des seigneurs de Beurville.
Le prieuré de Saint-Pierre, de Bar-sur-Aube, avait aussi des possessions sur le
territoire de Beurville : en 1279, on voit un échange fait entre cette maison
et les Templiers de Thors (6).
6. Pièce des archives de la Haute-Marne.
En 1300, au mois d'août, les Templiers font un accord avec Guillermin, fils de
Thiébault de Tremilly, au sujet du four banal, de Beurville ; les Templiers
possédaient la moitié du four et Guillermin l'autre moitié ; Guillermin n'avait
point de bois pour l'affouage du four ; il cède la moitié de sa portion aux
Templiers, qui s'engagent à fournir la totalité de l'affouage et auront
désormais les trois quarts du four (7).
7. Pièce des archives de la Haute-Marne.
Les Templiers possédèrent la commanderie de Thors pendant cent dix-neuf ans ;
en 1307 commença le célèbre procès qui se termina par l'abolition de l'ordre en
1312, Les immenses propriétés qu'ils avaient accumulées entre leurs mains
passèrent presque en entier dans celles de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem
ou de Malte ; la commanderie de Thors, ses droits et ses possessions suivirent
le sort commun.
J'arrête ici les citations que je me proposais de faire sur l'établissement de
l'ordre du Temple à Thors et Beurville ; les chevaliers de Malte continuèrent
l'œuvre des Templiers par l'agrandissement des propriétés et des droits qu'ils
avaient hérités d'eux.
Les religieux de Clairvaux arrivent à Blinfey et Beurville.
Pendant que l'ordre du Temple venait occuper des parties du territoire de
Beurville, les moines de Clairvaux, de leur côté, suivaient son exemple. Parmi
les possessions de l'abbaye de Beaulieu, se trouvaient la ferme de Blinfey, la
forêt qui l'entoure, et quelques autres propriétés sur les territoires
environnants.
J'ignore quelle était l'origine de ces propriétés entre ses mains ; il est à
penser toutefois que la ferme et la forêt de Blinfey lui venaient des donations
des comtes de Brienne, qui avaient favorisé son établissement par des dons
faits avec une grande générosité. Le comté de Brienne possédait des fiefs
jusque dans cette partie de la Champagne ; la moitié notamment du territoire de
Cirey, située sur la gauche de la rivière de la Blaise et contiguë à la forêt
de Blinfey, était mouvante de ce comté ; la forêt et la ferme de Blinfey
avaient pu, à cette époque, dépendre de leurs domaines utiles.
Acquisition de Blinfey par l'abaye de Clairvaux.
A la fin du XIIe siècle, l'abbaye de Beaulieu, malgré les donations de ses
riches protecteurs, était tombée dans la gêne, et fut obligée de vendre une
partie de ses propriétés. Une lettre de Garnier de Trainel, évêque
Beurville
D'après le dictionnaire topographique de la Haute-Marne de A. Roserot, la
seigneurie était partagée entre l'abbé de Clairvaux, le commandeur de Thors et
un laïc (9 parchemins, septembre 1230, juin 1269, 1279, septembre 1234, avril
1265, avril 1269, juin 1277, janvier 1285, août 1300; inventoriés, mais pas
transcrits).
Beurville
— Canton de Doulvant
— Burevilla, 1179 (Archives de l'Aube, Beaulieu)
— Burrivilla, vers 1200 (Longnon, Doc. I, nº 2147)
— Borrevilla, 1204-1210 environ (Longnon, Doc. I, nº 2799)
— Burivilla, 1221-1243 (Longnon, Doc. I, nº 4238)
— Breuvilla, 1243 (Recueil Jolibois, VII, folio 85)
— Burreville, 1249-1252 (Longnon, Rôles, nº 25)
— Burrevilla, 1250 (Archives de l'Aude, Clairvaux)
— Bure Vile, 1274-1275 (Longnon, Doc. I, nº 7037)
— Burriville, 1326 (Longnon, Doc. I, nº 5766)
— Buerville, 1412 (Clairvaux)
— Beureville, Beurreville, 1520 (Fonds de la commanderie de Thors)
— Beureville, 1784 (Courtalon, III, 331, et Carte de Cassini)
— La seigneurie était partagée entre l'abbé de Clairvaux, le commandeur de
Thors et un laïque.
Bonlieu (10)
Maison du Temple de Bonlieu
On n'a plus le titre de fondation de la maison du Temple de Bonlieu, qui fut autrefois le siège d'une commanderie fort importante, mais son origine nous est rénélée dans un titre du mois de juillet 1269, qui est une transaction entre les Templiers et Hugues, comte de Brienne, par laquelle celui-ci dèclarait renoncer à tous droits de justice et de seigneurie qu'il prétendait avoir sur la maison du Temple, nommée Bonlieu, « super domum Templi que dicitur Bonus Locus », et sur les 70 arpents de terre où elle se trouvait construite. Il y est dit que la terre qui formait le fonds de cet établissement, provenait de Godefroy de La Caucharde et de Lambert de Pigney, seigneurs qui vivaient au commencement du XIIIe siècle.
Cette commanderie du diocèse de Troyes était située, d'après la carte de
Cassini, au sud de Bonlieu « de Bono Loco. » Il en est à peine
question dans le Procès; il y est dit cependant que le précepteur du Temple
d'Avalleur, sèrait venu à Bonlieu, vers 1280, à la Toussaint, pour procèder à
une admission, dans la chapelle de la maison.
C'est également à Bonlieu que fut reçu, vers 1294, par frère Humbert de
Montceaux, chevalier, un humble servant, plus tard frère berger en la
commanderie de Lagny-le-Sec « Procès, tome I, page 522 et tome II, page
320. »
Sources: Trudon des Ormes: Les possessions templières recueillent durant
les interrogatoires des templiers par les hommes de Philippe le Bel et les
commissions pontificales des diocèses de France.
Procès des Templiers, Tome I, Page 522
Eisdem die et loco fuit adductus ad presenciam eorumdem dominorum commissariorum frater Petrus Picardi diocesis Lingonensis (Langres), serviens, preceptor domus Templi de Loages Trecensis (Troyes) diocesis, testis supra juratus, ut deponeret dictum suum, sexagenarius vel circa, non defferens mantellum ordinis, quia ipsum dimiserat in concilio Senonensi (Sens). Postmodum radi fecerat sibi barbam, cum quo fuerat Carnoti inquisitimi, absolutus et reconciliatus per dominum episcopum Carnotensem, qui nunc est; et fuit protestatus quod non intendebat recedere a deposicione per eum facta coram domino episcopo supradicto. Lectis autem et diligenter sibi expositis omnibus et singulis articulis, respondit ad eos, et primo ad primos XIII, se nescire si contenta in eis erant vera, quia non interfuerat capitulis nec recepcionibus aliorum. Ipse autem receptus fuerat per fratrem Humbertum, quondam preceptorem tunc de Valeure (Avalleur) Trecensis (Troyes) diocesis, citra festum Omnium Sanctorum fuerunt XXX anni vel circa, in capella domus Templi de Bono Loco (Bonlieu) ejusdem diocesis, presentibus fratribus Petro Valence et Humberto, cujus cognomen ignorat, servientibus, deffunctis, in hunc modum: nam cum peciisset, flexis genibus, panem et aquam, societatem et pauperem vestitura ordinis, et obtulisset se velle fieri servum esclavum ordinis, et paratimi mori pro Deo ter, et ter ei responsum fuisset quod grandem rem petebat, et quod bene deliberaret, quia oporteret eum abdicare a se propriam voluntatem et subjicere aliene, esse ultra mare quando vellet esse citra, et multa dura et aspera sustinere, et ipse respondisset quod omnia sustineret, fecit eum vovere et jurare, super quemdam librum, castitatem, obedienciam, et vivere sine proprio, et servare bonos usus et bonas consuetudines ordinis qui tunc erant et qui in posterum inponerentur [...]
Procès des Templiers, Tome II, page 320
Item dicta die, scilicet Veneris ante festum Symonis et Jude, frater Parisetus
de Bures (Bures-les-Templiers) Lingonensis (Langres) diocesis, frater bergerius
apud Latigniacura Siccum, etatis quadraginta quinque annorum vel circa, juratus
eodem modo, et requisitus de tempore et modo suae recepcionis, dixit per
juxamentum suum quod fuit receptus in domo Boni Loci (Bonlieu) Trecensis
(Troyes) diocesis, per fratrem Ymbertum militem dicti ordinis, tresdecim anni
sunt elapsi. [...]
Sources: Procès des Templiers, publié par M. Jules Michelet, tome 1 et 2
- Imprimerie Nationale - Paris - M. DCCC. LI.
Domaine du Temple de Bouilly
Les Templiers possédaient au XIIIe siècle un domaine
à Bouilly. Il leur provenait de la libéralité d'un chevalier, du nom de Renault
Bilours de Bouilly.
Des lettres de l'official de Troyes, du mois de juin 1233, portent que ce
seigneur avait donné aux frères de la chevalerie du Temple, une maison avec ses
dépendances, située à Bouilly, « apud Boilliacum », avec la moitié de
ses terres, situées en divers lieux, derrière la maison des lépreux de Bouilly,
au lieu dit Vereille.
Domaine du Temple de Vereille
Domaine du Temple de Champgiron
Vereille, Champgrimont, à Montmilon, aux Charmes-aux-Nonains, à Mongoon, à Valchevrière, à Norrois-aux-Chevriaux, au Ruissel, aux Blanches-Voies, à la Ruelle, à Chalaignes, à Loiselet, à La Warte, etc.
La maison n'existait plus au XVe siècle, et les rentes des terres qui avaient
été données à cens perpétuel, se percevaient encore au siècle dernier.
Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier -
Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)
Maison du Temple de Bruxières
Buxières, avec moitié de la seigneurie, un
moulin et une ferme. Une maison du Temple exista dans ce lieu; car nous
trouvons au procès un frère nommé Jean de Poissons, berger, qui déclara avoir
été reçu dans la maison de Buxière du diocèse de Langres, par frère Ymbert de
Viannesio, précepteur de la baillie d'Aveleure. Procès des Templiers tome II,
page 396.
Sources: César Lavirotte - Mémoire Statistique sur les Etablissements des
Templiers et des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Bourgogne - Membre
de la Société française pour la conservation des Monuments - 1852.
Item frater Johannes de Poissons bergerius, etatis XXIX
annorum vel circa, ut dicebat, eodem modo constitutus, juratus et interrogatus,
dixit per juramentum suum quod fuit receptus in domo de Buxiere
Lingonensis (Langres) diocesis, per fratrem Ymbertum de Vianesio
preceptorem baillivie d'Aveleure, presentibus fratribus Stephano de
Vianesio, Guillelmo de Gres et Guillelmo de Bures, et quibusdam aliis de quorum
nominibus non recolit.
Sources: Procès des Templiers, publié par M. Jules Michelet, tome 1 et 2
- Imprimerie Nationale - Paris - M. DCCC. LI.
Maison du Temple de Bruxières
Aube, arrondissement de Bar-sur-Seine, canton d'Essoyes; anciennement du
diocèse de Langres, d'après le Dictionnaire topographique du département de
l'Aube.
Maison du Temple de Buxières; avec la moitié de la seigneurie, un moulin et une
ferme.
Buxières avait rang de Maison du Temple, car nous en avons confirmation avec
l'interrogatoire du Frère Jean de Poissons, « berger », qui déclara:
J'ai été reçu Templier dans la Maison du Temple de Buxières, au diocèse de
Langres, par Frère Ymbert de Viannesio, précepteur de la baillie d'Avalleur.
Un frère servant, berger, âgé de vingt-neuf ans, lors de l'interrogatoire qu'il
subit au mois de novembre 1307, nous apprend qu'il fut reçu Templier en la
chapelle de la maison du Temple de « Buxière », du diocèse de
Langres, par le précepteur du Temple d'Avalleur: Humbert ou Imbert, du
Viennois, frère sergent « Procès, t. II, p. 396. »
Sources: Trudon des Ormes: Les possessions templières recueillent durant
les interrogatoires des templiers par les hommes de Philippe le Bel et les
comminssions pontificales des diocèses de France. La plupart de ces
informations sortent des archives départementales, de la bibliothèque nationale
et des textes rédigés par Michelet sur le Procès des Templiers.
— Buxerres, 1503 (Fonds de la commanderie de Troyes)
— Buissieres, 1547 (Fonds de la commanderie de Troyes)
— Bussiere, XVIIIe siècle (Cartes de Cassini)
Sources: Dictionnaire topographique du département de l'Aube, par MM.
Théophile Boutiot et Emile Sogard. Imprimerie Nationale M. DCCC. LXXIV.
Ceres, Montceaux-lès-Vaudes (10)
Maison du Temple de Cérès
Cette maison de Serre était une dépendance de la commanderie de Troyes.
Serre est un hameau du village de Montceaux « La maison de Serre était
située sur le chemin menant au bois de Rumilly-les-Vaudes, près de la
Voie-aux-Aniers, elle est indiquée au sud de Serre sur la carte de
Cassini. » village que quelques kilomètres seulement séparent de
Verrières, où se trouvait le Temple de Villers, objet de notre dernière Etude
Villiers-les-Verrières.
Les Templiers y prient pied dès 1196, c'est-à-dire neuf ans plus tôt qu'à
Sancey, et treize ans plus tôt qu'à Verrières, par suite de la donation que
leur firent, sous le sceau de Garnier, évêque de Troyes, le chevalier Belin
« de Roseio - alias Roseto », et sa femme Pétronille, surnommée
Comtesse. Consentie à titre d'aumône perpétuelle, cette donation eut pour objet
tout ce que Belin et Pétronille possédaient à Serre, au Plessis (1) (Ferme et
château) et à Fouchères (2), soit en fiefs, en casements (Le casement,
casamentum, était, dans le principe, une demeure, une maison donnée à loyer puis
convertie en fief, suivant la qualité du locataire, d'où vint l'expression:
feoduni casamenti), en domaine et en revenus de toute nature. Les donateurs
tenaient une partie de leurs biens de Philippe, frère de Pétronille, et, comme
ils n'avaient pas d'enfants, leur donation fut approuvée par leurs proches,
c'est-à-dire, du côté de Pétronille, par Philippe et le clerc Nevelon, ses
frères, et par Adeline, sa soeur; du côté de Belin, par sa soeur Richol.
Elisabeth, femme de Philippe, Guy, époux d'Adeline, Pierre, mari de Richol,
ainsi que leurs enfants, intervinrent également dans l'approbation, mais un
seul des enfants est nommément désigné dans l'acte, sans doute parce que seul
il était majeur, c'est Gobert, fils de Pierre et de Richol.
1. Département: Aube, Arrondissement: Troyes, Canton: Lusigny, Commune:
Fresnoy - 10
2. Département: Aube, arrondissement et canton de Bar-sur-Seine - 10
Belin tenait le fief de Serre, non de son beau-frère Philippe, mais de Milon,
seigneur de Mutry (de Mutriaco), qui le tenait lui-même de Gui, seigneur de
Montmort (de Montemauro). Ce fut à ce titre qu'en 1211, Milon, du consentement
de sa femme Herlevide, ratifia la donation, vieille déjà de dix-sept ans, et en
garantit la jouissance aux Templiers, par lettres scellées de son sceau.
Dans là donation de Belin de Roseio se trouvait probablement comprise une
partie de la dîme de la paroisse de Vaudes (Rumilly-les-Vaudes).
Le curé avait également sur les terres de cette paroisse des droits partiels de
décimation, et un conflit ne tarda pas à s'élever entre les co-décimateurs. Le
différend fut porté à la cour de Rome, qui nomma, pour le trancher, trois
membres du chapitre de Paris: le doyen, l'archidiacre et le chanoine Pierre de
l'Hôpital. Sans attendre leur décision, les parties chargèrent l'archidiacre de
Troyes, Herbert, de les mettre d'accord par un compromis amiable. Après avoir
pris conseil d'hommes sages et éclairés, et s'être assuré du consentement des
intéressés, Herbert statua ainsi: les Templiers auraient deux parts dans le
tiers des dîmes, tant grosses que menues, de la paroisse de Vaudes, et le
sixième de la totalité pour la paroisse de Moutceaux, aux cours de Vaudes.
Quant aux terres qu'ils cultivaient de leurs mains, ou à leurs frais, la dîme
leur appartiendrait intégralement, conformément au privilège qui leur avait été
accordé par le souverain pontife. Cependant, en raison des peines que le curé
s'était données, et des frais qu'il avait dû faire pour l'acquisition de son
droit de décimation, il prélèverait annuellement à la Saint-Rémi, dans la
grange du Temple de Serre, et cela tant qu'il desservirait l'église de Vaudes,
deux setiers de grain, par moitié froment et avoine.
En outre, pour couper court à tout conflit et empêcher qu'à l'avenir la paix ne
fût de nouveau troublée, au sujet du grain que les Templiers réclamaient au
curé, ou pour toute autre cause, les parties, sur l'ordre de l'arbitre, se
tinrent mutuellement quittes de toute dette. L'acte relatant celte transaction
l'ut rédigé dans l'église Saint-Etienne de Troyes, l'an 1203, sans indication
de mois.
Les Templiers de Serre avaient pour voisins, très rapprochés, les moines de
Molesme (Côte d'Or), à cause du prieuré de Rumilly-les-Vaudes (1), et, même
entre Religieux, un voisin était presque toujours un rival. Comme nous avons eu
plus d'une fois occasion de le constater, le voeu de pauvreté, liant seulement
les individus, n'était guère qu'une fiction pour la communauté. S'il obligeait
chaque religieux au détachement des biens de ce monde, l'obligation ne s'étendait
pas à la collectivité. Aussi les couvents non-seulement étaient riches, mais
ils veillaient avec un soin jaloux, à la conservation de leurs richesses; ils
cherchaient même à les augmenter au détriment de leurs voisins, quand, des
titres authentiques et précis faisant défaut, la limitation des droits de
chacun restait incertaine.
1. Département: Aube, arrondissement et canton de Bar-sur-Seine - 10
De là ces discordes, ces querelles incessantes, ces procès continuels, qui ont
pris tant de place dans les Cartulaires, qu'il n'en est presque plus resté pour
les oeuvres pies.
Fort peu édifiants en générai, ces conflits avaient ce pendant leur raison
d'être et devenaient plausibles, lorsque, agissant en qualité de seigneurs, les
établissements religieux avaient à défendre, ou à revendiquer, les droits de
leurs sujets, plus encore que les leurs.
Ce fut dans ces conditions que le Commandeur, seigneur de Serre, et l'abbé de
Molesme, seigneur de Rumilly, entrèrent en contestation. Le premier
revendiquait, non seulement pour lui, mais pour tous les hommes de la baillie
de Serre, le droit de conduire leurs bestiaux dans les pâturages de Rumilly, et
l'abbé de Molesme le lui contestait. Le différend durait depuis longtemps déjà,
lorsqu'on 1238 les parties jugèrent bon d'y mettre fin par un compromis et
firent la paix aux conditions suivantes: le Commandeur et les hommes de sa
seigneurie auraient à perpétuité le droit de mener leurs bêtes dans les
pâturages de Rumilly, mais l'abbé de Molesme et les sujets de la seigneurie de
Rumilly jouiraient du même droit dans les pâturages de Serre, et même sur les
autres finages pouvant appartenir à la Commanderie.
Cet accord ne préjudicierait en rien à la juridiction de l'abbé de Molesme à
Serre, à Vaudes et à Rumilly, elles « dampna » lui seraient payés
suivant la coutume du pays. En outre, le Commandeur donnerait annuellement, à
la Saint-Pierre, aux religieux de Molesme, dans leur grange de Rumilly, 25
sous, monnaie de Provins à titre d'indemnité. Dans le cas où quelqu'un troublerait
le Commandeur dans la jouissance du droit de pâturage, qui lui était ainsi
reconnu, l'abbé de Molesme interviendrait et lui prêterait assistance dans la
mesure de ses moyens; par contre, la même obligation incomberait au Commandeur,
en pareil cas, vis-à-vis des religieux de Molesme. Ce compromis fut notifié
sous le sceau de Ponce d'Aubon ou d'Albon, maître du Temple en France, en 1238,
sans indication de mois.
En 1242, le domaine de la Commanderie, qui, semble-t-il, n'avait pas varié
depuis la donation de Belin de Roseio, s'accrut de deux pièces de terre dont la
contenance n'est pas indiquée: l'une sise à Serre et venant de Durand
Charoigne, l'autre sise à Vaudes et venant du clerc Gauthier, fils de Chochart.
Ces deux propriétés furent cédées au Temple, à litre d'échange, par. Jobert de
Bar-sur-Seine, bailli de Troyes, qui en reçut trois autres en compensation. De
ces trois pièces données à Jobert, deux étaient sous « Constance »,
près des terres du chevalier Huiter, seigneur de Villeneuve (commune de
Bar-sur-Seine), et venaient de deux membres de la milice du Temple: frère
Guillaume Bérard et soeur Parisie de Bar; quant à la troisième, sise entre
Bar-sur-Seine et Villeneuve, les Templiers l'avaient reçue, nous ignorons à
quel litre, de Thomas le Desclois.
Les contractants prirent l'engagement réciproque de se garantir, envers et
contre tous, la jouissance des dites propriétés, faute de quoi ils en
reprendraient possession, et le contrat d'échange serait frappé de nullité.
L'acte, notifié sous le sceau de Jobert de Bar, est daté du mois de février
1241.
Nous n'avons découvert aucun document de nature à nous renseigner sur
l'importance de la seigneurie de Serre dans la première moitié du XIIIe siècle,
et sur le nombre, même approximatif, des sujets qui en dépendaient. Seul le nom
d'une serve, ou femme de corps, de Vaudes, Costa, veuve de Laurent Pautriel,
est venu jusqu'à nous. Taillable à volonté, comme presque tous les gens de sa
condition, elle appartenait, pour une moitié, au Commandeur, et pour l'autre, à
Geoffroy de Souleaux écuyer (1). En 1248, ce dernier l'admit à la taille
abonnée. La somme à payer annuellement, à la Saint-Rémi, fut fixée à 5 sols,
avec cette clause que, sous quelque prétexte que ce fût, le seigneur et ses
héritiers ne pourraient exiger ni « extorquer » davantage.
1. Hameau, commune de Saint-Pouange, Aube, arrondissement de Troyes, canton
de Bouilly - 10
L'acte d'abonnement, passé au mois de mars, sous les sceaux de l'official de
Troyes, Jean, et du bailli Oger du Val, fut communiqué au Commandeur, puisque
nous l'avons trouvé dans le fonds du Temple. Etait-ce une requête, une mise en
demeure de renoncer à la taille à volonté et d'accorder lui-même, pour sa
moitié, la taille abonnée ? Peut-être; quoi qu'il en soit, rien ne prouve que
l'exemple du seigneur de Souleaux ait été suivi.
Par suite de la donation de Clérembaud de Chappes (Aube, arrondissement et
canton de Bar-sur-Seine), le fief de Chaussepierre « nom ancien: Chaussé
Pierre », (Commune de Rumilly-les-Vaudes) entra alors dans le domaine du
Temple, et fut rassemblement rattaché à la Commanderie de Serre.
Il consistait en maison, hommes de corps, rentes, terres et prairie. Le pré
était enclavé dans ceux du seigneur de Chappes, sur l'Ozain; quant aux terres,
divisées en trois pièces, elles touchaient à celles de Poincet, dit le Moine,
écuyer, et de Huet Luiart.
Le fief de Chaussepierre était tenu de Clérembaud de Chappes par le chevalier
« Thomas de Busseyo (1) », du chef de sa femme Ermenjarde de
Chaussepierre. Au mois d'avril 1247, après la donation de Clérembaud et la mort
de son mari, Ermenjarde reconnut le tenir des Templiers. Ayant alors besoin
d'argent pour ses affaires, et sachant fort bien qu'ils se livraient volontiers
aux opérations de banque, elle eut recours, dans sa détresse, à ses nouveaux
suzerains, qui lui avancèrent, sous l'obligation hypothécaire du dit fief, 260
livres 60 sols, monnaie de Provins, aux conditions suivantes: Ermenjarde
garderait la jouissance du fief, et on percevrait les revenus sa vie durant,
puis, à sa mort, il passerait, de droit, au Temple, mais ses héritiers
pourraient, s'ils le jugeaient bon, le revendiquer.
1. Peut-être Buxeuil, Aube, Arrondissement et canton de Bar-sur-Seine;
peut-être Bucey-en-Othe, Aube, Arrondissement de Troyes, Canton d'Estissac;
peut-être Buxei, commune de Lusigny.
Il leur suffirait alors de rembourser la somme empruntée pour en devenir
propriétaires.
Passée sous les sceaux du doyen Raoul et de maître Jean, official de Troyes,
cette convention est datée du mois d'avril 1247.
Ermenjarde mourut deux ans après. Le chevalier Guillaume, dit Le Roi, se
présenta comme étant son héritier le plus proche, et, après avoir affirmé ses
droits sur tous les biens qu'elle avait laissés à Chaussepierre, il les
abandonna spontanément aux Templiers, moyennant 30 livres, monnaie de Provins,
qui lui furent payées comptant, sous la réserve que, dans le cas où une autre
revendication viendrait à se produire de la part d'héritiers plus rapprochés,
Guillaume Le Roi rendrait l'argent. Milon de Fontette (1), gendre de Guillaume,
renonça à tous les droits qu'il avait, ou pouvait avoir, sur l'héritage, et se
porta garant de la cession faite par son beau-père. Tous deux se soumirent à la
juridiction de l'official de Troyes, Jean, qui scella la transaction et ils
consentirent, quel que fût le lieu de leur résidence, à être frappés
d'excommunication par le dit official, ou par ses successeurs, si jamais ils
revenaient sur leur parole. Cet acte est daté du mois de novembre 1249.
1. Département: Aube, Arrondissement: Bar-sur-Seine, Canton: Essoyes - 10
Un autre, du mois d'avril 1250, rédige sous le sceau de Jean, doyen de la
chrétienté à Troyes, dans un français qui ne paraît pas de l'époque et le rend
un peu suspect, a absolument le même objet. La seule différence que nous
constatons, c'est qu'aux biens laissés par Ermenjarde sur le finage de
Chaussepierre, et abandonnés au Temple par Guillaume Le Roi et son gendre, on a
ajouté les prés qu'elle possédait sur la rivière d'Oze, depuis Rumilly jusqu'à
Vaudes, La somme payée aux héritiers, en vertu de cet acte, n'est que de 7
livres, monnaie de Provins. Elle représentait sans- doute l'indemnité versée
pour la cession des dits prés, et venait s'ajouter aux 30 livres déjà payées.
Pierre d'Etrelles (1), écuyer, percevait annuellement, nous ne saurions dire à
quel titre, moitié de l'avoine récoltée à Vaudes et à Frisins (Fief de la
prévôté d'Isle-Aumont), sur certaines terres possédées par des hommes de ces
deux localités. Il céda sans doute son droit aux Templiers de Barbonne (2),
car, après sa mort, nous voyons un différend s'élever au sujet de cette
redevance entre les dits Templiers d'une part, et Etienne le Bègue de Lantages
(3) et Perrin de Cuisey (de Cuyseio), écuyer, fils de défunt Hugues de Cuisey,
chevalier, d'autre part, qui agissaient probablement à litre d'héritiers de
Pierre d'Etrelles.
1. Département: Aube, Arrondissement: Arcis-sur-Aube, Canton: Méry - 10
2. Département: Marne, Arrondissement: Epernay, Canton: Sézanne - 51
3. Département: Aube, Arrondissement: Bar-sur-Seine, Canton: Chaource - 10
En décembre 1265, Etienne le Bègue et Perrin de Cuisey renoncèrent à tous les
droits qu'ils pouvaient avoir sur la récolte de l'avoine, à quelque titre que
ce fût.
Ils s'engagèrent, avec serment, à ne jamais la revendiquer et se soumirent, de
ce chef, à la juridiction de l'official de Troyes, qui les frapperait de
l'excommunication, en quelque lieu qu'ils habitassent, si jamais ils étaient
infidèles à leur engagement.
Une partie de la dîme de Vaudes appartenait à Joffroy de Souleaux (1), écuyer.
Du consentement de Perrinel de Jeugny (2) dont elle mouvait en fief, les
héritiers de Joffroy, c'est-à-dire Jean de Souleaux, son fils. Tranquille,
(Requieta), sa fille, et demoiselle Isabelle, sa veuve, vendirent leur droit de
décimation à Garnier de Chaource, fils de défunt Etienne Hugier. En 1269, la
veille de la Purification de la Sainte Vierge, Garnier le céda gracieusement,
par donation entre vifs, aux chevaliers de la milice du Temple en France, représentés
sans doute par leurs frères de Serre.
1. Département: Aube, Arrondissement: Troyes, Canton: Boullly, Commune:
Saint-Pouange - 10
2. Département: Aube, Arrondissement: Troyes, Canton: Boullly - 10
L'acte fut passé sous le sceau de l'official de Troyes, comme l'avait été,
d'ailleurs, le contrat de vente conclu entre les héritiers de Joffroy de
Souleaux et Garnier de Chaource.
L'année suivante, le mardi avant la Saint-Martin d'hiver, le curé de Vaudes,
Jacques, dit Le Grand, pour le remède de son âme et de celles de ses ancêtres,
donna aux Templiers, en s'en réservant l'usufruit, tout ce qu'il avait, pouvait
et devait avoir, en terres, prés, vignes, maisons, ou autres propriétés, dans
les villages de Vaudes et de la Vacherie (1) et sur leur territoire.
1. Département: Aube, Arrondissement: Troyes, Canton: Lusigny, Commune:
Cléry - 10
L'official, sous le sceau duquel l'acte fut passé, a soin de notifier que le
donateur, en faisant cette libéralité, a agi spontanément, sciemment, sans
pression ni contrainte, et dans la plénitude de ses facultés, comme on pouvait
le constater sur son visage, « sane mentis existens, prout in ejus facie
apparebat. » Le curé promit, sous l'obligation de tous ses biens, non pas
avec serment, comme on l'exigeait des simples fidèles, mais en parole de prêtre
et de vérité, qu'il ne reviendrait jamais sur sa donation, et il se soumit à la
juridiction de la Cour de Troyes, quel que puisse être plus tard le lieu de sa
résidence.
De 1270, il nous faut aller jusqu'à l'an 1300 pour trouver une nouvelle
donation à enregistrer, celle de Gaucher, écuyer, sire de Mutry (1), et encore
elle ne se rapporte qu'indirectement, comme nous allons le voir, à la maison de
Serre.
1. Département: Marne, Arrondissement: Epernay, Canton: J'Ay - 51
Ayant reçu, au temps passé, « plusieurs grans bonlez, services,
courtoisies et curialitez », de frère Ymbert, commandeur d'Avalleur
(Commune de Bar-sur-Seine), et des frères de la baillie de ce nom. Gaucher, en
reconnaissance, pour le salut de son âme et pour participer aux mérites de
l'Ordre, donne au dit commandeur et à ses frères en religion, tout ce qu'il a,
peut et doit avoir, par acquêt ou autrement, « soit en justice, en
seigneurie, en censives, en loz, en ventes, en revestemens (Droit du au
seigneur par les nouveaux, propriétaires dans certaines seigneuries), en
amendes grosses et gresles, en corvées, en tailles d'ommes et de femmes »,
et en toutes autres choses, sans rien excepter, dans les villages, finages et
dépendances de Serre, de Saint-Parre (Saint-Parres-les-Vaudes), de Courgelains
(Village détruit, sur le territoire de Rumilly-les-Vaudes), et dans la prévôté
d'Isle. Non seulement Gaucher promet de ne jamais revenir sur sa donation, mais
il s'engage à la garantir et à la défendre envers et contre tous, « en
jugement et hors jugement », et cela sous l'obligation de tous ses biens
et de ceux de ses hoirs. A cet effet, il se soumet, lui et ses héritiers, à la
juridiction que les Templiers voudront choisir, « de court d'église ou de
court laye. »
Cet acte, sous le sceau de Gaucher, seigneur de Mutry, est daté du lundi après
la fête de saint Rémi, chef d'octobre, « de l'an de grâce mil et trois
cens. » Comme il a été classé dans le Cartulaire parmi ceux relatifs à la
maison de Serre, il est très probable que les Templiers d'Avalleur cédèrent
leurs droits à leurs frères de cette maison. Ce n'est là, cependant, qu'une
conjecture, que l'étude des documents relatifs à la Commanderie d'Avalleur
viendra peut-être un jour mettre à néant.
M. l'Abbé Auguste Pétel Curé de Saint-Julien - Aube. Membre résident de
la société académique de l'Aube - 1906
Maison du Temple de Cérès
Maison du Temple de Cérès-lès-Montceaux sous les Templiers (1193-1307).
Cette maison de Cérès était une dépendance de la commanderie de Troyes.
Cérès est un hameau du village de Montceaux « La maison de Cérès était
située sur le chemin menant au bois de Rumilly-les-Vaudes, près de la
Voie-aux-Aniers, elle est indiquée au sud de Cérès sur la carte de
Cassini. » village que quelques kilomètres seulement séparent de
Verrières, où se trouvait le Temple de Villers, objet de notre dernière Etude
Villiers-les-Verrières.
Fouchères
Les Templiers y prient pied dès 1196, c'est-à-dire neuf ans plus tôt qu'à Sancey, et treize ans plus tôt qu'à Verrières, par suite de la donation que leur firent, sous le sceau de Garnier, évêque de Troyes, le chevalier Belin « de Roseio - alias Roseto », et sa femme Pétronille, surnommée Comtesse. Consentie à titre d'aumône perpétuelle, cette donation eut pour objet tout ce que Belin et Pétronille possédaient à Cérès, au Plessis et à Fouchères, soit en fiefs, en casements (Le casement, casamentum, était, dans le principe, une demeure, une maison donnée à loyer puis convertie en fief, suivant la qualité du locataire, d'où vint l'expression: feoduni casamenti), en domaine et en revenus de toute nature. Les donateurs tenaient une partie de leurs biens de Philippe, frère de Pétronille, et, comme ils n'avaient pas d'enfants, leur donation fut approuvée par leurs proches, c'est-à-dire, du côté de Pétronille, par Philippe et le clerc Nevelon, ses frères, et par Adeline, sa soeur; du côté de Belin, par sa soeur Richol. Elisabeth, femme de Philippe, Guy, époux d'Adeline, Pierre, mari de Richol, ainsi que leurs enfants, intervinrent également dans l'approbation, mais un seul des enfants est nommément désigné dans l'acte, sans doute parce que seul il était majeur, c'est Gobert, fils de Pierre et de Richol.
Belin tenait le fief de Cérès, non de son beau-frère Philippe, mais de Milon,
seigneur de Mutry (de Mutriaco), qui le tenait lui-même de Gui, seigneur de
Montmort (de Montemauro). Ce fut à ce titre qu'en 1211, Milon, du consentement
de sa femme Herlevide, ratifia la donation, vieille déjà de dix-sept ans, et en
garantit la jouissance aux Templiers, par lettres scellées de son sceau.
