lundi 26 mai 2025

Chrestien de Troyes

 


Chrestien naît à Troyes en 1135.

Ce nom de Chrétien est aujourd’hui celui de Christian.

Il étudie toutes les matières enseignées à cette époque, mais sans devenir prêtre. Sa culture est vaste, ses œuvres témoignent d’une connaissance approfondie des poètes latins Ovide et Virgile.

Il demeure attaché au comte Baudouin VI, de Flandres, et à sa femme, Marie, fille de Henri, comte de Champagne et de Marie de France, et à Philippe d’Alsace, aussi comte de Flandre, tuteur du jeune roi de France, Philippe Auguste.

Après la mort de son protecteur, il sert sa petite fille, Jeanne de Flandre.

Écrivain d’un talent fécond et élégant, simple et varié, ses vers de huit syllabes, rimant par couple, sont faciles et gracieux.

Il est le plus estimé des trouvères pendant la seconde moitié du XIIe siècle, le maître de la littérature courtoise dans la France de langue d’oïl, et le premier romancier français.

 Il est l’auteur des meilleurs romans de la Table-Ronde : Perceval le Gallois, Yvain ou le Chevalier au Lion, Guillaume d’Angleterre, Cligès chevalier de la Table Ronde, Tristan ou le Roi Marc et la jeune Yseult, le Chevalier à lespée, Lancelot du lac ou le Roman du Chevalier de la Charrette…

Erec et Enide est le premier de ses 5 romans. Pour la 1ère  fois, un récit d’une certaine ampleur (6.878 vers) est placé dans un cadre breton et s’ouvre sur la cour du roi Arthur, réunie à Pâques dans le château de Caradigan. Il met en lumière le conflit entre l’amour pour l’épouse et les devoirs du chevalier, et explore la manière de le dépasser.

La 1ère partie du roman de Cligès raconte comment Alexandre, fils aîné de l’empereur de Constantinople vient en Bretagne à la cour du roi Arthur.

Dans Le chevalier au lion, l’on retrouve l’amour conjugal.

Un savant anglais écrit à propos d’Yvain du Chevalier au lion : « Le roman d’Yvain est un des grands chefs-d’œuvre de la littérature française. Œuvre d’un auteur génial qui sait allier l’étude des caractères et des questions morales à un récit merveilleusement bien conduit, et qui en même temps manie la langue avec une rare maîtrise, Yvain nous charme encore aujourd’hui, comme il charmait les auditeurs du XIIe siècle ».

Dédié à la comtesse Marie de Champagne, Le chevalier de la charrette évoque la passion amoureuse de Lancelot pour la reine Guenièvre, épouse infidèle du roi Arthur. C’est le roman de l’amour adultère, où Lancelot, image d’un héros attachant, expie un péché de lèse-amour.

C’est pour plaire au roi de France Philippe-Auguste, qu’il compose son roman Perceval ou le Conte du Saint Graal, 6.008 vers, dans lequel l’amour s’élève jusqu’au mysticisme. C’est sans doute le plus fascinant de ses romans. Il conte l’histoire de ce jeune garçon, élevé par sa mère, loin du monde, au fond d’une forêt galloise, qui est ébloui lorsqu’il rencontre 5 chevaliers en armes et n’a plus qu’un souhait : aller à la cour du roi qui fait de si beaux chevaliers.

 C’est Chrestien qui introduit le mystère du Graal dans le domaine de la littérature. Son génie a été de puiser à pleines mains dans la matière celtique. Il est le premier de France à situer ses romans à l’époque mythique du roi Arthur et à donner une place fondamentale aux chevaliers de la Table Ronde. Il est sensible à la poésie des vieux mythes et des anciennes légendes. Au cœur de ses récits se trouvent l’aventure de la fontaine merveilleuse ou bien la singulière scène du Graal.

 Chrestien de Troyes est aussi bien loué par tous les écrivains ses contemporains que par ceux qui le suivent. On dit de lui qu’il fut «  l’un des fondateurs de la langue française, et qu’il la fit marcher d’un pas rapide dans la voie du progrès où elle s’arrêta bientôt après lui. Il sut donner à notre littérature ce cachet de naïveté spirituelle et gracieuse, qui depuis, l’ont distinguée ».

Le professeur Norris J. Lacy, de l’Université du Kansas, reconnaît Chrestien de Troyes comme le meilleur auteur de roman médiéval et celui à qui l’on doit la première mise en œuvre littéraire de la légende arthurienne.

