jeudi 8 mai 2025

Hugues de Payns fondateur de l'Ordre du Temple

 

 Payns est une jolie commune de près de 1400 habitants, située à 10 km de Troyes, préfecture du département de l’Aube (10).

Son histoire est caractérisée par la présence d'Hugues de Payns, chevalier ayant fondé l'ordre du Temple au XIème siècle.


HUGUES DE PAYNS


Né vers 1070 sur la terre de Payns, à environ 10 km de Troyes, mort en 1136.

1er Grand Maître de l’Ordre du Temple de 1129 à 1136/1137

Il est le fils de Hugues 1er de Payns (mort en 1100). En 1108, il épouse Élisabeth De Chappes (morte en 1114).

De cette union naîtront quatre enfants : Gibuin, vicomte de Payns, Thibaud, abbé de Sainte-Colombe, Herbert l’Ermite, et Isabelle.

Hugues II de Payns est un Chevalier champenois qui vécut en Champagne pendant la première période de sa vie. Il est le fondateur et le 1er Maître de l’Ordre. Sa date de naissance demeure imprécise et se situe vers1070.

Il est adoubé chevalier vers 1085. Son nom est mentionné dans une chartre de l’époque en tant que Seigneur de Montigny.

Tout laisse à penser qu’il fut un seigneur de grande importance à la cour de Champagne, car on a retrouvé plusieurs traces de donations effectuées en son nom.

En 1095, lors du Concile de Clermont, le pape Urbain II déclenche la 1ère Croisade qui se terminera en 1099 avec la prise de Jérusalem par les Croisés. On ne sait pas s’il prit part à la première croisade.

En 1104, il accompagne son suzerain Hugues Comte de Champagne en Terre Sainte.

En 1114, il y retourne à nouveau avec Hugues de Champagne et s’installe définitivement en Orient, laissant femme et enfants sur ses terres de Payns.

En 1118 ou1120, avec Godefroy de Saint-Omer et quelques compagnons, Hugues de Payns sollicite l’appui du roi Baudouin II, prononce ses vœux monastiques devant le patriarche de Jérusalem et fonde la milice des Pauvres chevaliers du Christ, futur ordre du temple, dont il deviendra le premier Grand Maître. 

Hugues de Payns dirige alors une troupe de chevaliers décidés à sécuriser les routes des pèlerins de Terre Sainte. Avec ses compagnons, ils se mettent au service des chanoines du Saint Sépulcre pour défendre et protéger les pèlerins venant se recueillir en Terre Sainte. Pour accomplir leur tâche, ils construisent tout d’abord la tour de Destroit, sur la route de Césarée, à Haïffa.



En 1127, il demande au pape de convoquer un concile qui se tiendra à Troyes en janvier 1129 et au cours duquel l’ordre sera officialisé et recevra sa règle, influencée par Bernard de Clairvaux.

C’est donc le 13 janvier 1129 que s’ouvre le Concile de Troyes. Convoqué par le pape Honorius II à la demande d’Hugues de Payns devenu1er Grand Maître de l’Ordre du Temple, le synode reconnaît officiellement l’Ordre du Temple dont la règle, transcrite par Bernard de Clairvaux, est ratifiée par le Concile.

L’Ordre est créé selon la règle du « chevalier du Christ » : simplicité, pauvreté, chasteté et prières. Cette règle s’appuie sur celle de Saint Benoit, avec quelques nuances empruntées à celle de Saint Augustin. Cette doctrine est suivie par les chanoines de l’Ordre du Saint Sépulcre, près desquels vivent les premiers Templiers.

L’ordre a alors plusieurs appellations : la milice des Pauvres Chevaliers de Christ, les Chevaliers de la Sainte Cité, les Chevaliers du Temple de Salomon de Jérusalem, la Sainte Milice hiérosolymitaine du Temple de Salomon. Au fil du temps, le nom qui deviendra le plus usité sera celui de « Templiers ».

Hugues de Payns restera à la tête de l’ordre du Temple pendant près de vingt ans.

Il meurt en 1136 en Terre Sainte.

 Robert de Craon lui succède et devient le 2ème Grand Maître de l'Ordre du Temple






Le premier grand maître fut Hugues de Payns.

Tous les Maîtres Templiers étaient soumis au Grand Maître, nommé à vie, qui a supervisé les efforts militaires de l’Ordre à l’Est et leurs avoirs financiers à l’Ouest. Le Grand Maître a exercé son autorité par l’intermédiaire des visiteurs généraux de l’Ordre, qui étaient des chevaliers spécialement nommé par le Grand Maître et le couvent de Jérusalem visiter les différentes provinces, corriger les fautes professionnelles, introduire nouvelles réglementations et résoudre les litiges importants. Les visiteurs généraux avait le pouvoir de destituer les chevaliers de leurs fonctions et de suspendre le Maître de la province concernée.

Le Grand Maître de l’Ordre s’est vu attribuer « 4 chevaux, et un frère aumônier et un commis avec trois chevaux, et un sergent frère avec deux chevaux, et un gentilhomme valet pour porter son bouclier et lance, avec un seul cheval.

Le Grand Maître supervisait toutes les opérations de l’Ordre, y compris les opérations militaires en Terre Sainte et en Europe de l’Est et les transactions financières et commerciales des Templiers en Europe occidentale. Certains Grands Maîtres ont également servi en tant que commandants sur le champ de bataille, cependant ce n’était pas toujours sage : plusieurs gaffes dans le combat de de Ridefort a contribué à la défaite dévastatrice de la bataille de Hattin.

À partir du fondateur Hugues de Payns en 1118-1119, l’Ordre la plus haute fonction était celle de Grand Maître, poste qu’il occupait à vie, bien que considérant la nature martiale de l’Ordre, cette pourrait signifier un mandat très court. Tous les Grands Maîtres sauf deux sont morts en fonction, et plusieurs sont morts pendant les campagnes militaires. Pour par exemple, lors du siège d’Ascalon en 1153, le Grand Maître Bernard de Tremelay mena un groupe de 40 Templiers à travers une brèche dans la ville Murs. Comme le reste de l’armée croisée ne suivait pas, les Templiers, y compris leur Grand Maître, ont été encerclés et décapités. Grand Maître Gérard de Ridefort fut décapité par Saladin en 1189 au siège d’Acre.

 Le dernier Grand Maître fut Jacques de Molay, brûlé sur le bûcher à Paris en 1314 sur ordre du roi Philippe IV.

Comme d’autres grands nobles, les Maîtres employaient également de grands officiers de l’État, notamment les maréchaux, les constables, les trésoriers et les amiraux.



Blason de la ville de Payns – Aube (10)


La plus ancienne évocation du village de Payns est recensée au IXe siècle.

Les archives du département de l'Aube contiennent quelques documents carolingiens, notamment un cartulaire provenant de l’abbaye Saint-Pierre de Montiéramey, fondée vers 887 par un prêtre du nom d'Arremar, au milieu de la vaste forêt du Der. Il y est mentionné la vente par Hildemar à Arrémar de la « villa Pendennagio », qui n'est autre que le village de Payns.

Au début du XIIe siècle, le fief de Payns était en outre vassal du comté de Champagne. Cela explique que Hugues de Payns ait accompagné son suzerain, Hugues de Troyes, comte de Champagne, à Jérusalem en 1104.

Ayant décidé de s'y installer, Hugues de Payns repart à Jérusalem en 1114.

Un moulin est exploité dès 1236 : il appartenait au prieuré de Foissy. Ruiné par les Anglais lors de la guerre de Cent Ans, il est loué, charge au locataire de le reconstruire. Jean Le Bray louait à vie pour 26 livres un moulin à papier, deux à blé et un à chanvre en 1476 ; ils étaient en fort mauvais état et il devait céder le bail assez rapidement à Philippe Le Mercier et son épouse Claude Le Bé. En 1531, il passait dans la famille Largentier, Nicolas épousant Madeleine Lemercier, fille des précédents propriétaires. En 1583, après un procès, le prieuré de Foissy abandonnait la propriété des moulins contre une rente annuelle de 63 livres.


En 1998, des recherches archéologiques effectuées sur l'emplacement de la commanderie de Payns permettent de découvrir de pièces de monnaie datées entre 1035 et 1240 et de retrouver les fondations  la chapelle de la commanderie (cliché ci-dessous)






Le musée Hugues de Payns, ouvert à tous depuis mai 1997, retrace l’histoire passionnante des Templiers tout en évoquant leur implantation en Champagne méridionale.

Au cœur de la Vallée de la Seine, dans le fief du fondateur et premier maître de l’Ordre des Templiers, nous vous proposons de faire un bon dans l’histoire et de vous retrouver au XIIème siècle.

Maquettes, carte lumineuse, mannequin, vestiges archéologiques, documents iconographiques, ainsi qu’un documentaire fiction « Hugues de Payns, le premier Templier » retracent l’histoire passionnante de Hugues de Payns et des Templiers.

Vous trouverez de nombreuses informations sur le fondateur de l’ordre du Temple, sur la commanderie de Payns (la première implantée en Occident), sur le trésor monétaire découvert en 1998 et sur quelques mystères templiers qui vous seront enfin révélés…

Musée situé au Voie Riot à Payns (10600) vous permettra de découvrir l’univers des templiers et d’en apprendre plus sur les premières découvertes effectuées ici à Payns. Vous pourrez également admirer une partie du trésor constitué de 708 deniers en argent du temps de Phillipe Auguste découvert sur le site.





Hugues de Payns à Dijon


Monument à Saint Bernard de Clairvaux - Dijon (21) 
Par Jouffroy et Forey (sculpteurs) en 1847

Bernard de Clairvaux est représenté debout prêchant la croisade, sa main gauche serre une croix sur sa poitrine. (statue en bronze)

Autour du piédestal sont représentés en pierre :

 le pape Eugène III, le roi Louis VII, Hugues II dit le Pacifique, Suger, Pierre le Vénérable (abbé de Cluny), Hugues de Payens (grand maître des Templiers). 


Hugues de Payns 1er Grand Maitre de l'Ordre du Temple


voir le chapitre : Commanderie templière d'Avalleurr

voir le chapitre : Ordres religieux, militaires et hospitaliers dans l'Aube

voir le chapitre : Jacques Souvré


Commanderie et Maison du Temple de Troyes




Domus Hospitalis Troyes

Hugues de Payns, fondateur et premier Grand-Maitre du Temple, était venu soumettre à l'approbation du concile, réuni à Troyes en 1128, les statuts du nouvel Ordre qu'il venait d'instituer.

Le Grand-Maître du Temple reçut dans cette circonstance les témoignages de la plus vive sympathie de la part des hauts personnages qui assistaient au concile. Un d'entre eux, Raoul le Gros, « Crassus », s'empressa de donner à l'Ordre une terre qu'il possédait aux portes de la ville de Troyes.

Cette donation est rappelée dans une charte très remarquable de Haton, évêque de Troyes, de l'année 1143, dans laquelle ce prélat, énumère et confirme tous les dons faits jusqu'alors aux Templiers dans son diocèse. On y voit que le seigneur Raoul leur avait donné, sous réserve d'usufruit, une maison qu'on appelait La Grange, « domum quam Grangiam vocamus », située devant Troyes, « ante Trecas », avec la terre de Preize, « terrain de Praeria (Preize, faubourg de Troyes) » à partir du chemin de la Rivière, « a via que dicitur de Riveria (La Rivière de Cors, près Preize) », avec les prés, vignes et bâtiments en dépendant, y compris tous les animaux domestiques qui pourraient s'y trouver au jour de son décès.

La donation eut lieu dans la maison ou Grange dont nous venons de parler, en présence d'Hugues de Payns, Maître, « Magistri », du Temple, et des frères qui l'accompagnaient, Gaudefroy de Saint-Omer, Payen de Montdidier, et deux autres chevaliers.

La charte de Haton mentionne que le dit seigneur Raoul avait en outre concédé aux Templiers, toute la terre qui s'étendait depuis le Grand-Chemin, « a magno chemino », jusqu'à un autre chemin, « usque ad alium cheminum », qu'on ne désigne pas.

La terre de Preize devint le fondement de la commanderie de Troyes, qui ne tarda pas à recevoir de nouveaux dons. Thibaut, comte Palatin de Troyes, donna aux Templiers une rente de sept marcs d'argent. Le comte Henri, son fils, y ajouta, en 1159, trois autres marcs ; en tout, dix marcs d'argent, pour lesquels les frères du Temple eurent 48 livres de Provins à prendre chaque année, savoir : 24 livres sur le tonlieu de Troyes, 12 livres sur la foire de Saint-Rémi, et le restant sur celle de Saint-Jean.

En 1171, un seigneur du pays, Clerambaut de Chappes, « de Capis », leur accorda une rente de 100 livres tournois sur la vicomté de Troyes; et en 1186, Raoul le Pesant, « Ponderosus », leur fit donation d'une maison sise à Troyes, rue Composte, « Trecis in vico Coopoto », nommée depuis rue du Temple, avec six arpents de pré à Lecheroles, « apud les Cherulas », et un arpent de vigne à la butte de Jupiter, « apud Monticulum sacratum Jovis. »

Ce n'était pas la seule maison que les Templiers avaient à Troyes. Ils en acquirent un assez grand nombre qui furent ensuite accordées à cens ou à rente perpétuelle à diverses personnes. Ces maisons, au nombre de plus de cinquante, se trouvaient, d'après un terrier de 1598, dans les rues « du Temple, de la Grande-Massecrerie, de la Pye, de l'Espicerie, de la Bourcerie, de la Grande-Tannerie, de la Corderie, de Notre-Dame, du Haulne, des Bûchettes, du clos de la Magdeleine, de la Vieille-Pouillalerie, des Bains-aux-Femmes, près du Guey-aux-Chevaulx, etc. »

Les chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem possédaient aussi à Troyes plusieurs maisons qui dépendaient de leur commanderie d'Orient. L'une d'elles, qu'on a appelé le « Petit-Hôpital », et ensuite « l'Hôtel de la Grimacière », était située derrière l'église de Saint-Rémi, et leur avait été donnée en 1265, par Thibaut, comte Palatin de Troyes.

De toutes ces maisons, tant du Temple que de l'Hôpital, trois seulement restaient au siècle dernier : la maison de la Commanderie, rue du Temple (Gal Saussier), avec sa petite église dédiée à saint Jean-Baptiste, que le commandeur Bouslard de Sillery avait fait rebâtir vers le milieu du XVIIe siècle ; une autre maison, même rue, à trente pas de la précédente ; et une troisième, appelée « l'Hôtel du Sauvage », dans la rue de Notre-Dame (E. Zola), connue aussi sous le nom de « Maison de Montauban », parce que les marchands de Montauban avaient coutume d'y descendre dans les jours de foire.

Le jardin de la commanderie allait jusqu'au Jeu-de-Paume, dans la rue de la Corderie, et était séparé de l'hôtel par un bras de la Seine. On voyait encore dans la cour, à la fin du XVIe siècle, les ruines d'un grand bâtiment en pierres de taille. C'est ce qui restait de l'ancien hôtel du Commandeur, qui avait été brûlé en 1524, lors du fameux incendie qui dévora une grande partie de la ville de Troyes.

Le domaine de Preize qui dépendait du Temple de Troyes, avait sa maison située au bout de Preize, au finage de la Chapelle-Saint-Luc, près du chemin des Vassauldes. Cette maison n'existait plus au XIVe siècle. Il en restait les terres au nombre d'une trentaine d'arpents, et un assez grand nombre de censives à Preize, à la Chapelle-Saint-Luc, aux Vassoles, à Barberey, à la Rivière-de-Cors, etc.
Le revenu de la maison de Troyes était, en 1782, de 2,640 livres.

Les membres qui composaient d'abord la commanderie, étaient les terres et seigneuries de Sancey et de Ménois, le fief de Verrières, le domaine de Bouilly, l'ancienne maison du Temple de Cérès, et la terre d'Errey.

Au XIVe siècle, les Hospitaliers, en prenant possession des biens du Temple, réunirent à la commanderie de Troyes celle de Payns, qui en était voisine.

Les guerres du XVe siècle, par les ruines qu'elles avaient semées dans le pays, avaient rendu des commanderies bien improductives, tellement qu'on fut obligé, comme nous l'avons déjà dit, d'en supprimer un certain nombre pour en réunir les biens à d'autres plus importantes ou qui avaient moins souffert.

C'est ainsi qu'on réunit à la commanderie de Troyes celles de Bonlieu, d'Orient, et de Rosnay en partie. En 1469, on y adjoignit la commanderie de Coulours (Yonne 89); et en 1471, celles de Barbonne (Marne 51) et de la Chapelle-Lasson (Marne 51). Vers la même époque, on y ajouta encore la maison de l'Hôpital du Perchoir (Aube 10).

Par suite de ces annexions et de l'importance donnée à la commanderie de Troyes, l'Ordre jugea à propos de faire de celle-ci une chambre prieurale, c'est-à-dire une commanderie attachée à la dignité de Grand-Prieur de France.

Cet état de choses dura jusqu'en 1598, c'est-à-dire jusqu'au moment où la commanderie de l'Hôpital, autrement dit de Saint-Jean-de-Latran, à Paris, fut substituée à celle de Troyes comme chambre prieurale.

On rétablit en même temps la commanderie de Coulours (Yonne 89). Ses anciennes possessions lui furent rendues, moins toutefois la maison de Sivrey (Aube 10); et en compensation, on lui accorda les biens des anciennes commanderies de Barbonne (Marne 51) et de la Chapelle-Lasson (Marne 51), avec la maison de Rosnay.

