Avant l’actuel château existait un château féodal
composé d’une enceinte et d’un donjon. Il avait été construit par les seigneurs
de la première race qui, tous se prénommaient Gautier, Hugues ou Erard. Ils
vécurent du XIe au XIVe siècle, s’illustrant autant aux croisades que sur la
terre de France. Leur race s’éteignit par la mort de Gautier VI à la bataille
de Poitiers où périt la fleur de la chevalerie française.
Leur succédèrent les Luxembourg, puis les d’Amboise
et à partir de 1640 les Loménie, qui dès lors prirent le nom de cette terre et
s’appelèrent Loménie de Brienne. Lorsqu’un peu plus de 100 ans plus tard, en
1757, Louis Marie Athanase de Loménie, lieutenant général au Gouvernement de
Guyenne hérite du château, celui-ci est dans un piètre état : la première nuit
qu’il y coucha, les rats lui mangèrent un soulier ! Les Loménie étaient pauvres
et réparer le château coûtait cher, aussi l’archevêque de Toulouse, puis
cardinal, Etienne Charles de Loménie de Brienne, le frère aîné de Louis Marie
Athanase, conseilla-t-il à son frère d’épouser une riche héritière. Celui-ci
épousa donc Marie-Anne Etiennette Fizeaux de Clémont, protestante qu’il
convertit pour la circonstance.
Les 500.000 livres de dot passèrent en majeure
partie à démolir l’ancien château et à construire le nouveau. Celui-ci fut
commencé sur les plans de l’architecte Jean-Louis Fontaine en 1770. On
l’inaugurait le 25 août 1778, le jour de la Saint-Louis pour faire coïncider
avec cette fête celle du constructeur.
En fait, on travaillait encore à Brienne en 1789. La
construction du château a donc duré 19 ans et n’a été achevée qu’à la veille de
la Révolution française.
On sait qu’il fallut faire de très gros travaux de
terrassement. On sait aussi que le nouveau château ne fut pas tout à fait
construit sur les plans de l’ancien, car les Loménie continuèrent à vivre dans
l’ancien tant que le nouveau ne fut pas achevé.
La vie dans le nouveau château était joyeuse et l’on
ne s’ennuyait pas.
L’abbé Morellet, un mémorialiste de l’époque, qui
fit plusieurs séjours à Brienne rapporte : « La magnificence se déployait
surtout aux fêtes du comte et de la comtesse. Des concerts, des musiciens venus
de Paris, des danses, des tables dressées dans les jardins, des vers et des
chansons par l’abbé Vanmal ou par moi, la comédie accompagnée de petits
ballets, où dansaient la jeune et jolie Madame d’Heudetot et Madame de Damas,
et d’autres jeunes personnes, donnaient à Brienne l’éclat et la magnificence de
la maison d’un prince ».
Il y avait un cabinet d’histoire naturelle, un
cabinet de physique et un physicien démonstrateur « de quelque mérite » du nom
de Deparcieux qui venait de Paris et passait 6 semaines ou 2 mois pour faire
des cours aux dames.
Un autre mémorialiste, le comte Beugnot, nous dit
que sur le théâtre de Brienne, situé sous le pavillon de gauche et auquel on
accède par un souterrain qui débouche directement sur le flanc de la colline,
Madame de Brienne, elle-même avait la hardiesse de jouer des rôles de soubrette
« qu’avec son âge et sa figure elle eut été plus prudente de ne pas aborder ».
Survint la Révolution, survint la Terreur. Louis
Marie Athanase périt sur l’échafaud. On vendit son mobilier. Sa veuve fut
autorisée à demeurer dans le château. A la chute de Robespierre on lui rendit
ceux des meubles qui n’avaient pas encore été vendus et elle, qui par sa dot
avait permis la construction du nouveau château, mourut à Brienne en 1812.
Par alliance, le château passa alors à la famille de
Bauffremont qui le conserva jusqu’en 1933, date à laquelle elle le vendit à un
marchand de biens, et c’est à ce marchand de biens que Monsieur le Préfet de
l’Aube a décidé le Conseil Général à acheter le château pour y établir un
hôpital psychiatrique et également pour sauver un monument historique.
En janvier 1814, au cours de la bataille, Blücher
avait mis le feu à Brienne pour retarder l’attaque française. Emu, Napoléon
avait promis de rebâtir la ville, d’acheter le château et d’y fonder une
résidence impériale et une école militaire. A Sainte-Hélène, il disposa par
testament qu’« un million serait prélevé sur son domaine privé pour la ville de Brienne, et que
200.000 francs seraient distribués aux habitants de Brienne-le-Château qui
avaient le plus souffert ».
A la mort de Napoléon il fut impossible d’exécuter
cette clause du testament, et c’est Napoléon III qui la fera exécuter, en
partie en construisant l’hôtel-de-ville actuel. On ne peut que savoir gré au
Préfet de l’Aube et au Conseil Général d’avoir pris en main la sauvegarde de ce
château qui fait partie de la grande histoire et était appelé à tomber en
ruine.
