La Grille monumentale de l’Hôtel-Dieu-le-Comte
En 1936, les Troyens ont suivi, avec un intérêt
marqué, les différentes phases des travaux entrepris pour la réparation et la «
toilette » de la grille de l’ancien hôtel-Dieu-le-Comte, hôpital fondé au XIIe
siècle par le comte Henri 1er le Libéral, hôpital qui a été au 18e siècle l’un
des plus vastes de France. Cet Hôtel-Dieu, le plus pur chef-d’œuvre du
splendide héritage artistique de notre vieille cité champenoise est toujours
aujourd’hui, ce monument remarquable qui brille de tout l’éclat de sa splendeur
primitive et offre aux yeux admiratifs des passants, les ors rutilants de ses
lances et de ses rinceaux, les émaux délicats de ses écussons, qui soulignent
l’étonnante majesté de l’imposante structure de sa grille monumentale. Cette
superbe grille qui ferme la cour d’honneur sur la rue de la Cité figure parmi
les monuments historiques de Troyes. Elle ne coûta pas moins de 34.000 livres.
Elle s’étend sur une façade de 33 m 85. La
porte elle-même est surmontée d’une croix qui s’élève à 12 mètres au-dessus du
sol. Les armes de France, figurant sous cette croix, sont représentées par un
écusson portant 3 fleurs de lys d’or sur un champ d’azur, entouré des colliers
des ordres de Saint Michel et du Saint-Esprit, et coiffé de la couronne
royale.
Témoin de sa bravoure, Louis XIV lui confia le soin
d’assiéger Namur et Anvers, dont il s’empara sans coup férir. En 1758, il se
retira dans son commandement de Champagne, où il passa le reste de ses jours.
Les grilles, de part et d’autre de la grande porte, sont également surmontées en leur milieu, de diverses armoiries :
ce sont à gauche, sous une couronne de marquis, celle d’Henri Louis de Barberie de Saint Contest de la Châtaigneraie, intendant de Champagne, qui sont à « 3 têtes d’aigle arrachées d’or sur champ d’azur ».
En 1804, on enleva scrupuleusement les quelques
ornements originaux oubliés ou que le marteau n’avait pu entièrement arracher,
et on les déposa soigneusement dans les magasins de l’Hospice. Puis, des
aigles, les ailes déployées et tenant en leurs serres la foudre de guerre,
furent placés sur tous les écussons. On alla même jusqu’à remplacer les fleurs
de lys flammées du grand cordon de Saint-Esprit par autant d’aigles.
En 1815, à l’avènement de Charles X, on s’empressa
de remettre à jour les fleurs de lys que remplacèrent, dans les greniers, les
aigles impériales. En même temps, on appliqua à la grille 3 couches de peinture
qui lui donnèrent désormais l’apparence du bronze.
Vers 1830 et les fleurs de lys, de nouveau indésirables, furent supprimées. En 1834, au cours d’une nouvelle modification, les bandes d’argent aux coticées potencées des armes de Troyes supplantèrent les fleurs de lys sur 4 des 5 écussons.
Grille : classement par arrêté du 23 avril 1885 ;
Façades et toitures des bâtiments entourant la cour d'honneur avec les ailes en
retour sur la rue de la Cité ; façades et toitures de la chapelle et de la
pharmacie ; ensemble des sols (cad. G 516) : classement par arrêté du 23
novembre 1964
Plus tard, sous la direction de M. Lédanté, architecte des hospices, la grille fut restaurée. Les ornements furent alors refaits en tôle repoussée, et 3 couches de peinture gris de zinc, donnèrent à cette grille l’aspect du fer dans sa couleur naturelle. C’est à ce moment que furent remis en place le double blason des Morville et celui de l’Intendant de Champagne. Mais, l’éventualité d’une réfection assez profonde s’avérait chaque jour de plus en plus nécessaire.
C’est aux Ets Maison des
Riceys (10) que fut confiée la mission
délicate et minutieuse de « la remettre à neuf ». Les grilles, qu’il était
impossible d’ouvrir, furent redressées d’environ
40 cm, et ainsi remises d’aplomb, elles fonctionnèrent comme des portes neuves.
Le travail de serrurerie proprement dit, pose et dépose compris, demanda 4
mois, et était complètement terminé en novembre 1935. L’entreprise de dorure,
qui n’avait pas été effectuée depuis 58 ans, ne fut réalisée qu’aux beaux jours
de 1936.
L’entreprise Maison avait aussi montré ses talents
en exécutant d’innombrables travaux dont les grilles des Préfectures de Troyes
et Limoges, celles des Hôtels de Ville de Roubaix et de Sens, du Palais du
Gouverneur de Dakar, du Palais de la légation de Siam, du nouveau théâtre de
Croydon (Angleterre), et de très nombreux travaux de ferronnerie d’art à toutes
les expositions universelles de 1875, 1889 et 1900, des Arts décoratifs en
1925, de l’Exposition de Saint-Louis (Amérique), de la cathédrale de Chambéry,
du Dôme des Invalides…
Bravo à cette entreprise des Riceys qui a répandu
non seulement aux 4 coins de la France, mais encore du monde entier le grand
prestige et le bon renom du goût français.
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