Les grands incendies de Troyes
Dans l’histoire de notre vieille cité de Troyes, les
incendies sont aussi multiples que désastreux. Cela ne surprend pas, étant
donné, d’une part :
- que le bois fournissait presque exclusivement la
matière employée dans les constructions d’antan,
- que les maisons et couvertures étaient en bois
avec des revêtements de même matière,
- que les rues étaient alors encombrées d’auvents,
- que les moyens d’extinction étaient aussi rares
que primitifs,
- que le feu était favorisé par le peu de largeur
des rues, très étroites…
Les Capucins faisaient alors office de pompiers et,
pour éteindre le feu, on se servait de grosses seringues à main. Combattu par
de tels procédés, le feu avait beau jeu. Aussi, chaque fois qu’une cause accidentelle
ou une main criminelle l’apportait dans quelque coin du vieux Troyes, on en
était quitte pour voir disparaître tout un quartier.
On connait le terrible incendie de 1524 qui
détruisit un tiers de la ville.
En 1686, un autre sinistre eut des ravages
considérables.
Je
vais vous en faire les « reportages » :
En
888,
les Normands investissent la ville et l’incendient.
Le
23 juillet 1188, Troyes est en grande partie détruite
par un violent incendie. L’abbaye de
Notre-Dame aux Nonnains est détruite, la collégiale de Saint-Etienne, le Palais
des comtes, la cathédrale sont la proie
des flammes. Des religieuses de
Notre-Dame périssent au milieu des flammes, les titres de l’abbaye sont brûlés.
Les riches ornements des églises, les vases d’or et d’argent, ne peuvent être
sauvés.
En
mai 1209, une grande partie de Troyes est consumée par les
flammes.
Le
grand incendie de 1524 détruit 3 000 maisons, sinistre 7
500 Troyens. Les 5 grosses cloches Saint-Jean-au-Marché sont fondues. Quantité
de magasins de grain, de vin et de marchandises sont consumés. Cet incendie
détruit le quartier le plus riche et le plus commerçant de la ville.
Le
4 mai 1530, le feu consume plus de 60 maisons soit environ 80
ménages.
Le
samedi 26 mars 1551, un grand feu arrivé au Couvent des Cordeliers
et lors fut fait des sceaux d’osier vert en place de ceux en cuir... et il fut
décidé par le Conseil que tous charpentiers, couvreurs se doivent trouver avec
leurs outils convenables en telles occurrences...
Suite au feu arrivé le 13 novembre 1569, dans l’ église Saint-Denis, " injonction est
faite, par le Conseil, à tous les chapitres, abbayes, prieurés et fabriques
paroissiales d’ avoir des sceaux de cuir ou d’osiers, même d’avoir des échelles
et crochets... "
En
1574 et 1583, le feu ravage l’Hôtellerie du
Croissant, rue de Croncels.
Le
22 juin 1681, vers minuit, le feu prit en la grande
rue, près de l’Hôtel Dieu de Saint Nicolas, dans la maison du nommé Langlois
pâtissier, lequel, revenant de la campagne fort fatigué, mit du bois à sécher
dans son four. Le feu prit dans les fagots. Il y eut cinq maisons de brûlées,
le tout consistant en 10 à 12 ménages. La perte fut grande pour les pauvres
incendiés. Le grand embrasement dura jusqu’à 6 heures du matin. Ledit Langlois
et son enfant furent consumés dans les flammes : lui, tout brûlé, il ne se
retrouva que le tronc du corps, pour l’enfant, rien ne se retrouva. La femme se
jeta par la fenêtre, se fracassa, mais ne mourut point. Le feu dans les caves y
parut encore plus de 12 jours après, jusqu’au 9 juillet, auquel jour, on eut
recours à l’eau parce que les poutres se consumaient encore dans les caves.
Le
26 octobre, chez un boulanger proche de la rue du Beffroi, à
10 heures du soir, 2 maisons et 5 enfants sont entièrement brûlés.
Le
10 septembre 1686, un considérable feu détruit l’un des
plus beaux quartiers de Troyes (Saint- Nicolas - Place Jean Jaurès).
L’embrasement dure trois jours. Plus de 150 familles sont sans habitation,
plusieurs même réduites à la mendicité. Les hôtelleries " L'écu de Bourgogne
", " L'hôtellerie du Laboureur
", " L'hôtellerie du Mulet ", sont détruites.
Le
27
du même mois il y a encore 11 maisons brûlées faubourg Croncels.
En
décembre 1696, le feu prend aux " Etuves aux
femmes " sur le rû Cordé (près de la rue Passerat). Sur 9 corps de logis,
6 sont détruits.
Le
7 octobre 1700, la foudre tombe sur la cathédrale et y
met le feu. Le tocsin de toutes les églises de Troyes sonna. Il ne resta plus
rien, ni du clocher, ni de la charpente.
Le
22 octobre 1701, trois maisons sont brûlées proche
l’Hôtel de Ville.
Le
15 novembre 1709, un incendie détruit 2 maisons, une
jeune fille est consumée dans les flammes.
Le
16 février 1717, le feu s’en prend au collège “ à
l’heure de quatre après-midi au bâtiment et chambres où sont toutes les classes
des humanités depuis la rhétorique jusqu’à la sixième “, si bien qu’il n’est
plus possible aux pères de l’Oratoire de continuer à enseigner leurs élèves.
Le
30 novembre 1719, “ la ville fut alarmée par un incendie
qui se déclara aux prisons sur les huit heures du soir dans l’appartement des
femmes. Ces prisonnières avaient mis ce feu dans l’espérance de se sauver par
ce moyen; on accourut pour y porter du secours, mais les prisonniers qui
regardaient ce secours comme un obstacle à leur délivrance, jetaient des
pierres à tous ceux qui se présentaient, et plusieurs personnes en furent
blessées; cet appartement fut consumé par les flammes, mais aucun prisonnier ne
put s’évader “.
