lundi 3 février 2025

Les grands incendies de Troyes

 Les grands incendies de Troyes

1855 - Incendie à la gare ferroviaire de Troyes

Dans l’histoire de notre vieille cité de Troyes, les incendies sont aussi multiples que désastreux. Cela ne surprend pas, étant donné, d’une part :

- que le bois fournissait presque exclusivement la matière employée dans les constructions d’antan,

- que les maisons et couvertures étaient en bois avec des revêtements de même matière,

- que les rues étaient alors encombrées d’auvents,

- que les moyens d’extinction étaient aussi rares que primitifs,

- que le feu était favorisé par le peu de largeur des rues, très étroites…

Les Capucins faisaient alors office de pompiers et, pour éteindre le feu, on se servait de grosses seringues à main. Combattu par de tels procédés, le feu avait beau jeu. Aussi, chaque fois qu’une cause accidentelle ou une main criminelle l’apportait dans quelque coin du vieux Troyes, on en était quitte pour voir disparaître tout un quartier.

On connait le terrible incendie de 1524 qui détruisit un tiers de la ville.

En 1686, un autre sinistre eut des ravages considérables.

Je vais vous en faire les « reportages » :

En 888, les Normands investissent la ville et l’incendient.

Le 23 juillet 1188, Troyes est en grande partie détruite par un violent incendie. L’abbaye  de Notre-Dame aux Nonnains est détruite, la collégiale de Saint-Etienne, le Palais des comtes,  la cathédrale sont la proie des flammes. Des  religieuses de Notre-Dame périssent au milieu des flammes, les titres de l’abbaye sont brûlés. Les riches ornements des églises, les vases d’or et d’argent, ne peuvent être sauvés.

En mai 1209, une grande partie de Troyes est consumée par les flammes.

Le grand incendie de 1524 détruit 3 000 maisons, sinistre 7 500 Troyens. Les 5 grosses cloches Saint-Jean-au-Marché sont fondues. Quantité de magasins de grain, de vin et de marchandises sont consumés. Cet incendie détruit le quartier le plus riche et le plus commerçant de la ville.

Le 4 mai 1530, le feu consume plus de 60 maisons soit environ 80 ménages.

Le samedi 26 mars 1551, un grand feu arrivé au Couvent des Cordeliers et lors fut fait des sceaux d’osier vert en place de ceux en cuir... et il fut décidé par le Conseil que tous charpentiers, couvreurs se doivent trouver avec leurs outils convenables en telles occurrences... 

Suite au feu arrivé le 13 novembre 1569, dans l’ église Saint-Denis, " injonction est faite, par le Conseil, à tous les chapitres, abbayes, prieurés et fabriques paroissiales d’ avoir des sceaux de cuir ou d’osiers, même d’avoir des échelles et crochets... "

En 1574 et 1583, le feu ravage l’Hôtellerie du Croissant,  rue de Croncels.

Le 22 juin 1681, vers minuit, le feu prit en la grande rue, près de l’Hôtel Dieu de Saint Nicolas, dans la maison du nommé Langlois pâtissier, lequel, revenant de la campagne fort fatigué, mit du bois à sécher dans son four. Le feu prit dans les fagots. Il y eut cinq maisons de brûlées, le tout consistant en 10 à 12 ménages. La perte fut grande pour les pauvres incendiés. Le grand embrasement dura jusqu’à 6 heures du matin. Ledit Langlois et son enfant furent consumés dans les flammes : lui, tout brûlé, il ne se retrouva que le tronc du corps, pour l’enfant, rien ne se retrouva. La femme se jeta par la fenêtre, se fracassa, mais ne mourut point. Le feu dans les caves y parut encore plus de 12 jours après, jusqu’au 9 juillet, auquel jour, on eut recours à l’eau parce que les poutres se consumaient encore dans les caves.

Le 26 octobre, chez un boulanger proche de la rue du Beffroi, à 10 heures du soir, 2 maisons et 5 enfants sont entièrement brûlés.

Le 10 septembre 1686, un considérable feu détruit l’un des plus beaux quartiers de Troyes (Saint- Nicolas - Place Jean Jaurès). L’embrasement dure trois jours. Plus de 150 familles sont sans habitation, plusieurs même réduites à la mendicité. Les hôtelleries " L'écu de Bourgogne ", " L'hôtellerie du  Laboureur ", " L'hôtellerie du Mulet ", sont détruites.

Le 27 du même mois il y a encore 11 maisons brûlées faubourg Croncels.

En décembre 1696, le feu prend aux " Etuves aux femmes " sur le rû Cordé (près de la rue Passerat). Sur 9 corps de logis, 6 sont détruits.

Le 7 octobre 1700, la foudre tombe sur la cathédrale et y met le feu. Le tocsin de toutes les églises de Troyes sonna. Il ne resta plus rien, ni du clocher, ni de la charpente.

Le 22 octobre 1701, trois maisons sont brûlées proche l’Hôtel de Ville.

Le 15 novembre 1709, un incendie détruit 2 maisons, une jeune fille est consumée dans les flammes.

Le 16 février 1717, le feu s’en prend au collège “ à l’heure de quatre après-midi au bâtiment et chambres où sont toutes les classes des humanités depuis la rhétorique jusqu’à la sixième “, si bien qu’il n’est plus possible aux pères de l’Oratoire de continuer à enseigner leurs élèves.

Le 30 novembre 1719, “ la ville fut alarmée par un incendie qui se déclara aux prisons sur les huit heures du soir dans l’appartement des femmes. Ces prisonnières avaient mis ce feu dans l’espérance de se sauver par ce moyen; on accourut pour y porter du secours, mais les prisonniers qui regardaient ce secours comme un obstacle à leur délivrance, jetaient des pierres à tous ceux qui se présentaient, et plusieurs personnes en furent blessées; cet appartement fut consumé par les flammes, mais aucun prisonnier ne put s’évader “.