Cette nouvelle organisation réduisit la commanderie de Troyes au nombre des membres dont nous allons parler.

Noms des Commandeurs de Troyes
1345. Le chevalier Guillaume de La Motte.
1354. Le chevalier Hebert de Montferrant.
1357. Le chevalier Henri de Saint-Thron.
1363. Le chevalier Jacques de Gien.
1366. Frère Nicheaumes.
1370. Frère Antheaumes de Walluis, alias de Wailly.
1391. Frère Lambert d'Estinehoult.
1406. Le chevalier Henri Rempart.
1411. Le chevalier Adam de Saint-Jean.
1442. Frère Jehan Moreau.
1450. Le chevalier Guillaume Vasselin.
1460. Le chevalier Jacques Serpe.
1486. Le chevalier Pierre de Dynteville.
1503. Le chevalier Philippe de Villiers-l'Isle-Adam.
1532. Le chevalier Pierre de Cluys, Grand-Prieur de France.
1537. Le chevalier Jacques de Bourbon, Grand-Prieur de France.
1542. Le chevalier Philippe Carleau, Grand-Prieur de France.
1547. Le chevalier Claude d'Ancienville, Grand-Prieur de France.
1549. Le chevalier François de Lorraine, Grand-Prieur de France.
1563. Le chevalier Pierre de La Fontaine, Grand-Prieur de France.
1579. Le chevalier Henri d'Angoulême, Grand-Prieur de France.
1598. Le chevalier Juvenal de Lannoy.
1602. Le chevalier René Bulart.
1637. Le chevalier Noël Bouslard de Sillery.
1642. Le chevalier Charles de Clinchamps.
1673. Le chevalier Jacques de la Motte-Houdancourt.
1700. Le chevalier de Louviers.
1732. Le chevalier Nicolas-Edouard Razan de Flamanville.
1749. Le chevalier Jean-François de Calonne d'Avesnes.
1764. Le chevalier de Gauville.
1782. Le chevalier Jacques Laure le Tonnelier de Breteuil, ambassadeur de l'Ordre près la Cour de France.

Maison du Temple de Sancey ou Saint-Julien
Domus Hospitalis Saint-Julien

La terre et seigneurie de Sancey, près Troyes, appartenait, au commencement du XIIIe siècle, à un chevalier, du nom de Vilain d' Aulnay « Vilanus de Alneto. » Ce seigneur la donna à la maison de la chevalerie du Temple, par ses lettres de l'année 1201, où il déclare lui abandonner, pour le salut de son âme et de celle de Henri, comte Palatin de Troyes, de qui il tenait cette terre, tout ce qu'il possédait à Sancey, « in villa de Sancy », et ses dépendances, tant en moulins, bois, terres, prés et eaux, qu'en justice et seigneurie. Il est probable que Vilain d'Aulnay se trouvait alors en Terre-Sainte, car sa donation est faite en présence de Guillaume des Ardillières, maréchal, « marescalus », de la chevalerie du Temple, et de Robert de Chaurville, commandeur du Temple d'Acre, « preceptor militie Templi Acconemis. »

L'acte de donation, ainsi que celui de confirmation, par Oudart, maréchal de Champagne, en date du mois de février 1205, sont délivrés en forme de vidimus, en 1254, par l'official de Troyes.

Parmi d'autres donations faites aux Templiers, pour augmenter leur domaine de Sancey, nous citerons celle du mois de décembre 1233, par laquelle Guillaume, seigneur de Rouillerot « de Ruilereto », de toute la dime, ainsi que de la terre que ce seigneur avait au finage de Sancey, au lieu-dit La Wassonnière, « in loco qui dicitur à La Wasonire »

La maison de Sancey, autrement dite la Ferme de Saint-Julien, était située près de l'église du lieu, sur un chemin allant du village à la Seine. Il en dépendait au siècle dernier, 45 arpents de terre arable, et 65 arpents de pré; le tout affermé avec les dîmes, cens et droits seigneuriaux, 1,200 livres en 1757, et 2,000 livres en 1782.

Domus Hospitalis Ménois

Non loin de Sancey, de l'autre côté de la Seine, se trouvait une autre terre seigneuriale appartenant aux Templiers, la terre de Ménois, sur la paroisse de Rouilly. Elle leur avait été donnée par un seigneur, dont nous avons déjà parlé, Clérambaut de Chappes qui, par ses lettres du mois de mai 1213, déclara faire abandon aux frères de la chevalerie du Temple, de tous les fiefs qui relevaient de sa maison de Ménois, « de villa que dicitur Amenois », avec tout ce qu'il avait au dit lieu, en hommes, terres, prés, terrages, cens, bois, justice haute et basse, et aussi avec ce qu'il possédait dans le bois et le finage, entre Sancey et Ménois, « inter Sanci et Amenois »; le tout approuvé et confirmé par Blanche, comtesse de Troyes.


Parmi les fiefs qui relevaient de la seigneurie, il y avait celui de Chaussepierre qu'une noble dame, Ermangard de « Chaucepierre », veuve du chevalier Thomas de Bussy, à qui il appartenait, engagea en 1247, pour une somme de 260 livres et 60 sols de Provins qu'elle reçut des Templiers, sous la condition qu'après sa mort, ce fief reviendrait à ces derniers.

La terre de Ménois fut en grande partie aliénée ou donnée à rente perpétuelle vers le milieu du XIIIe siècle, par les Templiers. Les chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem n'y possédaient plus, au XVIe siècle, qu'un petit nombre de terres et une assez grande quantité de censives.


Domus Hospitalis Verrières

A une lieue et demie de Troyes, sur la rive droite de la Seine, se trouvait le fief de Verrières, qui relevait de la seigneurie de Ménois, dont vous trouverez tous les détails à ce nom. Ce domaine comprenait une maison, au lieu-dit « La Garenne », et plus de 200 arpents de terre situés en divers lieux, à Verrières, Rouilly, Saint-Martin et Buchère, avec un moulin à eau sur la Seine.

Le Commandeur avait toute justice et seigneurie à Verrières. Cette terre valait en revenu 900 livres, en 1757, et 2,200 livres en 1782.

Domus Hospitalis Bouilly

Les Templiers possédaient au XIIIe siècle un domaine à Bouilly. Il leur provenait de la libéralité d'un chevalier, du nom de Renault Bilours de Bouilly. Des lettres de l'official de Troyes, du mois de juin 1233, portent que ce seigneur avait donné aux frères de la chevalerie du Temple, une maison avec ses dépendances, située à Bouilly, « apud Boilliacum », avec la moitié de ses terres, situées en divers lieux, derrière la maison des lépreux de Bouilly, au lieu-dit « Vereille », à Champgrimont, à Montmilon, aux Charmes-aux-Nonains, à « Mongoon », à Valchevrière, à Norrois-aux-Chevriaux, au Ruissel, aux Blanches-Voies, à la Ruelle, à Chalaignes, à Loiselet, à La Warte, etc.

La maison n'existait plus au XIVe siècle, et les rentes des terres qui avaient été données à cens perpétuel, se percevaient encore au siècle dernier.

Domus Hospitalis Cérès, commune: Montceaux-lès-Vaudes

Le seul titre qui nous reste concernant cette ancienne maison du Temple, est une cession en forme d'échange faite en février 1241, par Jobert du Bar, bailli de Troyes, au profit des frères du Temple, de quelques pièces de terre situées à Cérès et à Vaudes, village voisin, « apud Sarram et Waudas. »

Une sentence du bailli de Troyes, du 10 juillet 1581, prononça en faveur de Henri d'Angoulême, alors Grand-Prieur de France, l'annulation d'un acte d'arrentement fait en 1521, par renouvellement d'un autre, de l'année 1476, de la terre et seigneurie de Cérès qui dès lors redevint un membre de la commanderie de Troyes.

Le Commandeur avait à Cérès toute justice haute, moyenne et basse. Le domaine comprenait une maison avec une chapelle, dédiée à saint Jean-Baptiste. La maison était située sur le chemin menant au bois de Rumilly, près de la Voie aux Asniers. La maison de Cérès, appelée l'Hôpital sous les chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, est indiquée au sud de Cérès sur la carte de Cassini.

Les terres qui en dépendaient, au nombre de plus de 300 arpents au siècle dernier, étaient affermées, en 1598, seize écus sol; en 1738, 800 livres; en 1777, 1,000 livres; et en 1782, 3,000 livres.

Domus Hospitalis Errey Commune: Messon — 10

Il y avait en ce lieu un domaine qui avait appartenu à l'Ordre du Temple, et qu'un seigneur d'Errey, nommé Jean le Tartier, tenait à vie du commandeur de Troyes au commencement du XVIe siècle. On trouve une déclaration de ce domaine, fournie par ce seigneur en 1528. La maison n'existait plus alors, car on lit dans cet acte: « Un arpent et demi de verger devant la maison dudit Jehan le Tartier, où soulloit estre la maison de la commanderie, appellée Temple, sis à Erey, tenant de trois sens à deux chemins communs. »

Les terres, divisées en plusieurs pièces, étaient situées aux lieux dits:
Devers Prugny,
A La Croix,
Au-dessoubs des vieilles vignes,
A la Voie de la Garenne,
Au Champ de la Brebis,
Au Chauffour,
A la Haie Saint-Benoit,
A Vauthiery,
A la Pierrière,
A la Corroyure,
Au Chemin de Villarcer,
En Vau-Regnard,
A Torvillers,
Au Chemin de Cheingy.

Elles étaient au nombre d'environ 130 arpents, affermées en 1532, dix setiers de grains, froment, orge, seigle et avoine; et en 1757, 240 livres.

Domus Hospitalis Payns

Hugues de Payns ou de Payens, comme on disait autrefois, le premier des Grands-Maitres du Temple, possédait la terre et seigneurie du lieu dont il portait le nom. On a dit que c'était lui qui avait donné la terre de Payns à l'Ordre qu'il avait fondé. Cette opinion nous paraît probable, quoique rien ne le prouve. Les documents d'ailleurs fort rares qui nous restent sur cet ancien établissement du Temple, ne remontent qu'au commencement du XIIIe siècle, et sont assez insignifiants par eux-mêmes. Ce sont deux donations faites en 1213, aux frères de la chevalerie du Temple de Payns, « fratribus militie Templi de Paiens »; l'une, par Henri de Saint-Mesmin, « de Sancto Memonio », de trois arpents de pré; l'autre, par un seigneur, du nom de Ternente ou Tervente, d'un petit vivier près de la motte du donateur.

Thibaut, roi de Navarre et comte Palatin de Champagne et de Brie, accordait en août 1263 des lettres d'amortissement aux Templiers, pour des terres qu'ils avaient achetées de Pierre Grubele de Payens, situées partie devant le Temple de Payns, au-dessus de l'Orme de frère Audelle, « ante Templum de Paiens supra ulmum fratris Audelli », et partie dans les plantations de Payens.

Payns n'a été un chef-lieu de commanderie que sous les Templiers. Les Hospitaliers, après en avoir pris possession, avaient jugé à propos de l'adjoindre à la commanderie de Troyes, dont il devint un membre. Malgré cela, on lui conserva encore longtemps le titre de commanderie. Aux XIVe et XVe siècles, on avait coutume d'appeler la commanderie de Troyes, commanderie de Troyes et de Payens.

D'après une ancienne déclaration du temporel de la maison de Payns:
1. — on voit que l'hôtel de la commanderie et la chapelle n'existaient plus au XVe siècle. Il restait les terres, au nombre de 500 arpents, situées au finage du Pavillon-Sainte-Lucie et lieux voisins, appelés l'Hôpital de Payens; 2. — quarante arpents de pré, aux finages de Savières et de Saint-Mesmin, nommés « le Pré-Caïn » et « les Prés de Grosley »;
3. — les grosses et menues dimes du Pavillon;
4. — les dîmes de Savières et du Champ-Rotien;
5. — un labourage à Payns, nommé « le Carroy »;
6. — les terres du Grand et du Petit Champeau en la Vieille-Chaux.

Le revenu de Payns était, en 1645, de 750 livres; il était de 2,200 livres en 1782.

Domus Hospitalis Bonlieu commune: Piney

On n'a plus le titre de fondation de la maison du Temple de Bonlieu, qui fut autrefois le siège d'une commanderie fort importante, mais son origine nous est révélée dans un titre du mois de juillet 1269, qui est une transaction entre les Templiers et Hugues, comte de Brienne, par laquelle celui-ci déclarait renoncer à tous droits de justice et de seigneurie qu'il prétendait avoir sur la maison du Temple, nommée Bonlieu, « super domum Templi que dicitur Bonus Locus », et sur les 70 arpents de terre où elle se trouvait construite. Il y est dit que la terre qui formait le fonds de cet établissement, provenait de Godefroy de La Caucharde et de Lambert de Pigney, seigneurs qui vivaient au commencement du XIIIe siècle.

Ce n'est pas seulement à l'aide des dons qu'ils recevaient, mais encore par des acquisitions qu'ils faisaient de leurs propres deniers, que les Templiers augmentèrent leur maison de Bonlieu. Gauthier, comte de Brienne, pour récompenser un de ses seigneurs, Bernard de Montcuc, « Bernardus de Montecuco », lui avait fait don en avril 1228, de 400 arpents de bois, appelés le Bois de « Bateis », entre Piney, Aillefol (de nos jours Geraudot) et Brévonne, « inter Pigni et Aillefou et Bevrone, quod nemus dicitur Bateiz », avec l'usage de tous ses bois, situés entre l'Aube et la Seine, « inter Albam et Secanam », et aussi le droit de pâturage dans ses terres. Cette donation était faite à la charge de payer chaque année au comte de Brienne ou à ses héritiers, un denier par chaque arpent de bois donné; et il était convenu que le donataire pouvait disposer de ces bois comme il l'entendrait, les défricher, y bâtir, les vendre même ou les donner, soit aux chevaliers du Temple, soit à ceux de l'Hôpital Saint-Jean-de-Jérusalem, aux mêmes charges et conditions qu'il les avait reçus.

Deux ans après, Bernard de Montcuc vendait aux Templiers, ainsi qu'il appert d'une charte du bailli de Troyes, de l'année 1230, tout ce qu'il possédait à Rosson, « in villa de Roysson », à Aillefol, « in villa Ayllefo », et sur ces territoires, plus son essart de Piney, et un autre, situé entre Piney, Aillefol et Brévonne; le tout avec l'approbation de Thibaut, comte de Champagne et de Brie, qui en confirma la vente.

En 1232, le même seigneur de Montcuc cédait encore aux Templiers, 120 arpents dans le bois de Bateis, situés près de l'essart du cédant, et tenus en fief du comte de Brienne, par Gaudefroy de La Caucharde ou Cauchade.

Une autre acquisition plus importante, est celle faite en 1239 par les chevaliers du Temple, de Gauthier, comte de Brienne, qui leur vendit, pour le prix de 2,000 livres tournois, mille arpents de bois de sa forêt de Bateis, située dans le comté de Brienne, « in comitatu Brene », et touchant à la terre achetée de Bernard de Montcuc.

Une charte de Guy de Milly, « de Milliaco », du mois de juillet 1254, constate encore une cession faite par ce seigneur, au profit des frères de la chevalerie du Temple, de 600 arpents de terre et de bois, qu'on appelait Bois de Bateis, « nemora que dicuntur Bateiz », situés entre Brevonne, le Temple de Bonlieu et la grande foret d'Orient, « inter Beveronem et domum Templi que vocatur Bonus Locus et magnam forestam d'Oriant », pour le prix de 1,700 livres tournois.

Mais l'acquisition la plus considérable, est celle faite en août 1255, de Bernard de Montcuc, dont il est ci-devant parlé; lequel céda aux Templiers, pour le prix de 5,500 livres tournois, 2,500 arpents de bois avec les maisons, grange, tuilerie, étangs qu'ils renfermaient, situés dans la forêt de Der, châtellenie de Vendeuvre délimités de la manière suivante:
Depuis le nid de l'Aigle, « a nido Aquile (« Aquile nidus », peut-être Aillefol) »;
Jusqu'à la profonde Fosse, « ad profundam Foveam »;
De la profonde Fosse à la Laie des Convers « de Larrivour, ad Loiam conversorum de Rippassorio »; De là au tertre Roland, « ad collem Rolandi »;
Du tertre Roland à la Riclaie, « ad Ricloiam »;
De la Riclaie au bois de Dienville, « ad nemus de Dianvilla »;
De ce dernier point à Lesperour de Froaces, « ad Lespereour de Froaces »;
En revenant par la forêt de Froaces et celle d'Orient, « per forestam de Froaces et per forestam de Orient (près d'Aillefol, carte de Cassini) »,
Jusqu'au dit nid de l'Aigle.

Cette vente fut confirmée et amortie en août 1255, par Marguerite, comtesse de Navarre, de Champagne et de Brie, et par le comte Thibaut, son fils (6).

Les Templiers défrichèrent et mirent en culture une grande partie des bois qu'ils avaient acquis. Ils en formèrent des domaines, des fermes qui devinrent des membres de leur commanderie de Bonlieu. C'étaient les fermes de: Maurepaire, de Rosson, de La Milly, de La Picarde, de la Loge-Bazin, auxquelles ils réunirent la terre et seigneurie de la Loge-Lionne.

Anciens Commandeurs de Bonlieu
1254. Frère Hugo.
1255. Frère Jobert.
1346. Frère Pierre Bruiant.
1386. Frère Vincent Colet.
1408. Le chevalier Henri Rempart.
1411. Le chevalier Adam de Saint-Jean.
1414. Le chevalier Nicaise de La Haye.
1421. Le chevalier Jehan de Beauregard.