Dans la donation de Belin de Roseio se trouvait probablement comprise une
partie de la dîme de la paroisse de Vaudes.
Le curé avait également sur les terres de cette paroisse des droits partiels de
décimation, et un conflit ne tarda pas à s'élever entre les co-décimateurs. Le
différend fut porté à la cour de Rome, qui nomma, pour le trancher, trois
membres du chapitre de Paris: le doyen, l'archidiacre et le chanoine Pierre de
l'Hôpital. Sans attendre leur décision, les parties chargèrent l'archidiacre de
Troyes, Herbert, de les mettre d'accord par un compromis amiable. Après avoir
pris conseil d'hommes sages et éclairés, et s'être assuré du consentement des
intéressés, Herbert statua ainsi: les Templiers auraient deux parts dans le
tiers des dîmes, tant grosses que menues, de la paroisse de Vaudes, et le
sixième de la totalité pour la paroisse de Moutceaux, aux cours de Vaudes.
Quant aux terres qu'ils cultivaient de leurs mains, ou à leurs frais, la dîme
leur appartiendrait intégralement, conformément au privilège qui leur avait été
accordé par le souverain pontife. Cependant, en raison des peines que le curé
s'était données, et des frais qu'il avait dû faire pour l'acquisition de son
droit de décimation, il prélèverait annuellement à la Saint-Remi, dans la
grange du Temple de Cérès, et cela tant qu'il desservirait l'église de Vaudes,
deux setiers de grain, par moitié froment et avoine.
En outre, pour couper court à tout conflit et empêcher qu'à l'avenir la paix ne
fût de nouveau troublée, au sujet du grain que les Templiers réclamaient au
curé, ou pour toute autre cause, les parties, sur l'ordre de l'arbitre, se
tinrent mutuellement quittes de toute dette. L'acte relatant cette transaction
l'ut rédigé dans l'église Saint-Etienne de Troyes, l'an 1203, sans indication
de mois.
Les Templiers de Cérès avaient pour voisins, très rapprochés, les moines de
Molesme (Côte d'Or), à cause du prieuré de Rumilly-les-Vaudes (1), et, même
entre Religieux, un voisin était presque toujours un rival. Comme nous avons eu
plus d'une fois occasion de le constater, le voeu de pauvreté, liant seulement
les individus, n'était guère qu'une fiction pour la communauté. S'il obligeait
chaque religieux au détachement des biens de ce monde, l'obligation ne
s'étendait pas à la collectivité. Aussi les couvents non-seulement étaient
riches, mais ils veillaient avec un soin jaloux, à la conservation de leurs
richesses; ils cherchaient même à les augmenter au détriment de leurs voisins,
quand, des titres authentiques et précis faisant défaut, la limitation des
droits de chacun restait incertaine.
1. Département: Aube, Arrondissement: Troyes, Canton: Bar-sur-Seine - 10
De là ces discordes, ces querelles incessantes, ces procès continuels, qui ont
pris tant de place dans les Cartulaires, qu'il n'en est presque plus resté pour
les oeuvres pies.
Fort peu édifiants en général, ces conflits avaient ce pendant leur raison
d'être et devenaient plausibles, lorsque, agissant en qualité de seigneurs, les
établissements religieux avaient à défendre, ou à revendiquer, les droits de
leurs sujets, plus encore que les leurs.
Ce fut dans ces conditions que le Commandeur, seigneur de Cérès, et l'abbé de
Molesme, seigneur de Rumilly, entrèrent en contestation. Le premier
revendiquait, non seulement pour lui, mais pour tous les hommes de la baillie
de Cérès, le droit de conduire leurs bestiaux dans les pâturages de Rumilly, et
l'abbé de Molesme le lui contestait. Le différend durait depuis longtemps déjà,
lorsqu'on 1238 les parties jugèrent bon d'y mettre fin par un compromis et
firent la paix aux conditions suivantes: le Commandeur et les hommes de sa
seigneurie auraient à perpétuité le droit de mener leurs bêtes dans les
pâturages de Rumilly, mais l'abbé de Molesme et les sujets de la seigneurie de
Rumilly jouiraient du même droit dans les pâturages de Cérès, et même sur les
autres finages pouvant appartenir à la Commanderie.
Cet accord ne préjudicierait en rien à la juridiction de l'abbé de Molesme à
Cérès, à Vaudes et à Rumilly, elles lui seraient payés suivant la coutume du
pays. En outre, le Commandeur donnerait annuellement, à la Saint-Pierre, aux
religieux de Molesme, dans leur grange de Rumilly, 25 sous, monnaie de Provins
à titre d'indemnité. Dans le cas où quelqu'un troublerait le Commandeur dans la
jouissance du droit de pâturage, qui lui était ainsi reconnu, l'abbé de Molesme
interviendrait et lui prêterait assistance dans la mesure de ses moyens; par
contre, la même obligation incomberait au Commandeur, en pareil cas, vis-à-vis
des religieux de Molesme. Ce compromis fut notifié sous le sceau de Ponce
d'Aubon ou d'Albon, maître du Temple en France, en 1238, sans indication de
mois.
En 1242, le domaine de la Commanderie, qui, semble-t-il, n'avait pas varié
depuis la donation de Belin de Roseio, s'accrut de deux pièces de terre dont la
contenance n'est pas indiquée: l'une sise à Cérès et venant de Durand
Charoigne, l'autre sise à Vaudes et venant du clerc Gauthier, fils de Chochart.
Ces deux propriétés furent cédées au Temple, à litre d'échange, par Jobert de
Bar-sur-Seine, bailli de Troyes, qui en reçut trois autres en compensation. De
ces trois pièces données à Jobert, deux étaient sous « Constance »,
près des terres du chevalier Huiter, seigneur de Villeneuve (commune de
Bar-sur-Seine), et venaient de deux membres de la milice du Temple: frère
Guillaume Bérard et soeur Parisie de Bar; quant à la troisième, sise entre
Bar-sur-Seine et Villeneuve, les Templiers l'avaient reçue, nous ignorons à
quel litre, de Thomas le Desclois.
Les contractants prirent l'engagement réciproque de se garantir, envers et
contre tous, la jouissance des dites propriétés, faute de quoi ils en
reprendraient possession, et le contrat d'échange serait frappé de nullité.
L'acte, notifié sous le sceau de Jobert de Bar, est daté du mois de février
1241.
Nous n'avons découvert aucun document de nature à nous renseigner sur
l'importance de la seigneurie de Cérès dans la première moitié du XIIIe siècle,
et sur le nombre, même approximatif, des sujets qui en dépendaient. Seul le nom
d'une servante, ou femme de corps, de Vaudes, Costa, veuve de Laurent Pautriel,
est venu jusqu'à nous. Taillable à volonté, comme presque tous les gens de sa
condition, elle appartenait, pour une moitié, au Commandeur, et pour l'autre, à
Geoffroy de Souleaux écuyer (1). En 1248, ce dernier l'admit à la taille
abonnée. La somme à payer annuellement, à la Saint-Remi, fut fixée à 5 sols,
avec cette clause que, sous quelque prétexte que ce fût, le seigneur et ses
héritiers ne pourraient exiger ni « extorquer » davantage.
Hameau, commune de Saint-Pouange, Aube, arrondissement de Troyes, canton de
Bouilly
L'acte d'abonnement, passé au mois de mars, sous les sceaux de l'official de
Troyes, Jean, et du bailli Oger du Val, fut communiqué au Commandeur, puisque
nous l'avons trouvé dans le fonds du Temple. Etait-ce une requête, une mise en
demeure de renoncer à la taille à volonté et d'accorder lui-même, pour sa
moitié, la taille abonnée ? Peut-être; quoi qu'il en soit, rien ne prouve que
l'exemple du seigneur de Souleaux ait été suivi.
Sources: M. l'Abbé Auguste Pétel Curé de Saint-Julien - Aube. Membre
résident de la société académique de l'Aube - 1906
Cerres et mieux Cérès
— Commune de Montceaux.
— Ancienne Maison du Temple, puis Hôpital de l'Ordre de Malte.
— Serra, 1196 (cartulaire du Temple)
— Domus milicie Templi de Serre, 1238 (Cartulaire de l'abbaye de Moleme)
— Serre, 1328 (prise de Villemor)
— Cérès, XVIIIe siècle (Pouillé)
— Cerres, 1705 (rolle des jurés et bourgeoisies d'Aumont)
— Cérès, XIXe siècle (Carte Etat-Major)
Sources: Dictionnaire topographique du département de l'Aube, par MM.
Théophile Boutiot et Emile Sogard. Imprimerie Nationale M. DCCC. LXXIV.
Le Plessis
— Hameau ferme et château, commune de Fresnois, canton de Lusigny-sur-Barse
— Plessetum, 1196 (Cartulaire du temple)
— Plaisseium, 1274 (charte de l'abbaye de saint-Loup)
— Le Plessy, 1407 (Pouillé)
— Le Plessis, 1705 (rolle des jurées et bourgeoisies d'Aumont)
Sources: Dictionnaire topographique du département de l'Aube, par MM.
Théophile Boutiot et Emile Sogard. Imprimerie Nationale M. DCCC. LXXIV.
Fresnoy
— Canton de Lusigny-sur-Barse
— Fraxinum, 1209 (Cartulaire du Temple)
— Domus Templi de Frenexo, 1309 (Procès des Templiers)
— Frenoium, XVIIe siècle (Pouillé)
Sources: Dictionnaire topographique du département de l'Aube, par MM.
Théophile Boutiot et Emile Sogard. Imprimerie Nationale M. DCCC. LXXIV.
Procès des Templiers, tome I, page 580
Nec de aliis illicitis fuit locutus eisdem, de quibus idem testis fuit
confessus fratri Johanni conventuali fratrum Predicatorum de Pruino, cujus
cognomen ignorat, quem credit esse mortuum infra dimedium annum a recepcione
sua, in capella domus Templi de Frenexo Trecensis diocesis, qui
absolvit eum, et precepit quod confiteretur de predictis alicui episcopo vel
archiepiscopo, quod non fecit, quia non habuit copiam eorum.
Sources: Procès des Templiers, publié par M. Jules Michelet, tome 1 et 2
— Imprimerie Nationale — Paris — M. DCCC. LI.
Domaine du Temple de La Chapelle-Vallon
C'était un domaine qui provenait en grande partie du
couvent de la Charité-sur-Loire, et dont la charte d'acquisition de 1209, porte
que Gaudefroy, prieur du dit couvent, cédait aux Templiers tout ce que lui et
ses religieux possédaient à la Chapelle-Vallon, « apud Capellam
Valonis », en terres, dîmes, droits de justice et de seigneurie.
Eudes Ragoz, chevalier, seigneur de Saint-Sépulcre, par ses lettres du mois de
novembre 1231, accorda aux frères de la chevalerie du Temple et à leurs hommes
de la Chapelle-Wallon, le droit de mener paître leurs bestiaux dans la prairie
de la Chapelle-Wallon, « de Capella Walonis », depuis le chemin
conduisant de l'église de Sainte-Maure, « a monasterio de Sancte
Maure », jusqu'à Saint-Savinien, « usque ad Sanctum
Savinianum », vers la Chapelle-Wallon.
Il y avait à la Chapelle-Wallon une Maison qui fut détruite pendant les guerres
du XVe siècle. Les terres qu'elle comprenait, étaient au nombre de 170 arpents.
La Maison étaient affermées avec la justice du lieu et les revenus
seigneuriaux, 100 livres; en 1646 et en 1782, 260 livres.
La maison de La Chapelle-Wallon était une possession de l'Ordre du Temple suite
à l'achat fait par les Templiers de Laigneville, aux religieux de La
Charité-sur-Loire de tout ce qu'ils possedaient.
Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier -
Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)
— Cappella Vollonis, 1114 (Camusat, Promptuarium, folio 352)
— Capella-Galonis, 1155 (Ordonnances des roys de France, tome VIII, page 1)
— Capella-Gallonis, 1163 (Camusat, Promptuarium, folio 353)
— Cappellae, 1184 (Ibidem, folio 179)
— Chapelle Vallon, 1292 (Fonds de Notre Dame en l'Ile, archives de l'Aube)
— Cappella Volonis, 1314 (Fonds de la commanderie de Troyes)
— Chappelle Vallon, 1641 (Fonds de la commanderie de Troyes)
— Les petites chapelles, Chapelles Vallon, XVIIIe siècle (Cartes de Cassini)
— Chapelles Vallon ou les Petites Chapelles, XVIIIe siècle (Pouillé)
Chaussepierre (10)
Fief du Temple de Chaussepierre
Par suite de la donation de Clérembaud de Chappes, le fief de Chaussepierre nom
ancien: « Chausé Pierre », entra alors dans le domaine du Temple, et
fut vraisemblablement rattaché à la Commanderie de Cères.
Il consistait en maison, hommes de corps, rentes, terres et prairie. Le pré
était enclavé dans ceux du seigneur de Chappes, sur l'Ozain; quant aux terres,
divisées en trois pièces, elles touchaient à celles de Poincet, dit le Moine,
écuyer, et de Huet Luiart.
Le fief de Chaussepierre était tenu de Clérembaud de Chappes par le chevalier
« Thomas de Busseyo (1) », du chef de sa femme Ermenjarde de
Chaussepierre. Au mois d'avril 1247, après la donation de Clérembaud et la mort
de son mari, Ermenjarde reconnut le tenir des Templiers. Ayant alors besoin
d'argent pour ses affaires, et sachant fort bien qu'ils se livraient volontiers
aux opérations de banque, elle eut recours, dans sa détresse, à ses nouveaux
suzerains, qui lui avancèrent, sous l'obligation hypothécaire du dit fief, 260
livres 60 sols, monnaie de Provins, aux conditions suivantes: Ermenjarde
garderait la jouissance du fief, et on percevrait les revenus sa vie durant,
puis, à sa mort, il passerait, de droit, au Temple, mais ses héritiers
pourraient, s'ils le jugeaient bon, le revendiquer.
Il leur suffirait alors de rembourser la somme empruntée pour en devenir propriétaires.
Passée sous les sceaux du doyen Raoul et de maître Jean, official de Troyes,
cette convention est datée du mois d'avril 1247.
1. Peut-être Buxeuil, Aube, arrondissement et canton de Bar-sur-Seine; Ou
Bucey-en-Othe, Aube, arrondissement de Troyes, canton d'Estissac
Ermenjarde mourut deux ans après. Le chevalier Guillaume, dit Le Roi, se
présenta comme étant son héritier le plus proche, et, après avoir affirmé ses
droits sur tous les biens qu'elle avait laissés à Chaussepierre, il les
abandonna spontanément aux Templiers, moyennant 30 livres, monnaie de Provins,
qui lui furent payées comptant, sous la réserve que, dans le cas où une autre
revendication viendrait à se produire de la part d'héritiers plus rapprochés,
Guillaume Le Roi rendrait l'argent.
Milon de Fontette, gendre de Guillaume, renonça à tous les droits qu'il avait,
ou pouvait avoir, sur l'héritage, et se porta garant de la cession faite par
son beau-père. Tous deux se soumirent à la juridiction de l'official de Troyes,
Jean, qui scella la transaction et ils consentirent, quel que fût le lieu de
leur résidence, à être frappés d'excommunication par le dit official, ou par
ses successeurs, si jamais ils revenaient sur leur parole. Cet acte est daté du
mois de novembre 1249.
Un autre, du mois d'avril 1250, rédige sous le sceau de Jean, doyen de la
chrétienté à Troyes, dans un français qui ne paraît pas de l'époque et le rend
un peu suspect, a absolument le même objet. La seule différence que nous
constatons, c'est qu'aux biens laissés par Ermenjarde sur le finage de
Chaussepierre, et abandonnés au Temple par Guillaume Le Roi et son gendre, on a
ajouté les prés qu'elle possédait sur la rivière d'Oze, depuis Rumilly jusqu'à
Vaudes, La somme payée aux héritiers, en vertu de cet acte, n'est que de 7
livres, monnaie de Provins. Elle représentait sans doute l'indemnité versée
pour la cession des dits prés, et venait s'ajouter aux 30 livres déjà payées.
Sources: M. l'Abbé Auguste Pétel Curé de Saint-Julien - Aube. Membre
résident de la société académique de l'Aube - 1906
Les Templiers possédaient sur cette localité une maison, des hommes de corps,
des rentes, des terres et des prés. Ces dit-prés étaient situés le long de la
rivière d'Oze depuis Rumilly jusqu'à Vaudes.
Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier -
Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)
Un sceau a été trouvé dans les prés du Bas de Chaussepierre; il représente la
croix ancrée des sires de Chappes. Il mesure 23 mm de diamètre et n'a plus sa
poignée.
Cette découverte nous rappelle qu'au début du XIIIe siècle, avant d'être pris
en charge par les Templiers, le domaine de Chaussepierre relevait des seigneurs
de Chappes.
— Ferme, commune de Rumilly-lez-Vaudes.
— Ancien fief.
— Chauchepierre, 1244 (charte de l'Hôtel-Dieu-le-Comte).
— Chaussé Pierre, XVIIIe siècle (Cassini).
Frenoy (10)
Maison du Temple de Frenoy
Cette ancienne commanderie du Temple devint sous les hospitaliers, un membre de
la commanderie du Val-de-Provins. Rèunie en 1498 à celle de La Ferté-Gaucher,
elle passa quelque temps après à la commanderie de Chevru, pour redevenir
encore, en 1513, un membre de La Ferté-Gaucher.
On ne connaît pas l'époque où les Templiers fondèrent cette maison. On sait
seulement qu'ils possédaient à Frenoy, dans la paroisse de Montpothier, un bois
en 1223, date d'un accord fait entre eux et demoiselle Marguerite du Bois, au
sujet d'une terre qu'elle leur concèdait à Frenoy, touchant au bois du Temple.
D'autres donations de peu d'importance sont faites aux frères de la charité du
Temple de Frenoy, par des personnes du nom de Du Bois, en 1253 et 1299.
Frère Gilles de Chevru était lieutenant du précepteur de Fresnoy (ou tenait
lieu de précepteur) en 1307: « locum tenens preceptoris de Fresnayo juxta
Pruvinum. »
Procès des Templiers, tome II, page 387
Frater Egidius de Cheuruto locum tenens preceptoris de Fresnayo juxta
Pruvinum, quadragenarius vel circa, juratus ad sancta Dei Evangelia ab eo
tacta dicere de se et aliis in causa fidei plenam, puram et integram veritatem;
et interrogatus de tempore et modo sue recepcionis, dixit per juramentum suum
quod fuit receptus apud Cheurutum, XII anni fuerunt in festo Omnium Sanctorum
nuper preterito, per fratrem Radulphum de Gisi receptorem Campanie, presentibus
fratribus Henrico de Soupir, Petro de Cheuru et quibusdam aliis de quorum
nominibus non recolit.
Sources: Procès des Templiers, publié par M. Jules Michelet, tome 1 et 2
- Imprimerie Nationale - Paris - M. DCCC. LI.
Il ne faudrait peut-être pas prendre à la lettre l'expression « juxta
Pruvinum », qui semblerait faire croire à une localité toute voisine de
Provins, et nous pensons, d'accord avec le Dictionnaire topographique du
département de l'Aube, qu'il faut y voir un lieudit de la commune de
Montpothier.« Département: Aube, Arrondissement:
Nogent-sur-Seine, Canton: Villenauxe-la-Grande - 10 »
Un autre frère du Temple, interrogé en novembre 1307 et reçu jadis au Temple de
Coulommiers, nous apprend qu'il avait habité en dernier lieu cette maison de
Fresnoy:
Procès des Templiers, tome II, page 397
Item frater Jacobus le Verjus de Rebes in Bria, morans apud Fresneyum,
eodem modo constitutus, juratus et interrogatus, dixit per juramentum suum quod
fuit receptus apud Coulommiers in Bria, per fratrem Johannem de Moncellis
preceptorem baillivie de Bria, quadraginta anni vel circa sunt elapsi,
presentibus fratre Roberto le Fouion preceptore dicte domus, et quibusdam aliis
de quorum nominibus non recolit.
Sources: Procès des Templiers, publié par M. Jules Michelet, tome 1 et 2
- Imprimerie Nationale - Paris - M. DCCC. LI.
Lieutenant du précepteur de Fresnoy
En 1307, frère Gilles de Chevru.
Sources: Trudon des Ormes: Les possessions templières recueillent durant
les interrogatoires des templiers par les hommes de Philippe le Bel et les commissions
pontificales des diocèses de France. La plupart de ces informations sortent des
archives départementales, de la bibliothèque nationale et des textes rédigés
par Michelet sur le Procès des Templiers.
Fresnoy
— Hameau et tuilerie commune de Montpothier
— Ancienne Maison du Temple, puis commanderei de Saint-Jean de Jérusalem
— Praeceptoria de Monte Figuli, XVIIIe siècle (Pouillé)
— Frenoium, la commanderie du Frenoi, XVIIIe siècle (Ibidem)
— Frénoy, XVIIIe siècle (Courtalon, Topographie, tome III, page 240)
Sources: Dictionnaire topographique du département de l'Aube, par MM.
Théophile Boutiot et Emile Sogard. Imprimerie Nationale M. DCCC. LXXIV.
Freparoy (10)
Les Templiers avaient aussi des moulins « de La Varenne », situés sur
un bras de la Seine à Fréparoy, ces moulins sont passés du Temple de Fréparoy à
la Commanderie du Val de Provins en 1240.
Sources: CARRIERE Victor, Histoire et cartulaire des templiers de
Provins, Libriaire Champion, Paris - 1919
Fréparoy ou Froidparoy
— Hameau, commune de la Motte-Tilly.
— Fréparoy, XVIIIe siècle (Carte de Cassini)
Sources: Dictionnaire topographique du département de l'Aube, par MM.
Théophile Boutiot et Emile Sogard. Imprimerie Nationale M. DCCC. LXXIV.
Fresnay (10)
les Templiers, et après eux les Hospitaliers, avaient la moitié de la
seigneurie qui dépendait de leur commanderie de Thors.
En 1197, Guiard Goin de Bar-sur-Aube donne terres, bois, justice et hommes de
Fresnay aux Templiers de Thors.
Le même bourgeois fit don de ses possessions à Lévigny et Arrentières.
Sources: De Delphine Marie; Les Templiers dans le diocèse de Langres, Des
moines entrepreneurs au XIIe et XIIIe siècle. Dominique Guéniot, éditeur.
— Frainci, 1177 (Chartier de l'Abbaye de Boulancourt)
— Franaium, 1216 (Cartulaire de l'Abbaye de Saint-Loup)
— Frasneyum, 1269 (Cartulaire du Temple de Troyes)
— Franayum, 1381 (Archives de la ville de Troyes, Compt., manuscrits originaux)
— Fresnoy, 1400 (Chartier du chapitre de Saint-Maclou)
— Frasnayum, 1457 (Rôle, fonds de Saint-Pierre, Archives de l'Aube)
— Fraisnay, Fraisnay, XVIe siècle (Liste des paroisses du diocèse)
— Fresnay, 1581 (Chartier et titre de l'Abbaye de Clairvaux)
— Frenaium, XVIIe siècle Pouillé)
— Frenayum, XVIIIe siècle (Courtalon, Topographie, tome III, page 407)
— Frenai, XVIIIe siècle (Pouillé)
— Diocèse ancien de Troyes, coutumes, et baillage de Chaumont; Gouvenement
Général de Champagne; Election de Bar-sur-Aube)
Fresnoy-le-Château (10)
Les Templiers avaient vu le texte du Procès, une Maison avec chapelle, puisque
fratri Johanni conventuali fratrum Predicatorum de Pruino y fit des receptions.
Fresnoy
— Fraxinum, 1209 (Cartulaire Général du Temple)
— Domus Templi de Frenexo, 1309 (Procès des Templiers)
— Frenoy, XVIIIe siècle (Courtalon, Topographie, tome III, page 136)
— Frenoi, XVIIIe siècle (Pouillé)
— Diocèse ancien de Troyes, Châtellenie d'Isle-Aumont, Gouvernement général de
Champage.
Sources: Dictionnaire topographique du département de l'Aube, par MM.
Théophile Boutiot et Emile Sogard. Imprimerie Nationale M. DCCC. LXXIV.
Procès des Templiers, tome I, page 580
Nec de aliis illicitis fuit locutus eisdem, de quibus idem testis fuit
confessus fratri Johanni conventuali fratrum Predicatorum de Pruino, cujus
cognomen ignorat, quem credit esse mortuum infra dimedium annum a recepcione
sua, in capella domus Templi de Frenexo Trecensis diocesis, qui
absolvit eum, et precepit quod confiteretur de predictis alicui episcopo vel
archiepiscopo, quod non fecit, quia non habuit copiam eorum. Injunxit eciam ei
quod jejunaret per unum annum, sextis feriis, in pane et aqua, incedens sine
camisia; quod et fecit. Et postmodum fuit confessus eciam cuidam fratri Minori
et aliis, quos omnes dixit esse mortuos.
Seigneurie de Levigny
A Levigny, les Templiers possédaient des droits seigneuriaux en renies et cens.
Sources: César Lavirotte - Mémoire Statistique sur les Etablissements des
Templiers et des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Bourgogne - Membre
de la Société française pour la conservation des Monuments - 1852.
les frères du Temple possédent des maisons habitées par des chevaliers. Ils
sont en outre seigneurs de ces villages et de celui de Maisons, voisin des deux
premiers.
Fond de la commanderie de Troyes: Levigneix, 1390.
Sources: De Delphine Marie; Les Templiers dans le diocèse de Langres, Des
moines entrepreneurs au XIIe et XIIIe siècle. Dominique Guéniot, éditeur.
Levigny
— Hameau sur la commune de Soulaine.
— Levigneix, 1390, (fonds de la commanderie de Troyes)
— Levigny, bois de Levigny, XVIIIe siècle, (Carte de Cassini)
Domaine du Temple de La Loge-aux-Convers
La Loge-aux-Convers, ferme sur le territoire de La Loge-aux-Chèvres ou
Loge-de-Vendeuvre, depuis longtemps détruite.
— La Loge-aux-Convers, 1255 (cartulaire du Temple)
Loge-Bazin (La) (10)
Cet ancien membre de la commanderie de Bonlieu, était situé près de la Ville-aux-Bois. C'était dès l'origine une grange, où l'on renfermait les récoltes des terres défrichées par les Templiers dans la forêt de Der. Il y avait aussi des bois qui dépendaient de cette grange, car nous voyons en 1288 les habitants de la Ville-aux-Bois, « de Villa in Bosco », réclamer des droits d'usage dans les bois appartenant à la Grange de la Loge-liazin, « ad grangiam de Logea Basyn », dépendance de la maison de Bonlieu.
Le sire de Noyers, châtelain de Vendeuvres, réclamait en 1346, dans les mêmes
bois, la haute et moyenne justice, en ne reconnaissant aux Hospitaliers,
successeurs des Templiers, que la basse justice dans leur maison de la
Loge-Bazin
Il n'est plus parlé de la Loge-Bazin au XVe siècle, sans doute parce que la
maison avait été démolie, et les terres réunies au domaine de la commanderie.
Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier -
Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)
La Loge-Bazin
Loge-Bazin (La), ferme sur la commune de Soulaines-Dhuys, dépendant de la
commanderie de Bonlieu; détruite au XVe siècle.
— Logia Basini, 1288 (cartulaire du Temple)
— La Loge-Bazin, 1346 (cartulaire du Temple)
Sources: Dictionnaire Topographique du département de l'Aube, par MM.
Théophile Boutiot et Emile Socard, Paris M DCCC LXXIV
Loge-du-Temple (La) (10)
La Loge-du-Temple, commune de la Chapelle-Saint-Luc.
— XIIIe siècle (archives départementales fonds des Trinitaires)
— XIIIe siècle (Cartulaire du Temple de la commanderie de Troiyes)
— L'emplacement appartenait à la commanderie de Troyes.
Sources: Dictionnaire Topographique du département de l'Aube, par MM.
Théophile Boutiot et Emile Socard, Paris M DCCC LXXIV
Loge-Lionne (La) (10)
Appelée d'abord la Loge-d'Orient, à cause du voisinage de cette forêt. Cette terre seigneuriale, située dans la paroisse de Brevonne, appartenait, à la fin du XIIIe siècle, à Clément de Ravennes. Par ses lettres du mois d'août 1294, ce seigneur céda aux Templiers de Bonlieu, pour le prix de 1,200 livres, une maison appelée la Loge-d'Orient, « Logea de Oriente », avec 400 arpents de terre en labour, prés, bois et étangs, situés dans la paroisse de Brevonne, « in parochiatu de Beveronna. » Ce domaine était nommé plus communément « la Loge-Lionne », nom qui lui venait de celui d'un de ses précédents propriétaires, Léon de Merry, « Leonius de Merriaco »
Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier -
Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)
Maison du Temple de La Loge-Lionne
M. Longnon (1), Rôles des fiefs du comté de Champagne sous le règne de Thibaut
le Chansonnier, 1877, page 180, nº 824, voyez aussi page 235, nos 1068,1069,
1070. Dans le Livre des vassaux du comté de Champagne et de Brie, 1869, M.
Longnon, page 194, mentionne « Leoynes de Sézanne, lige de la moitié dou
bois de la Moreille et de ce qu'il a à Aunaisien (Aulnizeux Marne) et de 11
muis de blé que Evrart li escuier avoit eu Garnier de Sézanne, que il
acheta. »
« Ici gist messire Leoignes de Sezanne, chevalier, qui trespassa en l'an
de grâce 1272, ou mois de novembre, le jour de la Sainte Catherine. Pries por
ly. Avé Maria gracia plena, Dominus tecum., benedicta lu in mulicribus. »
Ce texte est de 1201 on ne peut affirmer si ce Lionne est le même que celui de
l'épitaphe, ou s'il s'agit de son père.
M. Longnon, page 294, rappelle les fonctions que Lionne de Sézanne, celui du
carreau, remplit depuis 1237; il paraît comme receveur de Champagne en 1328, et
de 1246 à 1250; bailli de Sézanne en 1242. En 1247, 22 novembre, et en 1248, 29
octobre, Lionne de Sezanne, qui est nommé incorrectement « Leoninus de
Meizanner par Rymer », était en Navarre où il figurait comme témoin dans
l'hommage de Raymond-Arnaud de Tartas, et comme arbitre dans des discussions
entre les rois de Navarre et d'Angleterre (2). Nous avons noté qu'il avait un
fief à Provins c'était la tour du Maréchal, des maisons situées devant l'église
Notre-Dame et dans la rue Saint-Jean, ainsi que la franchise des bains.
En 1262, ces fiefs étaient en la possession de sa fille Marie, mariée à un
chevalier dont j'ignore le nom elle est qualifiée domina (3).
Lionne de Sézanne avait aussi possédé un vaste domaine forestier, appelé La
Loge Lionne, composé d'une maison et de 400 arpents, terres, prés et bois, en
la paroisse de Bevronne ce bien, vendu par lui a Clément de Ravennes et à
Felise, sa femme, fut par ceux-ci cédé aux Templiers, moyennant 1200 livres. La
Loge Lionne, désignée aussi plus tard sous le nom de Loge d'Orient, devint un
membre de la commanderie de Boulieu.
1. Archives Nationale, S. 4958, supplément nº 33.
— Edouard de Barthélemy, Bulletin Monumental, tome 16, 1850.
— M. Mannier, Les commanderies du Grand Prieuré de France, tome I, page 314.
— M. Longnon, fait remarquer que la commune de Villeneuve-la-Lionne devait son
nom au même personnage.
2. J.-A. Brutails, Documents des archives de la Chambre des comptes de Navarre
Bibliothèque des Hautes Etudes, fasc. 84, pages 13, 15 et 16.
3. Histoire des Comtes de Champagne, tome II, p. L-LII.
Sources: Bulletin monumental, publié sous les auspices de la Société
française pour la conservation et la description des monuments historiques; et
dirigé par M. de Caumont, tome 6, série 6, volume 56, Paris 1890
Maison du Temple de La Loge-Lionne
Lyonne ou Léonin de Sézanne, en 1241, prenait part, avec Jean ; châtelain de
Torote, à un traité conclu entre le maire et les échevins de Troyes et Bernard
de Monteuc, au sujet des dettes de la ville (Boutiot, Histoire de Troyes, I,
p. 328).
Le même personnage vendit aux Templiers une maison ou loige, appelée
communément Loge d'Orient, qui a gardé le nom de son premier
propriétaire et s'appelle encore aujourd'hui la Loge Lyonne.
En 1249, dans le Rôle des fiefs de la châtellenie de Provins, nous
lisons: Leonius de Sexanieia, miles, tenet in prepositura de Pruvino
domum de Lescheriis cum porpriso et apud Pritvinum et apud Villanas et apud
Boiacum.
La Loge-Lionne
Loge-Lyonne (La), ferme sur la commune de Brevonne.
— Loge Lyonne, du nom de son vendeur Lyonnies, 1254. (Boutiot, les Templiers et
leurs établissements dans la Champagne méridionale)
— Loge Lyonne, 1519 (chate de la commanderie du Temple de Troyes)
— Loge Lionne, 1553 (chate de la commanderie du Temple de Troyes)
— Loge Leonnes, 1554 (chate de la commanderie du Temple de Troyes)
— Loge Yonne, IXe siècle (recensement de 1861)
Loge-Madame (La) (10)
Loge-Madame (La), ferme sur la commune de Piney.
— Loge-Madame, 1519 (charte de la commanderie du Temple de Troyes)
Loge-Paris (La) (10)
Maison du Temple de La Loge-Paris
Département: Aube, Arrondissement: Bar-sur-Aube, Canton: Vendeuvre-sur-Barse
- 10
Loge-Paris (La), ferme sur la commune de Vendeuvre-sur-Barse, dépendance de la
commanderie du Temple de Bonlieu; détruite vers le XVIe siècle.
— Loge-Paris, 1346 (cartulaire du Temple)
Maurepaire (10)
Ferme du Temple de Maurepaire
Cette ferme avait été construite sur les terres de l'ancien essart de Bernard
de Montcuc, vendu en 1230, aux chevaliers du Temple. Elle comprenait 400
arpents de terre en labour et prairie.
Menois (10)
Seigneurie du temple de Menois
Non loin de Sancey, de l'autre côté de la Seine, se trouvait une autre terre
seigneuriale appartenant aux Templiers, la terre de Menois, sur la paroisse de
Rouilly. Elle leur avait été donnée par un seigneur, dont nous avons déjà
parlé, Clérambaut de Chappes qui, par ses lettres du mois de mai 1213, déclara
faire abandon aux frères de la chevalerie du Temple, de tous les fiefs qui
relevaient de sa maison de Ménois, « de villa que dicitur Anienois »,
avec tout ce qu'il avait au dit lieu, en hommes, terres, prés, terrages, cens,
bois, justice haute et basse, et aussi avec ce qu'il possédait dans le bois et
le finage, entre Sancey et Ménois, « inter Sanci et Amenois »; le
tout approuvé et confirmé par Blanche, comtesse de Troyes.
