Intempéries
Nous pensons avoir eu l’hiver le plus rigoureux,
l’été le plus chaud, la tempête du siècle, un orage exceptionnel, l’inondation
la plus importante, le plus grand incendie de tous les temps, le virus unique
au monde……..
Voici seulement quelques exemples qui vous
prouveront que tout cela est cyclique, et a été pire dans le passé !
De
la fin de janvier au mois de mai 1204, la sécheresse fut
continuelle, et les chaleurs de mars furent aussi grandes que les plus vives
ardeurs de l'été.
9
novembre 1228, une terrible tornade s’abat sur
Troyes, renversant dans les forêts une grande quantité de chênes et de hêtres. Le
vent fut si violent qu'il provoqua la chute des parties hautes du chœur de la
cathédrale.
« En 1297
le peuple fut effrayé par une éclipse de lune et par une comète dont les rayons
étaient lancés tantôt vers l'Orient et tantôt vers l'Occident. Ces phénomènes
que l'on considère aujourd'hui d'un autre œil, furent regardés comme les
avant-coureurs de la famine qui désola la France en 1304 ».
30
novembre 1309, un orage d’une violence excessive
renverse plusieurs maisons, déracine et brise les arbres, et endommage un grand
nombre d’églises.
6
août 1363, le tonnerre tombe sur la tour de l’église
Saint-Loup.
La foudre tombe sur la cathédrale en occasionnant de très gros dégâts en 1382 (endommage la charpente), 1385,
1511 (endommage les panneaux d’une verrière), 1556 (grands dégâts au clocher),
1579, 1618, 1640, 1677 (l’évêque Malier voit d’une fenêtre de l’évêché, le
tonnerre tomber sur l’édifice), 1697 (endommage considérablement la toiture),
1700 : « le fluide électrique embrase le sommet du clocher. Malgré les efforts
tentés, la flamme gagne l’aiguille qui plane au-dessus de la ville, et qui
ressemble à une torche ardente dont les lueurs grandissantes jetaient au loin
de sinistres clartés… ».
«
En l’année 1417 se leva un foudre ou tonnerre et
merveilleuse tempête qui ne dura pas moins de quatorze heures. Toutes les
récoltes de la terre furent détruites, foudroyées et battues mieux et plus que
fléaux, et plusieurs personnes furent tuées à Lhuître. Certaines trouvées
mortes avec les os tous comminuez et des rompuz sans que la peau et la chair
fussent aucunement entamez ».
Un jour de février
1472, vers 6 h du soir, alors qu’il faisait très chaud, « il descendit du
ciel deux grandes clartés comme deux chandelles, passant devant les yeux des
regardants, qui semblait être fort épouvantable et en issait malt grande
clarté, mais ce ne dura guère ».
L’hiver
1564-65 « fut long et difficile, qui causa de grandes
pertes dans Troyes et y répandit la désolation. Pendant les gelées qui durèrent
près de 3 mois, il tomba une si grande abondance de neige que la terre en fut
couverte de la hauteur de deux à trois pieds. Plusieurs personnes furent
perdues dans ces neiges et moururent de froid ».
A la fin du printemps 1577, « celui-ci s’adonna à la chaleur, grande pour la saison à cause de laquelle s’engendrèrent des nuées en l’air, qui causèrent des grêles et des orages si terribles que les biens des champs en furent gâtés et perdus, et y fut la foudre si cruelle que le pays pensait être en quasi-abîme. La grêle y fut si grosse que l’on trouva des loups morts dans les champs, que les lièvres et agneaux furent également trouvés morts… ».
11
janvier 1584, le clocher de Saint-Remi est frappé de
la foudre, l’ouragan cause de grands dommages dans Troyes.
4
juin 1605, à Vendeuvre, une fille s’étant mis à l’abri sous
un poirier est tuée d’un coup de foudre.
L’année
1608
fut longtemps appelée l’année du grand hiver. Le froid très-âpre dura plus de
deux mois sans discontinuer. Le cours des rivières fut entièrement interrompu
par l’épaisseur de la glace. Les plantes furent gelées jusqu’à la racine,
plusieurs personnes furent trouvées mortes de froid sur les chemins, et une
partie des bestiaux périt faute de fourrage. Le dégel ne causa pas moins de
dégâts, les glaces rompirent les ponts et les chaussées.
16
juillet 1613, Nicole Carrée est tuée d’un coup de
foudre près du château de La Villeneuve-au-Chêne.
1617,
la foudre tombe sur le clocher de Saint-Pierre à Bar-sur-Aube, et fait fondre
les sept cloches !