Statue et hôtel de ville édifiés sous Napoléon III
entre 1855 et 1859. Bâtiment dû à l'architecte Garrel ; statue de Napoléon par
le sculpteur Louis Rochet. Ensemble inauguré le 29 mai 1859. Napoléon
est représenté à 15 ans, en élève de l'école militaire de Brienne.
L’Histoire de Brienne :
voir : Maison de Brienne
La petite ville de Brienne, située en Champagne,
près de la rivière d'Aube, à dix lieues de Troyes, est remarquable par son
magnifique château, et célèbre tant par le séjour qu'y a fait Bonaparte, que
par la bataille qui s'y est livrée dans nos dernières guerres.
Elle est divisée en deux parties bien distinctes,
dont l'une, où est le château, s'appelle Brienne-le-Château, et l'autre, plus
rapprochée de la rivière d'Aube, Brienne-la-Vieille, et dans quelques ouvrages,
Brienne-la-Ville. Cette petite ville est fort ancienne, et son origine se perd
dans la nuit des temps.
Sous Jules-César les habitants s'appelaient
Brannovii et Brannovices. Dès les premiers temps de la monarchie, elle porte le
titre de comté, qu'on ne donnait guère alors qu'aux villes. Jusqu'au milieu du
Xe siècle, il ne se passe rien d'important au sujet de la petite ville.
Seulement, en 938, nous voyons Henri, comte de Brienne, assister avec plusieurs
autres seigneurs à un tournoi qui eut lieu à Magdebourg, sous l'empereur Henri
1er.
L'année 951 est une époque mémorable de l'histoire
de Brienne. L'historien Flodoard rapporte que dans le cours de cette année, et
sous le règne de Louis d'Outremer, deux brigands, Gotbert et Angilbert, son
frère, fortifièrent le château de Brienne. Il ajoute qu'aussitôt que Louis d’Outremer
en eut connaissance, il se hâta d'arriver à Brienne, forma le siège du château,
parvint enfin à le prendre par la famine et le détruisit.
Ceux qui connaissent la situation du château de
Brienne, sur une montagne qui domine tous les lieux voisins, et qui était jadis
plus élevée qu'aujourd'hui, conçoivent parfaitement qu'on put y établir des
fortifications redoutables. Par le passage qui précède, on voit que Louis d'Outremer
n'y pénétra qu'après de longs efforts. Au reste, il ne faut pas croire que ce
soit là l'époque de la fondation du château de Brienne, et que l'on ne commença
à bâtir des châteaux forts que dans le Xe siècle.
L'histoire ci-dessus dit que Gotbert et Angilbert
ajoutèrent des fortifications à celles qui existaient déjà à Brienne. Le
château était en effet antérieur à cette époque, puisque dans l'histoire de
saint Bercaire, qui existait au VIIe siècle, Brienne a été mentionné sous le nom de
Castrum Breonense.
D'un autre côté, César nous apprend que de son temps
il existait dans les Gaules beaucoup de châteaux, castella, et ce mot, dans la
langue latine, emporte l'idée d'une maison fortifiée. Le château de Brienne,
détruit de fond en comble en 951, ne tarda pas à se relever de ses ruines ; car
il existe un acte mentionné plus bas, lequel a été scellé sous le règne de
Robert (de 996 à 1031) à Brienne-le-Château, actum Breotie castello.
Jusqu'à présent les rois de France disposaient à
leur gré des terres faisant partie du comté de Brienne; parce qu'alors ceux de
leurs sujets qu'ils y plaçaient, soit avec le titre de comte ou tout autre,
étaient révocables à leur gré. Il en était de même dans toute la France. Mais
une grande révolution s'opère dans le Xe siècle, au début de la troisième race.
Les comtes et barons, qui ne possédaient leurs terres qu'à titre de bénéfices
et viagèrement, commencèrent à les posséder à titre héréditaire.
Les rois de la troisième race, dans l'impuissance de
déposséder ceux de leurs sujets qui avaient usurpé des terres appartenant à la
couronne, transigèrent avec eux, et les maintinrent eux et leurs descendants
dans les domaines usurpés, à condition qu'ils reconnaîtraient le roi de France
comme suzerain, et qu'ils seraient obligés envers lui à certaines redevances.
C'est dans le Xe siècle que commence la chaîne, non interrompue depuis, des
comtes héréditaires de Brienne. Quatre familles ont possédé tour à tour le
comté de Brienne, la famille de Brienne, la famille d'Enghien, la famille de
Luxembourg et la famille de Loménie.
La première en a pris son nom, qui était déjà
héréditaire dès le XIIe siècle. On verra en effet qu'Erard de Brienne, quoique
comte de Ramerupt et non de Brienne, a toujours pris ce dernier nom:
circonstance qui a induit en erreur plusieurs écrivains. Cette famille qui
n'existe plus aujourd'hui, fut une des plus illustres. Elle a rendu le nom de
Brienne célèbre dans toute l'Europe et jusque dans l'Orient: un Brienne ayant
été roi de Jérusalem et empereur de Constantinople; un autre, roi de Sicile et
duc de la Pouille, plusieurs, ducs d'Athènes; et Marie de Brienne, femme de
Baudoin II, impératrice de Constantinople.