Domaine du Temple de Chaussepierre
Parmi les fiefs qui relevaient de la seigneurie, il y avait celui de
Chaussepierre, (Commune de Rumilly-les-Vaudes), qu'une noble dame, Ermangard de
Chaucepierre, veuve du chevalier Thomas de Bussy, à qui il appartenait, engagea
en 1247, pour une somme de 260 livres et 60 sols de Provins qu'elle reçut des
Templiers, sous la condition qu'après sa mort, ce fief reviendrait à ces
derniers.
La terre de Ménois fut en grande partie aliénée ou donnée à rente perpétuelle
vers le milieu du XIIIe siècle, par les Templiers.
Les Chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem n'y possédaient plus, au XVIe siècle,
qu'un petit nombre de terres et une assez grande quantité de censives.
Menois
— Hameau, commune de Rouilly-Saint-Loup
— Amenoys, 1213 (Cartulaire de la Maison du Temple de Troyes)
— Esinenoys, 1250 (Cartulaire de la Maison du Temple de Troyes)
Mesnil-Saint-Loup (Le) (10)
Ancienne maison de l'Ordre du Temple. Déjà au XIIIe siècle, les Templiers
possédaient des biens à Mesnil-Saint-Loup; ce qui est constaté par des lettres
de Hatton, évêque de Troyes, de l'année 1143, portant qu'un nommé Drogon le
Louche, « Strabo », leur a donné tout ce qu'il possédait dans un lieu
nommé Mesnil-Saint-Loup, « in loco qui dicitur Vesnilinum Sancti Lupi. »
Ils avaient là une maison au commencement du XIIIe siècle, alors que, par des
lettres de Pierre, archevêque de Sens, du mois de mars 1207, Raoul Bressans,
chevalier, et Marguerite, sa femme, donnèrent aux frères de la chevalerie du
Temple, demeurant à Mesnil-Saint-Loup, « fratribus militie Templi apud
Maisnilium commorantibus », tout ce qui leur appartenait dans le moulin du
Vicomte à Fruvin, en leur vendant en outre, au prix de 360 livres de Provins,
ce qu'ils avaient à Mesnil, dans la rue « Futeaoite. »
Chapelle du Temple
Le Commandeur était seigneur et haut-justicier de Mesnil-Saint-Loup. Il avait
la collation de la cure, et jouissait de toutes les dîmes de la paroisse.
Il ne parait pas que la maison, qui fut détruite au commencement du XVe siècle,
ait été plus tard rétablie. Les terres qui en dépendaient étaient de 200
arpents, avec la dîme de Mesnil, celle de Somme-Fontaine, des droits de minage
à Villemaur, « apud Villammauri », à Marcilly, « Marcilliacum »,
avec les moulins d'Oiselot.
Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier -
Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)
Chapelle de Mesnil-Saint-Loup
Il reste au Mesnil-Saint-Loup, la petite chapelle qui appartenait aux Templiers
et ensuite aux Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem.
Si l'on se rend sur les lieux, on constatera la présence d'un monastère qui
daterait du XIXe siècle. Il est tout proche de cette petite chapelle.
Maison du Temple de Mesnil-Saint-Loup
Déjà au XIIIe siècle, les Templiers possédaient des biens à Mesnil-Saint-Loup;
ce qui est constaté par des lettres de Hatton, évêque de Troyes, de l'année
1143, portant qu'un nommé Drogon le Louche, « Strabo », leur a donné
tout ce qu'il possédait dans un lieu nommé Mesnil-Saint-Loup, « in loco
qui dicitur Vesnilinum Sancti Lupi »
Ils avaient là une maison au commencement du XIIIe siècle, alors que, par des
lettres de Pierre, archevêque de Sens, du mois de mars 1207, Raoul Bressans,
chevalier, et Marguerite, sa femme, donnérent aux frères de la chevalerie du
Temple, demeurant à Mesnil-Saint-Loup, « fratribus militie Templi apud
Maisnilium commorantibus », tout ce qui leur appartenait dans le moulin du
Vicomte à Fruvin, en leur vendant en outre, au prix de 360 livres de Provins,
ce qu'ils avaient à Mesnil, dans la rue « Futeaoite »
Procès des Templiers, tome I, page 307
Autre maison du Temple « domus Templi de Maynilio Sancti Lupi », peu
éloignée de Coulours, et dans la chapelle de laquelle eut lieu, vers 1290, une
réception faite par le précepteur de la baillie de Coulours, en présence du
frère Michel, prêtre-curé du Temple de Turny « Procès, tome I, pages 306,
307 »
Réception en la chapelle du Temple de Mesnil Saint-Loup.
Et primo, ad IIII primos dixit se fuisse receptum in ordine Templi in capella
domus Templi de Maynilio sancti Lupi Trecensis diocesis, die Dominica post
octabas instantis festi Purificationis beate Marie, erant XX anni vel circa,
per fratrem Anricum de Supino, preceptorem tunc baylive Templi de Coloribus,
post missam, inter horam prime et tercie, presentibus fratribus Michaele
presbitero, curato tunc ecclesie de Turniaco, Thoma de Veneysi, Johanne dicto le
Ganheur, Johanne Bergerio, jam deffunctis, ut dixit, et Thomas de Funis,
servientibus, de cujus Thoma vita vel morte dixit se nichil scire.
Sources: Procès des Templiers, publié par M. Jules Michelet, tome 1 et 2
— Imprimerie Nationale — Paris — M. DCCC. LI.
A la même époque, l'évêque de Troyes, Jean de Nanteuil, serait venu à passer
par cette maison, qui était située dans son diocèse, Jean de Nanteuil mourut en
1298, d'après Gams « Sèries episcoporum »
Sources: Trudon des Ormes: Les possessions templières recueillent durant
les interrogatoires des templiers par les hommes de Philippe le Bel et les
commissions pontificales des diocèses de France.
Domaine du Temple de Messon au domaine d'Erre
L'origine des biens de l'Ordre du Temple dans cette localité parait avoir été
la vente que fit aux Templiers, Herbert d'Errey, des biens qu'il y possédait
(D'après je Cartulaire du Temple, il faudrait, semble-t-il, reporter cette
origine à l'an 1220, date d'une vente consentie aux Templiers par les héritiers
de Guyot Jollain. Dans la charte de l'évêque de Troyes, Hervé, relatant cette
vente il est question de Chamoy, de Sommeval, de Bercenay et de Maroy, mais il
n'est pas fait mention d'Errey ni de Messon. Nous croyons donc devoir laisser
de côté cette charte, estimant que le copiste l'a classée par erreur en tête
des documents relatifs à Errey et à Messon.)
Quelle fut la date précise de ce contrat ?
Quelle était l'étendue du domaine ainsi aliéné ?
A quelles conditions fut-il cédé ?
Nous l'ignorons.
Tout ce que nous pouvons dire, c'est que la femme d'Herbert, Ermanjarde,
approuva et ratifia, le samedi après la Toussaint de l'an 1232, la vente faite
par son mari. Comparaissant à cette date par devant Pierre de Clesles, official
de Troyes, les deux époux promirent avec serment de ne jamais revenir sur leur
parole et dans le cas où, ce qu'à Dieu ne plaise, ils seraient infidèles à leur
engagement, ils autorisèrent l'official à les frapper d'excommunication.
L'année suivante les Templiers prirent, à titre d'amodiation perpétuelle, des
Bénédictins de l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire, tout ce que ces derniers
possédaient sur les finages d'Errey et de Messon, en terres, cens, terrages,
coutumes, prés et autres droits, réserve faite des hommes. L'amodiation eut
lieu moyennant une redevance annuelle de 15 setiers de grain(Quatre setiers et
demi de seigle et 10 setiers 1/2 d'avoine), mesure de Troyes, et une rente de
30 sous, monnaie forte de Provins, le tout payable à Errey, la veille de la
Toussaint. Le maître du Temple en France, O. de la Roche (de Rupe), notifia ce
contrat par lettres scellées de son sceau et datées du mois de janvier 1234
(D'après un vidimus sous le sceau de la Cour de l'église de Troyes, en date du
dimanche de la Pentecôte de l'an 1314).
Chose presque miraculeuse, pendant soixante ans et plus la paix régna,
complète, absolue, entre les deux familles religieuses, et ce fut seulement au
commencement du XIVe siècle que la discorde éclata. Depuis plusieurs années,
nous ignorons pour quelle raison, les Templiers ne payaient plus la redevance
convenue en grain et en argent et les Bénédictins en réclamaient instamment les
arrérages.
Un procès était imminent. Pour en éviter les ennuis et surtout les frais, frère
André Passeloire, au nom des religieux de Saint-Benoît-sur-Loire, et frère Jean
de Cerres (Aube, commune de Montceaux, arr. de Troyes, cant. de Bouilly),
« alias » Caire, au nom des chevaliers du Temple, convinrent en vertu
d'un compromis passé en 1303 sous le sceau de la prévôté de Paris, de s'en
rapporter à la décision de deux arbitres:
Pierre de Vauchassis (Aube, arr. de Troyes, cant. d'Estissac);
Et de Pierre de Courcelles (Pierre de Courcelles fut un des deux députés
envoyés par la communauté d'Ervy aux Etats généraux de Tours en 1308),
bourgeois d'Ervy.
Après avoir entendu la défense de Jean de Cerres, défense sur laquelle ils ne
nous ont pas laissé le moindre renseignement, les arbitres, du consentement des
parties, réglèrent le différend sur les bases suivantes: l'abbaye de
Saint-Benoît demeurerait, ou plutôt rentrerait en possession de tous ses droits
en terres, bois, près, coutumes, terrages, hommes, femmes et vignes, et les
Templiers seraient quittes envers elle de toute redevance, aussi bien pour le
passé que pour l'avenir.
Les hommes de l'abbaye cités dans l'acte étaient Perrinauz Trumauz, Jeannette
femme de Gilot Vyé, Guioz, Pignarz et Perrinauz ses fils, Jean de Sagnères,
Marie la Greselle, de Messon, Guioz de Villarcel, (Aujourd'hui Villecerf,
hameau commune de Messon) et ses enfants.
Les biens à restituer consistaient en 125 arpents ou environ, répartis en 35
pièces qu'on trouvera énumérées aux Pièces justificatives, en: un bois appelé
le Bois de la Haye Saint-Benoît,
En quatre osches;
Un verger;
Et quelques autres parcelles dont la superficie n'est pas indiquées.
Une pièce de 4 arpents nommée Le Clos et un quartier de pré, sis à Villarcel,
étant contigus et « nécessaires » à la maison du Temple d'Errey, les
religieux de Saint-Benoît les abandonneraient aux Templiers et recevraient, en
compensation, 5 arpents de terre en deux pièces lieu dit les Boichetz.
Afin de rendre ce compromis ferme et stable, les parties prirent l'engagement
d'en faire rédiger des lettres « en la meilleure forme et en la meilleure
manière qu'elles pourraient être faites », et de se les délivrer
réciproquement. Celles qui seraient remises aux Templiers devraient être
scellées des sceaux de l'abbé et du couvent de Saint-Benoît-sur-Loire, et
celles destinées aux Bénédictins devraient également porter le sceau du Grand
Visiteur de la Chevalerie du Temple au royaume de France.
Ecrite sous la signature des arbitres, cette convention porte la date du samedi
après la saint Martin d'hiver de l'an 1303 (D'après un vidimus sous le sceau de
la Cour de l'église de Troyes, en date du dimanche de la Pentecôte de l'an
1314).
La sentence des arbitres demeura sans effet, car, lors de leur arrestation, en
1307, les Templiers jouissaient encore des biens qui leur avaient été amodiés
en 1233, de sorte que ces biens furent mis sous séquestre comme tous leurs
autres domaines et que la gestion en fut confiée à des administrateurs nommés
par le pape et par le roi. Ces administrateurs, comme nous avons déjà eu
occasion de le dire (Voir l'étude: Les Hospitaliers Seigneurs de Sancey,
aujourd'hui Saint-Julien), étaient pour la France:
Guillaume de Gisors, archidiacre d'Auge en l'église de Lisieux;
Et Rénier Bourdon, « valet du roy », c'est-à-dire officier de la
Couronne. Siégeant à Paris;
Ces administrateurs généraux avaient comme délégué dans la baillie de
Champagne, Jean Guérin de la Villeneuve-le-Roy (Yonne, arr. de Joigny,
chef-lieu de cant), et comme subdélégué à Troyes, Guillaume du Temple. Ce
dernier refusant de payer les 30 sous de Provins et les 15 setiers de grain,
prix de l'amodiation, les religieux de Saint-Benoît-sur-Loire chargèrent leur
procureur, Pierre de Lannoy, d'intervenir et de faire valoir leurs droits près
des administrateurs généraux:
Dans une requête adressée à cet effet à Guillaume de Gisors et à Rénier
Bourdon, Pierre de Lannoy demanda que la « pension » fût payée, ou
que la sentence rendue en 1303 par Pierre de Vauchassis et Pierre de Courcelles
fût mise à exécution, c'est-à-dire que les droits et les biens amodiés fussent
rendus à l'abbaye.
Après examen des titres produits à l'appui de la requête, et renseignements
pris près des Templiers Raoul de Gizy et Jean de Cerres, qui, au temps du
compromis, étaient, le premier receveur de Champagne et de Brie, et le second
procureur de l'ordre du Temple, les administrateurs généraux, par lettres
datées de Paris le 23 janvier 1311, mandèrent à Jean Guérin de la Villeneuve-le-Roy
de mettre à exécution, sans délai, la sentence prononcée parles arbitres. Le
jour même, par lettres également datées de Paris, Jean Guérin transmit cet
ordre à Guillaume du Temple, avec la réserve que si, parmi les biens à rendre,
certains avaient été antérieurement donnés à ferme et se trouvaient déjà
ensemencés, les fermiers en percevraient les fruits lorsque le moment de la
récolte serait venu (D'après un vidimus sous le sceau de la Cour de l'Eglise de
Troyes, en date du dimanche de la Pentecôte de l'an 1314).
D'après la requête de Pierre de Lannoy, Guillaume du Temple avait à choisir
entre le paiement de la redevance en, grains et en argent, ou la restitution
des biens. En prenant ce dernier parti, il eût peut-être outrepassé les droits
restreints que lui donnait son titre d'administrateur provisoire, aussi il aima
mieux payer les arrérages réclamés. Les biens ne furent donc pas rendus et, en
1313, ils passèrent aux Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, comme les
autres possessions des Templiers.
Sources: Templiers et Hospitaliers dans le diocèse de Troyes. La
Commanderie de Payns et ses dépendances: par l'Abbé A. Pétel; 1872
Domaine du Temple d'Errey
Errey, hameau sur la commune de Messon.
— Erre, Erry, 1314 (Cartulaire du Temple).
— Errey, 1641 (fonds de la commanderie de Troyes)
— Airée, XVIIIe siècle, carte de Cassini
Sources: Dictionnaire topographique du département de l'Aube. Par MM.
Théophile Boutiot et Emile Sogard. Paris M DCCC LXXIV
Domaine du Temple d'Errey
Il y avait en ce lieu un domaine qui avait appartenu à l'Ordre du Temple, et
qu'un seigneur d'Errey, nommé Jean le Tartier, tenait à vie du commandeur de
Troyes au commencement du XVIe siècle. On trouve une déclaration de ce domaine,
fournie par ce seigneur en 1528. La maison n'existait plus alors, car on lit
dans cet acte: « Un arpent et demi de verger devant la maison dudit Jehan
le Tartier, où soulloit estre la maison de la commanderie, appellée Temple, sis
à Erey, tenant de trois sens à deux chemins u communs. »
Les terres, divisées en plusieurs pièces, étaient situées aux lieux dits
« devers Prugny, à La Croix, au-dessoubs des vieilles vignes, à la Voie de
la Garenne, au Champ de la Brebis, au Chauffour, à la Haie Saint-Benoit, à
Vauthiery, à la Pierrière, à la Corroyure, au Chemin de Villarcer, en
Vau-Regnard, à Torvillers, au Chemin de Cheingy. »
La totalité des terres étaient au nombre de 130 arpents.
Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier -
Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)
Ferme du Temple de La Milly
La ferme de ce nom se composait d'une partie défrichée des 600 arpents de bois,
que le seigneur du lieu, Guy de Milly, donna en 1254 aux frères du Temple.
C'est du nom de ce bienfaiteur que la ferme a tiré le sien et le conserve
encore aujourd'hui.
Les terres de La Milly, comprenaient, au siècle dernier, 300 arpents de labour
et de pré.
Domaine du Temple de Pavillon-Sainte-Julie
Sur le finage de Pavillon-Sainte-Julie, la plus grande partie des terres de la
commanderie de Payns, certainement données par Hugues de Payns lui-même, les
Templiers y possédaient environ 20 hectares.
Mais le Cartulaire du Temple est muet sur la provenance exacte de cette
propriété, de beaucoup la plus importante de la commanderie de Payns.
Pavillon-Sainte-Julie
Pavillon (Le) ou Le Grand-Pavillon, deuxième canton de Troyes.
— Le Grand Pavillon, 1328 (Prisie de Châtellenie de Payns)
— Pavillon, 1506 (Inventaires des titres concernant la commanderie de Troyes)
— Pavilio, Pavillo, XVIIe siècle (Pouillé)
— Les Pavillons, XVIIIe siècle (Pouillé)
— Diocèse, ancienne coutume de la baillie de Troyes; Châtellenie de Payns;
Gouvernement et général de Champagne; élection de Troyes.
Le Petit Pavillon
Pavillon (Le Petit), hameau territoire de Payns.
— 1328 (Prisie de la Châtellenie de Payns)
Payns (10)
La maison de Payns et ses dépendances, sous les Templiers, de 1128 à 1307.
Venu au Concile de Troyes en 1128 pour y plaider la cause de l'Ordre qu'il
avait fondé dix ans auparavant, nous avons tout lieu de croire que Hugues de
Payns eut à coeur de faire une première fondation dans le pays dont il était
originaire et dont il portait le nom. Nous n'avons cependant de ce fait aucune
preuve positive; il n'est pas historiquement établi, rigoureusement démontré et
par conséquent on ne doit pas l'admettre comme certain.
Si l'absence de documents est un obstacle à la certitude, elle ne saurait
constituer un argument sérieux contre la grande probabilité de l'opinion que
nous émettons, car de 1118 à 1143 cette absence est générale en ce qui concerne
l'Ordre du Temple. La lacune, que nous constatons et due nous déplorons, existe
pour toutes les autres maisons, même pour celle de Paris, la plus fameuse de
France. Partout les titres primordiaux ont disparu, de sorte que si nous
connaissons les noms de quelques chevaliers, compagnons de Hugues de Payns,
nous ne savons rien de précis touchant les premières fondations et les premiers
développements de l'Ordre en Occident.
Du très probable passons au certain et venons à l'histoire proprement dite.
La baillie de Payns, c'est-à-dire l'ensemble des possessions et des droits de
la Commanderie, comprenait cinq villages:
Payns.
Savières.
Saint-Mesmin.
Messon et le Pavillon.
de là, pour donner plus de clarté à notre travail, la division de ce premier
chapitre en cinq paragraphes, dans lesquels nous exposerons tout ce que nous
avons pu découvrir sur l'origine, le développement et l'administration des
biens de la Commanderie dans chacune de ces localités.
Le classement chronologique des documents que nous allons relater demanderait
que Savières fût placé au premier rang, mais en vertu du proverbe: « à
tout seigneur tout honneur », nous avons jugé bon de commencer par le
chef-lieu.
Comme nous venons de le dire, il ne reste pas le moindre document écrit relatif
à la donation que le fondateur de l'Ordre du Temple fit à sa famille
religieuse, de la totalité ou d'une partie des biens qu'il possédait à Payns,
et si, plus tard, nous arrivons à en déterminer l'importance, ce sera en
procédant par élimination.
La libéralité la plus ancienne consentie en faveur des Templiers à Payns et
dont l'histoire ait gardé le souvenir n'est pas antérieure au 17 mars 1181.
C'est celle de la comtesse Marie, (Marie, fille de Louis VII, mariée en
1164 à Henri le Libéral. veuve en 1181, morte en 1198) qui, veuve du
comte de Champagne Henri le libéral, donna au Temple, pour le repos
de l'âme de son mari, le droit de terrage, qu'elle avait à Payns. On
appelait terrage le droit qu'avait le seigneur de prendre, chaque année, une
portion déterminée de la récolte. Cette donation de la comtesse ne figure pas
dans le Catalogue des actes des comtes de Champagne dressé par M. d'Arbois de
Jubainville.
Dans la suite, quelques-unes des terres soumises à ce droit se trouvèrent
cultivées par des hommes de l'abbaye de Molesme habitant Villeloup (Aube, arr.
et cant. de Troyes), et les moines crurent pouvoir se dispenser de payer la
redevance dont elles étaient grevées, comme ils voulaient d'ailleurs se
dispenser de payer la dîme pour les terres que leurs hommes cultivaient à
Savières (Aube, arr. d'Arcis-sur-Aube, cant. de Méry).
De là récriminations et discorde entre les deux établissements religieux. Ils
eurent toutefois le bon esprit de s'entendre sans porter l'affaire devant les
tribunaux et même sans recourir à des arbitres. En 1203, Guy de Brienc, maître
du Temple en France, notifia que la paix était conclue sur les bases suivantes:
chaque année, dans l'octave de la Saint-Remi, l'abbé de Moslesme paierait aux
Templiers, dans leur maison de Payns, comme droit de terrage, trois muids
d'avoine, mesure de Troyes. D'autre part, dans le cas où l'abbé serait inquiété
à propos de ce terrage, c'est-à-dire sans doute dans le cas où le droit lui
serait réclamé par d'autres, le précepteur du Temple serait tenu de lui prêter
aide et assistance (Emile Socard: Chartes extraites des cartul. de Molesme, p.
131).
Au mois de décembre 1213, Pierre, noble homme de Terrantes (Terrantes, localité
détruite, commune de Michery, Yonne, arr, de Sens, cant. de Pont-sur-Yonne.);
et noble dame Emeline, sa femme, reconnurent, sous le sceau d'Hélye, abbé de
Sainte-Colombe de Sens, avoir donné aux Templiers de Payns le tiers d'un petit
vivier, sis entre la motte du dit Pierre et le moulin. Quant aux deux autres
tiers, ils les leur cédèrent pour cent sols, monnaie de Provins. Gilles, fils
de Pierre et d'Emeline, approuva et le don et la vente.
La charte n'indique pas dans quel pays était situé le vivier, ce qui nous porte
à croire que c'était à Payns même; par contre, après avoir relaté que le
donateur et frère Rolend ont reconnu les limites du vivier (sicut frater
Rolendus et predictus P. proculcaverunt), elle spécifie que les Templiers
auront la faculté de le curer du côté de la motte, à la condition toutefois de
ne causer aucun dommage à la dite motte.
En 1219, le chevalier Pierre de Payns (Pierre de Payns vivait encore en mai
1225 et il servit alors de caution à Milon de Lirey. - Cf. Lalore Cartul. de
Mortier-la-Celle, p. 183.) donna aux Templiers deux hommes de corps, Richard et
Girond, ainsi que leur soeur, Hersende, enfants de défunt Rosicard de Villepart
(Aube, comm. de Breviandes, arr. et cant. de Troyes). Pierre tenait ces serfs
des enfants d'Itier de Payns, son frère, aussi promit-il que, dans un an et un
jour, il ferait approuver sa libéralité par ses neveux. Il donna, comme garant
de sa promesse, Ebrard, talemetier (Boulanger) de Troyes et, comme caution pour
le fief qu'il tenait du Temple, le chevalier Geoffroy de Villemereuil (Aube,
arr, de Troyes, cant. de Bouilly), qui s'engagea avec serment « per
creantam ejus. » Le tout fut notifié sous le sceau de Guyard, archidiacre
et official de Troyes, au mois d'avril 1219.
Un autre chevalier, Pierre de l'Orme (de Ulmo) et Marie de Payns sa nièce,
donnérent, d'un commun accord, aux Templiers, un homme de corps nommé Perrin,
avec tous les droits qu'ils pouvaient avoir sur lui. Cet homme habitait Payns
et était fils de Michel, surnommé Chair de Porc.
Les donateurs reconnurent leur libéralité devant l'official de Troyes, Nicolas.
L'official envoya à Payns son clerc juré, pour recevoir le consentement et
l'approbation de la femme de Pierre de l'Orme, Gilette, qui se trouvait sans
doute dans l'impossibilité de se rendre à Troyes.
L'acte fut scellé du sceau de la Cour de Troyes en septembre 1244 (Arch. de
l'Aube).
L'abbaye de Montier-la-Celle (Abbaye bénécictine fondée par saint Frobert, de
Troyes, au sud-ouest de cette ville, vers 660) avait à Payns un prieuré.
Un commandeur du Temple, Pierre de Tutèle (Probablement Tudela au royaume de
Navarre), ayant donné aux religieux de ce prieuré, pour y planter de la vigne,
une contrée ou pièce de terre appelée « sur les Traversains », l'abbé
de Montier-la-Celle, Guillaume, par reconnaissance céda gratuitement aux
Templiers moitié de la dîme de vin de cette contrée (L'abbaye de Montier-la-Celle
avait sur la dîme de Payns un droit qui lui fut reconnu dés 1163 par le pape
Anastase. Ce droit s'accrut successivement par suite des donations de Garnier,
curé de Moussey de Joffroy en 1201, fils de Martin Farsi de Payns, en 1202, et
par la vente consentie par Etienne de Payns, écuyer en 1236. Cf. Lalore,
Cartul. de Montier-la-Celle, 102, 104, 132, 209, 199.).
Il fut stipulé que dans le cas où, les vignes seraient arrachées et converties
en champs, les Templiers n'en continueraient pas moins à percevoir la moitié de
la dîme. Cette gratification fut notifiée sous le sceau de l'abbé Guillaume, au
mois de juillet 1261(Arch. de l'Aube).
En mars 1262, le Commandeur de Payns était frère André de Joigny, et il
occupait ce poste depuis quelque temps déjà puisqu'il atteste alors avoir,
« ça en arriers », loué pour 12 ans, à Bonin de Burgont, Jean, dit
Léger, et Perrin, fils de Godefroi, une pièce de terre sise au « Tertre
Saint-Père » et « qui souloit estre vigne » (Les tenants et
aboutissants sont ainsi indiqués dans l'acte « de lez la terre Michel dit
le Res, d'une part, et de lez la terre feu Jacques Burgont d'autre
part. »). Le prix de la location fut 20 sols de « provenisiens
forz », payables annuellement en la maison du Temple de Payns, le lendemain
de la Toussaint (Arch. de l'Aube).
D'une location passons à un échange. Un habitant de Payns, Pierre Grubèle céda
aux Templiers une pièce de terre de quatre arpents, sise devant le Temple,
au-dessus de l'orme de frère Andriel, et une autre de deux arpents, sise entre
les plantes de Payns. En compensation, les Templiers donnérent aux époux
Grubèle et à leurs héritiers le champ qu'ils possédaient près de « la
Fosse au Renard », et dont la contenance n'est pas indiquée. Le contrat
fut ratifié par Thibaut, roi de Navarre, comte de Champagne et de Brie, avec
cette clause que Pierre Grubèle paierait, pour le champ dont il devenait
propriétaire, les redevances de cens et de terrage dont étaient grevées les
deux pièces de terre cédées aux Templiers, et que ceux-ci posséderaient désormais
comme biens de mainmorte.
Ce fut à Payns même que Thibaut scella ce contrat, au mois d'août de l'an 1263
(Arch. de l'Aube, 31 H 14 bis, fol. 190 vº, 131 rº. Ce n'est pas le seul acte
des comtes de Champagne qui soit daté de Payns; nous pouvons en citer au moins
deux autres, l'un de 1161 dans Lalore: cart. de l'abbaye de Saint Loup, p. 59,
et l'autre de 1223, même source, cartul. de l'abbaye de Saint-Pierre, p. 163.
Ce sont là des preuves formelles que les comtes de Champagne avaient des
relations intimes soit avec les seigneurs de Payns, soit avec les Templiers et
qu'ils ne dédaignaient pas d'aller les visiter.).
Parmi les bienfaiteurs de la maison du Temple de Payns, deux habitants de ce
village, Félix, surnommé « Cun Chie Char », et Marie, sa femme,
méritent une mention spéciale. Désireux d'assurer leur salut par l'exercice de
la charité même après leur mort, ils se présentèrent, sains d'esprit et de
corps, devant l'évêque de Troyes, Nicolas de Brie, et le prièrent de recevoir
et d'enregistrer sous son sceau, l'expression de leurs dernières volontés.
L'évêque dut le faire d'autant plus volontiers que Félix et sa femme
consacrèrent presque tout leur patrimoine à des ouvres pies. Ils léguèrent en
effet:
— Au recteur de l'église de Saint-Lyé, leur curé, 20 sols tournois.
— Au chapelain de la dite église, 3 sols tournois.
— Au clerc, 2 sols.
— A la Fabrique de Saint-Lyé, 2 sols.
— A la Fabrique de l'église de Payns,.5 sols.
— A chacun de leurs filleuls et à chacune de leurs filleules, une brebis.
— A chaque veuve du village de Payns, un bichet de blé.
— A chaque Maison-Dieu ou hôpital, de Troyes, 2 solsl.
— Aux lépreux de Payns, 10 sols.
— Aux moines de Saint-Sépulcre (Aujourd'hui Villacerf, Aube, arr. et cant. de
Troyes), 10 sols.
A la maison du Temple de Payns, dans le cimetière de laquelle ils voulaient
être enterrés :
1 — Une pièce de vigne d'un demi-arpent, sise au-dessus de la dite maison et
mouvant d'elle.
2 — Une pièce de terre de 3 arpents, sise au Val Delmos, près des Hastes de la
terre du Temple.
3 — « Decem pecudes armelinas », littéralement dix bêtes à peau
d'hermine, mais plus vraisemblablement, dix bêtes armailles, de la valeur de
dix livres, ou les dix livres en argent, si, au moment de leur mort, ils
n'avaient pas les dix bêtes.
4 — Leur lit de plume, garni de ses couvertures.
5 — Au chapelain de la Maison du Temple, 5 sols, et au clerc de la dite maison,
3 sols.
A la mort de l'un des testateurs, le survivant devrait délivrer la moitié de
ces différents legs.
Pour l'autre moitié, Félix et Marie désignèrent, comme exécuteurs
testamentaires, le curé de Saint-Lyé et le commandeur du Temple de Payns, quels
qu'ils fussent.
Scellé du sceau de l'évêque de Troyes, ce testament porte la date de février
1265 (v. st.).
Très édifiant au point de vue religieux, ce document n'est pas sans intérêt au
point vue historique; il nous révèle l'importance de la Commanderie qui avait
un chapelain, un clerc et un cimetière spécial; il nous apprend, en outre, que
dans la seconde moitié du XIIIe siècle. Payns n'était pas paroisse, mais simple
secours de Saint-Lyé, et que la lèpre y sévissait encore.
A la même époque Herbert de Payns, surnommé Habeille, et Blanche, sa femme,
donnérent aux Templiers tous leurs biens meubles, présents et à venir, ainsi
qu'une vigne sise finage de Payns (Cette vigne tenait d'une part à la vigne de
Jean, dit Grivel, et d'autre part à celle de Jean, fils de Pierre, surnommé
Pucelle) et mouvant de la censive du Temple. Faite à titre irrévocable, sous la
réserve toutefois de l'usufruit viager, cette donation entre vifs fut notifiée
au mois de mai 1267 par l'official de la Cour de Troyes, à la juridiction de
laquelle les donateurs déclarèrent se soumettre (Arch. de l'Aube).
Sources: Templiers et Hospitaliers dans le diocèse de Troyes. La Commanderie
de Payns et ses dépendances: par l'Abbé A. Pétel; 1872
Payens dans les actes du procès
La maison du Temple de Payns « de Paians », « de Payans »,
« de Païens », « de Paganis », serait l'une des plus
anciennes de l'Ordre, si, comme nous le croyons, elle dut son origine au
fondateur même du Temple.
Le Procès ne nous permet guère de remonter plus haut que les environs de
l'année 1271, à la Noël, époque à laquelle des réceptions eurent lieu dans la
maison.
Procès, tome II, page 385
Frater Galterus de Paians, etatis octoginta annorum vel circa, juratus
eodem modo de se et aliis in causa fidei dicere veritatem, et interrogatus de
tempore et modo sue recepeionis, dixit per juramentum suum quod fuit receptus
in domo de Paians, triginta sex anni erunt in instanti festo Nativitatis
Domini, per fratrem Theobaldum de Breteuil, presentibus fratre Thoma Normanno
et fratre Symone de Paians et quibusdam aliis de quorum nominibus non recolit.
Le Temple de Payns était du diocèse de Troyes et avait chapelle; il fut de plus
le centre d'une petite baillie, dont l'un des précepteurs fut frère Jean
« de Marciis » ou « Ademari », chevalier. Il est vrai que
Jean est dit seulement précepteur de la maison, à propos d'une réception faite
par lui vers 1298
Procès, tome II, page 268
Frater Raynaldus Belli Pili serviens, Cabilonensis diocesis, testis supra
juratus, quinquagenarius vel circa, qui voluntarie mantellum dimiserat, et radi
fecerat sibi barbam devoluntate preceptoris sui, sub quo morabatur in ducatu
Lotharingie, in domo Templi de Villencourt, post capcionem aliorum fratrum in
regno Francie, cum quo nundum inquisitum fuerat per aliquem prelatum, ut dixit,
lectis et diligenter expositis sibi omnibus et singulis articulis, respondit se
nescire, nec credere, nec audivisse dici de contentis in eis nisi quod
sequitur: videlicet quod ipse receptus fuerat in capella domus Templi
de Paganis Trecensis diocesis, in instanti festo Omnium Sanctorum, erunt
circiter XIII anni, per fratrem. Johannem de Mars preceptorem tunc dicte domus,
presentibus fratribus pluribus mortuis, inter quos fuerunt fratres Petrus de
Trecis et Symon de Bretenay [...]
Mais ailleurs, par exemple vers 1291 ou 1298, c'est comme précepteur de la
baillie de Payns qu'il se rend au Temple de La Neuville, près Châlons, sur
l'ordre du visiteur Hue de Perraud:
Procès des Templiers, tome I, page 406
Ipse autem receptus fuerat in domo Templi de Nova Villa juxta Catbelanum, per
fratrem Johannem Ademari quondam militem, tunc preceptorem ballive
vocate de Paganis, in festo Nativitatis beati Johahhis Baptiste proximo
preterito fuerunt XVIIII vel XX anni, in capella dicte domus, inter primam et
terciam, presentibus fratribus Andrea de Rocha, presbitero quondam, Hugone de
Gabilone milite, quem credit esse vivum, Johanne de Aubon serviente [...]