17
janvier 1653, à Rigny-le-Ferron, à 6 h du soir,
arrivent « un grand tonnerre et des éclairs et énormément de grêle qui brise
beaucoup de vitres, tant dans l’église que dans tout le pays ».
L’hiver
1658,
la gelée dure 2 mois avec beaucoup de neige.
15
juin 1660, jour de la Fête-Dieu, un orage s’abat sur Éclance.
« Un bourgeois y est tué par la foudre ».
Août
1667,
un homme est tué d’un coup de tonnerre à Villehardouin.
Les mois de juillet
et août 1691 furent d’une sécheresse extrême, ce qui engendra quantité de
maladies : « le 17 août de la même année, ajoute la note du registre
paroissial, une grêle exorbitante a fait un dégât notable depuis la Brie
jusqu’en Lorraine, particulièrement de l’avoine et du chanvre, ce qui a rendu
ces denrées extrêmement chères ».
Les vicaires généraux de Troyes donnèrent, en mars 1692, la permission de manger des
œufs pendant le carême, tant à cause de la guerre que pour la rareté et la
cherté des poissons et légumes. Tout le mois de mai fut extraordinairement
froid, chagrin, malsain, ce qui a rendu l’année maussade, les terres
impraticables la moisson et la vendange fort tardives, les fruits sans goût, le
vin sans qualité, le pain sans prix.
18
mai 1701, à Lusigny est inhumée Antoinette Noël, 21 ans, qui
« a été tuée d’un coup de tonnerre ».
24
mai 1706, à 7 h ½ du soir, le tonnerre tombe sur la flèche
du clocher de Saint-Pierre à Bar-sur-Aube et le feu se communique « rapidement
aux 3 dômes ». Ce même jour, à 8 h, le clocher de l’abbaye de Clairvaux est
détruit par la foudre.
25
mai 1706, à Chavanges, la grêle cause de grands dommages, le
tonnerre tombe sur le clocher et aussi sur le clocher de l’église Saint-Pierre
de Bar-sur-Aube.
21
juillet 1707, à Lusigny, on enterre trois femmes
décédées, ayant reçu la foudre sur leurs faucilles.
Janvier
1709
les orages et les pluies recouvrirent la terre d’eau. Mais le jour des rois la
gelée prit avec tant de violence que les blés, les vignes et tous les arbres
fruitiers périrent. Les fleuves s’arrêtèrent dans leur cours, les pierres se
fendirent, les liqueurs se figèrent... La gelée dura tout le mois de janvier,
et 400 personnes moururent de froid ainsi qu’une grande quantité de bestiaux ».
27
juin 1713, la foudre tombe sur le clocher d’Hampigny et y met
le feu.
23
juin 1720, à Montfey, à 4 h du matin, il tombe pendant près
d’1/2 heures, une grêle «
grosse comme des œufs, cornue, de la hauteur du genou, poussée par un grand
vent et sans pluie, qui a perdu tout ce qui était semé, sans récolte pour les
terres, les vignes, les prés, les chenevières, les arbres, les fruits, les
jardins, tout a été foudroyé. L’orage est aussi tombé sur toutes les paroisses
voisines… ».
19
octobre 1726, des phénomènes météorologiques jettent
l’effroi dans la population. Le bruit de la fin du monde se répand et la foule
épouvantée remplit les églises. Le ciel est en feu, des lueurs électriques le
sillonnent, accompagnées de détonations.
Le
16 mai 1728, un évènement des plus terribles mit la
ville de Troyes à deux doigts de sa perte. Sur les huit heures et demie du
soir, après quelques coups de tonnerre, il tomba une grêle si forte avec tant
de rapidité qu’on n’en avait jamais vu de pareille. Elle était de la grosseur
des œufs de pigeon, elle tomba ensuite comme des œufs de poule, et enfin il
sembla que c’étaient des quartiers de grosses pierres cornues de six à sept
livres qui brisaient et fracassaient tout. Les vitres et les tuiles tombaient
des maisons, les églises ne paraissaient pas assez sûres pour ceux qui s’y
étaient réfugiés, et il était impossible de sortir sans courir le risque d’être
écrasé. Le lendemain, on voyait encore de la grêle de la hauteur d’un homme.
15
août 1733, deux personnes sont inhumées à Bragelogne « tuées
dans les champs par le feu du ciel ou par le tonnerre ». La nuit du 17 au 18
janvier 1739, il s’élève « un vent impétueux qui dure la journée. Plusieurs
clochers, maisons et moulins à vent sont renversés, les arbres sont déracinés,
les églises sont considérablement endommagées ».
