Saint
Baussange ou Balsème
Pendant longtemps, au prieuré de Ramerupt, on vénère
les reliques de saint Baussange, nommé aussi saint Balsème. Ce culte remonte au
IXe siècle.
Les premiers livres liturgiques qui font mention de
saint Baussange, sont du XIIe siècle.
La légende situe l’histoire à l’époque des Vandales,
qui font irruption en Gaule au début du IIIe siècle. Elle dit que Baussange
naît à Limoges au IVe siècle, dans une noble famille qui a grand soin de son
éducation chrétienne. Dès son jeune âge, il est inscrit dans la cléricature,
car il brille « par ses vertus et se conduit comme un petit ange ». Il
persévère si bien, qu’il est appelé au diaconat et enseigne le peuple chrétien
aussi bien par ses exhortations que par ses saints exemples. Son zèle dans la
célébration liturgique du Corps et du Sang du Christ, le font surnommer «
l’échanson de Jésus ». Il décide de se mettre en route pour notre région, et il
vient à Arcis-sur-Aube, « qui était assise dans le chemin royal de Troyes à
Reims, c’était alors une bonne cité, mais maintenant ce n’est plus qu’un bourg
» (écrit en 1650).
C’est l’évêque de Troyes Aurélien (chancelier
référendaire de Clovis, 400-426)), qui donne mission à Baussange d’exercer son
ministère diaconal dans la petite ville d’Arcis où « il y prêche la Parole de
Dieu pour l’édification des chrétiens et l’admiration des païens encore
nombreux ».
Les Vandales dévalent alors sur la Gaule. Baussange
n’hésite pas : « Il se mit à les exhorter par des avertissements et des paroles
salutaires : mes amis, qui êtes armés de cruauté, comment épandez-vous si
abondamment le sang humain ? En quoi les gaulois sont-ils vos ennemis ? Si
c’est à cause de l’empire Romain qui y domine, au moins pardonnez en votre
fureur aux habitants de ces lieux, faisant la guerre aux soldats Romains qui y
commandent. Si vous venez pour tirer les richesses d’or et d’argent,
prenez-les, on vous les donne, mais ne réduisez pas en cendres les cités… Vous
qui êtes des hommes, devez avoir le souci de la vie des hommes, et n’être pas
si barbares à les massacrer sans raison». Bien en vain. Il ne fait qu’exciter
leur rage : ils le maltraitent, l’injurient, lui donnent coups de poing, de
bâton et de leurs armes… ils le saisissent, le lient, l’emmènent au sommet
d’une colline « à deux jets de pierre d’Arcis », et, comme il priait pour eux,
ils lui tranchent la tête.
A côté de ce lieu, se voit encore aujourd’hui, une
fontaine nommée « la fontaine du bouillonnement, dans laquelle l’eau ne manque
jamais ». Cette fontaine, plus connue sous le nom de « Fontaine Saint-Balsème
», existe encore. Il existe au fond une dalle, et la tradition veut que cette
dalle porte des traces du sang du martyr. Dans les temps de sécheresse
prolongée, des jeunes filles vêtues de blanc, allaient à cette fontaine, la vidaient,
lavaient la dalle, et priaient Dieu d’envoyer la pluie désirée. La puissance de
Dieu opère une grande merveille pour son Saint martyr. Par un prodige,
Baussange prend sa tête, la met devant sa poitrine. Il parcourt environ 1
mille, suivi par ses meurtriers. Ce miracle éclatant ne fait qu’exciter la rage
des barbares. Ils le saisissent de nouveau et le jettent dans un puits qu’ils
bouchent avec de grosses pierres et des mottes de terre. A cette époque, « une
grande dame, fille d’un des principaux Seigneurs du pays d’où venait Baussange
vivait en grande misère et douleur, en ce qu’elle était aveugle, à laquelle
maladie et privation de sa vue y ayant apporté toutes sortes de bons remèdes
humains, n’y trouva point de guérison, les médecins et opérateurs les plus
experts y furent employés, mais il n’y eut aucun soulagement, ce qui causait
une grande tristesse et fâcherie à ses parents, et à toute la noblesse qui la