Procès des Templiers, tome II, page 366
Item in presencia religiosi viri fratris Laurencii de Nannetis ordinis
Predicatorum, commissarii dicti inquisitoris, nostrum notariorum et testium
infrascriptorum, anno, indicione, mense, die et pontificatu predictis, frater
Ymbertus de Sancto Jorio miles, etatis quadraginta annorum, juratus eodem modo
de se et aliis in causa fidei dicere veritatem, et interrogatus de tempore et
modo sue recepcionis, dixit perjuramentum suum quod receptus fuit apud
Novam Villam Cathalaunensis diocesis novem anni velcirca sunt, per fratrem
Johannem Ademari militem dicti ordinis, de precepto fratris Hugonis de
Paraudo, presentibus fratre Ymberto de Crimen, ut videtur sibi, et quibusdam
aliis de quorum nominibus non recordatur.
La même année, Jean assiste à Paris à un chapitre général tenu en présence de
deux cents frères « Procès, tome I, page 407 »; puis nous le trouvons
en 1303 et en 1305 procédant à des réceptions en des maisons de sa baillie sans
doute, celles de Thors « Procès, tome II, page 266 » et de Ruetz, du
diocèse de Châlons; dans ce dernier cas, Jean n'est même désigné que comme
précepteur de la maison de Ruetz, « de Royers », « Procès, tome
I, page 630. »
Le receveur de Champagne pour le roi, frère Raoul de Gisy déjà nommé, dut aller
à Payns à diverses reprises, vers 1302 ou 1303 et vers 1305 « Procès, tome
I, page 571 et tome II, page 354 »; quant au dernier précepteur de Payns,
ce fut frère Ponsard de Gisy « Procès, tome I, page 36 » parent,
peut-être de Raoul.
Procès des Templiers, tome I, page 36
Post hec, eisdem loco et die, frater Ponzardus de Gysiaco preceptor de
Paians, adductus ad presenciam eorumdem dominorum commissariorum, et
requisitus per eosdem si volebat defendere ordinem memoratum, respondit quod
articuli qui sunt impositi dicto ordini,[...]
Procès des Templiers, tome II, page 383
Item frater Fulco de Trecis, etatis XXVIII annorum vel circa, juratus eodem
modo de se et aliis in causa fidei dicere veritatem, et interrogatus de tempore
et modo sue recepcionis, dixit per juramentum suum quod fuit receptus in domo
de Sanceyo juxta Trecas, decem anni sunt, per fratrem Radulphum receptorem tunc
Campanie, presentibus fratre Galtero de Paians et fratre
Radulpho de Compendio, et quibusdam aliis de quorum nominibus non recolit.
Procès des Templiers, tome I, page 104
Johannes de Foresta Lingonensis, Guillelmus de Sornayo miles Pictavensis,
Thomas de Bonchancuria Amblanensis, Johannes de Villaribus Suessionensis,
Gervasius de Fallasia Sagensis, Cristianus de Chaumerio Laudunensis, Millo
de Paians presbyter Lingonensis, P. de Bragella Belvacensis, Johannes de
Septem Montibus presbyter Suessionensis, Guillelmus de Puteolis Parisiensis,
[...]
Sources: Procès des Templiers, publié par M. Jules Michelet, tome 1 et 2
- Imprimerie Nationale - Paris - M. DCCC. LI.
Præceptors de la baillie de Payns
Vers 1298-1303, frère Jean de Mars, chevalier.
En 1307, frère Ponsard de Gisy.
Sources: Trudon des Ormes: Les possessions templières recueillent durant
les interrogatoires des templiers par les hommes de Philippe le Bel et les
comminssions pontificales des diocèses de France. La plupart de ces
informations sortent des archives départementales, de la bibliothèque nationale
et des textes rédigés par Michelet sur le Procès des Templiers.
Maison du Temple de Payns
En 1263 (1262 mars), Frère André de Joigny, commandeur de la baillie de Payns,
amodie des terres appartenant aux templiers de Payns au lieu dit le Tertre.
Archives de l'Aube. Cartulaire des Templiers, fonds 190.
Sources: Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne, avec des
documents inédits et des pièces justificatives. T. 5 - par Ernest Petit. -
Lechevalier (Paris) - 1885-1905
Payns
Payns, canton de Troyes.
— Paencie, au plus tard 1100 (charte de Hugues, comte de Troyes, Archives de
l'Aube).
— Payens, 1213 (Cartulaire du Temple)
— Domus Templi de Pedanis, 1261 (Cartulaire du Temple)
— Leprosi de Payens, 1265 (Cartulaire du Temple)
— Paians, Payans, 1309 (Procès des Templiers)
— Payens était une ancienne Maison du Temple devenus commanderie des
Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem.
— La châtellenie de Payns comprenait: Barberey-aux-Moines, Blives, Courlanges,
La Cour-Saint-Phal, Fontaines-Saint-Georges, Le Pavillon, Payns, Riancey autrefois
Villacerf ou Villarcel, Saint-Lyé, Saint-Mesmin et Savières.
— Peanz, 1113 (chartes le l'abbaye de Montieramey)
— Paanz, 1121-1145 (chartes du prieuré de Foicy)
— Sancta Maria de Pedaneis, 1139 (cartulaire de Montier-la-Celle)
— Prienz, 1139-1146 (cartulaire de l'abbaye de la Rivour)
— Paence, vers 1140 (cartulaire de l'abbaye de la Rivour)
— Payenz, 1140 (Gall. christ. tome XII, page 260-277)
— Paenz, 1145 (chartes du prieuré de Foicy)
— Paennium, 1147 (chartes de Henry de Carintbie, évêque de Troyes, archives de
l'Aube)
— Paencium, 1161 (cartulaire de l'abbaye de Rivour)
— Paeancium, 1161 (Camusat, Promptuarium, folio 308)
— Peancium, 1161 (cartulaire de l'abbaye de Saint-Loup)
— Pahans, 1170 (chartes de, l'abbaye de Rivour)
— Paiens, 1179 (chartes du prieuré de Villacerf)
Sources: Dictionnaire topographique du département de l'Aube, par MM.
Théophile Boutiot et Emile Sogard. Imprimerie Nationale M. DCCC. LXXIV.
Lévigny
On trouve un titre de 1292 qui prouve qu'ils possédaient une maison à Lévigny.
Géraudot
On trouve un titre de 1292 qui prouve qu'ils possédaient un Hôpital à Gérodot.
Sources: M. de Caumont. Bulletin monumental, Volume 16 Par Société
française d'archéologie, collection de mémoires et de renseignements sur la
statistique monumentale de la France. Paris 1850.
Domaine du Temple Le Perchois
Un accord entre le grand-maitre des Templiers et les religieuses de Notre-Dame de Troyes en 1254 parle de la préceptorie du Perchois et de celle de Bonlieu où il existait une chapelle en 1280 (1).
1. Cette pièce commence ainsi: « A touz ceuz qui ces présentes lettres verront, frère Guy de Basseville, grand-maistre et commandeur des maisons de l'ordre du Temple en France, salut en notre Seigneur Jésus-Christ, etc. » (Dépôt des archives de l'Aube).
19 mars 1254, Nogent-sur-Seine.
— Marguerite et Thibaut V font connaître les termes d'une transaction entre les
Templiers d'une part, l'abbaye de Notre-Dame-aux-Nonnains de Troyes et les
habitants de Fays, vassaux de cette abbaye, d'autre part. Les habitants de Fays
avaient mis le feu à la grange des Templiers au Perchois, et avaient à main
armée enlevé du bois dans la forêt du Perchois où ils avaient droit d'usage.
Originale, H, fonds de Notre-Dame-aux-Nonnains.
Il ne nous reste aucuns titres primordiaux sur cet ancien établissement, qu'on
nommait autrefois Commanderie de l'Hôpital. Le Commandeur avait dans sa terre
et seigneurie du Perchois toute justice, haute, moyenne et basse. Son domaine
consistait en un château et une chapelle entourés de larges fossés. Dans
l'enclos du château on trouvait un grand jardin, puis un bois au bout duquel
étaient bâties plusieurs métairies. Les terres qui en dépendaient comprenaient
1230 arpents, dont plus de la moitié était en bois, qu'on nommait le Bois de
l'Hôpital.
Dans les terres à labour, situées le long de la Haye aux Filles, on voyait
plusieurs étangs, nommés l'étang de la Vieille-Taillerie, près du chemin de
Tonnerre ; l'étang de Dos-d'Ane, à la suite du précédent ; l'étang de Renouillat,
près du Pont-aux-Verrières ; l'étang Robin, au-dessus de ce dernier ; l'étang
de la Jeune-Tuillerie, près du Château ; l'étang Fagot ; l'étang Jaquot et
l'étang des Fourches.
Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier -
Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)
— Hameau sur la commune de Saint-Phal.
— Perchoi, 1196 (charte de l'abbaye de Notre-dame-aux-Nonnains)
— Perchoy, 1216 (charte de l'abbaye de Notre-dame-aux-Nonnains)
— Percheyum, 1254 (charte de l'abbaye de Notre-Dame-des-Prés)
— Perchium, 1264 (charte de l'abbaye de Notre-dame-aux-Nonnains)
— Parchoy, 1328 (prisie d'Isle-Aumont)
— Perchois, XVIIe siècle (Pouillé)
— Le Perchoir, XVIIIe (carte de Cassini)
— La commanderie, qui en dépendait, en était séparée.
Sources: Dictionnaire topographique du département de l'Aube, par MM.
Théophile Boutiot et Emile Sogard. Imprimerie Nationale M. DCCC. LXXIV.
Lévigny
— Conton de Soulaines
— Luvigneium, 1239 (Charte de l'abbaye de Clarvaux)
— Luvigni, Luvigny, XIIIe siècle (Bibliothèque de Troyes, manuscrits 365)
— Levigneix, 1390 (Fonds de la commanderie du Temple de Troyes)
— Luvigneyum, 1428 (Pouillé)
— Luvigneys, XVe siècle (Pouillé)
— Luvigneys, XVIe siècle (Pouillé)
Sources: Dictionnaire topographique du département de l'Aube, par MM.
Théophile Boutiot et Emile Sogard. Imprimerie Nationale M. DCCC. LXXIV.
Géraudot
— Conton de Piney, autrefois Aillefol.
— Aillefo, 1230 (Cartulaire du Temple)
— Aguillefagus, 1269 (Cartulaire du Temple)
Sources: Dictionnaire topographique du département de l'Aube, par MM.
Théophile Boutiot et Emile Sogard. Imprimerie Nationale M. DCCC. LXXIV.
Picarde (La) (10)
Ferme du Temple de La Picarde
C'est encore sur un défrichement d'une portion de la forêt du Der ou de
Vendeuvre cédée en 1255, par Bernard de Montcuc, qu'on érigea cette ferme. La
Picarde, au sud de Geraudot.
Elle contenait, au siècle dernier, 160 arpents de terres.
Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier -
Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)
La Picarde
— Picarde (La), ferme sur la commune de Géraudot.
— La Picarde, 1473 (Fonds de la commanderie de Troyes).
Polisot (10)
Seigneurie du Temple de Polisot
— Dès 1169, la cure était à la présentation du chapitre cathédral de Langres.
— A Polisot, les Templiers possédaient une partie de la seigneurie avec des
prés et des vignes.
Prunay-Belleville (10)
Les Templiers possédaient déjà à Belleville, commune de Prunay (Aube), des
biens qu'ils avaient acquis des religieux du couvent de la Charité-sur-Loire,
lorsque Carnier de Triangle, seigneur de Marigny, et Hélyssandes, comtesse du
Perthois, sa femme, leur cédèrent la terre et seigneurie de Belleville,
« de Bella villa », pour le prix de 600 livres, monnaie de Provins,
ainsi qu'il résulte de leurs lettres du mois d'août, de l'année 1226.
La maison du Temple de Belleville touchait à l'église et au cimetière du lieu.
Elle se trouvait sur le chemin de Prunay.
Cette maison n'existait plus à la fin du XVIIe siècle. Les terres et friches
qui en dépendaient, au nombre de 425 arpents, étaient affermées en 1759, 250
livres seulement.
La maison de Belleville était une possession de l'Ordre du Temple et plus
particulièrement les Templiers de Laigneville, suite à l'achat fait par les
Templiers aux religieux de La Charité-sur-Loire de tout ce qu'ils possédaient.
Belleville
— Hameau sur la commune de Prunay-Belleville. Les Templiers possédaient des
biens dans ce hameau.
— En 1226, Belle villa juxta Marigny (Cartulaire du Temple).
Rigny-le-Ferron (10)
La maison de Rigny-le-Ferron, devenue membre de la commanderie de Coulours
comprenait, d'après la déclaration de 1338, le gagnage ou la ferme de Gerbeau
et de Rigny, « gagnagium de Gerboyau et de Regny », la dîme et les
terrages du village de Rigny, « ville de Regniaco », les moulins de
Gerbeau, les prés de Flacy, « de Flaciaco », avec plusieurs censives
et revenus seigneuriaux à Gerbeau et à Rigny.
Domaine du Temple de Flacy
Un terrier de l'année 1460 nous dépeint l'état de ruine où la guerre avait
plongé Gerbeau.
Gerbeaux
« A l'Hôpital dé Coulours est appartenant ung lieu et place inhabitable et
ruyneux, nommé Gerbreau, membre de ladite commanderie de Coulours, auquel lieu
et place souloit avoir jadis maison manable, cour, jardins, granches, estables,
avecque deux molins à blé estans en iceluy hostel, lequel estoit fermé de
fossez, contenant arpent et demi; auquel lieu on ne demeura passé cinquante ans
et plus, et est tout par terre en boys et en buissons. »
Les moulins, comme la maison de Gerbeau, étaient établis sur la petite rivière
de Serilly. Il n'en restait plus qu'un au siècle dernier, lequel était afférmé
en 1788, avec la ferme de Rigny, d'une contenance de 188 arpents de terre.
Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier -
Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)
Coulours
La maison de Rigny-le-Ferron, devenue membre de la Maison de Coulours
comprenait, d'après la déclaration de 1338, le gagnage ou la ferme de Gerbeau
et de Rigny, « gagnagium de Gerboyau et de Regny », la dîme et les
terrages du village de Rigny, « ville de Regniaco », les moulins de
Gerbeau, les près de Flacy, « de Flaciaco », avec plusieurs censives
et revenus seigneuriaux à Gerbeau et à Rigny.
Un terrier de l'année 1460 nous dépeint l'état de ruine où la guerre avait
plongé Gerbeau: « A l'Hôpital de Coulours est appartenant ung lieu et
place inhabitable et ruyneux, nommé Gerbreau, membre de ladite commanderie de
Coulours, auquel lieu et place souloit avoir jadis maison manable, cour, jardins,
granches, estables, avecque deux molins à blé estans en iceluy hostel, lequel
estoit fermé de fossez, contenant arpent et demi; auquel lieu on ne demeura
passé cinquante ans et plus, et est tout par terre en boys et en
buissons »
Les moulins, comme la maison de Gerbeau, étaient établis sur la petite rivière
de Serilly.
Il est parlé, dans le Procès, d'une réception faite en 1303, à la fin de
l'année, par le précepteur de France, Gérard de Villiers, en présence du prêtre
du Temple, Albert de Thors, « in camera domus Templi de Gelboe,
Lingonensis diocesis »
Procès des Templiers, tome I, page 561
Videlicet quod,ipse receptus fuerat per fratrem Gerardum de Villaribus
preceptorem tunc Francie, circa festum beati Andree proximo preteritum fuerunt
septem anni, in camera quadam domus Templi de Gelboe Lingonensis
diocesis, presentibus fratribus Alberto de Van de Tors presbytero, Jacobo
de Botencort milite, Lamberto de Toysi serviente, quos credit vivere, in hune
modum nam cum requisivisset panem et aquam societatis et pauperem vestitum
ordinis, et obtulisset se perpetuo velle esse servum esclavum Terre sancte,
dixerunt ei quod bene deliberaret, quia juvenis erat, et videbat eos cum magno
apparatu equorum et vestium, et ipse forsitan talia non haberet, et oporteret
ipsum a se abdicare propriam voluntatem, esurire quando vellet comedere,
vigillare quando vellet dormire, et multa dura et aspera sustinere; et cum
respondisset quod omnia bene sustineret propter honorem Dei, preceperunt quod
exiret dictam cameram, et ipsi deliberarent [...]
Sources: Procès des Templiers, publié par M. Jules Michelet, tome 1 et 2
- Imprimerie Nationale - Paris - M. DCCC. LI.
Or, la maison ainsi désignée serait la petite localité de Gerbeau, voisine de
Coulours, dont le dictionnaire topographique du département de l'Aube, indique
des formes anciennes telles que: Jabael, Gerboeal, Gerboyau.
Il subsiste, en outre, un fragment de recette des maisons « de
Coullors » et « de Girboyau », de la fin de l'année 1307 et de
1308, qui vient confirmer notre attribution « Bibliothèque nationale
manuscrits latin 9035 »
Rosson (10)
Sur une partie des terres provenant de Bernard de Montcuc, situées à Rosson, et
à Aillefol, « in villa Boisson et in villa de Ayllefo. » Les
Templiers y construisirent une Maison.
Mais cette maison que les frères de l'Hôpital, en succédant à ceux du Temple,
avaient réunie à leur commanderie du Temple d'Orient, n'existait plus au XVe
siècle, car nous lisons dans un procès-verbal de visite prieurale de l'année
1456: « Y a appartenant à la commanderie d'Orient, ung membre nommé
Russon, ouquel n'a nulz ediffices, car ils sont cheus et démolys de long temps
par la guerre. »
Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier -
Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)
Rosson
— Hameau sur la commune de Doches.
— Resson, 1236 (Cartulaire de l'Abbaye de Saint-Loup)
— Rosson, 1250 (Cartulaire du Temple)
— Rosse, XVIIe siècle (Pouillé)
— Moulin à vent de Rosson, XVIIIe siècle (Carte de Cassini)
Domaines du Temple de Saint-Mesmin
Ce fut seulement en 1213 que les Templiers prirent pied à Saint-Mesmin. Il
résulte, en effet, d'une charte datée de cette année, sans indication de mois,
sous le sceau de l'official de Troyes, Jean, que le chevalier Henri de
Saint-Mesmin donna alors en aumône, aux Templiers de Payns, trois arpents de
pré sis dans sa nouvelle prairie, du côté de leur maison. Cette aumône ne fut
en réalité qu'une vente déguisée car, en retour, les Templiers versèrent au
chevalier 14 livres, monnaie de Provins (Arch. de l'Aube).
Henri de Saint-Mesmin nous paraît avoir été le même personnage que Henri de
Chennegy (1). Seigneur des deux villages, il est désigné tantôt sous le nom de
l'un, tantôt sous celui de l'autre. Ce fut sous le nom d'Henri de Chennegy
qu'il donna aux Templiers un autre pré ayant appartenu à un de ses hommes de
corps, Robin de Saint-Mesmin, et qui était rentré dans son domaine en vertu du
droit de mainmorte. Ici encore l'aumône pas purement gratuite, car pour ce pré
sis à Saint-Mesmin qui tenait au leur, les Templiers donnèrent au 10 livres
provinoises, comme il appert de la reconnaissance passée en juillet 1216, sous
le sceau de Philippe, abbé de Saint-Loup de Troyes.
1. Aube, arrondissement de Troyes, canton d'Estissac.
Sur Henri de Chennegy ou de Saint-Mesmin, voir E. Morel: Les Croisés de la
Champagne méridionale, page 28 et 29.
Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier -
Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)
Domaine du Temple de Saint-Mesmin
Ce fut seulement en 1213 que les Templiers prirent pied à Saint-Mesmin. Il
résulte, en effet, d'une charte datée de cette année, sans indication de mois,
sous le sceau de l'official de Troyes, Jean, que le chevalier Henri de
Saint-Mesmin donna alors en aumône, aux Templiers de Payns, trois arpents de
pré sis dans sa nouvelle prairie, du côté de leur maison. Cette aumône ne fut
en réalité qu'une vente déguisée car, en retour, les Templiers versèrent au
chevalier 14 livres, monnaie de Provins (Archives de l'Aube).
Henri de Saint-Mesmin nous paraît avoir été le même personnage que Henri de
Chennegy (Aube, arrondissement de Troyes, canton d'Estissac. Sur Henri
de Chennegy ou de Saint-Mesmin, voir E. Morel: Les Croisés de la
Champagne méridionale, p. 28 et 29.). Seigneur des deux villages, il est
désigné tantôt sous le nom de l'un, tantôt sous celui de l'autre. Ce fut sous
le nom d'Henri de Chennegy qu'il donna aux Templiers un autre pré ayant
appartenu à un de ses hommes de corps, Robin de Saint-Mesmin, et qui était
rentré dans son domaine en vertu du droit de mainmorte. Ici encore l'aumône pas
purement gratuite, car pour ce pré sis à Saint-Mesmin qui tenait au leur, les Templiers
donnèrent 10 livres provinoises, comme il appert de la reconnaissance passée en
juillet 1216, sous le sceau de Philippe, abbé de Saint-Loup de Troyes.
Une nouvelle croisade s'organisait alors et Henri de Chennegy voulut y prendre
part. Au moment de partir pour Jérusalem, il devait 200 livres aux Templiers,
leur ayant sans doute emprunté cette somme pour faire face aux dépenses
considérables occasionnées par ces expéditions lointaines.
Du consentement d'Emeline, sa femme, il autorisa ses créanciers à toucher des
mains de ses sergents, pendant son absence, tous les revenus de ses terres de
Fontaine (Fontaine-Saint-George ou Fontaine-les-Grès, Aube, arrondissement
de Nogent-sur-Seine, canton de Romilly) et de Saint-Mesmin. Il évaluait ces
revenus à 100 livres par an. Dans le cas où ils seraient inférieurs à cette
somme, les Templiers, la seconde année écoulée, prendraient sur une autre de
ses terres ce qui leur resterait dû. Si, au contraire, les revenus se
trouvaient supérieurs à l'évaluation, les Templiers garderaient l'excédent pour
le compte d'Henri. La dette intégralement payée, ils continueraient à percevoir
les revenus des deux seigneuries, afin de les remettre au Croisé, le jour où,
Dieu le permettant, il reviendrait dans ses domaines, ou bien de les distribuer
à ses légataires si, ce qu'à Dieu ne plaise, il mourait à la Croisade.
S'il arrivait qu'Emeline décédât avant le retour de son mari, les Templiers
percevraient également, et au même titre, les revenus de la terre de Chennegy,
qu'elle gardait en sa main.
La comtesse de Champagne, Blanche de Navarre,(Fille de Sandre VI, dit le Sage,
roi de Navarre et veuve de Thibaut III), par lettres datées de juillet 1218,
approuva ces conventions, réserve faite de ses droits de fief et de service ;
elle promit même que si les sergents d'Henri se montraient malveillants à leur
égard, les Templiers trouveraient en elle aide et protection (Arch. De l'Aube).
Henri de Chennegy revint de la croisade. Nous le retrouvons de 1228 à 1230,
veuf d'Emeline et remarié à Marie, du consentement de laquelle il vendit alors
aux Templiers pour une somme qu'il n'a pas indiquée, le pré de Courcelles,
situé près de la chapelle de Saint-Mesmin, ainsi que les deux pièces de roseaux
contiguës. En même temps que le domaine, il leur transmit la justice haute et
basse sur cette propriété. Il fut stipulé que les Templiers pourraient faucher
le pré et les roseaux deux fois par an, que tout ce que le pré gagnerait sur la
Seine leur appartiendrait, et qu'ils pourraient le protéger contre les
empiétements de la rivière, comme bon leur semblerait, pourvu toutefois qu'ils
ne gênent pas le cours de l'eau.
Henri de Chenneny céda en outre aux Templiers, comme aumône, droit d'usage pour
leurs troupeaux dans les pâtures de Saint-Mesmin, avec cette clause que si
quelque délit était commis par leurs bestiaux, ils répareraient le dommage
d'après l'estimation de prud'hommes et rentreraient en possession de leurs
bêtes, sans être frappés d'aucune exaction, d'aucune amende. Vente et donation
furent scellées du sceau d'Henri de Chennegy, le jour de la saint Luc, 18
octobre 1230 (Archives de l'Aube, 31 H 14 bis, folio 175. Vidimus daté du
lundi après l'Ascension de l'an 1287).
De 1230 à 1303 nous n'avons rien à relater. A cette dernière date, le commandeur
de la baillie de Troyes (Le copiste a écrit Brie, mais nous avons lieu de
croire à un lapsus calami ou à une faute de lecture) et de Payns était Raoul de
Gizy, receveur des finances royales en Champagne, et nous le voyons alors
revendiquer pour lui et pour les Templiers de Payns le droit de pêcher chaque
année, pendant un jour et une nuit, dans la rivière de Saint-Mesmin.
La rivière appartenait au seigneur du village, le chevalier Pierre de Nully (Haute-Marne,
arrondissement de Vassy, canton de Doulevant), dit Male Grape, qui ne
voulait pas admettre cette servitude et niait le droit de pêche aussi
formellement que Raoul de Gizy l'affirmait.
Les titres vraisemblablement faisaient défaut de part et d'autre, et dans de
telles conditions, de mutuelles concessions s'imposaient.
« A la par de fin », frère Raoul et messire Pierre le comprirent ;
aussi, comparaissant par devant Pierre d'Orléans (Dorliens), citoyen de Troyes,
et Geoffroy de Gondrecourt, clerc juré, ils mirent fin à leur désaccord par le
compromis suivant: Chaque année, dans le mois qui suivrait la fête de la
Nativité de saint Jean-Baptiste, c'est-à-dire du 24 juin au 24 juillet, les
Templiers pourraient pêcher dans la rivière de Saint-Mesmin pendant une nuit,
commençant au coucher du soleil et finissant à son lever. La pêche aurait lieu
« à deux neis (nacelles) seulement, à quatre pescheurs (au maximum), à ung
gardien de poisson et à une roy » (filet de pêche).
Le choix de la nuit était laissé aux Templiers, mais ils devraient prévenir le
seigneur deux jours à l'avance. Il fut, en outre, stipulé qu'ils ne pourraient
pêcher à engin dormant ni à « lurre », et que le fermier de la pêche
ou le seigneur lui-même, s'il ne la donnait pas à ferme, devraient enlever de
la rivière tous les engins qui pourraient s'y trouver. Faute de le faire, les
Templiers auraient le droit de procéder eux-mêmes à cet enlèvement.
Pierre de Nully jura de respecter les clauses du compromis ; il donna, comme
garantie de son serment, tous ses biens, meubles et immeubles, présents et à
venir, et il se soumit, quant à l'observation du traité, non plus à la
juridiction de l'official, mais à celle du roi, du bailli et du prévôt de
Troyes.
L'acte fut notifié et scellé en 1303, « le vendredi après la feste de
Notre-Dame en mi-aout », par Guillaume des Moulins, garde du scel de la
prévôté de Troyes, en présence de Pierre de Barberey (Aube, arrondissement
et canton de Troyes), chevalier, de Jean de Saint-Sépulcre
(Aujourd'hui Villacert, Aube, arrondissement et canton de Troyes),
également chevalier, seigneur du dit Saint-Sépulcre, et de Jean le Reiz (Archives
de l'Aube).
Sources: Templiers et Hospitaliers dans le diocèse de Troyes. La
Commanderie de Payns et ses dépendances: par l'Abbé A. Pétel; 1872.
Saint-Parres-lès-Vaudes (10)
En 1300, Gaucher, écuyer, sire de Mutry, donne pour la paix de son âme tout ce
qu'il possède en justice, en seigneurie, en censives, en loz, en ventes, en
revestemens (Droit du au seigneur par les nouveaux, propriétaires dans
certaines seigneuries), en amendes grosses et gresles, en corvées, en tailles
d'hommes et de femmes, et en toutes autres choses, sans rien excepter, dans les
villages, finages et dépendances de Serre.
Saint-Phal (10)
Domaine du Temple de Saint-Phal
Notre-Dame aux Nonnains, Templiers et
Saint-Phal : les bois du Perchoy au XIIIe siècle.
L'histoire des ordres militaires dans l'Aube, où le plus illustre d'entre eux,
le Temple, a pris naissance, reste encore en grande partie à écrire. Un de ces
prêtres curieux d'érudition locale comme il y en eut naguère, M. Pétel, curé de
Saint-Julien, siège de la commanderie de Sancey, a eu le courage d'entreprendre
cette histoire.
Une dizaine d'articles importants, nourris de textes, de dates, de noms, de
notes, de références disent assez l'ampleur de la tâche qu'il a accomplie.
Ajoutons que son travail, fait avec compétence, minutie, conscience, en un mot
rigueur intellectuelle, n'a rien perdu de sa valeur. Comme il arrive si souvent
en matière d'érudition, M. Pétel a été progressivement amené à élargir le champ
de ses recherches : après les Templiers de la commanderie de Sancey il s'est
intéressé aux Hospitaliers qui ont pris leur suite, puis à d'autres membres de
la commanderie de Troyes : Payns, Villers, Serre, Menois, Bonleu.
Il avait réuni une documentation importante sur la commanderie de Saint-Jean du
Temple de Troyes elle-même, et avait déjà pris bien des notes sur les deux
autres grandes commanderies du département, Thors et Avalleur, quand la mort le
surprit.
Sa nomination à Saint-Julien, le 23 mai 1897, où il mourut le 28 mai 1915,
décida de la troisième part de sa vie d'érudition, dont nous faisons état à la
note suivante.
La première de ces études de détail est celle que nous consacrons ici à un
épisode de l'histoire de la commanderie du Perchoy (1), réunie par la suite à
celle de Troyes comme membre, et dont Pétel n'a pu traiter. On ne trouve, en
effet, dans le cartulaire de la commanderie de Troyes (2), pour ainsi dire rien
sur le Perchoy au moyen âge mais, fort heureusement, le riche fonds de
Notre-Dame aux Nonnains de Troyes y supplée dans une certaine mesure, grâce au
différend qui opposa la grande abbaye de femmes aux Templiers, au sujet des
bois du Perchoy. Ces actes mettent en jeu non seulement ces deux communautés
d'Eglise, mais aussi les seigneurs temporels du lieu, les Saint-Phal, et les
humbles serfs ou hommes de corps qui trouvaient dans ces bois une part essentielle
de leurs moyens d'existence, les villageois de Fay. Il est rare de rencontrer
ainsi les divers groupes sociaux qui pouvaient avoir des droits aussi
différents sur une même terre, et l'intérêt du dossier est encore accru du fait
que les seigneurs de Saint-Phal avaient une part intime dans le gouvernement de
l'abbaye.
Les droits de Notre-Dame aux Nonnains remontent, de façon certaine, à la
donation que fit le comte de Troyes Hugues à l'abbaye de tous ses droits sur un
certain nombre de villages, dont Fay (3).
1. Le Perchoy, commune de Saint-Phal (canton d'Ervy). La graphie Perchois,
que donne ROSEROT, ne s'appuie que sur une seule leçon, Perchoiz, donnée par un
vidimus postérieur d'une dizaine d'années (n° 2), et doit être remplacée par
Perchoy, qu'attestent tous les autres actes, et en particulier tous les
originaux. Devenu, au XVe siècle sans doute, un simple membre de la commanderie
de Troyes, le Perchoy a subsisté jusqu'à nos jours. Les bâtiments, postérieurs,
sont sans grand intérêt, mais les lieux-dits symbolisent bien le passé de cette
ancienne commanderie.
2. Dans le cartulaire de la commanderie de Troyes, du XVe siècle, aux Archives
de l'Aube (31 H, non encore coté — la « cote » provisoire ancienne, 31 H 14
bis, ne pourra être maintenue lors du classement du fonds) sont transcrits les
titres de propriété de la commanderie et de ses membres, conservés aux Archives
nationales (par suite de leur transfert vers la fin du XVIe siècle au Temple de
Paris.
3. Hugues donna à Notre-Dame les villages de (Mesnil) Sellières et de Fay, et
les droits qu'il possédait sur ceux de Lépine, Linçon, Champigny, Montaulin,
Virey [sous Bar] et Courtenot. Après l'incendie de 1188 cette donation fut
renouvelée par le comte Henri II dans sa « Carta magna Trecensis » (LALORE,
Notre-Dame-aux-Nonnains, n° 7, page 10-11).
Rappelons qu'Hugues quitta son comté pour prendre l'habit du Temple, en 1125 au
plus tard.
Saint-Phal
Nous formons le projet de publier dans son ensemble ce précieux cartulaire.
Mais on n'y trouve, bien entendu, que les actes reçus par la commanderie. Les
actes expédiés par les commandeurs, tout aussi précieux, se trouvent dans les
fonds d'archives des destinataires. C'est de cette recherche, beaucoup plus
ardue, que nous donnons ici un premier résultat.
Rédigé avec la plus grande précision, il est d'un grand intérêt. Il donne à
croire que les seigneurs de Saint-Phal, sur les bois desquels les villageois de
Fay ont des droits, avaient déjà fait des libéralités. Dans le village même,
infra villam, de Fay, Notre-Dame a toute justice, mais il se peut que les
habitants de Fay, hommes de corps, serfs et justiciables de l'abbaye,
commettent quelque forfait envers le seigneur de Saint-Phal : celui-ci exerce
un droit de justice selon des modalités définies dans l'acte. En dehors du
village même de Fay, c'est le seigneur qui a toute justice — on se rappelle que
les justices foncières ne rendaient pas seulement la justice, mais exerçaient
aussi certaines fonctions d'administration publique. Notre-Dame a un droit
d'usage, en ce qui concerne le bois de chauffage, sur les bois du Perchoy et de
Bayse (?). Les hommes de Fay aussi. Ils peuvent même vendre du bois mort à
Troyes. Le seigneur, bien entendu, réserve les bois de plus grande valeur,
chênes et hêtres : les hommes de Fay ne pourront y scier que ce qu'ils
pourraient couper à la main. Ils pourront toutefois y prendre du merrain, pour
construire ou remettre en état leurs maisons, mais ils ne pourront le faire
qu'après avoir prévenu le maire ou le forestier du seigneur de Saint-Phal. Les
porcs de Fay pourront aller à la glandée sur les bois du Perchoy et de Bayse
(?) sans payer de droit de panage. Si les hommes de Fay trouvent des essaims
d'abeilles — le miel tenait alors une grande place dans l'alimentation —, ils
apartenaient à Notre-Dame aux Nonnains.