Philippe Ménard, professeur à l’Université de Paris Sorbonne, président de la section française de la Société Internationale Arthurienne dit de Chrestien de Troyes :

« La lucidité souriante, la délicatesse de touche avec laquelle il parsème ses romans de traits plaisants, la discrétions élégante et le sens de la complexité humaine, l’admirable écriture d’un artiste de grande classe, d’un véritable styliste, l’alliance subtile d’idéalisation et de réalisme dans toute son œuvre, la profondeur de certaines de ses analyses psychologiques, la poésie qui illumine plusieurs de ses créations, l’équilibre de sa vision du monde pour concilier les tensions contraires de l’amour et du devoir, de l’individu et de la société, voilà les signes d’un talent exceptionnel, qui expliquent la vive séduction des romans de Chrétien de Troyes sur les hommes de tous les temps ».

 Chrestien de Troyes décède entre 1191 et 1195.

 En 1875, le maire de Troyes donne son nom à la rue comprise entre la rue Audiffred-Jouanique et la rue Hennequin, et en 1946, à toute la rue s’étendant de la rue Hennequin à la place Saint-Pierre.

On donne aussi le nom de Chrestien de Troyes au lycée situé dans le quartier des Chartreux.

Mais, les Troyens attendent toujours depuis 880 ans, qu'il ait un monument dans sa ville natale ! 


Fiançailles d'Arthur et Guenièvre par l'évêque de Thoraise, 
Paris, entre 1325-50, enluminure in Vita Merlini, BNF, Manuscrits, Français 105


Le roi Arthur Pendragon , 1509. 



Perceval arrive au château du Graal, où il est accueilli par le Roi Pêcheur. 
D’après un manuscrit de 1330 de Perceval ou Le Conte du Graal par Chrétien de Troyes,
BnF 12577, fol. 18v. 



Erec et Enide, écrit vers 1170, est le premier roman connu de Chrétien de Troyes. Inspirée d'un "conte d'aventure", l''intrigue souligne les oppositions entre les obligations du chevalier et celles de l’amour. En faisant l'apologie du mariage, Chrétien de Troyes se pose en adversaire de Tristan et Yseut et s'associe à la genèse du roman idyllique. Trop épris de son épouse (Enide), Erec, délaisse ses devoirs de chevalier. La rumeur publique le dénigre, l'accusant de récréantise. Le héros s’élance alors en quête d’aventures.

Piqué par un soupir d’Enide, Erec lui ordonne de le suivre, tout en défendant de lui adresser la parole. Enide ne peut cependant s’empêcher d’avertir son mari lorsque le danger se fait pressant. Erec se mesure à des brigands et à des géants lors de combats de plus en plus redoutables. Malgré d'importantes blessures qui le font passer pour mort, il triomphe du comte Galoain qui voulait contraindre Enide à l'épouser. Son épouse lui manifeste alors toute l'intensité de son amour. Le héros sort vainqueur de la plus périlleuse des épreuves : celle de « la Joie de la Cour » où il met fin aux enchantements qui touchaient Mabonagrain, un chevalier géant. Après la mort du roi Lac, père d’Erec, les deux époux sont couronnés rois de la petite Bretagne à Nantes.

Le chapitre où le poète raconte le départ de la fiancée Énide avec Érec est un des plus gracieux du poème. La séparation est décrite d’une manière touchante :

Lipère et la mère altrest (également)

La baisent sovent et menu ;

De plorer ne se sont tenu :

Al départir plore li mère,

Plore li pucelle et li père :

Tex est amors, tex est natures,

Tex est pitiés de noreture,

Plorer les faisoit li pitiés,

Et la douçors et l’amistiés

Qu’ils avoient de lor enfant.

 

Un autre passage, est une sorte d’épithalame, un peu hardi peut-être, quoique renfermé dans les limites nécessaires ; il a de la grâce et de la fraîcheur. Les deux époux sont entrés dans la chambre nuptiale :

Après le message des iels

Vient la dolçor, qui moult valt miels,

Des baisers qui amor atraient ;

Andui (tous deux) cele dolçor assaient

Et lors coers dedens en aboivrent,

Si qu’à peine s’en dessoivrent.

Del baisiersfu li primiers jeus.

Et l’Amor, qui est entre-deux,

Fist la pucele plus hardie,

Que rien ne s’est acoardie ;

Tot sofri ; quanque li grevast.

Ainçois qu’ele se relevast,

Ot perdu le nom de pucele ;

Al matin tu dame novele.