Domus Hospitalis Maurepaire Canton  Piney — 10

Cette ferme avait été construite sur les terres de l'ancien essart de Bernard de Montcuc, vendu comme nous l'avons dit en 1230, aux chevaliers du Temple. Elle comprenait 100 arpents de terre en labour et prairie, qui étaient affermés en 1757, 550 livres; et en 1782, 2,100 livres.

Domus Hospitalis Rosson Canton: Piney

La maison de Rosson s'était formée également avec une partie des terres provenant de Bernard de Montcuc, situées à Rosson et à Aillefol, « in villa Roisson et in villa de Ayllefo ». Mais cette maison que les frères de l'Hôpital, en succédant à ceux du Temple, avaient réunie à leur commanderie d'Orient, n'existait plus au XVe siècle, car nous lisons dans un procès-verbal de visite prieurale de l'année 1456: « Y a appartenant à la commanderie d'Orient, ung membre nommé Russon, ouquel n'a nulz edifflces, car ils sont cheus et démolys de long temps par la guerre. »

Domus Hospitalis La Milly, Commune: Brevonne


La ferme de ce nom se composait d'une partie défrichée des 600 arpents de bois, que le seigneur du lieu, Guy de Milly, donna en 1254 aux frères du Temple. C'est du nom de ce bienfaiteur que la ferme a tiré le sien et le conserve encore aujourd'hui. Les terres de La Milly comprenaient, au siècle dernier, 300 arpents de labour et de pré, affermés en 1757, 350 livres; et en 1782, 1,350 livres.

Domus Hospitalis La Picarde, Commune: Geraudot

C'est encore sur un défrichement d'une portion de la forêt de Der ou de Vendeuvre cédée en 1255, par Bernard de Montcuc, qu'on érigea cette ferme. Elle contenait, au siècle dernier, 160 arpents, qui étaient affermés en 1757, 250 livres; et en 1782, 540 livres.

Domus Hospitalis Loge-Bazin, Canton: Soulaines-Dhuys

Cet ancien membre de la commanderie de Bonlieu, était situé près de la Ville-aux-Bois. C'était dès l'origine une grange, où l'on renfermait les récoltes des terres défrichées par les Templiers dans la forêt de Der. Il y avait aussi des bois qui dépendaient de cette grange, car nous voyons en 1288 les habitants de la Ville-aux-Bois, « de Villa in Bosco », réclamer des droits d'usage dans les bois appartenant à la Grange de la Loge-Bazin, « ad grangiam de Logea Basyn », dépendance de la maison de Bonlieu.

Le sire de Noyers, châtelain de Vendeuvres, réclamait en 1346, dans les mêmes bois, la haute et moyenne justice, en ne reconnaissant aux Hospitaliers, successeurs des Templiers, que la basse justice dans leur maison de la Loge-Bazin. Il n'est plus parlé de la Loge-Bazin au XVe siècle, sans doute parce que la maison avait été démolie, et les terres réunies au domaine de la commanderie.

Domus Hospitalis Loge-Lionne Canton: Soulaines-Dhuys

Appelée d'abord la Loge d'Orient, à cause du voisinage de cette forêt. Cette terre seigneuriale, située dans la paroisse de Brevonne, appartenait, à la fin du XIIIe siècle, à Clément de Ravennes. Par ses lettres du mois d'août 1294, ce seigneur céda aux Templiers de Bonlieu, pour le prix de 1,200 livres, une maison appelée la Loge-d'Orient, « Logea de Oriente », avec 400 arpents de terre en labour, prés, bois et étangs, situés dans la paroisse de Brevonne, « in parochiatu de Beveronna. » Ce domaine était nommé plus communément « la Loge-Lionne », nom qui lui venait de celui d'un de ses précédents propriétaires, Léon de Merry, « Leonius de Merriaco »

Le revenu de la Loge-Lionne était, en 1757, de 990 livres; et en 1782, de 2,050 livres.

La commanderie de Bonlieu eut à souffrir beaucoup des guerres du XVe siècle. Le procès-verbal de la visite prieurale de 1456, nous montre la maison du Commandeur « qui comprenoit nagueres plusieurs biaulx et grans édiffices, complètement en ruine et inhabitée, les terres incultes, en haies et buissons. »
La chapelle seule avait été épargnée, et se trouvait en assez bon état. Toutefois on n'y disait plus la messe, et on avait transporté à Troyes les ornements et les autres objets du culte.

C'est alors qu'on jugea à propos de supprimer cette commanderie, et d'en faire un membre ou une dépendance de celle de Troyes.

Le Commandeur était seigneur de Bonlieu, et y avait la haute, moyenne et basse justice.

Les terres de la maison de Bonlieu comprenaient, avec les bois, plus de 500 arpents, divisés au siècle dernier en trois petites fermes qu'on avait bâties près de la chapelle et sur les ruines de l'ancienne maison de la commanderie. Elles étaient affermées en 1757, 1,200 livres; et en 1782, 3,000 livres.

Commanderie de l'Hôpital d'Orient Commune: Geraudot

Ancienne commanderie de l'Hôpital; laquelle avait tiré son nom de celui de la forêt d'Orient, dont elle était voisine. La maison était située près d'Aillefol, paroisse de Géraudot. Nous trouvons l'origine de cette maison dans une charte de Gauthier, comte de Brienne, de l'année 1231, au mois de juin, par laquelle ce seigneur déclare donner aux frères de l'Hôpital Saint-Jean-de-Jérusalem, 500 arpents de bois dans sa forêt de Bateis (Le bois ou la forêt de Bateis se trouvait entre Geraudot, Piney et Brevonne) « nemus quod dicitur Bateiz », pour y bâtir des maisons pour eux et leurs gens, ainsi qu'une chapelle, afin d'y célébrer le service divin. Les 500 arpents étaient à prendre à l'endroit que les frères jugeraient convenable, depuis Aillefol jusqu'à la grange de « Nachesi (Probablement Rachezy, commune de Piney, au nord de Sacey) », et de ladite grange jusqu'au Cardinet, « Cardinetum (commune de Rouilly-les-Sacey) »; puis de là jusqu'au bois de « Nosou ou Noson », et de ce bois, jusqu'au Sart de Bernard de Montcuc, « de Montecuco ». Il leur accordait en outre le droit de prendre chaque semaine, dans sa forêt d'Orient, près d'Aillefol, quatre charretées de bois, pourvu que ce bois ne soit pas du hêtre, du tremble, du pommier ou du poirier. Le comte se réservait la justice dans les 500 arpents qu'il venait de donner, et l'abandonnait entièrement aux Hospitaliers dans leur maison et pourpris, en leur accordant à perpétuité dans tous ses bois, le droit de faire paître leurs bestiaux, à l'exception toutefois des chèvres.

La chapelle d'Orient fut fondée par Jean de Brienne; cela résulte des lettres de Hugues de Brienne, son frère, par lesquelles celui-ci approuve et confirme en 1270 cette fondation, pour laquelle Jean avait donné vingt livres de rente à prendre chaque année sur le péage ou sur les halles de Brienne.

La commanderie d'Orient qui avait été dévastée pendant les guerres du XVe siècle, fut supprimée comme celle de Bonlieu, et réunie à la commanderie de Troyes.

En 1486, le commandeur de Troyes, qui était Pierre de Dinteville, afferma la commanderie d'Orient pour 12 livres tournois par an; mais à la charge de rebâtir la maison qui était en ruines, et de faire desservir la chapelle.

Le revenu du domaine d'Orient était, en 1757, de 1,050 livres; et en 1782, de 2,350 livres. La maison n'existait plus au siècle dernier. Il y avait encore la chapelle dédiée à saint Jean-Baptiste, où le curé de Geraudot disait la messe un jour par semaine. Les terres, au nombre de 402 arpents, étaient partagées presque également en deux fermes bâties près de la chapelle. Il en dépendait un moulin à vent, appelé « l'Heurtebise », un bois de 102 arpents, et une dizaine d'étangs, dont les noms suivent:
L'étang de Geraudot (6 arpents);
L'étang des Souchères, au finage de Rosson (14 arpents);
L'étang le Batard, touchant aux terres de Bonlieu (20 arpents);
L'étang des Cinq-Deniers, au-dessus du précédent (15 arpents);
L'étang Musse-Putain, au-dessus du Grand-Maurepaire (15 arpents);
L'étang de Maurepaire, au-dessous de Musse-Putain;
L'étang de Foeullade, tenant aux terres de Maurepaire (13 arpents);
L'étang Amelie (10 arpents);
L'étang Prompt, touchant aux terres de la Loge-Lionne, et;
L'étang du Moulinet, bordant la Loge-Lionne.

Ces étangs, avec, ceux du Perchoir dont nous parlerons ci-après, étaient affermés en 1757, 1,400 livres; et en 1782, 2,204 livres.

Anciens Commandeurs d'Orient
1346. Frère Guy de Pringi.
1394. Frère Jehan le Chevron, dit de Bourgogne.
1404. Frère Ferry de La Ferté.
1409. Frère Jean de La Haye.
1425. Frère Aubert de Cors.
1458. Frère Oudin Mangot.

Domus Hospitalis Trouans  Canton: Ramerupt

La maison de Trouans, ainsi que celles de la Chapelle-Vallon et d'Arcis-sur-Aube, dont il sera question plus loin, faisaient partie au XIVe siècle de la commanderie de Rosnay, dont elles furent séparées au siècle suivant, pour être réunies comme membres à la commanderie de Troyes.

Les Templiers possédaient au Grand-Trouans une partie de la justice et de la seigneurie du lieu, par indivis avec d'autres seigneurs qui en avaient le surplus. Ils y avaient la dime, quelques terres avec des censives, et un moulin sur la rivière de Sézanne.

C'était une acquisition qu'ils avaient faite des religieux de la Charité-sur-Loire, en 1209, comme on le voit dans l'acte d'achat qu'on trouvera à la commanderie de Laigneville.

La maison de Trouans n'existait plus au XVe siècle. Les 167 arpents de terre qui en dépendaient étaient, avec la dîme et les droits seigneuriaux, affermés en 1456, 15 livres tournois; en 1646, 150 livres, en 1757, 650 livres; et en 1782, 1,700 livres.


Domus Hospitalis Chapelle-Vallon  Canton: Méry-sur-Seine

C'était un domaine qui provenait en grande partie du couvent de la Charité-sur-Loire, et dont la charte d'acquisition de 1209, porte que Godefroy, prieur du dit couvent, cédait aux Templiers tout ce que lui et ses religieux possédaient à la Chapelle-Vallon, « apud Capellam Valonis », en terres, dîmes, droits de justice et de seigneurie.

Eudes Ragoz, chevalier, seigneur de Saint-Sépulcre, par ses lettres du mois de novembre 1231, accorda aux frères de la chevalerie du Temple et à leurs hommes de la Chapelle-Wallon, le droit de mener paître leurs bestiaux dans la prairie de la Chapelle-Wallon, « de Capella Walonis », depuis le chemin conduisant de l'église de Sainte-Maure, « a monasterio de Sancte Maure », jusqu'à Saint-Savinien, « usque ad Sanctum Savinianum », vers la Chapelle-Wallon.

Il y avait à la Chapelle-Wallon une maison qui fut détruite pendant les guerres du XVe siècle. Les terres qu'elle comprenait, étaient au nombre de 170 arpents. Elles étaient affermées avec la justice du lieu et les revenus seigneuriaux, 100 livres; en 1646 et en 1782, 260 livres.

Domus Hospitalis Arcis-sur-Aube

On voyait au XVe siècle, en dehors de la ville d'Arcis, sur le chemin conduisant à Villette, une maison qu'on croyait être un ancien établissement du Temple, avec une chapelle qu'on nommait alors la chapelle de la « Belle-Dame d'Arcis », et aussi de la « Belle-Dame de la Roize. »

En 1467, un différend s'éleva au sujet des offrandes et oblations de cette chapelle, entre le Grand-Prieur de France, Bertrand de Cluys, et le curé de l'église paroissiale d'Arcis. Une sentence du bailli de Troyes, du 4 juillet de la même année, débouta le curé d'Arcis de ses prétentions.

La maison d'Arcis n'existait plus en 1574. La chapelle seule restait. Au siècle dernier, les cordeliers d'Arcis, moyennant une rétribution de 15 livres par an, y disaient la messe un jour par semaine.

Il dépendait de l'ancienne maison d'Arcis une soixantaine d'arpents de terre, en plusieurs pièces, au finage de Villette et de Chesne.

Domus Hospitalis Sivrey, Commune: Auxon

Nous avons trouvé un état des biens de la maison du Temple de Sivrey, « domus Templi de Syvriaco », de l'année 1338, qui comportait un labourage de 300 arpents de terre, d'un revenu de 48 livres, 70 arpents de pré rapportant 24 livres; un moulin à eau sur la fontaine de Blenne, produisant 8 livres par an. En y ajoutant les droits de dîme, de justice et de seigneurie de Sivrey, qui appartenaient entièrement à la commanderie, le revenu de cette terre était alors de 120 livres 2 sols 7 deniers tournois.

La maison de Sivrey fut détruite pendant les guerres du XVe siècle. Elle se trouvait dans le village même, tout le long de la voie commune, et aboutissait à une ruelle qui conduisait de Sivrey à La Garenne. Elle était rebâtie en 1543. Auprès de la maison, il y avait une chapelle dédiée à Notre-Dame-des-Vertus.

Avant d'appartenir à la commanderie de Troyes, la maison de Sivrey avait été un membre de la commanderie de Coulours, dont elle fut détachée en 1598.

Le domaine de Sivrey rapportait, à la fin du XVIe siècle, 200 écus sol.; en 1757, 2,000 livres; et en 1782, 4,000 livres.

Domus Hospitalis Perchoir  Commune de Saint-Phal

Il ne nous reste aucuns titres primordiaux sur cet ancien établissement, qu'on nommait autrefois Commanderie de l'Hôpital. Le Commandeur avait dans sa terre et seigneurie du Perchoir toute justice, haute, moyenne et basse. Son domaine consistait en un château et une chapelle entourés de larges fossés. Dans l'enclos du château on trouvait un grand jardin, puis un bois au bout duquel étaient bâties plusieurs métairies. Les terres qui en dépendaient comprenaient 1,230 arpents, dont plus de la moitié était en bois, qu'on nommait « le Bois de l'Hôpital »
On trouve sur la carte de Cassini la Commanderie de l'Hôpital entre Sainl-Phal et Le Perchoir.

Dans les terres à labour, situées le long de la « Haye aux Filles », on voyait plusieurs étangs, nommés:
L'étang de la Vieille-Tuillerie, près du chemin de Tonnerre
L'étang de Dos-d'Ane, à la suite du précédent
L'étang de Renouillat, près du « Pont-aux- Verrières »
L'étang Robin, au-dessus de ce dernier
L'étang de la Jeune-Tuillerie, près du Château
L'étang Fagot
L'étang Jaquot et
L'étang des Fourches.

Le revenu du Perchoir était, en 1598, de 333 écus un tiers, sans les bois. Il s'élevait en 1757, à 3,000 livres; et en 1782, à 5,000 livres.

Domus Hospitalis Forêt-Chenue
Département: Aube, Arrondissement: Troyes, Canton: Ervy-le-Châtel, Commune de Saint-Phal — 10

C'était un autre domaine que l'Hôpital possédait dans la même paroisse de Saint-Phal, et où le Commandeur avait, comme au Perchoir, la haute, moyenne et basse justice. Il se composait de deux métairies, consistant en 216 arpents de terre, au chemin de La Perrière. Le revenu de la Forêt-Chenue montait, en 1757, à 250 livres; et en 1782, à 450 livres.

Celui de toute la commanderie de Troyes était, en 1495,de 542 livres; en 1583, de 5,250 livres; en 1734, de 12,852 livres; en 1757, de 21,000 livres; et en 1782, de 46,124 livres.


Maisons ou Hôpitaux de l’Aube  

 

Bar-sur-Aube, Chapelle Saint-Jean  


Cette chapelle, qui présente des détails de styles différents, est très-simple et presque réduite aux quatre murs. A l'intérieur, on voit encore des colonnes dont les chapiteaux sont à peine recouverts de quelques feuilles et à la voûte, l'écu de France aux trois fleurs de lys ; à l'extérieur une porte cintrée soutenue par deux colonnes cannelées et une façade percée de deux fenêtres de forme et de grandeur différentes l'une très-simple, l'autre plus grande et plus riche, et ornée de filets et de moulures elle est divisée en deux parties, surmontée d'une rose à cinq feuilles le tout couronné par une large bande appuyée sur deux têtes de jeunes hommes coiffés de longs cheveux comme au temps de Louis XII.

Le haut de cette jolie fenêtre a été brisé pour donner passage aux bottes de paille et de foin, car cette chapelle, vendue en 1792, est maintenant convertie en écurie, comme l'indiqua pendant longtemps cette Inscription : Ecurie à Corneux, placée au-dessus de la porte, et que, depuis peu, on a eu le bon esprit de faire disparaître.
Une troisième fenêtre, peu élevée et sans ornement, est ouverte au-dessus de l'autel.
Cette chapelle dépendait de la commanderie de Thors et de Gorgebin. Dans l'origine, elle appartenait aux Templiers, dont saint Jean-Baptiste était le patron mais en 1306, époque de la suppression de cet ordre militaire et religieux, elle fut donnée par Philippe-le-Bel aux Chevaliers de Malte qui la possédèrent jusqu'à nos jours.