Le 10 octobre 1721, c’est à l’abbaye royale de Saint Loup qu’a lieu un incendie, " proche de la pierre d’amour ". Celle-ci se trouvait rue de l’Ordre Boue (4 rue Michelet). L’incendie cause un dommage considérable tant à cette abbaye qu’aux maisons voisines. " Il est secouru avec une diligence et une ardeur extraordinaires ". A cette occasion " on avait fait conduire les trois pompes à jeter eaux, ensemble les crochets, échelles et seaux d’osier tant dans le magasin de l’ Hôtel de ville que celui de la porte Saint Jacques montant à plus de sept cents sceaux, lesquels machines, crochets et échelles ont été presque toutes brisées comme aussi les sceaux d’osiers dont la plus grande partie s’est trouvée brûlée. De même furent consumés un grand nombre de flambeaux qui ont été pris chez divers ciriers. Sur quoi la Ville décide par la même délibération de faire faire 200 sceaux d’osier neufs et échelles et crochets et de payer les flambeaux sur les mémoires présentés par les marchands ciriers ... "

Dans la nuit du 2 au 3 décembre 1727, des scélérats coupèrent les cordes de quinze puits dans la  ville, et, par dérision, allèrent les accrocher aux portes des officiers de police. Cette audacieuse témérité jeta le trouble et l’épouvante parmi les habitants, parce que s’il fut arrivé quelque incendie, on n’aurait pu y apporter les secours nécessaires.

Le 17 janvier 1729, 20 maisons sont la proie des flammes. L’eau gelait à mesure qu’ on la jetait sur le feu.


Incendie de Troyes 1524


En mai 1524, sous l’empire de craintes légitimes, nos ancêtres relevaient les vieilles murailles de leur cité, et s’apprêtaient à repousser, les armes à la main, et à l’abri de leurs nouvelles fortifications, les attaques de l’ennemi qui les menaçait. Ils publiaient les édits de leurs grandes foires, alors connues du monde entier, et pour eux source d’abondantes richesses. Cependant, l’ennemi n’était pas alors pour les habitants de Troyes, le seul motif de crainte. Des froids prématurés, qui s’étaient fait sentir dans toute la France, avaient en novembre 1523, gelé les semences des blés et presque anéanti l’espérance de la récolte. Aux horreurs d’un siège, on pouvait voir s’ajouter les souffrances de la disette. Aussi, dans leur prévoyante sollicitude, les habitants de Troyes amassaient également à grands frais les provisions et grains nécessaires pour passer les mauvais jours qu’ils pouvaient redouter.

La guerre, les apprêts de la disette, et les affaires, telles étaient donc à Troyes les préoccupations du moment, lorsqu’un terrible incendie, en dévorant par les flammes la partie la plus riche et la plus opulente de la ville, vint changer en une triste et désolante réalité les craintes éloignées encore que semblait réserver l’avenir. Cette catastrophe que nos ancêtres ont appelé « le grand feu », fut si épouvantable, qu’elle a laissé, dans les générations qui ont suivi, des traces d’une profondeur telle, que plus de 4 siècles après, ce souvenir n’est pas échappé.

Le mardi 24 mai 1524, « la veille de la fête de la Saint-Urbain, et l’avant-veille de la fête du Saint-Sacrement », de 10 à 11 heures du soir, le feu éclata dans une maison habitée par un apothicaire nommé Moussey, « sise au coin de la rue de l’Epicerie (donnant rue Emile Zola), vis-à-vis de celle du Grand Sauvage (cet hôtel où descendaient les marchands de Montauban durant les foires), ainsi qu’on entre en la rue du Temple (Général Saussier), en venant du palais appelé la Salle du Roi (Place du Préau) ».

Le feu se manifesta avec une vivacité extrême, et à peine les premiers secours commençaient-ils à s’organiser, « qu’en un instant, bruit et clameur fut qu’en plus de 50 autres maisons, et en divers lieux et quartiers de cette dite ville était compris ».

Le feu, favorisé par le peu de largeur des rues, très étroites, et aussi parce qu’il avait été mis simultanément en divers quartiers, se développa avec une telle intensité et une telle violence que bientôt il fut certain que tous les efforts pour en arrêter les terribles progrès seraient inutiles. Aussi, les habitants, consternés, éperdus, cernés par l’incendie qui les enveloppait de toutes parts, durent se résigner à abandonner aux flammes leurs demeures avec leurs mobiliers, les provisions amassées pour l’avenir et leurs riches marchandises, et par la fuite, échapper aux dangers qui les menaçaient eux-mêmes.

L’incendie, libre dans sa marche désastreuse, sévit du mardi 24 mai, 10 h du soir, jusqu’au surlendemain 26 mai, à 3 h du matin, c’est-à-dire pendant 28 heures consécutives ! Pendant ce temps, les flammes avaient parcouru tout l’espace compris depuis la rue Saint-Vincent-de-Paul jusqu’aux portes de Croncels et du Beffroi, et l’ancien Hospice Saint-Abraham (rue Jaillant Deschainets), où elles semblent s’être arrêtées faute d’aliment.

Les pertes éprouvées furent très importantes, « immenses et incalculables ». Dans cette partie de la ville se trouvaient les rues spécialement consacrées aux magasins des riches marchands qui fréquentaient les foires de Troyes. A côté de ce quartier était celui des Changes, habité par les plus riches négociants de la cité, puis le Marché-au-Blé, l’Etape-au-Vin, la rue de la Monnaie. 22 rues furent la proie de cet incendie. On évalue à 3.000 le nombre des maisons brûlées. Tout l’espace construit entre le grand portail de l’église Saint-Jean et de l’église Sainte-Madeleine, du côté du couchant, fut également détruit. En effet, ce fut sur l’emplacement de maisons brûlées que Claude de Marisy éleva le remarquable hôtel qui forme l’angle des anciennes rues de Lorgnes et du Mortier d’Or. A la destruction de tant de maisons particulières, il faut ajouter celle des édifices publics : la porte de Croncels, le château de la Vicomté, près de Saint-Nicolas, l’Hôtel des Monnaies, la porte du Beffroi, la tour qui existait auprès de cette porte et dans laquelle se trouvait « une cloche d’une extrême et admirable grosseur, qui était tenue et réputée la plus grande de la chrétienté, pesant 4 milliers, dont la matière découlait à val par les rues, qui offensa beaucoup de personnes ». Puis la perte plus considérable encore de 7 édifices religieux : la moitié de l’église de Saint-Jean-au-Marché, avec son clocher et les 5 cloches qui s’y trouvaient, l’église de Saint-Jean-du-Temple, l’hospice du Saint-Esprit, les églises Saint-Pantaléon (dont la construction primitive datait du XIIe siècle et était construite en bois) et de Saint-Nicolas, l’Hospice de Saint-Bernard (sur l’emplacement de l’Hôtel de France, rue de la Monnaie) et celui d’Abraham ou des Filles-Repenties (rue Jaillant-Deschainets).