30
juin 1742, dans l’après-midi, un violent orage s’abat sur la
région de Soulaines, de Morvilliers et d’Epothémont. Deux jeunes gens de 21 et
24 ans qui gardent des bestiaux, sont foudroyés sous un arbre qui les abrite :
« leurs visages et leurs estomacs sont tout noirs et brûlés.
15
août 1746, la foudre incendie une ferme d’Epagne et ses
dépendances.
27
juillet 1751, une jeune fille de 18 ans « frappée
par le tonnerre dans l’église de Fontenay de Bossenay, décède ».
30
août 1761, le clocher de St-Urbain est frappé par la foudre.
C’est depuis ce jour que l’on voit l’informe tabatière servant d’abri à la
sonnerie.
27
juin 1764, la foudre détruit l’église de Pont-sur-Seine.
27
juin 1772, un orage détruit 8 granges à Gumery.
24
mai 1773, trois hommes « réduits en cendres par le feu du
ciel ».
27
juin 1783, la foudre tombe en 20 endroits, dont l’église St
Nizier.
Janvier
1784, la Seine est entièrement prise, on peut la
traverser « sans péril ». Les routiers meurent sur les grandes routes, on ne
rencontre de tous côtés « que des gens asphyxiés par le froid », on ne peut
parvenir à chauffer les maisons, les habitants couchent tout habillés. Les
lièvres, les perdreaux, pressés par la famine, arrivent dans les villages, aux
portes des étables, on en prend une quantité innombrable. Les loups envahissent
aussi les habitations des populations rurales, il faut leur faire une guerre
acharnée pour les mettre en fuite.
8
septembre 1788, deux hommes foudroyés à
Précy-St-Martin.
Du
27 novembre 1788 au 10 janvier 1789, une gelée des plus
intenses sévit. Elle atteignait l’eau des puits à une grande profondeur et le
vin dans les caves. « De nombreux hommes saisis par le froid périssaient sur
les routes, on se couchait tout habillé, on trouva deux enfants morts dans leur
lit, les moulins furent arrêtés par suite de la congélation des cours d’eau, la
municipalité fit monter un appareil pour moudre le blé à bras. 6.000 ouvriers troyens chôment et sont sans
pain, sans chauffage ».
20 janvier 1795, le thermomètre tombe à - 22 °. Sur les rivières, il y a 15 pouces de glace, et « on peut y marcher comme sur la route ». En décembre-janvier, la gelée dure 40 jours consécutifs.
7
juin 1864, un habitant de Jessains foudroyé.
12
juin 1900 à Trancault, un attelage et le charretier, frappés
par la foudre, tombent en cendres.
En
1907,
un vendangeur est foudroyé à Venteuil.
1913,
à Val Perdu, deux chevaux foudroyés.
7
juillet 1919, la foudre tombe sur le clocher de
l’église des Riceys « qui flambe comme une torche ».
7
juin 1921, la foudre détruit le clocher de l’église de
Pel-et-Der, du XVIe siècle.
10
août 1921, la foudre détruit la toiture de l’église St-Pierre
de Bar-sur-Aube. (encore)
1925,
à Courtisols, un homme, abrité sous un arbre, est foudroyé et tombe en cendres.
A Rumilly, une femme et son fils qui chargeaient une charrette de foin sont
foudroyés, ils n’ont jamais été retrouvés.
16
juillet 1928, un homme foudroyé à Lavau.
13
juin 1930, un cultivateur de Magny Fouchard tué par la
foudre.
22
juillet 1933, un cultivateur tué par la foudre à
Poivres.
28
mars 1966, à Bagneux-la-Fosse, un cultivateur est foudroyé.
3
août 1974, deux cultivateurs et leur fils, de
Marigny-le-Châtel sont foudroyés.
8
août 1975, le clocher de l’église de Soulaines touché par la
foudre, s’écroule.
19
juillet 1976, 10 moutons sont carbonisés à
Magny-Fouchard par la foudre.
18
juin 1977, violent orage, spectacle d’Apocalypse, la foudre
détruit « la vénérable statue de Notre-Dame des Vignes », qui dominait
Neuville-sur-Seine.
La
foudre eut quelquefois des effets bénéfiques.
Par exemple, en août
1843, à Plancy, elle tombe sur un atelier où se trouvent 30 ouvriers. L’un
d’eux, atteint de douleurs rhumatismales très aiguës, sent le fluide frapper
son métier, passer sur son visage et tous deux sont « lancés » à quelques pas. Depuis la secousse qu’il a
reçue, il n’a plus jamais ressenti de douleurs rhumatismales !