On voit encore, dans la chapelle Saint-Joseph de l'église Saint-Pierre, une vieille statue de saint Jean-Baptiste, avec un chevalier du Temple, couvert de son grand manteau blanc, agenouillé à ses pieds. Près de lui est son bouclier sur lequel, à côté de la croix à huit pointes, est posée une chouette, symbole de la prudence, et sur le socle sont les initiales T.P. (Templum). Cette statue provient de la chapelle Saint-Jean.

A part cette chapelle, les Templiers possédaient encore de grands biens dans les environs. Les seigneuries de Thors et de Maisons, de vastes prairies, le bois de Beauregard la foret d'Orient, dite aussi du Temple, etc., dont le roi s'empara lors de leur suppression, dépendaient aussi de cette ordre.

Le cimetière Saint-Jean ou des Templiers, placé vers la promenade du Jarre, servit a inhumer les habitants de Bar-sur-Aube pendant la peste qui désola cette ville en 1236. Vendu sans détail au commencement de ce siècle, il est maintenant converti en promenade et en jardins.

Par une charte de 1286, cette ville obtint de de Philippe-le-Bel, par son intervention, la confirmation de tous ses privilèges et le maintien de la foire franche établie par Thibaut IV, et en 1306, après la suppression des Templiers, ce roi fit don aux Chevaliers de Malte de la chapelle Saint-Jean, dépendant de la commanderie de Thors et de Gorgebin, située rue Saint-Michel à Bar-sur- Aube, et qui leur appartenait.

Forêt-Chenue Commune: Saint-Phal

C'était un autre domaine que l'Hôpital possédait dans la même paroisse de Saint-Phal, et où le Commandeur avait, comme au Perchoir, la haute, moyenne et basse justice. Il se composait de deux métairies, consistant en 216 arpents de terre, au chemin de La Perrière.

Le revenu de la Forêt-Chenue montait, en 1757, à 250 livres; et en 1782, à 450 livres.

Hôpital Orient Commune: Géraudot

Ancienne commanderie de l'Hôpital; laquelle avait tiré son nom de celui de la forêt d'Orient, dont elle était voisine. La maison était située près d'Aillefol, paroisse de Géraudot.

Nous trouvons l'origine de cette maison dans une charte de Gauthier, comte de Brienne, de l'année 1231, au mois de juin, par laquelle ce seigneur déclare donner aux frères de l'Hôpital Saint-Jean-de-Jérusalem, 500 arpents de bois dans sa forêt de Bateis (Le bois ou la forêt de Bateis se trouvait entre Geraudot, Piney et Brevonne) « nemus quod dicitur Bateiz », pour y bâtir des maisons pour eux et leurs gens, ainsi qu'une chapelle, afin d'y célébrer le service divin.
Les 500 arpents étaient à prendre à l'endroit que les frères jugeraient convenable, depuis Aillefol jusqu'à la grange de « Nachesi (Rachezy, commune de Piney, au nord de Sacey) », et de ladite grange jusqu'au Cardinet, « Cardinetum (commune de Rouilly-les-Sacey) » ; puis de là jusqu'au bois de « Nosou ou Noson », et de ce bois, jusqu'au Sart de Bernard de Montcuc, « de Montecuco ».
Il leur accordait en outre le droit de prendre chaque semaine, dans sa forêt d'Orient, près d'Aillefol, quatre charretées de bois, pourvu que ce bois ne soit pas du hêtre, du tremble, du pommier ou du poirier.
Le comte se réservait la justice dans les 500 arpents qu'il venait de donner, et l'abandonnait entièrement aux Hospitaliers dans leur maison et pourpris, en leur accordant à perpétuité dans tous ses bois, le droit de faire paître leurs bestiaux, à l'exception toutefois des chèvres.

La chapelle d'Orient fut fondée par Jean de Brienne ; cela résulte des lettres de Hugues de Brienne, son frère, par lesquelles celui-ci approuve et confirme en 1270 cette fondation, pour laquelle Jean avait donné vingt livres de rente à prendre chaque année sur le péage ou sur les halles de Brienne.

La commanderie d'Orient qui avait été dévastée pendant les guerres du XVe siècle, fut supprimée comme celle de Bonlieu, et réunie à la commanderie de Troyes.

En 1486, le commandeur de Troyes, qui était Pierre de Dinteville, afferma la commanderie d'Orient pour 12 livres tournois par an ; mais à la charge de rebâtir la maison qui était en ruines, et de faire desservir la chapelle.

Le revenu du domaine d'Orient était, en 1757, de 1,050 livres ; et en 1782, de 2,350 livres.
La maison n'existait plus au siècle dernier. Il y avait encore la chapelle dédiée à saint Jean-Baptiste, où le curé de Geraudot disait la messe un jour par semaine.
Les terres, au nombre de 402 arpents, étaient partagées presque également en deux fermes bâties près de la chapelle. Il en dépendait un moulin à vent, appelé « l'Heurtebise », un bois de 102 arpents, et une dizaine d'étangs, dont les noms suivent:
L'étang de Geraudot (6 arpents).
L'étang des Souchères, au finage de Rosson (14 arpents).
L'étang le Batard, touchant aux terres de Bonlieu (20 arpents).
L'étang des Cinq-Deniers, au-dessus du précédent (15 arpents).
L'étang Musse-Putain, au-dessus du Grand-Maurepaire (15 arpents).
L'étang de Maurepaire, au-dessous de Musse-Putain.
L'étang de Foeullade, tenant aux terres de Maurepaire (13 arpents).
L'étang Amelie (10 arpents).
L'étang Prompt, touchant aux terres de la Loge-Lionne, et.
L'étang du Moulinet, bordant la Loge-Lionne.
Ces étangs, avec, ceux du Perchoir étaient affermés en 1757, 1,400 livres; et en 1782, 2,204 livres.

Anciens Commandeurs d'Orient
1346. Frère Guy de Pringi.
1394. Frère Jehan le Chevron, dit de Bourgogne.
1404. Frère Ferry de La Ferté.
1409. Frère Jean de La Haye.
1425. Frère Aubert de Cors.
1458. Frère Oudin Mangot.

Rosnay-l'Hôpital  

Rosnay était une ancienne commanderie de l'Hôpital fut fondée en même temps que celle d'Orient, avec des terres que les chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem achetèrent de Gauthier, comte de Brienne, et dont la vente avait été garantie et confirmée par son cousin, Gérard de Brienne. En effet, celui-ci, en sa qualité de seigneur de Rosnay, dominus de Ronniis, par ses lettres datées du mois de juin 1231, se porta garant de la vente de la haute forêt d'Orient, Alte foreste Orientis, que son cher seigneur et cousin sus-nommé avait faite au profit des frères de l'Hôpital de Jérusalem. Il garantit de même une autre vente faite aux dits frères par son cousin, d'un bois, appelé le Bois de Bateis.

Les ruines causées par les guerres à la commanderie de Rosnay, sont ainsi constatées dans une visite prieurale de 1456: « Audit lieu de Ronnay, souloit avoir des beaulx et grans édiffices, maisons, granche, estables et chapelle, lesquelz sont tous demoliz et abattus par la guerre, tant qu'il n'est mencion qu'il n'y eust oncques grand ediffice. »

En 1570, le Commandeur, qui était alors Philippe de Villiers-l'lsle-Adam, voulut rétablir cette maison. Il fit un bail à vie à un nommé Nicolas Huré et à sa femme, des terres de Rosnay, pour en jouir par eux et leurs enfants, moyennant une redevance annuelle de 35 livres tournois, et à la charge de rebâtir dans les six premières années de leur entrée en jouissance, à l'endroit même où étaient autrefois les bâtiments de la commanderie, « une maison de quatre trefs par voye de trois posteaulx de haut, garnie de l'un des costez de galleryes de huict pieds de large; et de l'aullre costé, d'un appendiz a faire estables; en laquelle maison aura une massé de cheminée de piere à quatre feuz, ou deux massets chacun de deux feuz, plus une grange, une bergerie, etc. »

La ferme de l'Hôpital de Rosnay, avec ses 480 arpents de terre en labour, prés et bois, rapportait en 1788, 1,400 livres.

Les membres de l'ancienne commanderie de Rosnay étaient: les maisons de Trouan, de la Chapelle-Wallon et d'Arcis-sur-Aube, qui, lors du démembrement de cette commanderie, furent réunis à celle de Troyes.

Commandeurs de Rosnay
1356. Fr. Adam de Savigny.
1371. Fr. Ferry de La Ferté.
1421. Fr. Jehan de Beauregard.


Sources: Dictionnaire topographique du département de l'Aube, par MM. Théophile Boutiot et Emile Sogard. Imprimerie Nationale M. DCCC. LXXIV.

 

 

Commanderies de l'Aube   

Les commanderies de l'Aube et le Procès - par l'Abbé Auguste Pétel

Templiers et Hospitaliers dans le diocèse de Troyes

Le Temple de Bonlieu et l'Hôpital d'Orient





Aujourd'hui simple ferme de la commune de Piney (1), Bonlieu fut autrefois le siège d'une importante Commanderie du Temple.

Après avoir fait observer "qu'on n'a plus le titre de fondation" de cet établissement, M. Mannier ajoute : "son origine nous est révélée dans un titre du mois de juillet 1269, qui est une transaction entre les Templiers et Hugues, comte de Brienne, par laquelle celui-ci déclarait renoncer à tous droits de justice et de seigneurie, qu'il prétendait avoir sur la maison du Temple appelée Bonlieu et sur les soixante-dix arpents de terre où elle se trouvait construite. Il y est dit que la terre, qui formait le fonds de cet établissement, provenait de Godefroy de la Caucharde et de Lambert de Pigney, seigneurs qui vivaient au commencement du XIIe siècle" (2).

Il semble, après une lecture très attentive, que la charte de 1269 (3), n'autorise pas du tout les conclusions de M. Mannier, les donations de Godefroy de la Caucharde et de Lambert de Piney ayant eu pour objet non pas l'emplacement même de la Commanderie, mais simplement certaines de ses dépendances. Ce document étant ainsi ramené à sa juste valeur, nous n'en connaissons pas d'autres qui permettent de remonter à la fondation, à l'origine de la Commanderie de Bonlieu ; nous devrons donc nous borner à en suivre les développements à travers les âges, à partir du XIIIe siècle.

Le premier bienfaiteur du Temple de Bonlieu qui s'offre à nous est un seigneur de Rosson (4), nommé André. A une date qu'il est impossible de préciser, mais qui est, de quelques années au moins, antérieure à l'an 1220, il donna en aumône, à Dieu, à la Sainte Vierge et à la Maison du Temple, tout ce qu'il possédait à Rosson et à Aillefol (5), en terres, prés, bois, etc. Quelque temps après, André se donna lui-même, c'est-à-dire qu'il entra dans l'Ordre du Temple, laissant dans le siècle deux enfants, le damoiseau Henri et une fille du nom d'Agnès.

La donation d'André avait sans doute été purement verbale et pouvait donner lieu, dans la suite, à des contestations ; aussi, après sa profession religieuse, il eut soin de la confirmer devant l'évêque de Troyes, Hervée, et, pour la rendre inattaquable, au moins de ce côté, de la faire ratifier par son fils devenu majeur. A la demande du père et du fils, l'évêque dressa, sous son sceau, un acte de la double confirmation, daté du mois d'août de l'an de grâce 1220 (6).

Notons en passant que la donation est faite non pas aux Templiers en général, mais à la Maison du Temple. Cette maison, qui n'est pas nommément désignée, ne peut être que celle de Troyes ou celle de Bonlieu. Or, la préférence doit être donnée à Bonlieu, sans crainte de se tromper, pour la raison péremptoire que les possessions du Temple à Rosson et à Aillefol ont toujours relevée de la Commanderie de Bonlieu, comme nous aurons, dans la suite, occasion de le constater.

André de Rosson mourut peu après. Sa fille Agnès, soit parce qu'elle n'avait pas encore atteint sa majorité, soit pour toute autre cause, n'avait pas, comme son frère, ratifié la libéralité paternelle; aussi, libre de tout engagement, réclama-t-elle aux Templiers sa part d'héritage dans les biens qu'André leur avait donnés (7). De là, conflit, voire même procès, les Templiers ne voulant pas se dessaisir de ce qui leur avait été librement et irrévocablement concédé par un membre de leur famille religieuse. L'affaire suivait son cours et, étant donnée la jurisprudence de l'époque, Agnès aurait vraisemblablement obtenu gain de cause, quand, d'après les conseils d'hommes recommandables par leur sagesse, elle renonça purement et simplement, en faveur des Templiers, à tous les droits qu'elle avait, ou qu'elle devait avoir, sur les biens en litige, à Aillefol comme à Rosson. Rédigé sous le sceau de l'official de Troyes, Hugues, l'acte de renonciation est daté du mois d'août 1224 (8).

Forts de ce désistement, les Templiers pouvaient espérer posséder en paix désormais ce qui leur avait été donné et, de fait, ils en jouissaient tranquillement depuis seize ans déjà quand ils eurent à se défendre contre les convoitises du frère d'Agnès. Regrettant l'approbation qu'il avait donnée et prétextant, sans doute, qu'il n'avait pas agi dans la plénitude de sa liberté, mais contraint et forcé par son père, Henri de Rosson, alors écuyer, fit saisir tous les biens, meubles et immeubles qui avaient été l'objet de la donation. Ainsi dépossédés, les Templiers le citèrent devant l'official de la Cour de Troyes, Thibaut de Pomor. Là, Henri de Rosson fit amende honorable. Non seulement il reconnut que la saisie qu'il avait ordonnée était injuste, mais il renonça formellement à tous les droits qu'il pouvait avoir sur les biens. Il promit en outre, sous la foi du serment, qu'il ne reviendrait jamais sur celte renonciation, et que, désormais, il ne troublerait plus les Templiers dans leur jouissance, soit par lui-même, soit par d'autres. Sa femme, Prieuse, prit le même engagement, et tous deux consentirent à être frappés d'excommunication par l'official, à la requête des Templiers, si jamais ils se montraient infidèles à leur serment. Scellé du sceau de la Cour de Troyes, l'acte est daté du mois d'avril 1241 (9).

Rien n'a pu nous fixer sur l'importance des biens donnés aux Templiers par André de Rosson. Ils les augmentèrent bientôt par un achat, qui ne laisse pas moins à désirer sous le rapport de la précision. Cela tient sans doute à ce que nous connaissons ce contrat onéreux, non par l'acte qui en a été dressé, mais simplement par l'approbation dont il fut l'objet, en 1230, de la part de Thibaut, comte palatin de Champagne et de Brie. Le vendeur fut Bernard de Montcuc (de Monte-Cucco) (10), qui céda aux frères de la Milice du Temple, pour un prix qui n'est pas indiqué, tout ce qu'il possédait dans les villages d'Aillefol et de Rosson et sur leur territoire, ainsi que son essart situé entre Piney, Brevonnes (11) et Aillefol (12).

Je ne saurais indiquer l'origine des droits de Bernard de Montcuc à Rosson ; quant à ses possessions à Aillefol, il les avait reçues des fils de Pierre Guyn : Gui de Bar et Lambert. L'abandon qu'ils lui en firent fut approuvé par Pierre Guyn lui-même, ainsi que par Adeline, femme de Gui, et Hélye, femme de Lambert. Thibaut IV, comte palatin de Champagne et de Brie, le ratifia par une charte dans laquelle il a soin de spécifier que Bernard de Montcuc, son cher chambellan, "dilectus cambellanus", pourra disposer d'Aillefol comme bon lui semblera. Usant de cette liberté, Bernard s'empressa de vendre aux Templiers ce qu'il venait d'acquérir, semble-t-il, à titre gratuit. En effet, le comte de Champagne a daté de février 1230 (v. st.) la ratification de l'abandon fait par les fils de Pierre Guyn, et de 1230, sans indication de mois, celle de la vente consentie par Bernard de Montcuc aux Templiers. L'année 1231 ayant commencé à Pâques (23 mars), il ne peut y avoir entre les deux actes qu'un intervalle de quelques semaines (13).

Laissons un instant l'ordre chronologique pour suivre Bernard de Montcuc dans ses rapports avec l'Ordre du Temple. D'après M. Mannier, ce personnage était un des "seigneurs", c'est-à-dire, sans doute, un des vassaux de Gauthier IV, comte de Brienne. Pour le récompenser de ses services, Gauthier lui avait donné, en avril 1228, quatre cents arpents de bois, appelés le bois "Bateiz", sis entre Piney, Aillefol et Brevonnes, en même temps que le droit d'usage et de pâturage dans toutes ses forêts et dans toutes ses terres entre l'Aube et la Seine. Cette donation était faite à charge d'une redevance annuelle d'un denier, par arpent de bois, payable au comte ou à ses héritiers. De plus, il était formellement stipulé que le donataire pourrait disposer des bois comme bon lui semblerait, les défricher, y bâtir, les vendre même, ou les donner, soit aux chevaliers du Temple, soit à ceux de l'Hôpital, soit aux moines de Clairvaux, à la condition toutefois que les nouveaux propriétaires paieraient eux-mêmes la redevance annuelle dont les bois étaient grevés (14).

Quatre ans après cette donation, Bernard de Montcuc, agissant de concert avec sa femme, vendit aux Templiers, en présence et sous le sceau d'Erard de Chacenay, administrateur du comté de Brienne pendant l'absence de Gauthier, 120 arpents du bois "Bateiz" tenus en fief par Geoffroy de la Cauchade. Les Templiers s'engagèrent à payer annuellement au comte un denier par arpent et, de son côté, Erard promit de faire ratifier le contrat par Gauthier, dans les deux mois qui suivraient son retour de la Croisade (15).