En bref cette définition des droits respectifs, très généreux envers les
villageois de Fay, dont on ne voit pas ce qu'ils pouvaient souhaiter de plus
sur des bois qui n'appartenaient ni à l'abbaye, ni à eux-mêmes, devait prévenir
tout différend.
Avaient donc des droits sur les bois du Perchoy, dès le XIIe, siècle, le
seigneur de Saint-Phal, Notre-Dame aux Nonnains, et les villageois de Fay. Il
s'y ajouta, dans la première moitié du XIIIe, siècle, les Templiers de la
commanderie du Perchoy. Nous ne savons à quelle date celle-ci fut fondée : elle
le fut très certainement après 1197, car si la commanderie avait alors existé
elle n'aurait pu ne pas être mentionnée dans l'acte de l'a comtesse Marie. En
tout cas André I, seigneur de Saint-Phal, sans doute à court d'argent, comme
tant de ses semblables vendit au Temple de France, avec ses frères Eude,
Joibert, Guillaume, Pierre et Jean, une part importante de leurs bois, avec le
fonds de terre, dans la forêt du Perchoy (4).
4. Cf. infra, n° 2. Cette vente est sans doute à l'origine de la commanderie
du Perchoy.
La date ne nous est pas connue de façon exacte, mais il est possible de la
préciser quelque peu.
Les Sainte-Fale garantissaient les bois exempts de toute servitude, de tout
droit d'usage. C'était ne pas compter avec les habitants de Fay qui, à juste
titre, réclamèrent le droit d'usage qui leur avait été confirmé en 1197. Les
Templiers se retournèrent contre André et celui-ci dut, en compensation de sa
garantie, asseoir au Temple quatre-vingt-trois arpents moins un demi-quartier,
à l'arpent de Champagne, d'un seul tenant, entre Saint-Phal et les terres
arables que la commanderie possédait sous Saint-Phal. Après avoir refusé de
reconnaître cette assiette, le fils aîné et successeur d'André I, appelé alors
du diminutif Androin, du fait de son jeune âge, André II dut s'incliner, en
avril 1253 (v.st.), avec son oncle Jean, son frère, Pleure et sa propre femme,
Perronelle, et reconnaître l'assiette faite par son père André I.
Vers la même date, ou plutôt avant, la commanderie du Perchoy avait été
dévastée par les villageois de Fay. Connus pour leur dureté, les Templiers
durent entendre de la façon la plus restrictive des droits d'usage qui les
importunaient. Ils poussèrent à bout les habitants de Fay, et les amenèrent à
une de ces actions de violent désespoir dont notre époque n'a pas, hélas ! Le
triste privilège. Les habitante de Fay se rendirent à la commanderie du
Perchoy, y incendièrent la grange et les biens des Templiers. Ils allèrent en
armes aux bois du Perchoy qui appartenaient à la commanderie, et y scièrent et
prirent du beau bois, en dehors, bien entendu, de leurs droits d'usage.
Les Templiers portèrent l'affaire devant le comte de Champagne, le
roi-chansonnier, Thibaut IV. Ils demandaient 1447 livres de provinois forts
pour l'incendie de leur commanderie, somme énorme qui montre l'ampleur des
dévastations, et 300 livres pour les bois pris par les habitants au-dessus de
ce à quoi ils avaient droit. Surtout ils saisissaient l'occasion pour réclamer,
en punition des excès des villageois, l'abolition du droit d'usage des
habitants de Fay sur leurs bois du Perchoy, si tant est qu'ils en aient eu un :
ils avaient montré à l'égard des Saint-Phal combien cette atteinte à leur
pleine propriété des bois leur pesait. De son côté Notre-Dame aux Nonnains prit
parti pour ses serfs de Fay. Le conseil de Champagne s'entremit, mais ce n'est
que deux ans plus tard, le 19 mars 1255 (n.st) que l'accord fut conclu entre
les parties, sous le sceau de la reine de Navarre Marguerite de Bourbon, veuve
de Thibaut IV, et de son fils, le jeune Thibaut V. Trois actes au moins furent
dressés : à celui de Marguerite et de Thibaut il s'ajoute une charte expédiée
par le précepteur du Temple en France, Gui de Basenville, encore conservé dans
le fonds de l'abbaye, et, sans aucun doute, une charte de Notre-Dame aux Nonnains
en faveur du Temple, perdue avec la plupart des archives de l'ordre.
Les Templiers obtenaient bien dans une large mesure la suppression du droit
d'usage abhorré ; mais dans cette mesure seulement. Le bétail, sauf les oies et
les chèvres, le gros bétail donc, de l'abbaye et des villageois de Fay,
conservait le droit de commune pâture sur les bois du Perchoy, mais seulement
après la sixième feuille. Notre-Dame aux Nonnains ne pourrait plus prendre de
merrain que pour la construction et l'entretien de la grange (herbergagium)
qu'elle possédait jouxte Fay, et le Temple multipliait les précautions : le
gardien de la grange devrait demander l'autorisation au frère du Temple chargé
de la garde du bois, et il ne pourrait prendre au lieu assigné par le Templier
que la seule pièce strictement nécessaire ; dans toute la mesure du possible,
il devrait utiliser le vieux merrain ; il lui faudrait conserver le restant
pour le Temple, et le remettre dans un délai de trois semaines au plus tard ;
il prêterait serment au Templier garde des bois. Les Templiers pouvaient enfin
se sentir chez eux dans leurs bois de Perchoy, mais au prix d'importantes
concessions. Non seulement ils renonçaient à tous dommages et intérêts — les
hommes de Fay étaient certainement incapables de payer des sommes aussi
importantes —, mais surtout ils abandonnaient à Notre-Dame aux Nonnains, en
toute propriété, quatre-vingts arpents de bois : la suppression partielle, dans
toute la mesure du possible, du droit d'usage, faisait perdre au Temple les bois
qu'André I de Saint-Phal avait dû leur donner en compensation.
Ces dispositions furent enfreintes peu de temps après. L'abbesse, Ysabel de
Châteauvillain, fit enlever au bois du Perchoy une pièce de merrain, sans
l'accord du Temple. Celui-ci ne pouvait pas ne pas répondre à cette atteinte à
ses droits. Malgré le peu d'importance du corps du délit, il porta, pour le
principe, l'affaire devant l'official de Troyes. Si intransigeante qu'elle se
soit montré — qu'on se rappelle les démêlés d'Odette de Pougy et d'Ysabel de
Saint-Phal contre Saint Urbain et les Jacobins de Troyes — Notre-Dame aux
Nonnains ne pouvait, en l'occurrence, que s'incliner. Le siège abbatial étant
vacant par suite du décès d'Ysabel, la prieure, pour Notre-Dame, et André de
Joigny, commandeur de Payns, pour le Temple, firent le 13 avril 1264 (n. st.),
un compromis. Ils se soumirent à l'arbitrage des prieurs de Notre-Dame en
l'Isle et de Saint-Paul (des Jacobins) de Troyes, arbitrage qu'ils
s'engageaient à accepter à peine de vingt livres de provinois. Les prieurs
prononcèrent leur arbitrage au mois de décembre. Il était plutôt favorable à
Notre-Dame, à qui il permettait de sauver la face. L'abbaye payait bien cent
sous provinois, mais comme de sa propre initiative, sans qu'elle y fût tenue, et
dans un esprit de paix et de concorde, pro bono pacis et concordie :
sa susceptibilité était sauve. Mais les droits du Temple, comme il était
naturel, étaient confirmés. S'il faisait la preuve de l'enlèvement de la pièce
de merrain par l'abbesse, elle lui serait restituée. Surtout l'abbaye
s'engageait à s'en tenir à la lettre de l'accord de 1125, et il ne semble pas
qu'il y ait eu un nouveau différend entre Notre-Dame aux Nonnains et le Temple.
Du moins nous n'avons pas trouvé de documents qui nous gardent le souvenir de
nouveaux démêlés.
1253, 20 à 30 avril, ou 1er à 11 avril
(n. st.) 1254. — [Troyes, en l'officialité]
Maître Etienne, official de Troyes, notifie l'abandon par Androin, écuyer,
seigneur de Saint-Phal, au Temple de quatre-vingt-trois arpents moins un
demi-quartier de bois, d'un seul tenant, entre Saint-Phal et les terres arables
que possède sous Saint-Phal la maison du Temple du Perchoy. André de
Saint-Phal, son père, avec ses frères Eude, Joibert, Guillaume, Pierre et Jean
(1), avait vendu au Temple des bois au Perchoy, exempts de toute servitude,
avec garantie. Après la vente les hommes de Fay avaient réclamé leur droit
d'usage, et André, en compensation de la garantie qu'il ne pouvait apporter
(2), avait assigné au Temple ces quatre-vingt-trois arpents moins un
demi-quartier de bois (3). Ne reconnaissant pas cette assignation Androin était
entré en différend avec le Temple.
Androin et son frère Pierre reconnaissent la validité de l'assignation. L'acte
est confirmé par les oncles paternels et femme d'Androin, Jean de Saint-Phal,
et Perronelle.
A. Original perdu.
B. Vidimus sous le sceau (4) de l'officialisé de Troyes, de mai 1264, Archives
de l'Aube, 22 H Fay (5).
1. Sur André I de Saint-Phal, ses frères Jean, Guillaume et Joibert, voir infra,
n° 11 à 14.
La mention d'Eude permet de préciser un peu la date de cette vente. Eude était
en effet décédé le 16 novembre 1240 (cf. infra, n° 15), et sa veuve était déjà
remariée. Son nom n'apparaît pas dans les actes de juillet 1239 (cf. infra, n°
11 à 14) ; sans doute était-il mort. La vente doit donc être antérieure à
juillet 1239.
2. Il est inutile de souligner l'extrême intérêt, au point de vue de l'histoire
du droit, de la réalisation de cette garantie, largement développée dans
l'acte.
3. Un quartier vaut un quart d'arpent. D'après les Tables de comparaison...
(Troyes, Sainton, an VIII), l'arpent forestier, de 100 cordes ou perches
carrées, la perche linéaire étant de 22 pieds, avait cours, à la veille de la
Révolution, dans tout le département, pour les eaux et forêts (1 arpent
forestier = un peu plus d'un demi-hectare, 51 ares). Mais en était-il déjà
ainsi au XIIIe siècle ?
4. Sceau en bon état. Sur Le repli : collacio facta est.
5. L'acte n'a peut-être été classé dans le fonds de Notre-Dame aux Nonnains
(bouleversé plusieurs fois) qu'au XIXe siècle : en ce cas, il pourrait provenir
de la commanderie du Temple de Troyes pour son membre du Perchoy — qu'il
concerne directement, alors qu'il n'a qu'un rapport indirect avec Notre-Dame
aux Nonnains — encore qu'il ne soit pas transcrit dans le cartulaire de la
commanderie. En tout cas, dans le doute, il convient de le laisser dans le
fonds de Notre-Dame aux Nonnains.
1255 (n. st), 19 mars. — [Nogent-sur-Seine]
Marguerite, reine de Navarre, comtesse palatine de Champagne et de Brie, et
Thibaut [V] son fils, roi de Navarre, comte palatin de Champagne et de Brie,
notifient l'accord intervenu, grâce à la médiation du Conseil de la Cour de
Champagne, entre le Temple, la communauté de Fay et l'abbaye de Notre-Dame aux
Nonnains, qui avait pris fait et cause pour ses hommes de Fay.
Par suite des excès commis par les hommes de Fay, l'abbaye et la communauté
renoncent à leur droit d'usage sur les bois du Perchoy, sauf des communes
pâtures pour leur bétail de la maison de Fay, après la sixième feuille, et un
droit d'usage, strictement précisé, pour la fourniture en merrain de leur
grange (herbergagium) jouxte Fay. Le Temple cède à Notre-Dame aux Nonnains
quatre-vingts arpents de bois.
A. Original sur parchemin, scellé de deux sceaux (débris) sur lacs de soie,
23 X 31,5 + 2,5 (repli) cm, Archives de l'Aube, 22 H 1621 (cote provisoire).
Analysé : H. (TARBOIS DE JUBAINVILLE, Catalogue des actes des comtes de
Champagne, n° 3073 (Histoire des ducs et des comtes de Champagne, tome V, page
471).
1255 (n. st.), 19 mars. — [Nogent-sur-Seine]
Gui de Basenville, précepteur du Temple en France, notifie l'accord intervenu
grâce à la médiation du Conseil de la Cour de Champagne, entre le Temple, la
communauté de Fay et l'abbaye de Notre-Dame aux Nonnains, qui avait pris fait
et cause pour ses hommes de Fay. Par suite des excès commis par les hommes de
Fay, l'abbaye et la communauté renoncent à leur droit d'usage sur les bois du
Perchoy, sauf des communes pâtures pour leur bétail de la maison de Fay, après
la sixième feuille, et un droit d'usage, strictement précisé, pour la
fourniture en merrain de leur grange (herbergagium) jouxte Fay. Le Temple cède
à Notre-Dame aux Nonnains quatre-vingts arpents de bois.
A. Original sur parchemin (1), jadis scellé sur lacs de soie verte et rouge,
36,5 X 28 + 2 (repli) cm, Archives de l'Aube, 22 H (cote provisoire, 1622).
B. Vidimus, sous le sceau de la Prévôté de Troyes, du 28 mai 1374, Archives de
l'Aube, 22 H, Fay (cote provisoire, 1622).
— C. Vidimus, sous le sceau de l'officialité de Troyes, du 15 juin 1381, ibid.
— C. Traduction de ce vidimus par Mathurin Bonneton, licencié en droit, vice
gérant en l'officialité de Troyes, du 5 janvier 1584 (en double), ibid.
Analysé LALORE, Notre-Dame-aux-Nonnains, n° 179, p. 111.
1. Au dos, d'une main du XIVe siècle : lettre des bois dou Temple et, d'une
main du XVe siècle pour la grange et ville de Fay etc.
1264 (n. st.), 13 avril. — [Troyes, en
l'officialité]
L'official de Troyes notifie le compromis d'arbitrage intervenu entre
Notre-Dame aux Nonnains et le Temple. Le Temple accusait feu Ysabel jadis
abbesse de Notre-Dame aux Nonnains, d'avoir outrepassé ses droits sur le bois
du Perchoy. La prieure, au nom de l'abbaye, et André de Joigny (1), précepteur
de la baillie de Payns, au nom du Temple, s'en remettent à l'arbitrage des
prieurs de Notre-Dame en l'Isle et de Saint-Paul de Troyes.
Au cas où le siège abbatial serait encore vacant quand les prieurs
prononceraient leur arbitrage, la prieure et les nonnes s'engagent à la faire
ratifier, dans la mesure du possible, dans les meilleurs délais par la nouvelle
abbesse.
A. Original sur parchemin, scellé (débris) sur double queue de parchemin, 22
x 22 + 2 (repli) cm, Archives de l'Aube, 22 H (cote provisoire, 1623).
1. André de Joigny était déjà précepteur de Payns en mars 1263, n. st.
(cartulaire de la commanderie du Temple de Troyes, fol. 182 r° -v°)
1264, décembre. — [Troyes, en l'officialité]
L'official de Troyes notifie l'arbitrage prononcé, en sa présence, par les
prieurs de Notre-Dame en l'Isle et de Saint-Paul de Troyes, sur le différend
survenu entre Notre-Dame aux Nonnains et le Temple, au sujet du bois du
Perchoy.
L'abbesse (70) paiera cent sous provinois au Temple, et est confirmée dans son
droit d'usage ; si le Temple apporte la preuve que l'abbesse a fait enlever une
pièce de merrain du bois du Perchoy, elle le lui fera restituer.
A. Original sur parchemin (71), jadis scellé de trois sceaux sur double
queue de de parchemin, 0,25 X 17 (à gauche) — 15 (à droite) + 1,5 (repli) cm,
Archives de l'Aube, 22 H, Fay (cote provisoire 1624).
1240, 16 novembre. — [Troyes, en l'officialité]
Maître Thiébaud de Pommeure, official de Troyes, notifie l'échange d'une femme
de corps fait entre Marguerite, dame de Pringy, veuve d'Eude de Saint-Phal,
chevalier, femme de Jocelin d'Avalon, et Milet, son fils, d'une part, et le
Temple, de l'autre.
Sancey (Saint-Julien-les-Villas) (10)
Comment l'Ordre du Temple est devenu possesseur de la terre de Sancey. —
Donations et autres actes concernant le domaine de Sancey de l'an 1205 à l'an
1307.
A la fin du XIIe siècle, la terre et seigneurie de Sancey, aujourd'hui
Saint-Julien, appartenait au comte de Champagne, Henri Il dit le Jeune.
A une date que nous ne pouvons préciser, mais qu'il faut nécessairement placer
entre le 16 mars 1181, jour de son avènement, et le 10 septembre 1197, jour de
sa mort, il la donna, en tout ou en partie, au chevalier Vilain de
Alneto, Vilain d'Aulnay (2).
Vilain n'en demeura pas longtemps possesseur.
2. Département: Aube, Arrondissement: Arcis, Canton: Chavanges.
— Vilain d'Aulnay était probablement fils d'Erard d'Aulnay, maréchal de
Champagne en 1184, qui mourut excommunié en 1185.
Voulant assurer, dans la mesure du possible, le salut de son âme, de l'âme de
ses parents et de celle de son illustre bienfaiteur, le comte Henri II, il
donna en effet, comme aumône, et sans aucune réserve, à la Chevalerie du
Temple, tout ce qu'il possédait dans le village de Sancey et ses dépendances,
tant en moulins qu'en bois, terres, prés et eaux.
Les témoins de cette donation furent Oger de Saint-Chéron et Guillaume, son
frère, Gui de Chappes, Clérembaud de Chappes, Geoffroy de Villehardouin et
Geoffroy Putemonnoie. Etaient également présents, non comme témoins requis par
le donateur, mais sans doute comme représentants de l'Ordre du Temple, et pour
accepter le don, frère Robert de Chaurville, commandeur du Temple d'Acre, et
Guillaume des Ardillières, maréchal de la chevalerie du Temple.
Le frère de Vilain d'Aulnay, Oudart (6), maréchal de Champagne, confirma la
donation, par lettres données à Vitry, au mois de février 1206.
6. Eudes, Oudart ou Odard d'Aulnay, qui avait suivi le comte Henri II à la
seconde croisade, succéda probablement à son père Erard comme maréchal de
Champagne. En 1227, il résigna sa charge, mais conserva cependant le titre
honorifique de maréchal jusqu'en 1235. Pour plus amples renseignements sur ce
personnage, voire d'Arbois de Jubainville : histoire des comtes de Champagne,
tome IV, pages 118, 163, 512 et 513.
L'acte de donation et celui de confirmation furent vidimés par l'official de
Troyes au mois de novembre 1254, et c'est ainsi que nous les connaissons, les originaux
ayant disparu.
Deux copies du vidimus existent : l'une aux Archives nationales (7), l'autre
aux Archives de l'Aube (8). Dans celle-ci, la donation porte la date de 1205 ;
dans l'autre, elle n'est pas franchement datée ; le dernier chiffre a été tracé
d'une main mal assurée ; s'il ressemble à un 1, c'est seulement d'une
ressemblance très relative, très éloignée.
7. S. 4956.
8. 31 H 14 bis, folio 95 et 96, nouvelle pagination.
S'appuyant sur ce dernier document, et n'ayant sans doute pas eu connaissance
de celui des Archives de l'Aube, M. Mannier, dans son Histoire des Commanderies
du Grand Prieuré de France, n'hésite pas à placer la libéralité du seigneur de
Sancey en l'année 1201, et il ajoute : « Il est probable que Vilain d'Aulnay se
trouvait alors en Terre Sainte, car sa donation est faite en présence de
Guillaume des Ardillières, maréchal de la chevalerie du Temple, et de Robert de
Chaurville, commandeur du Temple d'Acre. »
La conclusion n'est pas rigoureuse, nous le disons avec tout le respect dû au
nom de M. Mannier, et la date qu'il propose ne saurait être admise.
En effet, si Guillaume des Ardillières et Robert de Chaurville se trouvaient en
Terre Sainte, en l'année 1201, ce que nous admettons volontiers, les autres
témoins de la donation, Oger de Saint-Chéron, Gui de Chappes, Geoffroy de
Villehardouin, etc., étaient encore en Champagne, se préparant à la quatrième
Croisade, et ce fut seulement dans l'octave de la Saint-Remi de l'année 1202
qu'ils s'embarquèrent à Venise (9).
9. Petitot, Mémoires sur l'Histoire de France : Villehardouin, pages 22,
148.
Chacun sait comment les Croisés se trouvèrent détournés du but de leur
entreprise et furent amenés, d'abord à s'emparer de Zara, puis de
Constantinople, remettant à un lendemain, qui ne devait pas venir, leur entrée
en Palestine.
Sans doute plusieurs chevaliers protestèrent contre des expéditions qui
n'avaient avec la Croisade proprement dite que des rapports très éloignés, et
abandonnèrent le gros de l'armée pour passer en Terre Sainte. Mais les
seigneurs, témoins de la donation de Vilain d'Aulnay, ne furent pas du nombre
de ces dissidents ; ils restèrent unis aux Vénitiens, et Geoffroy de
Villehardouin, notamment, prit une part active et brillante à la conquête de
Constantinople, puis à l'organisation et à la défense de l'Empire latin.
La donation n'eut donc pas lieu en 1201 en Terre Sainte, puisqu'à cette date
cinq au moins des témoins désignés étaient encore en Champagne, et que,
d'ailleurs, ils ne mirent pas le pied en Palestine. Elle eut lieu en 1205,
comme l'indique le vidimus des Archives de l'Aube, et à Constantinople, puisque
lesdits témoins se trouvaient alors dans cette ville.
Reste, il est vrai, pour que la démonstration soit complète, à expliquer la
présence à Constantinople, en 1205, des deux autres témoins, les Templiers
Guillaume des Ardillières et Robert de Chaurville, mais l'explication nous
paraît facile.
En 1204, le légat du pape, Pierre de Capoue, estimant, avec raison, qu'il
importait, pour le succès des Croisades futures, de maintenir Baudouin sur le
trône de Constantinople, ordonna aux Croisés, dont l'action était à peu près
nulle en Palestine, de joindre leurs forces à celles du nouvel empereur. En
exécution de cet ordre, une flotte partit de Syrie pour Constantinople,
portant, avec la plupart des Croisés, un certain nombre de chevaliers du Temple
et de l'Hôpital, que Baudouin établit dans sa capitale (10).
10. Petitot, Mémoires sur l'Histoire de France : Villehardouin, pages 66,
324.
N'est-il pas permis de penser, je dirai même d'affirmer, sans témérité, que
Guillaume des Ardillières et Robert de Chaurville, comme dignitaires de l'Ordre
du Temple, eurent à cœur de donner l'exemple de l'obéissance au légat du pape
et qu'ils quittèrent alors la Terre Sainte, pour se mettre à la tête de leurs
frères et présider à leur établissement ?
La présence de Robert de Chaurville dans cette armée de secours nous parait
d'autant plus naturelle, que la femme de Baudouin, Marie de Champagne (11),
venait de mourir à Acre, et qu'il s'agissait de porter la triste nouvelle à
l'empereur, avec force détails sur l'arrivée, le séjour et les derniers moments
de son épouse bien-aimée. Nul, semble-t-il, ne pouvait mieux remplir cette
délicate mission que le commandeur du Temple d'Acre.
11. Marie de Champagne avait pris la croix avec son époux, mais une
grossesse l'avait retenue en Flandre lors du départ des Croisés. Après ses
couches, fidèle à son engagement, elle voulut rejoindre l'armée et elle
s'embarqua à Marseille pour Saint-Jean-d'Acre, où elle croyait trouver
Baudouin. Ce fut là qu'elle apprit son élévation au trône. Elle en mourut de
joie au moment où elle allait s'embarquer pour aller à Constantinople partager
lagloire de son mari.
N'insistons pas ; il nous parait maintenant clairement établi que la donation
de la terre de Sancey aux Templiers eut lieu en 1205, à Constantinople, et nous
nous croyons amplement autorisé à ajouter à la liste des seigneurs champenois,
qui prirent part à la quatrième Croisade, les noms, jusqu'ici non mentionnés,
de Vilain d'Aulnay, de Guillaume de Saint-Chéron et de Geoffroy Futemonnoie.
D'après M. Boutiot, dès le mois de janvier 1209, les Templiers, établis à
Sancey, étaient en procès avec leurs voisines, les religieuses du prieuré de
Foicy, qui voulaient empiéter sur leurs droits seigneuriaux. Abandonnant leurs
prétentions sur le village de Sancey, les religieuses finirent par « se
contenter d'un droit d'usage dans le bois de l'Orme, situé au territoire de
Sancey et sans doute dans le voisinage du moulin Le Roi, afin de chauffer leur
four (13). »
13. Boutiot : Histoire de la ville de Troyes et de la Champagne méridionale,
tome 1, page 288.
Nous n'avons pas trouvé trace de ce procès, et, à vrai dire, nous avons peine à
croire que les religieuses de Foicy aient contesté aux Templiers leurs droits
sur le village même de Sancey, quatre ans à peine après la donation de Vilain
d'Aulnay.
L'importance du fonds de Foicy, que M. Boutiot cite comme source, sans autre
indication, c'est-à-dire sans aucun point de repère, rend le contrôle bien
difficile, pour ne pas dire impossible. Cependant, après l'examen sommaire que
nous avons fait de ce fonds, un seul point, selon nous, reste acquis, c'est
qu'au mois de mars 1209 (v. st.) frère A. de Coulours, maître du Temple de France,
de l'avis et du consentement de frère Guillaume ecclesiastici Bovis
(sic), son prédécesseur, de frère Aimard et d'autres chevaliers, reconnut
aux religieuses de Foicy, pour le chauffage de leur four seulement, un droit
d'usage dans le bois de l'Orme près de Sancey (15).
15. Archives de l'Aube, Fonds de Foicy, 21 H 3.
Il n'y eut donc ni procès, ni transaction, mais reconnaissance explicite d'un
droit concédé aux religieuses de Foicy, en 1187, par le comte de Champagne
Henri II (16). Le bois étant passé des mains du comte dans celles de Vilain
d'Aulnay, puis des mains de ce dernier dans celles des Templiers, il était tout
naturel que les religieuses demandassent au nouveau propriétaire de reconnaître
leur droit.
16. Il résulte de cette concession, relatée par M. Boutiot lui-même
(opuscule cité, I, 271), que le comte Henri possédait encore la terre de Sancey
en 1187, et que la donation qu'il en fit à Vilain d'Aulnay est postérieure à
cette date et doit être placée entre 1187 et 1197.
Cette reconnaissance prouve qu'en 1209 les Templiers possédaient la terre de
Sancey, ce qui, d'ailleurs, n'a plus besoin d'être démontré, mais elle ne
prouve nullement qu'ils étaient alors établis dans le village, comme l'affirme
M. Boutiot.
Sur ce point, le doute au moins reste permis, et cela pour trois raisons :
d'abord, dans la donation de Vilain d'Aulnay, nous ne voyons pas figurer de
maison d'habitation, mais simplement un moulin ; ensuite, le droit d'usage dont
nous venons de parler est reconnu non par les Templiers de Sancey, mais par A.
de Coulours, qualifié maître du Temple de France ; enfin, les donations qui,
les années suivantes, vinrent augmenter le domaine de Sancey, furent faites non
à la maison du Temple de ce village, mais aux Templiers sans spécification.
Nous rappellerons ces donations et les autres actes concernant le domaine de
Sancey, en suivant simplement l'ordre chronologique.
La première donation qui s'offre à nous est datée de 1217.
Elle a pour objet un charpentier de Courgerennes, nommé Droyn, fils de Pierre
Gorois et d'Emeline, et homme de corps d'Alix, femme du chevalier Guillaume de
Courgerennes.
Pour le salut de son âme et de celles de ses ancêtres, Guillaume, du
consentement et avec l'approbation formelle de sa femme, donna ledit Droyn et
ses descendants à Dieu et aux Frères de la chevalerie du Temple.
Faite d'abord par devant Champagne, chanoine de Troyes, et Etienne, curé de
Sancey, qui en dressèrent l'acte, la donation fut ensuite, à la demande de
Guillaume, scellée et notifiée par maître Guyard, archidiacre et official de
Troyes (18).
18. Archives de l'Aube, Cartulaire du Temple, 31 H 14 bis, folio 93,
nouvelle pagination.
Au mois d'août 1229, le bailli de Troyes ; Guillaume Putemonnoie, et Elisabeth,
sa femme, donnèrent en aumône, aux frères de la milice du Temple, la moitié du
pré qu'ils possédaient près du moulin Saint-Loup, vers la Bretonnière (19), et
appelé le pré du Soillar. Quant à l'autre moitié, ils la vendirent
aux mêmes religieux. Devant l'official de Troyes, ils s'engagèrent à ne jamais
revenir ni sur la donation, ni sur la vente, et garantirent aux Templiers la
possession du pré contre toute revendication (20).
19. Ferme, commune de Verrières (Aube), Arrondissement de Troyes, Canton de
Lusigny. La Bretonnière était une grange appartenant à l'abbaye de Saint-Loup
de Troyes.
20. Archives de l'Aube, Cartulaire du Temple, 31 H 14 bis, folio 94, nouvelle
pagination.
En 1233, au mois de décembre, le vendredi avant la fête de Saint-Nicolas, sous
le sceau de Pierre de Clesles, official de Troyes, le chevalier Guillaume de
Rouillerot (21) céda également, à titre purement gratuit, c'est-à-dire comme
aumône, aux Religieux du Temple, tous les droits qu'il avait, ou pouvait avoir,
sur dix arpents de terre sis au finage de Sancey, lieudit la Vasonnière,
et tenus à cens par Hugues de la Renouillère (22), écuyer.
21. Hameau de Rouilly-Saint-Loup (Aube), Arrondissement de Troyes, Canton de
Lusigny.
22. Hameau de Saint-Julien (Aube), Arrondissement et Canton de Troyes.
Devenu ainsi feudataire des Templiers pour ces dix arpents, Hugues de la
Renouillère voulut également l'être pour deux jardins, sis près des vignes de
Sancey et qu'il possédait en franc-alleu. Ces jardins, avec les dix arpents de
terre, constituèrent donc un fief, mouvant désormais de la seigneurie du Temple
de Sancey (23).
23. Archives de l'Aube, Cartulaire du Temple, 31 H 14 bis, même cote, folio
95.
Soit par suite de donations, soit autrement, les Templiers avaient des biens à
Villepart (24) dans la justice, la censive et les terrages de l'abbaye de
Saint-Loup de Troyes. Au mois de juin 1244, dans le but, très louable,
d'empêcher à l'avenir tout différend entre les deux communautés, l'abbé de
Saint-Loup, G., reconnut et confirma toutes les possessions des Templiers et
leur en assura à perpétuité la paisible jouissance, réserve faite cependant des
droits de justice, des cens et des coutumes qu'on payait annuellement à
l'abbaye dans l'octave de Pâques.
24. Département: Aube, Arrondissement et Canton: Troyes, Hameau: Bréviandes
- 10
Il fut, de plus, stipulé qu'à l'avenir les frères de la milice du Temple ne
pourraient faire aucune nouvelle acquisition dans la justice de l'abbaye, sans
avoir préalablement demandé et obtenu le consentement de l'abbé (25).
25. Archives de l'Aube, Cartulaire du Temple, 31 H 14 bis, même cote, folio
95.
En 1255, le lendemain de la Pentecôte, Thibaut d'Assenay (26), drapier, et
Julienne sa femme, qualifiés bourgeois de Troyes, cives trecentes,
reconnurent, toujours sous le sceau de l'official de Troyes, tenir à cens du
précepteur et des frères de la milice du Temple, sans désignation de
commanderie, 2 pourpris, 67 arpents de terre en 20 pièces et 19 arpents de pré
en 7 pièces.
26. Département: Aube, Arrondissement: Troyes, Canton: Bouilly - 10
Le cens annuel, payable à la Saint-Rémi, était de 12 deniers pour chaque
pourpris, et d'un denier seulement pour chaque arpent de terre ou de pré. Les
deux pourpris étaient à Menois ; les terres et les prés, partie sur Menois et
partie sur Sancey (28).
Un acte du mois de mai 1257 relate un échange conclu entre les Templiers et les
Religieux du prieuré de Notre-Dame-en-l'Isle de Troyes (29).
28. Voici le détail de ces biens :
— Terres : 15 arpents lieudit la Hate ; 4 arpents in oschia de furno ; 5
arpents, derrière la maison de Jaquin Jovenet; 2 arpents en Quarette ; 1 arpent
devant la bergerie du Temple ; 8 arpents aux Vignettes ; 2 arpents près du
Pré-Dieu ; 7 arpents au Nodain ; 5 arpents sur la Corvée ; 1 arpent près de la
Corvée, ayant appartenu à défunt Gui Adlo (?) ; 2 arpents près de la Haye
Boiart ; 1 arpent devant Lardeli ; 2 arpents derrière la maison de Renaud
Guagni ; 1 arpent près du Clos Jacquin ; 3 arpents aux Fosses ; 1 arpent au
Terrau ; 2 arpents derrière la maison de Lallemand ; 2 arpents au pré du Faucon
; 1 arpent près du Breu ; 2 arpents en Langle.
— Prés : 4 arpents au-delà du Terrau ; 4 arpents 1/2 en Langles ; 3 arpents aux
Maseis ; 1/2 arpent près de Renaud Guagni ; 5 arpents au pré à Brebain ; 1
arpent au Fette Wayrain ; 1 arpent en la Noë (Archives de l'Aube, Cartulaire du
Temple, 31 H 14 bis, folio 90 v et 97 r°)
29. Prieuré dépendant de l'ordre du Val-des-écoliers, sur l'emplacement actuel
du Grand-Séminaire.
Ces derniers, nous ne saurions dire en vertu de quel droit, prélevaient
annuellement sur la dîme de Sancey, et dans la grange même du Temple, quatre
setiers une mine de froment et une mine de méteil.
Ils abandonnèrent cette rente en échange d'une pièce de terre labourable, que
les Templiers possédaient à Rouillerot, lieudit la Haye de Daude, tenant d'une
part au domaine du prieuré de N.-D.-en-l'Isle, et, d'autre part, à la terre
ayant appartenu autrefois à Luquet le Fautrier.
L'échange était fait à titre irrévocable ; il fut cependant stipulé que si,
dans la suite, les Religieux de Notre-Dame-en-l'Isle ne pouvaient garantir aux
frères de la milice du Temple la quantité sus dite de froment et de méteil, le
contrat tomberait nul et les parties rentreraient en jouissance de leurs droits
momentanément aliénés.
Scellé du sceau conventuel, cet acte fut notifié par le prieur de
N.-D.-en-l'Isle, dont le nom n'est pas indiqué (30).
30. Archives de l'Aube, Cartulaire du Temple, 31 H 14 bis, folio 98 r°.
L'année 1264 amena une nouvelle transaction entre les mêmes parties.