De même, en
1898, M. Ferrot, aubergiste à Ramerupt, atteint de rhumatismes aigus aux
jambes, ne se déplaçant difficilement qu’avec 2 cannes, et que tout effort
fatigue, est frappé chez lui par la foudre. Ranimé difficilement au bout d’une
dizaine d’heures, il s’aperçoit avec une surprise émerveillée, que ses
rhumatismes ont complètement disparu ! Un guérisseur, très coté, n’a connu son
talent qu’à la suite d’un coup de foudre. C’est depuis son accident qu’il a le
don. En revanche, il ne peut plus conduire de voiture automobile : le moteur
s’arrête dès qu’il prend le volant !
Le
29 juin 2015, nous apprenons que Météo France
installe un radar dernier cri à Avant-lès-Ramerupt, qui permet une analyse plus
fine, en temps réel des précipitations tombées dans l'Aube et bien au-delà. Les
radars les plus proches sont implantés à Nancy et Dijon.
Les
inondations
La première inondation, dont les annales de la ville
de Troyes a gardé le souvenir, a lieu en septembre
584 : la Seine, « sortant avec impétuosité et subitement de son lit, ravage
les campagnes, renverse les édifices et entraîne un grand nombre d’hommes et de
bestiaux ».
Les pluies continuelles, qui tombent en 846 et 853,
causent de grandes crues.
En
846,
les inondations sont si considérables, que les eaux envahissent les habitations
et détruisent plusieurs maisons.
Au mois de décembre
1206, il y a une si grande inondation, « qu'on ne se souvenait point
d'en avoir vu de pareille ».
En
décembre 1279 et janvier 1280, les eaux montent et
la Seine se répand dans tous les environs. Son impétuosité ravage une grande
partie du pays : « rien de ce qui se trouvait sur son passage ne résistait à sa
violence, et la plupart des ponts de Troyes furent renversés et brisés.
L’hiver
de 1296 est si pluvieux, que la Seine quitte son lit,
emporte les moulins, rompt les ponts, et cause les plus étranges ravages.
De
1374 à 1377, Troyes, outre le fléau de la guerre
est désolé par des débordements de la Seine, qui font d’immenses ravages. Une
maladie contagieuse est le résultat de ces intempéries, et la ville demeure
presque déserte.
En
1389,
les digues « qui maintiennent les eaux dans leur lit pour les conduire dans la
ville, sont rompues ». Ce fait paraît indiquer une crue extraordinaire.
Les
années 1437 et 1438, « furent remarquables par les pluies
continuelles qui causèrent la perte de toutes les récoltes ».
Le
10 juin 1460, la Seine déborde et la vallée est
inondée.
Le
13 juillet 1481, des pluies abondantes causent une
grande inondation. L’évêque Louis Raguier accorde des indulgences à ceux qui
communient « pour apaiser la colère de Dieu ».
En
1526 et 1527, Troyes souffre une fois de plus des
inondations.
Le
2 mai 1529, les eaux s’élèvent à Troyes « à une hauteur si
considérable, qu’elle rompent le pont de Saint-Jacques.
Le
24 juin 1539, il y a une inondation désastreuse pour
la banlieue de Troyes.
En
juin 1541, il ne cesse de pleuvoir, pour arrêter les
inondations, le 12 juillet, des processions sont faites, on y porte notamment,
les reliques de saint Loup.
Les
21 et 22 juillet 1543, le maire de Troyes fait lever les
vannes de tous les moulins en dessous de la ville, jusqu’à Méry, pour éviter
l’inondation.
Le
2 décembre 1547, inondation générale du Quartier Bas,
où l’on navigue en nacelles dans tout le faubourg Saint-Jacques. Il y a 3 pieds
d’eau rue du Bois (rue Gal de Gaulle).
En
octobre 1550, la pluie est tellement abondante, que
les digues de Saint-Julien sont emportées, des maisons démolies, de nombreux
animaux emmenés par les eaux. On navigue en bateau jusqu’à l’Hôtel-Dieu.
Le
11 juin 1553, la banlieue de Troyes est encore
inondée.
Le
15 octobre 1555, il pleut en abondance, les eaux
passent sur la chaussée qui conduit de Troyes à Pont-Hubert « élevée de
plusieurs mètres ». On traverse la vallée en bateau pendant 8 jours.
De
fin septembre 1561, au mois de février suivant, les pluies
tombent pratiquement sans interruption. Les habitants de la banlieue de Troyes
abandonnent leurs maisons submergées. Les abbayes de Notre-Dame-des-Prés et de
Montier-la-Celle communiquent entre elles au moyen de nacelles.