Son mariage avec Marie de Lusignan, sœur du roi Henri Ier de Chypre (1233) fixa Gauthier en Palestine, où sa bravoure et ses talents militaires le placèrent bientôt au premier rang des chevaliers chrétiens. D'Acre, où il se trouvait en avril 1238, il transféra aux Templiers tout ce qu'il avait donné dix ans auparavant à Bernard de Montcuc. Trois témoins, et non des moindres, apposèrent leur sceau à cette donation, à côté de celui de Gauthier. Ce furent : l'archevêque de Nicosie, Eustorge ; le connétable du royaume de Jérusalem, Otton de Monlbéliard, et le seigneur de Sidon, Balian (16).

Peu après, Gauthier, pressé sans doute par le besoin d'argent, vendit à frère Herman de Périgueux, grand maître de la Milice du Temple, 1000 arpents de sa terre et de sa forêt "Bateiz". Ces 1000 arpents touchaient à la portion que les Templiers avaient naguère acquise de Bernard de Montcuc, avec l'autorisation du comte. Le prix de la vente fut de 2000 livres tournois payées comptant. Gauthier prit l'engagement de livrer aux acheteurs les 1000 arpents, libres de toute charge, sous peine d'avoir à leur payer le double du prix de la vente, qui, d'ailleurs, ne serait pas annulée pour cela, le contrat devant, quoi qu'il arrive, garder toute sa force et produire tous ses effets. Il promit en outre, sous la même peine, d'obtenir de Thibaut, roi de Navarre et comte de Champagne, la confirmation de la vente. Passé à Acre, sous le sceau de Gauthier, le dernier jour de juin de l'an 1239, l'acte, pour plus de sûreté, fut, à la prière du comte, scellé par l'archevêque de Tyr et par les évêques d'Acre et de Paphos (17).

Au mois de juin 1255 nous avons à relater un autre contrat de vente consenti aux Templiers par Bernard de Montcuc et Marguerite, sa femme.
L'objet de cette vente fut :
 2500 arpents de bois, mesure de Troyes (18), à prendre dans la forêt du Der, avec les maisons, granges, tuileries, viviers, étangs, bergeries, existant dans cette partie de la forêt, le tout tenu en fief, par les vendeurs, de Marguerite de Durnay et du chevalier Jean de Durnay, son fils ;

 le droit d'usage dans le reste de la forêt, où les acheteurs pourraient prendre tout le bois de chauffage et de charpente dont ils pourraient avoir besoin ;

 le droit de pâturage pour toute espèce de bestiaux dans ladite forêt et dans la part de domaine appartenant à Marguerite de Durnay et à Jean, son fils, dans la châtellenie de Vendeuvre ;

 tous les droits que Bernard et Marguerite avaient, ou pouvaient avoir, dans l'enceinte des 2.500 arpents sur les voies, bordures, entrées, issues, etc. Le prix de la vente fut 5500 livres de Provins payées comptant. Les limites des 2.500 arpents sont minutieusement indiquées dans le contrat (19).

Il fut convenu que Marguerite de Durnay et son fils conserveraient la garde et la haute justice sur le tout, excepté sur les maisons et leurs pourpris et, d'autre part, que les Templiers ne pourraient construire aucun village dans l'enceinte des 2500 arpents. L'acte fut passé sous le sceau de Nicolas, évêque de Troyes (20).

Le mois suivant, la vente fut notifiée par l'official de Troyes et dans ce second acte, complément du précédent, se trouvent de nouveaux détails, de nouvelles clauses, qu'il ne sera pas sans intérêt de relater. D'abord on reconnaît formellement aux Templiers le droit de convertir en chapelles (21) les maisons existant dans l'enceinte des 2500 arpents, et celui d'en bâtir d'autres, là où bon leur semblera, à la condition toutefois que ces constructions ne constituent pas une ville neuve. Ils pourront également essarter à leur gré et entourer de fossés, ou de toute autre clôture, les maisons et chapelles ainsi édifiées. A l'intérieur des clôtures, ils auront plein domaine et toute justice, avec exemption de tout droit de garde. A l'extérieur, la haute justice appartiendra, comme par le passé, à Marguerite de Durnay et à Jean, son fils; toutefois, comme châtiment des délits qui s'y commettront, les seigneurs hauts justiciers devront s'abstenir de toute exécution capitale et de toute mutilation de membres. Cette clause était une protestation contre la barbarie avec laquelle on punissait alors les simples délinquants, et c'est un grand honneur pour les Templiers d'avoir devancé sur ce point, de quelques années, notre bon roi Saint-Louis (22). Bernard de Montcuc et Marguerite, qualifiés citoyens de Troyes, s'engagèrent à faire ratifier la vente par le personnage qui serait préposé à l'administration du comté de Champagne et de Brie. Il devrait, à cet effet, délivrer, sous son sceau, des lettres patentes dans l'année qui suivrait sa promotion à l'administration du dit comté, en se conformant à la teneur de celles données ou à donner par le roi et par la reine. Ils promirent également que si la vente devenait caduque, en tout ou en partie, ils indemniseraient les Templiers des dommages qu'ils éprouveraient de ce chef. Le commandeur de Bonlieu et celui de Troyes évalueraient eux-mêmes ces dommages, et on devrait s'en rapporter à leur déclaration faite sous serment, sans exiger de preuves.

Bernard et Marguerite s'engagèrent, eux et leurs héritiers, à exécuter ces différentes clauses sous peine de payer 2000 marcs d'argent. Pour plus de sûreté, Marguerite abandonna spontanément aux Templiers tous les droits qu'elle pouvait avoir sur l'objet de la vente, à titre de dot, de conquêts, d'hérédité, ou autre, et, la main sur le livre des saints évangiles, elle promit de ne jamais revenir sur cet abandon.

Datée de juillet 1255, cette charte fut vidimée, le 25 juillet 1346, par Jean de Villebon et Guillaume Le Gras, tous deux clercs, tabellions jurés à Troyes, le premier étant, en outre, garde du scel de la prévôté (23).

La vente s'était faite du consentement de Marguerite de Durnay et du chevalier Jean de Durnay son frère, qui la confirmèrent au mois d'août, par une charte spéciale portant cette clause que, si le bois vendu contenait plus de 2500 arpents, ils garderaient l'excédant sous leur main; mais que si, au contraire, la contenance était moindre, ils combleraient le déficit (24).

Le mesurage avait été décidé en principe lors de la prise de possession par Bernard de Montcuc, et, en juin 1255, Marguerite de Durnay, Jean, son fils aîné (25), chevalier, et Jaquin, son second fils, écuyer, constatant que l'opération n'avait pas encore eu lieu, avaient constitué procureurs, pour y procéder en leur nom, Poinz de Sens, chevalier, et Guillaume Peneret, écuyer, "leur féal et ami chambellan" (26).

Dans ce même mois d'août 1255, la vente fut également confirmée par Marguerite de Bourbon, reine de Navarre, régente du comté de Champagne, par son fils Thibaut V, et par Isabeau, femme de ce dernier, et fille aînée de saint Louis.

Etant encore sous la tutelle de sa mère, Thibaut promit, par une clause spéciale, que dans l'année où il aurait "plénièrement" l'administration du comté de Champagne et de Brie, il confirmerait la vente par de nouvelles lettres. Et, comme si cette promesse n'était pas encore une garantie suffisante pour les Templiers, il ajouta : "S'il avenoit que nous moreussions, don Diex nous gart, ancores que ces choses fuissient acomplies et seelées si com nous avons promis, nous volons et ottroions et obligons noz fuiz et nos successeurs à ce que il acomplissent et seelent et conferment toutes ces choses devant dites" (27).

Fidèles à leur promesse, Thibaut V et Isabeau approuvèrent de nouveau, en juillet 1258, le contrat passé entre Bernard de Montcuc et les Templiers, réserve faite cependant, quant à l'usage dans la forêt du Der, des droits que les enfants de feu Eudes de Clermont avaient dans la huitième partie des pâtures.

L'approbation et l'amortissement eurent lieu à la requête des vendeurs, qui, pour obtenir cette double faveur, donnèrent au comte et à la comtesse de Champagne cinquante livrées de terre à prendre annuellement "au dedens les portes de Troyes" (28).

Afin de ne pas séparer les contrats passés entre Bernard de Montcuc et les Templiers de Bonlieu, il nous a paru bon d'abandonner un instant l'ordre chronologique; reprenons-le pour ne plus nous en départir et revenons en arrière.

Au mois de novembre 1229, Eudes de Montangon (29) chevalier, Béatrix, sa femme, et Guiot, leur fils, donnèrent d'un commun accord, aux Templiers, les droits qu'ils avaient sur un coutelier de Troyes, nommé Jocelin, ainsi qu'un revenu annuel de 3 setiers d'avoine et de 10 sols, qu'ils percevaient à Luyères (30). Ils s'engagèrent à ne jamais revenir sur cette donation qui, à leur demande, fut enregistrée sous le sceau de l'official de Troyes, dont le nom n'est pas indiqué (31).

En 1230, au mois de juillet, Henri Ribauld, de Vendeuvre (32), du consentement de ses fils, Alnulphe et Pierre, donna en aumône, aux Templiers de Bonlieu, 20 sols, monnaie de Provins, de revenu annuel et perpétuel, à prendre sur sa maison de Vendeuvre. En raison de cette aumône, faite pour le secours de la Terre sainte, il fut stipulé que le donateur et ses héritiers seraient exempts de tout service, libres de toute exaction, à moins qu'ils ne commettent quelque faute les rendant passibles d'une amende envers les chevaliers du Temple. Cette donation fut reconnue par Henri Ribauld en présence d'Hugues, doyen de Vendeuvre, qui la notifia par un acte non scellé (33).

Au mois d'octobre 1237, sous le sceau de Nicolas, évêque de Troyes, le chevalier Jean de Pel (34), donna en aumône perpétuelle à la Commanderie de Bonlieu, pour le remède de son âme et des âmes de ses ancêtres, environ 30 arpents de terre, en plusieurs pièces, sises fimages de Pel, de Molins (35), d'Ormes (36) et de Lesmont (37); sa vigne de Pel avec les champs et les prés adjacents ; deux pièces de pré, de deux fauchées chacune, finage dudit Pel; son pré, appelé "Bise Lammaine", dont la contenance n'est pas indiquée; une serve, Aveline d'Ormes, avec ses enfants ; deux hommes de corps, Nochères et Dure ; son moulin avec le cours d'eau, toutes choses qu'il affirma avoir légitimement acquises avant sou mariage. Jean de Pel avait autrefois vendu aux Templiers, moyennant 60 livres, monnaie de Provins, 100 arpents de terre, sis finage de Pel, et tenus par défunt Jobert, son homme de corps. Il les leur avait ensuite repris et les avait gardés sous sa main. Revenu à de meilleurs sentiments et regrettant l'injustice dont il s'était rendu coupable, il les leur rendit, suivant en cela les sages conseils qui lui avaient donnés.

Il est permis de penser que les motifs qui déterminèrent Jean de Pel à la restitution, et même à la donation, furent d'un ordre beaucoup moins élevé, et qu'il céda surtout au besoin d'argent. Nous le voyons en effet, dans le même acte, emprunter aux Templiers 200 livres, monnaie de Provins, avec promesse de les leur rendre lorsqu'il en serait requis. Par une clause, qu'on retrouve dans la plupart des actes de cette époque, Jean de Pel s'engagea avec serment à ne jamais revenir sur sa parole et à ne pas permettre que les Templiers fussent troublés, par qui que ce fût, dans la jouissance des droits qu'il leur conférait (38).

Par un second acte, également sous le sceau de l'évêque de Troyes, et daté du même mois d'octobre, Jean de Pel reconnut que ce qu'il avait donné aux Templiers était de leur mouvance et qu'il le tenait d'eux en fief (39).

En 1246, nous avons à enregistrer la vente faite aux Templiers par Gauthier, dit Lombard, de Rouqueroles, de deux journaux déterre, sis au chemin de Balignicourt (40) et de la moitié d'un journal près des Ormets (41).

Non loin du Temple de Bonlieu se trouvait l'abbaye de Larrivour (42), et, sur plus d'un point, les biens des deux établissements religieux étaient contigus. La ligne de démarcation, si elle avait été nettement établie au début, perdit de sa précision avec le temps. C'est ainsi qu'un différend s'éleva entre le frère Hubert, commandeur de Bonlieu, et l'abbé de Larrivour, au sujet de la voie existant entre le bois de Rosson et celui de Dosches. L'abbé prétendait que le Commandeur prenait de cette voie plus que sa part, et le Commandeur soutenait le contraire. Pour rétablir la paix, on convint de recourir à un arbitrage. Quatre prud'hommes, Morel et Raoul de Champigny (43), nommés par les religieux de Larrivour, Brice de Dosches et Jacques du Mesnil (44), nommés per les Templiers, procédèrent d'un commun accord à un bornage, qui fut accepté par les parties, comme l'attestent les lettres données à ce sujet par frère Renaud de Vichier, précepteur des maisons du Temple en France, lettres qui portent la date de mai 1248 (45).

Les Templiers avaient un étang près de leur maison de Bonlieu. Entre cet étang et le chemin de Piney, ils en établirent un second, dont les eaux, par suite de l'insuffisance des chaussées, envahirent des prés et des vergers appartenant à Lambert, ancien prévôt de Piney, et à sa femme Hédéarde. De là, plainte de ces derniers. Après mesurage et estimation à l'amiable du dommage causé, on transigea sur les bases suivantes : Lambert et sa femme percevraient, à l'avenir, le cinquième des produits du nouvel étang et ils interviendraient, également pour un cinquième, à la requête du Commandeur, dans les frais d'entretien. Ils ne pourraient y pécher sans le consentement préalable des Templiers. Ceux-ci, au contraire, n'auraient pas à demander leur assentiment, lorsqu'ils voudraient se livrer à la pêche, mais simplement à les prévenir à leur domicile à Piney. Ainsi avertis, Lambert et sa femme pourraient, à leur gré, venir ou non à l'étang, au jour et à l'heure indiqués ; mais, dans l'un comme dans l'autre cas, les Templiers auraient le droit de pêcher en faisant la part de leurs associés. Il fut en outre convenu que si, relativement à l'entretien et à la réfection des chaussées, l'une des parties occasionnait à l'autre quelque dommage par sa négligence, elle serait tenue de le réparer intégralement. Cet accord fut passé au mois de mars 1253 (v. st.) sous le sceau de l'official de Troyes (46).

Au mois de juillet 1254, le chevalier Gui de Milly (47) et Agnès, sa femme, vendirent aux Templiers, moyennant 1 700 livres :
 600 arpents de bois, appelés les bois "Bateix", sis entre Brevonnes et la maison de Bonlieu, avec les appartenances et dépendances, édifices, corvées, seigneuries, haute et basse justice, "emblavures, entrées, folles issues, coutumes et autres droits" ;

 la haute justice et 33 sols 4 deniers tournais de cens, à percevoir annuellement sur 400 autres arpents de bois tenus des vendeurs par les chevaliers Lionnes (Leonius) et Jean Barre. Ces biens et ces droits appartenaient en propre à Agnès, qui les possédait à titre héréditaire (48).

Au mois de septembre suivant, les vendeurs attestèrent par de nouvelles lettres qu'ils avaient mis en possession le maître du Temple en France, et le Commandeur de Bonlieu, leur cédant tout le droit et saisine qu'ils avaient sur l'objet de la vente (49).

L'acte de vente avait été soumis à Jean, sire de Châteauvillain, et à sa femme Jeanne, fille de Gui et d'Agnès, qui, après en avoir reproduit la teneur, l'avaient ratifié en juillet 1254 (50).

Il fut, en outre, approuvé et confirmé par Marguerite de Bourbon, comtesse de Champagne et de Brie, par Thibaut V, son fils, et par le frère d'Agnès, Gauthier, seigneur de Reynel (51), bailli du comté de Brienne (52).

Les Templiers tenaient de Gui de Milly, une grange sise en Orient, dans le comté de Brienne et lui devaient, de ce chef, 4 muids 2 setiers et une mine de blé d'hivernage (yvernagii), mesure de Troyes; 10 muids 3 setiers d'avoine; 3 setiers de pois ; plus, en argent, 11 livres 9 sous, monnaie de Provins. En mai 1255, le Commandeur de Bonlieu, Jobert, s'acquitta de cette dette entre les mains de l'agent d'affaires du chevalier, le chanoine de Pleurs (53), Gauthier; qui lui en délivra quittance sous le sceau de l'official de Troyes (54).

Une rente viagère de 2 setiers de froment, d'un setier d'orge et de 40 sous, monnaie de Provins, était due par les Templiers à Alide et à Marguerite, filles de défunt Hugues Poët, chevalier, et à Isabelle de Rosson. Cette rente se répartissait ainsi : à Alide et à Marguerite, sa sueur, une mine de froment, une mine d'orge et 10 sols de Provins chacune; à Isabelle de Rosson, un setier de froment et 20 sous.

Au mois d'août 1255, sous le sceau de l'official de Troyes, le chevalier Henri, dit de "Barato", agissant en son nom et au nom d'Alide, de Marguerite et d'Isabelle, dont il était sans doute tuteur, fit remise aux Templiers de cette rente viagère, moyennant 23 livres, monnaie de Provins, qui lui furent payées comptant. Il promit de garantir les Templiers contre toute réclamation, de quelque part qu'elle pût venir, engagea à cet effet sa personne et ses biens, meubles et immeubles, présents et à venir, et se soumit à la juridiction de la Cour de Troyes (55).

