La plus ancienne trace d’un art du verre exercé à Troyes et dans le département de l’Aube est révélée par les vestiges d’un atelier de verrerie du Haut-Empire (II°, III° siècle après J-C.), fouillé en 1993, à l’emplacement du futur parking aérien de la place Langevin. Cette découverte est unique en Champagne-Ardenne et rare sur le territoire français, pour la période gallo-romaine. La maîtrise de l’art du verre acquise par les artisans du site Langevin allie une parfaite connaissance des techniques de construction de tous les types de fours (poterie et métallurgie) à la maîtrise du feu lui-même. Les m² fouillés en 1993 à Troyes, n’ont probablement révélé qu’une partie d’un vaste ensemble artisanal implanté depuis le 1er siècle à proximité du cours de la Vienne, entre la rue Emile Zola et le boulevard du 14 Juillet. Les arts du métal et de la céramique devaient y trouver vraisemblablement une place de choix, avant que les incursions barbares ne perturbent l’organisation et la prospérité de la cité tricasse à partir de la seconde moitié du III° siècle. Sur le site, un sesterce d’Hadrien (119-128) a été trouvé dans la masse de limon à proximité du four. L’atelier de verrier a dû fonctionner entre les années 150 et 250 après J.-C.
La fouille de la rue
Michelet à Troyes a permis de trouver des objets en verre, de toutes les
époques, mais surtout postérieures au XVI° siècle, où les verres peuvent être
émaillés et porter un décor plus élaboré, avec représentation de personnages et
inscriptions de maximes. A partir du XVII° siècle, les verres sont formés d’une
coupe portée par un pied orné d’un bouton plus ou moins décoré. La fin du
siècle voit apparaître les premières bouteilles faites pour résister à la
pression du vin pétillant de champagne et donc beaucoup plus épaisses que les
bouteilles des siècles précédents.
Chappes : le 14 Septembre 1676, le duc Louis-Marie d’Aumont, Pair de France, premier gentilhomme de la Chambre du Roi, baron de Chappes se trouve en son château. Par acte notarié, il en donne à Jean Ory la jouissance, pour la fabrication de la verrerie, qui commence en 1678, avec la fabrication de 80 pièces de verre par jour, puis en 1679, 280 pièces de verre quotidiennes, constituées de coupes, de flacons, d’epcriptoires (encriers) et de perles pour chapelets.
Clairvaux
: verrerie de verre à vitres. L’abbaye, fondée par saint Bernard en 1115, fut
vendue comme bien national le 10 février 1792, à Pierre-Claude Gauzon, pour y
établir des « manufactures comme papeterie, verrerie et filature ». Ce dernier
installa une manufacture de verre à vitres et à glaces dans l’église abbatiale,
ainsi qu’une papeterie dans d’autres locaux. En 1799, les bâtiments de l’abbaye
sont repris par Antoine-Pierre Rousseau et la verrerie développe ses
fabrications. Les produits verriers de cette manufacture figurent alors à
l’Exposition nationale de Paris, au Louvre, en l’An X (1801-1802), et
obtiennent une médaille de bronze. Le 1er juillet 1808, les feux de la verrerie
s’éteignent définitivement, car l’état acquiert ce domaine.
Bligny
: le marquis de Sauvebeuf, marié à Hélène-Julie de Dinteville, fille du
seigneur de Bligny, en 1784, est autorisé à créer une verrerie « à condition
que son projet ne puisse faire de tort, à la verrerie de Bayel ». Sont
fabriqués dans cette manufacture plusieurs ouvrages en verre blanc, tels que
des gobelets, des verres de table, des carafes, des huiliers… « Les
marchandises sont d’une bonne qualité, le verre est pur et fin et s’expédie
avec avantage pour Paris, Versailles, Rouen, Bordeaux, La Rochelle et tous les
ports de mer ». Sous la direction d’Antoine Vinchon, la verrerie connut une
importante prospérité, et obtint en l’An X, à l’exposition nationale de Paris
au Palais du Louvre, une médaille de bronze, et une à l’Exposition Régionale de
Troyes, pour « les carafes, flacons et verres unis ou taillés en cristal, dit
de Bohême en verre blanc sans oxydes métalliques ». En 1821, la succession du
domaine passe entre les mains du vicomte de Sainte-Maure jusqu’à son décès en
1858, puis à sa fille mariée au marquis de Dampierre. Le fils de cette
dernière, le comte Anne-Marie-André-Henri Picot de Dampierre, obtient à
l’exposition de Troyes en 1860, des récompenses pour « un assortiment complet
et des plus intéressants de verres gravés, moulés, de couleur de façon Bohême,
de verres communs et de verres fins ». En 1870, le comte de Dampierre fut tué à
la tête des mobiles de l’Aube, au combat de Bayeux. La verrerie disparait en
1878.
Verrerie
de
Spoy : en 1792, le baron Pavée de
Vendeuvre dut démolir le château pour établir à son emplacement une verrerie «
en verre blanc », dont il donna la gestion à la famille de Sponville. Cette
dernière n’ayant pas réussi dans la gestion de la verrerie, le baron loua les
bâtiments aux frères André, Michel et Balthasar
Gréseley, maîtres de la verrerie de Claire-Fontaine dans les Vosges. L’activité
de la verrerie augmenta alors de 200 habitants la population de Spoy. En 1825,
la manufacture passe entre les mains du fils du baron Guillaume Pavée de
Vendeuvre, député de l’Aube, Pair de France. De nouveaux bâtiments sont
construits. Les objets fabriqués étaient vendus dans toutes les provinces
françaises et exportés. Les bouteilles de Spoy étaient très appréciées par les
commerçants troyens. Mais sa gestion se révéla défectueuse et le baron Pavée de
Vendeuvre vendit en 1846 son établissement à Antoine Bernard-Valtre et à son
beau-frère Hilaire Villiers-Valtre et à Elie Rozeau-Pernet. La verrerie cessa
toute fabrication après la révolution de 1848.
Verrerie
de
Bar-sur-Seine : en 1880 est créée
une société sous le titre de Verrerie et Cristallerie de Bar-sur-Seine, et en
1881 entre en activité la verrerie et la cristallerie, anciennement à Bligny.
Elle fut revendue en 1885 à Edouard Brocard. Son neveu lui succéda en 1902 et
apporta un grand développement, avec un catalogue de 1.500 articles. Le service
de table de cette fabrique, reste pour beaucoup de familles anciennes, le
témoignage le plus fréquent de la verrerie de Bar-sur-Seine. Des cabinets
d’échantillons étaient établis à Paris et à Marseille. En 1910, la verrerie
connut de graves difficultés à cause des inondations de la Seine qui
détruisirent de nombreux creusets.
L’expansion fut stoppée par la guerre 1914-1918, puis par la concurrence. En
1934, un incendie ajouta aux difficultés avant une fermeture définitive en
1937.
Verreries
de
Montiéramey : cet établissement
traite le verre industriel. Fondées en 1919, ces verreries étaient orientées
dans le verre soufflé industriel. A partir de 1989, la manufacture devient la
Société anonyme Vermont (abréviation de Montiéramey), dont les produits sont
exportés dans le monde entier. Vermont a repris la tradition de la verrerie
mécanique, avec des ébauches de verre teinté ou non destinées à la fabrication
des ampoules d’éclairage. Parmi les verres teintés, il y avait la couleur jaune
essentiellement destinée à l’éclairage automobile, le verre bleu pour
l’éclairage domestique puisque cette couleur est très prisée pour restituer la
couleur naturelle.
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