L’hiver
1564-1565, lors du dégel, grande inondation : le grand pont
de la Seine entre Les Mathurins et Foicy est emmené, le pavé est enlevé, l’eau
passe sur la chaussée à plus de 3 pieds, les maisons de Preize et des Tauxelles
en sont pleines et plusieurs personnes sont noyées.
A partir du
28 novembre 1582, jusqu’ à fin avril 1583, les pluies sont continuelles, on
ne peut plus approcher de la ville de tous côtés, plusieurs maisons sont
emmenées par les eaux. Les eaux entrent dans l’église du couvent des Mathurins,
situé à l’extrémité du faubourg Saint-Jacques. Les quartiers du Temple et du
Comporté sont envahis par l’inondation.
A
partir du 6 juin 1596, il pleut pendant 6 semaines sans
discontinuer. Les eaux se répandent dans toute la vallée, l’église des
Mathurins est à nouveau envahie par les eaux, ainsi que la plus grande partie
du faubourg Saint-Jacques. « Ces pluies sont la cause d’une profonde misère ».
L’année
1610
est remarquable par les grandes eaux qui débordent pendant l’été et couvrent
les prés des environs de Troyes.
Le
6 février 1641, toute la banlieue de Troyes est
submergée, à la suite de pluies excessives. On ne peut aller à Preize et aux
environs de la ville, qu’en bateau. Beaucoup de bestiaux périssent.
Le
dégel, l’hiver 1658, cause une si grande inondation que la
banlieue de Troyes, le faubourg Saint-Jacques et celui de Preize, sont envahis
par les eaux, on ne circule qu’en bateaux dans ces quartiers, les chaussées du
faubourg Saint-Jacques sont rompues.
Pendant
l’hiver 1678-1679, les grandes eaux endommagent les
chaussées et les digues des environs de Troyes, et notamment la chaussée qui
relie Troyes à Saint-Parres. Les dégâts sont tels, que les habitants des
villages voisins travaillent par corvées aux réparations des chaussées, et
réparent la rupture du canal de la Seine à Sancey (Saint-Julien) pour éviter
une plus grande crue et remettre l’eau dans le canal ordinaire.
Le
19 juin 1697, il pleut pendant 3 jours et 3 nuits,
les hameaux des Tauxelles et de Chaillouet sont détruits. Au bout de 24 heures,
il pleut de plus en plus fort, les eaux débordent et passent comme un torrent
devant la Trinité Saint-Jacques. De 52 maisons, il n’en reste que 5, qui menacent
ruine. Le ruisseau de la Vienne, ne pouvant couler, inonde la partie
méridionale de Troyes, et met en ruine plusieurs maisons. Au prieuré de Foicy,
les murailles sont renversées, le 7 juillet, il est encore impossible d’y
aborder : les religieuses se retirent au premier étage, où elles demeurent de
nombreux jours sans pouvoir communiquer avec l’extérieur. L’église a 3 pieds
d’eau, plusieurs arbres déracinés, des moulins emmenés, des personnes noyées.
Tout le quartier de Saint-Denis et de Saint-Aventin est inondé, l’eau va
jusqu’au retable de l’autel de Notre-Dame-en-Isle. Le quartier de Jaillard est
aussi envahi par les eaux, 30 maisons y sont renversées, et toutes doivent être
reconstruites. Le prieuré de Notre-Dame-en’l’Isle voit tomber ses murailles et
l’eau monte dans la chapelle, jusqu’au maître autel sur lequel il y a 2 pieds
d’eau. Les digues, sensées mettre la ville à l’abri des inondations, sont
enlevées aux trois-quarts de lieue de longueur et un grand nombre de bestiaux
meurent noyés. 5 ponts sont détruits.
En
janvier 1701, le maire de Troyes requit de faire
lever les vannes " à cause de l’élévation excessive des eaux".
En
1711,
le prieuré de Foicy est inondé, et en
1712, une nouvelle inondation cause de grands dommages à « nos toiles et
futaies, étendues dans les blanchisseries ».
En
décembre 1737, les pluies continuelles grossissent
tellement la Seine, que les bois flottés se répandent dans des endroits forts
éloignés du lit de la rivière.
Fin
du printemps 1740, avec la fonte des neiges et les pluies
abondantes, les eaux se répandent en grande abondance, inondant plusieurs
cantons : les Tauxelles, le faubourg Saint-Jacques, le Pré-l’Evêque, sont
couverts d’eau jusqu’à la hauteur de 3 pieds, dans le Quartier-Haut de la
ville, les caves sont remplies, et cela dure jusqu’aux fêtes de Noël, «
surpassant le débordement de 1697 ». Le 21 décembre est le point culminant des
eaux, qui couvrent la chaussée de Saint-Jacques de plus d’1 mètre et
remplissent l’église des Mathurins. Les quartiers de la Tannerie et du Temple
sont submergés.