Nous n’avons jamais su s’il y avait eu des malheureux qui trouvèrent la mort sous les débris enflammés de leurs maisons, jamais n’ont été évaluées les pertes immenses en meubles, marchandises, les provisions détruites par le feu ou perdues par le pillage auquel se livrèrent les malfaiteurs « et gens sans aveu » qui se trouvent toujours dans les grandes villes, jamais n’ont été décrites les scènes de désolation et de désordre dont la ville fut le théâtre pendant que s’accomplissait ce drame. Ce fut la stupeur, la consternation, la terreur même dont les habitants furent frappés par cette catastrophe qui, en éclatant lorsque l’ennemi était presque aux portes de la ville, lorsqu’une disette était imminente, laissait présager d’autres dangers aussi terribles peut-être. Nous n’avons que les récits de témoins.

Une question  grave et impérative se soulève : si cet incendie a eu pour cause première la malveillance, et tous les documents contemporains sont unanimes pour écarter un simple accident ou une imprudence, quels sont les auteurs de ce drame et sous quelle inspiration ont-ils agi, si l’on ne considère que ce soit la suite d’une vengeance privée et personnelle. Les « boutefeux », en admettant leur existence et leur organisation, étaient-ils les agents de Charles-Quint, le chef de la coalition armée contre la France, ou ceux du connétable de Bourbon, l’âme de la guerre qui se faisait alors, ou bien acteurs,  pour leur propre compte, avaient-ils cherché, dans ces scènes de trouble, les occasions d’un pillage facile et impuni ?

Le lendemain, 25 mai, on trouva un jeune garçon de 13 à 14 ans qui essayait de mettre le feu dans la maison d’un épicier. Ayant été arrêté et interrogé, il avoua, qu’à la sollicitation de quelques soldats inconnus qui lui avaient fait de grandes promesses, il s’était déterminé à cette action avec d’autres de son âge, et ils montrèrent de l’argent, qu’ils lui avaient donné à cette intention. On arrêta plusieurs de ces boutefeux, et la cour fit passer à Troyes quelques signalements. « Ils étaient au nombre de 343 ayant divers signaux, soit pour indiquer que les compagnons étaient dans la ville, soit pour donner à connaître que le feu était mis, soit enfin pour désigner le chemin que les incendiaires avaient pris ». Le feu a-t-il été mis par des boutefeux qui étaient à Troyes ? On a alors signalé 4 ou 6 hommes qui, chaque jour, changeaient de vêtements, tantôt ils étaient vêtus en marchands, tantôt en aventuriers, d’autres fois en paysans, quelquefois ils avaient des cheveux, d’autres fois ils n’en avaient pas… Tous n’étaient pas âgés de plus de 14 ans ! Ils déclarèrent que des gens inconnus les avaient poussés à mettre le feu et que leur projet était de brûler toute la ville. On prétendit que les matières inflammables avaient été préparées à Naples. L’un des hommes, qui tombèrent sous la main de la justice, confessa que la ville de Troyes était vendue ainsi que celle de Paris « et que c’était à un, qui se disait monsieur de Bourbon ». Les pères des enfants, qui avaient subi le supplice du feu, furent gardés en prison pendant un certain temps, puis la même peine leur fut infligée.

De nombreuses arrestations furent opérées tant à Troyes, qu’à Paris, Meaux et autres villes, la justice « mit sous sa main », surtout des étrangers inconnus. Des informations  furent suivies devant la cour du grand Bailli, à Troyes, et devant la cour du Parlement.

Le 5 juin, le Parlement fit amener de Troyes à Paris le père de 2 enfants accusés d’avoir mis le feu. Ils furent brûlés devant lui et ce père subit le même sort que ses enfants, après avoir dénoncé « beaucoup de gens qui furent pris ». De nombreuses arrestations se firent à Troyes et à Paris. Ceux qui furent arrêtés dans cette dernière ville furent enchaînés 2 à 2 et employés au curage des fossés de la porte Saint-Honoré.

Nicole Pithou écrit : « Si cette désolation était si triste et pitoyable cet horrible spectacle le fut plus encore à cause de plusieurs pauvres personnes de tout sexe et de tout âge, étrangers ou non, mais avec furie et jetés, comme boutefeux, sans jugement ni avis au milieu des flammes par un populaire forcené et rendant l’âme en jetant des cris et des hurlements horribles. Ces pauvres savoyards, porteurs et patenôtres et de fluteaux de St-Claude, trouvés en ville, reçurent de bien mauvais traitements ».

Dès le 27 mai, lors d’une assemblée générale, il est décidé qu’en raison des craintes venant de l’extérieur, les portes et les murailles seront immédiatement réparées au moyen de travaux exécutés de jour et de nuit. En raison des bruits de guerre, la même Assemblée décide la formation d’une compagnie de 600 hommes, armés de manière à défendre la ville et à se mettre en campagne. La ville demande une levée de deniers sur les greniers à sel du royaume et sur la gabelle. On chasse les vagabonds, on défend aux habitants de sortir « avec bâtons à feu » soit de jour soit de nuit, l’hôtel de ville est gardé par 2 postes. Le 2 juin, il est créé un « étroit conseil », composé de 9 personnes : 6 laïques et 3 ecclésiastiques. Ce conseil est en permanence et décide de tous faits et ordonnances de police, de défense, de guet et de garde. Les portes de la Tannerie, de Comporté et de la Madeleine sont fermées, afin de surveiller plus facilement les étrangers entrant en ville ou en sortant. Les vagabonds seront visités et fouillés, puis renvoyés sans leur permettre d’entrer en ville. Celles du Beffroi, de Croncels et de St-jacques gardées avec soin, restent seules ouvertes. Ordre est donné de ne laisser entrer en ville aucun étranger inconnu. Les déblais de l’incendie sont conduits dans les faux-fossés pour les combler.