Un grave différend s'était élevé entre Jean, comte de Brienne, et les Templiers, au sujet des maisons de Bonlieu et de Ville-sur-Terre (56), des différents acquêts faits par les chevaliers dans le comté de Brienne, et même en dehors du dit comté. Affirmant nettement son droit de suzeraineté sur ces biens du Temple, Jean les avait fait saisir dans "l'an et jour" de son retour de la Palestine. Au lieu de porter leur différend devant les tribunaux, les parties résolurent d'y mettre fin par un compromis. Deux arbitres furent nommés à cet effet : Thomas, abbé d'Orbais (57), par le comte de Brienne, et Thibaut de Sens, dit Clerc, par frère Gui de Basanville, représentant de la chevalerie du Temple en France. Il fut convenu qu'au jour fixé par les arbitres, le comte de Brienne remettrait à Gui de Basanville, ou à son procureur, un mémoire détaillé de ses plaintes et griefs, avec faculté de le compléter, s'il y avait lieu, dans les trois semaines qui suivraient la fête de la Nativité de Saint-Jean-Baptiste. Ce mémoire ainsi déposé, huit jours seraient accordés à Gui de Basanville pour y répondre et pour exposer tous les moyens de défense des Templiers, puis, huit autres jours s'étant écoulés, les arbitres pourraient citer les parties pour les entendre contradictoirement. Le comte eut soin de faire stipuler que le compromis, quel qu'il fût, ne porterait pas atteinte à son droit pour le passé, c'est-à-dire que jusqu'à la sentence des arbitres, la saisie, qu'il avait opérée, aurait son plein effet. Cette sentence devrait être rendue dans les trois semaines après la Nativité de Saint-Jean-Baptiste, à moins que, d'un commun accord, ce terme ne fût prorogé. La partie qui ne se conformerait pas à la sentence arbitrale devrait payer à l'autre 100 marcs d'indemnité, mais seuls les arbitres auraient droit de réclamer cette somme. Ces conventions préliminaires, sous le sceau du comte et sous celui de Gui de Basanville, sont datées du dimanche de la quinzaine de Pâques de l'an 1260 (58).

Au mois de septembre de cette même année, le mardi avant la fête de saint Mathieu, Herbert, dit Belons, de Villiers-le-Brulé (59), reconnut, par devant l'official de Troyes, avoir donné en aumône perpétuelle au maître et aux frères de la milice du Temple de Bonlieu, une petite pièce de pré et environ six perches de terre qu'il possédait près du Champ de l'Etang de Milly. Il promit avec serment non seulement de ne jamais revenir sur cette donation entre vifs, mais encore d'en donner aux Templiers bonne garantie, consentant à être frappé d'excommunication par l'official, en cas d'infidélité à ses engagements et se soumettant, sur ce point, à la juridiction de la Cour de Troyes, quel que puisse être, dans la suite, le lieu de sa résidence (60).

Nous avons vu ci-dessus que dans la vente des 2500 arpents de bois de la forêt du Der, consentie aux Templiers par Bernard de Montcuc, réserve formelle avait été faite du huitième des droits de pâturage appartenant aux enfants de feu Eudes de Clermont (61) dans la dite forêt et dans toute la châtellenie de Vendeuvre. En 1263, les trois fils d'Eudes : Guillaume, Simon et Gallart, vendirent ce huitième aux chevaliers pour 120 livres, monnaie de Provins, qui leur furent payées comptant et dont ils délivrèrent quittance sous le sceau de maître G., official de Langres (62).

Une autre quittance de 27 livres de Provinois forts, délivrée au mois de décembre 1265 sous les sceaux d'André, doyen de la chrétienté de Bar-sur-Aube, et de Jean Chrétien, prévôt du dit Bar, atteste que Guillaume de Clermont, damoiseau, seigneur en partie de Vendeuvre, vendit également à Jobert, commandeur du Temple de Bonlieu, les droits de pâturage qu'il avait sur le territoire de Vendeuvre (63).

La mort de Jean de Brienne survint probablement avant la fin de l'arbitrage dont nous avons relaté ci-dessus les préliminaires; elle mit naturellement fin aux négociations, de sorte que, la paix n'ayant pas été conclue, le conflit avec les Templiers continua sous le comte Hugues de Brienne, frère et héritier de Jean. Ce conflit portait sur la maison de Bonlieu, son pourpris et ses dépendances, comprenant 500 arpents et plus, tant en terres labourables qu'en prés, avec un étang et un moulin à vent; sur 100 arpents de terres arables venant de Geoffroy de la Cauchade, feudataire de Gauthier IV; sur un étang sis lieu dit "Bozaz", en une contrée mouvant du comte de Brienne soit en terrage, soit en censive, soit en domaine, le tout situé dans le comté, entre Piney et Aillefol; sur le fief ayant appartenu à Jean de Pel avant d'être la propriété des Templiers; sur 500 arpents de terres et 10 fauchées de pré à Ville-sur-Terre (64) ; sur des murailles élevées par les Templiers sur la voie publique, ainsi que sur une maison et des pâtures au même village ; sur la maison appelée la "Bouverie", lieudit la Maison-au-Bois au val de Loage, maison que le comte disait n'avoir pas été construite sur la voie publique, mais dans sa justice ; sur la moitié d'un bois près du val de Loage, que les Templiers auraient possédé injustement, puisque Geoffroy du Mesnil (65) l'avait tenu en fief du comte de Brienne ; sur huit mesniées d'hommes demeurant à Crespy (66) ; sur une maison sise à La Chaise (67) ; sur deux muids de blé, par moitié froment et avoine, mesure de Bar-sur-Aube, acquis par les Religieux de Jean de Thil (68), chevalier, mouvant du comte en arrière-fief et que le dit Jean de Thil avait levés dans les greniers de la Commanderie de Thors (69) ; sur un demi-muid de blé, par moitié froment et avoine, que Guillaume de la Marche et Gui, chevaliers, tenaient en fief du comte sur les revenus de Fresnay (70) ; sur des fossés et autres clôtures faites par les Templiers près de leur maison de Bonlieu ; sur les dommages qu'ils avaient causés au comte dans ses bois nouvellement coupés, soit en y menant paître leurs bestiaux, soit en y coupant des arbres pour construire des loges, etc.

Pour leur défense contre ces griefs, les Templiers avaient accumulé lettres sur lettres, titres sur titres, arguments sur arguments, comme le constate Hugues de Brienne, et cependant l'accord ne se faisait pas.

L'absence du comte, longtemps retenu en Palestine, était du reste de nature à faire traîner les négociations en longueur, ses agents n'osant pas; sans doute, prendre l'initiative et la responsabilité d'un compromis en matière aussi grave, aussi délicate. Ce fut seulement à son retour en France qu'un rapprochement eut lieu entre les parties et que, guidées par de sages conseillers, elles reconnurent la nécessité de concessions réciproques, qui amenèrent la réconciliation et la paix. Moyennant mille livres tournois, qui lui furent payées sur-le-champ, Hugues de Brienne amortit les maisons, les moulins, les étangs et toutes les possessions des Templiers, sur lesquels il revendiquait des droits de suzeraineté, notamment les 78 arpents de terres labourables qui leur avaient été donnés par le chevalier Jean de Pel, plusieurs fauchées de pré, la vigne du dit Jean, d'une contenance de trois arpents, des hommes et des femmes de corps, etc. Il fut formellement stipulé que le comte ne pourrait, sous aucun prétexte, exercer la justice dans l'intérieur de la clôture des maisons, qui étaient ou qui seraient habitées par des Frères du Temple vivant en communauté. Hugues s'engagea, avec serment, à ne jamais revenir sur les concessions ainsi consenties ; il donna, comme garantie, tous ses biens, meubles et immeubles, présents et futurs, et remit aux Templiers, scellées de son sceau, les lettres relatant la convention, lettres datées de Troyes la veille lie la fête de Saint-Pierre-ès-Liens, c'est-à-dire le 31 juillet 1269 (71).

L'année suivante, au mois de mai, Hugues de Brienne assura aux Templiers de Bonlieu, sur sa vente de Brienne, une rente annuelle de 60 sols tournois (72), au lieu de la terre qu'il leur avait donnée à Pel, et qu'il venait de comprendre dans les biens destinés à assurer le douaire de la comtesse Marie, sa mère. Si la dite comtesse venait à mourir, ou si les bois de Presle (73) suffisaient à produire les 800 livres de revenu, montant du douaire, les Templiers reprendraient la terre de Pel, et leur titre de rente sur la vente de Brienne serait annulé par la remise au comte des lettres qui le; constituaient (74).

Deux quittances délivrées par la comtesse au maître du Temple de Bonlieu, l'une de 50 livres tournois en date du 25 novembre 1271, l'autre de 51 livres 10 sols en date du 2 février 1272 (v, st.) attestent que le comte de Brienne s'était déchargé sur les Templiers d'une partie de la somme qu'il devait payer annuellement à sa mère en raison de son douaire (75). Dans ces quittances, la comtesse Marie prend le titre de "dame de Montagoillon".

Durant les quinze années qui suivirent la dernière quittance, il y a absence complète, de documents. Le premier qui vient ensuite est daté de 1288 et il a trait à un différend qui s'éleva entre les frères de la maison de Bonlieu et la communauté des habitants de la Ville-au-Bois (76). Ces derniers prétendaient avoir droit d'usage dans les bois de la Loge Bazin, dépendance de Bonlieu. Les Templiers soutenaient le contraire. Après avoir pris avis de sages conseillers et en avoir mûrement délibéré, ils consentirent cependant aux concessions suivantes, qui nous sont révélées par des lettres de Geoffroi de Vichier, visiteur général des maisons de la chevalerie du Temple dans les royaumes de France et d'Angleterre : on ferait deux parts égales des bois en litige ; aussi bien que les Templiers, les habitants de la Ville-au-Bois auraient toutes leurs aisances dans celle contiguë à leur village. Quant à l'autre, touchant à la Loge-Bazin, les Templiers la convertiraient en forêt banale et en disposeraient à leur gré, la faisant garder banalement par leurs serviteurs ou par leurs frères, sans que les habitants puissent rien y prétendre; d'autre part s'ils renonçaient à mettre des charbonniers et des cendriers dans les bois où les habitants auraient leurs usages, ils déclaraient garder sur cette partie, aussi bien que sur l'autre, tous droits de justice, de domaine, de grairie, de propriété et de saisine. Les lettres de Geoffroy de Vichier relatant cette transaction sont datées du 12 août 1288 (77). Par d'autres, tout à fait identiques et portant la même date, de semblables concessions furent faites aux habitants de la Villeneuve-au-Chêne (78) qui, comme ceux de la Ville-au-Bois, revendiquaient le droit d'usage dans tons les bois de la Loge-Bazin (79).

A quelques kilomètres de Bonlieu se trouvait une maison de culture ou loge, vulgairement appelée loge d'Orient, ou encore loge Lyonne, probablement du nom de messire Lyons, chevalier demeurant à Méry (80), qui la posséda, puis la vendit à Clément de Ravières (81), citoyen de Sens, et à Félise sa femme. En 1294, le mercredi après l'Assomption, Clément et Félise; d'un commun accord, la cédèrent, moyennant 1200 livres tournois petits, à frère Hugues de Paraud, précepteur du Temple en France en même temps que Commandeur de Bonlieu. Renaud le Bazenier et Jean le Haubergier sont désignés comme témoins dans l'acte de vente, qui, passé par devant les jurés Jean de Vitry, clerc, et Henri Douterons, citoyen de Troyes, fut notifié par Jean le Monnoier, garde du scel de la prévôté.

L'objet du contrat y est ainsi détaillé : une maison, ou loge, communément appelée loge d'Orient, le "tréfond", les appartenances et toutes les maisons, granges, bergeries, etc., se trouvant dans l'enclos de la dite loge ; 400 arpents tant terres arables que prés, bois et étangs, mouvant de la justice des Templiers sur la paroisse de Brevonnes ; tous les droits d'usage et de pâturage et tous les revenus, ou profits, que les vendeurs pouvaient avoir, réserve faite seulement de la récolte de l'année courante, ainsi que des brebis et autres bestiaux. Thibaut, frère de Clément de Ravières, non seulement approuva la vente, mais il s'unit à son frère et à sa belle-sueur pour "se dévêtir du tout en tout", en faveur de frère Hugues de Paraud, et de sa maison de Bonlieu (82).

Chose étrange et tout à fait insolite, la vente n'eut pas lieu seulement devant la juridiction civile, mais encore devant la juridiction ecclésiastique, de sorte qu'il y eut deux instruments, deux titres authentiques du contrat, notifiés à la même date, l'un en français sous le sceau de la prévôté de Troyes, — nous venons de l'analyser, — l'autre en latin sous le sceau de l'official. Dans ce dernier que nous publions à nos "Pièces justificatives" sont désignés comme témoins de la vente, de la mise en possession et de la reconnaissance, Jean Patriarche, tabellion de la Cour de Troyes, notaire apostolique, Julien de Montrouge et Jean d'Amiens, clercs, notaires de l'officialité. Dans les deux actes, absolument identiques quant au fond, les vendeurs déclarent renoncer "à ce qu'ils puissent dire qu'ils n'aient receu les 1,200 livres en bons deniers comptants ; qu'ils aient été déçus en cette vendue outre la moitié du droit prix ; à tous privilèges de croix prise et à prendre ; à toutes franchises, bourgeoisies du roy de France, et de tous autres seigneurs ; à tous aides de droit, de canon et de loy ; à toutes exceptions de barat et de tricherie, espéciaument la dite Felise à toute exception de douaire et de don fait par noces, et à toutes choses qui, en ce fait, heur pourroient valoir et aux dits Religieux nuire".

En reconnaissance des services qui lui avaient été rendus par les Templiers de Bonlieu, et de l'aimable courtoisie qu'ils ne cessaient de lui témoigner, le prêtre Raoul, surnommé Daveloirre, sans doute curé dans les environs, leur céda, par donation entre vifs, et à titre irrévocable, tous ses biens meubles et immeubles, en quelque lieu qu'ils se trouvassent. Tout en stipulant qu'ils n'en auraient la jouissance qu'après son décès, il leur laissait la faculté d'en disposer auparavant à leur gré, réserve faite seulement de la partie de ces biens nécessaire à sa nourriture et à son entretien. Cette donation fut faite sous le sceau de la Cour de Troyes, le mardi après la fête de saint Clément de l'année mil trois cent. En prenant l'engagement de ne jamais revenir sur sa libéralité, le donateur se soumit, sur ce point, à la juridiction de la dite Cour, quelque puisse être à l'avenir le lieu de sa résidence (83).

En 1302, Jean, sire d'Arcis et de Chacenay, occupait la maison de la Loge-Bazin, se livrant aux plaisirs de la chasse dans les bois environnants. Afin que cette occupation ne put, par la suite, devenir préjudiciable aux Templiers, en vertu de la prescription, ou de l'adage "possession vaut titre", Jean reconnut au mois de mai, par lettres scellés de son sceau, qu'il n'avait aucun droit aux aisances de la dite maison, mais que, cédant à sa prière, le maître de Brie la lui avait prêtée gracieusement et par pure courtoisie (84).

Prudents à l'excès pour la conservation de leurs droits contre les empiètements d'un seigneur, les Templiers de Bonlieu furent impuissants à les défendre contre les convoitises du roi Philippe-le-Bel. Comme tous leurs frères de France, ils furent arrêtés et incarcérés le matin du 13 octobre 1307.

Devenus vacants par suite du brutal emprisonnement de leurs légitimes propriétaires, les biens des Templiers furent alors mis en régie, c'est-à-dire administrés au profit du trésor royal, par des agents qui — nous l'avons constaté pour la Commanderie de Payns dans l'examen du compte de Jean de Halles — ne trouvèrent pas toujours dans l'exercice de leur charge les bénéfices qu'ils avaient pu rêver.

L'administrateur des biens du Temple, pour les bailliages de Troyes et de Meaux, fut Jean Guérin de la Villeneuve-le-Roi, comme nous avons eu plusieurs fois déjà, dans nos précédents travaux, occasion de le dire. Il confia, en tout ou en partie, la gestion de la Commanderie de Bonlieu à un nommé Henri de Vair. A quelle date ?
De Vair fut-il nommé immédiatement après l'arrestation des Templiers, ou succéda-t-il à un autre régisseur, comme nous avons vu, à Payns, Thomas de Savières prendre la place de Jean de Huiles ?
C'est un point qui reste à élucider. Tout ce que nous pouvons dire, c'est que de Vair était encore en exercice à Pâques fleuries de l'année 1309.