 

Cligès, rédigé vers 1176, allie habilement intrigues politiques et passions amoureuses, univers arthurien et "byzantin", alors très apprécié. Cligès, venu à la cour d'Arthur, doit défendre ses droits sur le trône de Constantinople face à son oncle parjure.

Alis, frère d’Alexandre et oncle de Cligès, convoite le trône de Constantinople. Il conclut un accord avec son frère, qui lui conteste ce pouvoir. Alexandre règne de fait, tandis qu’Alis est autorisé à garder la couronne. Mais il reçoit l’interdiction de se marier, afin qu’à sa mort, le trône revienne à Cligès, héritier d'Alexandre venu apprendre la chevalerie à la cour du roi Arthur. Après la mort d'Alexandre, Alis oublie sa promesse. Il se fiance à Fenice, fille de l’empereur d’Allemagne. Toutefois elle tombe éperdument amoureuse de Cligès. Grâce à deux breuvages magiques concoctés par sa nourrice Thessala, la jeune femme échappe à Alis. Après s’être fait passer pour morte, elle rejoint Cligès, qui lui avait déclaré son amour. Informé de la tromperie, Alis poursuit Fenice et son neveu jusque chez Arthur, où une immense armée s'est levée face à la trahison de l'oncle. Ce dernier meurt et les deux amants se marient.

Extrait :  

Cil qui fist d’Erec et d’Enide,

Et les comandemanz d’Ovide

Et l’art d’amors an romans mist,

Et le mors de l’espaule fist,

Del roi Marc et d’Ysalt la blonde,

Et de la hupe et de l’aronde

Et del rossignol la muance,

.I. novel conte rancomance

D’un vaslet qui an Grece fu

Del linage le roi Artu.

Mes ainz que de lui rien vos die,

Orroiz de son pere la vie,

Dom il fu et de quel linage.

Tant fu preuz et de fier corage

Que por pris et por los conquerre

Ala de Grece an Engleterre,

Qui lors estoit Bretaigne dite.

Ceste estoire trovons escrite,

Que conter vos vuel et retraire,

En.i. des livres de l’aumaire

Monseignor saint Pere a Biauvez ;

De la fu li contes estrez

Qui tesmoingne l’estoire a voire,

Por ce fet ele mialz a croire.

Par les livres que nos avons

Les fez des anciens savons

Et del siegle qui fu jadis.

Ce nos ont nostre livre apris,

 

 Le Chevalier de la Charrette est rédigé de 1177 à 1181, en même temps que le Chevalier au lion. Ce roman inachevé de Chrétien de Troyes est régi par une composition binaire qui oppose la cour d’Arthur et le royaume de Gorre, Lancelot et Gauvain, raffinement courtois et humiliation, lyrisme et burlesque. Le cœur de l'œuvre est occupé par l'amour adultère du héros, Lancelot, pour la femme du roi Arthur. Cet amour est durement gagné par une série d'épreuves et de soumissions.

  Après un duel contre le sénéchal Keu, Méléagant, qui retenait déjà un grand nombre des sujets du roi Arthur, enlève la reine Guenièvre. Gauvain, en se lançant à sa poursuite, rencontre un chevalier, victorieux d'un groupe d'adversaires qui s'élance lui aussi au secours de la reine. Au château du ravisseur, Gauvain et Lancelot (puisqu'il s'agit de lui) triomphent des épreuves. Mais Guenièvre leur échappe, emmenée par Méléagant dans le pays de Gorre. Pour la retrouver, les deux chevaliers choisissent des ponts différents. Non sans hésiter, Lancelot accepte de s’humilier en montant dans la charrette d'infamie d’un nain. Il devient ainsi le Chevalier de la Charrette.

 Lancelot subit encore plusieurs épreuves : des demoiselles tentatrices, des passages périlleux. Il soulève la pierre de son propre tombeau. Le héros parvient finalement au pays de Gorre, où Méléagant le provoque en duel. Le combat qui tournait à l’avantage de Lancelot est interrompu. Il est convenu que les deux adversaires s’affronteront, à nouveau, dans un an, à la cour d’Arthur. Guenièvre accueille froidement le chevalier, lui reprochant sa brève hésitation. Mais leur amour mutuel leur est révélé quand chacun apprend, d’une fausse rumeur, la mort de l’autre. Lancelot se soumet désormais aux volontés de la reine. Avec Gauvain, ils rejoignent la cour d’Arthur. Lancelot, saisi en cours de route, est emprisonné par Méléagant dans une tour murée. Il est délivré à temps pour affronter, au jour convenu, son adversaire, dont il tranche la tête.