Le 5 juin, il est prescrit de faire « le guet dormant ». Cette sorte de guet se compose  d’un poste de 2 ou 3 hommes, placés au coin des rues et dans les carrefours, à des distances qui permettent à ces postes de communiquer entre eux sans déplacement. Défense est faite de porter des bâtons à feu, dans la ville, après 10 h du soir, sous peine de la hart et d’être assommé comme ennemi du roi et de la chose publique.

Le 8 juin, le maire et les échevins ordonnent la démolition des ponts jetés sur les canaux de dérivation, au-dessous et à l’extérieur des remparts, afin de mieux se rendre compte de la circulation qui se fait par et autour de la ville.

Le 9 juin, le Conseil décide qu’il sera demandé au roi qu’il veuille bien ordonner que les rues des quartiers détruits par l’incendie soient élargies et que toutes constructions soient éloignées des murailles d’au moins 40 pieds. 

Les Troyens se relevèrent des pertes qu’avait occasionnées cet affreux désastre. On rebâtit les maisons et autres édifices, on reconstruisit les églises, les particuliers reconnurent leur terrain et se replacèrent à peu près dans les mêmes endroits.

En 1545, dans les reconstructions qui suivirent cet incendie de 1524, on « taille » des images saintes. On les place sur les façades des maisons reconstruites ou réparées. Mais « la réforme en fit détruire un certain nombre ».

Ce terrible incendie, en consumant une partie de la ville, n’avait que trop justifié les sollicitudes de la municipalité, qui profita de cette grande circonstance « pour apporter remède à ce mal ». C’est à cet incendie et aux règlements qui ont suivi, dès le 9 juin, que l’on dût l’élargissement des principales rues du « quartier haut ».


Incendie de l’Ecu de Bourgogne




En 1686, dans la nuit du mardi 10 au mercredi 11 septembre, un sinistre, dont les ravages devaient être considérables, éclate dans le quartier du Beffroi.

Dans le haut de la place du « Marché-au-Blé » (aujourd’hui place Jean Jaurès), l’emplacement où se trouve la Halle (aujourd’hui Bourse du Travail), était occupé par 3 hôtelleries : l’« Ecu de Bourgogne », le « Bon Laboureur », le « Bougelot », et par une maison particulière.

« Vers 10 heures du soir, le jour susdit, le feu prend à l’Ecu de Bourgogne, dans 40 à 60 tonnes de sucre, appartenant à un marchand d’Orléans descendu dans l’hôtellerie ». Ce sucre avait été mouillé dans la traversée du gué de Saint-Liébaud (Estissac) et on le faisait sécher sur des fourneaux. En quelques instants, l’Ecu de Bourgogne flambe de la cave au grenier.

Mais, le fléau ne devait pas s’arrêter là. Bientôt, et quoique séparée par la chaussée, la maison du conseiller Doé, dans la rue Saint-Nicolas, s’allume à son tour, puis l’Hôtel du Mulet, qui la touche et où se trouve une provision de bois pour 3 ans, et, de l’autre côté, et contigus à l’Ecu de Bourgogne, le Bon Laboureur et la maison suivante deviennent la proie des flammes.

Les secours n’arrivent pas. Il n’y a pas de seaux, presque pas d’eau, et par malheur, les magistrats, on ne sait trop pourquoi, refusent de laisser employer le moyen habituel en ces cas désespérés : « couper les maisons les plus proches pour sauver le quartier ».

Quelques heures plus tard, le feu a consumé toutes les maisons situées à côté de l’église Saint-Nicolas jusqu’au rempart et toutes celles qui forment le commencement de la rue de la Pierre et de la rue de la Clef-de-Bois (actuellement rue François-Gentil). Quand on parvient à l’éteindre, le lendemain à midi seulement, 52 maisons étaient détruites !

On avait voulu obliger les charretiers qui amenaient la vendange en ville à déménager sur leurs voitures le mobilier des sinistrés et à transporter des muids d’eau sur le lieu de l’incendie, mais plusieurs, par crainte de périr, s’y refusèrent et menacèrent de tuer leurs chevaux plutôt que de se soumettre à ces ordres.

Comme bien on pense, ce fut la ruine pour beaucoup de Troyens. Un moment même, on craignit pour l’église Saint-Nicolas et l’on transporta le Saint-Sacrement à l’hôpital Saint-Bernard, situé place du Marché-au-Blé, sur l’emplacement des numéros 30 et 32 actuels.

En même temps, le clergé de la Cathédrale faisait une procession pour demander à Dieu la fin de ce fléau. A 8 h du matin, le doyen portant le reliquaire de la vraie croix, la procession descendit la rue Notre-Dame, passa par la petite rue Saint-Pantaléon (rue Turenne aujourd’hui), le rue du Marché-aux-Noix, le Marché au Blé, l’Etape-au-Vin (place Audiffred) et vint s’arrêter à la Belle-Croix (place de l’hôtel de ville), où l’on chanta le « Vexilla regis ».

Les Ursulines, établies à Troyes en 1628, avaient acheté depuis peu l’hôtellerie du Dauphin dans la rue de ce nom, où elles avaient ouvert une école gratuite de filles. Leur immeuble très vaste et ses dépendances s’étendaient à proximité des maisons embrasées et les pauvres filles furent pendant plusieurs heures, pendant plusieurs jours même, dans des transes mortelles. En outre chez les bonnes sœurs pour prendre de l’eau à leur puits, « tout un peuple d’indiscrets et de pompiers d’occasion, affamés et altérés », en profitèrent pour boire et manger aux dépens de la communauté : « Toutes les bonnes gens qui tiraient l’eau, savaient bien trouver où était le pain. On en mangea une cuite. Le vin n’était pas épargné, on le tirait à seaux, mais par prudence l’officière en avait serré quelques pains pour le besoin de la communauté… ». La plupart des religieuses commencent à perdre la tête et la supérieure, plus morte que vive, court à la chapelle faire le vœu que « tout le couvent se donnera la discipline si le feu s’éteint ». L’incendie paraît s’apaiser un moment, mais il reprend de plus belle. Les bonnes sœurs déménagent leur mobilier, tandis que les Capucins combattent le feu, qui, d’ailleurs, continue à gagner du terrain et atteint maintenant le couvent.     