Le
10 octobre 1721, c’est à l’abbaye royale de Saint Loup
qu’a lieu un incendie, " proche de la pierre d’amour ". Celle-ci se
trouvait rue de l’Ordre Boue (4 rue Michelet). L’incendie cause un dommage
considérable tant à cette abbaye qu’aux maisons voisines. " Il est secouru
avec une diligence et une ardeur extraordinaires ". A cette occasion
" on avait fait conduire les trois pompes à jeter eaux, ensemble les
crochets, échelles et seaux d’osier tant dans le magasin de l’ Hôtel de ville
que celui de la porte Saint Jacques montant à plus de sept cents sceaux,
lesquels machines, crochets et échelles ont été presque toutes brisées comme
aussi les sceaux d’osiers dont la plus grande partie s’est trouvée brûlée. De
même furent consumés un grand nombre de flambeaux qui ont été pris chez divers
ciriers. Sur quoi la Ville décide par la même délibération de faire faire 200
sceaux d’osier neufs et échelles et crochets et de payer les flambeaux sur les
mémoires présentés par les marchands ciriers ... "
Dans la nuit
du 2 au 3 décembre 1727, des scélérats coupèrent les cordes de quinze puits
dans la ville, et, par dérision,
allèrent les accrocher aux portes des officiers de police. Cette audacieuse
témérité jeta le trouble et l’épouvante parmi les habitants, parce que s’il fut
arrivé quelque incendie, on n’aurait pu y apporter les secours nécessaires.
Le
17 janvier 1729, 20 maisons sont la proie des flammes.
L’eau gelait à mesure qu’ on la jetait sur le feu.
Incendie
de Troyes 1524
En
mai 1524, sous l’empire de craintes légitimes, nos ancêtres
relevaient les vieilles murailles de leur cité, et s’apprêtaient à repousser,
les armes à la main, et à l’abri de leurs nouvelles fortifications, les
attaques de l’ennemi qui les menaçait. Ils publiaient les édits de leurs
grandes foires, alors connues du monde entier, et pour eux source d’abondantes
richesses. Cependant, l’ennemi n’était pas alors pour les habitants de Troyes,
le seul motif de crainte. Des froids prématurés, qui s’étaient fait sentir dans
toute la France, avaient en novembre 1523, gelé les semences des blés et
presque anéanti l’espérance de la récolte. Aux horreurs d’un siège, on pouvait
voir s’ajouter les souffrances de la disette. Aussi, dans leur prévoyante
sollicitude, les habitants de Troyes amassaient également à grands frais les
provisions et grains nécessaires pour passer les mauvais jours qu’ils pouvaient
redouter.
La guerre, les apprêts de la disette, et les
affaires, telles étaient donc à Troyes les préoccupations du moment, lorsqu’un
terrible incendie, en dévorant par les flammes la partie la plus riche et la
plus opulente de la ville, vint changer en une triste et désolante réalité les
craintes éloignées encore que semblait réserver l’avenir. Cette catastrophe que
nos ancêtres ont appelé « le grand feu », fut si épouvantable, qu’elle a
laissé, dans les générations qui ont suivi, des traces d’une profondeur telle,
que plus de 4 siècles après, ce souvenir n’est pas échappé.
Le
mardi 24 mai 1524, « la veille de la fête de la
Saint-Urbain, et l’avant-veille de la fête du Saint-Sacrement », de 10 à 11
heures du soir, le feu éclata dans une maison habitée par un apothicaire nommé
Moussey, « sise au coin de la rue de l’Epicerie (donnant rue Emile Zola),
vis-à-vis de celle du Grand Sauvage (cet hôtel où descendaient les marchands de
Montauban durant les foires), ainsi qu’on entre en la rue du Temple (Général
Saussier), en venant du palais appelé la Salle du Roi (Place du Préau) ».
Le feu se manifesta avec une vivacité extrême, et à
peine les premiers secours commençaient-ils à s’organiser, « qu’en un instant,
bruit et clameur fut qu’en plus de 50 autres maisons, et en divers lieux et
quartiers de cette dite ville était compris ».
Le feu, favorisé par le peu de largeur des rues, très
étroites, et aussi parce qu’il avait été mis simultanément en divers quartiers,
se développa avec une telle intensité et une telle violence que bientôt il fut
certain que tous les efforts pour en arrêter les terribles progrès seraient
inutiles. Aussi, les habitants, consternés, éperdus, cernés par l’incendie qui
les enveloppait de toutes parts, durent se résigner à abandonner aux flammes
leurs demeures avec leurs mobiliers, les provisions amassées pour l’avenir et
leurs riches marchandises, et par la fuite, échapper aux dangers qui les
menaçaient eux-mêmes.
L’incendie, libre dans sa marche désastreuse, sévit
du mardi 24 mai, 10 h du soir, jusqu’au surlendemain 26 mai, à 3 h du matin,
c’est-à-dire pendant 28 heures consécutives ! Pendant ce temps, les flammes
avaient parcouru tout l’espace compris depuis la rue Saint-Vincent-de-Paul
jusqu’aux portes de Croncels et du Beffroi, et l’ancien Hospice Saint-Abraham
(rue Jaillant Deschainets), où elles semblent s’être arrêtées faute d’aliment.
Les pertes éprouvées furent très importantes, «
immenses et incalculables ». Dans cette partie de la ville se trouvaient les
rues spécialement consacrées aux magasins des riches marchands qui
fréquentaient les foires de Troyes. A côté de ce quartier était celui des
Changes, habité par les plus riches négociants de la cité, puis le
Marché-au-Blé, l’Etape-au-Vin, la rue de la Monnaie. 22 rues furent la proie de
cet incendie. On évalue à 3.000 le nombre des maisons brûlées. Tout l’espace
construit entre le grand portail de l’église Saint-Jean et de l’église
Sainte-Madeleine, du côté du couchant, fut également détruit. En effet, ce fut
sur l’emplacement de maisons brûlées que Claude de Marisy éleva le remarquable
hôtel qui forme l’angle des anciennes rues de Lorgnes et du Mortier d’Or. A la
destruction de tant de maisons particulières, il faut ajouter celle des
édifices publics : la porte de Croncels, le château de la Vicomté, près de
Saint-Nicolas, l’Hôtel des Monnaies, la porte du Beffroi, la tour qui existait
auprès de cette porte et dans laquelle se trouvait « une cloche d’une extrême
et admirable grosseur, qui était tenue et réputée la plus grande de la
chrétienté, pesant 4 milliers, dont la matière découlait à val par les rues,
qui offensa beaucoup de personnes ». Puis la perte plus considérable encore de
7 édifices religieux : la moitié de l’église de Saint-Jean-au-Marché, avec son
clocher et les 5 cloches qui s’y trouvaient, l’église de Saint-Jean-du-Temple,
l’hospice du Saint-Esprit, les églises Saint-Pantaléon (dont la construction
primitive datait du XIIe siècle et était construite en bois) et de
Saint-Nicolas, l’Hospice de Saint-Bernard (sur l’emplacement de l’Hôtel de
France, rue de la Monnaie) et celui d’Abraham ou des Filles-Repenties (rue
Jaillant-Deschainets).