Cette famille a été la tige des comtes d'Eu et de
Guines, des vicomtes de Beaumont au Maine, des seigneurs de Ramerupt, des
comtes de Bar-sur-Seine, et des seigneurs de Conflans. La famille d'Enghien a
possédé peu de temps le comté de Brienne, qui a passé ensuite à celle de
Luxembourg. Cette famille n'est guère moins illustre que celle de Brienne:
plusieurs de ses membres ont été connétables de France. La famille de Loménie,
qui lui a succédé au comté de Brienne, est la dernière qui l'ait possédé. Elle
a acquis aussi beaucoup d'illustration, cinq de ses membres ayant dirigé les
affaires comme ministres d'état.
Pendant ce long intervalle de temps, qui comprend
près de neuf siècles, le comté de Brienne n'a pas été vendu une seule fois (du
moins d'une manière efficace), et qu'il a toujours été transmis jusqu'au début
du XIXe siècle par succession et par alliance, de sorte que ces quatre familles
alliées entre elles, n'en forment, pour ainsi dire qu'une seule (Voyez à la fin
de cette notice, la liste chronologique des comtes de Brienne). Dès l'époque où
le comté de Brienne fut pour la première fois possédé à titre héréditaire, il
paraît avoir relevé en plein fief, foi et hommage, du comté de Champagne. Les
seigneurs de Brienne devinrent par conséquent vassaux et hommes liges des
comtes de Troyes, qu'ils appelaient leurs suzerains.
En 1122, nous verrons Gauthier IV, comte de Brienne,
faire hommage lige au comte de Champagne, et dans un acte de 1277 nous le
verrons appelé homme et féal dudit comte. Cette qualité de vassal obligeait le
seigneur de Brienne à des redevances envers son suzerain, et notamment à lui
fournir un nombre déterminé d'hommes de guerre, lorsqu'on publiait en Champagne
les bans et arrière-bans.
Du château de Brienne relevaient aussi plusieurs
terres, dont les seigneurs étaient vassaux de nos comtes à qui ils devaient à
leur tour foi et hommage, et service de guerre à la première réquisition. Tout
nous porte à croire que, dans ces temps de féodalité, les comtes de Brienne
étaient fort puissants, et pouvaient au besoin se mettre à la tête de troupes
assez nombreuses pour faire trembler les barons voisins ; qu'ils avaient une
garde réglée ; et que leur château était entouré de fortifications redoutables.
On assure que ce château communiquait par des
signaux avec celui de Vandœuvre et celui de Chacenay. Dès l'époque de
l'établissement de la féodalité, vers le Xe siècle, les comtes de Brienne
devinrent pairs de Champagne, avec les six autres seigneurs les plus puissants
de cette province. En cette qualité, ils devaient assister aux assemblées dites
Grands jours de Troyes.
Engilbert est le premier qui ait possédé le comté de
Brienne à titre héréditaire. Il vivait sous le règne de Hugues Capet, en 990,
époque où il comparaît dans une charte de Montiéramey. Engilbert, deuxième du
nom, succéda à Engilbert qui précède. Les chroniques d'Albéric nous apprennent
que ce dernier, qualifié comte de Brienne-sur-Aube, épousa la veuve d'un comte
de Joigny, laquelle avait une fille de son premier mariage. Par les soins du
comte Engilbert cette fille fut donnée en mariage à un vaillant chevalier,
nommé Étienne de Vaulx, qui faisait partie de sa table, sans doute en qualité
valet.
Étienne de Vaulx devint par sa femme comte de
Joigny: c'est lui qui, aidé des secours et sans doute de l'argent d'Engilbert
de Brienne, jeta les fondements du château de Joinville "de ce biau
chastel", où est né le fameux sire de Joinville, "chastel qu'il avait
fort à cœur".
Du vivant d'Engilbert II, le nouveau comte de
Joinville usurpa des terres appartenant à l'abbaye de Montier en Der. C'était
alors chose fort ordinaire que ces usurpations ; mais les moines étaient
protégés par les rois. Ceux de l'abbaye de Montier-en-Der se plaignirent ; et,
par un décret de l'an 1027, Robert, roi de France, ordonna que les terres
usurpées fussent restituées à l'abbaye. Le comte de Brienne détermina son
gendre à acquiescer à ce décret, et obtint même pour lui de Dudon, abbé de
Montier-en-Der, le titre d'avoué de la terre de Blaise, dont Engilbert était
revêtu. Ce même Engilbert, qui eut pour frère Widon, fit au profit de l'abbaye
de Montier-en-Der le transport des redevances qui lui étaient dues par le
village de Dodincourt (Saint-Christophe). L'acte en fut dressé à
Brienne-le-Château, sous le règne de Robert, et revêtu du sceau d'Adélaïde,
comtesse de Brienne, sans doute femme d'Engilbert.
Suivant les chroniques d'Albéric, Engilbert II
vivait encore en 1055. Il eut pour successeur Gauthier au comté de Brienne.