« Le feu prend à la tête d'une sœur dont le voile brule… On sonne au tour pour avoir les clefs des religieuses et on dit aux sœurs tourières de se jeter par les fenêtres si elles ne veulent pas être brulées... Les Ursulines donnent tous les draps pour les mouiller et les étendre aux endroits où il y a le plus de danger… On tire, 3 personnes à la fois, 5 heures d’horloge au grand puits, sans qu’il tarit… Les sœurs infirmes, qui ne peuvent travailler, sont en prière devant le Saint-Sacrement… Les sœurs déménagent le mobilier, tandis que les Capucins combattent le feu qui continue à gagner du terrain et atteint le couvent… Tous les chers enfants sont levés dès minuit, les parents de la plupart les envoient quérir leur petit mobilier… ».  

Plusieurs jours se passent ainsi. Le feu reprend de temps à autre par place. Les peureuses se sauvent de tous côtés aux premiers accents du tocsin. Quelques autres, plus hardies, et déjà habituées au danger, n’en continuent pas moins la besogne ordinaire. Avant de s’enfuir, une sœur, a soin d’emporter sa plus belle robe et de laisser sa vieille. Une autre met trois voiles sur sa tête, pour en prêter à celles qui ont perdu le leur, et plusieurs mouchoirs dans les deux poches… « pour essuyer les larmes en cas qu’il fallut sortir ». La supérieure écrit le récit de ses angoisses : « … nous continuâmes le reste de la journée nos exercices, jusqu’à environ les 3 heures, qu’on sonna de nouveau le tocsin, où nous nous trouvâmes promptement et quelques autres furent pour fermer les portes des dortoirs pour empêcher l’entrée des séculiers qui étaient le mercredi entrés partout, et je puis vous dire que les planchers de notre communauté, église, dortoirs, cellules… sont aussi crottés que les rues. Nous avons bien besoin d’huile de bras pour remettre le tout en son premier état… ». Les boulangères, pendant ce temps, pétrissent à tour de bras et la cuisinière met sur le feu des confitures qu’elle n’est pas sûre de manger. La mère supérieure raconte : « Nous avons veillé toutes les nuits, à ma part que je ne me suis pas déshabillée 5 ou 6 jours de suite ».

Le terrible incendie de 1524 avait détruit un tiers de la ville, celui de 1686 fit lui aussi des ravages considérables.  

 


3 Nov. 1914, trois usines et une carrosserie disparaissent dans les flammes

4 mars 1917 – Incendie rue de Turenne,
5 maisons détruites, la Maison Poiral classée MH part en fumée


24 décembre 1951, 9 h, cinq morts : un accident dramatique, dont le bilan est effroyable, se produit au pont du mail Dominique. Un camion d’un entrepreneur public venant d’Arcis-sur-Aube, avec 4 personnes à bord, à l’entrée étroite et dangereuse de ce pont provisoire, glisse sur une pellicule de gelée blanche. Le camion heurte de pont, la fragile balustrade cède et il bascule dans les eaux, les roues en l’air. La cabine n’est plus qu’un cercueil ! Un homme réussit à s’échapper, on ne sait comment. Les pompiers arrivent, le sortent hors de l’eau, et une ambulance le conduit promptement à l’hôpital. Hélas, il y succombe quelques instants après, victime d’une fracture du crâne. Un canot est mis à l’eau avec deux sapeurs pompiers, qui fixent un câble d’acier à l’essieu du camion, qui est relié au cabestan du bulldozer de la ville qui vient d’arriver. On relève les vannes, pour permettre l’abaissement des eaux. Mais le courant entraîne la barque des deux sauveteurs qui sont engloutis dans un flot à 5°. L’un, bon nageur, périra victime d’une congestion. Le second réussit à saisir le filet qu’on lui tend. Après une succession te tentatives infructueuses, ce n’est qu’à 13 h 30 que l’on parviendra à sortir de l’eau un cadavre, et à 15 h 30 un autre. Le corps du pompier ne sera retrouvé que le lendemain vers 22 h, et celui de la dernière victime, est introuvable.      

6 juillet 1954 : en ¾ d’heures, le campanile de l’Hôtel de Ville de Romilly-sur-Seine, symbole de la cité, a été détruit par les flammes. La toiture et les combles de l’édifice public ont été entièrement dévorés. Tout l’intérieur de l’immense quadrilatère municipal, du second étage au rez-de-chaussée a été inondé... Il était 16 h 50, lorsque le concierge de la mairie voulut actionner la sirène installée dans le campanile. Un faible mugissement jaillit, vite étranglé et le signal d’alarme se rompit… M. Camuset maire, était dans son bureau, il s’élança vers l’endroit approximatif avec un extincteur… 16 h 55 : une fumée très épaisse, blanche et noire fuse de la toiture. 17 h : la fumée devient de plus en plus dense, l’évacuation du matériel et des mobiliers s’effectue. 17 h 05 : les flammes commencent à sortir de la toiture, les ardoises éclatent. 17 h 15 : la toiture est complètement en flammes et tout le campanile est embrasé. 17 h 20 : les pompiers mettent en action leurs lances. 17 h 30 : le campanile s’effondre. 17 h 35 : les pompiers réussissent à combattre efficacement l’incendie de l’extérieur. Sur place, on note avec les pompiers de Romilly, les services de secours des ateliers SNCF, les pompiers de la base aérienne, les pompiers de Nogent-sur-Seine. Arrivent un peu plus tard de Troyes, 2 camions citernes et une pompe à grande puissance, soit 3 pompes et la grande échelle. 18 h 30 : le sinistre est maitrisé. 20 h : les petites lances noient les foyers épars. Un travail énorme a été réalisé par des déménageurs improvisés : les logements de 4 locataires, la salle des mariages, les bureaux du maire, des adjoints, du secrétaire général, la comptabilité, les bureaux du rez-de-chaussée, la salle de la Justice de Paix ont pu être vidés de tous leurs meubles, objets et papiers de quelque valeur. Au total, 11 personnes ont perdu leur habitation. Les dégâts se chiffrent à plusieurs dizaines de millions de francs. Les causes de cet incendie ne furent établies, peut-être un court-circuit.