Nous n’avons jamais su s’il y avait eu des
malheureux qui trouvèrent la mort sous les débris enflammés de leurs maisons,
jamais n’ont été évaluées les pertes immenses en meubles, marchandises, les
provisions détruites par le feu ou perdues par le pillage auquel se livrèrent
les malfaiteurs « et gens sans aveu » qui se trouvent toujours dans les grandes
villes, jamais n’ont été décrites les scènes de désolation et de désordre dont
la ville fut le théâtre pendant que s’accomplissait ce drame. Ce fut la
stupeur, la consternation, la terreur même dont les habitants furent frappés
par cette catastrophe qui, en éclatant lorsque l’ennemi était presque aux
portes de la ville, lorsqu’une disette était imminente, laissait présager
d’autres dangers aussi terribles peut-être. Nous n’avons que les récits de
témoins.
Une question
grave et impérative se soulève : si cet incendie a eu pour cause
première la malveillance, et tous les documents contemporains sont unanimes
pour écarter un simple accident ou une imprudence, quels sont les auteurs de ce
drame et sous quelle inspiration ont-ils agi, si l’on ne considère que ce soit
la suite d’une vengeance privée et personnelle. Les « boutefeux », en admettant
leur existence et leur organisation, étaient-ils les agents de Charles-Quint, le
chef de la coalition armée contre la France, ou ceux du connétable de Bourbon,
l’âme de la guerre qui se faisait alors, ou bien acteurs, pour leur propre compte, avaient-ils cherché,
dans ces scènes de trouble, les occasions d’un pillage facile et impuni ?
Le
lendemain, 25 mai, on trouva un jeune garçon de 13 à 14
ans qui essayait de mettre le feu dans la maison d’un épicier. Ayant été arrêté
et interrogé, il avoua, qu’à la sollicitation de quelques soldats inconnus qui
lui avaient fait de grandes promesses, il s’était déterminé à cette action avec
d’autres de son âge, et ils montrèrent de l’argent, qu’ils lui avaient donné à
cette intention. On arrêta plusieurs de ces boutefeux, et la cour fit passer à
Troyes quelques signalements. « Ils étaient au nombre de 343 ayant divers
signaux, soit pour indiquer que les compagnons étaient dans la ville, soit pour
donner à connaître que le feu était mis, soit enfin pour désigner le chemin que
les incendiaires avaient pris ». Le feu a-t-il été mis par des boutefeux qui
étaient à Troyes ? On a alors signalé 4 ou 6 hommes qui, chaque jour,
changeaient de vêtements, tantôt ils étaient vêtus en marchands, tantôt en
aventuriers, d’autres fois en paysans, quelquefois ils avaient des cheveux,
d’autres fois ils n’en avaient pas… Tous n’étaient pas âgés de plus de 14 ans !
Ils déclarèrent que des gens inconnus les avaient poussés à mettre le feu et
que leur projet était de brûler toute la ville. On prétendit que les matières
inflammables avaient été préparées à Naples. L’un des hommes, qui tombèrent
sous la main de la justice, confessa que la ville de Troyes était vendue ainsi
que celle de Paris « et que c’était à un, qui se disait monsieur de Bourbon ».
Les pères des enfants, qui avaient subi le supplice du feu, furent gardés en
prison pendant un certain temps, puis la même peine leur fut infligée.
De nombreuses arrestations furent opérées tant à
Troyes, qu’à Paris, Meaux et autres villes, la justice « mit sous sa main »,
surtout des étrangers inconnus. Des informations furent suivies devant la cour du grand
Bailli, à Troyes, et devant la cour du Parlement.
Le
5 juin, le Parlement fit amener de Troyes à Paris le père
de 2 enfants accusés d’avoir mis le feu. Ils furent brûlés devant lui et ce
père subit le même sort que ses enfants, après avoir dénoncé « beaucoup de gens
qui furent pris ». De nombreuses arrestations se firent à Troyes et à Paris.
Ceux qui furent arrêtés dans cette dernière ville furent enchaînés 2 à 2 et
employés au curage des fossés de la porte Saint-Honoré.
Nicole Pithou écrit : « Si cette désolation était si
triste et pitoyable cet horrible spectacle le fut plus encore à cause de
plusieurs pauvres personnes de tout sexe et de tout âge, étrangers ou non, mais
avec furie et jetés, comme boutefeux, sans jugement ni avis au milieu des
flammes par un populaire forcené et rendant l’âme en jetant des cris et des
hurlements horribles. Ces pauvres savoyards, porteurs et patenôtres et de
fluteaux de St-Claude, trouvés en ville, reçurent de bien mauvais traitements
».
Dès le 27 mai, lors d’une assemblée générale, il est décidé qu’en raison des craintes venant de l’extérieur, les portes et les murailles seront immédiatement réparées au moyen de travaux exécutés de jour et de nuit. En raison des bruits de guerre, la même Assemblée décide la formation d’une compagnie de 600 hommes, armés de manière à défendre la ville et à se mettre en campagne. La ville demande une levée de deniers sur les greniers à sel du royaume et sur la gabelle. On chasse les vagabonds, on défend aux habitants de sortir « avec bâtons à feu » soit de jour soit de nuit, l’hôtel de ville est gardé par 2 postes. Le 2 juin, il est créé un « étroit conseil », composé de 9 personnes : 6 laïques et 3 ecclésiastiques. Ce conseil est en permanence et décide de tous faits et ordonnances de police, de défense, de guet et de garde. Les portes de la Tannerie, de Comporté et de la Madeleine sont fermées, afin de surveiller plus facilement les étrangers entrant en ville ou en sortant. Les vagabonds seront visités et fouillés, puis renvoyés sans leur permettre d’entrer en ville. Celles du Beffroi, de Croncels et de St-jacques gardées avec soin, restent seules ouvertes. Ordre est donné de ne laisser entrer en ville aucun étranger inconnu. Les déblais de l’incendie sont conduits dans les faux-fossés pour les combler.
