La
basilique Saint-Urbain, fondée par le troyen et
pape Urbain IV prenait le titre de « papale » et
dépendait immédiatement de l’église de Rome. Le pasteur de Saint-Urbain
était qualifié doyen et occupait une position élevée dans le clergé. C’étaient
les chanoines du chapitre qui le nommaient.
Thomas
Lemaître, doyen de Saint-Urbain, décède le 22 février 1646.
L’élection
de son remplaçant commence le 5 mars.
Il y est procédé par Messieurs les chantres,
trésorier, chanoines et chapitres de l’église, en présence du doyen et chanoine
de l’église royale et collégiale Saint-Etienne de Troyes, protonotaire
apostolique, et du cellérier et chanoine directeurs de l’élection, tous deux
licenciés ès-lois, et de deux prêtres chapelains, témoins. Une
grand’messe du Saint-Esprit est d’abord célébrée par tous les chanoines
résidant à Troyes, qui se rendent ensuite au chapitre pour voter.
Ils sont dix. Il existe deux manières de faire
l’élection :
-
par la voie du Saint-Esprit et par celle du scrutin ou du compromis.
On décide d’abord de suivre la voie du
Saint-Esprit. Le chantre avertit ceux qui seraient excommuniés ou suspendus des
choses divines d’avoir à s’abstenir. Puis, chaque votant promet et jure à Dieu
et à Saint-Urbain d’élire pour doyen celui qu’il croit le plus utile aux
intérêts spirituels et temporels de l’Eglise.
Le chantre vote le premier : « Moi,
chantre et chanoine de cette église, mu par le Saint-Esprit, je choisis et élis
pour doyen ou pasteur de cette église vénérable et discrète
personne, maître Philippe Pépin, prêtre, bachelier en théologie sacrée,
official, chanoine et archidiacre de l’insigne église de Soissons, que je
regarde comme le plus utile pour soutenir la dignité de doyen et pour défendre les
droits du chapitre ».
Tous les autres chanoines confirment ce choix,
excepté M. Nicolas Mérille, qui, restant assis, garde le silence
et manifeste ainsi sa désapprobation.
Dans l’élection par la voie du
Saint-Esprit, il faut l’unanimité des suffrages.
M. Guignard, qui préside l’assemblée déclare que
cette élection n’ayant pas donné de résultat, on va procéder par la voie
du scrutin. Il est décidé que l’on donnera les suffrages de vive voix.
Le chantre, appelé à voter le premier dit :
« Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, chantre de
Saint-Urbain, je choisis et élis pour doyen et pasteur de cette
église, vénérable et discrète personne M. Philippe Pépin, prêtre,
bachelier en théologie sacrée, maire, archidiacre et d’église de Soissons, que
je regarde comme le plus utile et le plus idoine pour soutenir la dignité de
doyen et pour défendre les droits de l’église et ceux de tout le
chapitre ».
Tous les autres chanoines, excepté M. Mérille, font le même choix. Ce dernier exprime ainsi son vote :
« Moi,
Nicolas Mérille, je choisis pour doyen ou pasteur de cette église vénérable et
discrète personne M. Louis Lecourtois, naguère archidiacre et chanoine le
Troyes, que je crois le plus utile et le plus idoine pour une telle dignité et
pour défendre les droits du chapitre et de l’église ».
Sur 11 votants, 10 ayant donné leur voix à M.
Philippe Pépin, le chantre dit :
« Au
nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, nous avons élu et choisi
pour doyen ou pasteur de cette église M. Philippe Pépin ».
Il sort du chapitre et près de la porte, il publie
3 fois à haute voix, en présence d’un grand nombre de personnes, l’élection qui
vient d’être faite.
Après cette publication, on se rend à l’église où
l’on chante un Te Deum, avec accompagnement d’orgues, et au son du tambour.
Le lendemain, 2 chanoines se rendent (à leurs
frais) à Soissons pour informer M. Pépin de son élection.
Quatre jours après, ils arrivent à Soissons,
où M. Pépin accepte les fonctions, quoiqu’il se regardât « comme
indigne de ce titre ».
M. Pépin obtient les bulles papales et
« exerce paisiblement ses fonctions de doyen ».
Urbain IV, né Jacques Pantaléon vers 1195 à Troyes,
était le 182e pape de l'Église catholique, élu en 1261. Issu d'une famille
modeste, il a commencé sa carrière ecclésiastique comme clerc à la cathédrale
de Troyes avant de devenir évêque de Verdun et patriarche de Jérusalem.
Il est notamment connu pour avoir institué la
Fête-Dieu en 1264, une célébration dédiée à l'Eucharistie. Son pontificat a été
marqué par des négociations avec Louis IX et Charles d'Anjou pour la conquête
du royaume de Sicile.
voir l'article : Basilique Urbain IV
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