16 juin 1955, 8 h 30 : les Papeteries de Champagne (Ets Bolloré), rue de la Providence sont la proie des flammes. Il fallut des heures d’efforts et plus de 100 pompiers permanents auxquels se joignirent les pompiers volontaires appelés par les sirènes, ainsi que ceux de la Papeterie et ceux des Ets Lambretta, pour venir à bout du sinistre. Après 2 h 30 de lutte, le danger de propagation fut écarté. Les constructions sont détruites, ainsi que 500 tonnes de matières premières, lin et chanvre, nécessaires à la fabrication du papier à cigarette, qui représentaient une réserve de 3 mois. Les dégâts sont estimés à 100 millions. Plusieurs sauveteurs furent blessés.

9 août 1955 : un violent incendie éclate faubourg Croncels et détruit une maison d’habitation et trois bâtiments abritant les ateliers, le garage et le magasin des Ets Tisserand spécialisés en installation de moteurs et matériel agricole. Le feu a pris vers 15 h 30 et a détruit outre les bâtiments, 1 camion et 1 voiture toute neuve. Au bout d’une heure, il fallut faire appel aux pompiers volontaires. A 17 h, tout danger était écarté. Les dégâts sont estimés à 20 millions.

 12 janvier 1956 : de l’église de Vaudes, qui datait des XIIe et XVIe siècles, il ne reste plus rien que les murs de fondation. Un gigantesque incendie l’a détruite. Vers 20 h, le lieutenant de pompiers alerte le maire : « ca brûle dans le clocher de l’église !». Impossible de donner l’alarme dans le pays, puisque les cloches qui sonnent le signal en pareil cas, se trouvent dans la partie embrasée. La pompe à bras est peu efficace, et lorsque le centre de Lusigny arrive sur les lieux, le feu ravage la toiture et dans un fracas épouvantable, le clocher s’abat sur le cimetière. Le centre de Bar-sur-Seine et tous les centres des environs vinrent prêter main forte. L’école et toutes les maisons voisines étant menacées, certains commerçants commencent à évacuer leurs meubles. Le danger est écarté, mais Vaudes n’a plus d’église et les dégâts sont inestimables.

Dans la nuit du 11 au 12 janvier 1957, un violent incendie détruit en partie l’immeuble abritant le siège du parti communiste, alors installé 76, rue Urbain IV. Vers 1 h 15 du matin, une voisine aperçoit des flammes s’échappant de la lucarne et du grenier de la maison occupée par le siège du P.C. Quand les pompiers arrivent, le feu a déjà détruit la toiture et des flammes immenses menacent les toitures voisines, notamment celle de l’immeuble où est installé le magasin Valérie, à l’angle de la rue Urbain IV et de la rue du Petit Cimetière Saint-Jean. Tous les habitants de ce quartier, constitué de maisons de bois et de torchis, sortaient affolés, car le feu risquait de gagner du terrain. A 3 h du matin, tout danger était écarté. La toiture de l’église Saint-Jean avait été copieusement arrosée pour éviter qu’elle ne s’embrase. Les dégâts sont évalués à 8 millions de francs. Peut-être un court-circuit a déclenché le sinistre.

22 avril 1957, vers 13 h 40 : ce lendemain de Pâques, un gigantesque incendie dévore les Grands Moulins de Romilly-sur-Seine. Malgré la promptitude des secours, plus de la moitié des bâtiments est détruite. Les dégâts s’élèvent à 200 millions de francs. Aux pompiers de Romilly se joignirent ceux des Ateliers SNCF, puis l’auto- pompe de la Base aérienne, l’auto-pompe à grande puissance et un fourgon incendie avec 2 motos-pompes du Centre de Secours de Troyes, ainsi que les pompiers de Pars-les-Romilly et ceux d’Origny. 1 h après, les pompiers avaient la situation en main. Toute la minoterie fut détruite, environ 200 millions de dégâts.

25 août 1957, 3 h du matin : un grave incendie se déclare à la chocolaterie Jacquot, provoqué par l’échauffement d’un moteur électrique. A l’arrivée des pompiers, un local de 300 m² et une autre salle, située à l’étage supérieur étaient la proie des flammes. Le feu trouvait un aliment de choix avec le sucre, la pâte à bonbons et les étuves en bois chauffées nuit et jour à 80°. Les dégâts sont évalués à 50 millions Frs.

4 juin 1961 après-midi : incendie monstre aux Ets Gillier. Des stocks représentant une valeur de 4 milliard, destinés à la vente, sont détruits. Quatre compagnies de pompiers de Troyes, Sainte-Savine, Saint-André et Bouilly ont lutté courageusement pour maitriser l’incendie. A cette heure-là, la foule affluait à la Foire de Champagne, inaugurée la veille, et située à moins de 200 mètres à vol d’oiseau. Les flammes hautes de 100 mètres se voyant depuis Torvilliers ou Saint-Parres-aux-Tertres, beaucoup d’automobilistes convergèrent vers le lieu du sinistre, entraînant des embouteillages importants faubourg Croncels, rue Voltaire et boulevard Victor Hugo. On ignore les causes de l’incendie. 1 pompier a été sérieusement brûlé.

Dans la nuit du 15 au 16 janvier 1963, un feu a mis en émoi la population de Jasseines. Le sinistre prit dans la porcherie installée dans des bâtiments appartenant à M. Jean Cardot et qui constitue les dépendances du café qu’il exploite. A côté de la porcherie, une vaste salle de spectacle, pouvant contenir 400 personnes, était elle aussi, transformée en brasier. M. Cardot n’eut que le temps de sauver 2 tracteurs et sa voiture avant l’arrivée des pompiers. Leur intervention fut d’ailleurs retardée, en raison d’un froid qui provoqua le gel  des motos-pompes. Il fallut allumer un feu sur le lieu du sinistre pour dégeler le matériel. En attendant, les pompiers utilisèrent la vieille pompe à bras, aidés par la population, qui fit la chaîne avec des seaux d’eau. C’est seulement vers 6 heures que tout danger fut écarté. 20 porcs, 45 lapins, furent brûlés vifs, et 100 quintaux d’avoine, 50 quintaux d’orge détruits.  Les dégâts ont été évalués à 1.000.000 Frs.