A cette date on renonça à la régie, qui, sans doute, ne donnait pas les heureux résultats qu'on avait espérés, et les Commanderies furent mises en location. Par devant Pierre d'Orléans, garde du scel de la prévôté de Troyes, et Guillaume de Toms, clerc, lieutenant d'Hémery de Vézelay, Jean Guérin de la Villeneuve-le-Roi, donna alors à bail, pour six ans, à Henri de Bar, demeurant à Onjon (85), et à Jacques Biaulus d'Iles, (86) les maisons de Bonlieu, de Rosson et de la Loge-Bazin, avec leurs dépendances, moyennant 200 livres tournois petits, payables en deux termes, à Noël et à la Saint-Jean-Baptiste, le premier terme échéant à la fête de Noël de l'année 1309. Furent réservés et non compris dans le bail, les bois n'étant pas en usages communs, les étangs, les droits de formariage, de mainmorte et de haute justice. L'entretien des bâtiments, mis d'abord en état aux frais du Temple, était laissé à la charge des preneurs, à qui on fournirait, pour cela, le gros merrain dont ils pourraient avoir besoin. Ils devraient en outre :

 acquitter les cens, les coutumes et les redevances, "excepté pensions d'avocats, vivres de sueurs, de confrères ou de donnés" ;

 "faire chanter", une fois par semaine, dans la chapelle de Bonlieu, c'est-à-dire, sans doute, y faire célébrer chaque dimanche le service divin ;

 rentrer dans les granges dudit Bonlieu les récoltes des terres en dépendant et y faire pourrir les pailles, sans jamais vendre le fumier ;

 laisser à la fin du bail, à Bonlieu, 140 arpents emblavés de froment, plus 42 arpents labourés et prêts à être ensemencés d'avoine ; à Rosson, 21 arpents emblavés de seigle ; à la Loge-Bazin, 20 arpents emblavés de froment, et à Rosson 11 arpents emblavés d'orge (87).

La question des bâtiments et des terres ainsi réglée, restait celle des bestiaux, du matériel de culture et des meubles proprement dits. A Payns, on avait converti en beaux deniers sonnants, par une vente soit aux fermiers des terres, soit à d'autres, ce mobilier de la Commanderie. A, Bonlieu, par suite sans doute de la difficulté de trouver des fermiers assez riches pour l'acheter, ou pour le remplacer, on l'évalua à prix d'argent et on le laissa "à la garde et péril" des preneurs, avec obligation de le rendre à la fin de leur bail, ou d'en payer le prix. L'alternative étant laissée au choix des administrateurs, cette opération équivalait en réalité à une vente avec ajournement sexennaire du paiement.

A Bonlieu, il y avait, en fait de bestiaux et de mobilier

 37 bêtes armelines, c'est-à-dire 37 vaches qui, estimées 74 livres, furent données à "crois", suivant la coutume du pays, avec cette clause que le "crois" serait partagé par moitié entre les parties contractantes, après les trois premières années du bail.

 48 boeufs de trait estimés 144 livres, y compris "tout leur harnois", à savoir chars soutenus, charrues garnies de fer, jougs, courroies et "autres harnois pour traire à charrues, à chars et à charrettes".

 Deux roncins et trois juments, avec leurs colliers, traits, chevestres, "liures", selles, etc., plus un char et une charrette ferrée, une vieille ferrure à charrette et quatre chars soutenus, le tout estimé 40 livres tournois.

Les moutons, si nombreux à Payns, ne sont pas mentionnés dans le bail. Faut-il en conclure qu'il n'y en avait pas à Bonlieu ?

La conclusion serait risquée ; il est plutôt à présumer qu'ayant trouvé à les vendre avant la location, Jean Guérin de la Villeneuve-le-Roi l'avait fait, pressé qu'il était d'envoyer le plus d'argent possible au trésor royal.

Le mobilier proprement dit, lits, huches, batterie de cuisine, etc., dont nos lecteurs trouveront le détail aux Pièces justificatives, fut évalué 41 livres 14 sols, non compris les cuves à vin, au nombre de six, les cuviers et les, tonneaux, qui ne furent pas estimés, mais laissés aux preneurs, à charge d'entretien.

Total de la prisée pour Bonlieu : 299 livres.

A Rosson

Ecurie : huit boeufs de trait et deux vaches, comme il est porté dans l'inventaire et dans le compte d'Henri de Vair, estimés, avec leur "harnois", 30 livres.

Mobilier consistant en lits, courte-pointe, coussins, tables, bancs, tréteaux, tonneaux, draps, nappes et divers ustensiles de ménage, estimé 12 livres 14 sols.

Total de la prisée pour Rosson : 42 livres, 14 sols.

A la Loge Bazin

Ecurie : sept boeufs et une vache de trait, avec leur "harnois" : 24 livres.

Mobilier, comme ci-dessus : 8 livres 1 2 sols.

Total de la prisée pour la Loge Bazin : 32 livres 12 sols.

A la Picarde

(Pour la garnison du fermier de la dite maison).

Ecurie : quatorze boeufs et quatre vaches de trait, avec leur "harnois" : 54 livres.

Mobilier comme ci-dessus, avec mention spéciale d'une cognée, d'une hache, de deux fourches, de deux crochets de fer, de trois serpes, de trois tarières, d'un "vail" et d'un "fessour" : 15 livres 4 sols 6 deniers.

Total de la prisée pour la Picarde : 69 livres 4 sols 6 deniers.

Total général : 443 livres 10 sols 6 deniers.

Les administrateurs des biens du Temple

Comme nous l'avons dit, les administrateurs des biens du Temple pourraient, à leur choix, les six ans expirés, exiger cette somme, ou reprendre possession des bestiaux et du mobilier. Il fut formellement stipulé que les preneurs rendraient les bêtes dans la dernière année de leur bail, aussitôt qu'il serait temps de labourer les terres, pour les semailles des orges et des avoines. Quant aux terres qu'ils devaient rendre ensemencées, ils commenceraient à les labourer dès que la saison serait venue. Enfin, comme Jean Guérin de la Villeneuve-le-Roi leur prêtait une pôtée de foin pour commencer leur exploitation, ils devraient, à la fin du bail, en laisser une autre dans la grange de Bonlieu.

L'original de ce contrat a disparu ; nous en connaissons la teneur par une copie faite sous le sceau de la prévôté de Troyes, en présence d'Erart d'Ameron (?) et de Mons Adam de Mesnil-Saint, Loup, le dimanche avant la Saint-Jean-Baptiste de l'an 1311, copie qui a été elle-même vidimée par l'official de Troyes le mardi avant la fête de l'Ascension de l'année 1313 (88).

Rapprochée de celle de la Commanderie de Payns, qui eut lieu à la même date, la location de la Commanderie de Bonlieu nous apporte une preuve certaine que la régie des biens du Temple cessa, dans le bailliage de Troyes, à Pâques 1309. Il paraît plus que probable que la mesure fut générale, bien que jusqu'à ce jour — à ma connaissance — elle n'ait été relatée par aucun des nombreux et consciencieux érudits qui se sont occupés de l'histoire des Templiers. Il y a là, comme je l'ai déjà fait remarquer, un fait nouveau, dont il faudra désormais tenir compte dans l'étude de cette mystérieuse affaire et qui affermira dans leur conviction ceux qui, comme moi, croient que l'Ordre du Temple tomba victime du déni de justice, à la fois le plus brutal et le plus cauteleux que l'histoire ait jamais eu à enregistrer.

En effet, dans le bail, l'éventualité que, reconnus innocents, les accusés pourront reprendre possession de leurs commanderies, n'est ni prévue, ni envisagée. Avant que leur culpabilité ait été juridiquement établie, avant même que la commission d'enquête nommée par le pape soit entrée en fonctions, on dispose de leurs biens, soit en les mettant en vente, soit en les affermant pour six ans. N'est-ce pas là une preuve, que d'ores et déjà, leur sort était irrévocablement fixé ; que la fameuse enquête n'était que pour la forme ; que les accusés étaient condamnés avant d'être jugés et que pour eux, en réalité, l'exécution précéda de trois ans la sentence, qui prononça la suppression de l'Ordre ?

En octobre 1308, Clément V reproche au roi d'Angleterre d'avoir disposé à son gré des biens du Temple en faveur de certains favoris. Il lui fait observer que ces biens doivent faire retour à l'Ordre si son innocence est reconnue et être mis, dans le cas contraire, à la disposition du Saint-Siège. Il ajoute que, du consentement des cardinaux et en présence de son très cher fils en Jésus-Christ, l'illustre roi des Francs, Philippe, il a, du temps où il résidait encore à Poitiers, réglé la question des biens dû Temple en quelque lieu, de l'univers qu'ils se trouvent.

"Le roi de France, dit-il, faisant droit à notre requête, nous les a libéralement rendus et, par diverses lettres, il a enjoint à ses justiciers et sujets de les remettre intégralement et sans fraude aux délégués du Saint-Siège (89). Nous avons décidé qu'une commission d'enquête, chargée d'informer sur les désordres imputés aux Templiers se rendrait dans votre royaume pour prendre possession desdits biens. Revenez donc sans délai sur toutes les concessions ou aliénations que vous avez pu faire, et qui sont nulles de plein droit. Remis entre les mains de nos délégués, les biens en question seront rendus aux Templiers si les accusations portées contre eux ne sont pas fondées; dans le cas contraire, ils serviront au secours et à la garde de la Terre Sainte, conformément aux intentions des donateurs. Ce sont les intérêts de la Majesté divine qui sont en cause ; respectez-les, sinon vous encourrez la rigueur de ses, jugements. (90)

Six mois s'étant écoulés après cette protestation, ce qui s'était fait en Angleterre se fait en France et le pape reste muet. Son silence ne doit-il pas être considéré comme un véritable acquiescement ?
Mieux que cela, l'aliénation par vente ou par location étant postérieure de quelques semaines aux lettres de Philippe-le-Bel ordonnant la remise des biens du Temple aux administrateurs nommés par le pape, ce n'est pas au nom du roi, mais au nom du pape qu'elle eut lieu et Clément V doit en porter la responsabilité.

Exposons les faits antécédents d'après les documents que le docteur Henri Finke a récemment découverts aux archives de la Couronne d'Aragon, à Barcelone, et qu'il vient de publier sous ce titre : "Papstum und Untergang des Templerordens (91).

Clément V avait demandé au roi la remise des biens da Temple dès le 27 octobre 1307. On ne s'empressa pas de faire droit à sa requête, et il n'avait encore rien obtenu le 21 janvier 1308, puisqu'à cette date le fameux dénonciateur des Templiers, "Esquiu de Floyrano", écrivait à dom Jaime, roi d'Aragon : "Que votre domination sache que, si le pape cherche à avoir une part des biens des Templiers, en tant que personnes religieuses, le roi de France a été conseillé qu'il n'est tenu à rien lui en donner. Car jamais ce n'a été un Ordre religieux ; leurs fondements mêmes sont entachés d'hérésie. Et ceux qui disent que ce qui leur a été donné l'a été en aumône, ne disent pas bien, car cela a été donné aux démons et non à Dieu ; les donateurs n'en doivent rien recouvrer ; tout doit revenir aux princes de la terre" (92).

Le 29 mai 1308, les dispositions du roi et des légistes n'ont pas changé ; la résistance au pape continue et si, dans le consistoire tenu à Poitiers ce jour-là, messire Guillaume de Plaisians atténue quelque peu la thèse d'Esquiu quant à la confiscation pure et simple au profit du trésor royal, il affirme le droit du roi de disposer des biens pour les besoins de la Terre Sainte, librement, de sa propre initiative et sans l'intervention du pape. En effet, voulant imposer silence aux "maudits" qui prétendaient que le roi avait été incité par l'avarice et la cupidité, il faisait observer que Philippe-le-Bel "était riche, qu'il avait assez et plus qu'aucun autre prince chrétien" , puis il ajoutait "D'ailleurs, les biens des Templiers, il en a commis la garde à certaines personnes fidèles, non à ses officiers, qui en tiennent des comptes spéciaux pour le service de la Terre Sainte. Peut-être serait-il en droit de les confisquer en effet, mais il ne le veut pas, pour que ne soient pas frustrées les intentions de ses ancêtres, qui comblèrent jadis le Temple en vue de la Terre Sainte. Ce n'est pas la cupidité qui l'anime, c'est le zèle de la foi.... Et certes, Saint-Père, ne vous déplaise, l'Eglise de Dieu est plus chère au roi de France qu'à vous.... Ce très glorieux royaume est le foyer de la sagesse divine, c'est-à-dire de la théologie par laquelle toute l'Eglise de Dieu est illuminée. Agissez donc, agissez ; autrement il nous faudrait vous parler un autre langage.

Clément V ne releva ni l'impertinence, ni la menace de celui qui parlait au nom du roi, mais il tint ferme, et aux instances que les archevêques de Narbonne et de Bourges, les barons et les bourgeois joignirent à celles de Guillaume de Plaisians pour que l'affaire fût expédiée rondement, il répondit avec une très dignité : "Jusqu'à ce que nous fussions pape, nous n'avons guère connu de frères du Temple, car, dans notre pays, ce n'était pas l'habitude des nobles d'entrer dans cet Ordre. Mais, après notre élévation, nous en avons connu plusieurs et nous les avons aimés, eux et leur Ordre, parce que nous les croyions bons. S'ils sont tels qu'on le dit, nous les détestons, nous les détesterons et nous procèderons contre eux, lorsque leurs erreurs auront été prouvées, à l'honneur de Dieu et de son Eglise. Nous et nos frères les cardinaux, nous sommes prêts à agir ainsi, rapidement et sommairement, mais non pas précipitamment, irais avec l'honnêteté et la maturité qui conviennent à l'Église de Dieu".

Cette sage fermeté n'était pas sans danger, car, à Poitiers, le pape était en quelque sorte le sujet, je dirais presque le prisonnier du roi, et il avait plus d'une bonne raison de redouter pour sa personne les violences dont Boniface VIII avait été victime à Anagni. Afin de conjurer le danger dans la mesure du possible, il vanta le désintéressement de Philippe-le-Bel, presque dans les mêmes termes que Guillaume de Plaisians. "Nous ne croyons pas, nous n'avons jamais cru, dit-il, que le roi de France ait été poussé à agir comme il l'a fait, par la cupidité. Le zèle de la foi, (anime et cela résulte évidemment de ce qu'il n'a pas l'intention de s'approprier les biens de l'Ordre ; de ce qu'il veut que les dits biens soient placés à la disposition de l'Eglise dans l'affaire de la Terre-Sainte". Or, comme le fait remarquer M. Ch. V. Langlois, messire Guillaume n'avait pas dit "à la disposition de l'Eglise". Le pape prêtait donc très habilement au roi des sentiments qu'il n'avait pas, et que, depuis sept mois il cherchait vainement à lui inspirer. Renouvelant sa promesse d'agir promptement mais avec la maturité voulue, il accorda, en terminant son allocution, une indulgence de quarante jours à tous ceux qui diraient cinq fois par jour Pater Noster et sept fois Ave Maria, pour qu'il reçut d'en haut la grâce de procéder, en cette affaire, à l'honneur de Dieu (93).

Clément V quitta Poitiers à la fin d'août 1308. D'après sa lettre à Édouard II, la question des biens avait été réglée, en principe, avant son départ. Sur quelles bases se fit l'accord si longtemps attendu ?
La vente du mobilier des commanderies, en même temps que la location des terres pour six ans, ne fut-elle pas une condition "sine qua non" imposée au pape pour obtenir le délai qu'il demandait ?
La conjecture paraît assez plausible, car si cette condition ne donnait pas "hic et nunc" à Philippe-le-Bel pleine et entière ; satisfaction, d'une part elle lui assurait un important acompte sur les biens convoités et, d'autre part, elle était le prélude, le gage de la condamnation de l'Ordre, si ardemment désirée. Ce n'est toutefois qu'une conjecture. Ce qui est certain, c'est :

1· que la promesse de Philippe-le-Bel, antérieure à la fin du mois d'août 1308, resta à l'état de promesse jusqu'au 15 février 1309, date des lettres ordonnant de remettre les biens aux commissaires nommés par le pape ;
2· que 1a vente du mobilier et la location des biens des commanderies étant postérieures à l'expédition de ces lettres, de plusieurs semaines, elles eurent lieu sur l'ordre, ou tout au moins du consentement des commissaires pontificaux. C'est donc à Clément V aussi bien et plus encore qu'à Philippe-le-Bel qu'elles doivent être imputées.