En 1068, il fit, conjointement avec sa femme,
Eustache, comtesse de Bar-sur-Seine, quelques donations à l'abbaye de Montiéramey,
au diocèse de Troyes. Il vivait encore en 1080. Il eut plusieurs enfants, et
notamment Erard, Milon, dont les descendants furent comtes de Bar-sur-Seine, et
Engilbert de Brienne, seigneur de Conflans, tige de la maison de Conflans.
Gauthier II du nom, fils du précédent, et d'Alix de
Roucy, dame de Rameru, fut comte de Brienne à la mort de son père. Il se signala
comme lui par sa piété. C'est lui qui fonda l'abbaye de Basse-Fontaine, près de
Brienne, sur les bords de l'Aube. Le même Gauthier signala sa bienfaisance
envers le prieuré de Rameru, où il avait des propriétés du chef de sa femme. Il
fit le voyage de la Terre-Sainte, et, à son retour (en 1152), il ratifia le don
qu'il avait fait à l'abbaye de Beaulieu. Il ne vivait plus en 1156.
Erard II du nom, fils de Gauthier, lui succéda dans
le comté de Brienne. En 1182, il fut présent à la donation que Simon de Broye
fit à l'Abbaye de Boulancourt. Il termina, en 1186, un différend qu'il avait
avec l'évêque de Troyes, et vivait encore en 1189.
La bonne intelligence qui avait régné entre l'Abbaye
de Basse-Fontaine et Gauthier II n'exista pas avec le successeur de ce dernier.
Mais toutes les difficultés furent levées par une transaction de l'an 1185. Les
frères de Basse-Fontaine abandonnèrent à Erard tout ce qu'ils possédaient à
Précy, et Erard, du consentement d'Agnès, son épouse, et de Gauthier, son fils,
leur concéda, entre autres biens, l'église de Basse-Fontaine, et les terres
qu'ils avaient défrichées dans ce lieu et au Mesnil.
Gauthier III devint comte de Brienne à la mort
d'Érard II, son père. On le voit comparaître comme témoin dans un acte de
donation qui fut faite, en 1182, à l'Abbaye de Boulancourt. C'est de son
vivant, en 1197, que mourut Henri II, comte de Champagne. Il laissait deux
filles: Philippe, qui avait épousé Érard de Brienne, seigneur de Rameru ; et
Alix, dont Gauthier IV de Brienne, épousa la fille. Elles seules avaient droit
au comté de Champagne. Néanmoins Thibaut III, frère du feu comte de Champagne,
s'empara du comté. Cette usurpation fut par la suite la cause d'une guerre qui
dura plusieurs années.
L'affaire devint assez sérieuse pour obliger les
pairs du royaume à se réunir à Melun, en l'an 1216. Ils déclarèrent que les
prétentions de la femme du seigneur de Rameru étaient mal fondées. Cette
décision ne découragea pas Érard de Brienne, qui continua la guerre, aidé du
duc de Lorraine et de plusieurs autres barons; mais, en 1220, le duc de
Lorraine son allié ayant été tué, il fut obligé de se désister de son
entreprise. Au début du XIIIe siècle, sous le règne de Philippe-Auguste, une
croisade se forma afin d'aller combattre les infidèles en terre sainte.
Les seigneurs Champenois furent des premiers à
prendre la croix, ayant à leur tête Thibaut, comte de Champagne, alors suzerain
de 1800 fiefs qui lui devaient l'hommage lige.
A sa suite marchèrent Gauthier, comte de Brienne, et
Jean de Brienne, son frère, avec les hommes de leur terre en état de porter les
armes. Parmi ces Champenois, on remarquait Jeoffroy de Villehardoin, maréchal
de Champagne, seigneur d'un château situé à deux lieues de Brienne, et qui se
couvrit de gloire dans cette croisade. Il lui était réservé d'en être
l'historien, et de nous transmettre l'illustration que s'y acquirent ses
compatriotes Gauthier et Jean de Brienne.
C'est encore un Champenois, le sire de Joinville,
parent et voisin des comtes de Brienne, qui sera plus tard l'historien d'une
autre croisade, où se signalèrent d'autres de Brienne. Gauthier de Brienne,
accompagné de soixante chevaliers et de quarante écuyers champenois, conquit en
partie le royaume de Sicile, sur lequel il avait des droits du chef de sa femme
; et il prit le titre de roi de Sicile et de duc de la Pouille. Mais il ne
jouit pas longtemps de sa conquête ; car il périt presque aussitôt en 1205.
Quant à son frère, Jean de Brienne, rien n'égale
l'illustration qu'il acquit. Les chrétiens de la Palestine étant venus demander
à Philippe-Auguste, roi de France, un époux pour Marie, héritière du royaume de
Jérusalem, le roi choisit Jean de Brienne comme propre au commandement,
courageux, habile dans la guerre et sage dans les conseils. Il épousa
l'héritière du royaume de Jérusalem, et fut, en 1209, sacré et proclamé roi de
cette ville. Plus tard, en 1229, il devint empereur de Constantinople. Il
mourut le 23 mars 1237. Sa fille, Marie de Brienne, devint impératrice par son mariage
avec Baudoin II.