26 janvier 1963, 19 h 30 : dans un important dépôt de la Teinturerie Clément Marot, rue aux Moines, gigantesque incendie : 3 millions de dégâts, 1 bâtiment entièrement détruit, 60 tonnes de coton nylon et matières plastiques calcinées, 40 ouvriers ou employés d’un secteur spécialisé privés de leur travail. Pour que l’incendie ne tourne pas à la catastrophe, mettant en danger non seulement l’usine tout entière, mais également le quartier, un important dispositif fut mis en action par les pompiers de Troyes, Sainte-Savine et Bouilly.

8 février 1963, 4 heures du matin : le feu éclate aux Ets Vitoux, rue de la Paix. Un vieux pompier déclarait : « Ce fut un des incendies les plus durs que j’ai eu à affronter dans ma longue carrière. C’était suffoquant et la chaleur était intense ». Les salles qui ont brûlé étaient modernes et neuves. La lutte contre le feu fut à ce point pénible que les pompiers ne pouvaient rester que quelques minutes et devaient aller respirer dehors. 5 millions de dégâts, 4 ouvriers et 4 pompiers furent brûlés et transportés à l’hôpital.

1er  janvier 1964 : les sirènes sonnent l’alarme, le feu s’étant déclaré dans un atelier de façonnage des Papeteries de Champagne (Ets Bolloré), rue de la Providence, où se trouvaient 10 machines et où travaillaient une quarantaine d’employés, en majorité des femmes. Grâce à la promptitude des pompiers, une véritable catastrophe fut évitée. 30 millions de dégâts.  



20 janvier 1964, 23 h : un terrible incendie prend dans les bâtiments des usines de bonneterie Fra-For rue Brocard. Des explosions se font entendre, ce sont des plaques formant le toit de plastique qui sautent. Lorsque les pompiers arrivent, l’embrasement est total. 6 grosses lances sont branchées, puis le centre de Sainte-Savine arrive avec 5 grosses lances. Le lendemain, 2 kilomètres de tuyaux encerclent encore ce qui fut l’une des usines les plus modernes de Troyes. Tout le matériel de moins d’1 an, très important a été anéanti. 20 tonnes de tissus ont brûlé, la production  d’été fut la proie des flammes, 1 milliard de francs de dégâts.

 21 janvier 1967, 19 h : des flammes de 10 mètres de haut crèvent la toiture de l’Hôtel des ventes rue de la paix. En quelques instants, le sinistre se développe dans des proportions considérables. Le feu se communique rapidement à la literie et aux meubles entassés à l’étage. Quand les premiers secours arrivent, la toiture est entièrement embrasée. Devant la gravité de la situation, ils font  appel aux volontaires. Pour combattre les flammes, il fallut passer par la Caisse d’Epargne et par la maison à l’angle du boulevard Gambetta. Vers 21 h, les pompiers furent maîtres du feu. Cependant, durant toute la nuit, les sauveteurs se relayèrent pour noyer les foyers qui se rallumaient et ce n’est qu’au lever du jour que l’on put considérer l’incendie comme éteint. 400.000 NF de dégâts.     

 

9 janvier 1985 : Incendie du siècle dans le cœur de Troyes.

 

rue Urbain IV - près de la basilique

Dans la nuit, un gigantesque incendie se déclara rue Urbain IV. Par des températures proches des -30 degrés, les très nombreux pompiers ont lutté sans relâche

Si l’incendie est maîtrisé dans la matinée, le feu ne sera éteint complètement que 48 heures plus tard. Il faudra attendre une semaine pour que le quartier ne soit plus sous la menace de relance du feu.

L’Incendie s’est déclaré à partir du magasin O’Kelly rue Urbain IV et  rejoindra la rue E. Zola, toutes les habitations sont détruites. C’est tout un pâté de maisons qui est avalé par les flammes. En tout 14 immeubles sont touchés, 6 disparaissent, tous les magasins en rez-de-chaussée, les réserves et habitations en étages… Une amie professeur de danse était en vacances, nous l’avons appelé pour lui dire que… malheureusement, son appartement était en poussière, il se situait au-dessus de la source du feu (une chaudière à gaz défectueuse)… elle avait une magnifique collection de 1200 éventails des XVIIe et XVIIIe.  Elle s’est suicidée un an plus tard, ne supportant plus d’avoir perdu tous ses souvenirs de famille, de ses enfants, ses magnifiques collections,  toute une vie dans les flammes…




Des bouche-incendie gelaient directement


ce qu'il reste une fois le feu maitrisé

Un pompier raconte : 

« "Vous fermiez une lance, vous ne pouviez plus la rouvrir. C'était pratiquement instantanément de la glace",  "On a eu un grand nombre de tuyaux et de lances qui sont restés gelés. Elles ont été posées à terre parce qu'on ne pouvait plus s'en servir. La Ville est venue avec des chalumeaux. C'était peine perdue, tout était gelé."

Au total, 180 sapeurs-pompiers sont mobilisés. Il leur faut cinq heures pour venir à bout du foyer principal. Sur la façade des immeubles arrosés par les pompiers, des stalactites se forment. "Le plus gros problème, c'était de lutter contre un feu de quartier qui s'est développé très rapidement. C'est un feu qui devait couver et qui n'a pas été découvert en temps et en heure".» 

Cliché INA






Rue Larivey - cliché par les soldats du feu


L’année 1985 fut une des pires que nous ayons connu niveau météorologie


Troyes sous la neige


pour rappel :

 9 janvier 1985 : le cœur de Troyes en froid et en flammes

Ils sont peu nombreux ceux à avoir oublié le terrible incendie de la rue Urbain-IV, qui a ravagé 14 immeubles, le 9 janvier 1985 à 3 h. Le thermomètre affichait presque 32 degrés en dessous de zéro à Troyes, -35° à Chaource.

Après 2 hivers particulièrement doux, une vague de froid mémorable déferle sur la France pendant tout le mois de janvier 1985 - l’intensité de cette vague de froid est comparable à celle du mois de février 1956 - à Paris, il s’agit du mois de janvier le plus froid depuis l’année 1838.

