mercredi 29 janvier 2025

La Licorne à Troyes

 A Troyes, sur la piste d’une licorne oubliée

ancienne gendarmerie quai Dampierre à Troyes

Situé en face de l’ancien Hôtel-Dieu de la ville de Troyes (Cité du Vitrail), l’actuel hôtel de la Licorne fut, depuis le milieu du XVe siècle, un lieu chargé d’une étonnante histoire, aujourd’hui oubliée

Au XVe siècle, la cité de Troyes, située en Champagne, était l’une des plus importantes d’Europe occidentale. Connue pour ses foires, ses vitraux, ses sculptures, et pour son "infâme traité" de 1420 (accord signé ici selon lequel la Couronne d’Angleterre hériterait du trône de France dès la mort de son actuel roi Charles VI), elle restait dans toutes les mémoires. Si aujourd’hui la préfecture de l’Aube cherche à faire revivre son riche patrimoine médiéval, notamment avec les récentes (ré) ouvertures de l’ancien Hôtel-Dieu (Cité du Vitrail) et de l’ancien palais épiscopal (musée d’Art moderne), elle renferme un autre trésor patrimonial dont l’histoire, qui remonte au XVe siècle, est tombée aux oubliettes. Faisons la revivre.

Un gruyère archéologique

Derrière les dix églises catholiques de la ville, toutes plus admirables les unes que les autres, et les nombreux passages étroits, tous plus frissonnants les uns que les autres une fois la nuit tombée, se dresse un étonnant bâtiment, quai de Dampierre, situé juste en face de la Cité du Vitrail. Une bâtisse à trois étages qui saura attirer le regard du passant curieux tant sa forme quadrilatérale enserrant une vaste cour pavée détonne au milieu des maisons à pans de bois environnantes.

Fouilles archéologique sur le site du futur hôtel la Licorne

Il s’agit aujourd’hui de l’hôtel de la Licorne, un complexe cinq étoiles (le seul de la ville), ouvert depuis mai 2023 après quatre ans de travaux. Il ne faut pas hésiter à ouvrir les portes de l’établissement pour comprendre, et ressentir, l’histoire de ce lieu qui fut, jadis, une "école", un couvent, puis une gendarmerie. Un destin enfoui. Le chantier de construction de l’hôtel de la Licorne fut d’ailleurs délicat à mener tant la zone est un véritable gruyère archéologique. "Lors de l’exécution de fouilles menées en 1938, des pièces de monnaie en or et argent, deux médailles à l’effigie du roi Louis-Philippe et une plaque en cuivre indiquant les personnalités ayant assisté à la pose de la première pierre furent trouvées ici" peut-on lire dans un procès-verbal des délibérations du Conseil Général de l’Aube. Qu’était donc la Licorne avant de devenir hôtel ? Et pourquoi ce nom ?

La licorne, cet animal si populaire au Moyen Âge





On sait, grâce aux fouilles archéologiques, que la première pierre de ce bâtiment fut posée durant noël 1445 pour y construire une "école privée de Grammaire" permettant aux riches citoyens de la cité, alors très prospère, de suivre un enseignement en latin. Une école qui s’appelait déjà la Licorne… "Apprivoisée par la Vierge Marie et tuée par les chasseurs, la licorne était, au Moyen Âge, considérée comme une allégorie de la Passion du Christ. Un animal vedette du bestiaire imaginaire", explique l’historien Michel Pastoureau.

Devenu collège de la Licorne au XVIe siècle, ce haut lieu d’éducation troyen fut transformé, en 1628, en couvent pour les sœurs de la congrégation Notre-Dame. Rien d’anormal à cela. Au XVIIe siècle, la ville, qui ne connaissait plus la croissance du siècle précédent, devait faire face à un nombre de pauvres pour lesquels elle ne disposait pas assez de ressources immobilières. Les sœurs y entreprirent, en 1725, d’importants travaux : la création de 53 cellules pour 45 religieuses de chœur, 7 sœurs converses et 3 domestiques. Les 54 chambres de l’hôtel de la Licorne reprennent d’ailleurs plus ou moins l’armature de ses cellules (demandez à en visiter une !).