Notes

1 — Aube, arrondissement de Troyes, chef-lieu de canton.
2 — Les Commanderies du Grand Prieuré de France, T. 1, p. 310.
3 — La charte, que nous analyserons plus loin, sera reproduite aux Pièces justificatives ?
4 — Hameau, commune de Dosches, Aube, arrondissement de Troyes, canton de Piney.
5 — Aujourd'hui Géraudot, Aube, arrondissement de Troyes, canton de Piney.
6 — Archives de l'Aube, 31 H 14 bis, reg., fol. 11 et 12. — Pièces justificatives I.
7 — Pour être régulière et, par conséquent, inattaquable, toute donation devait être consentie et formellement approuvée par la femme et les enfants du donateur. Tant qu'ils n'étaient pas majeurs, les enfants ne pouvaient s'engager personnellement et ratifier la donation par un assentiment valable.
8 — Archives de l'Aube 31 H 14 bis, reg., fol. 12. — Pièces justificatives. II.
9 — Archives nat. S 4959, 39º liasse, nº 4. Original sur parchemin. — Archives de l'Aube, 31 H 14 bis, reg., fol. 12 et 13. — Pièces justificatives III.
10 — Lot, arrondissement de Cahors, chef-lieu de canton.
11 — Aube, arrondissement de Troyes, canton de Piney.
12 — Archives de l'Aube, 31 H 14 bis, reg., fol. 9. — Vidimus de 1250 sous le sceau du bailliage de Troyes, ibid. — Autre de 1252 fait par Oger de la Vallée, bailli de Troyes, et Laurent de Donnement, garde des foires de Champagne, ibid., fol. 10. — Autre de 1309 sous le sceau de la Cour ecclésiastique de Troyes, signé par Jean Odon de Savigny, notaire apostolique, et par plusieurs clercs ayant entendu la lecture, ibid., fol. 10 et 11. — L'original sur parchemin est aux Archives nationales S 4959, 39e liasse, nº 3. — Pièces justificatives IV. Dans la donation d'André, détaillée comme nous l'avons vu, il n'est pas fait mention des droits de justice. Il est probable qu'il n'y en eut pas non plus dans la vente consentie par Bernard de Montcuc et que la seigneurie de Rosson appartenait alors à la famille de Chappes (Aube, arrondissement et canton de Bar-sur-Seine). Nous voyons, en effet, un des membres de cette famille, Guyot, archidiacre d'Autun, vendre à Pierre de Rosson, écuyer, moyennant trente-huit livres Parisis, payables à Troyes, aux foires de la Saint-Jean d'été, les hommes et les femmes de corps, ainsi que tout ce qu'il pouvait posséder à titre héréditaire dans le village et sur le territoire de Rosson. Le frère du vendeur, Gauthier de Chappes, chevalier, approuva la vente au mois de juillet 1236, probablement en qualité de suzerain. (Archives de l'Aube, 31 H 14 bis, reg. fol. 9.)
13 — Archives de l'Aube, 31 H 14 bis, reg., fol. 11. D'après un vidimus délivré le jour de la Saint Vincent 1258 sous le sceau de la Cour ecclésiastique de Paris. — Pièces justificatives V.
14 — Archives de l'Aube, 31 H 14 bis, reg., fol. 17. D'après un vidimus sous le sceau de Nicolas, évêque de Troyes. — Archives nat. S 4958, 36e liasse. — Pièces justificatives VI.
15 — Archives de l'Aube, 31. H 14 bis, reg., fol. 17. D'après un vidimus sous le sceau de Nicolas, évêque de Troyes. — Archives nat. S 4958, 36e liasse. — Pièces justificatives VII.
16 — Archives de l'Aube, 31 H 14 bis, reg., fol. 52-54. Copie d'un vidimus du 30 mars 1347 sous le sceau de Guillaume Gormont, chevalier, garde de la prévôté de Paris. — Archives nat. S 4958, 36e liasse. — Pièces justificatives VIII.
17 — Archives nationales S 4958, liasse 36, 11 nº 14. Vidimus sous le sceau de Guillaume Gormont, chevalier garde de la prévôté de Paris, daté du 30 mars 1347. — Pièces justificatives. IX.
18 — L'arpent de Troyes, d'après la charte, était alors de 6 perches de large et de 30 de long; la perche de 18 pieds une sole.
19 — Depuis le Nid de l'Aigle jusqu'à la Profonde Fosse; de la Profonde Fosse à la Loge aux Convers de Larrivour; de là à la Colline ou Terroir Roland; de la Colline Roland à la Ricloie ; de la Ricloie au bois de Dienville; du bois de Dienville à l'Esperou de Froaces et de là, en revenant par la forêt de Froaces et celle d'Orient, jusqu'au Nid de l'Aigle.
20 — Aube, 31 H 14 bis, reg., fol. 49. D'après un vidimus sous le sceau de l'église de Troyes, daté du jeudi après la fête de Sainte-Marie-Madeleine l'an 1276. — Pièces justifient. X.
21 — Dès 1172 le pape Alexandre III avait autorisé les Templiers à ériger des oratoires ou chapelles dans tous leurs domaines et à y joindre des cimetières pour leur sépulture et celle de leurs familiers. Ces chapelles relevaient immédiatement du Saint-Siège et les évêques ne pouvaient les soumettre à l'interdit. On continuait à y célébrer l'office divin, porte ouverte et au son des cloches, lorsque les églises paroissiales étaient fermées, de sorte que, privés de tout secours religieux, les fidèles y accouraient et y portaient leurs offrandes. Les chapelles s'ouvraient même assez souvent, paraît-il, aux excommuniés ; de là, grave préjudice porté à la discipline ecclésiastique et plaintes des évêques. Par une heureuse inconséquence, Innocent III essaya, en 1207, de réprimer les abus résultant des privilèges vraiment exorbitants accordés par le Saint-Siège aux Chevaliers du Temple, mais il n'y réussit pas ; ils duraient encore en 1269 et ils s'étaient même aggravés, puisque les Templiers construisaient alors des chapelles en dehors de leurs domaines, dans les lieux non exempts, c'est-à-dire soumis à la juridiction épiscopale. On lit en effet dans les actes du Concile provincial de Sens tenu à cette date :« Capellas et oratorio, sine consensu et autoritate diœcesanorum construunt necnon et interdicti et suspension is sententias quas ordmarii proferunt in loca et personas sibi subjecta damnabiliter contemnentes, faciunt in locis eisdem capellis, et oratoriis, divina, renitente justitia, celebrari, quanquam quod hœc ipsis liceat, apostolicum privilegium a ut indulgentiam non ostendant....................... Oratoria vero vel capellas in locis non exemptis, sine diœcesanorum tocorum licentia iidem exempti construere non prœsumant; nec in sic constructis, neque in locis non exemptis, cum ab ordinario fuerunt interdicta, celebrent vel faciant celebrari divina...................... Prohibemus autem ne in locis exemptis hœc ipsi exempti facere audeant nisi super his licentiam sedis apostolicœ hubeant vel ipsius privilegium speciale. » (Labbe, t. XI, col. 912 et suivantes)
22 — Pendant la période mérovingienne, tout voleur était puni de la peine capitale. Charlemagne rendit la législation un peu moins cruelle en établissant la gradation suivante : pour un premier méfait le voleur aura un œil crevé; la seconde fois, on lui coupera le nez; au troisième vol, le voleur sera puni de mort. Il y avait encore disproportion entre le délit et la peine. Saint Raymond de Pennafort, un des plus illustres canonistes du XIIIe siècle, fut le premier à protester non seulement contre la peine de mort, mais contre toute mutilation. Il s'exprime en ces termes :« Fur non est suspendendus, aut demembrandus, ant exoculandus, sed alias arbitrio judicis puniendus, videlicet ut fustigetur, vel exulet, vel alio modo, prout judici videatur. » S'inspirant de ces sentiments d'humanité, Saint Louis, en 1261, abolit la mulilation qui était infligée, en Touraine, en cas de vol domestique. (Paul Viollet Registres judiciaires de quelques établissements religieux du Parisis au XIIIe et au XIVe siècle, dans Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, t. XXXIV, p. 317.)
23 — Aube, 31 H 14 bis, reg., fol. 51 et 52. — Archives nationales S. 4959, 41e liasse. — Pièces justificative XI.
24 — Archives de l'Aube, 31 H 14 bis, reg. fol. 47-48. — Pièces justifie. XII.
25 — Jean de Durnay était alors marié, et sa femme Guillaume intervint avec lui.
26 — Archives nationales S 4958, liasse 36, nº 21. Vidimus de Jean de Villebon, garde du scel de la prévôté de Troyes et de Guillaume Le Gras, clerc tabellion, juré à Troyes.
27 — Archives nationales S 4958, liasse 35, nº 30. Vidimus non daté de M..., évêque de Troyes, et de R..., doyen de la dite ville. — D'Arbois de Jubainville : Histoire des ducs et comtes de Champagne, t. V, p. 474, nº 3088.
28 — Archives Nationales S 4958, liasse 35. Vidimus de Pierre Belegent garde de la prévôté de Paris, en date du 17 septembre 1339. — Pièces justificatives XIII. Ces lettres ne se trouvent pas indiquées dans le catalogue des actes des comtes de Champagne, de M. d'Arbois de Jubainville.
29 — Aube, arrondissement de Troyes, canton de Piney.
30 — Aube, arrondissement de Troyes, canton de Piney.
31 — Archives de l'Aube, 31 H 14 bis, reg. fol., 65. — Pièces justificatives XIV.
32 — Aube, arrondissement de Bar-sur-Aube, chef-lieu de canton.
33 — Archives de l'Aube, 31 H 14 bis, reg., fol. 47. — Archives nat. S 4959, 41e liasse. Orig. — Pièces justificatives XV.
34 — Aube, arrondissement de Bar-sur-Aube, canton de Brienne.
35 — Aube, arrondissement de Bar-sur-Aube, canton de Brienne.
36 — Aube, arrondissement et canton d'Arcis-sur-Aube.
37 — Aube, arrondissement de Bar-sur-Aube, canton de Brienne.
38 — Archives de l'Aube, 31 H 14 bis, reg., fol. 13. — Pièces justiftcat. XVI. Jean de Pel avait un frère, plus jeune que lui, Milon de Pel, écuyer, qui en 1228, fut condamné par l'official de Troyes, à rendre à l'abbaye de Basse-Fontaine, six arpents de terre, et une partie de la dîme de Pel, qu'il avait injustement mis sous sa main. (Cf. Lalore, Collect. des principaux cartulaires du diocèse de Troyes, t. III, p. 49.) 39 — Archives de l'Aube, 31 H 14 bis, reg., fol. 15. — Pièces justiftcat. XVII.
40 — Aube, arrondissement d'Arcis, canton de Chavanges.
41 — Les Ormets, ferme commune de Balignicourt. — Archives nationales S 4958, 37e liasse. — Pièces justiftcat. XVIII.
42 — Commune de Lusigny, Aube, arrondissement de Troyes, chef-lieu de canton
43 — Hameau, commune de Laubressel, Aube, arrondissement de Troyes, canton de Lusigny.
44 — Probablement Mesnil-Sellières, Aube, arr. de Troyes, canton de Piney.
45 — Arch. de l'Aube, 4 H 4, carton. Orig. — Pièces justificatives XIX.
46 — Archives de l'Aube, 31 H 14 bis, fol. 59-60. — Archives nationales S 4958, 36º liasse, Original. — Pièces justificatives XX.
47 — Probablement Seine-et-Oise, arrondissement d'Etampes, chef-lieu de canton.
48 — Archives nationales S 4958, liasse 36, nº 8. — Archives de l'Aube, 31 H 14 bis, fol. 18. — Pièces justificatives XXI. 49 — Archives de l'Aube, 31 H 14 bis. reg. fol. 22. — 31 H 14 ter, reg. fol. 406. — Pièces justifie. XXII. La copie du Cartulaire est incomplète et fautive. Arrêté par une difficulté de lecture, le scribe a laissé en blanc le nom du Commandeur de Bonlieu. Dans l'analyse qu'il donne de l'acte de vente, l'archiviste de l'ordre l'appelle Hubert. C'est probablement Jobert qu'il faut lire car, comme nous le verrons plus loin, frère Jobert était titulaire de la Commanderie de Bonlieu en 1255. D'autre part, le copiste a certainement substitué Hugues de Paraud à Humbert de Paraud; le premier, en effet, ne pouvait être précepteur du Temple en France en 1254, puisqu'il n'est entré dans l'Ordre qu'eu 1263. Enfin, et c'est une nouvelle raison d'en suspecter l'authenticité, ce document fait remonter la vente non pas à juillet 1254, comme le précédent, mais à novembre 1252.
50 — Archives de l'Aube, 31 H 14 bis, fol. 23-24. — Pièces justificatives XXIII. 51 — Haute-Marne, arr. de Chaumont, canton d'Andelot.
52 — Archives de l'Aube, 31 H 14 bis. Reg. fol. 19 et 20 ; 31 H 18, liasse. — D'Arbois de Jubainville : Catalogue des actes des comtes de Brienne, dans Bibliothèque de l'Ecole des Chartes. Sur Gui de Milly, voir Longnon : Documents relatifs au comté de Champagne et de Brie, t. I nº 5131, 5844 ; sur Moines ou Lionnes (de Sézanne et de Méry) idem, t. I et II passim ; sur Jean, sire de Châteauvillain et Gauthier, seigneur de Reynel, voir Roserot: Répertoire historique de la Haute-Marne, passim.
53 — Marne, arrondissement d'Epernay, canton de Sézanne.
54 — Archives nationales S 1958, nº 14. — Pièce; justificatives XXIV.
55 — Archives nationales S 4959, liasse 39, nº 5. — Pièces justificatives XXV.
56 — Aube, arr. de Bar-sur-Aube, canton de Soulaines.
57 — Marne, arr. d'Epernay, canton de Montmort.
58 — Archives de l'Aube, 31 H 14 bis, reg., fol. 60. — Pièces justificatives XXVI.
59 — Hameau, commune de Piney.
60 — Archives nationales S 4958, liasse 36, nº 10. — Archives de l'Aube 31 H 14 bis, reg., fol. 46; 31 H 18, liasse. — Pièces justificatives XXVII.
61 — Clermont en Bassigny.
62 — Archives de l'Aube, 31 H 14 bis, reg. fol. 48 nº. — Pièces justificatives XXVIII.
63 — Archives de l'Aube, 31 H 14 bis, reg. fol. 47. — Archives nationales S 4959, 41e liasse. — Pièces justificatives XXIX.
64 — Aube, arrondissement de Bar-sur-Aube, canton de Soulaines.
65 — Probablement Mesnil-Sellières, Aube, arrondissement de Troyes, canton de Piney.
66 — Aube, arrondissement de Bar-sur-Aube, canton de Soulaines.
67 — Aube, arrondissement de Bar-sur-Aube, chef-lieu de commune.
68 — Aube, arrondissement de Bar-sur-Aube, chef-lieu de commune.
69 — Aube, arrondissement de Bar-sur-Aube, chef-lieu de commune.
70 — Aube, arrondissement de Bar-sur-Aube, chef-lieu de commune.
71 — Archives de l'Aube, 31 H 14 bis, reg. fol. 37-39; d'après un vidimus de 1305 fait par Nicolas Le Bailli d'Origny et Jean de Doulevant et enregistré par Félix de Célière, lieutenant du bailli de Troyes. Un autre vidimus fut fait sous le sceau de l'official de Troyes le samedi avant la fête de la Chaire de Saint Pierre l'an 1337. Ibid; fol. 39-42. — Archives nationales S 4958, 36e liasse. D'Arbois de Jubainville. Catalogue des actes des comtes de Brienne. Pièces justificatives XXX.
72 — M. d'Arbois de Jubainville a écrit 70 livres.
73 — Commune de Rosnay-l'Hôpital, Aube, arrondissement de Bar-sur-Aube, canton de Brienne.
74 — Archives de l'Aube, 31 H 14 bis, reg. fol. 15. — D'Arbois de Jubainville. Ouvrage cité. — Pièces justificatives XXXI.
75 — Archives net. S 4958, 36º liasse, nº 15 et 16. Original parchemin. — Pièces justificatives XXXII.
76 — Hameau, commune d'Amante (Aube), arrondissement de Bar-sur-Aube, centon de Vendeuvre.
77 — Archives de l'Aube, 31 H 14 bis, reg. fol. 61, 62. — Archives nationales S 4958, 36º liasse. — pièces justificatives XXXIII.
78 — Aube, arrondissement de Bar-sur-Aube, canton de Vendeuvre.
79 — Archives de l'Aube, ibid., fol. 63-64. — Archives nationales ibid., sous le sceau de Geoffroy de Vichier bien conservé.
80 — Aube, arrondissement d'Arcis, chef-lieu de canton.
81 — Yonne, arrondissement de Tonnerre, canton d'Ancy-le-Franc.
82 — Archives nationales S 4958, 35º liasse. — Archives de l'Aube, 31 H 18, liasse. — Copie collationnée à l'original par frère François de Torcy, prêtre, religieux de l'Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, conseiller aumônier du roi, vice-chancelier et conservateur des Archives du Grand Prieuré de France.
83 — Archives de l'Aube, 31 H 14 bis, reg. fol. 64. — Archives nationales S 4958, 36e liasse, nº 19. — Pièces justificatives XXXV.
84 — Archives nationales S 4958, nº 34. — Pièces justificatives XXXVI.
85 — Aube, arrondissement de Troyes, canton de Piney.
86 — Iles, aujourd'hui Isle-Aumont, Aube, arrondissement de Troyes, canton de Bouilly.
87 — Il y a probablement ici une faute du copiste qui a substitué Rosson a la Picarde, dont il sera fait mention plus loin. En effet, s'il s'agissait de Rosson, il semble que le rédacteur du bail aurait, comme pour Bonlieu, groupé sous le même article les 21 arpents emblavés de seigle et les 11 arpenta emblavés d'orge.

88 — Archives nationales S 4958, liasse 36, nº 20. — Pièces justificatives XXXVII.

89 — Les lettres de Philippe-le-Bel enjoignant de remettre les biens du Temple aux commissaires désignés par le pape sont datées du 15 février 1309. Clément V se faisait donc illusion et prenait son désir pour la réalité quand il en affirmait l'existence en octobre 1308. Le roi les lui avait sans doute promises, mais plusieurs mois devaient s'écouler avant qu'il ne tint sa promesse.
90 — Rymer : Conventiones litteroe et acta publica, t. 1, pars IV, fol. 130.
91 — 2 vol. in-81, Munster, 1907.
92 — Cette argumentation porterait à croire que les Templiers avaient reçu tous leurs biens de la libéralité des fidèles et en pure aumône. Rien de plus faux que cette insinuation, car, — nous venons de le constater pour Bonlieu, — c'est très souvent par achats et à titre onéreux qu'ils constituèrent leur domaine.
93 — Ch. V. Langlois : L'affaire des Templiers (Compte rendu de l'ouvrage du docteur Henri Finke), dans Journal des Savants, août 1908.


Sources : M. L'Abbé Auguste Pétel curé de Saint-Julien, membre résidant de la société académique de l'Aube, membres correspondant de l'Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Dijon. Archives.Org

 





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