Le
5 juin, il est prescrit de faire « le guet dormant ».
Cette sorte de guet se compose d’un
poste de 2 ou 3 hommes, placés au coin des rues et dans les carrefours, à des
distances qui permettent à ces postes de communiquer entre eux sans
déplacement. Défense est faite de porter des bâtons à feu, dans la ville, après
10 h du soir, sous peine de la hart et d’être assommé comme ennemi du roi et de
la chose publique.
Le
8 juin, le maire et les échevins ordonnent la démolition
des ponts jetés sur les canaux de dérivation, au-dessous et à l’extérieur des
remparts, afin de mieux se rendre compte de la circulation qui se fait par et
autour de la ville.
Le
9 juin, le Conseil décide qu’il sera demandé au roi qu’il
veuille bien ordonner que les rues des quartiers détruits par l’incendie soient
élargies et que toutes constructions soient éloignées des murailles d’au moins
40 pieds.
Les Troyens se relevèrent des pertes qu’avait
occasionnées cet affreux désastre. On rebâtit les maisons et autres édifices,
on reconstruisit les églises, les particuliers reconnurent leur terrain et se
replacèrent à peu près dans les mêmes endroits.
En
1545,
dans les reconstructions qui suivirent cet incendie de 1524, on « taille » des
images saintes. On les place sur les façades des maisons reconstruites ou
réparées. Mais « la réforme en fit détruire un certain nombre ».
Ce terrible incendie, en consumant une partie de la
ville, n’avait que trop justifié les sollicitudes de la municipalité, qui
profita de cette grande circonstance « pour apporter remède à ce mal ». C’est à
cet incendie et aux règlements qui ont suivi, dès le 9 juin, que l’on dût
l’élargissement des principales rues du « quartier haut ».
Incendie
de l’Ecu de Bourgogne
En 1686, dans la nuit du mardi 10 au mercredi 11 septembre,
un sinistre, dont les ravages devaient être considérables, éclate dans le
quartier du Beffroi.
Dans le haut de la place
du « Marché-au-Blé » (aujourd’hui place Jean Jaurès), l’emplacement
où se trouve la Halle (aujourd’hui Bourse du Travail), était occupé par 3
hôtelleries : l’« Ecu de Bourgogne », le « Bon
Laboureur », le « Bougelot », et par une maison particulière.
« Vers 10 heures du
soir, le jour susdit, le feu prend à l’Ecu de Bourgogne, dans 40 à 60 tonnes de
sucre, appartenant à un marchand d’Orléans descendu dans l’hôtellerie ».
Ce sucre avait été mouillé dans la traversée du gué de Saint-Liébaud (Estissac)
et on le faisait sécher sur des fourneaux. En quelques instants, l’Ecu de
Bourgogne flambe de la cave au grenier.
Mais, le fléau ne devait
pas s’arrêter là. Bientôt, et quoique séparée par la chaussée, la maison du
conseiller Doé, dans la rue Saint-Nicolas, s’allume à son tour, puis l’Hôtel du
Mulet, qui la touche et où se trouve une provision de bois pour 3 ans, et, de
l’autre côté, et contigus à l’Ecu de Bourgogne, le Bon Laboureur et la maison
suivante deviennent la proie des flammes.
Les secours n’arrivent
pas. Il n’y a pas de seaux, presque pas d’eau, et par malheur, les magistrats,
on ne sait trop pourquoi, refusent de laisser employer le moyen habituel en ces
cas désespérés : « couper les maisons les plus proches pour sauver le
quartier ».
Quelques heures plus tard,
le feu a consumé toutes les maisons situées à côté de l’église
Saint-Nicolas jusqu’au rempart et toutes celles qui forment le commencement
de la rue de la Pierre et de la rue de la Clef-de-Bois (actuellement rue
François-Gentil). Quand on parvient à l’éteindre, le lendemain à midi
seulement, 52 maisons étaient détruites !
On avait voulu obliger les
charretiers qui amenaient la vendange en ville à déménager sur leurs voitures
le mobilier des sinistrés et à transporter des muids d’eau sur le lieu de
l’incendie, mais plusieurs, par crainte de périr, s’y refusèrent
et menacèrent de tuer leurs chevaux plutôt que de se soumettre à ces ordres.
Comme bien on
pense, ce fut la ruine pour beaucoup de Troyens. Un moment même, on
craignit pour l’église Saint-Nicolas et l’on transporta le Saint-Sacrement
à l’hôpital Saint-Bernard, situé place du Marché-au-Blé, sur l’emplacement
des numéros 30 et 32 actuels.
En même temps, le
clergé de la Cathédrale faisait une procession pour demander à
Dieu la fin de ce fléau. A 8 h du matin, le doyen portant le reliquaire de la
vraie croix, la procession descendit la rue Notre-Dame, passa par la petite rue
Saint-Pantaléon (rue Turenne aujourd’hui), le rue du Marché-aux-Noix, le Marché
au Blé, l’Etape-au-Vin (place Audiffred) et vint s’arrêter à la Belle-Croix
(place de l’hôtel de ville), où l’on chanta le « Vexilla regis ».
Les Ursulines, établies à
Troyes en 1628, avaient acheté depuis peu l’hôtellerie du Dauphin dans la rue
de ce nom, où elles avaient ouvert une école gratuite de filles. Leur
immeuble très vaste et ses dépendances s’étendaient à proximité des maisons
embrasées et les pauvres filles furent pendant plusieurs heures, pendant
plusieurs jours même, dans des transes mortelles. En outre chez les bonnes
sœurs pour prendre de l’eau à leur puits, « tout un peuple d’indiscrets et
de pompiers d’occasion, affamés et altérés », en profitèrent pour boire et
manger aux dépens de la communauté : « Toutes les bonnes gens
qui tiraient l’eau, savaient bien trouver où était le pain. On en mangea une
cuite. Le vin n’était pas épargné, on le tirait à seaux, mais par prudence
l’officière en avait serré quelques pains pour le besoin de la
communauté… ». La plupart des religieuses commencent à perdre la tête et
la supérieure, plus morte que vive, court à la chapelle faire le vœu que
« tout le couvent se donnera la discipline si le feu s’éteint ».