Gauthier III eut pour successeur au comté de Brienne
Gauthier IV, dit le Grand, son fils posthume. Sanuto nous apprend que durant sa
minorité et pendant qu'il séjournait en Pouille, Jean de Brienne, son oncle,
fut son tuteur et tint le comté de Brienne à titre de bail. C'est pourquoi ce
dernier, suivant la coutume du temps, s'intitula comte de Brienne. Il est ainsi
qualifié dans quelques titres du cartulaire de Champagne de l'an 1209, et par
Albéric en l'an 1210. Il tint le comté, dont il gouverna les terres et seigneuries,
jusqu'à ce que son neveu fût en âge de les régir par lui-même.
Pendant que Jean de Brienne était roi de Jérusalem,
il nomma des gouverneurs au comté de Brienne: parmi eux on voit Jacques de
Durnay, chevalier champenois, qui prend la qualité de "comitatus Brenensis
procurator pro domino rege Hierosolunæ, comite Brenœ".
Le roi de Jérusalem aurait pu tenir ce comté jusqu'à
ce que son neveu fût âgé de 21 ans, âge fixé par les lois pour la majorité.
Mais il le lui restitua avant ce temps, comme nous l'apprend la lettre qu'il
écrivit au mois d'avril 1221, à Blanche, comtesse de Champagne, et à Thibaut,
son fils. Par cette, lettre, il les prie de mettre Gauthier, son neveu, qui à
cette époque revenait en Champagne, en possession du comté de Brienne, et de ne
pas le retenir en leurs mains, sous prétexte qu'il en a été fait hommage à lui
tuteur, ou que son neveu n'a pas encore atteint l'âge de majorité, son
intention étant qu'il entre de suite en possession. L'année suivante, au mois
de novembre, le jeune comte, qui était de retour dans sa terre, fit hommage
lige au comte de Champagne des seigneuries d'Oignon et de Luyères, que le roi
de Jérusalem lui avait données ; mais, dès avant cette époque, il était vassal
lige du comte de Champagne à cause de son comté de Brienne.
Le même Gauthier IV obtint du roi Jean la cession de
tous les droits, que ce dernier pouvait avoir, sur les bourgeois du roi,
demeurant à Brienne, et dans les terres dépendantes du comté. Après s'être mis
en possession de ses biens et de ses revenus, Gauthier le Grand retourna à la
Terre-Sainte; où il obtint le comté de Japhe, et où il signala sa valeur contre
les Sarrasins mais le firent cruellement mourir.
L'histoire des successeurs de Gauthier IV n'offrant
rien d'intéressant pour l'histoire ; nous dirons seulement que sous Jean de
Brienne, son successeur immédiat, et quelque temps après 1262 , époque de la
promotion d'Urbain IV à la papauté, le comté fut acheté par ce pape pour doter
le chapitre Saint-Urbain de la ville de Troyes. Mais sa mort fit échouer ce
projet, et Brienne resta à la famille de ses anciens seigneurs.
Gauthier VI de Brienne, comte de Liches, duc
d'Athènes et connétable de France, fut le dernier de cette illustre famille qui
posséda le comté de Brienne. Il mourut sans enfants à la bataille de Poitiers,
le 19 septembre 1356. Sa sœur Isabeau qui lui succéda, porta le comté de
Brienne à Gauthier d'Enghien, qu'elle avait épousé en 1320.
Suivant le Dictionnaire de la noblesse, Louis d'Enghien
leur fils commun, comte de Brienne, eut, entre autres enfants, Marguerite d'Enghien
qui porta à son tour le comté de Brienne dans la famille de Luxembourg, par son
mariage avec Jean de Luxembourg, comte de Piney.
La famille de Luxembourg posséda le comté de Brienne
pendant plus de deux siècles. Durant cet intervalle, on trouve peu de détails
historiques sur Brienne. Il est probable que ces nouveaux seigneurs,
propriétaires de beaucoup d'autres domaines considérables, habitèrent peu le
château de Brienne. Les terres du comté, rarement visitées par leurs maîtres,
durent être mal cultivées. Une partie restait en friche. On en trouve la preuve
dans un acte daté de 1558, par lequel Jean Yardin, écuyer, capitaine de la
ville et châtel de Brienne, reçoit de Jean de Luxembourg, comte de Brienne, la
permission de prendre terres et lieux vacants et étant en friche dans tout le
comté. Jean de Luxembourg était mort vers l'an 1397.
Sous le roi Charles VII, la France était en partie
occupée par les Anglais. La guerre se continuait depuis longtemps, et la
Champagne en était un des principaux théâtres comme elle le fut presque toutes
les fois que le territoire français fut envahi. Baugier nous apprend, sans nous
donner de plus amples détails, que pendant ces guerres, et en 1451, le château
de Brienne fut pris par famine et démoli. Il est remarquable, et c'est une
coïncidence assez bizarre, qu'il avait déjà été pris et détruit, cinq cents ans
avant cette époque, en 951, et que Brienne avait de même été pris mille ans
auparavant en 451, par Gébavulte, roi des Allemands, qui avait emmené les
Briennois captifs.