Les Religieux du Prieuré de Notre-Dame-en-l'Isle percevaient annuellement un
cens de 8 deniers, portant lods et ventes, le cas échéant, sur une pièce de
terre sise devant Panay (était une ferme) (31), et appartenant à Jean, dit
Ernaudin.
31. Département: Aube, Arrondissement et Canton: Troyes, Commune:
Saint-Parre-aux-Tertres - 10
Ils cédèrent ce cens aux Templiers, en échange d'un autre, de quatre deniers,
que ceux-ci percevaient sur un champ du prieuré, sis en haut de Rouillerot,
près du chemin conduisant à Marivas (était une ferme) (32). L'échange fut
notifié par l'official sous le sceau de la Cour de Troyes, au mois de juin 1264
(33).
32. Département: Aube, Arrondissement et Canton: Troyes, Commune: Bréviandes
- 10
33. Archives de l'Aube, Cartulaire du Temple, 31 H 14 bis, folio 97 v°.
Le comte de Champagne, Thibaut V, agissant en son nom personnel et au nom d'un
certain nombre de ses sujets de Troyes, gens d'église, de communautés et
autres, voulait obliger les Templiers, en leur qualité de propriétaires du
moulin de Sancey, à réparer la rupture des rives de la Seine, dans la partie de
son cours comprise entre ledit moulin et l'écluse Troiessive (vannes
tranchines), sise en aval du moulin.
Il voulait même obliger les Religieux à payer les dommages causés à différents
particuliers, par suite de cette rupture, due, selon lui, à un défaut
d'entretien qui leur était imputable.
Les Templiers résistèrent à cette double prétention ; de là un procès, qui se
termina en juin 1267 par le compromis suivant :
Thibaut abandonna ses réclamations, pour l'avenir comme pour le passé, à la
condition qu'il serait libre de donner « à l'agout et aux eaues qui descendent
et descendront des escluses et des rives de Seine, par dessuz les devant diz
molins », la direction que bon lui semblerait, après avoir pris l'avis de son
conseil. Il paierait aux Templiers et à leurs hommes le terrain qu'on leur
avait déjà pris, et qu'on pourrait leur prendre encore, pour cette dérivation,
en se conformant à l'estimation de deux prud'hommes, élus d'un commun accord
par les deux parties.
D'autre part, il fut stipulé que les Templiers seraient tenus de réparer les
ruptures se produisant dans les biefs au-dessus de leurs moulins, « aux us et
aux coustumes de la rivière », et de laisser courir « les biez et les ventaux »
de ces moulins, sans être jamais rendus responsables des dégâts qui pourraient
être occasionnés par leur cours.
Thibaut s'engagea, en son nom et au nom des comtes de Champagne, ses
successeurs, à garantir la paix conclue sur ces bases. La garantie cesserait
cependant, et le comte de Champagne ne serait pas tenu d'intervenir, si
l'évêque de Troyes, le chapitre de Saint-Pierre, celui de Saint-Etienne, ou
d'autres intéressés, soit religieux, soit clercs, reprenant un jour l'action
contre les Templiers, portaient l'affaire en cour de chrétienté (34),
c'est-à-dire devant les tribunaux ecclésiastiques.
34. Archives de l'Aube, Cartulaire du Temple, 31 H 14 bis, folio 126 v°.
Les Templiers avaient pour maïeur ou maire, à Sancey, un habitant de ce village
nommé Droin Godet, qui mourut en 1269 au plus tard.
La veuve de Godet, Emeline, en reconnaissance des bienfaits qu'elle avait reçus
des frères de la milice du Temple, et aussi en prévision des services qu'ils
pourraient encore lui rendre à l'avenir, leur donna, librement et d'une manière
irrévocable, d'importants immeubles ainsi spécifiés et détaillés dans l'acte,
passé sous le sceau de l'official de Troyes :
1° — Un verger, sis au-delà de la Seine, tenant au verger de Guillon de Sancey,
d'une part, et à celui de Bonin de Sancey, d'autre part.
2° — Deux pièces de terre arable, sises à la Cour de Sancey (ad curtem de
Sanceyo), tenant à la terre de Pierre Lécuisié, d'une part, et à une ruelle
d'autre part.
3° — Une pièce de terre arable, sise derrière la maison de la donatrice,
tenant, d'une part, au champ du Temple et d'autre part au champ de Jobelet.
4° — Sa grande vigne, tenant au champ du Temple, d'une part, et à la vigne de
Thibaut Beract d'autre part.
5°— Sa maison d'habitation, sise à Sancey, tenant d'une part à la maison de
Jobelet de Sancey, fils de défunt Girard Goët, et, d'autre part, à la masure de
Manassès Clérin.
6° — Un quartier de vigne, tenant, d'une part, à la vigne de Jobelet de Sancey
et à celle de l'abbesse de Torvoye, Torta Via (35), d'autre
part.
35. Torta Via, Torveia, Torvia, Tourvoye ou Torvoie, près de Sourdun
(Seine-et-Marne, Arrondissement de Provins, Canton de Villers-Saint-Georges), a
pris, à la fin du XVIe siècle, le nom de Montbron.
Tous ces immeubles se trouvaient dans la justice des Templiers et mouvaient
d'eux, tant en fief qu'en censive.
émeline, voulant mettre le comble à sa libéralité, donna également au Temple
tous ses biens meubles, présents et à venir. Elle promit avec serment de ne
jamais revenir sur sa donation, soit directement soit par d'autres, consentit à
être excommuniée par l'official, si jamais elle était infidèle à son
engagement, et se soumit, à cet effet, à la juridiction de la Cour de Troyes.
Cette donation, qualifiée donation entre vifs, porte la date du lundi après la
Saint-Martin d'hiver de l'année 1269 (36).
36. Archives de l'Aube, Cartulaire du Temple, 31 H 14 bis, folio 99 r°.
Les Templiers, s'ils n'étaient pas encore établis à Sancey, vinrent sans doute
peu après habiter la maison d'émeline, car, dans un acte de 1281, il est fait
mention expresse, pour la première fois, de la maison du Temple de Sancey.
Cet acte a pour objet la location d'un pré, faite à Colin, dit le Cornillaz,
des Trévois, et à Marguerite sa femme. Le bail est conclu pour 19 ans, à raison
de 40 sols, payables chaque année à la fête de Saint-André apôtre.
Bien que le pré fût sur le finage de Sancey, lieudit le Cul du Sac (37),
les frères de la maison de Sancey ne sont pas seuls bailleurs ; le précepteur
et les frères de la maison de Troyes interviennent conjointement avec eux dans
le contrat, ce qui prouve qu'un lien de dépendance rattachait Sancey à Troyes,
ou, en d'autres termes, que la maison de Sancey n'était pas une commanderie
proprement dite, comme M. Boutiot le prétend , mais simplement un membre de la
commanderie de Troyes.
37. Il tenait d'une part au pré de défunt Guillaume de Vennis et d'autre
part à un pré des preneurs.
Comme la plupart des précédents, l'acte fut passé sous le sceau de l'official
de Troyes. Colin le Cornillaz et sa femme engagèrent tous leurs biens, meubles
et immeubles, comme garantie du loyer, et se soumirent, pour l'exécution des
clauses du contrat, à la juridiction de la Cour de Troyes, quelque puisse être,
dans la suite, le lieu de leur résidence (38).
38. Archives de l'Aube, Cartulaire du Temple, 31 H 14 bis, folio 100 v°.
C'est la dernière fois que nous voyons intervenir l'official en ces matières ;
les contrats vont se laïciser ; ils se passeront désormais sous le sceau de la
prévôté de Troyes, et par le ministère de notaires, ou de jurés royaux. C'est
ainsi que, le jeudi avant la Nativité de Saint Jean-Baptiste de l'année 1296,
Henno de Bar, garde du scel de la prévôté de Troyes, notifie que par devant
Jacques de Concloye (39), clerc, et Henri Dameron, bourgeois de Troyes, jurés
royaux dans cette ville, ont comparu en personne Thiébaut le Bègue, bourgeois
de Troyes, et Helvys sa femme, lesquels ont reconnu avoir vendu au commandeur
et aux Frères de la chevalerie du Temple, en France, une maison avec sa grange,
son pourpris et toutes ses appartenances.
39. Coclois (Aube), Arrondissement d'Arcis-sur-Aube, canton de Ramerupt.
Cette maison, sise à Sancey, dans la censive et la justice des Templiers,
tenait d'une part à la maison et au pourpris de défunt Robert le Tavernier, et,
d'autre part, à la maison ayant appartenu à Guyot de Sancey.
Le prix de vente fut de 97 livres tournois petits, payées comptant.
Les vendeurs garantirent aux acheteurs, envers et contre tous, la paisible
possession de l'immeuble et de ses dépendances. Ils se soumirent sur ce point,
eux et leurs biens, à la juridiction royale, exercée par le bailli ou le prévôt
de Troyes et leurs successeurs, « en manière que ceulx qui lors seroient bailly
ou prévost de Troyes, les puissent et doient contraindre, par la prise et la
vendue de leurs biens, à tenir et garder les choses dessus dictes. »
Assistèrent au contrat, comme témoins requis, Gautier le Picard, chandelier, et
Thibaut de Chaumont, couturier (40).
40. Archives de l'Aube, Cartulaire du Temple, 31 H 14 bis, folio 103 et 104.
L'année 1303 amena une nouvelle transaction entre Hugues de Péraude, visiteur
général de l'Ordre du Temple, et les Religieux de Notre-Dame-en-l'Isle. Par
cette transaction, les Religieux abandonnèrent aux Templiers le droit qu'ils
avaient sur la dime de Laines-aux-Bois (41), et ceux-ci s'engagèrent, par
compensation, à leur livrer chaque année, à Noël, deux setiers de grain, par
moitié seigle et orge, pris sur les produits de la terre de Sancey (42).
41. Aube, Arrondissement et Canton de Troyes.
42. Archives de l'Aube, G 17, Registre.
De 1303 à 1307, nous n'avons à relater aucun acte concernant le domaine du
Temple à Sancey. Les Templiers qui l'exploitaient allaient en être violemment
expulsés. Ils furent arrêtés, comme tous leurs frères de France, le matin du 13
octobre 1307, sous le poids d'accusations que nous relaterons plus loin, et que
bon nombre d'esprits sérieux et impartiaux jugent calomnieuses.
Nous ne savons rien des circonstances de leur arrestation, mais les pièces du
procès de l'ordre renferment sur la maison de Sancey, ou plutôt sur les Frères
qui l'ont habitée, quelques détails que nous avons soigneusement relevés, et
qui feront l'objet du chapitre suivant.
Terminons celui-ci en constatant que de 1205 à 1307, c'est-à-dire dans l'espace
d'un siècle, le domaine de Sancey s'accrut, soit par donation, soit par
acquisition:
1° — d'un homme de corps, Droyn, de Courgerennes.
2° — du pré du Soillar.
3° — de dix arpents de terre à la Vasonnière et de deux jardins.
4° — d'un verger, de 3 pièces de terre et de deux vignes dont la contenance
n'est pas indiquée.
5° — enfin de deux maisons.
Nous n'avons pas trouvé la moindre trace des servitudes féodales, telles que
taille, mainmorte, corvée, droits de poursuite et de formariage.
Nous pouvons en conclure qu'antérieurement à la donation d'Henri le Jeune, les
habitants de Sancey avaient été complètement affranchis, ou que le comte de
Champagne ne s'était pas dessaisi de ses droits seigneuriaux en faveur de
Vilain d'Aulnay, ou bien encore que ce dernier, s'il en avait été réellement
investi, n'avait, pas cru devoir les céder aux Templiers.
Le texte de la charte de 1205 rend ces deux dernières conclusions plus logiques
que la première. S'il mentionne, en effet, comme objet de la donation aux
Templiers, tout ce que Vilain possède à Sancey en moulins, bois, terres, prés
et cours d'eau, il est muet non seulement sur les hommes de corps, mais encore
sur les droits de justice inhérents à toute seigneurie.
Ce silence nous autorise à penser que, primitivement, par suite de la donation
de Vilain d'Aulnay, les Templiers ne furent pas, dans toute l'acception du
terme, seigneurs de Sancey, et que la justice qu'ils y possédèrent fut une
justice purement foncière.
Ajoutons que la maison seigneuriale des Templiers était située sur la rive
gauche de la Seine, près de leurs moulins, dans l'emplacement des villas
actuellement possédées par Mme veuve Honnet-Ravinet et M. Jules Herbin, au midi
de l'église paroissiale.
Il est très probable que le terrain occupé par l'église et par le presbytère
faisait également partie de leur domaine, et qu'il fut cédé à la communauté de
Sancey, soit par les Templiers, soit par leurs successeurs.
Maison du Temple de Sancey
La terre et seigneurie de Sancey, appartenait, au commencement du XIIIe siècle,
à un chevalier, du nom de Vilain d'Aulnay, (« Aulnay, arrondissement
d'Arcis-sur-Aube, commune de Chauvages ») « Vilanus de Alneto. »
Ce seigneur la donna à la maison de la chevalerie du Temple, par ses lettres de
l'année 1201, où il déclare lui abandonner, pour le salut de son âme et de
celle de Henri, comte Palatin de Troyes, de qui il tenait cette terre, tout ce
qu'il possédait à Sancey, « in villa de Sancy », et ses dépendances,
tant en moulins, bois, terres, près et eaux, qu'en justice et seigneurie. II
est probable que Vilain d'Aulnay se trouvait alors en Terre-Sainte, car sa
donation est faite en présence de Guillaume des Ardillières, maréchal,
« marescalus », de la chevalerie du Temple, et de Robert de
Chaurville, commandeur du Temple d'Acre, « preceptor militie Templi
Acconensis. »
Raoul de Gisy ne séjourna pas seulement à Troyes, il fut également à Sancey
« in domo de Sanceyo juxta Trecas » vers 1297 et en 1301.
Procès des Templiers, tome II, page 383
Item frater Fulco de Trecis, etatis XXVII annorum vel circa, juratus eodem modo
de se et aliis in causa fidei dicere veritatem, et interrogatus de tempore et
modo sue recepcionis, dixit per juramentum suum quod fuit receptus in domo de
Sanceyo juxta Trecas, decem anni sunt, per fratrem Radulphum receptorem tunc
Campanie, presentibus fratre Galtero de Paians et fratre Radulpho de Compendio,
et quibusdam aliis de quorum nominibus non recolit.
Procès des Templiers, tome II, pages 28,
29
Quia non viderat aliquem alium recipi in ordine, nec interfuerat capitulis
eorum, nec steterat in ordine, nisi quasi per dimidium annum ante capcionem
eorum; nam fuerat receptus per fratrem Radulphum de Gisi, testem supra
examinatum, de cujus parentela exstitit, in presenti Quadragessima sunt III
anni, in capella domus Templi de Latinihaco Sicco Meldensis diocesis.
Ces séjours dans les diverses maisons du Temple n'étaient peut-être pas aussi
fortuits qu'on pourrait le croire, et le sénéchal de la maison du Temple de
Montescourt en Vermandois nous apprend que Raoul, en le recevant, en 1301, à
Sancey, ne l'avait fait que sur l'ordre du visiteur Hue de Perraud.
Procès des Templiers, tome II, page 378
[...] in religiosi et honesti viri fratris Nicolai de Anessiaco ordinis fratrum
Predicatorum, commissarii dati a religioso et honesto viro fratre Guilielmo de
Parisius dicti ordinis, inquisitore heretice pravitatis in regno Francie
auctoritate apostolica deputato, nostrum notariorum et testium infrascriptorum
presencia personaliter constitutus frater Johannes de Ponte Episcopi, etatis
XXIIIIor annorum vel circa, senescallus in domo de Montecuria in Viromandia,
ordinis milicie Templi, juratus ad sancta Dei Evangelia tacta corporaliter ab
eodem, et requisitus de se et aliis dicti ordinis super dicto crimine delatis
dicere in causa fidei veritatem, dixit per juramentum suum quod bene sunt sex
anni vel circa elapsi quod fuit receptus in domo de Sanci prope Trecas,
per fratrem Radulphum de Gisi receptorem Campanie quondam, de mandato fratris
Hugonis de Paraudo visitatoris Francie
D'autres réceptions eurent encore lieu à Sancey par le même Raoul, en 1304,
puis en 1307 « per duos menses ante capcionem eorum in quadam camera domus
Templi de Sanci, Trecensis diocesis, per fratrem Radulphum de Gisi tunc
receptorem Campanie »
Procès des Templiers, tome I, page 254
Super primis IVor articulis, de abnegacione, etc., respondit quod ipse fuerat
receptus in dicto ordine in domo Templi de Sanci Trecensis diocesis,
per fratrem Radulphum de Gisiaco receptorem reddituum Campanie pro
domino Rege, citra festum omnium Sanctorum, erunt sex anni vel circa, et in
dicta recepcione sua, ut dixit, fuit servatus talis modus, nam quum venisset ad
locum predictum cum patre et matre et alils amicis suis multis, eis
remanentibus extra, fuit introductus in quamdam cameram, in qua erant
predictus frater Radulphus et fratres Ponzardus de Gisiaco serviens,
nepos ejusdem fratris Radulphi, et quidam Burgondus dictus Milo, et Symon de
Pruino presbyteri, et multi alll de quorum nominibus non recordatur, ut dixit;
L'un de ceux ainsi reçus dans le Temple, deux mois à peine avant la chute de
l'Ordre, n'était qu'un humble servant, habitué aux seuls travaux des champs,
que l'on dirigea sur la maison voisine de Villiers, et frère Chrétien, l'un des
témoins de la réception, était clavaire de Sancey.
Procès des Templiers, tome I, page 571
Dixit enim se vidisse recipi fratrem Johannem de Pruino servientem, quem crédit
vivere, in capella domus Templi de Payans Trecensis diocesis, in instanti festo
Pasche erunt VIII vel IX anni, per fratrem Radulphum de Gisi tunc
receptorem Campanie, presentibus fratribus Oymont de Jez presbytero, Christiano
de Bici, teste supra examinato, et aliis de quibus non recolit, et fratrem
Nicolaum de Serra servientem, Trecensis, ut credit, diocesis, quem dictus
frater Radulpbus receperat per sex septimanas vel circa ante capcionem eorum,
in quadam camera domus Templi de Sanci Trecensis diocesis,
presentibus fratribus Petro de Cercellis, teste supra jurato, nondum examinato,
tunc preceptore domus Templi Trecensis, Stephano de Verreriis
serviente, in dicta domo, commorante, in quorum recepcionibus.
Autre réception, Procès des Templiers,
tome I, page 396
Item, fratrem Johannem de Sanci, quem recepit in domo Templi de Sanci
Trecensis diocesis, circa festum beati Martini hiemalis proximo preteritum
fuerunt XII anni vei circa, presentibus fratribus Fulcone de Trecis, Jacobo de
Sanci et Stephano de Villaribus servientibus, de quorum vita vel morte non est
certus.
Item, recepit predictum Fulconem de Trecis, in dicta domo de Sanci,
circa festum beati Martini proximo preteritum fuerunt XIIIor anni vel circa,
presentibus fratribus Humberto de Valoyre, Stephano de Villaribus, Gaufredo de
Trachi, de quorum vita vel morte non habet certitudinem.
Saint-Julien
— Autrefois Sancey, 3e canton de Troyes, avec moulins
— Sanceium, 1121 (Cartulaire de l'abbaye de Clairvaux)
— Molendini, 1152 (Cartulaire de la léproserie de Troyes)
— Villa Sencey, 1157 (Camusat, Promptuarieu, folio 331)
— Sanceyum, 1179 (Cartulaire de la léproserie de Troyes)
— Sanciacum, 1208 (Chartier du prieuré de Foicy)
— Villa de Santiaco, 1210, (Ibidem)
— Domus Templi de Sanceyo, de Sanci, de Sanciaco, 1309 (Procès des Templiers)
— Ancienne commanderie de l'Ordre du Temple, sise au midi de l'église
paroissiale, qui en faisait partie.
Saulsotte (La) (10)
Il y a encore quelques vestiges de cette Maison du Temple, ils sont en partie
et ce pour le logis très remaniés, par Les Hospitaliers de Saint-Jean de
Jérusalem, puis par les propriétaires successifs.
Commanderie de Saulsotte
Ces vestiges sont un logis restauré, constitué d'un bâtiment carré à trois
niveaux, flanqué de deux tours ; d'autre part une chapelle sous le vocable de
Sainte-Madeleine, édifiée au XIIe au XIIIe siècle.
Chapelle de la commanderie
La Chapelle Sainte-Madeleine est dans un état de délabrement total, elle
pourrait bien s'effondrée sur elle même dans quelques années si une
restauration n'est pas effectuée rapidement.
Savieres (10)
Domaines du Temple de Savières
Les dîmes
Le document le plus ancien concernant la baillie de Payns est une lettre de
l'évêque de Troyes, Henri de Carinthie, relatant la donation faite au Temple,
par Humbauld de Caie ?, de la moitié des grosses dîmes de Savières.
Cette pieuse libéralité fut faite en deux fois: Agissant de concert avec sa
femme et sa fille, dont les noms ne sont pas indiqués, Humbauld donna d'abord
un quart de la dîme, en présence du comte de Champagne Henri-le-Libéral, d'Obri
de Fontvannes (1) et d'Eudes, fils de Jean, puis, quelque temps après,
« post aliquem temporis decursum », un autre quart, en présence de
l'archidiacre Girard, d'Hugues de Plancy (2), d'Anseau de Trainel (3), de
Manassès de Pougy (4) et du scribe Thibaut.
1. Aube, arrondissement de Troyes, canton d'Estissac
2. Aube, arrondissement d'Arcis, canton de Méry-sur-Seine
3. Aube, arrondissement et canton de Nogent-sur-Seine
4. Aube, arrondissement d'Arcis, canton de Ramerupt
La dîme de Savières mouvait, au moins en partie, de Machaire de Magnicourt (5),
de sa femme et de ses enfants, qui approuvèrent l'une et l'autre donation.
5. Aube, arrondissement d'Arcis, canton de Chavanges
La seconde eut lieu à la Cour ecclésiastique de Troyes et c'est à son occasion
que l'évêque a été amené à relater la première sans indiquer devant qui elle
fut faite.
Scellée devant l'abbé de Saint-Loup de Troyes, Ithier, ou plutôt Guitier, le
chanoine Ponce, les archidiacres Girard et Bernard, Geoffroy de Frangenssenval,
Manassès de Pougy et le scribe Thibaut, la lettre épiscopale n'est pas datée,
mais elle n'est certainement pas antérieure à 1153, puisque Guitier est cité
parmi les témoins avec son titre d'abbé, et que ce fut seulement en 1153 qu'il
fut mis à la tête de l'abbaye de Saint-Loup.
Archives de l'Aube
Une contestation ne tarda pas à s'élever entre le Temple et l'abbaye de
Molesme, qui prélevait une part de la dîme, en raison de ce que certains de ses
hommes de Villeloup (6) avaient acquis et cultivaient des terres sur le finage
de Savières. Si Machaire de Magnicourt, par sa tolérance, leur en avait
implicitement reconnu le droit, les Templiers le leur contestèrent. De là
conflit. Les parties en référèrent à quatre arbitres nommés d'un commun accord.
C'étaient Guitier abbé de Saint-Loup, Harduin abbé de Larrivour (7), Jobert
prévôt de Troyes et Philippe surnommé Laucen ?. Après mûr examen les arbitres
tranchèrent ainsi le différend: s'il est juste de maintenir les Templiers dans
la possession d'un droit déjà ancien, d'autre part il ne convient pas que le
travail de ses hommes soit complètement perdu pour l'abbaye de Molesme. En
conséquence, pour le bien de la paix, les Templiers lèveront la dîme à Savières
aussi bien sur les terres des hommes de Villeloup que sur les autres, mais,
comme dédommagement, ils donneront annuellement au prieuré de Saint-Quentin de
Troyes, relevant de Molesme, deux setiers de grain, l'un de seigle, l'autre
d'avoine, mesure de Troyes, Les Templiers n'auront pas à conduire ce grain,
mais le prieur devra en prendre livraison dans leur maison à la Saint-Remi.
6. Aube, arrondissement et canton de Troyes
7. Commune de Lusigny, Aube, arrondissement Troyes, chef-lieu de canton
Le copiste a daté cette charte de 1112; il y a là évidemment une grosse erreur,
provenant soit de l'omission d'un mot, soit de toute autre cause. L'ordre du
Temple, en effet, ne fut fondé qu'en 1118, et ce fut seulement de 1122 à 1142
que Joffroy le Fournier donna la terre de Villeloup au prieuré de
Saint-Quentin.
Il paraît assez vraisemblable que le copiste a oublié le mot soixante et que
c'est 1172 au lieu de 1112 qu'il faudrait lire. Quoiqu'il en soit, l'acte ne
peut être placé avant 1157 ni après 1175.
En effet, ce fut seulement en 1157 que l'un des arbitres, Harduin, prit
possession de l'abbaye de Larrivour, et, en 1175, un autre arbitre, Jobert de
Provins, n'était déjà plus prévôt de Troyes.
Les Donations
Les Donations de Pierre de Précy, de Jean de Fontvannes et d'Henri de Blives:
En décembre 1225, sous le sceau de Pierre, prieur de Saint-Georges (1) Le
prieuré de Saint-Georges, dépendant de l'abbaye de Saint-Quentin de Beauvais,
fut fondé vers 1190 par les chanoines de Saint-Pierre de Troyes), Pierre de
Précy (de Pricio), damoiseau, et Ysabeau, sa femme, reconnurent avoir donné aux
Templiers le nommé Etienne-le-Roux, de Savières, et ses deux fils Gauthier et
Sucambre, avec leurs biens. Ils leur cédèrent également deux sous de cens
qu'Etienne-le-Roux leur payait annuellement.
1. Hameau commune de Vallant-Saint-Georges, Aube, arrondissement d'Arcis,
canton de Méry
En reconnaissance de cette libéralité, les Frères du Temple donnérent à Pierre
et à sa femme 20 livres, monnaie de Provins.
Archives de l'Aube.
Blives
Un autre damoiseau, Jean de Fontvannes (2), seigneur de Blives (Ferme et
château commune de Savières, ancienne seigneurie, ancien village), se
dessaisit, en faveur des Templiers de Payns, de trois arpents de pré qu'il
possédait à Blives, finage de Corcelles et qui tenaient à ceux du Temple. De
ces trois arpents, il abandonna, l'un, comme aumône, et vendit les deux autres
pour dix livres de Provins.
2. Aube, arrondissement de Troyes; canton d'Estissac
Deux reconnaissances attestent la donation et la vente l'une sous le sceau de
l'official de Troyes, Hugues, datée du mois de février 1226, l'autre sous le
sceau d'Etienne, doyen de la chrétienté de Troyes, datée du mois de septembre
de la même année. Cette dernière relate l'approbation du contrat par Aalis,
femme de Jean de Fontvannes.
Archives de l'Aube
Le chevalier Henri de Blives avait, par testament, donné aux Templiers le tiers
de ce qu'il possédait à Blives. Après sa mort le partage ne se fit pas sans
difficulté, au moins pour certaine partie de l'héritage, et, en raison de ces
difficultés, des biens d'une réelle importance demeurèrent quelque temps
indivis. N'arrivant pas à s'entendre, les parties intéressées, c'est-à-dire
Henri de Blives, l'héritier naturel, et Ermanrique de Ruppe, grand maure du
Temple en France, nommérent d'un commun accord comme arbitres, dont la décision
ferait loi, le chevalier Renard de Paissi et le clerc Chrétien; de Provins.
Les arbitres firent trois parts de ce qui restait à partager:
— La première comprenait l'étang, le cours d'eau, le verger entourant la maison
seigneuriale et les coutumes payées par les habitants de Fontaines, pour le
droit de pâture qui leur avait été accordé à Blives.
— Les prés formaient les deux autres parts.
— Henri de Blives prit pour lui le premier lot, c'est-à-dire l'étang, etc.,
puis dans la prairie, la partie qui se trouvait du côté de sa maison.
— L'autre partie revint aux Templiers. Elle tenait aux prés des pauvres clercs
de Saint-Thomas « de Rupa », de long en long vers la Seine, jusqu'aux
terres arables des dits clercs.
— Henri reconnut aux Templiers le droit de passer sur son pré pour charroyer le
foin qu'ils récolteraient dans le leur.
— Cet accord fut enregistré le vendredi après la fête de saint-Mathieu, apôtre,
de l'an 1267, par l'official de Troyes, à la juridiction duquel Henri de Blives
se soumit, l'autorisant à l'excommunier en quelque lieu qu'il habitât, s'il
venait à violer ses engagements.
Archives de l'Aube.
Les Moulins d'Espincey de nos jours Epincey
Espincey, section de Savières, ne figure pas dans le dictionnaire topographique
de MM. Socard et Boutiot.
L'Epinay, fief de la seigneurie de Payns, aujourd'hui détruit, semble y avoir
pris sa placé par suite d'une erreur de lecture imputable aux auteurs de
« la Gallia christiana et à Camusat lui-même Promptuarium, folio
355. »
En 1274, la justice d'Espincey était tenue en fief du comte de Champagne par
dame Félise dame de Savières.
L'Epinay ou Epiney
— Fief de la seigneurie de Payns ; aujourd'hui détruit.
— Espinci, 1140 (Gallia Christiana, Tome XII, page 261)
— Molendina de Espiniaco, 1207 (Camusat, Promptuarium, folio 355)
— Epinay, 1328 (Prisie de la châtellenie de Payns
Sources: Dictionnaire topographique du département de l'Aube, par MM.
Théophile Boutiot et Emile Sogard. Imprimerie Nationale M. DCCC. LXXIV.
Situés sur la Seine, tout près du village de Savières, les moulins d'Espincey
appartenaient primitivement à Eudes, de Troyes, fils de Goslin.
Goslin: (Eudes, fils de Goslin, est cité, parmi les témoins de la charte par
laquelle l'évêque de Troyes, Flaton, confirma, en 1140, les donations faites à
l'abbaye de Larrivour et de celle par laquelle le comte de Champagne Thibaut II
notifia, en 1146, la donation d'Herbert L'hemite de Payns au prieuré de
Ramerupt.
D'Arbois de Jubainville: Histoire des Comtes de Champagne.
En 1147, sur le point de partir pour la secondé Croisade, Eudes les céda aux
moines du prieuré du Saint-Sépulcre de Villacerf ; à la condition qu'ils lui
donneraient 40 livres d'écus avant son départ et 20 livres à son retour.
Pendant son absence, les moines auraient là jouissance de son four, mais ils
devraient le lui rendre dés qu'il serait rentré en Champagne. S'il venait à
mourir dans cette expédition, sa femme Comtesse et ses fils seraient-substitués
à ses droits, et, dès qu'on aurait la certitude de sa mort, les moines
devraient leur rendre le four et leur payer les 20 livres restant à solder sur
le prix de vente des moulins d'Espincey.
Ces conventions-sont relatées dans une charte du comte de Blois, Thibaut II,
datée de Jouy l'an 1147.
Le prieuré de Saint-Sépulcre relevait du prieuré de La Charité-sur-Loire, membre
très important de l'abbaye de Cluny. Or, à la fin du XIIe siècle, le prieuré de
la Charité se trouvait aux prises avec de graves embarras financiers.
Dès 1190, les religieux avaient dû, pour s'acquitter envers Philippe-Auguste
partant pour la Croisade, vendre leur maison de Coulanges-sur-Yonne au comte de
Nevers et à Pierre de Courson son chevalier, moyennant 13.000 sous nivernois.
Ce sacrifice ne constituait qu'une demi-mesure ; il y avait d'autres créanciers
que le roi, et le prieuré se trouva bientôt littéralement écrasé sous le poids
de ses dettes.
En 1209, le prieur Geoffroy II, (Frère puîné d'Hervé de Donzy, comte de Nevers)
voulant à tout prix sortir de cette situation critique, s'aboucha avec les
Templiers, qui s'adonnaient alors aux opérations financières beaucoup plus
qu'aux expéditions militaires, et leur vendit pour 8.000 livres de Provins, en
même temps que les moulins d'Espincey, toutes les possessions et tous les
droits du prieuré à:
Trouans
Domaine du Temple de Chapelle-Vallon
Belleville
Et dans plusieurs autres localités étrangères au diocèse de Troyes.
Les 8.000 livres seraient versées aux créanciers du prieuré. Dans le cas où les
Templiers seraient molestés au sujet de leurs acquisitions et où le contrat
serait attaqué, en tout ou en partie, ils en référeraient au prieur, au
sous-prieur ou au cellérier de la Charité, qui ferait cesser l'opposition et
les indemniserait des frais et des dommages qu'elle leur aurait occasionnés.
S'il arrivait que les vendeurs fussent dans l'impossibilité de garantir aux
acheteurs la possession d'un article quelconque de la vente, ils devraient leur
assigner ailleurs un revenu équivalent.
Les titres concernant spécialement leurs acquisitions seraient remis aux
Templiers ; quant à ceux qui intéresseraient en même temps le Temple et le
prieuré, ils seraient mis sous séquestre « in manu sequestra » et
chacune des parties ne pourrait les emporter qu'après avoir pris, sous caution,
l'engagement de les rendre.
L'abbé de Cluny, Guillaume, déclara avoir pour agréable cette convention passée
par le prieur de la Charité et en ratifia toutes les clauses en y apposant des
sceaux qui ne sont pas spécifiés dans la charte, mais simplement désignés sous
ces termes vagues: « sub sigillis presentibus. »
La date du lieu fait défaut ; quant à celle du temps, il n'y a pas mention
précise de jour ni de mois, l'année seule (1209) est indiquée, ce qui du reste
se rencontre assez fréquemment à cette époque.
Archives de l'Aube
Si l'abbé de Cluny approuva réellement la vente, comme nous venons de le dire,
il ne tarda pas à revenir sur cette approbation et à demander l'annulation du
contrat, sous prétexte qu'il causait un préjudice considérable, « lesionem
enormem », au monastère de la Charité.
Les Templiers maintenant leurs droits et opposant une fin de non recevoir aux
réclamations de l'abbé, ce dernier soumit l'affaire au pape Innocent III, qui
nomma comme arbitres Jean, abbé de Sainte-Geneviève de Paris, Guillaume, abbé
de Bourras au diocèse d'Auxerre, et F, doyen d'Orléans.
En même temps qu'il se disposait à plaider la cause de son Ordre devant ces
arbitres, l'abbé de Cluny cherchait des fonds pour rembourser les Templiers ;
il avait déjà une bonne partie des 8.000 livres et il espérait trouver
promptement le reste. Tout allait donc pour le mieux, quand il se heurta à
l'opposition violente et irréductible du prieur de la Charité.
Ayant pris l'initiative de la vente, Geoffroy était naturellement froissé dans
son amour propre et il voyait, non sans raison, dans cette demande de
« rèstitutio in integrum », un désaveu et une condamnation formelle
de sa conduite administrative.