L’incendie paraît s’apaiser un moment, mais il reprend de plus belle. Les
bonnes sœurs déménagent leur mobilier, tandis que les Capucins combattent le
feu, qui, d’ailleurs, continue à gagner du terrain et atteint maintenant le
couvent.
« Le feu prend à la
tête d'une sœur dont le voile brule… On sonne au tour pour avoir les clefs des
religieuses et on dit aux sœurs tourières de se jeter par les fenêtres si
elles ne veulent pas être brulées... Les Ursulines donnent tous les draps
pour les mouiller et les étendre aux endroits où il y a le plus de danger… On
tire, 3 personnes à la fois, 5 heures d’horloge au grand puits, sans qu’il
tarit… Les sœurs infirmes, qui ne peuvent travailler, sont en prière devant le
Saint-Sacrement… Les sœurs déménagent le mobilier, tandis que les Capucins
combattent le feu qui continue à gagner du terrain et atteint le couvent… Tous
les chers enfants sont levés dès minuit, les parents de la plupart les envoient
quérir leur petit mobilier… ».
Plusieurs jours se passent
ainsi. Le feu reprend de temps à autre par place. Les peureuses se sauvent de
tous côtés aux premiers accents du tocsin. Quelques autres, plus hardies, et
déjà habituées au danger, n’en continuent pas moins la besogne ordinaire. Avant
de s’enfuir, une sœur, a soin d’emporter sa plus belle robe et de laisser sa
vieille. Une autre met trois voiles sur sa tête, pour en prêter à
celles qui ont perdu le leur, et plusieurs mouchoirs dans les deux
poches… « pour essuyer les larmes en cas qu’il fallut sortir ».
La supérieure écrit le récit de ses angoisses : « … nous continuâmes
le reste de la journée nos exercices, jusqu’à environ les 3 heures, qu’on sonna
de nouveau le tocsin, où nous nous trouvâmes promptement et quelques autres
furent pour fermer les portes des dortoirs pour empêcher l’entrée des séculiers
qui étaient le mercredi entrés partout, et je puis vous dire que les planchers
de notre communauté, église, dortoirs, cellules… sont aussi crottés que
les rues. Nous avons bien besoin d’huile de bras pour remettre le tout en son
premier état… ». Les boulangères, pendant ce temps, pétrissent à tour de
bras et la cuisinière met sur le feu des confitures qu’elle n’est pas sûre de
manger. La mère supérieure raconte : « Nous avons veillé toutes les
nuits, à ma part que je ne me suis pas déshabillée 5 ou 6 jours de
suite ».
Le terrible incendie de
1524 avait détruit un tiers de la ville, celui de 1686 fit lui aussi des
ravages considérables.
24
décembre 1951, 9 h, cinq morts : un accident
dramatique, dont le bilan est effroyable, se produit au pont du mail Dominique.
Un camion d’un entrepreneur public venant d’Arcis-sur-Aube, avec 4 personnes à
bord, à l’entrée étroite et dangereuse de ce pont provisoire, glisse sur une
pellicule de gelée blanche. Le camion heurte de pont, la fragile balustrade
cède et il bascule dans les eaux, les roues en l’air. La cabine n’est plus
qu’un cercueil ! Un homme réussit à s’échapper, on ne sait comment. Les
pompiers arrivent, le sortent hors de l’eau, et une ambulance le conduit
promptement à l’hôpital. Hélas, il y succombe quelques instants après, victime
d’une fracture du crâne. Un canot est mis à l’eau avec deux sapeurs pompiers,
qui fixent un câble d’acier à l’essieu du camion, qui est relié au cabestan du
bulldozer de la ville qui vient d’arriver. On relève les vannes, pour permettre
l’abaissement des eaux. Mais le courant entraîne la barque des deux sauveteurs
qui sont engloutis dans un flot à 5°. L’un, bon nageur, périra victime d’une
congestion. Le second réussit à saisir le filet qu’on lui tend. Après une
succession te tentatives infructueuses, ce n’est qu’à 13 h 30 que l’on
parviendra à sortir de l’eau un cadavre, et à 15 h 30 un autre. Le corps du
pompier ne sera retrouvé que le lendemain vers 22 h, et celui de la dernière
victime, est introuvable.
6
juillet 1954 : en ¾ d’heures, le campanile de
l’Hôtel de Ville de Romilly-sur-Seine, symbole de la cité, a été détruit par
les flammes. La toiture et les combles de l’édifice public ont été entièrement
dévorés. Tout l’intérieur de l’immense quadrilatère municipal, du second étage
au rez-de-chaussée a été inondé... Il était 16 h 50, lorsque le concierge de la
mairie voulut actionner la sirène installée dans le campanile. Un faible
mugissement jaillit, vite étranglé et le signal d’alarme se rompit… M. Camuset
maire, était dans son bureau, il s’élança vers l’endroit approximatif avec un
extincteur… 16 h 55 : une fumée très épaisse, blanche et noire fuse de la
toiture. 17 h : la fumée devient de plus en plus dense, l’évacuation du
matériel et des mobiliers s’effectue. 17 h 05 : les flammes commencent à sortir
de la toiture, les ardoises éclatent. 17 h 15 : la toiture est complètement en
flammes et tout le campanile est embrasé. 17 h 20 : les pompiers mettent en
action leurs lances. 17 h 30 : le campanile s’effondre. 17 h 35 : les pompiers
réussissent à combattre efficacement l’incendie de l’extérieur. Sur place, on note
avec les pompiers de Romilly, les services de secours des ateliers SNCF, les
pompiers de la base aérienne, les pompiers de Nogent-sur-Seine. Arrivent un peu
plus tard de Troyes, 2 camions citernes et une pompe à grande puissance, soit 3
pompes et la grande échelle. 18 h 30 : le sinistre est maitrisé. 20 h : les
petites lances noient les foyers épars. Un travail énorme a été réalisé par des
déménageurs improvisés : les logements de 4 locataires, la salle des mariages,
les bureaux du maire, des adjoints, du secrétaire général, la comptabilité, les
bureaux du rez-de-chaussée, la salle de la Justice de Paix ont pu être vidés de
tous leurs meubles, objets et papiers de quelque valeur. Au total, 11 personnes
ont perdu leur habitation. Les dégâts se chiffrent à plusieurs dizaines de
millions de francs. Les causes de cet incendie ne furent établies, peut-être un
court-circuit.