Lors
des crues considérables de 1750 et 1754, le Maire de Troyes est
obligé d’employer pendant plusieurs jours, plus de 200 ouvriers « qui sont
relevés la nuit, par un pareil nombre, éclairés avec des flambeaux et des pots
à feu, pour travailler, sans discontinuer, aux ouvrages de la Seine, à réparer
des vannes que les grandes eaux ont considérablement endommagées, et rétablir
les chaussées en danger d’être emportées, ce qui aurait causé la ruine des
faubourgs et rompu les communications des routes d’Allemagne et de Champagne ».
En
1758,
les débordements de la Seine à cause des grandes pluies, endommagent les
récoltes.
En
1764,
l’inondation est considérable à Troyes.
Début
mars 1772, très grande crue, en raison des pluies très abondantes,
il y a une très grande crue, et les bois préparés pour le flottage, sont
dispersés par les eaux, les grandes vannes des Moulins-Brûlés sont enlevées,
les murs servant de clôture aux prisons de Troyes, baignés par l’un des canaux
qui arrosent la ville, sont renversés sur une longueur « de plus de 20 toises
».
Dans
la nuit du 13 au 14 mai 1779, l’eau arrive avec
impétuosité et inonde la banlieue de Troyes, le faubourg Saint-Jacques et celui
de Preize, sont submergés, les digues sont rompues en plusieurs endroits, les
blanchisseries souffrent beaucoup. La Vacherie fut submergée : les habitants se
virent obligés de se sauver à Troyes en nacelles. La seine avait crû de 10
pieds au-dessus de son niveau habituel. La Seine ne regagne son lit, qu’après le
22 mai.
Du
15 mars à juin 1782, les pluies continuelles causent des
inondations, dont les pertes sont évaluées à plus de 500.000 livres.
Le
22 février 1784, la fonte des neiges amène une très
forte crue.
Les prières publiques de mai 1786, font cesser les pluies qui durent depuis 3 mois, et «
l’on remarque que la pluie cessa aussitôt après ».
En
1802,
1400 maisons ont 1 à 2 mètres d’eau, les digues sont rompues et 8 ponts sont
emportés.
« Il est en souvenir que les années 1816 et 1817, sont les 2 années les plus constamment pluvieuses
du XIXe siècle ».
On trouve au « Journal des débats » du 9 mai 1836, une lettre datée de Troyes, dans laquelle on
lit : « Les pluies abondantes, tombées depuis plusieurs jours ont élevé le
niveau de la Seine à une hauteur qu’elle n’avait jamais atteint depuis 40 ans.
L’inondation est effrayante, le courant passe au-dessus de la vanne dite des
Flotteurs, et les travaux exécutés cet hiver au déversoir de Saint-Julien ont
été détruits par les eaux. Plusieurs points de la digue comprise entre
Saint-Julien et le Pont-Hubert sont crevés et laissent passer l’eau qui inonde
le hameau de la Vacherie. Le rez-de-chaussée de nombreuses maisons du faubourg
Saint-Jacques et du Pont-Hubert est également submergé. Le pont de Chessy a été
entraîné par les eaux dans la nuit du mercredi 4 au jeudi 5 mai. Les environs
de Saint-Parres sont entièrement couverts d’eau, les villages de Pont-Hubert,
de Lavau et de Culoison, sont également baignés par les eaux ». Le 8 mai, on
écrit encore de Troyes : « La Seine a presque entièrement submergé la plaine
qui environne la ville. Les jardins, les prairies, les terres nouvellement
ensemencées sont recouvertes de plus d’1 pied d’eau et déchirés en plusieurs
endroits par des courants qui y laisseront des dégâts considérables ».
Le même journal du
2 décembre 1836 : « La Seine est débordée dans toute l’étendue de son
cours, à une grande distance au-dessous et au-dessus de Troyes. Le flot
provenant des grandes vallées est arrivé à Troyes dans la nuit du samedi 26 au
dimanche 27 novembre. La partie inférieure des Trévois a été submergée, les
parties basses ont été inondées. Le rez-de-chaussée des maisons situées dans
les Tauxelles est également rempli d’eau. Dans une grande partie du
département, les chemins sont impraticables.
En
mars 1844, la digue des Tauxelles est rompue sur 600 mètres,
le spectacle est terrifiant, on sonne le tocsin, il n’y a qu’un mot d’ordre : «
Tous aux digues ! ». La troupe, les
charpentiers, 200 personnes « se ruent au travail avec acharnement ».
En
1851
est constitué le Syndicat des Digues et Canaux, qui évite toute inondation
jusqu’en 1910.
