A Troyes, sur la piste d’une licorne oubliée
Situé en face de l’ancien Hôtel-Dieu de la ville de
Troyes (Cité du Vitrail), l’actuel hôtel de la Licorne fut, depuis le milieu du
XVe siècle, un lieu chargé d’une étonnante histoire, aujourd’hui oubliée
Au XVe siècle, la cité de Troyes, située en
Champagne, était l’une des plus importantes d’Europe occidentale. Connue pour
ses foires, ses vitraux, ses sculptures, et pour son "infâme traité"
de 1420 (accord signé ici selon lequel la Couronne d’Angleterre hériterait du
trône de France dès la mort de son actuel roi Charles VI), elle restait dans
toutes les mémoires. Si aujourd’hui la préfecture de l’Aube cherche à faire
revivre son riche patrimoine médiéval, notamment avec les récentes (ré) ouvertures
de l’ancien Hôtel-Dieu (Cité du Vitrail) et de l’ancien palais épiscopal (musée
d’Art moderne), elle renferme un autre trésor patrimonial dont l’histoire, qui
remonte au XVe siècle, est tombée aux oubliettes. Faisons la revivre.
Un
gruyère archéologique
Derrière les dix églises catholiques de la ville,
toutes plus admirables les unes que les autres, et les nombreux passages
étroits, tous plus frissonnants les uns que les autres une fois la nuit tombée,
se dresse un étonnant bâtiment, quai de Dampierre, situé juste en face de la
Cité du Vitrail. Une bâtisse à trois étages qui saura attirer le regard du
passant curieux tant sa forme quadrilatérale enserrant une vaste cour pavée
détonne au milieu des maisons à pans de bois environnantes.
Il s’agit aujourd’hui de l’hôtel de la Licorne, un complexe cinq étoiles (le seul de la ville), ouvert depuis mai 2023 après quatre ans de travaux. Il ne faut pas hésiter à ouvrir les portes de l’établissement pour comprendre, et ressentir, l’histoire de ce lieu qui fut, jadis, une "école", un couvent, puis une gendarmerie. Un destin enfoui. Le chantier de construction de l’hôtel de la Licorne fut d’ailleurs délicat à mener tant la zone est un véritable gruyère archéologique. "Lors de l’exécution de fouilles menées en 1938, des pièces de monnaie en or et argent, deux médailles à l’effigie du roi Louis-Philippe et une plaque en cuivre indiquant les personnalités ayant assisté à la pose de la première pierre furent trouvées ici" peut-on lire dans un procès-verbal des délibérations du Conseil Général de l’Aube. Qu’était donc la Licorne avant de devenir hôtel ? Et pourquoi ce nom ?
La
licorne, cet animal si populaire au Moyen Âge
Devenu collège de la Licorne au XVIe siècle, ce haut
lieu d’éducation troyen fut transformé, en 1628, en couvent pour les sœurs de
la congrégation Notre-Dame. Rien d’anormal à cela. Au XVIIe siècle, la ville,
qui ne connaissait plus la croissance du siècle précédent, devait faire face à
un nombre de pauvres pour lesquels elle ne disposait pas assez de ressources
immobilières. Les sœurs y entreprirent, en 1725, d’importants travaux : la
création de 53 cellules pour 45 religieuses de chœur, 7 sœurs converses et 3
domestiques. Les 54 chambres de l’hôtel de la Licorne reprennent d’ailleurs
plus ou moins l’armature de ses cellules (demandez à en visiter une !).
Un
couvent devenu gendarmerie à cause… de la Révolution
La congrégation occupa les lieux jusqu’en 1766.
Accusée de jansénisme (doctrine s’opposant aux dogmes de l'Église catholique et
à l'absolutisme royal), elle fut remplacée par une autre congrégation, celle
des Dames du Bon Pasteur, jugée plus "adaptable", et qui s’occupèrent
des "filles repenties" laissées à l’abandon dans une ville de Troyes
alors peu sécurisante. Révolution oblige, le Bon Pasteur, comme tous les ordres
religieux de France, fut chassé du territoire le 2 novembre 1792. "Il y
avait 70 religieuses et pénitentes et 2 domestiques", peut-on lire dans
les archives de la ville. Devenu propriété du département de l’Aube, le couvent
vit alors s’installer des militaires de la Maréchaussée, pour être nouvellement
baptisé "Gendarmerie Nationale". Mais les locaux étaient mal adaptés
à cette caserne.
"Ce bâtiment ne peut contenir les 16 hommes qui composent les brigades de Troyes. Huit seulement peuvent loger ici", peut-on lire dans une lettre du capitaine, adressée le 19 octobre 1801 au citoyen maire. Les 16 militaires de la Maréchaussée avaient décidément besoin de plus d’espace dans un lieu qui pouvait, jadis, loger 70 religieuses… Décision fut prise, en 1805, d’agrandir la gendarmerie au moment du creusement du canal de la Haute Seine (que l’on peut toujours voir entre l’hôtel de la Licorne et la Cité du Vitrail). Un bâtiment plus grand (on peut toujours voir les anciennes écuries) qui accueillit des gendarmes jusqu’en… 2017.
Aujourd’hui, la Licorne, avec son hôtel, a chassé bicornes et képis pour faire revivre un passé médiéval trop longtemps enterré.
CHRONOLOGIE
Noël 1445 : installation d’une école de grammaire
dans une grange élevée à cet emplacement
1564 : installation d’un collège dans l’hôtel de la
Licorne.
1598-1602 : construction de bâtiments par l’autorité
municipale
1628-1630 : arrivée dans les lieux de la
congrégation Notre Dame qui forme un couvent.
1725 : reconstruction d’une partie du couvent par
les religieuses
1766 : les religieuses sont accusées de Jansénisme sont remplacées par la Congrégation des Filles du
Bon pasteur
1789-1790 : le Conseil général de l’Aube devient
propriétaire des bâtiments
1792 : Chassées par la Révolution, les religieuses sont remplacées avec l'arrivée des gendarmes dans les anciens locaux du couvent et du collège
1838 : début de la reconstruction avec l’édification
des ailes latérales,
1936 : construction de la partie centrale à
l’emplacement des anciennes écuries
1938, les anciennes écuries étant réduites pour 7 chevaux, et remplacées par un bâtiment pour les logements, garage et bureau.
1991 : déménagement du groupe de gendarmerie à
Rosières-près-Troyes.
Seule la brigade troyenne reste quai Dampierre
1996 : décision du Conseil général de l’Aube de
réhabiliter la caserne
2004 : restauration partielle de l'ensemble
2015 : décision du Conseil général de l’Aube de céder
la caserne suite au départ de la brigade territoriale de la gendarmerie
nationale
2016 : Le Département choisit l’offre de G-Group,
porteuse d’un projet hôtelier haut de gamme
6 février 2017 : Signature de la vente entre Maxence
Gublin, gérant de G-Group, et Philippe Adnot, président du Département de
l’Aube
LA LICORNE EN CHIFFRES
Surface
terrain de 3125 m2
Surface
de plancher 4672 m2
53
chambres & suites
1
restaurant haut de gamme
1
piscine & 1 spa
24
places de stationnement en sous-sol
13.000.000
€ HT d’investissement
Nombre
de salariés : 45 salariés
Durée
des travaux : 18 mois
Le Spa by Sothys
Entrez dans un havre de relaxation, subtile alliance de raffinement, d’intimité et de bien-être. L’expérience se déroule à l’endroit même des anciens thermes gallo-romains de Troyes
Réunions & Évènements
53 chambres & Suites
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