  Dans le prologue du Chevalier de la Charette, le poète déclare qu'il tient la matière et le sens de son roman de Marie de Champagne et que lui-même n'y a mis que son attention et sa peine.

Extrait :

LI ROMANS DE LA CHARRETE

PAR

CHRESTIEN DE TROYES et GODEFROI DE LEIGNI

Puis que ma dame de Chanpaigne

Vialt que romans à feire anpraigne,

Je l’anprendrai moult volentiers,

Come cil qui est suens antiers

De quanqu’il peut el monde feire,

Sanz rien de losange avant treire.

Mes tex s’an poist antremetre

Qui i volsist losenge metre,

Si déist, et jel’ tesmoignasse,

Que ce est la dame qui passe

Totes celes qui sont vivanz,

Si con li funs passe les vanz

Qui vante en Mai ou en Avril.

Par foi, je ne sui mie cil

Qui vuelle losangier sa dame.

Dirai je : tant com une jame

Vaut de pailes et de sardines

Vaut la Contesse de reïnes ?

Naie voir je n’en dirai rien,

S’est il voirs maleoit gré mien ;

Mes tant dirai-ge que mialz oevre

Ses comandemanz an cest oevre

Que sans nè painne que g’i mete.

Del chevalier de la charrete

Comance Crestiens son livre ;

Matière et san li done et livre

La Contesse, et il s’antremet

De panser, que guères n’i met

Fors sa painne et s’antancion.

 

Le Chevalier au lion (1177-1181) est, dans l’œuvre de Chrétien de Troyes, le roman de l’équilibre. Il délaisse le caractère énigmatique des épreuves d’Erec et Enide, la préciosité de Cligès et les obscurités du Chevalier de la Charette. Son intrigue est pourtant fondée sur la folie du protagoniste qui désespère de reconquérir la confiance de son épouse.

Interpellé par l’histoire de la Fontaine-qui-bout, défendue par un mystérieux chevalier rouge, Yvain décide de tenter l’aventure. Il déchaîne une tempête en versant un peu d’eau sur le perron de la fontaine, avant d'en blesser mortellement le gardien. Poursuivant celui-ci jusque dans son château, Yvain y est fait prisonnier mais est sauvé par Lunette, la suivante de la chatelaine. Rendu invisible grâce à un anneau magique, il s'éprend de la dame du lieu, Laudine, qu'il vient de rendre veuve. Par l'intercession de Lunette, il l'épouse rapidemment.

Yvain est rappelé à ses devoirs de chevalier par Gauvain. Avec la permission de Laudine, il part en quête de tournois mais dépasse le délai d'une année imposé par son épouse. Laudine envoie alors une messagère pour reprendre l’anneau qu’elle lui avait confié. Comprenant qu'il a perdu l'amour de son épouse, le chevalier sombre dans la folie. Il s'enfuit, hirsute et nu, dans la forêt. Une demoiselle charitable le guérit de sa démence, grâce à un onguent. Il s'attache l’affection d’un lion, en le sauvant des attaques d’un serpent, et se fait désormais connaître comme le Chevalier au Lion. Le héros triomphe ensuite d' une série d’épreuves. Il délivre notamment Lunette du bûcher. Arrivé au terme de son périple, il déclenche la tempête à la Fontaine-qui-bout. Laudine se désole qu’aucun protecteur ne se présente et appelle de ses vœux le Chevalier au Lion, devenu fameux. Celui-ci ne consent à venir, qu’à la condition d'obtenir le pardon de sa dame.

 

Extrait :

Li boins roys Artus de Bretaigne,

La qui proeche nous ensengne

Que nous soions preus et courtois,

Tint court si riche conme rois

A chele feste qui tant couste,

C’on doit nonmer le Penthecouste.

Li rois fu a Cardœil en Gales ;

Aprés mengier, parmi les sales,

Li chevalier s’atropelerent

La ou dames les apelerent

Ou damoiseles ou pucheles.

Li un recontoient nouveles,

Li autres parloient d’Amours,

Des angousses et des dolours

Et des grant biens qu’en ont souvant

Li desiple de son couvant,

Qui lors estoient riche et gens ;

Mais il y a petit des siens,

Qui a bien pres l’ont tuit laissie,

S’en est Amours mout abaissie ;

Car chil qui soloient amer

Se faisoient courtois clamer,

Que preu et largue et honnorable ;

Mais or est tout tourné a fable,

Car tiex y a qui riens n’en sentent,

Dïent qu’il ayment et si mentent,

Et chil fable, menchongne en font

Qui s’en vantent et droit n’i ont.