Du 4 au 18 janvier 1985 : un froid polaire concerne toutes les régions. Le vendredi 4 janvier 1985: la neige envahit le nord et le centre du pays - il tombe 5cm à Paris. Le 5 janvier 1985, les températures chutent brusquement. On mesure -24° à Luxeuil les bains, -20° à Reims, -18° à Troyes et -17° à Strasbourg alors que l’après-midi, il ne fait pas plus de -10° sur tout le quart nord-est (-6° à Paris). Dans la nuit du 6 au 7 janvier 1985, une tempête de neige paralyse toute la moitié nord mais aussi le littoral basque et la Corse - il fait -25° à Grenoble. Les 8 et 9 janvier 1985, on descend fréquemment en dessous de -15° (-20° à Mont de Marsan), il fait même -26,5° à Vire (sud calvados) et - 27,5° au Harra du pin (Orne), la Côte d’Azur est ensevelie sous la neige avec 38cm à Nice où il fait -7°.


Nice  janvier 1985 la place sous 38cm de neige

Après une très légère accalmie entre le 10 et le 13 janvier 1985, une deuxième offensive sibérienne est observée entre le 14 et le 17 janvier 1985 - la vague de froid atteint alors son point culminant - les températures atteignent probablement des valeurs inférieures à -40° dans le Doubs, -25° à Louviers (Eure), -24° à Troyes, Nevers, Clermont-Ferrand, -22° à Reims, -18° à Paris et -12° à Biarritz - ces valeurs ne sont bien entendu que des exemples et le froid est partout intense.

Les dégâts provoqués par cette vague de froid sont incalculables - une très importante surmortalité est constatée et la végétation est très affectée - les palmiers gèlent superficiellement sur la Côte d’Azur - les prix des fruits et légumes flambent - la plupart des cours d’eaux gèlent et des banquises sont observées sur le littoral de la mer du nord et l’embouchure de la Loire.

 Des centaines de Flamands rose sont prisonniers du gel en Camargue et périssent


toujours en  janvier 1985 :  La Saône prise par les glaces


Sans atteindre l’intensité de la vague de froid du mois de janvier 1985 , une nouvelle vague de froid concerne une grande moitié nord de la France entre le 9 et le 22 février 1985 - au cours de cette période, les températures redescendent entre -10 et -18° sur tout le quart nord-est - du 13 au 18 février 1985 , les chutes de neige sont fréquentes de la Bretagne à la région Rhône-Alpes - le 18 février 1985 , on mesure 90 cm de neige à Thônon-les-Bains (Haute Savoie) - cette ville pourtant située en plaine connaît un micro-climat lié à la proximité du lac Leman. Les chutes de neige sont également très abondantes du côté suisse.

Du 15 au 21 mars 1985 : l’hiver ne veut pas s’en aller et de nouvelles chutes de neige affectent presque toute la France - le 19 mars 1985, il fait - 13° au Puy (700m d’altitude).

Les 3 et 4 avril 1985 : de l’air chaud remonte d’un seul coup sur l’ensemble de la France - on dépasse 25° dans le sud et l’est mais un vent très violent se lève à Toulouse (autan) et Clermont-Ferrand dans la soirée du 4 avril, ce qui déclenche une véritable tempête de poussière dans la plaine de la Limagne.

11 avril 1985 : journée épouvantable - une tempête s’abat sur tout le pays et une tornade est même observée près de la station météo du Mans - les vents atteignent 143 km/h à Brétigny (Essonne).

Du 24 au 28 avril 1985 : de fortes gelées se produisent sur presque toute la France et l’on mesure des températures parfois inférieures à -5° - les cultures déjà très éprouvées par la vague de froid du mois de janvier sont une nouvelle fois mises à rude épreuve.

Les 8 et 9 mai 1985, des inondations se produisent dans le Lyonnais et le Dauphiné - il tombe 90mm d’eau à Grenoble et 86mm à Lyon.

L’été 1985 est généralement frais, si l’on excepte le coup de chaleur des journées du 25 et 26 juillet 1985 où les températures dépassent fréquemment les 33° - le maximum est enregistré dans le Périgord avec 39°.

Les 5 et 6 août 1985 : le temps est particulièrement agité, un peu comme en plein automne - une tempête secoue le nord de la France le 5 août 1985 et d’énormes vagues liées à de très gros orages provoquent un véritable raz de marée en Camargue dans la nuit du 5 au 6 août 1985 - en pleine nuit, l’eau emporte des camions, des tentes et des caravanes ; réveillant alors des centaines de personnes aux Saintes Maries de la mer.

Un camping est balayé par le raz de marée du 5 août 1985, en Camargue

La 5 août 1985, il neige sur certains cols des Pyrénées

5 août 1985 : Les Côtes de la Manche, touchées par une tempête automnale !

Le mois de septembre 1985 et le début du mois d’octobre 1985 sont très chaud et surtout très sec - la sécheresse devient problématique sur de nombreuses régions.

Du 17 septembre 1985 au 7 octobre 1985 : les températures sont très élevées - on dépasse quotidiennement les 25° sur presque tout le pays avec de fréquentes pointes entre 30 et 34° - des records de chaleur sont battus entre le 1er et le 4 octobre 1985 où l’on mesure 29° à Paris, 30° à Orléans, 31° à Auxerre, 32° à Bordeaux, 34° à Pau et 35° à Dax.

Du 17 au 28 novembre 1985 : le froid prend sa revanche - la neige apparaît un peu partout et les gelées sont quasiment permanentes, sauf sur le littoral - on relève -11° à Dijon, le 27 novembre 1985 et -13° au Puy le 28 novembre 1985.

Les 3 et 4 décembre 1985 : un effet de foehn (vent chaud soufflant de la montagne) fait monter la température à 25° à Biarritz (où il ne fait pas moins de 20° la nuit) et 27° à Pau.

A partir du 27 décembre 1985 : une nouvelle vague de froid (la 4ième de l’année) envahit la moitié nord - il neige abondamment des Pays de la Loire à l’Alsace et la température descend à -17° à Troyes, -16° à Poitiers et -12° à Tours et Orléans.

1er janvier 1986 : dans la matinée du 1er janvier, les températures sont encore très basses avec -17° à Troyes.


la rue Champeaux sous la neige - 
Troyes est dans l'Est de la France il est donc normal qu'il y ait de la neige et qu'il y fasse froid l'hiver....



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