16
juin 1955, 8 h 30 : les Papeteries de Champagne (Ets
Bolloré), rue de la Providence sont la proie des flammes. Il fallut des heures
d’efforts et plus de 100 pompiers permanents auxquels se joignirent les
pompiers volontaires appelés par les sirènes, ainsi que ceux de la Papeterie et
ceux des Ets Lambretta, pour venir à bout du sinistre. Après 2 h 30 de lutte,
le danger de propagation fut écarté. Les constructions sont détruites, ainsi
que 500 tonnes de matières premières, lin et chanvre, nécessaires à la
fabrication du papier à cigarette, qui représentaient une réserve de 3 mois.
Les dégâts sont estimés à 100 millions. Plusieurs sauveteurs furent blessés.
9
août 1955 : un violent incendie éclate faubourg Croncels et
détruit une maison d’habitation et trois bâtiments abritant les ateliers, le
garage et le magasin des Ets Tisserand spécialisés en installation de moteurs
et matériel agricole. Le feu a pris vers 15 h 30 et a détruit outre les
bâtiments, 1 camion et 1 voiture toute neuve. Au bout d’une heure, il fallut faire
appel aux pompiers volontaires. A 17 h, tout danger était écarté. Les dégâts
sont estimés à 20 millions.
12 janvier 1956 : de l’église de Vaudes, qui datait des XIIe et XVIe siècles, il ne reste plus rien que les murs de fondation. Un gigantesque incendie l’a détruite. Vers 20 h, le lieutenant de pompiers alerte le maire : « ca brûle dans le clocher de l’église !». Impossible de donner l’alarme dans le pays, puisque les cloches qui sonnent le signal en pareil cas, se trouvent dans la partie embrasée. La pompe à bras est peu efficace, et lorsque le centre de Lusigny arrive sur les lieux, le feu ravage la toiture et dans un fracas épouvantable, le clocher s’abat sur le cimetière. Le centre de Bar-sur-Seine et tous les centres des environs vinrent prêter main forte. L’école et toutes les maisons voisines étant menacées, certains commerçants commencent à évacuer leurs meubles. Le danger est écarté, mais Vaudes n’a plus d’église et les dégâts sont inestimables.
Dans la nuit du
11 au 12 janvier 1957, un violent incendie détruit en partie l’immeuble
abritant le siège du parti communiste, alors installé 76, rue Urbain IV. Vers 1
h 15 du matin, une voisine aperçoit des flammes s’échappant de la lucarne et du
grenier de la maison occupée par le siège du P.C. Quand les pompiers arrivent,
le feu a déjà détruit la toiture et des flammes immenses menacent les toitures
voisines, notamment celle de l’immeuble où est installé le magasin Valérie, à
l’angle de la rue Urbain IV et de la rue du Petit Cimetière Saint-Jean. Tous les
habitants de ce quartier, constitué de maisons de bois et de torchis, sortaient
affolés, car le feu risquait de gagner du terrain. A 3 h du matin, tout danger
était écarté. La toiture de l’église Saint-Jean avait été copieusement arrosée
pour éviter qu’elle ne s’embrase. Les dégâts sont évalués à 8 millions de
francs. Peut-être un court-circuit a déclenché le sinistre.
22
avril 1957, vers 13 h 40 : ce lendemain de Pâques,
un gigantesque incendie dévore les Grands Moulins de Romilly-sur-Seine. Malgré
la promptitude des secours, plus de la moitié des bâtiments est détruite. Les
dégâts s’élèvent à 200 millions de francs. Aux pompiers de Romilly se
joignirent ceux des Ateliers SNCF, puis l’auto- pompe de la Base aérienne,
l’auto-pompe à grande puissance et un fourgon incendie avec 2 motos-pompes du
Centre de Secours de Troyes, ainsi que les pompiers de Pars-les-Romilly et ceux
d’Origny. 1 h après, les pompiers avaient la situation en main. Toute la
minoterie fut détruite, environ 200 millions de dégâts.
25
août 1957, 3 h du matin : un grave incendie se déclare à la
chocolaterie Jacquot, provoqué par l’échauffement d’un moteur électrique. A
l’arrivée des pompiers, un local de 300 m² et une autre salle, située à l’étage
supérieur étaient la proie des flammes. Le feu trouvait un aliment de choix
avec le sucre, la pâte à bonbons et les étuves en bois chauffées nuit et jour à
80°. Les dégâts sont évalués à 50 millions Frs.
4
juin 1961 après-midi : incendie monstre aux Ets Gillier. Des
stocks représentant une valeur de 4 milliard, destinés à la vente, sont
détruits. Quatre compagnies de pompiers de Troyes, Sainte-Savine, Saint-André
et Bouilly ont lutté courageusement pour maitriser l’incendie. A cette heure-là,
la foule affluait à la Foire de Champagne, inaugurée la veille, et située à
moins de 200 mètres à vol d’oiseau. Les flammes hautes de 100 mètres se voyant
depuis Torvilliers ou Saint-Parres-aux-Tertres, beaucoup d’automobilistes
convergèrent vers le lieu du sinistre, entraînant des embouteillages importants
faubourg Croncels, rue Voltaire et boulevard Victor Hugo. On ignore les causes
de l’incendie. 1 pompier a été sérieusement brûlé.
Dans la nuit du
15 au 16 janvier 1963, un feu a mis en émoi la population de Jasseines. Le
sinistre prit dans la porcherie installée dans des bâtiments appartenant à M.