Absorbés par ces luttes intestines, les religieux de Cluny négligèrent la
question de fond, c'est-à-dire la validité du contrat, cause première de la
discorde. C'était à eux à prouver, devant les arbitres nommés par le pape, que
la vente consentie par Geoffroy aux Templiers avait causé un préjudice
considérable au monastère de La Charité et, qu'en conséquence, il y avait lieu
de l'annuler.
Convoqués plusieurs fois par les arbitres pour fournir leurs preuves ; ils ne
se présentèrent pas.
Les Templiers insistèrent pour que la question fût tranchée sans nouvel
ajournement, et ils étaient d'autant plus autorisés à le faire que, d'après la
teneur de leur commission, les arbitres devaient se prononcer dans les quatre
mois qui s'écouleraient à partir de la première citation. Cédant à leurs justes
instances, les abbés de Sainte-Geneviève de Paris et de Bourges, en l'absence
du doyen d'Orléans, troisième arbitre, légitimement excusé, admirent la
validité du contrat, déclarèrent qu'il devait sortir tous ses effets et
frappèrent d'excommunication qui conque contredirait à leur décision (12
janvier 1213).
Cette sentence ne mit pas fin au conflit.
Battus, les moines de Cluny étaient loin d'être résignés ; ils gardaient
l'espoir de la revanche et reprirent bientôt l'offensive. L'affaire ainsi
reprise se plaidait devant Jacques, évêque de Préneste (Aujourd'hui
Palestrina, Italie) et légat du pape, quand, au mois d'août de l'année
1240, les parties y mirent fin par un compromis amical. C'est ainsi du moins
que le prieur de La Charité, Guillaume, en le notifiant, appelle le traité de
paix.
Un compromis suppose et implique des concessions réciproques. Or, les Templiers
ne cédèrent rien de leurs droits, tandis que les moines de Cluny, renonçant au
procès, reconnurent formellement la validité de la vente consentie par le
prieur Geoffroy « d'heureuse mémoire », et s'engagèrent à ne plus
inquiéter à l'avenir les acheteurs dans la jouissance des biens et des revenus
qui leur avaient été cédés.
Il y eut donc soumission pure et simple et non compromis. Le prieur de La
Charité n'employa ce mot, semble-t-il, que pour ménager son amour-propre et
celui des moines de Cluny.
Les Templiers eurent le bon esprit de ne pas protester ; ils acceptèrent la
capitulation sans refuser à leurs adversaires une satisfaction d'amour-propre
qui, somme toute, ne diminuait en rien pour eux les avantages de la victoire.
Dans ce même mois d'août 1240, le prieur de Saint-Sépulcre et ceux qui, comme
lui, avaient eu quelques-unes de leurs propriétés aliénées par le contrat de
1209, c'est-à-dire les prieurs de Reuil, de Sézanne, de Saint-Christophe, de
Montbéon et de Venisy ; demandèrent au roi de France de confirmer de son
autorité le « compromis amical », et, comme à Veuisy et à Montbéon,
les moines n'avaient pas de sceau, ils firent apposer à leur requête celui de
la cour de Sens.
Le prieur de La Charité et les Templiers adressèrent la même supplique à Louis
IX, qui, du consentement de l'abbé de Cluny et par lettres datées de Viverias,
au mois de novembre 1240, confirma non seulement le compromis, mais encore la
vente, cause première du différend, en les vidimant.
Le légat du pape, Jacques, évêque de Préneste, fit de même par lettres
adressées au maître du Temple en France, lettres qu'il termina en menaçant de
l'indignation du Dieu tout puissant et des apôtres saint Pierre et saint Paul,
quiconque oserait désormais attaquer les conventions relatées.
Ainsi maintenus dans leurs droits à Trouan, à Chapelle-Vallon, à Belleville et
sur les moulins d'Espincey, les Templiers enfouirent paisiblement jusqu'au
moment de leur arrestation.
Sources: Templiers et Hospitaliers dans le diocèse de Troyes. La
Commanderie de Payns et ses dépendances: par l'Abbé A. Pétel 1872
Sivrey (10)
Maison du Temple de Sivrey
Nous avons trouvé un état des biens de la maison du Temple de Sivrey,
« domus Tempti de Syvriaco », de l'année 1338, qui comportait un
labourage de 300 arpents de terre, d'un revenu de 48 livres, 70 arpents de pré
rapportant 24 livres ; un moulin à eau sur la fontaine de Blenne, produisant 8
livres par an.
En y ajoutant les droits de dîme, de justice et de seigneurie de Sivrey, qui
appartenaient entièrement à la Maison du Temple, le revenu de cette terre était
alors de 120 livres 2 sols 7 deniers tournois.
La maison de Sivrey fut détruite pendant les guerres du XVe siècle. Elle se
trouvait dans le village même, tout le long de la voie commune, et aboutissait
à une ruelle qui conduisait de Sivrey à La Garenne.
Elle était rebâtie par les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en 1543.
Auprès de la maison, il y avait une chapelle dédiée à Notre-Dame-des-Vertus.
Maison du Temple de Sivrey
— Il y a une chapelle en bois du XIIIe siècle (cette note est de 1874).
— Serviaci villa, 869 (Cartulaire de l'Yonne)
— Sirviacus, 884 (Ibidem)
— Sivrei, XVIIIe siècle, (Carte de Cassini)
Sources: Dictionnaire topographique du département de l'Aube, par MM.
Théophile Boutiot et Emile Sogard. Imprimerie Nationale M. DCCC. LXXIV.
Templiers dans l'Aube
Lieux Le Temple dans le département de l'Aube, pour certains lieux-dits, ils
ont disparu et ne peuvent donc pas être localiser sur les cartes de Cassini,
IGN ou d'Etat-Major.
L'Etang du Temple
Département: Aube, Arrondissement: Bar-sur-Aube, Canton: Vendeuvre-sur-Barse
- 10
Temple de La Loge-aux-Chèvres
Temple (L'étang du), commune et rue du Temple La Loge-aux-Chèvres.
La Forêt du Temple
Temple (Forêt du), partie de la forêt du Der et de celle d'Orient, commune
d'Amance.
— La Forêt du Temple, 1255 (Cartulaire du Temple)
— Ancien siège de la Maison du Temple d'Orient.
Le Temple
Département: Aube, Arrondissement: Nogent-sur-Seine, Canton: Saint-Lyé - 10
Temple (Le), commanderie, près de Saint-Flavy, dépendant de celle de Coulours.
— Præceptoria Templariorum, XVIIe siècle (Pouillé)
Il n'y a plus aucune trace du nom Temple ou commanderi
Le Temple Saint-Julien-les-Villas
— Temple (Le), commanderie sur le territoire de Saint-Julien, le presbytère en
occupe une partie.
— Templarii, 1208 (charte du prieuré de Foicy)
— Frates Militie Templi, 1210 (charte du prieuré de Foicy)
— Domus Templi, 1254 (Cartulaire de la léproserie de Troyes)
— Le Temple était dans la commune, de nos jours à disparu
Le Temple de Verrières
Temple (Le), Præceptorie, aujourd'hui ferme sur la commune de Verrières,
autrefois Villiers.
— Vilers, 1154 (charte de l'abbaye de Saint-Loup)
— Villare secus Verrrias, 1195 (charte de l'abbaye de Montiéramey)
— Viler, 1197 (charte de l'abbaye de Montiéramey)
— Grangia de Villari, 1199 (charte de l'abbaye de Montiéramey)
— Vilers juxta Verrerias, 1231 (charte de l'abbaye de Montier-La-Celle)
— Villers, 1209 (Cartulaire du Temple)
— Militia Templi de Villaribus, 1253 (Cartulaire du Temple)
— Villiers, XIVe siècle (Procès des Templiers)
— Villiers lez Verrières, Le Temple de Verrières, 1328 (prisie de Villemor)
— Le Temple, 1336 (charte du Prieuré de Notre-Dame-en-l'Ile)
— Le Temple de Villiers, de la seigneurie d'Isle (Aumont), 1503 (Bibliothèque
nationale collection de Champagne, tome XVII)
— Le Temple (Le prieuré du), commune des Riceys.
— Tradition de l'existence d'un ancien prieuré dans la contrée nommé Sous le
Temple.
— 192, (concession de Milon, comte de Bar-sur-Seine)
Le Temple
Temple (Præceptorie du)
— Buxières, Saint-Flavit, Villiers, près de Verrières, Villiers-Herbice.
— Les Templiers possédaient des biens dans un grand nombre de paroisses.
— Les contrées où ces biens étaient situés ont conservé généralement le nom de
Temple, Hôpital, Bois, et aussi celui de Loges.
Il n'y a plus aucune trace du nom Temple ou commanderie
Autres lieux des Templiers dans l'Aube
Buxières-sur-Arce, canton d'Essoyes
— Buxerre, 1503 (Fonds de la commanderie de Troyes)
Bois de la Commanderie (Le), forêt, commune de Villemorien
— Bois de la Commanderie, XVIIIe siècle, carte de Cassini.
Bois de la Commanderie (Le), forêt unie au bois de Bagneux
— Bois de la Commanderie, XVIIIe siècle, carte de Cassini.
Bagneux, canton des Riceys
— Baigneulx, 1503 (Fonds de la commanderie de Troyes)
— Bois de Bagneux, XVIIIe siècle carte de Cassini.
Hôpital, (L'), ferme commune de Rosnay
— Propriété de la commanderie de Coulours
— Hospitale de Zonasco, 1407 (Pouillé)
— Domus Hospitalis apud Ronascum, XVIe siècle (Pouillé)
— L'Hôpital, XVIIIe siècle (Courtalon, tome III, page 369)
Hopitau (L'), ferme commune de Gérosdot, Gérodot
— A appartenu à la commanderie de Bonlieu, avec chapelle détruite en 1862.
(Moulin à vent) de l'Hôpital, XVIIIe siècle (Cassini)
— Commanderie de Temple, XVIIIe siècle (Cassini)
Hopitau (L'), ferme et tuilerie, commune de Saint-Phal.
Loge-aux-Convers (La), ferme territoire de la Loge-aux-Chèvres ou de Vendeuvre,
depuis longtemps détruite.
— La Loge aux Convers, 1255 (Cartulaire du Temple)
Loge-Bazin (La), ferme commune de Vendeuvre-sur-Barse
— Membre de la commanderie de Bonlieu ; détruite au XVe siècle.
— Logia Basini, 1288 (Cartulaire du Temple)
— La Loge Bazin, 1346 (Ibidem)
Loge-du-Temple (La), commune de La Chapelle-Saint-Luc
— XIIIe siècle, (Archives départementales, Cartulaire du Temple)
— Membre de la commanderie de Troyes.
Loge Lyonne (La), ferme commune de Brevonne
— Loge Lyonne, du nom de son vendeur Lyonnies, 1254 (Boutiol, Les Templiers et
leurs établissements dans la Champagne méridionale)
— Loge Lyonne, 1519 (Chartier de la commanderie de Troyes)
— Loge Lionne, 1553 (Ibidem)
— Loge Leonnes, 1554 (Ibidem)
— Loge Madame, ferme commune de Piney
— Loge-Madame, 1519 (Chartier de la commanderie de Troyes)
Loge-Paris (La), ferme commune de Vendeuvre-sur-Barse
— Membre de la commanderie de Bonlieu ; détruite vers le XVIe siècle
— Loge Paris, 1346 (Cartulaire du Temple)
Moulin Neuf (Le), commune Pouan
— Molin neuf, 1288 (Cartulaire du Temple)
— Moulin neuf, XVIIIe siècle, carte de Cassini.
Pouan, commune d'Arcis-sur-Aube
— Poan, 1288 (Cartulaire du Temple)
Villiers, hameau près de Savières ; aujourd'hui détruit
— Les dîmes appartenaient aux Templiers.
— XIIe siècle, (Cartulaire du Temple)
Thors (10)
Maison du Temple de Thors
Tauri Yallis Taurorum, appartient aux Templiers dès le XIIe siècle, en 1190
donnée par les seigneurs de Beurville, Aimon Anschaire et Guillaume; en 1189,
reçut une donation de Geoffroy, sire de Joinville; elle remplace un ancien
hôpital. L’église de Thors, village perdu au fond d’un ravin creusé dans la
roche presque nue, quoique moderne dans ses parties principales, n’en conserve
pas moins quelques détails du XIIIe siècle.
Thors, canton de Soulaines, Commune: Fresnay
— Fond Cartulaire du Temple: Domus Milicie vallis Taurorum, 1269.
— Fond commanderie de Troyes: Commanderie de Thors, 1390.
— Fond commanderie de Troyes: Commanderie de Thors, 1503.
— Chevalier, Histoire de Bar-sur-Aube, page 58: Thors et Corgebin,
commanderie, XIXe siècle.
Sources: De Delphine Marie; Les Templiers dans le diocèse de Langres, Des
moines entrepreneurs au XIIe et XIIIe siècle. Dominique Guéniot, éditeur.
Maison du Temple de Thors - Trudon des Ormes
Les Templiers avaient des biens à Thors. Accord entre Clairvaux et les
Templiers, qui gardent l’aumône d’Elebaud au Val de Thors, réserve faite du
droit de pâturage pour quatre cents moutons et de trente arpents de bois au
profit des religieux, qui ne pourront rien acquérir d’autre audit finage sans
l’aveu des Templiers.
La maison du Temple de Thors, dans le diocèse de Langres, existait à la fin du
XIIe siècle, comme on le voit par une donation faite en 1193 aux Templiers de
cette localité: Nº 92 du Catalogue des actes, dans Jean de Joinville, par H.
Fr. Delaborde, 1894. D’après un acte de beaucoup postérieur, mars 1278, le
commandeur de la maison était alors frère Nicole, nº 524 bis du même catalogue.
Cette maison, qui avait chapelle, est désignée, dans le Procès, sous les formes
suivantes: « domus de Val Tors »
Procès des Templiers, tome I, pages 561
Videlicet quod, ipse receptus fuerat per fratrem Gerardum de Villaribus
preceptorem tunc Francie, circa festum beati Andree proximo preteritum
fuerunt septem anni, in camera quadam domus Templi de Gelboe
Lingonensis diocesis, presentibus fratribus Alberto de Van de Tors
presbytero, Jacobo de Botencort milite, Lamberto de Toysi serviente.
Sources: Procès des Templiers, publié par M. Jules Michelet, tome 1 et 2
- Imprimerie Nationale - Paris - M. DCCC. LI.
Cette maison, qui avait chapelle, est désignée, dans le Procès, sous les formes
suivantes: « de Val de Tor », « domus Templi de Tauris, Lingonensis diocesis »;
et son précepteur, vers 1303, paraît avoir été le chevalier du Temple, Hue de
Chalon, qui fut peut-être aussi précepteur de la maison d’Epailly.
Procès des Templiers, tome I, pages 592
Dixit enim quod ipse fuit receptus per fratrem Laurencium de Belna preceptorem
nunc de Mormant Lingonensis diocesis qui fuit combustus Parisius in
capella domus Templi de Corgemin Lingonensis diocesis, circa festum sancti
Martini hiemalis proximo preteritum fuerunt vu anni vel circa, presentibus
fratribus Anrico de Maysons, Christiano de Bici, Egidio de Vollenis et Viardo
de Bictes servientibus, Lingonensis diocesis, de quorum vita vel morte non
habet certitudinem; et eisdem die et loco et presentibus, et per eundem fuerunt
recepti cum eo Johannes le Bicel Lingonensis diocesis, et Gerardus, qui fuit
conversus de Morimacion, cujus cognomen ignorat, Miletus de Bici dicte
Lingonensis diocesis, et alii quinque de quorum nominibus non recordatur, in
modum qui sequitur cum enim ipse testis esset uxoratus, et frater Hugo de
Cabilone miles, tunc preceptor domus de Val Tors
Sources: Procès des Templiers, publié par M. Jules Michelet, tome 1 et 2
- Imprimerie Nationale - Paris - M. DCCC. LI.
L’un des frères du Temple, dont l’interrogatoire figure au Procès, lui reproche
d’avoir restreint les aumônes en sa maison de Thors, et même de les avoir
supprimées; il fait le même reproche au précepteur de la maison de Corgebin.
Procès des Templiers, tome I, page 594
Credit quod illi qui nollent facere predicta illicita in recepcione graviter
puniti essent, et qui revelarent secreta capituliorum vel modum recepcionis
perpetuo carceri traderentur; dicens quod in recepcione sua ipse et alii qui
fuerunt cum eo recepti juraverunt quod non revelarent secreta capituliorum nec
modum recepcionis eorum. Injunctum fuit ei et aliis cum eo quod non
confiterentur nisi sacerdotibus ordinis; ipse tamen hoc non servavit. Fratres
scientes errores dictos negligentes fuerunt, quia non correxerunt eos nec
denunciaverunt Ecclesie. Dixit eciam quod, in domo de Val de Tor et de
Courgemin, in quibus fuit moratus, fierent elemosine restricte vel pocius
anullate per fratres Hugonem de Cabilone predictum et Albericum de Burrenville,
qui fuerunt preceptores in dictis domibus.
Sources: Procès des Templiers, publié par M. Jules Michelet, tome 1 et 2
- Imprimerie Nationale - Paris - M. DCCC. LI.
Hue de Chalon, aurait été précepteur de Thors, dès la fin du XIIIe siècle, car
son neveu dit avoir été reçu à la Noël 1299, comme frère sergent du Temple, en
la chapelle de Thors, par Etienne d’Epailly, sergent, et en la présence de Hue,
qui plus tard devait prendre la fuite, lors de l’arrestation des Templiers.
Procès des Templiers, tome II, pages 266
Frater Petrus de Modies serviens, Vienensis diocesis, testis supra juratus,
vestes radiatas deferens, quia cum eis captus fuerat una cum teste predicto,
jam est annus vel circa, cum aufugisset, aliorum capcione audita, et habebat
barbam rasam, quadragenarius vel circa, cum quo inquisitum fuerat per dominum
episcopum Matisconensem, lectis et diligenter expositis sibi omnibus et
singulis articulis, respondit se nescire, nec credere, nec audivisse dici de
contentis in eis nisi quod sequitur: videlicet quod ipse receptus fuerat in
capella domus Templi de Tauris Lingonensis diocesis, circa instans festum
Nativitatis Domini erunt VIII anni, per fratrem Stephanum de Espalhi
serviente quondam, presentibus fratribus Hugone de Cabilone milite,
avunculo ipsius testis, qui aufugit in capcione aliorum, Petro Grangero, Petro
de Castellione servientibus, et Symone de Jemvilla presbitero, defunctis.
Sources: Procès des Templiers, publié par M. Jules Michelet, tome 1 et 2
- Imprimerie Nationale - Paris - M. DCCC. LI.
Précepteurs de Thors
1278, frère Nicole.
Vers 1299-1303, frère Hue de Chalon, chevalier.
Precepteurs Magisters de Thors
Pierre, 1213 « preceptor de Valle de Tors »
Pierre de Monteacuto, 1219 « magister »
Wiardus, 1233 « magister de Valle Taurorum »
Nicolas, 1247, 1249, « preceptor (aut provisor) domus milite Templi de Valle
Taurorum »
Demange de Crenay, 1235
Nicolas, 1259-1261, 1275-1279, 1284-1285 « preceptor in ballivia Taurorum »
Hugues de Châlon, 1300 « commandere dou Vaul de Tours »
Sources: Trudon des Ormes: Les possessions templières recueillent durant
les interrogatoires des templiers par les hommes de Philippe le Bel et les
comminssions pontificales des diocèses de France. La plupart de ces
informations sortent des archives départementales, de la bibliothèque nationale
et des textes rédigés par Michelet sur le Procès des Templiers.
Maison du Temple de Thors - Marquis d’Albon
Hanc domum et, quodam saltem tempore, ejus balliviam rexerunt:
Petrus, « preceptor de Valle de Tors » (1213).
Petrus de Monteacuto « magister » (1219).
Wiardus, « magister de Valle Taurorum » (1233).
Nicholaus, « preceptor (aut provisor) domus militi Templi de Valle Taurorum »
(1247, 1249).
Nicholaus, « preceptor in ballivia Taurorum » (1260-1261, 1275, 1277-1279,
1284).
Hugo de Chalon, « commander » « dou Vaul de Tours » 1300 (Trudon des Ormes:
circa 1299-1303).
Hujus balliviæ partes erant, ut videtur, [prætermissa grangia « Bellivisus »:
Beauvoir, (commune de Chaunesnil, canton de Soulaines), quæ verisimiliter
appendix antecedentis præceptoriæ erat.
seqtientes domus: Le Donjon-lez-Vassy (arrondissement de Vassy).
Arrentières, (Aube, arrondissement et canton de Bar-sur-Aube).
Bar-sur-Aube et Bas-Près (commune de La Chapelle-en-Blézy, Haute-Marne,
arrondissement de Chaumont, canton de Juzennecourt) et Corgebin (commune de
Brottes, Haute-Marne, arrondissement et canton de Chaumont. Præceptor, circa a.
1303: Albericus de Burrenville).
Sources: E-G. Léonard, Introduction au Cartulaire Manuscrit du Temple
(1150-1317) constitué par le Marquis d’Albon.
Thors
— Tors, 1085 et 1110 (Prieuré de Montier-en-l’Isle)
— Thoris, Thoriacum, 1238 (Cartulaire de Molesme)
— Vallis Taurorum, 1269 (Cartulaire du Temple)
— Thora, 1285 (Cartulaire de Clairvaux)
— Toria, 1179 (Cartulaire de l’abbaye de Clairvaux)
— Toyre, 1206 (Cartulaire de Champagne)
— Domus milicie vallis Taurorum, 1269 (Cartulaire du Temple)
— Commanderie de Thors, 1390 (chartes de la commanderie de Troyes)
— Commanderie de Thors, 1503 (chartes de la commanderie de Troyes)
— Thors et Corgebin, commanderie, XIXe siècle (Chevaliers, Histoire de
Bar-sur-Aube, page 58)
Sources: Dictionnaire topographique du département de l’Aube, par MM.
Théophile Boutiot et Emile Sogard. Imprimerie Nationale M. DCCC. LXXIV.
Maison du Temple de Thors
Notes sur la commanderie de Thors et la Seigneurie de Vernonfays
La Communauté de Thors fut établie à une époque reculée, à l’entrée d’un étroit
vallon creusé dans une roche aride. On n’y a néanmoins trouvé aucun vestige de
l’occupation romaine. Elle rassortissait à la généralité de Champagne et à
l’élection de Bar-sur-Aube, faisait partie du doyenné de cette ville et du
diocèse de Langres. Son église, ayant pour patronne sainte Marie-Madeleine,
était le siège d’une cure ayant Maisons pour annexe.
Aujourd’hui Thors appartient au département de l’Aube, à l’arrondissement de
Bar-sur-Aube, au canton de Soulaines, à l’évêché de Troyes et au doyenné de
Ville-sur-Terre ; c’est une succursale ayant Maisons pour binage.
Thors est cité sous le nom de Taurum, dès 854, dans une charte de
Charles-le-Chauve. Il est appelé Tors en 1085 et 1110 (F. du
prieuré de Montier-en-l’Isle), — Toria, en 1179 (Cartulaire de
Clairvaux), — Thoyre, en 1206 (Cartulaire de Champagne), — Thori,
Thoriacum en 1238 (Cartulaire de Molesme), — Vallis Taurorum,
en 1269 (Cartulaire du Temple), — Thora en 1285 (F. de
Clairvaux), etc.
Dans deux pièces non datées, mais qui semblent remonter au XIIe siècle, ou
trouve le nom de Rodulfus de Tors, fils de Odo (Eudes ou Odon), chevalier
d’Epagne (miles de Hispania) et de Alvidis ou Alsvidis, qui fut enterrée dans
l’église de Saint-Léger-sous-Brienne (1).
1. M. l’abbé Lalore, (Cartulaire de Montiérender), page 219.
La Commanderie de Thors, qui a existé jusqu’en 1791, fut fondée vers 1190 et
donnée aux chevaliers du Temple par Aimon, Anschaire et Guillaume, seigneurs de
Beurville, localité voisine. Dès ce moment, la seigneurie de Thors appartint
aux commandeurs, et sa cure fut à leur collation. Lors de la suppression des
Templiers par Clément V, en 1312, la Commanderie de Thors fut cédée aux chevaliers
de Saint-Jean de Jérusalem, alors appelés chevaliers de Rhodes, et plus tard,
1330, chevaliers de Malte.
Vers le milieu du XIVe siècle, la Commanderie de Thors fut réunie à celle de
Corgebin, commune de Brottes (Haute-Marne). Dès lors, les deux bénéfices furent
soumis à un seul commandeur, avec Thors comme chef-lieu et maison principale
(2). C’est donc à tort que, dans un article intitulé : Les Templiers et leurs
établissements dans la Champagne méridionale, M. Boutiot dit qu’à la
suppression de l’ordre du Temple, la Commanderie de Thors fut donnée aux
chevaliers teutoniques (3).
2. Les archives des Commanderies de Thors et de Corgebin sont réunies aux
Archives départementales de la Haute-Marne. Elles renferment onze importantes
liasses de papiers non classés et un grand nombre de registres, très propres à
tenter un bénédictin et à exercer sa patience.
3. Annales de l’Aube, 1866, page 41 et suivante.
Cet auteur, à qui l’histoire locale doit d’importants travaux, émet l’idée que
cette commanderie a pu exister originairement au val de Thors, finage de
Bar-sur-Aube (4), vallon peu spacieux qui s’étend au nord de cette ville. La
conformité des noms, la découverte qu’on a faite en cet endroit de
substructions et d’anciennes monnaies, autorisent, jusqu’à un certain point,
cette hypothèse. Mais, ainsi qu’on l’a vu, Thors est appelé Taurus longtemps
avant les croisades, et Tors alors que la Commanderie
n’existait pas ; ce ne peut donc être celle-ci qui, émigrant en ce lieu, lui
imposa son propre nom. Le Vallis Taurorum, sur lequel s’appuie M.
Boutiot, et qui nous paraît être une traduction très hasardée du mot Thors,
ne prouve rien en faveur de son opinion. La Commanderie de Thors, qui avait
tout proche une petite seigneurie dont nous parlerons tout à l’heure, a pu
posséder, à une époque déjà éloignée, une partie du val dont il s’agit. Or, il
n’est pas rare que des biens-fonds aient échangé leurs noms primitifs contre
ceux de leurs possesseurs, et ce serait ici le cas. Rien, à notre avis,
n’autorise la supposition de M. Boutiot, ni l’histoire, ni la tradition, ni
même la configuration des lieux, que nous connaissons parfaitement.
4. Annales de l’Aube, 1866, pages 41 et suivantes.
Commandeurs Templiers de Thors
— Viard, en 1233.
— Démangé de Crenay, vers 1250.
— Nicole ou Nicolas, en 1259 et 1285.
— Hugues de Chalon, en 1300.
Commandeurs Hospitaliers de Thors
— Béraut de Mélency ou Bertaut de Melein, en 1320 et 1329.
— Nicolas de Sommyèvre, premier commandeur de Thors et Gorgebin réunis, vers
1350.
— Artaud Dauton, en 1369.
— Geoffroy Barraut, en 1375 et 1403.
— Jean de Nielle, en 1404 et 1409, aussi commandeur de Ruetz et de Saint-Amand.
— Pierre de Beaufremont, en 1415.
— Etienne de Busscul, commandeur de Thors et de Pontaubert, en 1431 et 1462.
— Regnier Pot, en 1464 et 1492.
— Jean de Pradines, vers 1495, grand prieur de Champagne ainsi que le suivant.
— Elie Dubois, en 1502 et 1504.
— Jean de Choiseul, en 1513 et 1521.
— Guy Lebœuf, en 1529 et 1557, commandeur de Thors, Avaleur, Corgebin, la
Romagne et Langres.
— Baptiste du Châtelet, en 1559 et jusqu’en 1581, où il meurt commandeur de
Thors, Corgebin et Beauchemin.
— Jean d’Anglure, en 1581 et 1592, commandeur de Thors, Corgebin et Robécourt.
— Jean de Seraucourt, en 1597 et jusqu’en 1633, où il meurt commandeur de
Thors, Corgebin, Ruetz et Saint-Nicolas de Langres (5).
— Philandre de Vinceguerre, en 1645 et jusqu’en 1656, où il meurt commandeur de
Thors et Corgebin, lieutenant générai des galères de France.
— Charles Descrot-Duchon, ex-commandeur de Sugny, commandeur de Thors, Corgebin
et la Romagne, en 1662 et 1687.
— Charles de Choiseul d’Eguilly, en 1695 et 1711, commandeur de Thors, Corgebin
et Saint-Jean en l’Isle.
— Francois Chevestre de Cintrey, en 1717 et 1719, lieutenant général de
vaisseau et commandeur de Thors et Corgebin, comme tous ceux qui suivent.
— Joseph de Laval-Montmorency, bailli et grand-croix de l’ordre, en 1726 et
1747.
— Adrien de la Viéville-Derville de Vignacourt, en 1759, grand-prieur de
Champagne.
— Jacques de Foudras, bailli et grand-croix de l’ordre, en 1761 et 1770.
— Louis-Francois de Lamirault, en 1776 et 1791. (6)
5. Il existe, dans l’église de Thors, « un tableau peint sur toile
représentant l’institution du Rosaire. Au bas du sujet se trouve le portrait du
donateur de ce tableau, beau vieillard portant le costume et les insignes de
l’Ordre teutonique et dont la disposition des cheveux, celle de la barbe et
quelques détails de costume rappellent le commencement du règne de Louis XIII.
Ses armoiries sont : d’argent, à la bande de sable, accompagnée de sept
billettes du premier, quatre en haut, trois en bas ; au-dessous de l’écu
et issant de la pointe, sept drapeaux renversés de différentes couleurs, tous
chargés d’un croissant. » (Th. Boutiot, Les Templiers et leurs établissements
dans la Champagne méridionale, page 17)
Ces armes sont celles de la famille lorraine de Serocourt ou Seraucourt, et le
personnage du tableau est bien certainement Jean de Seraucourt.
6. Cette liste est tirée d’un ouvrage intitulé : Le diocèse de Langres,
histoire et statistique, par M. l’abbé Roussel.
En 1770, la Commanderie possédait des biens à Arnancourt, Arrentières
(Vernonfays), Basprés, La Chapelle, Thors (gagnages de Beauregard et de Soret),
Beurville (le Chanet), Bar-sur-Aube (Courcelle), Fresnay (hôpital), La Motte,
Maisons, Rouvres et Ville-sur-Terre, comme le constate le pied-terrier rédigé
cette année sur la déclaration des détenteurs et des communautés.
Nous voyons qu’en novembre 1263 frère Humbert de Parant, humble précepteur des
maisons françaises de l’ordre du Temple, ratifie un accord fait entre l’abbaye
de Montiérender, d’une part, et le précepteur et les frères de la maison de
Thors (Domus Vallis Taurorum) du même ordre, d’autre part, au sujet de
terres acquises par le ledit précepteur sur les finages de Vassy et de
Ville-sur-Terre. Le précepteur et ses successeurs devront payer chaque année à
l’abbaye, « infra nativitatem Domini », huit setiers de blé,
mesure de Troyes, moitié froment et moitié avoine, dans la grange de
Ville-sur-Terre, qui appartient à la maison de Thors (7).
7. L’abbé Lalore, Cartulaire de Montiérender, n° 127, page 234.
Une pièce sans date, rappelée dans le même Cartulaire, n° 128, porte que frère
Ferris de Fougereulles, humble prieur de Champagne, somme son « amei en Dieu »
le commandeur de Thors, frère Démangé de Crenay, de payer les huit, setiers de
blé dus à Montiérender par la grange de Ville-sur-Terre (8).
8. L’abbé Lalore, Cartulaire de Montiérender, n° 128.
Trouan-le-Grand (10)
On trouve à Trouan-le-Grand, le moulin du Haut et du Bas
Les Templiers possédaient au Grand-Trouan une partie de la justice et de la
seigneurie du lieu, par indivis avec d'autres seigneurs qui en avaient le
surplus. Ils y avaient la dîme, quelques terres avec des censives, et un moulin
sur la rivière de Sézanne.
C'était une acquisition qu'ils avaient faite des religieux de la
Charité-sur-Loire, en 1209, comme on le voit dans l'acte d'achat qu'on trouvera
à la commanderie de Laigneville. La maison de Trouan n'existait plus au XVe
siècle.
Trouan-le-Grand
— Avec moulin et Maison du Temple.
— Troantium, 1081-1108 (Charte du Prieuré de Dampierre)
— Troennum, XIIe siècle (Charte du prieuré de Ramrupt)
— Tran, 1152-1181 (Feoda Campagniae)
— Troant, 1200 (Charte de l'Hôtel-Dieu-le-Comte)
— Trannum, 1207 (Bulle d'Innocent III, Camusat, folio 355)
— Molendium de Troant, 1219 (Cartulaire du Temple)
— Troancieum, 1246 (Cartulaire de l'Abbaye de Clairvaux)
— Trouancieum, 1314 (Charte de la commanderie de Troyes)
— Trouan le Grand, 1570 (Inventaire des titres de la commanderie de Troyes)
Maison du Temple de Troye
Les Templiers eurent une maison à Troyes (ils paraissent d'ailleurs en avoir eu
dans toutes les villes un peu importantes de France) et la maison du Temple de
Troyes fut même chef de baillie.
Le Grand-maître du Temple reçut les témoignages de la plus vive sympathie de la
part des hauts personnages qui assistaient au concile. Un d'entre eux, Raoul le
Gros, « Crassus », s'empressa de donner à l'Ordre une terre qu'il
possédait aux portes de la ville de Troyes
Domaine du Temple de Preize
Cette donation est rappelée dans une charte très-remarquable de Haton, évêque
de Troyes, de l'année 1143, dans laquelle ce prélat énumère et confirme tous
les dons faits jusqu'alors aux Templiers dans son diocèse. On y voit que le
seigneur Raoul leur avait donné, sous réserve d'usufruit, une maison qu'on
appelait « La Grange », « domum quam Grangiam vocamus »,
située devant Troyes, « ante Trecas », avec la terre de Preize,
« Prieze, faubourg de Troyes », « terram de Praeria », à
partir du chemin de la Rivière, « La Rivière de Cors, près de Preize
(Aube) Troyes » « a via que dicitur de Riveria », avec les prés,
vignes et bâtiments en dépendant, y compris tous les animaux domestiques qui
pourraient s'y trouver au jour de son décès.
Preize
— Faubourg de Troyes, autrefois écart de la commune de Saint-Martin-des-Vignes.
— Granchia de Praeria, 1228 (Cartulaire du Temple)
— Preze, 1363 (Inventaire des titres de la commanderie du Temple de Troyes)
Sources: Dictionnaire topographique du département de l'Aube, par MM.
