jeudi 8 août 2024

Vieilles croyances et Sorciers

 


 Avant la Révolution, et même après, chez nous à Bayel, on croyait à des êtres surnaturels tels que lutins, loups-garous et sorciers. Ces créatures étaient possédées du Diable.

On disait aussi bien à Bayel que dans les communes limitrophes qu’un loup-garon parcourait les bois. On l’apercevait à la cote des Auges, aux quatre croix de Bayel. Quelques charbonniers et métayers l’avaient chassé, mais nul ne l’avait déhuré, c’est-à-dire abattu. De temps en temps, il s’approchait d’une maison, s’emparait d’un mouton ou d’une volaille, se jetait sur un passant isolé, puis disparaissait au premier chat du coq.

Un lutin (1) faisait aussi des apparitions à Bayel, il était constamment habillé de rouge. Il fréquentait plusieurs écuries où il agaçait les chevaux.  Un soir, un valet ennuyé de le voir, renversa un plat d’avoine sur son passage. Vexé de n’avoir pu ramasser les grains avant le lever du jour, ce lutin appelé Fouilletout, disparut de Bayel et émigra à Fontaine.

Mais, parmi toutes ces vieilles croyances, la plus répandue était la croyance aux sorciers. On en distinguait deux sortes :

- Les petits sorciers : ils guérissaient les malades, soignaient les entorses et les fractures, arrachaient les dents cassées. Ils savaient utiliser les vertus de certaines plantes mais employaient aussi des procédés qui aujourd’hui nous font sourire. Dans certains cas, ils recommandaient de mettre les pieds d’un malade dans le ventre d’un poulet que l’on avait écorché tout vivant ; la guérison du malade survenait lorsque la chair du poulet était décomposée.

- Les grands sorciers : c’était des créatures en la possession du Diable. Ils faisaient du mal à autrui en s’attaquant soit à sa personne, soit à ses biens. Ils jetaient des sorts et faisaient souvent périr bêtes et gens. Certaines nuits de Carême tous les sorciers d’une région se rassemblaient sous la présidence du Diable. C’était le grand Sabbat. Au XIXe siècle, les vieillards de Bayel racontaient encore que ce sabbat avait lieu à la Cornée et au Val Larron. Ils affirmaient avoir vu l’emplacement des danses maudites : l’herbe n’y poussait plus et sur le sol on voyait les empreintes des pieds fourchus.

Autrefois, non seulement le peuple ignorant croyait en ces récits mais les gens les plus instruits étaient persuadés de l’existence des lutins, des loups-garous ou des sorciers. Tout ce qui semblait bizarre et qu’à l’époque on était incapable d’expliquer (maladies, accidents, épidémies) était attribué au pouvoir des sorciers.

Mais la sorcellerie était un crime. De pauvres diables dont le seul crime était d’être peu aimés de leurs semblables prirent le chemin du bûcher sous l’inculpation du crime de sorcellerie. Ce fut le cas de Nicolas Jeton*.

(1)  Un même Lutin existe aussi en Côte-d’Or, surtout dans le Châtillonnais, principalement à Larrey, le « fouleto » (le felten du Bassigny) fait bien des niches, mais soigne les vaches, étrille les chevaux, agite sa lanterne le long des routoirs où rouit le chanvre, vous jette parfois de l’eau et éclate de rire. Larrey et sa région possèdent des étangs propres aux feux follets.



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