Jean Cardot et qui constitue les dépendances du café qu’il exploite. A côté de
la porcherie, une vaste salle de spectacle, pouvant contenir 400 personnes,
était elle aussi, transformée en brasier. M. Cardot n’eut que le temps de
sauver 2 tracteurs et sa voiture avant l’arrivée des pompiers. Leur
intervention fut d’ailleurs retardée, en raison d’un froid qui provoqua le
gel des motos-pompes. Il fallut allumer
un feu sur le lieu du sinistre pour dégeler le matériel. En attendant, les
pompiers utilisèrent la vieille pompe à bras, aidés par la population, qui fit
la chaîne avec des seaux d’eau. C’est seulement vers 6 heures que tout danger
fut écarté. 20 porcs, 45 lapins, furent brûlés vifs, et 100 quintaux d’avoine,
50 quintaux d’orge détruits. Les dégâts
ont été évalués à 1.000.000 Frs.
26
janvier 1963, 19 h 30 : dans un important dépôt de
la Teinturerie Clément Marot, rue aux Moines, gigantesque incendie : 3 millions
de dégâts, 1 bâtiment entièrement détruit, 60 tonnes de coton nylon et matières
plastiques calcinées, 40 ouvriers ou employés d’un secteur spécialisé privés de
leur travail. Pour que l’incendie ne tourne pas à la catastrophe, mettant en
danger non seulement l’usine tout entière, mais également le quartier, un
important dispositif fut mis en action par les pompiers de Troyes,
Sainte-Savine et Bouilly.
8
février 1963, 4 heures du matin : le feu éclate aux
Ets Vitoux, rue de la Paix. Un vieux pompier déclarait : « Ce fut un des
incendies les plus durs que j’ai eu à affronter dans ma longue carrière.
C’était suffoquant et la chaleur était intense ». Les salles qui ont brûlé
étaient modernes et neuves. La lutte contre le feu fut à ce point pénible que
les pompiers ne pouvaient rester que quelques minutes et devaient aller
respirer dehors. 5 millions de dégâts, 4 ouvriers et 4 pompiers furent brûlés
et transportés à l’hôpital.
1er janvier 1964
: les sirènes sonnent l’alarme, le feu s’étant déclaré dans un atelier de
façonnage des Papeteries de Champagne (Ets Bolloré), rue de la Providence, où
se trouvaient 10 machines et où travaillaient une quarantaine d’employés, en
majorité des femmes. Grâce à la promptitude des pompiers, une véritable
catastrophe fut évitée. 30 millions de dégâts.
20
janvier 1964, 23 h : un terrible incendie prend dans
les bâtiments des usines de bonneterie Fra-For rue Brocard. Des explosions se
font entendre, ce sont des plaques formant le toit de plastique qui sautent.
Lorsque les pompiers arrivent, l’embrasement est total. 6 grosses lances sont
branchées, puis le centre de Sainte-Savine arrive avec 5 grosses lances. Le
lendemain, 2 kilomètres de tuyaux encerclent encore ce qui fut l’une des usines
les plus modernes de Troyes. Tout le matériel de moins d’1 an, très important a
été anéanti. 20 tonnes de tissus ont brûlé, la production d’été fut la proie des flammes, 1 milliard de
francs de dégâts.
21 janvier 1967,
19 h : des flammes de 10 mètres de haut crèvent la toiture de l’Hôtel des
ventes rue de la paix. En quelques instants, le sinistre se développe dans des
proportions considérables. Le feu se communique rapidement à la literie et aux
meubles entassés à l’étage. Quand les premiers secours arrivent, la toiture est
entièrement embrasée. Devant la gravité de la situation, ils font appel aux volontaires. Pour combattre les
flammes, il fallut passer par la Caisse d’Epargne et par la maison à l’angle du
boulevard Gambetta. Vers 21 h, les pompiers furent maîtres du feu. Cependant,
durant toute la nuit, les sauveteurs se relayèrent pour noyer les foyers qui se
rallumaient et ce n’est qu’au lever du jour que l’on put considérer l’incendie
comme éteint. 400.000 NF de dégâts.
9
janvier 1985 : Incendie du siècle dans le cœur de Troyes.
Dans
la nuit, un gigantesque incendie se déclara rue Urbain IV. Par des températures
proches des -30 degrés, les très nombreux pompiers ont lutté sans relâche
Si
l’incendie est maîtrisé dans la matinée, le feu ne sera éteint complètement que
48 heures plus tard. Il faudra attendre une semaine pour que le quartier ne
soit plus sous la menace de relance du feu.
L’Incendie s’est déclaré à partir du magasin O’Kelly rue Urbain IV et rejoindra la rue E. Zola, toutes les habitations sont détruites. C’est tout un pâté de maisons qui est avalé par les flammes. En tout 14 immeubles sont touchés, 6 disparaissent, tous les magasins en rez-de-chaussée, les réserves et habitations en étages… Une amie professeur de danse était en vacances, nous l’avons appelé pour lui dire que… malheureusement, son appartement était en poussière, il se situait au-dessus de la source du feu (une chaudière à gaz défectueuse)… elle avait une magnifique collection de 1200 éventails des XVIIe et XVIIIe. Elle s’est suicidée un an plus tard, ne supportant plus d’avoir perdu tous ses souvenirs de famille, de ses enfants, ses magnifiques collections, toute une vie dans les flammes…
« "Vous fermiez une lance, vous ne pouviez plus
la rouvrir. C'était pratiquement instantanément de la glace", "On a eu un grand nombre de tuyaux et de
lances qui sont restés gelés. Elles ont été posées à terre parce qu'on ne
pouvait plus s'en servir. La Ville est venue avec des chalumeaux. C'était peine
perdue, tout était gelé."
Au total, 180 sapeurs-pompiers sont mobilisés. Il
leur faut cinq heures pour venir à bout du foyer principal. Sur la façade des
immeubles arrosés par les pompiers, des stalactites se forment. "Le plus
gros problème, c'était de lutter contre un feu de quartier qui s'est développé
très rapidement. C'est un feu qui devait couver et qui n'a pas été découvert en
temps et en heure".
pour rappel :
9 janvier 1985 : le cœur de Troyes en froid et en flammes
Ils sont peu nombreux ceux à avoir oublié le
terrible incendie de la rue Urbain-IV, qui a ravagé 14 immeubles, le 9 janvier
1985 à 3 h. Le thermomètre affichait presque 32 degrés en dessous de zéro à
Troyes, -35° à Chaource.
