lundi 10 mars 2025

Porte aux Mystres

 Porte aux Mystres, des Oursiers, des Orsiers, Porta Usariorum, des Ursaires, , Porta episcopi, de l’Evêque, de l’Hôtel-Dieu Saint-Nicolas, du Four-l’Evêque, du Pont-Ferré, au Mitre, Porte d’Auxerre

Vue de la porte aux Mystres (au mitre) près de Saint Nicolas
On remarque l’ancienne voûte et le talus du rempart
Mine de plomb – anonyme XIXe siècle


La rue des Oursiers a porté 10 noms différents, selon les époques.

L’oursier était celui qui était chargé d’instruire les ours destinés à être montrés en spectacle. Or, il y avait là l’existence d’un amphithéâtre ou d’un cirque, dans lequel se donnaient des représentations scéniques, où figuraient principalement des ours. Ou alors ce nom provenait du proche voisinage de l’habitation de ceux qui les montraient ou leur donnaient des soins. Au levant, Troyes était fermé par un mur épaulé de terres en talus, dans lequel s’ouvrait une entrée à l’endroit même où est le Pont-Ferré, à peu de distances du chevet de la cathédrale. C’est pour cela que cette porte fut appelée quelque fois Porte du Pont Ferré. Cette entrée s’appelait en 1174 et 1232  Porte Usariorum, Porte des Ursaires, des Orsiers en 1236. Un péage était perçu au profit de l’évêque de Troyes, lorsque ce prélat fut tout à la fois évêque et gouverneur, c’est pourquoi la porte prit alors le nom de Porte au Mitre au XVe siècle, Porta Episcopi, Porte de l’Evêque, parce que ce dignitaire en gardait la clef. En 1530, le péage fut racheté par la ville, moyennant 600 livres. En 1548, il est établi que le Pont Ferré appartient à la ville, malgré les prétentions de l’évêque qui y revendiquait ses droits.

Près du grand portail de l’église de Saint-Nicolas-au-Marché s’ouvrait jadis une Tour-Porte connue en 1175 sous le nom de Porta Sancti Petri, Porte de Saint-Pierre, parce qu’elle était l’entrée de la ville du côté de l’abbaye de Montier-la-Celle, (primitivement Saint-Pierre-de-la-Celle).

 A cette porte aboutissait la route d’Auxerre par la voie de la Grande Planche ou chemin de la Chapelle-au-Blé, ce qui fit nommer cette entrée Porte d’Auxerre. Elle fut aussi appelée Porte au Mistre en 1396. L’origine de ce nom se trouve dans le mot Magister, Maître, dont on a fait Mistre ou Maître des hautes œuvres, fonctionnaire important dans les temps de grande domination.

Le bourreau de Troyes prélevait certains droits sur les denrées de nos marchés, et percevait quelques péages sur les bêtes abattues à l’écorcherie, et enfin sur « les filles joyeuses et lubriques, usant et abusant de leur liberté, faisant marchandise de leurs corps, lesquelles doivent au Mistre chacune 5 sols pour une fois seulement ».

Cette entrée au haut du Marché-aux-Blés, donnait accès aux habitants de la campagne de ce côté-là. Pour ne pas faire un long détour par la porte du Beffroi ou par celle de Croncels, les villageois préféraient entrer par la porte au Mistre en payant un léger tribut, et arriver directement au marché. Cette porte était construite en pierre de Bourgogne, comme toutes les entrées de la ville. Le porche voûté en ogive avait plus de 4 toises (8 mètres environ) de longueur sur 1 toise ½ de largeur. En avant de la porte et au-dessus du fossé existait une terrasse soutenue par une culée en charpente où s’appuyait un pont-levis pour communiquer avec l’autre rive. La porte au Mistre était un des plus anciens restes de l’architecture militaire de la ville de Troyes.

C’est en face de la porte au Mistre qu’aux premiers jours de juillet 1429, Jeanne d’Arc vint planter son étendard et commander l’assaut de la ville. « A la vue de la lumière mystérieuse de jeanne, les Troyens se hâtèrent de se soumettre ».

En 1739, l’intendant de Champagne ordonne la réparation des murailles. La porte au Mistre qui menaçait ruine, fut reconstruite, et reliée avec la maçonnerie de soutènement des terres contre lesquelles s’appuyait l’Eglise Saint-Nicolas. Ces réparations faites sans goût compromirent beaucoup le caractère de la vieille porte.

En 1754, on abattit les vieux arbres le long du fossé que l’on combla en grande partie, parce que, demeurant sans eau pendant l‘été, ce fossé répandait « des exhalaisons malfaisantes ». Sur le terrain aplani, on planta des ormes en allées régulières auxquelles on donna le nom de « Mail », ainsi qu’aux autres plantations du tour de la ville faites quelques années auparavant. C’est de cette époque que datent les belles promenades qui encadrent si gracieusement notre ville.  Le sol du mail et de la chaussée dut être considérablement exhaussé, depuis la suppression du passage par la Porte-au-Mistre, car les culées en charpente du pont-levis étaient en contre bas de plusieurs mètres.

Au début du XIXe siècle, le porche d’entrée de l’ancienne porte, voûté sur ogives, existait encore et des travaux réalisés en 1808 le transformèrent en réservoir à eau. Du côté de la ville, le parement de la porte fut reconstruit en pierres de Tonnerre, et l’on aménagea au milieu une niche de 3 mètres de haut sur 1,50m de large. Un socle y attendait la statue du grand homme, dont le nom était promis à la fontaine qui devait s’appeler Fontaine Napoléon.

Mais le projet n’eut pas d’aboutissement. En 1850, les propriétaires riverains de l’ancienne porte « Au Mitre » demandèrent la construction d’un passage au-devant du rempart et sur les fossés pour communiquer de la rue Saint-Nicolas au Mal du Beffroi et, en 1851, on commença la démolition d’une partie des remparts de Saint-Nicolas. L’ancienne porte disparut en 1853.

Dans les fossés, à l’emplacement de la tour avait été construit un moineau de bois. Mentionné en 1487, il fut démoli en 1497, puis reconstruit en pierre. Il servit accidentellement de prison en juillet 1530 : on y enferma une femme lépreuse. Le moineau de la tour fut détruit en août 1544.

 




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