Mais pour parler de chix qui furent,

Laissons chix qui en vie durent,

Qu’encor vaut mix, che m’est avis,

Un courtois mors c’uns vilains vis.





Perceval ou Le conte du Graal écrit dans les dernières années de la vie de Chrétien de Troyes, 1180-1181, ce roman inachevé, écrit sous le commandement de Philippe d’Alsace, introduit une matière devenue mythique : celle du Graal. La quête du héros prédestiné, Perceval, issu d'une lignée sainte consacrée au graal, n’est plus amoureuse, mais spirituelle.

Perceval, qui vivait à l’écart du monde avec sa mère, ébloui par l'éclat des chevaliers, décide de se rendre à la cour d’Arthur. Il rejoint le château de Gonemant de Goort, qui lui enseigne l’art de la chevalerie et la courtoisie. Après un exploit au château de Beaurepaire, il s’initie à l’amour auprès de Blanchefleur. En route pour retrouver sa mère, il fait halte dans un mystérieux château, celui du Roi Pêcheur dans lequel il voit passer le fameux cortège du Graal. Défilent devant lui un jeune homme portant une lance, une belle demoiselle tenant un Graal et une autre qui apporte un tailloir d’argent. Suivant l'éducation reçue chez Gonemant, Perceval ne pose aucune question.

Le lendemain, sa cousine lui apprend que son silence a causé la perte du châtelain et du royaume. Ce mutisme est dû au péché dont il entaché pour avoir laissé sa mère mourir de chagrin. Après une contemplation rêveuse du visage de Blanchefleur dessiné dans la neige par quelques gouttes de sang, Perceval retourne à la cour du roi Arthur. Là-bas une demoiselle hideuse propose aux chevaliers présents des aventures extraordinaires. Mais le jeune homme n’a de cesse de percer le secret du Graal. Après avoir suivi un temps les aventures de Gauvain, la narration se concentre de nouveau sur Perceval. Désireux de faire pénitence, il se rend chez un ermite à qui il confesse la faute commise dans le château au Graal. L’ermite lui dévoile alors le secret de ce vase : il contient une seule hostie qui suffit à maintenir en vie le père du Roi Pécheur, frère de l’ermite et de la mère de Perceval. Après avoir reçu l’absolution et la communion des mains de son oncle, Perceval poursuit ses aventures au château des Reines.

Chrétien de Troyes laisse à sa mort un mystérieux roman inachevé, poursuivi par ses successeurs, pour donner naissance à une œuvre monumentale de 60 000 vers dans certains manuscrits.




Extrait :

Qui petit seme petit quialt,

et qui auques recoillir vialt

an tel leu sa semance espande

que fruit a cent dobles li rande ;

car an terre qui rien ne vaut,

bone semance i seche et faut.

Crestiens seme et fet semance

d’un romans que il ancomance,

et si le seme an si bon leu

qu’il ne puet estre sanz grant preu,

qu’il le fet por le plus prodome

qui soit an l’empire de Rome.

C’est li cuens Phelipes de Flandres,

qui mialz valt ne fist Alixandres,

cil que l’an dit qui tant fu buens.

Mes je proverai que li cuens

valt mialz que cist ne fist asez,

car il ot an lui amassez

toz les vices et toz les max

dont li cuens est mondes et sax.

Li cuens est tex que il n’escote

vilain gap ne parole estote,

et s’il ot mal dire d’autrui,

qui que il soit, ce poise lui.

Li cuens ainme droite justise

et leauté et Sainte Iglise,

et tote vilenie het ;

s’est plus larges que l’an ne set,

qu’il done selonc l’Evangile,

sanz ypocrisye et sanz guile,

qui dit : « Ne saiche ta senestre

le bien, quant le fera la destre. »

Cil le saiche qui le reçoit,

et Dex, qui toz les segrez voit

et set totes les repostailles

qui sont es cuers et es antrailles.

L’Evangile, por coi dit ele :

« Tes biens a ta senestre cele ? »

La senestre, selonc l’estoire,

senefie la vainne gloire

qui vint de fause ypocrisie.

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Lancelot traversant le pont de l'épée. 

Atelier d'Evrard d'Espinques. 

Centre de la France (Ahun), vers 1475


 



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