Après 2 hivers particulièrement doux, une vague de
froid mémorable déferle sur la France pendant tout le mois de janvier 1985 - l’intensité
de cette vague de froid est comparable à celle du mois de février 1956 - à
Paris, il s’agit du mois de janvier le plus froid depuis l’année 1838.
Du 4 au 18 janvier 1985 : un froid polaire concerne
toutes les régions. Le vendredi 4 janvier 1985: la neige envahit le nord et le
centre du pays - il tombe 5cm à Paris. Le 5 janvier 1985, les températures
chutent brusquement. On mesure -24° à Luxeuil les bains, -20° à Reims, -18° à
Troyes et -17° à Strasbourg alors que l’après-midi, il ne fait pas plus de -10°
sur tout le quart nord-est (-6° à Paris). Dans la nuit du 6 au 7 janvier 1985,
une tempête de neige paralyse toute la moitié nord mais aussi le littoral
basque et la Corse - il fait -25° à Grenoble. Les 8 et 9 janvier 1985, on
descend fréquemment en dessous de -15° (-20° à Mont de Marsan), il fait même
-26,5° à Vire (sud calvados) et - 27,5° au Harra du pin (Orne), la Côte d’Azur
est ensevelie sous la neige avec 38cm à Nice où il fait -7°.
Les dégâts provoqués par cette vague de froid sont
incalculables - une très importante surmortalité est constatée et la végétation
est très affectée - les palmiers gèlent superficiellement sur la Côte d’Azur -
les prix des fruits et légumes flambent - la plupart des cours d’eaux gèlent et
des banquises sont observées sur le littoral de la mer du nord et l’embouchure
de la Loire.
Sans atteindre l’intensité de la vague de froid du
mois de janvier 1985 , une nouvelle vague de froid concerne une grande moitié
nord de la France entre le 9 et le 22 février 1985 - au cours de cette période,
les températures redescendent entre -10 et -18° sur tout le quart nord-est - du
13 au 18 février 1985 , les chutes de neige sont fréquentes de la Bretagne à la
région Rhône-Alpes - le 18 février 1985 , on mesure 90 cm de neige à
Thônon-les-Bains (Haute Savoie) - cette ville pourtant située en plaine connaît
un micro-climat lié à la proximité du lac Leman. Les chutes de neige sont
également très abondantes du côté suisse.
Du 15 au 21 mars 1985 : l’hiver ne veut pas s’en
aller et de nouvelles chutes de neige affectent presque toute la France - le 19
mars 1985, il fait - 13° au Puy (700m d’altitude).
Les 3 et 4 avril 1985 : de l’air chaud remonte d’un
seul coup sur l’ensemble de la France - on dépasse 25° dans le sud et l’est
mais un vent très violent se lève à Toulouse (autan) et Clermont-Ferrand dans
la soirée du 4 avril, ce qui déclenche une véritable tempête de poussière dans
la plaine de la Limagne.
11 avril 1985 : journée épouvantable - une tempête
s’abat sur tout le pays et une tornade est même observée près de la station
météo du Mans - les vents atteignent 143 km/h à Brétigny (Essonne).
Du 24 au 28 avril 1985 : de fortes gelées se
produisent sur presque toute la France et l’on mesure des températures parfois
inférieures à -5° - les cultures déjà très éprouvées par la vague de froid du
mois de janvier sont une nouvelle fois mises à rude épreuve.
Les 8 et 9 mai 1985, des inondations se produisent
dans le Lyonnais et le Dauphiné - il tombe 90mm d’eau à Grenoble et 86mm à
Lyon.
L’été 1985 est généralement frais, si l’on excepte
le coup de chaleur des journées du 25 et 26 juillet 1985 où les températures
dépassent fréquemment les 33° - le maximum est enregistré dans le Périgord avec
39°.
Les 5 et 6 août 1985 : le temps est particulièrement
agité, un peu comme en plein automne - une tempête secoue le nord de la France
le 5 août 1985 et d’énormes vagues liées à de très gros orages provoquent un
véritable raz de marée en Camargue dans la nuit du 5 au 6 août 1985 - en pleine
nuit, l’eau emporte des camions, des tentes et des caravanes ; réveillant alors
des centaines de personnes aux Saintes Maries de la mer.
Un camping est balayé par le raz de marée du 5 août
1985, en Camargue
La 5 août 1985, il neige sur certains cols des
Pyrénées
5 août 1985 : Les Côtes de la Manche, touchées par
une tempête automnale !
Le mois de septembre 1985 et le début du mois
d’octobre 1985 sont très chaud et surtout très sec - la sécheresse devient
problématique sur de nombreuses régions.
Du 17 septembre 1985 au 7 octobre 1985 : les
températures sont très élevées - on dépasse quotidiennement les 25° sur presque
tout le pays avec de fréquentes pointes entre 30 et 34° - des records de
chaleur sont battus entre le 1er et le 4 octobre 1985 où l’on mesure 29° à
Paris, 30° à Orléans, 31° à Auxerre, 32° à Bordeaux, 34° à Pau et 35° à Dax.
Du 17 au 28 novembre 1985 : le froid prend sa
revanche - la neige apparaît un peu partout et les gelées sont quasiment
permanentes, sauf sur le littoral - on relève -11° à Dijon, le 27 novembre 1985
et -13° au Puy le 28 novembre 1985.
Les 3 et 4 décembre 1985 : un effet de foehn (vent
chaud soufflant de la montagne) fait monter la température à 25° à Biarritz (où
il ne fait pas moins de 20° la nuit) et 27° à Pau.
A partir du 27 décembre 1985 : une nouvelle vague de
froid (la 4ième de l’année) envahit la moitié nord - il neige abondamment des
Pays de la Loire à l’Alsace et la température descend à -17° à Troyes, -16° à
Poitiers et -12° à Tours et Orléans.
1er janvier 1986 : dans la matinée du 1er janvier,
les températures sont encore très basses avec -17° à Troyes.
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