En 1466, le
comte de Brienne, Louis de Luxembourg, connétable de France, sous lequel cet
événement s'était passé, fut condamné, "comme crimineux de lèze majesté, à
avoir la tête tranchée sur un échafaud, devant l'hôtel de ville de Paris".
La sentence fut exécutée le 19 décembre 1475. Par suite de cette exécution,
tous les biens de Louis de Luxembourg furent confisqués au profit de la
couronne. Le comté de Brienne fut donné à Charles d'Amboise, seigneur de
Chaumont. Mais Antoine de Luxembourg, fils de Louis, rentra en faveur à la
cour, fut nommé à la place de connétable de France qu'avait occupée son père,
et fut aussi réintégré dans tous ses biens, par lettres du 29 mai 1504. Depuis
lors la terre de Brienne rentra dans la famille de Luxembourg. C'était la
seconde fois qu'elle sortait des mains de ses comtes héréditaires.
Sous Jean de Luxembourg, comte de Brienne,
arrière-petit-fils d'Antoine, et à l'époque des guerres civiles qui déchirèrent
la France, le château de Brienne, qui avait été reconstruit, subit un nouveau
siège. Courtalon, qui nous a transmis ce fait, ne nous dit pas quel en fut le
résultat, et à quelle époque précise il se passa. Nous devons croire que c'est
dans l'intervalle des années 1574 à 1576. A cette époque la Champagne était
fort agitée, et Brienne se trouvait près du foyer des guerres civiles, les
Guises qui les fomentaient, demeurant au château de Joinville dont on a déjà
parlé.
Charles de Luxembourg, fils de Jean, qui précède,
fut comte de Brienne en 1576, que mourut son père. Il obtint en 1587 du roi
Henri III, que le comté de Brienne fut érigé en sa faveur en duché-pairie. Mais
le parlement refusa, on ne sait pour quelle cause, d'enregistrer les lettres du
roi, et Brienne demeura simple comté. Charles de Luxembourg étant mort sans
enfants le 18 février 1608, le comté passa à sa sœur Louise qui le porta à
Bernard de Béon, par son mariage avec ce dernier, mort en en 1647. Enfin Louise
de Béon, leur fille commune, le fit entrer dans la famille de Loménie , par
suite de son mariage, en 1623, avec Henri-Auguste de Loménie.
Avec la famille de Loménie commence, pour ainsi
dire, une troisième époque de l'histoire de Brienne. Les nouveaux comtes de
Brienne furent d'une bienfaisance mieux entendue que les pieux comtes de la
première race.
Dès 1625, Louise de Béon-Luxembourg, épouse de
Henri-Auguste de Loménie, fonda un couvent de minimes, destiné à l'éducation
des enfants du bourg. Louise de Béon-Luxembourg fonda en 1653, un hôpital
gouverné par des directeurs et quatre sœurs de la charité, dites sœurs grises.
Le comte Henri-Auguste de Loménie mourut le 5 novembre 1666, après avoir été
ministre et secrétaire d'état.
Louis-Henri
de Loménie, né en janvier 1636, devint comte de Brienne, à la mort
d'Henri-Auguste, son père. Comme lui, et dès l'âge de seize ans, il fut
ministre secrétaire d'état. Il voyagea beaucoup et paraît avoir peu habité le
château de Brienne. On dit que, sur la fin de ses jours, sa raison fut altérée
par suite de chagrins de cour. Il mourut le 14 avril 1698. Il a laissé
plusieurs ouvrages, notamment; "Une relation en latin de ses voyages ; un
poème sur les fous, où il ne s'oublia pas ; et des mémoires", qui ont été
imprimés au commencement du XIXe siècle.
Henri-Louis de Loménie, mort en 1743, et Nicolas-Louis
de Loménie, fils et petit-fils du précédent, furent successivement comtes de
Brienne. L'histoire n'en fait pas mention. Il paraît qu'à la différence de
leurs aïeux, ils vécurent tous deux dans leur terre, loin de la cour. Les
grandes dépenses qu'avait faites Louis-Henri de Loménie, et le peu de fortune
qu'il dut recueillir du chef de sa femme, qui avait un grand nombre de frères
et sœurs, permettent de croire qu'ils passèrent leur vie sans l'éclat qui
accompagne les richesses. C'est du moins ce que l'on doit conjecturer de la
note suivante du cardinal de Loménie, l'un des fils de Nicolas Louis:
"Le dernier secrétaire d'état de notre nom, M.
de Brienne, qui fut disgracié en 1663, sous Louis XIV, avait laissé des papiers
importants. Ni mon grand-père, ni mon père, ne s'en étaient occupés. Tous deux
négligèrent l'administration de leurs biens : tous deux vécurent dans
l'obscurité ; si bien que, quand ma mère mena mon frère aîné qui était tout
jeune, à Versailles, Madame de Ventadour, qui vivait encore, et qui avait vu M.
de Brienne, fut étonnée d'apprendre qu'il y eut encore quelqu'un de ce
nom".