connaissait pour une fille accorte et vertueuse, que tout le monde chérissait…
Une nuit, Dieu lui donna cet avertissement par un ange : allez ma fille dans la
Champagne, en la ville d’Arcis, pour le remède de vos yeux qui sont aveugles,
là vous trouverez un puits couvert de gazons de terre, de cailloux, et de
grosses pierres, lequel avec diligence vous ferez découvrir et nettoyer, vous y
trouverez au fond trésor gisant et caché… Ce riche trésor est mon fidèle
serviteur et martyr Baussange qui fut meurtri et là jeté par les Barbares…
Quand vous l’aurez retiré de là, vous l’embaumerez, l’enveloppant de linges
très blancs et de draps de soie comme il le mérite, et vous l’inhumerez : l’eau
du puits viendra à sourdre en abondance, d’icelle vous laverez vos yeux et par
les mérites du saint, vous recevrez la vue. Voilà votre guérison… Portée dans
son carrosse, suivie d’une grande quantité de domestiques, tant gardes que
serviteurs, arrive en la cité d’Arcis et accomplit dignement tout ce que Dieu
lui avait commandé. Le corps entier du martyr Baussange étant mis et tiré
dehors, ayant lavé ses yeux de l’eau, par un spécial miracle, elle recouvrit sa
vue. ». Pour ne pas être ingrate d’un si
grand bienfait, elle fait embaumer le martyr et le transporte dans l’église de
Saint Pierre, en y rendant ses dévotions et vœux, puis retourne dans son pays.
Ceux qui ont des fièvres, viennent boire de l’eau du puits « et s’y trouvent
bien ».
En l’an 960, Anségise étant évêque de Troyes, et
Lothaire régnant en France, se fait une translation du corps de saint
Baussange. Hersendis « puissante et autant pieuse qu’aucune dame de son temps,
Comtesse d’Arcis-sur-Aube et dame de Ramerupt », veuve, fait édifier dans son
château une belle église. Comme elle a une grande dévotion pour saint
Baussange, elle désire y faire porter les saintes reliques. Elle a pour fils
Manassès, qui sera évêque de Troyes, dont le père est Helpuin II, comte
d’Arcis-sur-Aube, seigneur de Ramerupt et de Pougy. Les habitants refusent, car
c’est leur « Apôtre et Patron à qui ils ont recours…. Le 16 août, elle fait
ravir ce saint corps dans sa chasse, y allant elle-même avec ses domestiques,
et le transporte avec hymnes et chants mélodieux dans son château de Ramerupt,
en l’église qu’elle a fait bâtir : cela se fait en diligence et grand piété de
Hersendis qui s’en estime bénie du Ciel, ce qui ne se passe pas sans miracles,
en ce que ce Saint y rend la santé à plusieurs infirmes. Ce que voyant, un
certain Comte ou Seigneur de Paris, qui se trouve à cette translation, désire
quelques reliques du Saint, que la Comtesse lui donne, et qu’il s’empresse
d’emporter joyeusement à Paris ». En 1632, les reliques de Baussange retournent
au prieuré de Ramerupt, où le saint « est beaucoup invoqué, chéri et visité, et
il y opère de nombreuses guérisons ».
Lors de la Révolution, le prieuré de Ramerupt est
supprimé et la châsse qui contient les saints ossements est transportée dans
l’église de la paroisse. Les reliques du sanctuaire de la Piété, voisin de
Ramerupt sont mises dans une châsse semblable. L’église de Ramerupt menaçant
ruine est démolie, et le curé fait porter les châsses dans le grenier du
presbytère où elles restent oubliées jusqu’en 1859.
On retrouve les ossements des deux châsses remis
ensemble ! Cela est fatal au culte de Baussange, car ses reliques confondues
avec d’autres ossements ont perdu, par décision épiscopale tout caractère
d’authenticité.
Il y a une rue Saint Balsème au Chêne.
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Voir Ramerupt village de l'Aube
Voir Charles Delaunay à Ramerupt
Voir Sainte Tanche
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