Un couvent devenu gendarmerie à cause… de la Révolution

La congrégation occupa les lieux jusqu’en 1766. Accusée de jansénisme (doctrine s’opposant aux dogmes de l'Église catholique et à l'absolutisme royal), elle fut remplacée par une autre congrégation, celle des Dames du Bon Pasteur, jugée plus "adaptable", et qui s’occupèrent des "filles repenties" laissées à l’abandon dans une ville de Troyes alors peu sécurisante. Révolution oblige, le Bon Pasteur, comme tous les ordres religieux de France, fut chassé du territoire le 2 novembre 1792. "Il y avait 70 religieuses et pénitentes et 2 domestiques", peut-on lire dans les archives de la ville. Devenu propriété du département de l’Aube, le couvent vit alors s’installer des militaires de la Maréchaussée, pour être nouvellement baptisé "Gendarmerie Nationale". Mais les locaux étaient mal adaptés à cette caserne.

"Ce bâtiment ne peut contenir les 16 hommes qui composent les brigades de Troyes. Huit seulement peuvent loger ici", peut-on lire dans une lettre du capitaine, adressée le 19 octobre 1801 au citoyen maire. Les 16 militaires de la Maréchaussée avaient décidément besoin de plus d’espace dans un lieu qui pouvait, jadis, loger 70 religieuses… Décision fut prise, en 1805, d’agrandir la gendarmerie au moment du creusement du canal de la Haute Seine (que l’on peut toujours voir entre l’hôtel de la Licorne et la Cité du Vitrail). Un bâtiment plus grand (on peut toujours voir les anciennes écuries) qui accueillit des gendarmes jusqu’en… 2017.

 

la vétuste gendarmerie


Restaurations pharaoniques pour cet ensemble de 4672 mètres carrés de sols


Aujourd’hui, la Licorne, avec son hôtel, a chassé bicornes et képis pour faire revivre un passé médiéval trop longtemps enterré.




CHRONOLOGIE

Noël 1445 : installation d’une école de grammaire dans une grange élevée à cet emplacement

1564 : installation d’un collège dans l’hôtel de la Licorne.  

1598-1602 : construction de bâtiments par l’autorité municipale

1628-1630 : arrivée dans les lieux de la congrégation Notre Dame qui forme un couvent.

1725 : reconstruction d’une partie du couvent par les religieuses

1766 : les religieuses sont accusées de Jansénisme sont remplacées par la Congrégation des Filles du                 Bon pasteur

1789-1790 : le Conseil général de l’Aube devient propriétaire des bâtiments

1792 : Chassées par la Révolution, les religieuses sont remplacées avec l'arrivée des gendarmes      dans les anciens locaux du couvent et du collège

1838 : début de la reconstruction avec l’édification des ailes latérales, 

1936 : construction de la partie centrale à l’emplacement des anciennes écuries

1938, les anciennes écuries étant réduites pour 7 chevaux, et remplacées par un bâtiment pour les logements, garage et bureau. 

1991 : déménagement du groupe de gendarmerie à Rosières-près-Troyes.

Seule la brigade troyenne reste quai Dampierre

1996 : décision du Conseil général de l’Aube de réhabiliter la caserne

2004 : restauration partielle de l'ensemble

2015 : décision du Conseil général de l’Aube de céder la caserne suite au départ de la brigade territoriale de la gendarmerie nationale

2016 : Le Département choisit l’offre de G-Group, porteuse d’un projet hôtelier haut de gamme

6 février 2017 : Signature de la vente entre Maxence Gublin, gérant de G-Group, et Philippe Adnot, président du Département de l’Aube


le hall d'entrée

LA LICORNE EN CHIFFRES

Surface terrain de 3125 m2

Surface de plancher 4672 m2

53 chambres & suites

1 restaurant haut de gamme

1 piscine & 1 spa

24 places de stationnement en sous-sol

13.000.000 € HT d’investissement

Nombre de salariés : 45 salariés

Durée des travaux : 18 mois

 




Le Spa by Sothys

Entrez dans un havre de relaxation, subtile alliance de raffinement, d’intimité et de bien-être. L’expérience se déroule à l’endroit même des anciens thermes gallo-romains de Troyes





Réunions & Évènements



 53 chambres & Suites




Hôtel de la Licorne  quai Dampierre


Noël 2024


La Licorne vue depuis le coeur de Troyes




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