Théophile Boutiot et Emile Sogard. Imprimerie Nationale M. DCCC. LXXIV.
Le visiteur de France y vint parfois, par exemple au mois d'octobre 1290, alors
que Nicolas de la Serre, sergent, était précepteur de la maison.
Mais il y eut, en outre, un précepteur de la baillie de Troyes, frère Jean
Bruart, dont l'existence ne nous est connue que grâce à une admission faite par
lui, vers 1293, à Villiers, maison voisine de Troyes.
Villiers
— Hameau près de Savière ; Aujourd'hui détruit.
— Les dîmes appartenaient aux Templiers de Troyes (Cartulaire du Temple, XIIe
siècle)
Sources: Dictionnaire topographique du département de l'Aube, par MM.
Théophile Boutiot et Emile Sogard. Imprimerie Nationale M. DCCC. LXXIV.
Le précepteur du Temple de Troyes en 1307, était frère Pierre de Sarcelles,
sergent, qui ne fut interroge qu'en février 1311; il raconta avoir été témoin,
en 1307, de la réception d'un sergent comme lui, nommé Jacques de Sancey qui
fut brûlé à Paris. C'était en la chapelle de la maison du Temple de Troyes, et
le recevant, qui ne devait pas faire preuve de beaucoup de courage lors du
procès, avait été frère Raoul de Gisy, receveur de Champagne pour le roi.
Sancey
Six semaines à peine avant son arrestation, Pierre avait assisté également à
une réception, en la templerie de Sancey (de nos jours,
Saint-Julien-les-Villas).
Saint-Julien, autrefois Sancey, canton de Troyes, avec moulins.
— Domus Templi de Sanceyo, de Sanci, de Sanciaco, 1309 (Procès des Templiers)
— Ancienne Maison du temple, sise au midi de l'église paroissiale, qui en
faisait partie.
Sources: Dictionnaire topographique du département de l'Aube, par MM.
Théophile Boutiot et Emile Sogard. Imprimerie Nationale M. DCCC. LXXIV.
Præceptor de la baillie du Temple de Troyes vers 1293, frère Jean Bruart.
Præceptores de la maison de Troyes
Vers 1290, frère Nicolas de la Serre, sergent.
En 1307, frère Pierre de Sarcelles, sergent.
Sources: Trudon des Ormes: Les possessions templières recueillent durant
les interrogatoires des templiers par les hommes de Philippe le Bel et les
commissions pontificales des diocèses de France.
456 - 1247. Mars
Département: Aube, Arrondissement et Cantons: Troyes, Commune:
Saint-André-les-Vergers - 10
Vente à l'abbaye de la Prée, par Guillaume Boutefer, d'une vigne sise au terroir
de Puy-David, contiguë à celle des Templiers.
Sources: Inventaire des litres de l'abbaye de la Prée
Procès des Templiers, tome I, page
434-435
Requisitus si viderat aliquos alios recipi in dicto ordine, respondit quod sic,
fratrem Johannem de Annonia servientem per fratrem Johannem Bruart
preceptorem ballivie Trecensis, in capella domus Templi de Vilaribus,
presentibus dictis fratribus Stephano le Nain, Galtero lo Bergier, Radulpho de
Annonia fratre ejusdem Johannis, servientibus, sunt decem et octo anni, vel
circa.
Procès des Templiers, tome I, pages 571,
575, 583
Lectis autem et diligenter expositis sibi omnibus et singulis articulis,
rotestacione premissa quod non intendit venire contra deposicionem per eum
factam coram dicto domino episcopo Carnotensi, respondit se nescire de eis nisi
quod sequitur, videlicet se vidisse recipi Nicolaum de Serra
servientem, Trecensis diocesis, de cujus vita vel morte non habet
certitudinem, per duos menses ante capcionem eorum, in quadam camera domus
Templi de Sanci Trecensis diocesis, per fratrem Radulphum de Gisi tunc
receptorem Campanie, testein supra examinatum, presentibus fratribus Radulpbo de
Salicibus et Christiano de Biceyo, teste examinato, et Nicola de Trecis, eri
exaudito, Baudoyno de Gisi et Stephano de Sanci servientibus.
Vidit eciam recipi per eundem fratrem Radulphum, in eodem anno quo capti
fuerunt, ante recepcionem precedentem, fratrem Jacobum de Sanci servientem
quondam, quem audivit coinbustum fuisse Parisius, cum aliis Templariis, in
capelia domus Templi Trecensis, presentibus omnibus supradictis fratribus
qui interfuerant recepcioni dicti Nicolai de Serra, excepto Baudoyno.
Procès des Templiers, tome I, pages 583
Lectis autem et diligenter expositis sibi omnibus et singulis articulis,
respondit protestacione, quando juravit facta, repetita, se nescire de eis nisi
quod sequitur videlicet se recipi vidisse in capella Visitatoris Templi
Parisiensis, in proximo die Cinerum erunt quatuor anni, per fratrem Hugonem de
Penrando, fratres Petrum de Sivri et Gerardum de Castro Novo milites juvenes,
presentibus fratribus Radulpho de Gisi receptore Campanie, teste
supra examinato, Johanne de Tortavilla et Petro de Tortavilla tunc preceptore
domus Templi Parisiensis, et Nicolaum de Sara servientem, Trecensis
diocesis, in camera domus Templi de Sanciaco ejusdem
diocesis, per dictum fratrem Radulphum de Gisi, per duas septimanas vel circa
ante capcionem eorum, presentibus fratribus Symone de Jez presbytero Stephano
de Sanci, Petro de Sercellis preceptore tunc domus Trecensis.
Rue du Temple à Troyes
Essentiellement commerçante, la rue du Temple, qui s'embranche sur le quartier
de Croncels, fut, jusqu'à l'époque de la révolution, peuplée de comptoirs
appartenant à des commerces de diverses natures. Il y avait des marchands drapiers
de Reims. On y trouvait aussi une caserne des Suisses, au numéro 36. Cette
maison faisait partie de l'ancienne et vaste hôtellerie de la Tête-Noire, qui
avait son entrée rue de la Limace.
Du reste, la rue du Temple possédait de nombreuses auberges, comme d'ailleurs
beaucoup de rues, ce qui donne la mesure du mouvement dont Troyes était le
centre.
Les fameux papetiers Le Bé avaient leurs étendoirs dans la ruelle supprimée qui
portait, qui porte encore leur nom, dans la portion survivante aboutissant dans
la rue de la Pie ; elle longeait les maisons n° 11 et 13. C'est dans l'hôtel
Duchâtel (n° 11), aujourd'hui occupée par le payeur, que Napoléon 1er descendit
en 1814.
Quant au nom de la rue, il vient de la Commanderie de Saint Jean-du-Temple, qui
existe encore à l'angle du retour qui s'ouvre sur la rue Notre-Dame.
L'ancienne chapelle de la Commanderie a été démolie lors de la révolution de
1792 ; mais l'hôtel, dont les bâtiments ne remontent qu'au siècle de Louis XIV,
subsiste encore.
Des mains des Templiers qui la tenaient de Raoul-le-Pesant et d'Agnès, sa femme
en 1186, la Commanderie passa en 1312 dans celles des Hospitaliers de
Saint-Jean -de-Jérusalem. Avant l'installation des Templiers, la rue se
nommait de Composte, évidente corruption de porte du Comte.
Dans la rue du Temple, peut-être la plus passante des rues le Troyes,
débouchent la rue du Pont-Royal, celle de la Pie, et la rue de la
Montée-des-Changes, en face de laquelle les marchands de Provins avaient leur
halle. La maison d'angle de la Montée-des-Changes, n° 26, était l'hôtel des
Gandelus. Viennent ensuite, les rues du Cheval-Blanc et de la Trinité.
Vallée (Les) (10)
Nous n'avons pas de documentations templières sur cette possession, uniquement les textes issus du Procès qui prouvent l'origine templière de cette Maison du Temple.
Déclaration d'inventaire fait par les Hospitaliers: Cette maison, située à une
demi-lieue au sud de Bercenay-en-Othe, est désignée dans la déclaration de
1338, sous le nom de « Vallis Severini », et dans le Livre-Vert, sous
celui de Vallée.
Elle était occupée en 1337, par un frère de l'Hôpital qui en faisait sa
résidence; et en 1376, elle était tenue à vie par un chevalier, du nom de Jean
de Chauvigny, seigneur de Socourt.
Par la négligence de ce seigneur, la maison des Vallées était tombée toute en
ruines. Un procès allait s'engager entre lui et Gérard de Vienne, alors
Grand-Prieur de France, lorsqu'il fut convenu entre eux, par forme de
transaction, que Jean de Chauvigny continuerait à jouir jusqu'à sa mort de la
maison de l'Hôpital, à la condition qu'il en paierait la responsion, y ferait
les réparations nécessaires, ainsi qu'à une grange dimeresse appartenant à
l'hôpital, appelée la Grange de Percey, « Percey, (Yonne), arrondissement,
Tonnerre, canton de Flogny. »
Il est aussi fait mention dans le procès, d'une maison du Temple « de
Valeia », « Valleia », « Valleya », que le
dictionnaire topographique de l'Aube semble identifier avec la maison du Temple
d'Avalleur, mais à tort selon nous.
Vallée
— Vallis que vocatur Bretenensis, 1104 (Cartulaire de l'Yonne)
— Vallé, 1553 (Extrait et Etat sommaire du baillage de Troyes)
— Valest, XVIIIe siècle (Pouillé)
— Vallée, XVIIIe siècle (Cartes de Cassini)
— Ancien fief dépendant de la Maison du temple de Coulours.
Sources: Dictionnaire topographique du département de l'Aube, par MM.
Théophile Boutiot et Emile Sogard. Imprimerie Nationale M. DCCC. LXXIV.
Ne serait-ce pas plutôt le lieu-dit Les Vallées, assez peu éloigné de Coulours
; dans ce cas, le Temple des Vallées aurait dépendu de la baillie de Coulours
et nous avons dit en parlant de cette baillie que le précepteur de Coulours
était précisément venu aux Vallées. Ici le précepteur désigné comme étant celui
de Coulours, est Laurent de Beaune.
C'est dans cette maison du Temple de Vallée, du diocèse de Troyes, que fut
reçu, vers 1285, par Hue de Perraud « Hugonem de Peraido » en ce
temps précepteur d'Epailly, Raoul de Gisy, alors âgé de trente-cinq ans
environ.
Procès des Templiers, tome I, page 395
Requisitus quomodo sciebat predicta, respondit quod quando ipse fuit receptus
per fratrem Hugonem de Peraido, tunc preceptorem d'Espalhi, in aula domus
Templi de Valleia Trecensis diocesis, quadam die Dominica post festum beati
Remigii, proximo preteritum fuerunt XXVI anni vel circa, presentibus fratribus
Petro de Vaucellis, Guaufredo de Trechi, Matheo de Pullencourt, Hugone
Burgondi, Philippo de Manchiaco, et quodam vocato Emaliando servientibus
deffunctis.
Sources: Procès des Templiers, publié par M. Jules Michelet, tome 1 et 2
- Imprimerie Nationale - Paris - M. DCCC. LI.
L'on sait que Raoul « Radulphus de Gysi » devint, dans la suite,
précepteur du Temple en Brie, receveur, pour le roi, des revenus de la
Champagne, et que Hue fut visiteur de France.
Procès des Templiers, tome II, page 363
Item frater Radulphus de Gysi receptor quondam Campanie, etatis
quinquaginta annorum, juratus eodem modo et interrogatus de tempore et modo sue
recepcionis, dixit per juramentum suum quod viginti duo anni sunt vel eirce
quod fuit receptus in domo de Valeia Trecensis diocesis, per fratrem Hugonem de
Paraudo tunc preceptorem de Pailli presentibus pluribus fratribus dicti ordinis
de quibus non recolit ad presens.
Sources: Procès des Templiers, publié par M. Jules Michelet, tome 1 et 2
- Imprimerie Nationale - Paris - M. DCCC. LI.
Raoul de Gisi, une fois précepteur, revint à Vallée, notamment en 1299, pour
recevoir le futur précepteur du Temple de Bois-d'écu; il y avait alors dans la
maison un prêtre bourguignon, nommé frère Jean « Johanne nacione. »
Procès des Templiers, tome I, page 639
Credit tamen quod omnes alii fratres ordinis reciperentur communiter sicut ipse
fuit receptus per fratrem Radulphum de Gisi, testem supra juratum,
in festo beati Michaelis proximo preterito fuerunt XI anni vel circa, in camera
quadam domus Templi de Valleya Trecensis diocesis,
presentibus fratribus Johanne nacione Burgondo, presbytero quondam,
Gaulrido de Trachi, Johanne de Vernolio, Ponsardo de Gisi , quondam
servientibus a quo receptore instructus per quosdam alios fratres peciit panem
et aquam, societatem et pauperem vestitum ordinis amore Dei [...]
Sources: Procès des Templiers, publié par M. Jules Michelet, tome 1 et 2
- Imprimerie Nationale - Paris - M. DCCC. LI.
Procès des Templiers, tome II, page 417
Item frater Nicolaus de Compendio preceptor domus de Bosco Scuti, etatis
quadraginta annoruni vel circa, juratus eodem modo de se et aliis in causa
fidei dicere veritatem, et interrogatus de tempore et modo sue recepcionis,
dixit per juramentum suum quod fuit receptus in domo de Valeia,
octo anni sunt elapsi vel circa, per fratrem Raymundum de Gisi
receptorem Campanie, presentibus fratribus Gaufrido de Trahi et Johanne de
Vernolio, et quibusdam aliis de quorum nominibus non recolit.
Sources: Procès des Templiers, publié par M. Jules Michelet, tome 1 et 2
- Imprimerie Nationale - Paris - M. DCCC. LI.
Quant au précepteur de la maison, c'était en 1307, un certain frère Jean
d'Anisy « Johannes Anisiaco »; il avait été reçu au Temple de Prunay.
Procès des Templiers, tome II, page 366
Item frater Johannes de Anisiaco preceptor de Valeia etatis
quadraginta quinque annorum, juratus eodem modo de se et aliis in causa fidei
dicere veritatem, et interrogatus de tempore et modo sue recepcionis, dixit per
juramentum suum quod fuit receptus in domo de Prunaio diocesis Carnotensis,
in instanti Quadragesima erunt viginti tres anni per fratem Symonem de Quinci
preceptorem ballivie de Prunaio, presentibus fratre Galtero de Ete tenente locum
Magistri Francie, et fratre Reginaldo d'Argeville, qui fuit cubicularius pape
vel ostiarius, et quibusdam aliis de quorum nominibus non recordatur.
Sources: Procès des Templiers, publié par M. Jules Michelet, tome 1 et 2
- Imprimerie Nationale - Paris - M. DCCC. LI.
Præceptor de Vallée: 1307, frère Jean
d'Anisy
Sources: Trudon des Ormes: Les possessions templières recueillent durant
les interrogatoires des templiers par les hommes de Philippe le Bel et les
commissions pontificales des diocèses de France.
Domaine du Temple de Vaudes
Les Templiers y prient pied dès 1196, c'est-à-dire neuf ans plus tôt qu'à
Sancey, et treize ans plus tôt qu'à Verrières, par suite de la donation que
leur firent, sous le sceau de Garnier, évêque de Troyes, le chevalier Belin
« de Roseio - alias Roseto », et sa femme Pétronille, surnommée
Comtesse.
Dans la donation de Belin de Roseio se trouvait probablement comprise une
partie de la dîme de la paroisse de Vaudes.
Le curé avait également sur les terres de cette paroisse des droits partiels de
décimation, et un conflit ne tarda pas à s'élever entre les co-décimateurs. Le
différend fut porté à la cour de Rome, qui nomma, pour le trancher, trois
membres du chapitre de Paris: le doyen, l'archidiacre et le chanoine Pierre de
l'Hôpital. Sans attendre leur décision, les parties chargèrent l'archidiacre de
Troyes, Herbert, de les mettre d'accord par un compromis amiable. Après avoir
pris conseil d'hommes sages et éclairés, et s'être assuré du consentement des
intéressés, Herbert statua ainsi: les Templiers auraient deux parts dans le
tiers des dîmes, tant grosses que menues, de la paroisse de Vaudes, et le
sixième de la totalité pour la paroisse de Montceaux, aux cours de Vaudes.
Quant aux terres qu'ils cultivaient de leurs mains, ou à leurs frais, la dîme
leur appartiendrait intégralement, conformément au privilège qui leur avait été
accordé par le souverain pontife. Cependant, en raison des peines que le curé
s'était données, et des frais qu'il avait dû faire pour l'acquisition de son
droit de décimation, il prélèverait annuellement à la Saint-Remi, dans la
grange du Temple de Cères, et cela tant qu'il desservirait l'église de Vaudes,
deux setiers de grain, par moitié froment et avoine.
Sources: M. l'Abbé Auguste Pétel Curé de Saint-Julien - Aube. Membre
résident de la société académique de l'Aube - 1906
Verrières (10)
Maison du Temple de Verrières
Ce fut seulement en 1209, presque un siècle après la fondation de leur Ordre,
que les Templiers s'établirent à Villers-lès-Verrières. ils y furent amenés soit
par le chevalier Geoffroy de Meceon, soit par Helvis de Saint-Jean-de-Bonneval,
deux chrétiens généreux de la région, qui leur firent, presque simultanément,
d'importantes donations.
Sans affirmer qu'elle fut véritablement la première en date « point assez
difficile à élucider » nous donnerons la première place à la donation
d'Helvis de Saint-Jean-de-Bonneval, suivant en cela l'auteur du Cartulaire du
Temple qui, à tort ou à raison, lui a accordé la priorité.
La maison du Temple de Villiers, au diocèse de Troyes « de Villaribus
Templi Trecensis diocesis », « de Villaribus prope Trecas »,
n'était pas très éloignée de cette ville ; comme la plupart des maisons de
l'Ordre, elle avait sa chapelle.
Nous avons dit précédemment que le précepteur de la baillie du Temple de Troyes
était venu procèder à une réception en cette maison, vers 1293 ; si nous
ajoutons que le sénéchal de la maison, en 1307, était frère Jacques de Troyes,
sergent, reçu dans le Temple en 1304, nous aurons donné sur Verrières tout ce qui
a trait à cette maison.
Sources: Trudon des Ormes: Les possessions templières recueillent durant
les interrogatoires des templiers par les hommes de Philippe le Bel et les
commissions pontificales des diocèses de France.
Verrières
— Verrere, 1145 (Charte du prieuré de Foicy)
— Verrerie, 1179 (Cartulaire de la léproserie de Troyes)
— Verrieres, XIIIe siècle (Bibliothèque de Troyes, manuscrits 365)
— Verrerie, 1309 (Procès des Templiers)
— Verrie, 1381 (Archives de la ville de Troyes, compte manuscrits originale)
— Verrieres, 1520 (Inventaire et titres de la commanderie de Troyes)
Sources: Dictionnaire topographique du département de l'Aube, par MM.
Théophile Boutiot et Emile Sogard. Imprimerie Nationale M. DCCC. LXXIV.
Procès des Templiers, tome I, page
253-254
Post hec, die Sabati sequenti, que fuit nona dies mensis May, convenerunt in
dicta capella sancti Elligii domini commissarii predicti, exceptis dominis
Narbonnensi et Bajocensi, supra excusatis, et fuit adductus ad presenciam
eorumdem dominorum commissariorum, ut deponeret dictum suum, Jacobus de Trecis,
testis suprajuratus, absque mantello et habitu Templi, tonsus capite et rasus
barba, etatis, ut dixit, XXIV annorum vel circa, et dixit quod intraverat
dictum ordinem per tres annos cum dimedio vel circa ante capcionem
Templariorum, et intelligebat Latinum, ut dixit, et erat seneschallus domus
de Villaribus prope Trecas et frater serviens, et fuerat examinatus,
ut dixit, in negocio Templariorum per archiepiscopum quondam Senonensem et
postea per episcopum Aurelianensem, nunquam tamen questionatus, ut dixit,
fuerat.
Procès des Templiers, tome I, page 370
Pateat universis per hoc presens,publicum instrumentum quod anno Domini
millesimo trecentesimo septimo, indicione sexta, pontificatus sanctissimi
patris et domini domini Clementis divina providentia pape quinti anno secundo,
die Jovis post octabam Omnium Sanctorum, scilicet nona die, novembris, in
presencia religiosi et honesti viri fratris Nicolai de Anessiaco ordinis
fratrum Predicatorum, commissarii dati a religioso et bonesto viro fratre
Guillelmo de Parisius dicti ordinis, inquisitore heretice pravitatis in regno
Francie auctoritate apostolica deputato, nostrum notariorum publicorum et
testium infrascriptorum presencia personaliter constitutus frater Nicolaus de
Sarra dyocesis Trecensis, etatis XXVI annorum vel circa, agricola in
domibus de Villaribus Templi Trecensis dyocesis, juratus ad sancta Dei
Evangelia tacta corporaliter ab eodem, et requisitus de se et de aliis dicti
ordinis super dicto crimine delatis et de modo recepcionis sue dicere in causa
fidei veritatem, dixit per juramentum suum quod fuit receptus per fratrem
Radulphum de Gisiaco, in crastino festi Assumptionis beate Marie nuper;
preteriti, in domo de Sanci Trecensis diocésis, presentibus fratre Christiano
clavigero domus predicte de Sanci et fratre Radulpho fratre dicti Baldoini, et
fratre Jacobo de Sance.
Procès des Templiers, tome I, page 435
Requisitus si viderat aliquos alios recipi in dicto ordine, respondit quod sic,
fratrem Johannem de Annonia servientem per fratrem Johannem Bruart preceptorem
ballivie Trecensis, in capella domus Templi de Vilaribus,
presentibus dictis fratribus Stephano le Nain, Galtero lo Bergier, Radulpho de
Annonia fratre ejusdem Johannis, servientibus, sunt decem et octo anni, vel
circa.
Sources: Procès des Templiers, publié par M. Jules Michelet, tome 1 et 2
- Imprimerie Nationale - Paris - M. DCCC. LI.
Villers-les-Verrières (10)
Domaine du Temple de Villers-les-Verrières
Ce fut seulement en 1209, presque un siècle après la fondation de leur Ordre,
que les Templiers s'établirent à Villers-lès-Verrières. lis y furent amenés
soit par le chevalier Geoffroy de Meceon, soit par Helvis de
Saint-Jean-de-Bonneval, deux chrétiens généreux de la région, qui leur firent,
presque simultanément, d'importantes donations.
Sans affirmer qu'elle fut véritablement la première en date « point assez
difficile à élucider » nous donnerons la première place à la donation d'
Helvis de Saint-Jean-de-Bonneval, suivant en cela l'auteur du Cartulaire du
Temple qui, à tort ou à raison, lui a accordé la priorité.
Veuve en première noces de Théodoric et remariée au nommé Charnel, Helvis, du
vivant même de son second mari, semble-t-il, voulut entrer en religion comme
soeur du Temple, et apporta en dot à sa famille religieuse:
1 - la maison qu'elle avait derrière celle de Pierre de Daudes (hameau, commune
de Montaulin), dans la rue de « Buschet »
2 - les terres et les prés qu'elle possédait à Daudes.
3 - trois arpents de pré à Montaulin (canton de Lusigny).
4 - dix journaux (jugera), à prendre parmi les meilleures terres que Théodoric,
son premier mari, lui avait laissées en douaire, sur le finage de Villers.
5 - deux hommes de corps: Renald Arembert, de Villery (canton De Bouilly), et
Renaud, de Saint-Jean-de-Bonneval.
En dehors de cette donation, faite à titre définitif et irrévocable, Helvis
abandonna aux Templiers l'usufruit viager qu'elle avait de toute la terre de
Villers, qui constituait son douaire. A sa mort, cette terre ferait retour à
ses héritiers, à l'exception des 10 journaux ci-dessus mentionnés, des 3
arpents de pré de Montaulin, des deux hommes de corps et des acquêts qu'elle
avait pu faire avec Charnel, son second mari.
Les deux fils d'Helvis, Guillaume et Pierre, approuvèrent et ratifièrent cette
double libéralité, qui fut enregistrée sous le sceau de l'évêque de Troyes,
Hervé, en l'an 1209, sans indication de mois.
L'année 1209, suivant le style de l'époque, commença le 20 mars, date de la
fête de Pâques. Or, la donation du chevalier Geoffroy de « Meceon »,
dont nous allons parler, eut lieu le 9 avril suivant. Un très court intervalle,
18 jours au maximum la séparerait donc de celle d'Helvis, supposé qu'elle lui
fut réellement postérieure. Voici quel en fut l'objet Du consentement
d'Emeline, sa femme, et de Pierre, son fils, le chevalier Geoffroy donna aux
Templiers:
1 - le tiers de tout ce qu'il possédait à Villers-lès-Verrières, à Daudes et
depuis Clérey jusqu'à Troyes, en prés, vignes, terres, hommes, cours d'eau et
emplacement de moulins.
2 - le fief de dame Marguerite, femme de Guiard de Fresnoy « de
Fruxino »
3 - le droit que Geoffroy et les siens avaient à l'héritage d'Ermenjarde, femme
du chevalier Thomas.
4 - un autre fief, sis à Daudes, et que tenait du dit Thomas, le chapelain
Etienne, petit-fils de Philippe de Colaverdey.
Quant aux deux autres tiers de ses biens, Geoffroy les vendit aux Templiers
moyennant 300 livres, monnaie de Provins. Cette somme fut payée comptant, de
sorte que l'official de la Cour de Troyes Henri, sous le sceau duquel l'acte
fut passé, en donna décharge aux Templiers, et les investit sur-le-champ de
leur nouveau domaine dans la personne de frère Haymard « Frère était à
cette époque le trésorier du Temple de Paris », leur représentants.
Pour les cinq années qui suivirent la fondation de la maison de Villers, nous
n'avons rien à relater, mais en 1214, nous relevons un acte d'échange entre le
chapitre de Saint-Etienne de Troyes et les Templiers. Par cet acte, notifié au
mois d'août, sous le sceau de Barthélemy, doyen de Saint-Etienne, le chapitre
céda aux Templiers tous les droits qu'il avait sur la personne de Milon de
Villers, sur sa famille et sur ses biens; en retour, les Templiers
abandonnèrent au chapitre les droits équivalents qu'ils avaient sur un
jardinier des Trévois, nommé Martin.
La Champagne était alors administrée par Blanche de Navarre, veuve du comte Thibaut
III et régente de son fils mineur Thibaut IV, connu plus tard sous le nom de
Thibaut le Chansonnier. Si, dans la lutte qu'elle eut à soutenir contre Erard
de Brienne, la jeune comtesse ne recula devant aucune libéralité, pour stimuler
le zèle des vassaux de Champagne et gagner à sa cause des barons restés
neutres, ou ayant déjà pris parti pour Erard, elle chercha également à se
concilier la bienveillance du pape, et, ce qui valait mieux encore, la
protection du ciel, par d'abondantes aumônes faites aux établissements
religieux de la région.
C'est ainsi qu'au mois de février 1216, à la demande de son cher frère Pierre
de Cluny, elle donna aux Templiers de Villers-lès-Verrières droit d'usage dans
sa forêt d'Ervy (« partie de la foret de Rumilly-lès-Vaudes. » Le
droit ainsi concédé n'était pas absolu, mais limité à une voiture à deux
chevaux de « mort-bois », à prendre par jour, là où les Templiers
voudraient, réserve faite cependant de la partie de la forêt qui serait en
« défends. »
La donatrice eut soin de stipuler en outre que, s'il lui plaisait un jour de
vendre, ou d'essarter la dite forêt, les Templiers ne pourraient s'y opposer en
invoquant comme titre le droit d'usage qu'elle voulait bien leur concéder.
Pour se faire une juste idée de cette libéralité, qui aujourd'hui pourrait
paraître excessive, voire même invraisemblable, il importe de tenir compte du
peu de valeur qu'avait alors le bois de chauffage, et de se rappeler notamment
qu'en 1199 les abbayes de Pontigny, de Dilo et de Vauluisant se firent
autoriser à brûler sur place une partie de leurs forêts, estimant plus
avantageux d'en faire des cendres que du charbons. D'autre part, vu le mauvais
état des chemins, la charge d'une charrette à deux chevaux était nécessairement
de beaucoup inférieure à ce qu'elle peut être de nos jours.
Le droit de décimation à Verrières appartenait aux religieux de
Moutier-la-Celle, et ils voulaient naturellement l'exercer sur les terres du
Temple, aussi bien que sur les autres. De leur côté, les Templiers se prétendaient
exempts de cette redevance; de là, conflit entre les deux établissements
religieux. Après enquête, frère Richard, qualifié précepteur du Temple de
Troyes et de Villers-lés-Verrières, et agissant avec l'autorisation de frère
Haymard, trésorier du Temple de Paris, reconnut devoir la dîme pour toutes les
terres nouvellement ou anciennement mises en culture sur les finages de Villers
et de Verrières. Exception fut faite cependant pour:
Le champ provenant de Marguerite (3 arpents et demi),
Pour la terre de « Pigom » (4 arpents moins un quartier),
Pour celle de Pierre Strabon (deux tiers d'arpent),
Pour celle de « Loverie » (3 quartiers),
Pour le tiers du champ venant de défunt Chasnel,
Pour les « Illettes », les « Noës Essartes »,
Les prés « Wambé » et « Lance Bonnel »,
Ainsi que pour les terres ou jardins se trouvant dans l'enceinte des fossés du
pourpris de Villers.
Les moines de Moutier-la-Celle reconnurent que les neuf premiers articles
étaient réellement exempts de la dîme, et ils renoncèrent formellement au droit
qu'ils pouvaient avoir de la lever sur le dernier. En retour les Templiers
promirent que, désormais, ils ne troubleraient plus, ni par eux-mêmes ni par
d'autres, les religieux dans l'exercice de leur droit de décimation.
L'accord fut notifié ,sous le sceau de frère Richard, commandeur de Troyes et
de Villers, au mois d'août de l'an 1231.
A la même date, les deux maisons religieuses, pleinement réconciliées,
conclurent l'échange suivant: les Bénédictins de Montier-la-Celle cédèrent aux
Templiers tout le droit qu'ils avaient sur deux propriétés sises à Verrières,
l'une sur les bords de la Seine, entre ce fleuve et les bornes posées autrefois
par le chevalier Guillaume Putemonnoie, l'autre devant les premières vannes des
moulins du Temple de Villers et consistant dans l'espace compris entre le bief
des dits moulins et le plein cours de la Seine. En compensation, les Templiers
leur cédèrent, en toute propriété et sans la moindre charge, le tiers du champ
de feu Chasnel, sis à Verrières, lieu-dit « l'Arbenoy », près du
champ de Gauthier Malebouche.
Deux actes de l'échange furent rédigés: l'un, sous le sceau de Léthérie, abbé
de Montier-la-Celle, fut remis aux Templiers; l'autre, sous celui de frère
Richard et du consentement de frère Haymard, trésorier du Temple de Paris, fut
délivré aux religieux.
Le domaine de la maison du Temple de Villers s'accrut, en 1235, du champ appelé
« Portelainnes », sis finage de Rouilly-Saint-Loup, et que les
Templiers achetèrent 16 livres, monnaie de Provins, à Robin de Menois et à
Adeline, sa femme. La contenance du champ n'est pas indiquée; tout ce que nous
savons, c'est qu'il tenait à la terre du Temple et qu'il était en partie
essarté. Le paiement se fit au comptant, Robin et sa femme promirent avec
serment non seulement de ne jamais revenir sur la vente et de ne rien prétendre
sur la récolte du champ, mais encore d'en garantir la jouissance aux acheteurs.
Passé sous le sceau d'Etienne, official de Troyes, l'acte est daté de 1235,
sans indication de mois.
En 1254, le chevalier Marc de Villers et Aalis, sa femme, donnèrent aux
Templiers la moitié du cens qu'ils prélevaient sur la terre appelée
« Nois », sise entre la Bretonnière et les possessions de l'abbaye de
Montier-la-Celle. Ce cens leur appartenait à titre héréditaire, et, de même que
les vendeurs de l'acte précédent, ils promirent avec serment de garantir aux
Templiers, envers et contre touts; la jouissance de l'aumône qu'ils leur
faisaient à titre irrévocable. Passé sous le sceau de la cour de l'église de Troyes
et notifié par l'official, l'acte est daté de janvier 1253.
La transaction de 1231, relativement à la dîme, n'établit qu'une paix boiteuse
entre les Templiers et les religieux de Moutier-la-Celle. Avec le temps, de
nouvelles difficultés surgirent et, en 1293, les deux familles religieuses
étaient de nouveau divisées à l'occasion de cette redevance. Les moines de
Moutier-la-Celle prétendaient que les Templiers de Villers devaient leur payer
la dîme pour toutes leurs terres sises sur les finages de Verrières, de
Rouillerot et de Rouilly-Saint-Loup; c'était là, disaient-ils, un droit qu'ils
tenaient de leurs privilèges et de là coutume, droit dont ils jouissaient de
temps immémorial et auquel s'étaient soumis tous ceux qui cultivaient des
terres sur ces finages, de quelque état et de quelque condition qu'ils fussent.
Les Templiers soutenaient le contraire et nous ne saurions dire sur quelles
raisons ils s'appuyaient. Cédant enfin aux bons conseils qui leur furent
donnés, les deux parties firent la paix et transigèrent aux conditions
suivantes: les Templiers paieraient annuellement, à la Saint-Martin d'hiver,
aux moines de Montier-la-Celle, pour la dîme de leurs terres de Verrières, de
Rouillerot et de Rouilly, huit setiers de grain, savoir quatre setiers de
froment et quatre setiers d'orge, mesure de Troyes, à prendre dans leur grange
de Villers.
Les moines se contenteraient de cette redevance et ne pourraient, sous aucun
prétexte, réclamer autre chose pour la dîme. Comme garantie du paiement de la
redevance, Hugues de Paraud, précepteur des maisons de la milice du Temple en
France, engagea tous les biens de l'Ordre, meubles et immeubles, présents et à
venir.
Données à Paris, au chapitre général et du consentement unanime de tous les
frères, le mercredi après la fête des saints apôtres Pierre et Paul de l'an
1293 (1 juillet), les lettres relatant cette transaction furent scellées du
sceau d'Hugues de Paraud, qui prit soin de déclarer que ce sceau était le seul
dont il fît usage.
Sources: Templiers et Hospitaliers dans le diocese de Troyes: La Maison
de Villers-Lès-Verrières: par l'Abbé A. Pétel
Vitry-le-Croisé (10)
Érard de Chaceney en était seigneur en 1206, et donna aux religieux de Molème droit d'usage dans ses bois de Vitry. Ce village, mentionné dès 1113, fut en partie donné aux Templiers au XIIe siècle.
— Vitry le Croisey, 1488 (Charte de la commanderie des Templiers de Troyes)
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