Nicolas-Louis de Loménie laissa à sa mort, dont on
ignore la date, Charles-Etienne et Louis-Marie-Athanase. Charles-Etienne était
l'aîné, et devait par conséquent hérité du comté ; mais il céda à son frère son
droit d'aînesse, pour embrasser l'état ecclésiastique. Le comte de Brienne fit
entrer dans sa maison une immense fortune par le mariage qu'il contracta, en
1757, avec Étiennette Fizeau de Clémont, fille d'un riche fermier-général. La
nouvelle opulence du comte de Brienne lui permit de satisfaire son double
penchant pour la splendeur et la bienfaisance. Il acquit des terres les plus
considérables qui avoisinent Brienne, et conçut le projet de faire reconstruire
le château sur de nouveaux plans.
Si l'on en croit les anciens du pays, le coteau, sur
lequel est situé ce château, était beaucoup plus élevé qu'aujourd'hui. De là
ses tours gothiques semblaient menacer le ciel. Bientôt, il fut détruit : le
coteau fut diminué, et, sur les plans de l'architecte. Fontane, s'éleva le
superbe édifice que l'on admire aujourd'hui.
Il est en effet digne d'admiration, et par son
architecture; et par la beauté des jardins qui l'entourent. Quoique moins élevé
que celui qu'il remplace, il l'est encore assez pour dominer au loin les
plaines voisines; aussi disait-on que le comte de Brienne pouvait de son
château apercevoir tous les fiefs qui en relevaient, et qui étaient fort
nombreux. Sa blancheur éblouissante le rend encore plus remarquable, et forme
un beau contraste avec la couleur sombre des bois, dont il est environné.
Le comte de Brienne et son frère consacrèrent une
partie de leurs revenus à des établissements, utiles pour leur pays, et à des
actes de bienfaisance, dont les récits, à peine croyables, s'ils n'étaient
unanimes, se sont conservés dans la mémoire de tous les Briennois.
Ils firent rebâtir à neuf l'hôpital de Brienne; ils
confièrent aux sœurs le soin d'élever les jeunes filles du pays, et de diriger
une filature de coton, qui offrit aux pauvres une ressource assurée contre la
misère, et où des prix étaient distribués aux plus habiles ouvrières.
Vers 1730 ou 1735, les religieux du couvent des
Minimes, dont nous avons déjà parlé, avaient converti leur école en un collège.
Enfin, en 1788, le gouvernement désigna le collège
de Brienne pour l'éducation de cadets gentilshommes destinés au génie.
Le jeune Napoléon est entré à l'école le 23 avril
1779, à l'âge de neuf ans, huit mois et cinq jours. Il y a passé cinq ans, et
en est sorti le 17 octobre 1784, âgé de 15 ans. Ce fut à Brienne que Napoléon
obtint ses premiers triomphes; il eut en effet l'honneur d'être couronné, pour
un prix de mathématiques, à une distribution que présidait le duc d'Orléans. Ce
prince vint à Brienne en 1783 avec plusieurs seigneurs de la cour. Les fêtes
étaient brillantes, pendant un mois, le château de Brienne offrit tout l'éclat
d'un château royal.
La révolution arriva et M. le comte de Loménie fut
appelé au ministère de la guerre, au moment où son frère le cardinal de Loménie
occupait les finances. Ce fut la dernière faveur que lui accorda la fortune, si
toutefois ce fut une faveur. Elle ne fut pas de longue durée. L'ex-ministre
alla se consoler dans sa terre, où il recueillit les bénédictions des Briennois.
Là, il attendait que le calme revint, et que la France jouît enfin du bonheur
que tous les hommes de bien espéraient.
Dans le plus fort de nos tempêtes politiques, il
n'imita pas la plus grande partie de la noblesse française. N'ayant rien à se reprocher,
il crut pouvoir rester dans son château. Mais il vint un temps où la naissante,
la fortune et le crédit étaient autant de titres de proscription. On vint
l'arracher de son asile dans le printemps de 1794, et on le traîna dans les
prisons de Paris. Aussitôt que son arrestation fut connue à Brienne, des
pétitions nombreuses de cette ville et des environs furent adressées en sa
faveur. Mais son sort était décidé, et l'intérêt qu'on lui portait ne pouvait
que hâter sa mort. Il fut exécuté le 10 mai 1794, avec un de ses neveux et ses
trois enfants adoptifs. Ainsi périt le dernier comte de Brienne.
La terre de Brienne fut alors confisquée au profit
de l'état; mais, n'ayant pu être vendue, elle fut restituée plus tard par
Napoléon à madame veuve de Loménie, dont il n'avait pas oublié les bienfaits.
Depuis la mort de M. de Loménie, le château semblait avoir pris le deuil de son
ancien seigneur. Tout y était triste: plus de fêtes, plus de magnificence.
Cette monotonie fut interrompue pendant deux jours.