En
1864,
Th. Boutiot écrit : « Les faits concernant les crues excessives de la Seine
appartiennent au passé, sont pour la plupart oubliés. Aujourd’hui, nous croyons
que l’on peut, à l'aide du télégraphe électrique, se prémunir contre l’invasion
subite des eaux en cas de sinistre, et se mettre à l’abri de malheurs trop
fréquents dans le passé, en usant des mesures les plus vulgaires de
préservation, mais en veillant toutefois, avec sollicitude, à l’entretien et à
la consolidation des digues qui couvrent la ville de Troyes et sa banlieue ».
Et pourtant ! ! ! !
Le
21 janvier 1910, la Seine passe par-dessus ses digues,
et inonde Troyes et sa banlieue, avec 60 centimètres d’eau jaunâtre. Les
habitants montent leur mobilier dans leurs greniers. Le 22 janvier, l’eau
envahit toute la ville, les écoles sont évacuées, les usines chôment, les
services municipaux sont interrompus, les tramways ne marchent plus… Le Maire
met à la disposition des habitants qui ne peuvent plus loger chez eux, l’Ancien
Evêché, l’usine Knapp, le Petit Séminaire, avec de la paille et des
couvertures… Dans la nuit, le tocsin jette l’alarme, les clairons appellent les
habitants à sortir de leurs demeures, on déménage à la lumière des torches, les
habitants emportent seulement leurs objets les plus indispensables, les
enfants, pieds nus, à moitié vêtus, pataugent dans l’eau. Le Pont-Hubert est
emporté par les eaux furieuses, le quartier des Charmilles est sous 1 mètre 50
d’eau. Le courant est si fort dans les rues Fortier et de Gournay, que deux
soldats et leurs chevaux, venus au secours des habitants, sont renversés par le
courant. Les cavaliers sont sauvés, mais les bêtes se noient. Seules les
barques sont utilisées. Malheureusement, on signale des cas de pillage. Le 26
janvier, le niveau de l’eau commence à baisser. Il y a plus de 7.000 sinistrés
!
Une
grande inondation a lieu le 21 juin 1951 : la Nouvelle Vienne
vagabonde parmi les vergers et potagers, transformés en rizières. Le 29 juin,
il y a 1,20 m. d’eau dans de nombreuses caves. Endives, carottes et salades
sont sous l’eau.
Le
13 janvier 1955, montée subite des eaux : le bras de
Seine du Pont de la Pielle à la rue Fortier, inonde les propriétés. On endigue
le flot au moyen de sacs de terre, avec le secours de 50 militaires, pour
consolider la digue du Labourat et celle de Foicy. Beaucoup de demeures sont
envahies par les eaux. On héberge 300 personnes dans l’ancien Séminaire
Saint-Martin-ès-Aires, et 40 à la maison des Jeunes.
Le
6 septembre 1958, alors que se déroulait une grande
braderie en ville, un épouvantable orage éclate. En moins d'une heure, que de
dégâts ! Des trombes d'eau transforment les rues en torrent, la foudre frappe à
plusieurs reprises et provoque des incendies, les marchandises des commerçants
de la braderie sont perdues, des grêlons gros comme des pouces d'hommes,
succèdent à l'eau... 40 à 50 cm d'eau dans les rues du Général de Gaulle,
Raymond Poincaré... dans les magasins, des voitures sont emportées par le
courant, au Quartier bas, nombre d'habitants sont obligés d'évacuer leur
domicile... la violence des coups de tonnerre est telle qu'un homme, à la
terrasse d'un café meurt commotionné... les commerçants de la braderie ont
perdu pour la plupart, de 1.000.000 à 1.500.000 F.
Juillet 1976, un été à 36° à Troyes, un violent orage s’abat sur la ville de Troyes, les rues sont inondées, les bouches d’égout n’arrivant plus à avaler toute l’eau du ciel. A cette époque j'habite rue de la Pierre, et je me rends à la "Calanque" pizzéria célèbre dans la ville, où je rejoins des amis. Surprise, il y a 10cm d'eau dans le restaurant.
