Porte aux Mystres, des Oursiers, des Orsiers, Porta Usariorum, des Ursaires, , Porta episcopi, de l’Evêque, de l’Hôtel-Dieu Saint-Nicolas, du Four-l’Evêque, du Pont-Ferré, au Mitre, Porte d’Auxerre
L’oursier était celui qui était chargé d’instruire
les ours destinés à être montrés en spectacle. Or, il y avait là l’existence
d’un amphithéâtre ou d’un cirque, dans lequel se donnaient des représentations
scéniques, où figuraient principalement des ours. Ou alors ce nom provenait du
proche voisinage de l’habitation de ceux qui les montraient ou leur donnaient
des soins. Au levant, Troyes était fermé par un mur épaulé de terres en talus,
dans lequel s’ouvrait une entrée à l’endroit même où est le Pont-Ferré, à peu
de distances du chevet de la cathédrale. C’est pour cela que cette porte fut
appelée quelque fois Porte du Pont Ferré. Cette entrée s’appelait en 1174 et
1232 Porte Usariorum, Porte des Ursaires,
des Orsiers en 1236. Un péage était perçu au profit de l’évêque de Troyes,
lorsque ce prélat fut tout à la fois évêque et gouverneur, c’est pourquoi la
porte prit alors le nom de Porte au Mitre au XVe siècle, Porta Episcopi, Porte de
l’Evêque, parce que ce dignitaire en gardait la clef. En 1530, le péage fut
racheté par la ville, moyennant 600 livres. En 1548, il est établi que le Pont
Ferré appartient à la ville, malgré les prétentions de l’évêque qui y
revendiquait ses droits.
Près du grand portail de l’église de
Saint-Nicolas-au-Marché s’ouvrait jadis une Tour-Porte connue en 1175 sous le
nom de Porta Sancti Petri, Porte de Saint-Pierre, parce qu’elle était l’entrée
de la ville du côté de l’abbaye de Montier-la-Celle, (primitivement
Saint-Pierre-de-la-Celle).
A cette porte
aboutissait la route d’Auxerre par la voie de la Grande Planche ou chemin de la
Chapelle-au-Blé, ce qui fit nommer cette entrée Porte d’Auxerre. Elle fut aussi
appelée Porte au Mistre en 1396. L’origine de ce nom se trouve dans le mot
Magister, Maître, dont on a fait Mistre ou Maître des hautes œuvres,
fonctionnaire important dans les temps de grande domination.
Le bourreau de Troyes prélevait certains droits sur
les denrées de nos marchés, et percevait quelques péages sur les bêtes abattues
à l’écorcherie, et enfin sur « les filles joyeuses et lubriques, usant et
abusant de leur liberté, faisant marchandise de leurs corps, lesquelles doivent
au Mistre chacune 5 sols pour une fois seulement ».
Cette entrée au haut du Marché-aux-Blés, donnait
accès aux habitants de la campagne de ce côté-là. Pour ne pas faire un long
détour par la porte du Beffroi ou par celle de Croncels, les villageois
préféraient entrer par la porte au Mistre en payant un léger tribut, et arriver
directement au marché. Cette porte était construite en pierre de Bourgogne,
comme toutes les entrées de la ville. Le porche voûté en ogive avait plus de 4
toises (8 mètres environ) de longueur sur 1 toise ½ de largeur. En avant de la
porte et au-dessus du fossé existait une terrasse soutenue par une culée en charpente
où s’appuyait un pont-levis pour communiquer avec l’autre rive. La porte au
Mistre était un des plus anciens restes de l’architecture militaire de la ville
de Troyes.
C’est en face de la porte au Mistre qu’aux premiers
jours de juillet 1429, Jeanne d’Arc vint planter son étendard et commander
l’assaut de la ville. « A la vue de la lumière mystérieuse de jeanne, les
Troyens se hâtèrent de se soumettre ».
En 1739, l’intendant de Champagne ordonne la
réparation des murailles. La porte au Mistre qui menaçait ruine, fut
reconstruite, et reliée avec la maçonnerie de soutènement des terres contre
lesquelles s’appuyait l’Eglise Saint-Nicolas. Ces réparations faites sans goût
compromirent beaucoup le caractère de la vieille porte.
En 1754, on abattit les vieux arbres le long du
fossé que l’on combla en grande partie, parce que, demeurant sans eau pendant
l‘été, ce fossé répandait « des exhalaisons malfaisantes ». Sur le terrain
aplani, on planta des ormes en allées régulières auxquelles on donna le nom de
« Mail », ainsi qu’aux autres plantations du tour de la ville faites quelques
années auparavant. C’est de cette époque que datent les belles promenades qui
encadrent si gracieusement notre ville.
Le sol du mail et de la chaussée dut être considérablement exhaussé,
depuis la suppression du passage par la Porte-au-Mistre, car les culées en
charpente du pont-levis étaient en contre bas de plusieurs mètres.
Au début du XIXe
siècle, le porche d’entrée de l’ancienne porte, voûté sur ogives, existait
encore et des travaux réalisés en 1808 le transformèrent en réservoir à eau. Du
côté de la ville, le parement de la porte fut reconstruit en pierres de
Tonnerre, et l’on aménagea au milieu une niche de 3 mètres de haut sur 1,50m de
large. Un socle y attendait la statue du grand homme, dont le nom était promis
à la fontaine qui devait s’appeler Fontaine Napoléon.
Mais le projet n’eut pas d’aboutissement. En 1850,
les propriétaires riverains de l’ancienne porte « Au Mitre »
demandèrent la construction d’un passage au-devant du rempart et sur les fossés
pour communiquer de la rue Saint-Nicolas au Mal du Beffroi et, en 1851, on
commença la démolition d’une partie des remparts de Saint-Nicolas. L’ancienne
porte disparut en 1853.
Dans les fossés, à l’emplacement de la tour avait
été construit un moineau de bois. Mentionné en 1487, il fut démoli en 1497,
puis reconstruit en pierre. Il servit accidentellement de prison en juillet
1530 : on y enferma une femme lépreuse. Le moineau de la tour fut détruit
en août 1544.
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