En 1805, Napoléon, qui de l'état le plus humble
était arrivé au pinacle des grandeurs, consentit à se rendre à Brienne, sur la
prière de madame veuve de Loménie. Il arriva au château dans la plus belle
saison de l'année. Ce n'était plus le jeune Bonaparte timide, pauvre, isolé:
c'était Napoléon dans toute sa gloire, et entouré du plus brillant cortège. Par
un retour bizarre de la fortune, madame veuve de Loménie, qui autrefois avait
été sa protectrice, était devenue sa protégée. Le séjour de l'empereur au château
de Brienne est encore présent à toutes les mémoires. Les fêtes recommencèrent,
et pendant quelques jours Brienne brilla de son ancienne splendeur.
Neuf ans après, la scène a bien changé. Napoléon
revient à Brienne le 29 janvier 1814. Mais ce n'est plus le héros que suivait
partout la victoire. Prêt à entrer dans la capitale de la Russie, la fortune
l'avait abandonné. Depuis lors, il n'avait éprouvé que des revers ; et il
revenait à Brienne, où il espérait faire un coup d'éclat, en raison de la
connaissance particulière qu'il avait des lieux.
C'est dans la nuit du 29 janvier que Napoléon, à la
tête de son armée, se dirigea de Mézières sur Brienne. Le général Blucher était
alors au château avec son état-major. Au moment où il allait se mettre à table,
les grenadiers de la garde pénétrèrent dans le parc, et le forcèrent à prendre
la fuite à travers les bois. Bientôt les Français, à la suite d’une lutte des
plus sanglantes, se rendirent maîtres de la ville. Dans cette nuit affreuse
Brienne fut couvert de morts, et une partie de ses maisons fut embrasée par
l'artillerie. Au milieu de cette nuit sanglante, Napoléon regagnait Mézières,
où il avait établi son quartier général, lorsqu’ il fut assailli par une troupe
de cosaques. L'un d'eux, qui allait le frapper, fut, dit-on, étendu mort par le
général Gourgaud. A la pointe du jour, Napoléon revint au château. On assure qu’attristé
des désastres auxquels était en proie la ville où il avait reçu les premiers
bienfaits de l'éducation il se promettait de la rebâtir, d'acheter le château,
d'en faire une résidence impériale, et d'y fonder une école militaire. Mais la
fortune en avait décidé autrement. Le surlendemain, 1er février, eut lieu la
bataille de la Rothière, dans la plaine de Brienne, bataille si funeste aux
Français. Ce jour-là Napoléon coucha encore au château, qu'il quitta à quatre
heures du matin. Cette bataille appelée bataille de Brienne est décrite avec
beaucoup de détails, ainsi que le combat du 29, dans les campagnes de Napoléon,
par Monsieur Victor Maingafnaud.
En 1852 le domaine est acheté par Madame Laurence de
Montmorency, épouse du prince Théodore de Bauffremont dont le fils Gontran, duc
de Bauffremont, sera conseiller général de l’Aube.
En 1933, une nouvelle vente, cette fois à un
marchand de biens, entraîne l’entière dispersion du mobilier, des souvenirs
historiques et du décor intérieur. Très éprouvé par l’hébergement de
prisonniers, à l’issue de la guerre, puis par un abandon prolongé, le château
ne doit son salut qu’à sa transformation en centre psychothérapique.
Précédée d’une grandiose cour d’honneur encadrée de
pavillons isolés et immenses, communiquant avec le corps par des souterrains,
cette majestueuse demeure s’organise à partir d’un avant-corps chargé d’un
fronton et d’un important toit à l’impériale. Aux extrémités, d’élégantes
travées incurvées relient les courtes ailes au corps principal. L’élévation
présente une disposition originale, analogue à celle du palais des Rohan, à
Saverne, au-dessus des hautes fenêtres du rez-de-chaussée, sous le cordon qui
sépare de l’étage principal, viennent s’insérer les petites baies
rectangulaires d’un entresol. Dans l’avant-corps central, sur la cour, ces
percements font place à des tableaux sculptés en bas-reliefs, représentant des
jeux d’enfants d’après Clodion. Les pièces de réception ont perdu leur
somptueuse décoration Louis XVI, faite de stucs peints à l’imitation du marbre,
de glaces et de boiseries sculptées et dorées, rehaussées de pilastres dans le
grand salon et de trophées dans la salle à manger. Le cardinal et son frère n’y
avaient pas réuni de collections de tableaux, mais y avaient créé un cabinet
d'histoire naturelle, une bibliothèque riche et nombreuse et un cabinet de
physique.
Éléments protégés MH : la grille d'honneur et le
pont commandant l'accès du château ; les façades et les toitures du château et
des deux pavillons isolés qui l'accompagnent, avec les cours et escaliers
extérieurs ; l'escalier d'honneur et l'escalier de service à l'intérieur du
château : inscription par arrêté du 4 juin 1935.
voir : Maison de Brienne
JAQUOT J.- A Notice Historique sur Brienne, Paris, (1832)
COURTALON —Topographie historique de la ville et du diocèse de Troyes
ROSEROT DE MELIN (Mgr Joseph) —Le
diocèse de Troyes, des origines à nos jours.
BONNARD (Mgr J. Dieudonné)- mon parrain - archives des diocèses de Troyes-Langres
BEAUCHAMP (Louis A. Marquis de) mon aïeul – archives familiales
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