Mai 2013 : la presse titre : « 15.000 foyers face à la montée des eaux », « Les lacs pleins à ras bord », « Les maires sont sur les dents », « La Seine s’invite dans les maisons »… pendant plus de 2 semaines, tous les média ; presse locale et nationale, toutes les radios, toutes les chaînes de TV…. ne parlent que de « l’Aube en vigilance ». Le pire : Buchères : la distillerie, l’entreprise de transport LTT, la scierie, les habitations… des chevaux, des vaches, des moutons, des ruches… sauvés in extremis… Mais aussi : Pont-Sainte-Marie, Clérey, Villemoyenne, Fouchères, Verrières, Fouchy, Pont-sur-Seine, Nogent-sur-Seine…
Enfin, les titres des média changent à compter du 10
mai : « Troyes sauvée des eaux, la crue se déplace en aval », mais « 10.000
hectares de terres agricoles sinistrées », « La prudence est toujours de mise
»… M. Valls, ministre de l’Intérieur et Delphine Batho, ministre de
l’Environnement, confirment sur place, le 10 mai, avec François Baroin, «
l’Etat de catastrophe naturelle ». Le pire, c’est après, c’est le retour des
propriétaires dans leurs maisons où l’eau se retire, mais où tout est perdu.
Pour
préserver l’agglomération troyenne d’inondations semblables, le Grand Troyes
décide de réaménager et renforcer les digues. Les travaux gigantesques,
commencés en août 2013, ne sont pas encore terminés fin 2015.
Mai
2016,
dans certaines régions de France, la crue dépasse celle de 1910 ! Notre
département est particulièrement épargné, et le lac de la Forêt d'Orient, par
des retenues, évite des inondations à Paris, le Zouave du Pont de l'Alma ayant
de l'eau jusqu'aux genoux ! !
Le
24 janvier 2018, le pic des crues arrive dans l'Aube,
principalement à Bar-sur-Aube et Bar-sur-Seine, et les affluents : l'Ource, la
Laigne, l'Aujon, la Barse et l'Hozain.
Le débit de la Seine évalué à plus de 170 m3 par
secondes pourrait encore augmenter et dans l'Aube, les spécialistes évoquent déjà
le fait que l'on pourrait se rapprocher des deux plus grosses crues de 1910 et
1955.
Le
26 janvier 2018, le Préfet de l'Aube, Thierry Mosimann
a confirmé ce matin que le pic de crue de l'Aube était attendu en début de
semaine prochaine pour Troyes et son agglomération.
Selon
ses informations :
200 pompiers sont mobilisés
43 routes départementales et communales sont coupées
à la circulation
La
décrue est bien amorcée pour Bar-sur-Aube et Bar-sur-Seine.
170 foyers demeurent encore privés d'électricité
L’agglomération troyenne sera touchée quelques jours plus tard : Verrières, Buchères, Bréviandes, Saint-Julien-les-Villas et Troyes seront les plus touchées, les inondations et routes barrées un peu partout.
Le lundi 19 juin 2023, Dampierre a été touchée par une montée des eaux suite aux orages. Certaines rues ont été couvertes par plusieurs centimètres d'eau boueuse, rentrant parfois dans les maisons.
Samedi
29 juin 2024 L'orage
a frappé Troyes (Aube) et ses environs vers 19h00. Très rapidement, des trombes
d'eau se sont abattues. Les bourrasques ont provoqué des chutes de branches
d'arbres, et épisodiquement décroché des volets sur certaines habitations,
selon un témoin sur place. Jusqu'à 3400 personnes ont été privées d'électricité
dans le département de l'Aube.
Dans le secteur de Rosnay-l'Hôpital (Aube), près de
Brienne-le-Château, une chute d'arbre a provoqué la mort de trois personnes sur
la route départementale D396, le dimanche 30 juin.
Selon la procureure de la république de Troyes,
"en plein orage, le véhicule les précédant s'arrête sur la voie afin de
retirer une branche barrant la route. Le véhicule des victimes s'arrête
également à quelques mètres derrière ce véhicule. C'est à ce moment que le
tronc d'un arbre situé dans un jardin privé se brise en raison des conditions
climatiques venteuses et vient écraser le véhicule des occupants."
La
ville de Troyes soufflée par le vent
La situation était particulièrement impressionnante
dans les parcs de la ville de Troyes, fermés à 16h00 pour prévenir tout risque.
La mairie a aussi annulé un événement festif prévu au parc des Moulins, prévu
au lendemain.
Des chutes d'arbres (pas que des branches) ont pu
être signalées localement. Sur les routes, des dégâts ont pu être constatés sur
le mobilier urbain, entravant la circulation déjà peu facilitée par les chutes
de branches.
Le service département d'incendie et de secours
(Sdis) de l'Aube est submergé d'appels provenant de l'agglomération troyenne.
Le Pays d'Amance, dans le sud du département, est également concerné. Les
pompiers sont intervenus une centaine de fois après le passage de l’orage dans
l’Aube, essentiellement pour des caves inondées, des bâchages de toitures, des
tuiles envolées, des arbres déracinés et des branches sur les chaussées.
La vie continue....
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